Le cadeau de Noël de Cruella à Clochette [Nugget - 24/12/2020 - Terminé]

Le cadeau de Noël de Cruella à Clochette « Merry Christmas ho, ho, ho
I'll be six feet under the snow
Jingle bells along the way
I'm a dead motherfucking and I'm counting my days
I've been too naughty I forgot to be nice
I guess violence is my vice
So check your list Santa and check it twice
I'm a dead motherfucker alright »

( Wednseday 13 → Buried by Christmas )
C'était un jour particulier,
Qu'à force, il a détesté,
Noël lui rappelle Dublin
Ces hivers passés avec la faim.

Pourtant, ce deuxième Noël qui se déroule après la tempête la met de bonne humeur. Difficile à cerner ce qui rend Bloody Mary en joie, c'est toujours passager avec elle, souvent volage après une gorgée de vin. Le spiritueux chasse la mélancolie, façonne l'euphorie alors qu'au fond, son coeur est gorgé d'épine et de douleurs. Mais pas aujourd'hui, ah ça non ! Chantalle revient plus belle encore, un jour, et c'est ce qui la fait frémir à travers tous ses membres. Pour l'instant, sa peau ne la démange pas.

C'est avec un sac à dos rempli d'affaire, jeté sur son épaule osseuse qu'elle parade dans la ville. Il y a un peu plus de bonheur que l'an passé, les gens ont de nouveau le coeur à la fête, et quelque part, c'est l'expression simple de ce retour à la vie d'avant, qui la rend extatique. Enfin ! Là n'est pas le sujet, Bloody Mary et ses manies en tête s'avancent de ses longues jambes dans le ventre de la ville. Elle s'y enfonce, tandis que la lumière du matin se pare de ses plumes d'or. La mésange rousse passe d'abord à l'hôpital.

Elle a décidé au fond que c'était terminé.
À eux, Bloody Mary refuse d'être terrifiée.
Ce que l'Icare éborgné lui avait fait,
Ce n'était pas la première foi, ah voilà !
Elle lui renvoie son visage, bien laid,
Et elle décide de passer à autre chose.

Personne à l'intérieur, elle n'y a pas remis les pieds depuis son agression. Bloody Mary avait débarqué avec l'homme qui l'avait tabassé, sauvée de justesse par la poudre d'espoir qu'elle avait emprunté à Cheshire. Ah ! Si le Chat d'Alice savait qu'il l'avait sauvé, que dirait-il avec son affreux sourire mesquin ? Dans tous les cas, quand sa main touche la poignée de porte, elle tremble, mais elle inspire.

Tu as survécu à pire que ça, chérie.
Les coups ça abîme ta jolie peau,
Mais ce n'est pas le pire, ces idiots
Ont pris bien plus que ce mauve.

Et voilà que Terry rentre dans l'hôpital, il n'y a personne ! Une bénédiction ! Pourtant, il se fait silencieux, le tissu de son pantalon frotte contre ses longues jambes. Elle remarque le bonnet, le sweat trop large, abandonné de nouveau aux malfrats. Ah... Comment il s'appelle déjà ici ? Huit. Un nom ridicule pour un nain. Huit, symbole de l'infini pour un être minuscule. Mais cet horrible vêtement, volé dans le désespoir de couvrir les bleus sur le corps, le sang sur sa chemise, il l'a bien aidé. Voilà que la mauvaise fée se fait clémente ; elle abandonne sur sa place le sweat plié en quatre. Et dedans, il y aura glissé des bonbons, comme un pardon.

Parce que tu effaces les mauvais souvenirs,
C'est ce que tu déteste, te rappeler, du pire.

(Tu préfères le drame des paillettes, la beauté.)
(Tu diras que c'est ton fardeau, les jalousies
Que tu auras provoqué chez eux, ma jolie.)

Et sans un pas de plus, Bloody Mary disparu dans le froid du matin de décembre. Nouvelle direction pour le voyage : le bureau de poste. Elle roule des épaules, elle attache grossièrement ses boucles rousses, puis elle sourit. Il n'y a pas de public, mais elle sait ! Ah au fond, le monde est là juste pour elle, et il restera pour toujours à la contempler danser et chanter. Son assurance retrouvée, iel s'en retourne à son idée première. Le sac est plus léger sur son épaule osseuse, mais pas moins lourd. Dedans, c'est la hotte de Mère Noël et sa fée clochette n'échappera pas à ses lubies.

Et voilà qu'à l'intérieur du bâtiment, Bloody Mary la réclame. Elle claque la main sur le comptoir, elle attire l'attention de tous les visages du coin. Oh ! Qu'ils admirent ses cheveux de feu, elle est là pour ça. Quand enfin, Nugget apparait, son sourire s'élargit, illumine sa face fatiguée. Et comme un vautour, Bloody Mary fondit sur sa proie. Ses mains s'accrochent sur ses épaules, elle lui lance :

« Clochette ! J'ai besoin de toi ! Ah ! Et IN-TER-DIC-TION de refuser. »

Oui, elle ne lui donne pas le choix.
Mais elle sait au fond, Bloody Mary
Que ce dont Clochette a besoin, ainsi
Ce n'est pas de passer Noël dans ce taudis.
C'est de rêver, être quelqu'un d'autre.

