1Tu habites à Arcadia Bay ou tu étais juste de passage ? étais de passage. il y avait un corps à autopsier et on l'avait envoyé faire le boulot. tu as été prise par la tempête sans pouvoir sortir de son coeur.
2Tu faisais quoi avant la tempête ? tu étais médecin légiste, allant de droite à gauche quand on t'appelait pour autopsier un corps de telle ou telle affaire. tu avais l'habitude de travailler avec les morts plutôt qu'avec les vivants. signaler qu'elle était les conditions de mort était une habitude pour toi. tu leur parlais comme s'ils étaient encore en vie, comme s'ils pouvaient t'accompagner dans le chemin vers la vérité.
3Quels dégâts a-t-elle fait dans ta vie ? à cause d'une blessure aux nerfs de sa main, tu ne peux plus t'empêcher de trembler en les utilisant. toutes ses photos sont floues, manger devient difficile, son métier encore plus. également ça a déclenché une dépression suite à son incapacité à s'en aller, et à retrouver une vie meilleure ailleurs. tu veux néanmoins aider ceux qui sont rescapés, en dépit de son handicap. tu souriras tout de même.
4Que faisais-tu lorsque la Tempête a frappé ? tu autopsiais un cadavre sur la table de la morgue dans les méandres de l'hôpital. tu fis surprise par la violence de la tempête et t'empressas de te cacher sous la table d'autopsie. les verres et les bocaux te tombèrent sur la tête, le sang coulait le long de ton oeil droit. tes mains furent écrasées sous les décombres. tu ne pouvais même plus les sentir. le mort tomba, et tu fus en compagnie de sa tête pendant les heures qui ont suivi la tempête. enfin, tu fus aidé par un vagabond qui souleva le morceau de plafond qui tenait tes mains en place. tu ne les sentis pas pendant un bon bout de temps, et manger et boire fut une activité difficile à accomplir.
5Tu quitterais tout pour retrouver ta vie d'avant ? [X] OUI [ ] NON
6Pourquoi et comment as-tu rejoint les Broken Toys ? tout simplement ton désire d'aider les autres, anonymement. tu n'as pas besoin d'être remercié pour embaumer un mort cher à sa famille, ni pour faire le bandage autour de la tête d'un vagabond. tu le fais parce que c'est le chemin que tu as décidé de mener, te sacrifier pour autrui. de plus, tu es touchée par tout le surnaturel qui s'échappe de la ville, qui te dérange, qui te démange. à chaque personne que tu soignes, tu vois les bribes de ce qu'ils ont vécu, et tu te démènes pour construire le puzzle qu'est cette ville. s'il y a ne serait-ce qu'une infime chance que le surnaturel vous aide, alors tu es prête à découvrir absolument tout pour ce dernier.
7De quelles activités es-tu en charge ? tu soignes les blessés, les malades. tu donnes des médicaments à ceux qui en ont besoin. tu recueilles les témoignages de ceux ayant eu à faire avec le surnaturel. c'est ton train-train quotidien. et tu t'y retrouves, tu t'y sens bien.
8Comment se passe ton intégration au sein du groupe ? sans te vanter, tu sais que tu es un élément important du groupe. en étant médecin, tu peux aiguiller tout le monde vers le chemin de la santé. bien que tu sois spécialisée dans les morts, il n'empêche que tu as étudié la vie également. tu marques dans un carnet toutes les pistes que tu as sur l'effet surnaturel qu'a cette ville.
9Que penses-tu des groupes qui s'organisent ? tu penses que c'est un instinct de survie, de se regrouper et former une bande. ils se tiennent les coudes, s'offrent le gîte et le couvert. c'est une manière comme une autre à survivre à une catastrophe. tu ne peux pas désapprouver, au contraire. mais ce n'est pas pour autant qu'ils te donnent envie de les rejoindre.
jour un
habitacle en sur effectif, grimper un étage, puis deux et trois
chambre 316
c’était décembre, un matin avant le matin
lorsque les nuances se confondent avec la fumée de la première cigarette
allumée avec une petite allumette
(elle a oublié son briquet sur un banc, ou dans le train, qui sait)
goût acre de la nicotine posé sur la langue, l’oxygène de la ville remplissant ses poumons
d’un air irrespirable
un pied avant l’autre, d’un pas décidé sur la route pavée de briques jaunes
elle se sent happée par l’irréel, la fantaisie
aussi amère soit-elle
le monde se tort dans tous les sens
entre ses mains, elle le remodèle à souhait
morphée viendra la chercher sur son lit d’hôtel
car il n’y a que lui, qui répond toujours à l’appel
(elle ne veut pas voir sa mère, alors elle se cache, comme un lâche)
(elle pue l’alcool jusque dans le regard)
coincée entre terre et éther
elle nage de souvenir en souvenir, boit les paroles du passé, peint avec les couleurs d'une réminiscence
elle voit d'abord l'été, chaud et putride
empli d'une tristesse gonflant avec l'eau salée
(des larmes)
il n'appartient plus à cette saison (plus maintenant) son père, qui rayonnait comme l'astre du jour
(le cancer lui a rongé son esprit, ses cellules. il couchait là, l'âme en charpie, le regard vide. il ne remarquait pas les petites mains vagabondes qui tâtonnaient dans le noir, pour trouver quelques oxys pour se sentir partir.)
