(end) anodine intrigue (࿏) calico & blackbear

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résuméAprès une récolte de fonds pour une association à laquelle Jacinto et Cali ont participé, cette dernière l'invite chez elle mais il n'en connaît pas la raison. Anxieux, il répète plusieurs fois son entrée avant que la porte ne s'ouvre et qu'il lui offre un bouquet de tulipes. D'ailleurs, petit malentendu mais les tulipes, c'est pour symboliser l'amour mais Jacinto n'en sait rien.

Un moment banal pour toute personne mais pour lui, cette occasion mérite au moins quelques échauffements répétés sur un perron avant de pouvoir réellement confronter ce qui s’apprête à se dérouler dans sa vie, maintenant, si insipide. Ainsi, il effectue plusieurs fois le scénario préparé, montant d’un pas, puis descendant d’un autre le perron qui le sépare d’une lourde porte. Peut-être au bout d’une sixième tentative, il se décide enfin à sonner chez les Blackwood. À vrai dire, il a hésité à déguerpir après chaque tentative ratée et il n’y en a même eu aucune de convenable mais qu’un voisin le dévisage ainsi faire l’a au moins poussé à ne pas se débiner.

Et puis qu’aurait pensé son hôte si ce couard lui posait un lapin ? C’est peut-être l’une des premières fois qu’on l’invite lui. Lui uniquement, pas Bill puis lui. Ce n’est pas quelque chose qu’il pourrait se permettre de rater. D’autant plus que s’il en croit l’événement qui a pu marquer ses derniers jours, c’est peut-être à ce propos que madame Blackwood l’invite à discuter.
Jacinto ose croire que cette invitation est une célébration puisque la récolte de fonds s’est après tout bien déroulée. Toutefois, qu’elle l’invite spécialement lui laisse en Jacinto une certaine appréhension, nouée dans sa gorge.

Une fois la porte grande ouverte, face à une femme plus petite, certes, que lui, mais bien plus impressionnante, Jacinto perd le récital qu’il a préparé pendant cinq bonnes minutes. Intimidé par l’élégance de cette dame, le grand enfant bredouille quelques politesses suivies d’un geste capable de lui sauver la mise, à savoir, un bouquet de tulipes versicolores, fraîchement cueillis du jardin. Bien plus affirmées, les tulipes prennent le devant de la scène au lieu de l’acteur principal.

Anodine intrigue

Devant le miroir, Cali scrute son reflet. Il ne faut rien laisser paraître. Camoufler les marques, les ecchymoses disgracieuses. Depuis le temps, elle est devenue maîtresse dans l'art de la dissimulation. Les manches longues même en été ne soulèvent plus de questions (elle croit). Elle n'est que la distinguée femme du révérend.
Rien de moins.
Surtout rien de plus.

Dieu merci, il y a les œuvres caritatives. Les associations. Le quartier. Les réunions. De quoi toujours se tenir occupée – et un peu plus loin de Lui, subtilement. Le public est son meilleur paravent. Mais il faut bien l'entretenir. S'assurer que tous entrent dans son jeu.

C'est un peu pour cela qu'elle l'a invité, Jacinto. Élément perturbateur dans le fragile écosystème de leur quartier. Elle n'a rien personnellement contre lui, mais elle doit s'assurer… elle doit s'assurer que son intégration se passe bien. Que personne ne sera menacé.
Surtout pas elle.

La sonnette retentit. Cali s'arme d'un sourire. À la porte, elle est accueillie par un bouquet de tulipes.
Des tulipes ?

« Oh ! Quelle surprise. Bonjour Jacinto. »

Sourire, sourire, sourire, toujours sourire lorsqu'elle prend les tulipes entre ses bras. C'est un cadeau maladroit qu'elle devra jeter après son départ. Mais ça évidemment elle ne le dira pas, elle ne le montrera pas. Elle est trop charmante pour ça.

« Merci d'avoir accepté mon invitation. Entrez, je vous en prie. »

Elle s'écarte de la porte, lui laisse voir l'intérieur impeccable, toujours impeccable de la maison. Un ordre et un contrôle absolu sur son environnement.

Était-ce une si bonne idée d'inviter cet élément perturbateur dans ce décor de théâtre si fragile ?

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résuméJacinto est largement intimidé par la demeure des Blackwood et reste en deuxième plan. Il ne pose pas de questions mais préfère tenter d'être poli et trouver un subterfuge afin de questionner Cali sur la raison de cette invitation.

