❝singularity❞ ❀ solo - 24/09

Daphne avait passé la nuit dans sa voiture. Les pluies diluviennes l’avaient forcé à s’y réfugier toute la nuit, après qu’Ethan et elle se soient séparés. Elle était restée seule. Seule avec la boîte à musique.

Au petit matin, elle avait à peine dormi. Le dessous de ses yeux était creusé, légèrement noirci par l’absence de sommeil. Dans sa tête martelait encore la mélodie de la boîte à musique que son jumeau et elle avaient trouvé. Le tintement l’avait autant tenu éveillée que les bourrasques et la pluie. Il résonnait dans sa tête sans relâche, si bien qu’elle avait simplement abandonné l’idée de s’endormir, et elle l’avait réparé, cette maudite boîte. Elle avait attendu qu’Ethan s’en aille, elle avait ramassé les débris, les avait jeté dans le coffre. Et elle avait passé une bonne partie de sa nuit à réparer la boîte, écouter la pluie battre contre ses vitres, le vent secouer sa voiture.

Et quand la pluie s’était arrêté, quand les rayons du soleil avait percé les nuages, elle avait fini de réparer la boîte. Elle l’avait brièvement ouverte, juste pour s’assurer qu’elle marchait. Et effectivement, le tintement qui hantait ses pensées depuis la veille grinça dans ses oreilles, et elle ferma la boîte en grimaçant.

« Pétasse d’Anna… »

Daphne vérifie au dehors que la pluie s’est bien arrêtée. Le sol est mouillé, mais plus de gouttes qui tombent du ciel. Elle reste un instant assise sur le siège conducteur. Elle a posé la boîte sur le siège conducteur, et elle doit faire un effort surhumain pour ne pas la casser à nouveau. Mais si elle l’a réparé, c’est bien pour la rendre à Ethan. Elle irait la cacher là où il laisse toujours ses petits mots. Elle savait déjà les heures durant lesquelles il se rendait dans ces cachettes. Elle y laisserait la boîte, la ferait chanter pour qu’il l’entende, et elle partirait. Loin de cette mélodie sortie tout droit de l’enfer, loin d’Anna, cette idiote qui n’aura rien fait d’autre que de lui enlever son frère et de le briser.
Elle veut allumer le contact, mais un coup d’oeil dans le rétroviseur, et sa main reste en suspens. Elle grogne - manquait plus que ça - et elle sort de sa voiture, se dirige vers les roues arrière, regarde avec curiosité les fleurs qui sortent du bitume. Certes passent entre les jantes, d’autres sont simplement là, hors du macadam. Et Daphne, elle fronce les sourcils. C’est que des fleurs. Mais ces fleurs, elles n’étaient pas là la veille, c’est sûr.

« Bah tiens, elles sont rousses, c’est drôle ça. »