I just want a hand to hold. ((Habibi))

Habile de ses doigts, Nadia a toujours manipulé les objets avec grande délicatesse, l’esprit toujours en éveil. Ce besoin de couleur sur la toile, sur les murs, elle s’étale, Habibi, et toutes les teintes se déploient sur les pigments halés de sa peau. Elle aime les choses qui brillent, les choses qui choquent, les choses qui tapent. Habibi, elle transforme les larmes en perles et les sourires en diamants, elle fait de ses souvenirs des bagues en argent.

Attentionnée, attentive, aimante, Habibi, elle a beaucoup d’amour à donner. Elle a la gentillesse au bout des doigts, la tendresse au bout de cils, sa présence résonne comme une caresse dans la nuit, comme un baiser attendri. C’est une étreinte chaleureuse, rassurante, on pourrait s’effondrer en larme contre son buste et sentir un rictus rassuré naître sur nos lèvres.

Bienveillante, la gentillesse incarnée, parfois même un peu trop naïve. Habibi, elle a une patience infinie, la colère portée disparue et la peur cachée au fond de ton cœur. Elle en laisse passer, des choses. Ce n’est jamais de la faute de personne, il y a toujours une solution. Habibi, elle a encore envie de croire aux contes de fées mais elle sait pertinemment que tout n’est pas pailleté. Laissez la juste un peu plus rêver.

Instable, insaisissable, c’est un esprit libre prisonnier d’une cage de verre. Aussi lointaine et chaleureuse qu’un astre solaire, Habibi fait partie de ces gens que l’on ne peut jamais s’accaparer. Elle semble presque irréelle parfois et, il fut un temps où elle se rapprochait plus d’un mirage que d’une demoiselle. Toujours en mouvement, la curiosité qui lui ronge les chevilles, elle tient pas en place, elle s’égare et elle se perds, si bien qu’elle ne s’étonnerait pas de se voir miraculeusement disparaître.

Bien consciente de son charme solaire, elle aura cependant tendance à oublier la manière dont les gens peuvent la percevoir. Habibi, elle est confiante avec son corps mais pas avec l’image qu’elle peut renvoyer. Ses courbes n’existent que pour les autres, elle ne réalise bien souvent que trop tard les regards déplacés que certains hommes ont pu avoir sur son enveloppe charnelle. Et parfois, à cause ça, elle en vient à se détester pour quelque chose qu’elle ne contrôle pas.

Irrationnelle pour certain.e.s, détestablement optimiste pour d’autres, il arrive que les gens voient Habibi comme une enfant qu’elle n’est décemment plus. C’est pourquoi, dans le secret de ses sourires, elle joue de cette idiotie qu’on lui soupçonne, dissimulant bien souvent ses réelles réflexions. Habibi se fiche bien qu’on la pense moins intelligente qu’elle ne l’est réellement. Et parfois, dans ses heures sombres, elle en a même fait une arme pour manipuler les plus arrogants.




Octobre 2017, Madrid.

Chère correspondante, correspondant ?

Je suis celle qui a été choisie pour échanger des lettres avec toi dans le cadre du programme "Recuerdos Epistolares". Je sais que ton lycée l’a appelé autrement, tu me diras comment ?

Je m’appelle Nadia, j’ai 17 ans et je rêve de visiter les États Unis. Tu sais, on a cours d’anglais sur la littérature Beatnik et, c’était tellement intéressant !! J’aimerai bien refaire le voyage de Sur la route, un jour. Tu penses que c’est possible ?

J’habite avec ma tutrice, elle dirige un orphelinat. L’année prochaine, je serais majeure, je pourrai partir où je veux mais je crois que les enfants de l’orphelinat vont me manquer. Ce sont comme les petits frères et les petites sœurs. Comment est ta famille ?

Je t’ai mis une photo de moi et mon amie Alba dans l’enveloppe. J’aimerais bien voir à quoi vous ressemblez, tes amis et toi !

Bisous,
Nadia.

PS : j’espère que ma lettre est lisible, on me dit souvent que je n’écris pas très bien…



Juin 2018, Madrid.

Salut toi,

Je sais qu’on a plus besoin de s’envoyer des lettres maintenant qu’on s’est ajouté sur Instagram, mais ça me manquait. Tu devras décrypter mon écriture de mouche une fois de plus ! Mais t’inquiète pas, c'est pour la bonne cause, je sais que ça te plaît en réalité.