Et son bras passe sur son épaule, Cruella attire la fée contre son corps maigre, sa joie se diffuse dans l'air comme un poison. Et à Clochette, elle demande :

« D'abord ! J'ai besoin... d'un endroit calme ! Sans personne, sans tous ces mecs aussi moches que mon grand-père, et tout en parlant, elle fait de grands gestes, sourit aux offensés avec son air mutin. Chérie, ce matin, je vais te faire un tour de magie. Tu sais où on peut s'isoler ? »

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Résumé:

Plus de doute sur la date.
Tout le monde en parle— plus aucun doute sur ses jours qu’elle a perdu, sur les jours où elle a disparu, plus aucun doute sur ce vide dans les jours.
Nugget se rend compte,

que c’est son premier Noël dans cette cage.

Elle ne sait pas. Comment se sentir.

Elle n’aime pas Noël. Elle n’aime plus Noël depuis qu’elle a quitté son pays il y a des années. Les réveillons avec ce qui lui servait de famille n’étaient jamais agréables et elle est bien contente de ne plus avoir à y faire face.

Mais ce Noël-là sera-t-il mieux ?

Nugget se sent toujours de trop.

Pas à sa place.

Décalée de la réalité.

Comme une pièce rapportée, trop abîmée pour se fondre correctement, trop écorchée pour espérer dorer à nouveau un jour.
Mais… mais elle a envie d’y croire ? Peut-être ? Peut-être qu’on pourra s’amuser comme autrefois, dans l’insouciance et les mélodies de l’innocence. Elle veut espérer.

Elle veut briller comme les étoiles, Nugget.

George lui a dit, pour la fête.
Elle hésite. Parce qu’elle est toujours

de trop de trop de trop
toujours de trop.

Mais Nugget veut remplacer ses souvenirs brûlés. Elle veut remplacer l’amertume de ses vieux Noëls qui ne méritent même pas d’en porter le nom, elle veut effacer les parties noires de son esprit et les remplacer par les lumières d’une nouvelle vie.

Alors, tu vois, elle se demande si ce n’est pas le destin qui t’a mené jusqu’ici.

Elle est apparue dans la pièce principale, à peine coiffée, habillée des vêtements froissés dans lesquels elle a dormi, un peu perdue, à se demander

qui voudrait bien d’elle, à cette heure ?

Qui d’autre que toi, bien sûr ?

Elle t’offre un grand sourire, Nugget.

« Besoin de moi ? » elle répète comme pour s’en convaincre.

Un regard vers ton sac.
Puis vers toi, Bloody Mary. (Elle sait déjà que tu es capable de tours de magie incroyables.)

Elle hoche la tête avant de tourner les talons. « Ouais, suis-moi, c’est pas loin. »

Ce n’est pas loin, en effet. Juste quelques pas, et elle te mène vers ce qui lui sert de chambre, ici. Ah, il n’y a pas grand-chose dans la petite pièce qu’elle a elle-même aménagé à la demande de George— elle n’a plus beaucoup d’effets personnels, depuis la tempête.

Mais pourtant. On y voit quand même quelques morceaux d’elle.

On sait se dire que c’est sa chambre.

Le lit – un petit matelas posé à même le sol – n’est pas fait. Elle ne le fait jamais. Et il y a un peu de bordel par terre mais tu vois, c’est presque comme son ancienne chambre d’ado ! Nugget désigne d’un geste vague un coin propre où tu peux poser ton sac— il semble lourd.

« Alors c’est quoi ton tour de magie ? »

Elle semble impatiente.

(Elle l’a toujours été.)

Résumé:

Le cadeau de Noël de Cruella à Clochette « Merry Christmas ho, ho, ho
I'll be six feet under the snow
Jingle bells along the way
I'm a dead motherfucking and I'm counting my days
I've been too naughty I forgot to be nice
I guess violence is my vice
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( Wednseday 13 → Buried by Christmas )
Bloody Mary, la bonne fée laisse Clochette la guider.
Elle se tient droite et haute, la bouche dessinée
Dans un sourire amusée, elle reste à l'entrée.
Une ou deux secondes, son regard a tout regardé.

