They say they can smell your intentions • ANT

They say newcomers have a certain smell
Yeah, you have trust issues, not to mention
They say they can smell your intentions

L’annonce a été faite. Elle est posée. C’est acté, désormais.
Ca serait mentir de dire qu’il n’en avait pas eut vent.
Et pourtant il n’avait rien fait pour démentir.
Il veut que les choses avancent Phaner.
Il veut le meilleur pour eux.
Il se dit, il espere, que lui en chef de fil permettra des changements auquel nous n’avions pensé encore.
Elle avait autrefois tant de poid sur ses épaules.
Il a tant voulu en déchargé une partie.
C’est son tour, n’est ce pas ?
Son tour de mettre en mouvement le monde.
C’est son tour, son tour de porter ce qu’il reste des hommes, a bout de bras.
Parce qu’il faut survivre.
Composer avec ce qu’il nous reste.
Il faut etre mieux que la version précédente.
Ne pas commettre les mêmes erreurs.
Il faut peut être commencer par ceux qui nous entour, c’est ce qu’il se dit Phaner.
Alors il est venu Ant, te voir toi, toi qui fait parti de ces piliers également.
Toi qui a su devenir une de ces personnes sur qui l’on peut compter.
Ca commence a faire un moment que l’on se côtoie.
Si le greens sont nombreux, on l'est bien moins lorsque l’on s’est retrouvé avant cela autour de la table, pour débattre.
C’est ton avis, qu’il est venue chercher.
Et toi Ant, que penses-tu de tout cela?
Il avait noté un mot a ton attention dans le carnet que suivent les greens dans l’attention que tu la vois.
Un rendez vous. Un sachet de thé, une discussion, c’est tout ce que cela semblait promettre.
Et a seize heure tapante, il t'avait attendu sur une chaise entre les lueures des arbres de babylone. Laissant la deuxième vide, à ton attention.

Une carafe sauvée des décombres dans une main, Ant s’avance vers le lieu du rendez-vous. La limonade (une recette de sa mère) s’agite au rythme de ses pas, les tintements des glaçons en marquent le tempo.

Tout autour d’elle, les Greens frémissent d’agitation – le travail ne manque pas dans la fourmilière de Babylone et les temps morts n’en sont que plus appréciés encore. La fourmi aime ce bruissement perpétuel, cette vie animale et végétale qui l’entoure à chaque moment du jour et de la nuit. Cette sensation grisante de faire partie d’un tout, d’être un avec la communauté et d’agir non pas dans son intérêt, mais pour le bien de tous. Elle aime cette appartenance qui la défini et lui donne un but, cet écosystème fragile qui la noie dans la masse tout en la rendant indispensable à son fonctionnement.
Même si le monde était en lambeaux, au moins son arbre à elle était prospère.
Et pourtant, un serpent s’est glissé dans son jardin d’Eden.

Ant avance à une cadence régulière mais tranquille (elle n’est jamais en retard), saluant avec chaleur les Greens dont elle croise les yeux. Beaucoup de regards sont fatigués, rendus plus durs par l’attaque de Blackwell et les résolutions qui en ont découlées. Mais aussi plus brillants, une nouvelle conviction au fond de leurs iris. Une fierté.

Savent-ils ?

Savent-ils comment a été décidée l’intervention (divine) des greens en plein champs de bataille ? Réalisent-ils que les (sacro-saintes) valeurs qu’ils défendaient avec orgueil ont été bafouées ? Ont-ils conscience du changement de mentalité et du déséquilibre des pouvoirs qui s’installent (avec leur bénédiction) dans leur giron ?
Est-elle la seule ?

Mais, surtout. Pourquoi devraient-ils en avoir quelque chose à faire ?
Pourquoi devrait-elle ?

Popi qui voit tout, qui observe tout. Qui aujourd’hui encore analyse les humeurs et les relations de chacun comme une météorologue collecterait les signes annonciateurs d’orage.
Elle n’a aucune preuve, rien de tangible. Si ce n’est cet instinct au fond de son ventre et cette colère rampante au fond de sa poitrine. Comme un brasier endormi depuis des années que les événements de la nuit à Blackwell auraient brusquement ravivé. Et dont, malgré sa maîtrise, elle sent les flammes prêtes à surgir à la moindre bourrasque.

Ant arrive au lieu annoncé, englobe du regard les arbres, les chaises, et l’homme qui y est assis.
(Le lieu est paisible et invite à la détente. Il est suffisamment excentré du reste de Babylone pour qu’on s’y sente à l’aise de parler de sujets privés, mais pas assez loin pour qu’on se sente isolé voire piégé. Les chaises de jardin sont un peu petites et avec sa carrure Popi aura l’air gênée et encore plus grande une fois assise dedans. Si Cali Sinclair la voit ainsi elle se moquera d’elle.)

Monsieur Galanter, est la première salutation qui lui vient à l’esprit, mais c’est « Bonjour, Phaner » qui franchi ses lèvres à la place. Elle sort les deux écocups de la poche arrière de son pantalon et s’assoit à ses côtés.

Ant ne parle pas tout de suite. Elle prend le temps de leurs servir à chacun un verre de boisson fraîche et s’accorde même le plaisir de savourer la moitié du sien en observant le jeu de lumière dans les feuilles avant de songer à ce qu’elle va dire.

Popi n’a jamais été une meneuse, n’en a jamais rêvé. Longtemps elle s’est réfugiée dans la plénitude de la simplicité et la satisfaction d’un travail bien fait, sans se poser plus de questions que nécessaires quant à son devenir. Mais la voilà propulsée sur le devant de la scène, la voilà en charge de gens, de vies, d’avenirs. Popi se sent vaciller sous les responsabilités de Ant.
Alors, une fois son verre terminé, elle carre ses épaules solides et demande sans fioritures.

« Etais-tu impliqué dans la décision de notre intervention à Blackwell ? »