Si je t’écris cette lettre, c’est aussi pour t’annoncer une grande nouvelle. Tu te souviens quand Hadja m’a envoyé au bureau de tabac pour des tickets à gratter parce qu’elle ne voulait pas faire quelque chose de haram mais si c’est moi, Allah pardonnera ma naïveté ? Eh bien il faut croire que Allah a carrément craqué : ON A GAGNÉ AU LOTO !!!!!!! J’ai cru que Hadja allait faire une crise cardiaque quand je lui ai annoncé !! J’ai encore du mal à réaliser …

J’ai donné une partie à l’orphelinat mais Hadja a insisté pour que je garde la majorité et que je voyage. C’est vrai que c’est une occasion qui ne se représentera peut être jamais. Même si j’ai peur, je dois le faire. C’est mieux de regretter plus tard que maintenant, non ?

Puis, peut être qu’on pourra se rencontrer ?
Qui sait.

Tendrement,
Nadia.



Juillet 2018, Marseille.
(Les dialogues entre * sont en espagnol)

nadia_lkbr est en live.
(225) participants.

(La caméra vacille légèrement avant de dévoiler le visage de Nadia.)

Bonjour tout le monde ! Tiens, vous êtes quand même nombreux, c’est trop génial !

(Nadia lit les réactions, sourit un instant.)

*Alors, là on vient d’arriver avec Alba à Marseille ! On est au vieux port, il fait plutôt chaud et on attends son cousin pour venir nous chercher.* (Alba se penche vers la caméra et tire la langue, Nadia montre légèrement la place ainsi que les gens qui s’y trouvent) C’est la deuxième fois que je viens à Marseille et *ça me fait penser aux photos d’Alger que Hadja m’a montré quand j’étais petite*. C’est plutôt vivant, en tous cas !

(Alba se lève, on entends des morceaux de conversations en fond sonore.)

Je vous laisse les ami.e.s, le cousin d’Alba est arrivé !

Fin du live.



Septembre 2018, Milan.

(La carte postale représente la cathédrale de Milan, l'encre bleu s'est un peu effacée et le papier a une odeur de camélia)

Hadja,

*Je pense fort à toi et aux enfants. Nous avons visité la cathédrale de Milan avec Alba et son père. J'ai rencontré le couple d'italiens qui a adopté Carlos l'année dernière. Ils ont l'air gentils et Carlos a l'air heureux.*


تواهاشتك
Nadia.



Octobre 2018, Munich.

nadia_lkbr est en live.
(654) participants.

(La pièce est plongée dans le noir, quelques rayons de soleil éclairent le visage endormi de Nadia)

Bonjour tout le monde ... (Elle baille, la bretelle de son débardeur glisse de son épaule). Je suis arrivée hier soir à Munich, je suis crevéééééée. (Elle rit doucement, prends le temps de lire les réactions et rit de nouveau) *Non, Alba est retournée en France avec sa famille pour la rentrée. A moi aussi, elle va me manquer ...* (Elle se redresse, continue de lire les commentaires). Alors, oui, je suis venue toute seule du coup. Mais j'ai pu rencontré certains d'entre vous, c'était super cool ! (Elle rigole, se positionne sur le ventre et continue de lire. Son sourire se fait un peu crispé alors elle se redresse en se raclant la gorge, la caméra remonte légèrement pour se recentrer sur son visage, au dessus de ses épaules) Bon, il est temps pour moi de vous laisser, je posterai des photos dans l'après-midi. Bisous !

Fin du live.



Novembre 2018, Londres.

nadia_lkbr a posté une story.
(1k) vues.

(Un selfie de Nadia dans les rues londoniennes. A ses côtés, une jeune femme, les cheveux bouclés qui  encadrent son adorable visage couvert de tâche de rousseurs. Un jeune homme aux traits fins se tient entre elles, les bras sur leurs épaules. La photo est accompagnée de la légende "Nouvelle vile, nouvelle rencontre, nouvelles expériences" avec un émoji coeur.)



Janvier 2019, Londres.

nadia_lkbr vous a envoyé un message.

"Coucou toi ! Désolé de pas avoir répondu à ton message plus tôt, c'est un peu la folie ici mdrrr."

"Et du coup, ouais, ça se passe bien avec Simon et Margot. Je sens vraiment une connexion entre nous ! Même si c'est un peu dur, ne serait-ce que sortir tous les trois en soirée, on passe de bons moments. <3"

nadia_lkbr vous a envoyé une photo.

(Un selfie de Nadia dans un lit, en arrière plan on peut voir une silhouette féminine allongée à ses côté, de dos.)

nadia_lkbr vous a envoyé un message.

"Ce soir, je dors avec Margot. Soirée entre filles <3"
"Et non, on ne dort pas forcément tous les trois ensemble comme dans les films ... Mais bref."
"(en plus simon est un chauffage humain, c'est chiant de dormir avec lui quand il fait chaud mdrr)"



Juin 2019, Dublin.

