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Le bruit du gong

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Noel
Gandalf 2.0
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Avatar OC par Hatteeho - IRL Dev Patel
Noel
Noel
Dim 4 Avr - 12:01
Le bruit du gong
Solo
Il y a le réveil, insupportable et douloureux, ouvrir les yeux pour voir ce monde qui n’est pas vraiment là, qui n’est pas vraiment vrai. Les murs sont blancs, la pièce est vide. Il y a des bruits, à l’extérieur, plus loin, si loin, du métal qui claque, des mots qui fusent, incompréhensibles et parasités. Il y a ce monde qui n’est juste qu’une image floue, l’impression de n’être qu’un pantin et les paroles coincées dans le fond de la gorge. Des jours comme ça, des semaines ainsi, la date du dernier souvenir est bien trop floue, trop instable, rien ne va plus, rien n’est vrai, tout n’est qu’illusion. Il y la fourrure douce du chien qui dort, la chaleur de la couette, bloqué ici comme bloqué dans sa vie. Il y a la faim qui ronge, des jours sans manger, l’assiette reste pleine malgré les remontrances, malgré les conseils, malgré les supplications. Il y a des phrases entendues de loin, des prénoms qui percent dans ce carnage, des mots qui font sens alors que le reste n’est qu’une bouillie informe de sons saturés.

Il y a les jours qui passent ainsi.
Des jours entiers, des semaines qui s’écoulent.

Il y a les photographies qui défilent, il y a ce téléphone qui reste dans la main sans que l’on puisse l’en retirer. Juste des photographies dans lesquelles le regard se perd, des photographies qui parfois s’animent, de plus en plus souvent, de plus en plus longtemps. Et il y a la tache qui s’étend lentement dans le creux de l’épaule, la fatigue qui assomme, le sommeil qui à peine répare. Et il y a ce cycle qui recommence sans fin, sans arrêt.

Sur les photographies, il y a plein d’animaux, aux noms et aux visages connus, reconnus. Il y a un grand chien braque allemand, des poils courts et un pelage brun tacheté de foie, les yeux vifs et une langue démesurée qui pend entre ses babines. Il y a des chats, trois différents, l’un d’eux a un œil en moins, l’une semble encore minuscule, le dernier est vieux comme Abraham. Il y a des poules, il y a une biquette, il y a des lapins, il y a un padda de Java.

Sur les photographies, il y a une femme aux longs cheveux cuivrés, aux magnifiques yeux vert d’eau, des fossettes qui se creusent lorsqu’elle sourit, des dents du bonheur, un regard rieur, parfois sérieuse dans la blouse de vétérinaire qu’elle porte. Il y a également cette fillette, d’un regard aussi clair que sa mère, d’un teint aussi mate que son père, souvent coiffée de palmiers dans ses cheveux noirs. Elle aussi rit, elle aussi boude devant des brocolis. Il y a une photo d’elles-deux, devant un gâteau et deux bougies, lorsque leurs lèvres s’animent on peut les voir chanter happy birthday et les bougies soufflées qui laissent s’échapper un peu de fumée.

Et il y a cette dernière photographie, dernière d’une longue liste, dernière à apparaître sur l’appareil. Une photographie tout de noir et de blanc et de gris, vue comme dans un kaléidoscope, elle semble étrange et déformée au milieu de tous ces clichés colorés. Elle aussi est là sans être là dernière née du téléphone, message reçu deux jours avant que la catastrophe ne s’abatte, souvenir remonté et douloureux, la sensation d’avoir comme un mot coincé sur le bout de la langue s’est enfui pour laisser place à ce vide sans nom qui s’étend toujours plus à mesure que l’image s’anime. On reconnaît la forme du fœtus bien développé, les bras et les jambes qui bougent lentement, la tête encore disproportionnée qui se dandine.

Et le cœur qui bat lentement dans la poitrine du futur bébé.


Résumé:
Noel
Gandalf 2.0
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Avatar OC par Hatteeho - IRL Dev Patel
Noel
Noel
Jeu 8 Avr - 21:32
Le bruit du gong
Solo
Depuis combien de temps dure-t-elle, cette apathie étrange ? Des jours ou des semaines, des heures ou des minutes ? On ne sait pas, on ne sait plus, juste rester là à regarder encore et encore et toujours les mêmes images. A oublier de penser à ceux qui vivent autour encore autour, à oublier qu’encore ils essayent d’arranger les choses, à oublier qu’ils voient, qu’ils tentent, qu’ils souffrent avec. On essaye de lui parler, on essaye de le sortir, mais des mots rien n’est capté, des gestes et des visages rien n’est vu.