Pénétrer dans le presque manoir des Blackwood se révèle être plus intimidant que la propriétaire en elle-même. À la première seconde, il s'aventure dans le corridor avant son hôte. À la deuxième seconde, il manque de se carapater mais la dame aux bouquets, toujours derrière, lui en empêche. Alors il ravale sa couardise, bien qu'il voudrait lui poser un tas de questions pour se rassurer, à commencer par ce qu'il fait ici. Mais c'est bien trop logique ; il est bien trop bête. Il abaisse la tête et garde le grand et épais manteau, pour un début de printemps plutôt froid.

Mais la maison est plus glaciale que l'extérieur encore. L'ordre impeccable est comme un signe qu'il est susceptible de perturber les éléments, s'il ne l'a pas déjà fait. Jacinto n'ose donc aucun pas et se retourne vers elle.

C'est une… très. Très. Belle mai-maison.

Demi-mensonge pour trouver un premier subterfuge au manque de mots qu'il ne fournirait pas le reste de leur entretien. Et pas une discussion, non, car Jacinto n'est plus du tout rassuré dans ce bel endroit qu’on ne pourrait complimenter, pour autant, tant il inspire la crainte. Ce pourquoi peut-être il oublie de remercier son hôte de l'avoir invité. Mais l'étranger n'a aucune idée de la raison de sa présence. Pourtant, il doit bien chercher un moyen de le découvrir, en grattant les bords.

C'était c-coo... b-b-bien (!) la ré-récol(te). Si vous avez encore be-besoin d'moi… Ou p-peut-être pas !

La première chose à laquelle il pense, c'est cette récolte à des fins caritatives. Pouvoir y participer à nouveau serait vraiment une belle occasion, notamment pour s'ouvrir enfin. Aujourd'hui il en a enfin une, mais le timide reste emprunt aux doutes et ne souhaite pas imposer sa participation. Après tout, peut-être qu'elle le considère justement comme un fardeau. Cali a toutes les décisions sur lui puisqu'il n'ose prendre aucune audace.

Anodine intrigue

« Merci. »

Bien sûr qu'elle est belle, la maison. C'est bien la seule chose qui rend un tant peu fière Cali ces derniers temps. Elle sait qu'elle est magnifique. Mais à quel prix ? Elle n'ose pas se le demander. Plutôt, elle sourit – c'est tout ce qu'elle sait faire, sourire, hocher la tête, accepter humblement le compliment.

Toujours tenir les apparences.
Elle s'est résignée à son rôle
(même dans Son absence).

De ses yeux perçants, elle scrute son public pour évaluer son appréciation. Jacinto achète-il son numéro ? Vite elle répond à la question : oui. Il lui parait trop naïf, trop tête en l'air pour remarquer d'infimes détails qui n'iraient pas. Pour le moment, elle refuse de relâcher le morceau. Elle tiendra (croit-elle) son rôle jusqu'au bout. En bonne hôtesse, elle lui demande son manteau qu'elle rangera s'il lui offre. À son bégaiement, elle offre un sourire patient pour mieux cacher son agacement.

« Justement. Je crois que nous pourrions travailler ensemble à l'avenir. »

Regard complice, croirait-on. Mais elle se refuse de dévoiler immédiatement les clés de l'intrigue. Plutôt, elle prend les devants, ouvre le chemin pour le pauvre Jacinto jusqu'à la salle à manger.

« Est-ce que je peux vous offrir un café ? Un thé ? »

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résuméAgréablement surpris, il demande tout de même confirmation parce que ça lui semble bizarre que Cali n'ait rien à lui reprocher et veuille vraiment de lui, sachant qu'elle doit bien connaître sa réputation.

Éclairé par la proposition, la placidité de son visage laisse place à un étroit sourire qu’il ne peut contenir. Qu’il se rassure, cette manifestation de félicité lui est autorisée si bien qu’elle a, également, ravit ses lippes de la même figure. Précautionneux, il n’en (a jamais) fait trop avec la contorsion des lèvres et ne s’impose pas. On ordonne. Il suit. C’est le même schéma quand on lui tend la main et qu’il remet enfin son manteau.
Même, Jacinto préfère se calquer sur les manières de la personne face à lui pour éviter les faux pas. Et visiblement il n’en a pas fait jusque-là pour qu’elle lui autorise à faire un pas dans la pièce suivante, tout aussi impeccablement austère. Une boisson chaude ne saurait raviver la froideur de cette pièce mais il demande tout de même un café. C’est à peine s’il arrive à s’asseoir et attend qu’elle finisse de préparer leurs boissons.
Pourtant, ça lui éviterait de trahir son engouement affolé.