(ce jour-là, la nébuleuse entra dans les méandres des songes pour la première fois.)
jour 2
un corbeau perché sur les rambardes du troisième étage
annonce la mort de quelque chose de vivant
cet oiseau a le bec plein d'âmes qu'il a fauché
sans merci
("quand il reviendra, j'espère qu'il viendra pour moi.")la pluie se met à tomber contre les fenêtres, à cogner inlassablement
un temps à la rêverie
un récital avec la nature
et peut-être il n'y a qu'ainsi
qu'elle échappe à la solitude.
“ tu n'es pas un chat, mon ange ! nous n'avons qu'une vie, alors fais attention avec ce couteau.”cette voix résonne
sonne
en écho
encore et encore
est-ce un rêve ?
(oui)est-ce réel ?
(oui)elle sent sur le bout de sa langue
le goût acariâtre des biscuits de maman
(non maman, ce n'est pas une bonne idée maman, de mettre du rhum blanc dans les cookies maman.)
(écoute moi maman.)
(s'il te plaît.)
“certains insectes mangent leurs petits, tu sais. ils ont tellement à nous apprendre, vivants ou morts.”insectes, papillons, parasites
ils fourmillent sous sa peau, sans cesse, ils se nourrissent
directement à la source.
ce monde est rempli de parasites.
minuscules.
invisibles.
tenaces.
une fois qu'ils abattent ton système immunitaire, ils te mangent, te dévorent de l'intérieur.
t'utilises comme un incubateur pour leurs congénères.
ils contrôlent ton cerveau et altèrent ta personnalité. tu n'as plus le contrôle.
ils se multiplient, encore et encore, à l'infini
jusqu'à ce que tout ce qui était toi soit contaminé.
il n'y a plus de retour en arrière possible.
jour 3
chaque année, elle rêve qu'elle revient ici, toute de noir vêtue
à l'ombre du saule pleureur
chaque année, elle oublie et divague pour
se remémorer
les collines dorées, le soleil qui brûlait les champs, les détails de chaque coin des pierres taillées
chaque année, elle espère, elle se dit que peut-être
peut-être est-ce le grand jour où il se souviendra de moi
(mensonges mensonges tu te mens à toi-même)(mais vérifie si tu as reçu une lettre)
pour passer le temps, qui s'échappe de sa poigne de fer,
elle rêve elle qui ne sait faire que cela.
les souvenirs saturent, le son saute parfois
son esprit est un disque rayé
seulement capable de rejouer les mêmes notes à l'infini
« J’ai toujours cru que, quand on meurt, on ressuscite dans un monde complètement différent. Ce monde-là sera le nôtre, pour les siècles à venir et plus encore. On sera les marionnettistes, on décidera des règles, on sera le Dieu de notre propre maison de poupée miniature. » elle y pense (à ses mots, ses mots qui tranchent, comme le papier coupe la peau)
mais seul le silence lui répond
le silence, mais en est-il réellement un ?
essayez, pendant dix secondes de ne plus rien dire, plus de sons autour de vous, plus de pensées dans vos têtes.
en réalité
il y aura toujours quelque chose dans votre tête.
“silence, silence, silence”
“je dois me taire”
des vrais silences, on en vit presque jamais.
jour 4
blues collé à la peau
blues de décembre, un matin avant le matin
le café brûlant entre les mains
il fume comme son souffle sur la porte-fenêtre.
elle dessine sur la buée, leurs initiales, à elles,
comme une ode à la perdition de ceux perdus en cours de route
elle est au bout, essoufflée de ses escapades nocturnes,
elle est au bout, hors d'haleine après avoir mis un peu de piment
à ses rêveries fantasmagoriques.
elle doit se laver les mains. contaminées par les germes de cet environnement putride et malsain. il faut qu'elle le fasse. plusieurs fois. tant de fois. jusqu'à ce que la peau se déchire. jusqu'à ce que la douleur se fasse sentir.
elle est au bout.
“parfait. quand tu n'es pas au bout, tu prends trop de place.”
- resumé:
❑ mère sombrant dans l'alcoolisme, père mort d'un cancer lorsqu'elle avait quatorze ans.
❑ piquait des médicaments à son père quand il était alité et trop ailleurs pour comprendre qu'elle lui volait des cachets.
❑ avait une amie d'enfance très chère à ses yeux, cecilie. elle était handicapée et sur un fauteuil roulant. sa vue s'était beaucoup détériorée au fil des années jusqu'au jour où elle ne puit plus regarder le ciel étoilé. jubilee se mit en tête de la soigner en devenant médecin.
❑ poursuivit une carrière de médecin légiste, en voulant réparer les familles qui ne savent pas dans quelles circonstances leurs enfants sont morts. veut les soulager de cette question qui reste en suspend.