Et une fois qu'elle est invitée, elle hoche la tête, rentre dans ce qui sert de chambre. Nugget lui désigne un endroit où poser ses affaires, puis Bloody Mary sourit, il s'étire de toute sa gigantesque silhouette. Les yeux sont fatigués, mais illuminés par l'euphorie douce de Noël. Il laisse tomber son sac, avant de se poster devant sa jeune amie. L'épouvantail roux se baisse devant elle, ses doigts caressent la mâchoire, son corps se déplace. Puis, elle fait un pas en arrière, et croise les bras. Une main appuie sa joue, elle plisse son regard sur l'adolescente. Dans sa tête, c'est mille idées qui se diffusent à la seconde ; Terry doit faire du tri. Puis il dit :

« Tu vas nous aider à distribuer les cadeaux pour la Fête du Renouveau. Et pou ça, chérie, tu dois BRI-LLER. Et TU vas briller comme jamais. »

Dans la tête de Bloody Mary, Nugget a déjà accepté — elle n'a pas le choix. Son sourire est plus large, il se tourne soudain, et il attrape son sac. Il demande en ouvrant la fermeture éclair d'un grand coup sec :

« Tu as un endroit où te laver ton joli minois, Clochette ? Quoiqu... qu'importe, j'ai tout ce qu'il faut, attrape ! »

Et à la Fée Clochette, Cruella des Enfers lance une bouteille. S'ensuivent des mouchoirs, de quoi se laver la peau sans avoir accès à de l'eau. Bloody Mary attrape ses cheveux de feu, se tient sur une hanche, et se fait un grossier chignon. Là, il contemple Clochette, avec l'assurance d'une Diva qui transforme les elfes en princesses. Bloody Mary va à la vitesse de la lumière, il défait son sac, et jette sur le matelas de fortune des habits. Au fur et à mesure, les idées se font, se défont, et voilà ce qu'il décide.

« On va te maquiller et te coiffer, et tu vas porter ça... Qu'est-ce que tu en dis ? Non, trop... cul serré. »

Bloody Mary fait un geste maniéré de la main, et range les collants blancs dans son sac. Il en sort d'autres, encore emballés — peut-être les aura-t-il retrouvés dans sa voiture, sans jamais les avoir portés —, il fixe Nugget et enfin, ça lui plait !

Dans son sac à dos, se cache de la magie.
Des vêtements qui bruissent, sous ses mains,
Du maquillage pour Nugget, oh elle sera jolie.
Bloody Mary va s'en assuré, et le crétin
Qui dira le contraire, de la mauvaise fée,
Attirera la colère, et il se fera manger.

Iel enlève sa veste, puis iel présente à Nugget une espèce de poncho d'un vert profond. Le tissu est en laine, épais, et au bord se trouvent des clochettes ; l'on dirait qu'elles ont été cousues à la main. Iel l'étend devant Clochette, il réfléchit, et lui sourit. C'est qu'il a l'oeil, Bloody Mary !

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Résumé:

Elle voit, Nugget.
Les idées derrière les paupières. Les doigts qui affinent ses traits.
Elle reste droite comme un i, comme si elle attendait les ordres, elle te laisse dévoiler tes plans, les habits, les couleurs et les promesses de paillettes et de constellations pour les jours à suivre.
Tu vois— elle hésitait, Nugget, pensant avant tout à son utilité dans cette fête.
Mais le principe d’une fête est d’avant tout s’amuser, sans se soucier de tout cela, non ? Mais Nugget est tellement ancrée dans son idée qu’elle doit offrir un but à sa vie, qu’elle doit être utile, qu’elle ne doit pas être juste une tâche compliquée à retirer sur le tapis, qu’elle doit

mériter

de s’amuser.

Et toi, tu lui offres, une façon d’être utile.
N’est-ce pas terrible ?

« Distribuer les cadeaux, genre avec qui ? »

(Ça n’a pas d’importance de le savoir.

Elle le fera quand même.)

Elle rattrape in extremis la bouteille et les mouchoirs, dépose tout sur le bureau avant de s’installer sur la chaise. Pendant une seconde— Nugget ne sait pas vraiment quoi en faire.
Mais tu expliques.

Tu expliques si clairement.

Elle a encore des doutes,

toujours,

mais elle voit l’entrain avec lequel tu t’animes, tes idées et tes envies, elle semble se rendre compte que ça a l’air de te tenir à cœur.
Et Nugget veut

briller
de milles feux.

Faire partie des étoiles qui brilleront dans le ciel des Greens.

(Ah ! Ça lui fait penser, peut-être qu’elle verra Capucine…)

Alors quand tu lui parles de maquillage et de vêtements, Nugget se surprend à s’imaginer

belle et pétillante,

reine du bal de promo.

Elle s’est nettoyé le visage comme tu l’as demandé, et entre deux coups de mouchoirs sur les paupières— « J’aime pas trop le blanc. »

On fouille dans les tiroirs, on sort un petit miroir qui a survécu sans savoir comment et un serre-tête trop simpliste qu’elle utilise pour ramener ses cheveux en arrière.

(Elle remarque les cernes dans le miroir.

Les reflets qu’elle n’ose plus regarder dans les yeux.)

Sans un mot, elle s’est levée, elle enfile le poncho que tu lui tends et elle secoue les épaules pour faire tinter les clochettes. Ah— les souvenirs dans le coin de la tête, le collier de son chat est toujours caché dans un coin de la chambre, elle ne sait pas vraiment quoi en faire…

Et puis— Nugget elle rigole.