Tra-travailler (en)semble ?

Il ne s’attendait absolument pas à ce genre de réponse. Au mieux, il aurait attendu une réponse positive mais pas une poursuite de leur collaboration. Déjà qu’il ne pensait pas s’unir avec l’une des femmes les plus respectables de la ville. Il n’osait, pour ainsi dire, même pas, avec les plaintes entendues à la maison sur quelle réputation ça pourrait encore les amener. Il a raison, Jacinto est une honte alors pourquoi souhaiterait-elle solliciter son aide encore à l’avenir ?

J’a… J’ado(re)rais ! Mais vous êtes (sûrs) ?

Tristement, il est bien obligé de réitérer sa décision. Après tout, maintenant qu’il s’est introduit dans son élément, ne voit-elle pas en quoi il est un problème ?
Même pour lui, c’est flagrant tant il cause en vérité tant de soucis pour l’image qu’il pourrait véhiculer auprès des habitants qui n’éprouvent aucune sympathie à son égard. Un paria qui se met à travailler avec un modèle de la société, c’est invraisemblable. Il ne peut pas accepter sa proposition sans une certitude comme, en vérité, il ne peut pas non plus la refuser. C’est une des rares fois où son aide n’est pas rejetée et il doit bien faire ses preuves. S’il était prêt à se rabaisser une fois de plus, à en évoquer, à titre d’exemple, ses soucis d’élocution, cela jouerait en sa défaveur.

Mais c’est pourtant flagrant, tous les soucis qu’il cause. Cali est au courant de tout cela.
C’est peut-être la ruse. Jacinto est si naïf pour ne pas voir quelque chose d’aussi flagrant.

Anodine intrigue

Les doutes du cher Jacinto agacent Cali. Elle n'a pas l'habitude de se répéter – enfin, quand elle est entendue. Mais l'opération charme doit continuer. Elle ne peut pas se permettre un écart encore. Par chance, elle est trop occupée devant la cafetière pour laisser voir les yeux qui roulent au ciel quand elle répond, laconique :

« Je suis sûre, Jacinto. »

Peut-être n'est-ce que l'environnement austère, mais sa voix trahit une froideur qu'elle tentait jusque là de recouvrir. Artificielle, comme toute la décoration de la maison. Pourtant, c'est tout sourire qu'elle se retourne, plateau entre les mains, tasses fumantes répandant leur arôme dans la pièce. Patience de sainte, générosité incarnée.

« Du lait ? Du sucre ? »

Le ton sonne faux, mais elle jouera son rôle jusqu'au bout. Elle arrive à peine à ce qu'elle veut dire, aux raisons justifiant sa présence ici. À table, elle s'autorise un carré de sucre. Elle le mélangeant le café à la cuillère, elle reprend :

« Vous savez, c'est un quartier respectable. Ici, les gens se parlent… »

Un regard dans sa direction. Elle sait.

« …et s'entraident. Nous valorisons l'action, la participation citoyenne, si l'on peut dire. »

Elle dépose l'ustensile sur la table. Goûte du bout des lèvres la boisson.

« Je me doute bien que les choses n'ont pas été faciles pour vous dernièrement. Mais commencer tranquillement avec quelques actions bienfaitrices dans la communauté vous aidera sûrement à vous remettre sur pied. »

Une nouvelle œillade. À moins, bien sûr, que les rumeurs aient raison, et qu'il ne soit qu'un paresseux.

Qu'il ne se trompe pas : c'est de la charité que lui offre Cali Blackwood. La charité la plus insidieuse qui soit.

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résuméIl ne se rend pas compte que Calico est saoulé mais reste mal à l'aise. Il fait un peu du cirage de pompes pour rentrer dans les faveurs, sachant qu'à priori, on parle sur lui et son chômage. Mais après bon, il a l'habitude. Donc pourquoi est-ce que Cali fait ça ?

Non, elle a tort. Mais qui est-il pour contester l’opinion d’une femme, pour sa part, admise par la société ? Aucune réponse, ne serait-ce qu’un hochement de tête, n’est donné. Ce qui s’apparenterait le plus à une réplique serait de garder son café noir et cet affaissement dépité de la tête. Et encore, parler de réplique, c’est bien trop fort sachant que résigné, il en vient à accepter encore et toujours de statut de condamné. En vérité, il se condamne surtout lui-même.

