Traitement sans ordonnance
Tu traines dans les ruines depuis plusieurs heures, à la recherche de quelque chose de bien précis, et de manière assez pressée. Cette fois, ce ne sont pas des vêtements, des vivres ou encore des pièces pour ton avion, c’est autre chose… Autre chose que tu condamnais lorsque tu étais militaire. Les produits dopants, tu n’y as jamais touché, refusant d’être sous l’emprise de telles substances qui pouvaient te prendre ton métier et t’empêcher de voler à tout jamais.
Mais là, la chose est complètement différente. Tu sais au plus profond de toi que tu ne seras plus pilote et là, tu as mal. Cela a beau faire un an que tu es borgne et que tu as été à l’hôpital… tu as toujours l’impression de sentir une douleur, comme si ton œil absent te rappelait encore qu’il est là, chose impossible. Mais tu as mal, tu ignores pourquoi. Tu ne sais pas si c’est la frustration que cela fait un an que la tempête s’est produite, la douleur d’imaginer que tu ne retrouveras plus jamais ta vie d’avant ou quoi que ce soit d’autre…
Tu es plongé dans le bazard que la tempête à mise, cherchant des médicaments contre la douleur ou toute autre substance assez forte pour te la faire oublier. D’habitude, tu es extrêmement vigilant mais là, dû à ta précipitation et à l’agacement qui te prend à bras le corps, tu ne prends pas attention à la personne qui pénètre dans la pharmacie. Tu ne t’en rends compte que lorsque sa voix s’élève, et il est déjà trop près. Immédiatement, tu te redresse et saisi ton canif qui se trouve dans la poche de ton treillis.
Tu lève la lame en direction de celui qui te fait face, tandis qu’il te demande ce que tu peux bien chercher, avec un air de celui qui a quelque chose derrière la tête. Tu te méfies, tu es agacé de l’avoir autant laissé s’approcher, d’ordinaire, tu aurais été beaucoup plus alerte. Tu as vraiment besoin de calmants ou de n’importe quoi d’autre, cela devient urgent.
-N’approche pas plus.
Tu le préviens, tandis que tu jettes un regard par-dessus son épaule pour t’assurer qu’il est seul et que l’on ne cherche pas à te prendre en embuscade. Cela n’arrivera pas une seconde fois.
-Si je suis dans une pharmacie, tu dois bien te douter de ce que je cherche, non ?
Tu demandes, pas le moins aimable du monde, encore extrêmement méfiant.