« Ah, Clochette et les clochettes… » c’est assez pour la faire rire. L’esprit déjà un peu plus léger. Elle fait un tour sur elle-même, fait tinter les clochettes, fait voler le tissu. « Ça me va bien ? »

Elle adore le vert, Nugget.
C’est sa couleur.
La couleur de la nature,
⠀⠀de l’espoir,
⠀⠀⠀⠀de la chance,
⠀⠀⠀⠀⠀⠀~~de la jalousie.~~
Dis, Bloody Mary. Est-ce que ça lui va bien ?

~~(Est-ce que la jalousie lui va bien ?)~~

Elle défait les lacets de ses baskets (elle défait les nœuds dans ses pensées et ses doutes), les laisse tomber et les pousse du bout du pied sans même s’en soucier.

« Je me sens d’humeur jupe pour ce soir, t’en penses quoi ? Un pantalon ça va pas trop avec le poncho, non… ? »

Elle veut juste—

—se sentir à l’aise, voilà tout.

Résumé:

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( Wednseday 13 → Buried by Christmas )
« Genre, avec Monsieur Loyal. »

Répondit sur le même ton, Bloody Mary, avec l'air de dire que c'était ÉVIDENT, aussi évident que les taches de rousseurs sur son visage. Et iel sourit, sans montrer ses dents, mais sa bouche répand toute la chaleur qu'il y a dans son coeur.

Habituellement, si froid à l'intérieur.
Bloody Mary en oublie la rancoeur,
De ce bout d'univers, de la prison de verre.

Et quand Clochette montre de l'entrain, c'est comme si l'euphorie redoublait en elle — et lui. Voilà qu'il roule des épaules, la regarde se nettoyer le visage. Iel lui tend des mouchoirs pour qu'elle puisse essuyer sa peau, tandis qu'iel sort déjà la jupe qu'il lui fera porter. Le poncho sur les petites épaules de sa jeune amie semble lui plaire, et les clochettes sonnent, et sonnent, dansent de leur musique douce. Et quand Nugget parle, fait son petit jeu d'esprit, c'est Terry qui sous-rit.

« Bien sûr, chérie, renchérit Bloody Mary en se redressant. J'ai l'oeil ! Et t'as juste à porter ça comme une reine, le monde, c'est ton royaume, compris ? »

Et Bloody Mary ricane, de sa prestance de diva. Il tend à Nugget une jupe en laine, à motifs écossais ; elle lui donnera avec la paire de collants noirs, à motifs géométriques, des allures de punkette de Noël. Elle se tient bien droite, elle s'appuie sur une hanche où elle vient enfoncer sa main. D'un geste maniéré, elle relève le menton, et l'expression sur sa figure, c'est celle des Parisiennes qui porte du Chanel. Elle hausse un sourcil, puis l'autre, garde un léger sourire en coin. Il y a dans sa posture, toutes les parodies du monde ; ce n'est pas Chantalle, ce n'est pas Terrence. C'est la Drag Queen qui moque, rit de tout, s'affranchit de tous les codes.

« Comme ça ma belle, déclare Terrence en gardant un air sérieux, un peu pincé ; c'est une bourgeoise qui juge, dotée d'un sac de marque invisible, qui devrait pendre à son coude. Tu regardes les mecs, comme si c'était la plèbe, un peu de haut, et tu défiles ! »

Et Bloody Mary fait un pas, jette une épaule en arrière, déambule de ses longues jambes minces comme un mannequin affamé d'adoration. Puis, iel s'arrête, iel retient son rire, iel fait le pitre.

« Mais ce n'est pas tes fringues qui te portent, chérie, reprend-il avec ces airs de feu-follet, c'est toi qui porte les vêtements. Je vais me retourner, et te laisser t'habiller, dis-moi quand c'est bon. »

Un clin d'oeil complice, Bloody Mary tourne les talons, et dans un silence sacré, il attend. Il ne dit rien, il ramène les bras contre sa poitrine, tandis que dans sa tête, c'est mille chansons qui se chantent à tue-tête. Les clochettes résonnent à ses oreilles, ce sont ses chants de Noël à elle — et lui.

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Résumé:

Monsieur Loyal.

Le nom de lui est pas inconnu.
Le visage est flou. Quelques paillettes, quelques breloques sur un costume.
Monsieur Loyal ? Elle a du mal à le replacer, pour être honnête. Mais s’il distribue des cadeaux ce soir, alors ça ne peut être que quelque de bien, non ?

Il n’y a pas s’inquiéter.

Elle te regarde, Bloody Mary.

Le sourire sincère et les yeux qui s’illuminent.

Elle rattrape les habits un à un, les dépose sur le matelas avec grande attention.

« Hé, tu parles à la future reine des pirates après tout ! »

Elle n’a pas oublié, Nugget.

Il est vrai que l’objectif s’est fait moins sérieux. Moins réaliste, surtout, une fois les lucidités de l’esprit revenues. Mais il est toujours là, dans un coin de sa tête. Comme un phare dans la nuit.

Quelque chose à quoi se raccrocher.

