on a tous dans l'coeur le rayonnement des supernovas — Diamond.

y'a ses bottes qui cognent contre le métal des rails, sans la moindre considération quant à sa discrétion. qu'est-ce qu'il a à craindre, de toute façon ? en plein milieu de son territoire, c'est pas comme s'il avait à jouer la carte de la prudence.
puis, il n'a même pas envie d'être là, il était très bien, à se prélasser paresseusement au soleil (et vivre sa meilleure vie de lézard) par pure flemme de faire quoi que ce soit.
sauf qu'on l'avait copieusement jeté dehors pour qu'il se "rende utile", avec l'une des ébauches  des plans sommairement cartographiés et qui n'attendait que son humble contribution.
si des gribouillis plus grossiers les uns que les autres s'étaient retrouvés encrés dans le papier, ce n'était pas son problème.

diamond a beau marcher comme en étant le souverain de son petit monde, il a suffisamment arpenté le chemin de fer pour le connaître comme le fond de sa poche, pour remarquer les détails qui détonnent dans le paysage éclaté de son quotidien. comme les silhouettes qui ne devraient pas y être.
c'est capté du coin de l'oeil, presque imperceptible, mais pourtant bien présent.
il quitte le chemin de fer, se glisse silencieusement entre les wagons qui flanquent celui-ci pour s'avancer vers ce qu'il avait vu. une partie de lui se dit que c'est peut-être un animal — espère que ce soit une bestiole, et il a beau être passablement indifférent quant aux conflits, une intrusion n'est pas quelque chose à prendre à la légère.
et même lui sait le reconnaître.

ça lui prend quelques minutes pour trouver un endroit qui lui permettrait d'avoir un bon visuel de ce qui a attiré son attention sans lui-même se faire voir, et quand c'est enfin le cas, il doit étouffer le rire nerveux qui manque de lui échapper pour ne pas se faire repérer.
visiblement, les étoiles, les planètes et l'univers entier, se sont ligués contre lui pour l'emmerder.
pourquoi c'est lorsqu'on l'envoie en solo qu'il tombe sur quelqu'un qui n'est définitivement pas un pirate ? déjà, parce que sa tête ne lui revient pas et diamond a bonne mémoire, mais elle est trahie par sa démarche prudente et son regard qui scanne les alentours.
faut croire que quelqu'un n'a pas très envie d'être remarqué.
nice.

ça cogite approximativement trois secondes,
(elle est aussi seule que lui)
avant d'enfin quitter sa cachette,
(et plus petite)
et de s'avancer, sourire aux lèvres et mains dans les poches.
nonchalance feinte dans l'espoir d'avoir l'air le moins menaçant possible — c'est qu'il a pas spécialement envie d'en venir aux mains, ou complètement idiot, mais ça, ça tombe pile dans ses cordes.

— j'sais pas trop si j'dois applaudir l'audace de venir ici toute seule, il marque une pause, inclinant ensuite la tête de côté, ou m'en inquiéter.
diamond est resté suffisamment loin, peu désireux d'amoindrir les quelques mètres entre eux.

— j'doute t'apprendre que c'est pas le coin le plus, comment dire, safe ?

diamond triture l'intérieur des poches de sa veste pour occuper l'énergie nerveuse qui l'habite, ne pipant mot lorsqu'elle annonce qu'elle cherche quelqu'un.
on vient marchander en zone peu fréquentable ?
ou alors c'est réellement un simple visite de courtoisie ?
à chacun ses occupations, qu'il se dit, et en temps normal, il en aurait rien à foutre. après tout, on entre un peu comme on veut ici — certes étroitement surveillé par les joyeux lurons qui composent la bande, mais elle est si ostensiblement fermée que ça en devient rapidement suspicieux.
et qu'il n'est pas aussi idiot qu'il n'y parait, merci.

— ah, dommage, qu'il muse, son rictus lui barrant toujours le visage, j'suis de bonne compagnie pourtant.
fidèle à lui-même, y'a un clin d'oeil qui se perd, mais il reprend une expression plus sérieuse quand elle annonce ne pas venir en tant qu'ennemie.
se balader volontairement en territoire pirate quand les relations ne sont hypothétiquement pas au bon fixe ? visiblement, il n'est pas le seul à prendre des décisions plus que douteuses.