Coucou Toi <3

C'est le retour de la carte postale, en direct de Dublin ! J'ai aussi envoyé une carte à Margot et Simon. Même si on a rompu, ils me manquent quand même beaucoup, tous les deux. J'espère qu'ils vivront heureux dans ce nouvel appart ! Et moi, j'ai encore beaucoup d'endroits à visiter, j'ai de quoi faire ;)

Et en parlant d'endroit à visiter ... J'ai pris mon billet pour New York avec ce qu'il me restait d'économies ! Kerouac n'a qu'à bien se tenir, parce que j'arrive !

Tendrement,
Nadia.



Juillet 2019, Chicago.

"*Allo, Hadja ?*"

La voix à l'autre bout du combiné est faible mais douce. Un sourire se dessine maladroitement sur ses lèvres, ses doigts s'accrochent au fil de la cabine.

"*Ne t'en fais pas pour moi, tout va bien. Les enfants, comment vont-ils ?* (...) *Juan a fait quoi ? Haha, il est impossible ...* (...) *Oui ?* (...) *Ah bon ? Et comment a réagit Marga ?* (...) *Hahahaha ! C'est tout elle !*"

Nadia sent les larmes lui monter au yeux, elle les sèche d'un rapide revers de la main. Son rire grésille à travers le micro.

"(...) *Oui, je suis à Chicago, là, j'attends mon car.* (...) *Mathafich, Hadja, j'ai assez d'argent pour payer une chambre d'hotel.* (...) *Je te jure, tout va bien ... Et puis, je pense faire une petite escale à Arcadia pour voir mon ami.e.* (...) *Oui, Hadja, je lui prendrais une petite friandise, t'en fais pas.*"

Le klaxon du car rettenti dans la gare routière, tu jettes un oeil sur ta montre.

"*Je dois te laisser Hadja, mon car va partir, je t'appelle quand j'arrive à Detroit ! Je t'aime, embrasse tout le monde*"

Et la tonalité qui sonne dans le vide.
Bip. Bip. Bip.



Nadia est née et a vécu en Espagne, dans un orphelina dirigée par un vieux couple d'algériens installés depuis des décennies. La femme, que tout le monde surnommait Hadja pour son âge avancé, l'a recueilli suite à la demande de la mère de Nadia, qui était battue par son mari et qui voulait épargné cette vie à son enfant. ϟ Enfant, Nadia était du genre timide, elle préférait les livres à la corde à sauter. ϟ Adolescente, elle avait une peau très acnéique. Avec l'âge, ça s'est arrangé mais on peut voir quelques cicatrices de boutons sur ses épaules et sur les coins de son front. ϟ Elle a toujours été entourée d'enfants et aimerait bien être maman un jour. ϟ Elle parle couramment espagnol ainsi qu'un arabe familier. Elle a perfectionner son anglais à force de voyager mais il lui arrive de faire des fautes de langage quand elle est angoissée. Elle a un léger accent espagnol quand elle parle. ϟ Son rapport à la religion a toujours été assez irrégulier. Elle a reçu une éducation musulmane et, quand bien même elle peut se sentir proche des valeurs que véhicule le coran, elle n'est pas non plus un exemple de piété. ϟ Elle a toujours attaché une grande importance aux connexions affectives et spirituelles qu'elle pouvait avoir avec les gens. Elle croit au destin et a déjà entretenu une relation polyamoureuse avec deux jeunes australien.nes rencontré.e.s durant son voyage en Angleterre. ϟ On pourrait la penser prude à cause de son côté romantique, ce n'est pas vraiment le cas. ϟ Elle adore fabriquer des bijoux, des bagues en particulier. Il lui arrive d'en faire avec tout et n'importe quoi. ϟ Habibi adore les bijoux, elle porte toujours beaucoup de médaillons, colliers, bagues, boucles d'oreilles. Il est rare de la voir sans bijoux. ϟ Son surnom vient du fait qu'elle appelle souvent les gens par des petits noms affectueux tel que "habibi", "habiba", "habibo" ou encore "habibti", qui sont les équivalents de "mon/ma chéri.e" en arabe familier. ϟ Du genre à porter des débardeurs en hiver. ϟ Bien qu'Habibi soit une belle jeune femme, elle ne sait pas vraiment se mettre en valeur. Elle est soit hypersexualisée, soit hyper infantilisée. ϟ Comme elle passe énormément de temps avec les enfants, il n'est pas rare de la voir avec des confettis dans les cheveux, des autocollants sur les bras, de la peinture sur le visage, ce genre de chose. ϟ Avant la tempête, elle a passé plus d'un an à voyager d'abord en Europe avant de venir aux Etats-Unis pour refaire le voyage que Jack Kérouac décrit dans son livre On The Road. Durant cette période, elle utilisait l'argent gagné au loto ainsi que la monétisation de ses vidéos de voyage et les partenariats sur Instagram. Elle s'est également faite aidée par plusieurs personnes rencontrées notamment sur internet.