Se donner envie de rire. Rire de soi-même. À se dire et si ça arrive vraiment, un jour ? Un rêve qu’elle sait irréalisable et bien trop loin pour espérer l’effleurer du bout de ses doigts mais—

mais écoute

écoute, elle a juste envie de rêver, pour une fois.

Laisser tomber toutes ses barrières de la réalité.

Janvi n’est-elle pas morte et revenue à la vie, après tout ?
Tout est possible dans ce ciel de baleines alors pourquoi pas ça aussi ?

Elle s’est changée, Nugget.
Elle a rajouté un simple pull en laine avec un col roulé, uni, un noir pas si noir— de toute manière, il ne se verra pas sous le poncho, c’est juste pour ne pas avoir froid. Et puis, elle a lancé un regard dans le miroir.
Petite elfe.

Petite fée.

La fée Clochette.

« C’est bon. »

Tu peux te retourner.

Tu peux l’admirer.

Elle sourit, Clochette.
Elle tourne sur elle-même, une nouvelle fois, dans la petite chambre. Et elle t’imite, elle défile, comme toi, la tête haute, le menton levé, les épaules droites et les allures d’une fille sûre d’elle. Mensonge sur mensonge mais si on y croit assez fort, ça devient la vérité—
Tu t’en souviens ?

C’est toi qui lui as dit.

Et puis ça lui paraît si absurde—
qu’elle en rit rit rit rit à s’en tuer la gorge, Nugget. À se demander si les murs sont assez épais pour retenir le bruit jusqu’au comptoir de la poste.
(Elle se demande— ce qu’ils en penseront. Est-ce que George lui fera un compliment ? Et Leon ? Et Sugar et Echo, qu’est-ce qu’elles en penseront ?

Est-ce qu’on la regardera différemment ?)

Et puis alors elle te regarde. « De quoi j’ai l’air ? »

D’un lutin des usines de jouets lumineux ?

De ton futur chef ?

Ou encore de juste Janvi qui s’est fait belle ?

Résumé:

Le cadeau de Noël de Cruella à Clochette « one to nullify the pain
two to make it real again
three please give me one to grow on
four my recompense
five don’t leave me in suspense
six promise not to peek »

( Jill Tracy → Diabolical Streak )
Bloody Mary fit volte-face, de ce mouvement de ballerine. Ses semelles couinent au sol, et la voilà qui fixe Nugget. Son sourire est doux, serein, tandis que Clochette cherche dans son regard l'approbation.

Cette attitude des mauvaises habitudes,
On cherche la validation, désespérément
Pour lutter, un peu plus contre la solitude
Et Bloody Mary, c'est presque gentiment

Qu'elle se rapprocher, de son pas de chat. Il touche du bout des doigts le poncho, il fait sonner les clochettes, et l'inspecte. Suspens ! On ne sait pas ce qu'iel pense, mais son air sérieux se fait vite remplacer par son sourire de diva. Il s'appuie sur une hanche, il penche la tête sur le côté, et il déclare, solennel :

« Tu es parfaite, mais ce n'est pas finie. »

Et Bloody Mary lui prend les mains, elle l'attire vers lui, et elle la pousse à s'assoir. Son sac à dos, lorsqu'iel se penche dessus, c'est une boîte de trésors. Elle se rattache convenablement les cheveux, puis elle va en faire de même avec Clochette. C'est la première fois qu'il touche des cheveux crépus, il observe les réactions de son amie, ne veut pas lui faire mal. Pour commencer, il lui fait un grossier chignon pour éviter que les petits cheveux tombent sur son visage. Une fois que ça tient bien en place, il s'accroupit face à Nugget. Il sort tout un tas de palettes, d'échantillon de fond de teint, retrouvé dans les boutiques abandonnées de la ville. Sa peau est blanche, celle de Nugget contraste. Et pourtant, il se sert du dos de sa main pour étaler le fond de teint, chercher la couleur qui ira à son amie. Et pendant qu'il étale la matière, comme s'il faisait rejoindre du jaune et du noir pour trouver la bonne teinte, il se met à chanter.

« slave to good intention
mastermind the great
a victim to the culprit
of finding out too late »

Une fois que c'est bon, Bloody Mary prend une éponge, et c'est délicatement qu'il vient la tapoter contre le visage de Nugget. Au besoin, il corrige ; il ne cache pas les imperfections, il n'étale pas le fond de teint comme du plâtre. En vérité, elle embellit, rehausse les nuances sur son visage d'albâtre, jusqu'à mettre en lumière tous ses jolis traits. Léger contouring, il joue avec le creux de ses joues, et la pointe de son nez. La poudre vient parfaire les finitions, elle est là pour faire tenir le fond de teint.

Ah... cela lui fait plus de bien qu'il ne le croit,
C'est la Madeleine de Proust, son pays d'autrefois
Où Terrence maquillait les filles avant la scène,
Cette époque, où Chantalle n'était pas reine,
Elle était la princesse, qui rêvait de le devenir.
Un secret que Fredda a vu, et son avenir !