Quelque part, elle a raison. Jacinto n’a jamais fait plus pour se relever. Il n’a même pas fait cet effort puisque c’est aujourd’hui une connaissance qui lui tend la main. Mais vers qui vraiment pouvait-il se tourner ? Jamais il n’aurait pensé que la femme Blackwood puisse s’orienter vers lui alors que son entourage, sans aucun doute, le dévisage.

C’est gentil. Mais mais, p-pourquoi… vous faî-faîtes ça ?

Il ne peut s’empêcher de penser qu’elle risque beaucoup à l’inclure sachant que pour lui, non, les regards qu’on lui lance ne sont pas bienfaiteurs. Bien sûr qu’ils peuvent l’aider mais ils ne sont pas prêts à l’inclure, en premier lieu. Il n’a donc jamais osé s’aventurer. Comme il ne se risquera pas à parler de lui. On parle déjà, à priori, trop de son chômage dans les rumeurs. On le considère déjà comme un homme abattu, pour qu’elle tienne ce genre de propos. Jacinto ne soupçonne pas les bonnes intentions de sa voisine à son égard. Même si ce n’est pas facile, il essaye de lui faire confiance. Ce ne sont que les rumeurs qui influencent ses paroles. Qu’elle tienne ce genre de propos le met particulièrement mal à l’aise et il ne peut pas le cacher. Ce n’est pas comme s’il avait une justification à fournir non plus.

Suis content (de) d-d-déjà pou(voir) v-vous parler. Alors, de pouvoir (vous) aider… Ce serait un plai-plaisir.

Empli d’une innocente franchise, le visage masculin reste pour autant grave. S’il est sincère, il n’est pour autant toujours pas serein pour enfin porter ses mains tremblantes autour de la tasse. Mais ce sont ses lèvres, plus bredouillantes, qu’il masque par-dessous le récipient.
C’est peut-être pourtant trop tôt sachant que sa maladresse fait qu’il en oubliait que sa visite chez les Blackwood ne consistait pas en de la courtoisie mais toujours cette sorte d’entretien. Et plutôt qu’un panel de qualités, Cali a droit à ce qui s’apparente à un cirage de bottes.

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Jacinto pose trop de questions. Mme Blackwood aurait dû l'anticiper. Pourquoi si, pourquoi ça, il est agaçant à la fin, sans oublier qu'il est incapable de prononcer plus de deux mots d'un bout à l'autre. Après une gorgée de café, elle laisse passer un soupir agacé – mais peut-être n'est-ce que la chaleur de la boisson. Elle redépose doucement la tasse avant de croiser les mains.

Ses yeux dardent des flèches de glace à son invité.

Il veut la vérité ?
Il veut vraiment la vérité ?

« Vous êtes un homme intelligent, Jacinto. Je suis certaine que vous pouvez deviner pourquoi. Mais je vais vous donner un indice. Une aide précieuse contre une aide précieuse. »

Il l'aura cherchée.

« Malgré la bonne nature de notre quartier, il se voit parfois attaqué par d'odieuses rumeurs. Comme quoi les résidents ne sont pas si accueillants que cela envers… d'autres. »

Les yeux clignent lentement, mais son regard ne se détache pas de Jacinto. Elle pèse ses mots par politesse, pour lui, pour les autres, elle ne mouillera pas non plus pour son bon plaisir.

« Heureusement pour vous, mes bonnes amies m'écoutent assez pour se ranger derrière mon jugement. Si je leur dis à quel point vous êtes quelqu'un de fiable, certainement elles commenceront à vous faire confiance aussi et se montreront plus hospitalières. »

Il pourrait y avoir un sourire sur ses lèvres, mais elle ne l'accorde pas. Pas tout de suite. Mais la tête se penche, elle jauge les réactions de l'homme. La suit-il bien ? Elle ne se répétera pas.

« Cela dit, il ne faudrait pas me décevoir, Jacinto, sinon elles sauront aussi, vous voyez ? Je ne voudrais pas que la vie dans le quartier soit plus difficile qu'elle ne l'est déjà pour vous. »

Et il est là, le sourire. Éclatant de mensonges et de perfidies.
Mais n'est-il pas bon le café chez les Blackwood ?

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résuméLes aveux de Cali le terrifient mais ça ne l'étonne pas plus que ça. Pourtant, il pensait pouvoir aider ou même mieux encore, se lier à elle. Vaincu (assez facilement), il accepte sa proposition. Et non, il n'aime pas son café.

