Jenny of Oldstones // Capt'n

Claires, les cordes vibrent, annoncent le début d'une série de mesures que tu ne connais pas encore. Tu laisses tes doigts glisser, accords après accords, affalé contre le mur, les jambes tendues devant toi. Tes doigts pincent les cordes abîmées que tu n'aimerais pas voir se briser.

Tu l'as trouvée cette guitare, abîmée, un peu fracassée, comme tout le monde ici de toutes façons, avec des poques et de la poussière. Tu l'as trouvée, encore en état, un peu comme le Graal : salvatrice, remplie d'une jeunesse accidentée que tu as pu retrouver. Tu n'étais pas Perceval pour la laisser, tu n'étais pas Perceval pour passer à côté. Oh non, trop égoïste pour l'abandonner, cette guitare qui n'est pas la tienne, qui a appartenu à une âme qui a sûrement quitté ce monde depuis trop longtemps.

Tu l'as volée à un mort, comme tu as volé pendant très longtemps avant de le rencontrer.

Tu l'as depuis quelques semaines, cette guitare, et depuis quelques semaines, tu grattes les cordes de temps en temps, comme pour habituer de nouveau tes doigts à l'amertume des cordes, comme pour habituer de nouveau ton cœur aux pensées qui vont avec la musique, comme pour habituer de nouveau ton âme à sa présence dans ta tête, toujours, tout le temps. Il n'y a qu'avec les enfants, de temps en temps, que tes doigts virevoltent sous des tempos plus rapides, pour les faire sourire, rire, chanter, danser. Parce que, Vince, Vince... Patrocle. T'as toujours aimé être celui qui amenait la joie, ça te donnait l'illusion d'être aimé.

Alors tu joues, joues, joues, sans regarder autour de toi, sans vraiment penser aux restes des notes, car tu en connais des dizaines, des chansons, tu en connais des dizaines, de mélodies, tu pourrais t'endormir que tes doigts continueraient d'eux-mêmes. Car aujourd'hui, le mirage du bonheur, de la normalité, de la vie comme avant a disparu devant tes yeux et t'as laissé en plein milieu du désert, assoiffé pour cette oasis éteinte, terrifié d'y voir la métaphore d'une vie que tu cherches désespérément.


hrp : j'espère que ça ira ? si ça va pas, hésite pas à me dire si non, et je savais pas trop comment ouvrir, du coup j'me suis dit que capt'n pouvait juste, débouler et le secouer un peu ???? et genre.... C'EST MON PREMIER POST RP SUR LE FORUM JE SUIS JOIE

OH ! La voix te sort de ta rêverie, arrête tes doigts sur les cordes et tu lèves tes yeux vers le nouveau venu, un sourire venant déjà étirer tes lèvres. Sa posture en face de toi te fait sourire. C'est si simple de redevenir un enfant à ses côtés, si simple d'oublier que tu en es plein milieu du désert, que tu ne chasses pas un mirage. Il te fait voir l'oasis, te la fait toucher du doigt, et tu pourrais presque sentir l'eau claire, un peu chaude, atteindre tes lèvres. A moi, barde ! Et un rire t'échappe, d'un candeur douce et d'une surprise tendre.

Ton dos abandonne le mur, tes jambes se replient l'une sous l'autre et ta voix s'élève, forte et amusée, toujours amusée, avec lui, car tu es un enfant en sa présence : « Je chanterai votre gloire, mon Capitaine ! » Tu récupères un tricorne imaginaire sur ta tête, l'enlèves et fais une mini-révérence, toujours assis au sol, mais les idées noires déjà bien loin de ton esprit.

Tu abandonnes le sol, époussettes ton jean de ta main libre, l'autre tenant fermement le manche de la guitare alors qu'il part déjà. Tu t'emmêles dans tes jambes un instant, récupères ton équilibre de justesse avant de marcher à ses côtés. « Qu'est-ce que tu vas raconter, aujourd'hui ? » Et tu bouillonnes un peu, Vince, d'une anticipation enfantine, voire peut-être un peu candide. Mais c'est si facile, d'oublier que tu es un adulte, que tu es censé être grand et fort et intelligent et raisonnable et responsable. C'est si facile de se laisser aller au rôle d'un barde qui chante les grands exploits du plus grand pirate de ce monde.  

Un sourire qui vient étirer tes lèvres, tu pouffes un peu, comme un enfant moqueur. Tes doigts glissent sur les cordes, ton regard coule sur le grand personnage devant toi.

T'as jamais aimé rêvé. Les rêves, c'était pas pour toi. T'as toujours été accroché à la réalité, même si t'aimais faire en sorte qu'elle aille dans tous les sens. Mais lui, lui il est comme un personnage de dessin animé, il fait vivre des choses, te fait imaginer mille et un contes, aux couleurs des mille et une nuits.

Et tu souris, un peu moqueur, un peu septique, quand il te retrace son aventure. Puis le récit s'arrête, se termine trop vite et un rire t'échappe, un rire qui vient secouer tes épaules et plisser tes paupières. Est-ce que tu le vois ? Est-ce que tu comprend qui était, est maintenant cet homme ? « Non, je vois pas non, » réponds-tu en secouant la tête de gauche à droite. Tu te racles la gorge, reprends ton sérieux avant de continuer : « Il a chanté tes exploits, au moins ? Ou il t'a juste suivi pour le grog ? » Et tes doigts pianotent sur la caisse de la guitare, et tu l'observes, un léger rictus étirant tes lèvres.


hrp : capt'n me fait vraiment rire, je l'aime à fond