Il s'était étendu dans le ventre de Georges, et Chantalle était née. Son chant fatal tremblant dans son cou de mésange, elle avait brillé sous les projecteurs de son aura de feu. Et Bloody Mary cesse de respirer, tandis qu'il trace l'eye-liner sur les yeux de Clochette. Il se fond un peu dans le vert — presque le même que le poncho — qu'il lui a choisi. Puis, du bout de son pinceau, il rajoute de l'or à ses yeux sombres. Il en met un peu sur les pommettes, il fait briller sa peau d'un éclat pur ; les lumières dansent sur Clochette.

« Bien. »

Bloody Mary passe à la bouche, un rouge profond, dont il trace les contours de sa lèvre. Puis enfin, Terrence termine avec le rouge à lèvres. Il se fond presque aussitôt dans la bouche de Clochette, lui donne un air un peu plus âgé. Une seconde couche, puis Bloody Mary se redresse enfin. Il s'étire, il roule des épaules, avant de tendre à Clochette un mouchoir.

« Embrasse-le, c'est pour éviter que le rouge à lèvres file, et va te regarder... Attention, ce n'est pas fini. »

Un clin d'oeil, plein d'assurance, Terrence observe les réactions de Clochette.

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Résumé:

De quoi est-ce qu’elle a l’air, dis ?

Est-ce qu’elle a l’air heureuse ?

Ou bien est-ce encore un voile qu’on place devant les yeux ?

Il est vrai que Nugget n’a jamais été aussi heureuse depuis que la tempête a balayé nos vies. Elle mentirait si elle disait le contraire, malgré les angoisses, malgré le vide de quatre mois, malgré la dureté de la vie, malgré le danger dehors— Nugget ne pourrait s’en plaindre.

C’est bien mieux ici qu’avant.

Alors peut-être bien que c’est sincère, après tout.

Peut-être bien que c’est parfait, comme tu dis.

Elle s’est laissée guider par tes mains,

obéissante, comme toujours,

elle s’est tenue droite et calme et sans bouger, laissant les souvenirs dans le coin de la tête, ses amies qui s’occupaient d’elle de la même manière, quelques paroles qui reviennent en tête, elle regarde les nombreuses couleurs des palettes, les pinceaux et tout le maquillage.

Elle pourrait en être jalouse.
Peut-être qu’elle l’est vraiment.

Le vert lui va finalement si bien.
Muette, elle te laisse faire, elle fait confiance à tes mains, elle a le cœur qui bat d’impatience et peut-être aussi d’appréhension mais elle sait très bien qu’avec toi, elle sera
méconnaissable.

Alors elle obéit une nouvelle fois, embrasse le mouchoir, observe la marque qu’il laisse et puis elle se tourne vers le miroir.

Elle se regarde.
Comme on regarde une inconnue.

Elle se met de profil, fait jouer la lumière du jour sur ses paillettes.

Il y a l’émotion qui coince un peu dans la gorge.

L’envie de toucher ses joues pour s’assurer que c’est bien réel mais elle se retient—

« C’est joli… »

C’est joli

et pas

je suis jolie.

Les mots ne se forment pas très bien.

Elle se tourne vers toi, avec un grand sourire.

« J’aime beaucoup, » toute sa franchise dans ses deux petits mots alors qu’elle pourrait s’extasier des heures sur le maquillage mais d’un coup— elle s’est faite un peu timide. « Dis, tu m’apprendras un jour ? »

Nugget, elle aimerait apprendre à faire des merveilles avec ses mains. Arrêter de détruire, de serrer trop fort, d’enfoncer les ongles— elle aimerait que ses mains soient utiles pour faire de belles choses, des œuvres, rendre n’importe qui aussi joli.
Elle aime les couleurs et les paillettes.

Tout est si bien assorti.

Le vert, c’est sa couleur.
Les paillettes dans les yeux.

Ravivent un peu la vie, là-dedans.

Aveuglent les autres problèmes.

Ce soir, c’est son soir.

« C’est quoi la suite alors, si c’est pas fini ? »

Elle est un peu impatiente, peut-être.
À l’idée de découvrir cette nouvelle Janvi qui va briller pour le soir du réveillon.

Résumé:

Le cadeau de Noël de Cruella à Clochette « one to nullify the pain
two to make it real again
three please give me one to grow on
four my recompense
five don’t leave me in suspense
six promise not to peek »

( Jill Tracy → Diabolical Streak )
Le compliment, s'il fait sourire Bloody Mary,
Iel aurait préféré que Clochette se dise jolie.
Alors iel attend, son regard est maternel,
Elle glisse un doigt sous le menton de la belle.

Et son regard plonge dans le sien. Silencieux, il la fixe, mais pour Clochette, il n'y a pas cette habituelle froideur qui glace ses pupilles. Il y a un substitut de chaleur, il y a ce mutisme, qui observe, détaille, analyse, et glisse : aime-toi un peu. Néanmoins, Bloody Mary n'en a pas fini. Il y a encore du travail ! Toujours ! La confiance, ce n'est pas quelque chose de solide, et d'impénétrable. On ne la bâtit pas en un jour, il faut du temps, il faut de la rage. Il faut porter le masque jusqu'à ce qu'il colle si violemment à la peau qu'il remplace le véritable visage.

