Jumpsuit // Little Fang + Rotty

– I can't believe how much I hate
Pressures of a new place roll my way
Jumpsuit, cover me

La matinée à un goût calme et traînant de poussière. Il marche la tête baissée, soucieux d’entretenir la posture ingénument docile dans laquelle il se complait. Une étrange angoisse, diffuse, mais persistante comme un brouillard de fin d’été – stagne entre ses côtés. L’obéissance solitaire est un statut curieusement difficile à dompter. Il pense à Madame Calico et sa froideur réconfortante ; ses injonctions tranchantes, d’une mélodieuse facilité. Dépourvu de son autorité écrasante, il se sent aussi léger qu’égaré.

Il trottine consciencieusement, observant avec une attention d’écolier chaque détail du paysage, et il semble qu’il ne pense à rien en particulier ; il apparaît d’une ignorance menaçante.
Un moment, il s’interrompt presque calmement, comme s’il flânait. Mais il y a toujours, dans sa posture, un certain élan de simplicité farouche qui glace le sang.

Ce chien-là est penaud, insatisfait de la piste qu’il a flairé. Il est sûr de ce qu’il voit et cette révélation l’attriste – et cette peine-là est terrible, car elle presque tangible ; ancrée. Il reconnait pourtant les contours malicieux de cette ombre dans le lointain. Il a trouvé Little Fang. Il fronce les sourcils. Une idée aussi nécessaire qu’insupportable commence à le gagner, et il reste un instant les bras ballants, tiraillé entre le devoir et d’anciennes conceptions réconfortantes mais vaines, qu’il s’était pourtant promis d’enterrer. Puis, effrayé par la pensée soudaine que l’indifférence puisse totalement le gagner, il tourne les talons et s’éloigne, les yeux rivés sur le sol, dans un état de déni proche du reflexe de survie. Il n'ose bien sûr espérer Fang ne l’ait pas vu ; mais il souhaite qu’il soit trop offensé pour croire que Rotty puisse le laisser s’échapper. Il ne se retournera pas.

résumé:

Little Fang est resté frustré de sa visite chez les Greens, lui qui voulait apercevoir leurs animaux il s'est fait pincé et rapidement raccompagné par une fausse sainte avec un balai dans le cul. Et en plus vu que c'était la nuit il n'a vu que des ombres bien peu intéressantes, du coup cette fois quand il retente sa chance pour rentrer dans leur territoire il fait jour, il s'est dit que ça lui permettrait peut-être de ne pas avoir à se rapprocher autant.

En se cachant dans les ombres des bâtiments alentours tout en gardant les rails du train en repère il se pensait assez discret et relativement safe. Jusqu'à ce qu'il aperçoive une silhouette immobile à plusieurs mètres de lui. Son premier réflexe aurait normalement été de battre en retraite immédiatement pour revenir plus tard, mais l'immobilité de la personne l'intrigue. Puis il le reconnaît. Nuke. C'est la joie qui traverse en premier son esprit, très vite rejoint par le terrible doute de ne pas savoir quoi faire. Parce que Nuke vient de lui tourner le dos, parce qu'il a rejoint les Greens, parce que au fond son ami est imprévisible et qu'il n'a aucune idée de ce qu'il a fait de sa vie depuis qu'il l'a abandonné.

Il hésite un instant à rebrousser chemin, faire comme si il ne l'avait pas vu lui aussi. Mais il n'a pas le cœur de laisser Nuke partir. Alors il décide de le suivre, au moins pour un moment, à sa vitesse, sans le rejoindre, pas encore. Il ne sait pas comment son ami va réagir, il ne sait même pas si ils sont encore proches, il ne sait pas ce que les Greens lui ont fourré dans la tête. Malgré tout Little Fang ne peut pas partir sans tenter de recréer un lien avec lui, même si il doit prendre une raclée pour ça. Il n'est pas assez crétin pour penser que Nuke ne doit pas protéger son territoire et croit savoir dans quoi il s'embarque, sans être totalement sûr de l'ampleur des dégâts.