Les souterrains

Atlantide a coulé

La profonde déchirure qui a ouvert le sol sous Atlantide ouvre une gueule béante sur les entrailles de la terre qui s’étalent en de larges tunnels et étroites galeries de roche et de boue. En s’y enfonçant il devient impossible d’ignorer l’ambiance étouffante qui y règne, mélange de chaleur tropicale et d’humidité constante, il est difficile d’y évoluer de manière soutenue, le sol spongieux et recouvert de racines faisant trébucher certains et s’enfoncer d’autres. Dans certains tunnels il devient même impossible de se tenir totalement debout pour un adulte tandis que d’autres sont totalement condamnés par d’épaisses racines et de nombreuses lianes, les rendant impraticables.

Certains boyaux débouchent sur de larges cavernes à très haut plafond percé de trous laissant des puits de lumière éclairer l’espace. A ces endroits il est possible d’entendre le chant d’oiseaux ayant pénétré dans les galeries sans jamais en avoir trouvé la sortie. Il semblerait d’ailleurs pour certains qu’ils y aient trouvé leur fin dont témoignent les quelques squelettes qu’on peut trouver au sol, participant sombrement à la croissance de certaines espèces de plantes dont ils deviennent le terreau.

Pour pallier au manque de lumière naturelle, de nombreuses constructions de pierre couvertes de mousse en forme de tōrō sont disposées un peu partout dont les flammes vacillantes ne paraissent jamais s’éteindre. Malgré tout, si on s’infiltre dans les tunnels lorsque l’obscurité est tombée il devient alors possible de découvrir la multitude d’espèces végétales bioluminescentes qui y poussent et qui découvrent à la faveur de la nuit de grandes formes et de nombreux symboles impossibles à déceler le jour. Seule la mousse abondante sur les parois et se rassemblant pour venir s’incruster dans des aspérités de la roche, en découvre d’autres visibles cette fois-ci à la lumière. Ils semblent tous tout droit sortis d’un autre temps et il est impossible de leur donner un sens.

Véritables serres certaines des grottes souterraines regorgent d’espèces de plantes vivaces ne poussant normalement que dans certains pays d’Asie, sentiment renforcé par des statues de singe grossièrement représenté, qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler un célèbre primate présent dans les légendes chinoises. On trouve également des idoles de pierre et d’or disposées un peu partout, qui rappellent les longues traces aux murs et les symboles ancrés de doré dans la pierre brute. Seuls les reflets de certains feux animent certains tracés et dévoilent toutes les formes des lieux.

De la vapeur dans les entrailles

Au creux des cavernes souterraines tombe dans un rugissement puissant une lourde cascade d’eau vive qu’il faut traverser d’une traite pour trouver l’entrée du réseau de galeries qui s’étend sous tout le territoire Chevalier. Le plafond y est très haut que ce soit dans les galeries que dans les cavernes creusées dans la roche. Tout y est taillé dans la pierre brute et la chaleur y est omniprésente, à tel point que les résidus d’eau de la cascade s’évaporent en quelques minutes. Sur les hauts murs de grès de larges visages sculptés semblent faire des grimaces et leurs orbites paraissent flamboyer de reflets orangés. Il ne serait pas surprenant de découvrir cachées au fond des gorges et des yeux de pierre des pointes acérées qui ne demandent qu’un faux pas pour se déclencher. La prudence est donc recommandée même si l’état parfois vétuste de certains dispositifs peut indiquer une probable inefficacité.

Le sol de pierre est taillé à même la caverne et des escaliers s’y incrustent, il montent aussi bien qu’ils descendent vers les profondeurs de la terre, où l’air se fait presque irrespirable. A chaque recoin de chaque marche des dizaines de bougies sont déposées et si elles ne fondent jamais elles ne s’allument cependant qu’en présence humaine, et de hautes torches semblent paraître détecter le passage et s’embrasent à chaque courant d’air, augmentant la température de l’endroit mais assurant une luminosité certaine. A de nombreux lieux une multitude de braseros contribuent toujours à l’ambiance volcanique de l’endroit et du sol semble monter à certains endroits des fumerolles sorties d’infimes crevasses. On peut également apercevoir beaucoup de représentations de créatures mythologiques représentant tantôt un serpent, tantôt un oiseau, tantôt les deux à la fois.