Il y a eu ce jour, où des mains ont essayé de lui prendre son précieux téléphone, lui retirer l’objet de sa fascination, lui retirer la seule chose qui compte actuellement à ses yeux. Et il y a eu ce hurlement, hurlement de dément qui a résonné entre les murs de la poste, hurlement secoué de sanglots.Et il ne l’a pas lâché, il n’a pas réussi, il a juste tenu son appareil entre ses mains et lorsqu’enfin on lui a rendu, il s’est recroquevillé sur lui-même, soudainement épuisé et le téléphone tenu contre sa poitrine, des mots murmurés à l’attention de la photographie de l’échographie - c’est celle-ci qu’il regarde le plus souvent, le plus longtemps, obsédé par sa présence et par ses légers mouvements.

- Theo...

Mots murmurés, lents et la voix brisée. C’est ce nom qu’il a décidé de donner à son futur enfant, il a décidé que ce serait un garçon - oh il n’en sait en vérité, Eleanor et lui avaient décidé de garder la surprise, comme ce fut le cas pour Emily. Mais il a décidé de s’inventer sa propre vie, s’imaginer la suite, celle qu’il n’a pas pu vivre. C’est à cet endroit qu’il est bloqué désormais. Dans sa propre tête.

Il y a eu ce jour, le garçon venu demander des nouvelles, le garçon qui avait réparé son téléphone, celui qui avait su avant tout le monde ce qu’il contenait. Il a vu son visage se poser devant son regard, regard éteint encore un moment, visage inquiet. Il y a eu comme une illumination légère, petite étincelle dans sa tête. Ses lèvres qui s’ouvrent un instant durant, les mots qui peinent à sortir. Et alors que le garçon allait partir, il l’a toujours simplement retenu par le bras, main tremblante et doigt qui s’agrippent à son pull.

- ... M-Mmmmm... Merci.

Et il l’a simplement lâché.
Encore des mots à peine murmurés.
Comme s’il n’avait pas parlé depuis des années.

Il y a eu ce jour, réveillé soudainement dans le milieu de la nuit. Le chien qui toujours l’accompagne réveillé lui-aussi, toujours à ses pieds, parfois entre ses bras - elle a grandi, elle a tellement grandi. Combien de temps est-il resté ici ? Mais qu’importe, il s’est juste redressé dans le creux de son lit. Il s’est juste levé sans dire un mot, discret comme il peut l’être parfois. Il oublié de prendre une veste, il a oublié le froid qui encore enserre l’atmosphère à l’extérieur.

Il s’est juste levé.
Et il est parti.


Résumé:
Noel
Gandalf 2.0
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Avatar OC par Hatteeho - IRL Dev Patel
Noel
Noel
Dim 11 Avr - 12:47
Le bruit du gong
Solo
Partir.
Partir, partir.

Les abords de la bulle sont toujours aussi étrange. Étrangement normaux, étrangement banals. A les regarder dans les voir, à tenir dans les doigts une simple petite pierre ronde, à la fixer un instant seulement avant de la jeter à travers la limite invisible de la ville. Et la voilà qui revient, qui réapparaît là où elle était quelques secondes plus tôt : dans sa main. Et il y a cette colère soudaine, qui gronde et sui fait rage, colère enfouie une année durant dans le plus profond de ses tripes. Colère contre tout, contre cette ville, contre tout ce qu’il s’y passe, contre son immobilisme, contre lui-même. A vouloir sortir sans même essayer, à abandonner sans même tenter le coup.

Alors il jette à nouveau sa pierre.
Avec une violence peu commune entre ses mains.

Et elle revient.
Encore. Et encore.
Et toujours.

Il y a sa lèvre qui tremble, la colère qui déborde, la nuit silencieuse qui hurle dans ses oreilles. Il jette encore sa pierre à travers la bulle, et toujours elle revient. Il la hait, il la hait avec une force qu’il n’a jamais connu. Et il jette encore et toujours sa pierre, sa voix brusquement se dénoue. Il hurle, hurle comme jamais il n’avait hurlé.

- RENDS MOI MA FEMME !

La pierre revient.
La pierre repart.

- RENDS MOI MES ENFANTS !

Encore et toujours.
A ne pouvoir quitter ce monde.

- RENDS MOI MA FAMILLE !

Et il continue pourtant, à essayer de la jeter sur le mur, sur la bulle, à espérer au fond qu’elle finisse par ne plus revenir entre ses doigts. Qu’elle finisse par traverser cette barrière invisible. A espérer qu’il pourra lui-aussi un jour la franchir. Et pourtant, elle finit fatalement par toujours revenir.

Et ses forces l’abandonnent.
Finir à genoux. A terre.
Recroquevillé sur lui-même.

- Rends moi ma vie...

Et il finit là.
A même le sol dans la nuit.

Après une année à ignorer.
A enfin pleurer tout ce qu’il a perdu.


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