Un café n'a jamais été aussi amer que celui-ci. Ordinairement, c'est pourtant d'une noirceur absolue qu'il l'ingurgite. Pour déclarer le sien d'imbuvable, c'est certain que Bill n’est jamais allé chez les Blackwood. Les lèvres plongées dans le liquide immergent le consommateur dans les plus sombres provenances, ce qu’on a jamais osé imaginer derrière.
Mais hormis lui, personne ne trouverait ce café plus amer que d'autres. Parce que cette boisson a spécialement été conçue pour lui.

C’est cette recette à laquelle on le mijote sans arrêt. Il est vain d’espérer un bouleversement de la situation, surtout à un stade de la vie où on n'y a déjà beaucoup trop goûté. Pourtant, elle lui promet justement du changement s’il opère comme elle le dicte.
Au premier abord, cet homme était prêt à aider pour de nombreuses raisons qui sont plus proches de l’altruisme que de l’égoïsme. Mais une fois les dessous révélés au grand jour, la volonté de s’abriter prend le dessus.
Une œillade jetée vers l’arrière, la bête est bel et bien prisonnière comme elle l'a déjà remarqué maintes fois une fois entrée. Il aurait dû s'en douter mais il ne peut pas s'en vouloir. L'occasion, bien qu'intimidante, était trop belle pour être évitée. Dans un dernier grain d’espoir, il essaye de réparer la situation.

Mada-madame Blackwoo-wood, nous, nous… n’avons pas (be)soin d’en (...) arriver là.

Néanmoins, il se rend bel et bien compte que sa phrase la porte comme la responsable. Ce n’est pas ce qu’il pense et ce n’est pas ce qu’il a voulu dire non plus. Il n’a pas le droit à de deuxième chance pour corriger cette incartade. En réalité, il n’a même pas le droit à une chance ou quelconque option. Le regard plongé à nouveau dans le liquide obscur, Jacinto sait comment tout ceci va se dérouler, même s’il ne sait déterminer les résultats qui l’attendent puisqu’il imagine que cette petite menace n’est qu’un avant-goût. Mais c’est forcé qu’il finit par bredouiller, obéissant, une réponse positive mais non optimiste à sa proposition.

B-bien, madame.

Le futur s’avère effectivement plus sombre et même si elle n’a pas répondu comme il l’attendait, l’ultimatum lui passe très bien le message : la gentillesse envers lui est inexistante. On abuse généralement de lui. Aujourd’hui, on use surtout de lui. C’est en ça que la femme Blackwood reste, pour le moment, différente des autres. Elle n’en reste pas moins terrifiante mais Jacinto ne remet pas autant en question ses intentions que celles des autres. Si elle use de lui, ce n’est pas nécessairement que du désavantage.
Mais ce discours vient de lui faire comprendre qu’il a justement perdu un espoir.

M-mais je-je le fais de bon bon cœur. J’aurais ai(mé). J’au-j’aurais aim-m-mé être…

Il espérait qu’elle soit bien différente des autres, justement.

Il aurait aimé qu’elle puisse devenir une amie.
C’est bien sot de sa part, ce pourquoi il ne conclut pas cette réflexion trop candide.
Si madame Blackwood n’est pas son amie, elle l’a en tout cas intégré dans le cercle de la vie adulte où tout n’est qu’une question de stratagème pour survivre.

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Pas besoin d'en arriver où ? Que de phrases incomplètes dans la bouche de Jacinto. Oh, Cali sait très bien où elle veut en venir, mais s'il joue au bègue, elle joue à la sourde. Sourire de dame aux lèvres. C'est dommage, s'il y avait des témoins, on admirerait sa performance, sa prestance. Mais il n'y a qu'elle pour jouir du contrôler qu'elle exerce en ce moment, qu'elle pour se prendre au sérieux dans ses regards couverts de fausse sympathie. Un dialogue en sourdine : chéri, ce ne sont pas des menaces. Pas encore. Nous n'en sommes pas là.

Mais il se prend vite, Jacinto. Cali l'a dit, c'est un homme intelligent. Et pour cette raison, elle l'apprécie, sincèrement. Qu'il croit ce qu'il veut bien croire, jamais elle n'aurait osé l'amener ici si elle le haïssait. Il a su se tenir sur la ligne juste assez longtemps – juste assez bien – pour qu'elle lui offre cette chance inouïe.

Et pour cela, elle est prête à lui offrir une fleur.

La main glisse sur la table, vient se poser avec douceur sur celle de Jacinto. Dans son regard, on lirait presque, presque, l'amicalité, la sympathie pour ses malheurs. Ah, elle l'a déçu, n'est-ce pas ? Elle est désolée.