Il faut noter que si l’entrée et le début des cavernes reste sauvage et de construction naturelle, plus on avance et plus les lieux font preuve d’une symétrie presque parfaite qui ne laisse plus aucun doute sur le fait qu’elle soit de main humaine. Sa perfection force le respect, surtout devant la taille de certaines idoles. A de nombreux endroits d’ailleurs le crépitement du feu se fait entendre et des flammes paraissent surgir le long de votre chemin, illuminant vos pas tandis qu’elles allongent les ombres dansantes sur les gravures de granit des murs ouvrant des bouches béantes sur les ténèbres. Les galeries ont beau être très éclairées par les nombreuses sources de lumière il n’en reste pas moins que dans chaque recoin que les flammes n’atteignent pas, l’obscurité se fait totale.

Plus on s’enfonce loin et plus on croit discerner un étrange son de tambour dans un battement frénétique qui n’est pas sans rappeler ceux d’un cœur humain qui se réverbère sur de grandes colonnes et de larges constructions en escaliers souterrains. De grandes fresques creusées dans la roche paraissent mimer une vie bien antérieure à celle contemporaine et les braises qui y sont incrustées semblent plus être là pour illustrer que pour déchiffrer. Ces constructions abritent en leur sein de grandes étendues d’eau et plusieurs passages sont d’ailleurs totalement immergés. Il est déconseillé d’y plonger, car même si la plupart des bassins sont inoffensifs, certains atteignent des températures très élevées.

Il est bon de noter qu’aux murs de quelques-unes de ces grottes on peut apercevoir des traces dorées qui sont non sans rappeler des empreintes de mains empressées de fuir. Ces traces sont plus nombreuses par endroits mais elles restent visibles sur plusieurs parois.

La lumière au bout du tunnel

Vaste réseau de galeries construites par l’homme qui semblent s’étendre sur tout le territoire, les tunnels servaient à la base au passage du train comme en témoignent les rails au sol, les larges fils électriques qui pendent du plafond et la présence de vestiges de carrelage et de métal sur les parois. Pourtant il semble impossible de dater la construction, malgré le fait qu’un embranchement soit directement relié à la gare centrale. De plus certaines constructions semblent étrangement avancées et de nombreux faisceaux de lumière parcourent le sol et les murs, illuminant les lieux parfois par intermittence, à certains endroits pourtant elle paraît ne filtrer qu’à travers un réseau compliqué de formes complexes.

Le réseau s’étend principalement sous la partie dépôt de wagons et s’enfonce si loin qu’on ne sait pas jusqu’où il va. Les galeries sont de toutes tailles et de toutes formes et consistent en une multitude de chemins possibles qui ne facilitent pas l’orientation et où il est possible de passer d’une galerie ronde à un chemin carré, il y est impossible de prendre des repères ou de ne pas s’y perdre. Cette zone inexplorée et qui paraît avoir été à l’abandon depuis de nombreuses années n’est accessible que depuis peu. En effet au matin du premier novembre une entrée a été découverte et si d’aucuns affirment que ce sont des pirates qui l’ont dégagée, rien n’est sûr à ce sujet.

Plus on s’y enfonce moins elles sont praticables et plus l’armature de métal reprend ses droits, le sol se dénude et n’est plus que des plaques de fer nu. Sur les parois on trouve des portes qui se raréfient ou sont de plus en plus condamnées au fur et à mesure qu’on s’y enfonce, et seules quelques-unes finissent par s’ouvrir, parfois sur de nouveaux tunnels et parfois on a l’impression d’avoir atterri à des kilomètres de là.

Un étrange phénomène donne l’impression que plus on a envie de se perdre plus loin on s’enfonce. Les choix ont beau sembler restreints, multipliés par le nombre de boyaux au final ils deviennent légion. Le réseau finit par être si tentaculaire qu’il est impossible de cartographier l’endroit, la complexité et la multitude des possibles ajoutée à la ressemblance certaines entre plusieurs galeries rendent l’orientation impraticable.

Tout le réseau est parcouru d’une forte électricité statique et si on peut apercevoir d’étranges symboles pour certains directement gravés dans le métal ou constitués de multitudes de diodes luminescentes pour d’autres il semblerait que seules les impulsions électriques faisant bouger de nombreux éléments de décor un peu partout ne les rendent visibles. S’il est impossible de les comprendre, ils n’en restent pas moins omniprésents et donnent aux lieux parfois un air de murs tagués qui n’est pas sans rappeler celui de la gare alors qu’il est clair qu’ils datent d’un tout autre temps.

Il est possible d’y entendre fréquemment des crépitements et autres grésillements presque en adéquation avec les mouvements tantôt lents, tantôt rapides de larges sphères et cubes de métal qui se balancent entre l'électricité et leur propre gravité. Ils finissent à la longue par sembler venir directement bourdonner à vos oreilles et laissant parfois des acouphènes subsistant après la sortie des tunnels.