« Oui, je dois encore te coiffer. Je t'apprendrai, ne t'en fais pas, chérie. »

Et Bloody Mary, la bonne fée, se glisse derrière Clochette. Il se penche, il ordonne :

« Surtout, dis-moi si je fais mal. Je n'ai jamais coiffé des cheveux crépus. »

Terrence avait coiffé et maquillé Fredda, sa chevelure bouclée un peu drue. Il avait brossé les perruques de Miss Red, des cheveux synthétiques et épais. Et pour Donna, longtemps, il lui avait montré comment on se faisait de jolies coiffures. Donna qui lui avait interdit de se teindre en blonde. Alors Terrence chantonne, tandis que ses doigts se fondent dans la tignasse de Clochette. Elle refuse de les lisser, elle refuse de lui donner un air de blanches, bien au contraire. Bloody Mary était bien placé pour savoir que les habits ainsi que le maquillage — tous les artifices que l'on donne aux femmes — sont politiques. Il retravaille l'afro-puff, lui donne un volume malgré les cheveux courts. Ses gestes sont doux, délicats, toujours ! Et Terrence soupire, agacée de son manque de connaissance. Néanmoins, elle s'en sort. Autour de la coiffure, elle ajoute un bandana rouge, assez fin, qui fait tenir le tout.

« C'est presque terminé, encore un peu de patience. »

Nugget, c'était une pierre précieuse ; un diamant brut. La pierre avait beau être jolie, son éclat était abîmé par ce qu'elle croyait être. Elle se pensait charbon, noirci et peu digne d'intérêt. Alors il était difficile de la faire briller, avec toute la force dont elle était en réalité capable. Néanmoins, Bloody Mary faisait de la magie ! Et pour que Nugget cesse enfin de se persuader qu'elle était un bout de charbon, il fallait tricher un peu. Désormais, elle verrait son éclat, à quel point il était féroce.

Dans ses cheveux, Terry y accrocha des perles, des étoiles, il s'assura que tout tienne en place. Puis, il posa les mains sur ses épaules.

« Tadam ! Ah... non... j'ai encore oublié un détail. »

Bloody Mary attrapa son sac, iel râla parce que le dernier trésor s'était caché tout au fond. Puis, enfin, il les sortit. Des boucles d'oreille jamais portée, des boucles d'oreille dont on ne sait pas vraiment, si elles ont été un jour acheté pour Chantalle, ou si Bloody Mary avait été les chercher spécialement pour Clochette. Leur provenance, c'était son petit secret. Alors Terrence sourit à Janvi, il lui tendit la paire encore emballée. Cela n'a pas l'air d'être du toc.

Deux boucles, munies de trois perles — une blanche coincée entre deux vertes — en ligne, et dont le bout se termine par un flocon de neige en argent. Bloody Mary s'accroupit face à sa jeune amie, et elle lui tend, en soufflant :

« Joyeux Noël, Clochette. »

Et elle sourit, avec tout le feu dont elle capable de se consumer.

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Résumé:

Encore une fois, elle t’a laissé faire.
Nugget ne se souvient plus de cette douceur avec laquelle on la traitait autrefois. Il n’en reste que des bribes, qui reviennent, de temps en temps. Alors tu t’inquiètes, de lui faire mal, lorsque tu la coiffes, mais tu sais— ça ne pourra jamais être pire que ce qu’elle a déjà vécu.

Et elle sait que tu ne le feras pas exprès.

Alors oui, parfois, tu tires un peu trop fort.
Mais Janvi ne dit rien. Elle se laisse faire.
Et elle attend,

elle attend le résultat,

à se demander comment ce sera possible d’être encore plus belle, car tu as déjà tant fait que ça lui semble irréalisable.

Elle ferme les yeux, tente de l’imaginer.
C’est un peu flou et elle n’arrive pas à voir son portrait illuminé des lumières de Noël. Elle n’y voit que du terne. Mais les paillettes sont si belles et les couleurs vives sur sa peau sombre alors peut-être qu’elle y voit un peu de couleur.

Un peu de rêve.

Quelques étoiles dans les yeux et les cheveux.

Effacent les mauvais rêves et les souvenirs qui se font obscurs.
Remplacent le tout, re-dessine au-dessus, la toile est bien plus belle maintenant, avec toutes ses espérances, ses nouveaux rêves, ses histoires et sa nouvelle vie.

Nugget, elle profite que tu cherches dans ton sac pour se pencher vers le miroir.

Encore une fois, ne pas se reconnaître.

Ne pas oser toucher la coiffure de peur de la ruiner avant même de pouvoir se pavaner chez les Greens. N’ose pas bouger de la chaise comme si elle était faite de glace et que tout allait se briser à l’instant où elle allait se lever.

Et puis tu reviens,

un cadeau entre les mains.