« Ne vous en faites pas. »

Présence rassurante d'une mère devant un enfant boudeur. Drames miniatures qu'elle a eu l'habitude d'apaiser.

« Vous aurez tout le temps pour devenir tout ce que vous voulez devenir. »

Les doigts tapotent deux fois la main avant de se retirer.

« Et je vous aiderai. »

La pensait-il ingrate ?

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résuméLorsque Cali le touche, il a pour réflexe de cacher ses mains. Ça le rend plus nerveux et plus sec quand il lui répond. Il est toujours d'accord pour l'aider mais estime qu'elle ment lorsqu'elle dit vouloir l'aider en tour, après avoir été si menaçant. Il s'impatiente davantage lorsqu'il n'arrive pas à finir ses phrases et est un peu (beaucoup) dépité.

Pourtant, il n’a jamais été effrayé par les serpents. Leur peau écailleuse et froide, lorsqu’elle entre en contact avec la sienne, presque flambée, forment ensemble un curieux contraste. Mais la peau de cette vipère est glaciale ; des températures qu’il ne peut plus accepter. Après que les doigts ont tapoté ses phalanges qui, encore, étranglaient de stress sa tasse, ils sont immédiatement rangés dans ses poches. Si les serpents rampent lentement, c’est pour mieux analyser leur environnement avant de fondre sur leur proie. L’environnement est ainsi changé.

C’est sûr qu’elle comprendra pourquoi ils se sont ainsi volatilisés.
C’est vrai, il n’aime pas le contact humain. Et pour certaines raisons qu’elle ne doit, en revanche, pas comprendre. Alors là-dessus, il ne lui laissera pas d’emprise, pas de quoi le ligoter. Même si à la différence de beaucoup d’autres, elle s’est avouée avec une demi-franchise, elle reste une prédatrice et il ne peut rien lui laisser. C’est un instant de survie que de la penser dangereuse. Alors l’animal ne peut que s’en faire d’être proche d’elle.
Il n’ose plus la croire quand elle parle d'amélioration.

Vous me co-connaissez p-pas.

Après une gorgée aussi amère, il ne peut qu’être sec dans ses paroles. Les fleurs ne sont plus là pour orner de politesse leur échange. Mais à la manière de Cali, il n’est qu’à moitié honnête parce qu’il aurait bien plus de remarques à placer derrière cette critique.
Elle ne le connaît pas et elle ne fait que juger, de l’extérieur, ce qu’il traverse. Si elle reconnaît que c’est mal, pourquoi rendre les choses plus tendues ?
Elle ne sait pas à quel point il a mal. Elle ne peut pas savoir que les bleus dans l’estomac le font souffrir alors qu’il essaye de maintenir une posture stable devant elle.

Il essaye d’être respectable et s’en tient juste à ce qu’on lui demande alors qu’on ne lui fasse pas croire des âneries. Même s’il en a l’air, Jacinto n’est plus un enfant et ne croit plus en la pureté du monde. Surtout après s’être montré aussi menaçant avec lui.

J’ai. J’ai dit que je (le) fe-fe… ferai. Pas b’soin d'me pro-pro…

Ne pas sortir les mots l’agace à en froncer les sourcils et rugit.

Pro-prom… Prom…

Jacinto finit par s’essouffler, mains pour couvrir la peine qui l’attaque. Alors que le musicien essaye de lui tenir tête, l’orchestre qui gronde s’effondre. On n’entend même pas les percussions du fond résonner leur colère. C’est pathétique et il le sait.
Ses problèmes ne s’évacuent pas et ne font qu’en ramener d’autres.
C’est le serpent qui se mord la queue.

Anodine intrigue

Le mouvement de recul ne lui échappe pas. Comment aurait-il pu ? Cali est un prédateur, et sa proie est acculée sur sa chaise. Entre eux, que la table et le café. Offrande ou cheval de Troie. Ses propres mains se croisent juste sous son menton. Complètement immobile, elle se contente de regarder Jacinto,
regarder comment il se bat, comment il se démène
regarder comment il s'humilie lui-même
regarder et tenir le silence
qu'il sache qu'elle le tient.

Pas un sourire pour détendre l'atmosphère, pas un hm compatissant. Qu'une patience méprisante, et les secondes qui s'allongent éternellement jusqu'à ce qu'elle daigne tremper ses lèvres dans son café.

Un soupir.