1Tu habites à Arcadia Bay ou tu étais juste de passage ? Nadia, elle a longtemps échangé des lettres avec cette personne, toutes ses cartes postales allaient à son adresse pendant ses voyages. Alors quand elle s’est retrouvée, entre deux autostops, dans la ville de son destinataire, elle a voulu prendre le temps de lui faire une surprise. Il faut croire que la météo l’a devancé ...

2Tu faisais quoi avant la tempête ? Ce n’est pas tous les jours que l’on gagne au loto. Hadja a insisté, “Benti, tu peux voyager comme tu le veux, maintenant”. Nadia n’a pas hésité. Cela faisait déjà un an qu’elle passait sa vie sur la route, ne restant jamais bien longtemps au même endroit.

3Quels dégâts a-t-elle fait dans ta vie ? Il y avait cette petite fille, quand Nadia s’est réveillée au milieu des débris. “Maman ne se réveille pas.” qu’elle a dit. “Je commence à avoir froid.” qu’elle a ajouté. Et Nadia, elle a eu beau crier, elle a eu beau lui promettre que tout irait bien, arrivées à l’hôpital, c’était déjà trop tard. ((Traumatismes))

4Que faisais-tu lorsque la Tempête a frappé ?
“- Vous allez où ?
- A Arcadia Bay. Et vous ?
- Pareil ! ”
Nadia, elle a sauté sur l’occasion. Son bienfaiteur l’a déposé à une station service où elle admirait les cartes postales. Et d’un coup, plus rien.

5Tu quitterais tout pour retrouver ta vie d'avant ? [  ] OUI   [ X ] NON, La vie est une succession d’imprévus, revenir en arrière, ce serait trahir le destin.

6Pourquoi et comment as-tu rejoint les Knights ? Nadia a ramené une petite fille blessée à l’hôpital, morte quelques heures après car elle avait perdu trop de sang. En apprenant que les Knights récupéraient et s’occupaient des orphelins, la question ne s’est pas posée. Elle les a suivis.

7De quelles activités es-tu en charge ? Nadia a grandi dans un orphelinat et n’a jamais été adoptée. Elle s’est occupée toute sa vie des enfants oubliés, abandonnés, être nounou lui est venu assez naturellement.

8Comment se passe ton intégration au sein du groupe ? Habibi est un souffle d’air frais, une étincelle dans les yeux des enfants qui l’adulent et l’adorent pour sa simplicité et sa créativité. Elle n’a pas peur d’être couverte de peinture, d’avoir des confettis dans les cheveux, de ne plus ressembler qu’à une enfant dans un corps d’adulte. Elle a parfois l’impression que les plus âgé.e.s l’infantilisent à cause de ça. Mais elle fait semblant de ne rien voir.

9Que penses-tu des autres groupes qui s'organisent ? Prenez là pour une enfant naïve ou une éternelle optimiste, mais Habibi trouve du charme à toutes les couleurs qui délimitent les différents territoires. Elle est admirative de la droiture et de la foi que porte les Greens, quand bien même leur efficacité pouvait parfois être intimidante. Les Pirates avaient un certain charme, libertaire et loufoque, c’est comme si le monde était leur immense terrain de jeu. Quant aux Vagabonds, elle les avait toujours porté un regard bienveillant sur eux, enviant parfois cette indépendance et cette confiance sans égal dans cet espace en ruine.



Le soleil enflamme les ruelles de ses rayons dévastateurs. Yasmine tire sur son voile, le sang qui inonde son nez et ses os qui peinent à tenir ton poignet. Elle affronte la chaleur, elle affronte la peur, elle affronte la fatalité de son destin dévastateur. Et quand la porte s'ouvre, c'est tout le point de sa vie qui arrachent un torrent de larmes de ses yeux sans lumière.

"Hadja ... Je t'en supplie ... Je ne peux plus tenir."

La vieille dame s'empresse de la soutenir, elle insiste, elle veut qu'elle rentre, elle veut la protéger. Mais Yasmine s'écarte, le bébé dans ses bras s'agite contre sa poitrine.

"Je ne peux pas, Hadja ... S'il revient et je ne suis pas là, il risque de s'en prendre à toi. A elle."

Elle confie l'enfant dans les bras délicats de la grand-mère. Un dernier baiser sur son front, le nourrisson lui répond par un sourire innocent.

"Prend soin d'elle, Hadja. Prend soin de ma Nadia."

cc c nemo et ursu, wassup