— cool cool cool. absolument pas, mais on va faire avec. sauf que ça m'importe peu, à moi. par contre, je ne pense pas que les autres soient aussi conciliants, tu vois ?
il s'efforce d'arborer un air conciliant quand il s'avance — ça change de son habituel sourire digne du chat de cheshire, les mains levées et bien à découvert.
il pourrait décamper, alerter les autres, mais il ne le fait pas, plus intrigué que réellement inquiet désormais. après tout, si elle songeait lui refaire le portrait pour passer, ne l'aurait-elle pas déjà fait ? ou alors c'est un cruel manque de discernement de sa part,
(ce ne serait pas la première fois)
mais il allait tenter sa chance.

— qui est-ce que tu veux voir comme ça ? histoire de voir si j'peux faire quelque chose.
histoire de voir si j'ramène la cavalerie, le cas échéant, qu'il ne dit pas.

pourquoi il ne la balance pas ?
parce qu'il est trop curieux, parce qu'on ne vient pas chez les pirates sans une bonne raison et parce que ça éclaire son petit quotidien morne qu'il devait passer à cartographier alors qu'il n'en a absolument pas envie — c'est comme lui agiter un bonbon sous le nez et s'attendre à ce qu'il ne tente pas de le croquer.
y'a le sol qui tremble, un peu, lui fait froncer les sourcils une seconde lorsqu'il lève le pied pour s'avancer.
pourtant, il n'y a pas de trains à l'horizon.
ça lui suffit pourtant à remettre de la distance entre eux et à diamond de rouler des yeux, un brin agacé.

— honnêtement, on est tous des aimants à ennuis, lui le premier, tu penses vraiment que tu vas en ajouter plus à la personne que tu cherches à voir ?
c'est lâché avec un sarcasme palpable — le nombre de pirates qui entretiennent des relations douteuses avec les autres groupes est ridicule.
opportunistes jusqu'à la moelle, ils ne s'unissent que pour leurs méfaits ou pour défendre l'un des leurs, retournant à la philosophie du chacun pour soit lorsque c'est fait.
il ne serait pas étonné de savoir que ça marchande en douce avec des greens ou des chevaliers pour obtenir ce qu'ils veulent.
lui le ferait, sans une once d'hésitation.

— c'est vrai, j'ai aucune raison de t'aider, mais si t'es venue jusqu'ici, c'est que ça doit être important et que ce serait bête de rebrousser chemin aussi vite.
diamond a beau être le chat dans cette histoire, il n'a que ses mots pour se back-up.
il n'a aucune arme sur lui et surtout, aucune envie de la faire fuir de lui-même si elle s'avère être une menace, il préfère laisser ça aux plus expérimentés.

— écoute, si tu préfères le faire toute seule et prendre le risque de te faire choper une seconde fois, grand bien te fasse.
il croise les bras, fixe distraitement les ongles de sa main.
si elle décide de partir, il ne l'empêchera pas ; si elle avait eu de la chance jusqu'à présent, ça ne ferait que se corser dès qu'elle approcherait du centre du territoire.

le bruit qui s'intensifie et les tremblements du sol suffisent à lui faire perdre la pseudo-assurance qui l'habite.
si elle est moins sereine, il l'est tout autant.
sa main retombe le long de son corps, alors qu'il imite l'inconnue — il recule, pour avoir une meilleure vue sur les rails, sur le train qui devait arriver et pourtant, il n'y a rien du tout à l'horizon.
sauf qu'il n'est pas le seul, visiblement, à l'entendre.
et peut-être qu'il l'aurait laissée se débrouiller avec tout ça, en tournant les talons pour rejoindre la décharge, sauf qu'il reste figé sur place.
bunny, hein ?

— ok, je vais te donner un coup de main, il reporte son attention vers elle, puis la distance, et de nouveau sur elle, mais avant, on va trouver un endroit moins... à découvert.
et sans réellement attendre sa réponse, il fait volte-face, s'enfonce dans le dédale formé par les wagons, parallèlement au chemin de fer pour guetter l'avancée potentielle de la locomotive.
il connaît pourtant les horaires, et là, tout de suite, il ne devait y avoir personne.
c'est bien pour cela qu'il fanfaronnait précédemment sur les tracks, parce qu'il n'y avait personne.

et quand il trouve un container à moitié éventré qui leur permettrait non seulement de ne pas être aussi visibles, mais aussi de surveiller les environs, il lui fait signe de passer devant.
puis bon, vu l'état de l'espace, si elle voulait s'enfuir, ça n'allait pas être bien difficile.

— c'est diamond, au fait.
c'est lancé distraitement, histoire de meubler la conversation inexistante, tout en gardant une oreille attentive sur le remue-ménage provoqué par...
peu importe ce que c'était.
on tente de rester calme, de faire comme si tout était parfaitement normal.
dommage que ses sourcils froncés et la ligne inquiète qui se creuse dans son front le trahisse.