« Je vous ai peut-être mal jugé, pardon. »

Car elle ne connait pas grand-chose de lui, c'est vrai. Si elle savait, les bleus qui le détruisent de l'intérieur à cet instant là, tandis que les siens l'obligent à se tenir droite, toujours plus droite, si elle savait peut-être, peut-être aurait-elle un peu plus de compassion pour l'autre. Et encore, cela serait avouer sa faiblesse.

« Je ne vous pensais pas du genre à refuser la générosité d'une autre bonne chrétienne. Nous sommes, après tout, une grande famille malgré nos différences. »

Les yeux flottent jusqu'au mur derrière lui. Perdue dans ses pensées, en apparence, elle se demande, surtout, comment il se sortira de ce mauvais pas.

Jacinto (Blackbear)Avant la tempêteMaison des Blackwood

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résumé de la mort qui tue:

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résuméPlot twist (que j'attendais pas mais écoute, on en est là) : elle l'a un peu véner pour qu'il commence à aussi lui reprocher des choses et il quitte la table. Well, il tente quand même de la rassurer en lui disant qu'il l'aidera, qu'importe. (Oui j'ai galéré à essayer de rendre le truc moins chaotique mais c'est peut-être pire aled)

Mal juger, elle continue encore de le faire.
La première impression qu’on a de Jacinto n’est jamais à son paroxysme. Si elle l’a déjà mal jugé, c’est que ça ne peut être pire. Alors ce n’est pas de sa chute qu’il se relèvera maintenant. Tout sauf étonné, il écarquille pourtant les yeux au subtil reproche qu’elle ose lui faire. Bien qu’il soit déguisé, il estime que son hôte se montre assez irrespectueuse à son égard. Être rabaissé est malheureusement monnaie courante mais en dépit d’une maison trop froide, l’invitation de Cali aidait à moins y penser. En réalité, il est plus étonné qu’elle avoue, seulement maintenant, à demi-mot alors qu’elle était plus franche juste avant.

Même si naïf, il ne l’est pas autant. Pas au point de jeter de l’huile sur le feu, même si c’est davantage sa couardise qui ne lui autorise pas. Il comprend très bien que cette étrangère ne souhaite pas s’ouvrir à lui, encore moins lui ouvrir des opportunités comme elle le clame. Alors lui sortir la carte de la famille ne fonctionne pas pour lui. Madame Blackwood ne le connaît pas et le juge si mal. Il a déjà une famille.

Un brin agacé, ce n’est qu’un sourcil qu’il lève, doté d’un soupçon de scepticisme.
Non, il ne jettera pas l’huile mais tout de même une goutte d’impatience.

Vous vou-voulez pas d’moi (dans) vot’ fam… mille.

Le ton reste sec, signature de franchise mais la remarque reste peu assumée pour qu’il murmure une excuse. Pourtant, ce n’est qu’un retour de bâton. Et ça lui permettra d’être plus franche mais il n’est pas sûr d’assumer la réplique, pour se carapater automatiquement.

Quand même perturbé de se comporter ainsi, il tourne le regard dans la pièce, avant de plonger ses yeux sur le liquide et marc restants qu’il engloutit aigrement d’une traite avant de se relever et remettre proprement la chaise à sa place.
Il n’appartient pas à cette famille et pas à ce milieu donc il n’y a rien à promettre. Jacinto n’est plus si sûr de vouloir une deuxième famille, à défaut d’amis. Une lui suffit déjà bien assez, en fin de compte.

Madame.

Après avoir toussé dans son poing pour s’éclaircir la gorge, Jacinto marque définitivement la distance entre elle et lui, quittant la table.

Pas b’soin d’en fai-faire autant. Je vous aiderai.

Parce qu’honnêtement, ça ne lui sera d’aucune aide. Il n’arrivera pas à s’intégrer même si Cali parle à ses amies ou sa famille d’un homme dont il ne faut pas autant se méfier. Louanges, elle recevrait pour s’être occupé d’un cas aussi désespéré. Déjà, l’avoir invité, c’est beaucoup.
Si ça lui fait tant plaisir de faire croire ça à son autre famille. Et pourquoi une autre famille ?

Il inspecte, une fois de plus, la pièce.
Impersonnelle et tout sauf familière.

Anodine intrigue

Un sourcil s'arque, perplexe. Définitivement, madame Blackwood a mal jugé son invité. Plus qu'elle ne voudrait l'admettre. Elle ne le croyait pas capable d'un tel affront. La colère brûle dans les veines. Pourtant, ses mains restent à plat contre la table. Seul dans ses yeux se déchaîne une colère qu'elle s'est entraînée à réprimer
(ne pas hausser le ton
ne pas Le provoquer
ne pas bouger)
elle en oublie presque qui elle est réellement, devant lui, Jacinto.