Nugget, pendant un instant, reste immobile – comme si elle se demandait si c’était vraiment pour elle. Puis elle ouvre le paquet, découvre les boucles d’oreilles. (Ça fait une éternité qu’elle en a porté.)

Les mots se coincent dans la gorge.

Elle ne sait pas vraiment quoi dire— tu lui as déjà offert tant de choses.
Un peu gênée.

« Ohlala et moi j’ai genre, rien pris pour toi quoi… je passe pour la copine trop nulle qui offre jamais rien. »

Peut-être que le regard s’est fait un peu triste.
Le cœur s’est serré.
Elle a comme eu envie de pleurer parce que tu vois, ça fait si longtemps qu’on l’a pomponné ainsi, qu’on a pris soin d’elle, qu’on a juste

pensé à elle.

Qu’on a voulu la rendre belle plutôt que de l’enterrer.
Qu’on a voulu la faire monter tout en haut plutôt que de la pousser dans les escaliers.

Si tu savais—

toutes les bonnes choses qui lui arrivent depuis la tempête.
Ce sont des mots qu’elle n’ose prononcer à voix haute, de peur de heurter ceux qui ont tant perdu.

Et la seule raison pour laquelle elle ne fond par en larmes juste devant toi— c’est pour ne pas ruiner le maquillage qui orne son visage.

De nouveau penchée devant le miroir, elle a mis les boucles d’oreilles. Elle a bougé la tête de gauche à droite pour les secouer. Puis elle s’est tournée vers toi.

Avec ce si grand sourire.

Si grand qu’elle a mal aux joues.

« Merci, ça me fait vraiment plaisir. »

Elle a tant à dire mais les mots manquent.
Elle ne sait pas apposer les bonnes syllabes et les bonnes phrases.

Alors elle ne peut que

sourire.

Résumé:

Le cadeau de Noël de Cruella à Clochette « The French are glad to die for love
They delight in fighting duels
But I prefer a man who lives
And gives expensive jewels
A kiss on the hand
May be quite continental
But diamonds are a girl's best friend »

( Marylin Monroe → Diamonds are a girl's best friend )
« Hé Clochette, souffla Bloody Mary avec toute la bienveillance dont iel était capable, ce n'est pas grave, je m'en fous. Si je fais un cadeau, c'est pour toi, pas pour avoir un truc en retour. »

Et iel se redresse, iel roule des épaules, et iel s'étire de toute sa hauteur. C'est que tout cela demande du travail ; son labeur est terminé à l'heure. Et c'est le coeur léger que Chantalle contemple Clochette. Oh... elle est douée, il n'en a jamais douté, mais c'est toujours touchant d'assister à l'éclosion d'une fleur. Le diamant voit enfin ce qu'il est pour de bon ; non pas charbon, son éclat est d'autant plus resplendissant qu'il brille dans les yeux de sa jeune amie. Bloody Mary lève l'index et sourit :

« Pas de larmes, jeune fille, tu ne veux pas avoir les yeux secs à cause du mascara, crois-moi. »

Oh... Bloody Mary ne lui fait pas de reproche de ressentir, elle ne lui en veut pas de se trouver si belle que le sanglot arrive ; elle se contente de l'avertir. De ces conseils qu'une grande soeur peut donner, de ces avertissements que Chantalle a reçus de Fredda. Bloody Mary se souviendra pour la vie, de la première fois où les filles lui ont mis des fards sur les paupières, où elles ont réveillé la lumière en elle qu'elle pensait éteinte, pourtant.

Cette lumière, qui se meurt eun peu plus,
De nuit en nuit, de jour en jour, sa source
Pourrit depuis ses entrailles, la tumeur grandit.
Chantalle disparait, et Terrence restera Bloody Mary.

Et Terry prend ses affaires, observe Clochette et les émotions colorant son regard. C'est qu'elle resplendit ! Elle brille ! Des étoiles en plein jour, des diamants à en faire perdre les têtes. Le premier qui osera lui reprocher quoique ce soit, il se prendra le courroux de Marie la Sanglante ; la mauvaise fée des vilains garçons, la bonne fée qui défend les filles. Alors quand Clochette formule ses remerciements, Bloody Mary se contente d'une caresse volatile sur sa joue, du dos de la main.

« De rien chérie, allez, viens, on a encore du travail. »

Bloody Mary ouvre la voie, sa gigantesque silhouette abandonne la chambre. Ses yeux fixent les personnes encore présentes dans la poste, prêt à les cribler de balle si un mot est maladroit, si une parole ne lui plait pas — on peut l'insulter, lae trouver affreux·se, on peut la traiter de pute, iel s'en fiche —, et elle ne lui plaira pas si elle se destine à sa jeune amie.

Bloody Mary met un pas dehors.
Le soleil brille, sa chaleur est de l'or.
Iel inspire, bombe le torse, et songe alors :
Combien la semaine sera bonne !
Une belle façon de conclure cette année.
Et c'est sa main qu'elle tend, sa voix qui sonne :
Toujours claire, tout en chanson et volupté.

C'est que la mésange au coeur de l'hiver se remet à chanter.

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Résumé: