un marché impur - Seam & Tobacco

g rien à dire ici

Le soleil se lève. Les yeux de la brune ne se sont pas fermés, cette nuit. Comme à son habitude, le tour de la lune est passé à travers la fumée de cigarette qui a aggravé ses poumons. Elle-même a observé l'horizon orangée à travers sa fenêtre brisée, par laquelle son souffle troublé a décidé de s'échapper. Son poing vient frotter ses cernes, alors que ses jambes se raidissent sur le plancher fissuré et qu'un mégot vient tomber sous sa botte. Manteau toujours sur les épaules, elle va chercher cette boîte métallique, cabossée, qu'elle connaît si bien, sous le canapé. Un regard vers un coussin déchiré, celui-ci la tente, mais les conséquences d'une nuit de sommeil sont trop importantes pour elle.

À l'intérieur, il n'y reste qu'une roulée et deux sachets de tabac séchés. Un plein ne serait pas de refus, avant la journée de vente en chemin. Même si il n'y a que rarement du monde chez elle, deux sachets ne suffiraient pas si quelqu'un arrive avec beaucoup de nourriture. Tobacco la pose sur la table basse, et s'approche du balcon où se trouve sa plantation. Tout n'est pas encore prêt, elle récupère ce qu'elle peut. Cela lui fera bien trois sachets de plus à vendre.

Ses doigts abîmés font attention à récupérer chaque petit bout de tabac, chaque branche qui pourrait être fumée. De son autre main, la demoiselle récupère un pot, dans lequel elle dépose sa récolte. Enfin, elle s'en va récupérer une tasse d'eau qui traîne depuis plusieurs jours. Elle la dépose délicatement sur chaque plante, presque bercée par le bruit du liquide gouttant de l'herbe prématurée. Ses yeux se ferment bien quelques secondes, avant de se réouvrir en panique, comme si une aiguille venait d'y être plantée. Ses pupilles sont sèches, la douleur y est fortement présente.

Son genou toujours capricieux, elle se déplace difficilement dans son appartement, et récupère du papier journal et un bout de carton, roulant déjà une nouvelle cigarette. Sa main se resserre sur plusieurs briquets, qu'elle secoue pour vérifier leur niveau d'essence. Encore heureux, l'un d'eux n'est pas vide. Elle en prend un autre avec une pierre fonctionnelle, et passe sa porte d'entrée pour s'adosser à la moto qu'elle avait auparavant l'habitude de conduire. Aujourd'hui, comme ses souvenirs, elle prend la poussière et fait partie pleinement du paysage. Après quelques essais de naissance d'une flamme, enfin la clope vient se consumer. Le bruit de la feuille qui se brûle la détend, alors que ses yeux se perdent dans l'horizon. Quelques minutes passent, à regarder le vide. Peut-être quelques heures. À peine a-t-elle prit plus d'une bouffée de son tabac, au final.

Mais quelque chose attire son attention. Une silhouette en approche. Une nouvelle silhouette. Cela faisait longtemps qu'il n'y avait pas eu de nouveaux clients chez elle. Soit ça, soit quelqu'un venu la voler, ou la tabasser. On ne sait jamais, dans ces conditions. Dans tous les cas, elle ne bougera pas d'ici.