Une longue inspiration. Elle sort de sa paralysie.

« C'est d'accord. »

Elle se lève à son tour. Accorde à Jacinto la victoire sur cette manche.
C'est si rare de toute façon qu'elle gagne vraiment.
Comment peut-elle, lorsqu'elle doit toujours, toujours, toujours garder les apparences ?
(Si seulement elle pouvait laisser vivre librement le monstre qui loge en elle).

Elle se lève, passe mécaniquement ses mains sur ses habits pour éviter tout faux plis. Cordialement, elle lui indique le corridor vers la porte d'un geste du bras. Elle l'accompagne, à deux pas modestes, juste derrière lui. Elle voudrait lui faire mal, plus qu'elle n'en a fait encore, cette fois pour se venger, lui faire payer l'affront.

Mais les apparences. Il faut toujours conserver les apparences.
Et n'a-t-elle pas promis ?
Elle l'aidera en retour
et elle n'a qu'une seule parole
(elle ne lui fera pas le plaisir de lui donner raison).

À la porte donc, elle le gracie d'un sourire comme elle sait si bien le faire.

« C'était un plaisir Jacinto. »

Non, vraiment. Elle a hâte de le revoir.

« Rentrez bien, et embrassez Bill de ma part, voulez-vous ? »

Jacinto (Blackbear)Avant la tempêteMaison des Blackwood

VAC

résumé de la mort qui tue:

8

résuméBon, il regrette de s'être """emporté""" mdr et il pense que c'est mieux de partir. Du coup, il souhaite que la famille de Cali se porte bien même si, quand on prend du recul, c'est vachement sarcastique de dire ça mais il se rend pas compte help him il va se faire bouffer par Cali.

Plus rien ne sert de mener cette entrevue alors qu’il y a eu accord. Bien que leur vie soit trop en désaccord pour pouvoir mettre quelque chose en commun, ils tombent d’accord sur le fait qu’il faut bien mettre un terme à tout cela. Jacinto pense qu’il est plus sain de rester en accord ce pourquoi il n’alimente pas un argumentaire qu’il ne pense, de toute manière, pas gagner dans une situation si désavantageuse.
Même, il ne pense jamais à gagner puisqu’il fuit en premier lieu. Et dans cette situation, il ne veut ni gagner ni perdre face à cette femme qu’on trouve encore bien respectable.

En dépit d’un dernier jugement pour la froideur de la maison, il ne veut pas rendre l'atmosphère plus glaciale en tentant vainement de briser la glace. C'est ô combien futile. Il n'y arrivera pas et elle ne voudrait pas. S'ils ne sont pas de la même famille, ils sont encore moins voués à devenir amis. S'ils peuvent alors rester au statut de connaissances, et pour Jacinto, des types de connaissance que l’on respecte.

Mais il ne peut rien y faire, la courtoisie qui l'a accueillie n'est plus la même. Son regard est différent. Similaire à celui qu'il utilise pour son état des lieux : triste.

Pre-prenez soin d'vot(re) f-fa… fami(lle), 'dame Blackwood.

Sa remarque était acerbe mais bien sûr qu'il la regrette. Jacinto n'est pas une méchante créature. Comme ses mots, elle est simplement tremblante et ne réagit que par l'instinct qui est souvent fuyard.

Cette remarque-ci est, néanmoins, encore plus incisive, malgré toute l'innocence. Jacinto ne veut plus faire mal. Si madame Blackwood a également voulu écourter, si elle est simplement d'accord, Jacinto veut bien comprendre qu'elle soit plus que vexée. Il le regrette amèrement. Ses lèvres ne sont pas si hypocrites que les siennes. Pincées, n'osant plus un mot, elles sont aussi désolées que gênées par ce qui s'est produit.
Il n'aurait tout simplement pas dû venir ici. À peine en pénétrant dans l'enceinte, c'était couru d'avance qu'il perturberait l'ordre des choses.

Contre toutes les perturbations, Cali reste impitoyablement droite et fière, à ne pas l'en étonner. Comment aurait-il pu croire que quelques fleurs fraîchement cueillies auraient pu faire la différence ?

La seule chose qu'il en retire est une crainte pour l'avenir alors qu'encore, il espérait, une anodine rencontre entre voisins.