TW pour harcèlement / intimidation et toute la violence qui vient avec. Mais aussi langage homophobe. Sachez que je ne cautionne pas du tout les gestes et les paroles de Calico. Moi-même queer, je reconnais en quoi cela est blessant et que ça peut constituer un trauma pour certain.e.s d'entre nous. Soyez safe, prenez soin de vous, je vous aime
La sonnerie retentit. Les étudiants se précipitent hors des classes, remplissent le corridor de leurs pas pressés, leurs rires, leurs conversations bruyantes. Comme bouilloire qui siffle, laisser évacuer la pression qui s'accumule un peu plus à chaque jour. La fin du semestre arrive à grands pas, et pour quelqu'un comme Cali qui se soucie de son avenir cela signifie que sa vie est ni plus ni moins en jeu. Mais Mr Davidson n'a pas l'air du même avis. Parait-il qu'un C ne nuira pas à son GPA et ses chances d'être admise dans un bon programme. Et qu'est-ce qu'il en sait le taré ?
Le casier s'ouvre dans un fracas. Le métal déformé bloquant toujours son ouverture et sa fermeture. Peut-être a-t-elle usé un peu de trop de force, mais Cali n'est pas d'humeur à entendre quelqu'un lui suggérer quoique ce soit. Encore moins Jane et Sandy qu'elle a laissé en plan pour sortir la première. Les livres rangés furieusement, elle croise son reflet dans le miroir en plastique. Dieu qu'elle a mauvaise mine. On jurerait qu'elle a laissé une enfant de 10 ans faire ses yeux. Une journée parfaite vraiment.
Elle attrape sa trousse de maquillage, ferme son casier et file tout droit vers les toilettes. Elle aurait aimé être seule, coupée de la cacophonie pour s'entendre penser un peu. Elle aurait aimé rafraichir son visage, tourner la page et se présenter à son prochain cours comme si rien n'était.
Mais elle devait être là. Kalliope elle-sait-pas-trop-quoi. À peine a-t-elle poussé la porte qu'elle a reconnu sa silhouette de géante. Et tout de suite elle a senti son sang bouillir. Qu'est-ce qu'elle fout là ? Comment ose-t-elle se montrer et massacrer un peu plus cette journée si mal commencée ? Son cœur bat fort. De rage. Les dents serrées, elle s'approche, ne pense plus.
La main derrière sa nuque, elle pousse, comme elle a refermé ce satané casier.
« Dégage le monstre j'suis là. »
Elle se pose à côté d'elle, ouvre sa trousse sur le comptoir. Mine de rien. Mais le coin de ses lèvres se soulève, froid, cruel. Satisfaite peut-être d'avoir enfin un exutoire pour calmer ses nerfs.
Cali est de mauvaise humeur, voit Popi dans la salle de bain et la frappe quoi de plus naturel
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abdos en béton
resp. bâtisseurs & artisans
kassandra (aco)
Ant
Lun 25 Mai - 20:32
Yeux qui fatiguent, paupières qui tombent. Popi qui lutte, pour rester attentive en classe malgré l'endormissement qui la gagne à chaque seconde. Son corps trop las d'être resté éveillé trop longtemps et son esprit qui a rendu les armes et abandonné toute idée de comprendre ce que raconte le professeur d'anglais. Puis la sonnerie qui la fait sursauter, qui la ramène à la réalité.
Capuche rabattue sur son visage, tête rentrée dans ses larges épaules, Popi s'engouffre dans le couloir et navigue en eaux troubles. Envie de passer inaperçue, envie de disparaître. Son regard qui scrute les dangers par dessous ses cils baissés, qui analyse les situations et calcule les trajectoires. Un groupe de footballeurs remonte le couloir, on se plaque contre les casiers. Une bande de filles rigole dans les premiers toilettes qu'elle croise, demi-tour on en trouvera d'autres. Popi avance, navigue jusqu'à bon port, respire enfin.
Une fois la capuche dégagée c'est son reflet qui l'accueille dans le miroir trop brillamment éclairé et elle fait de son mieux pour l'ignorer. Elle pose son sac sur le bord du lavabo, sort sa trousse à pharmacie, sort le désinfectant, s'occupe les mains pour s'occuper l'esprit. Et quand elle ne peut plus faire autrement, Popi pose enfin le regard sur l'immonde balafre qui lui tranche la lèvre.
Elle est rouge, gonflée, couturée. Repoussante. Ça t'apprendra à jouer avec des épées, lui a dit sa mère et Popi ne peut la contredire. Elle s'avance au dessus du lavabo, applique avec délicatesse le produit désinfectant sur la plaie encore sensible. Elle se contrôle pour ne pas se précipiter malgré l'épuisement d'une soirée passée aux urgences et d'une nuit passée dans la douleur. Elle se contrôle pour ne pas grimacer, de peur que les points fragiles ne cèdent. Elle se contrôle pour ne pas penser à la pause repas, à l'enfer que ce sera de manger dans cette condition. Elle se contrôle pour ne pas penser aux regards des autres, posés sur son visage.
Ses épaules se crispent quand le bruit de la porte des toilettes lui parvient mais sa tâche est trop délicate pour qu'elle détourne le regard. Popi prend sur elle et se barricade dans sa conscience, ne pense plus qu'à sa tâche à l’œuvre. La poussée la prend par surprise et même infime, c'est le corps qui balance, la main qui glisse, les doigts qui ripent. Et la douleur, blanche derrière les paupières serrées tandis qu'un gémissement résonne entre les murs.
Le monstre. Kalliope regarde son reflet juxtaposé à celui de Cali. Cali avec ses yeux verts et son maquillage soigné, sa silhouette menue et sa peau crémeuse. Popi et ses six pieds de haut, ses épaules trop larges, ses vêtements trop masculins, ses traits trop grossiers. Et maintenant ce sang qui dégouline de son visage, glisse sur son menton jusqu'à tomber en gouttes dans sa main en coupe. Entre ses remarques et ses insultes répétées, personne ne l'a jamais fait se sentir aussi monstrueuse que Cali Sinclair au quotidien. Mais c'est la première fois qu'elle la fait se sentir aussi en colère.
Une envie de lui montrer de quoi elle est capable. D'être à la hauteur des rumeurs qu'elle répand sur elle chaque jour qui passe. Popi qui visualise avec une grande clarté ses mains trop grandes se refermer sur son cou si blanc. Ce serait facile ; elle est si forte et Cali si gracile. D'être le monstre dont elle parle tant. Et puis la bulle éclate, la honte revient et les poings se serrent avec impuissance au bout de ses bras.
Mais la rage est toujours là, alimentée par l'humiliation et la douleur, bercée par une nuit sans repos. Et Popi qui revient à sa place, se positionne à son lavabo comme par défi, entreprend de laver le sang qui rougi sa peau comme par provocation.
« T'as pas d'autres chats à écorcher Sinclair ? » L'adrénaline qui court dans ses veines ; d'avoir répondu, d'avoir osé répondre. « J'ai pas le temps pour tes conneries aujourd'hui. » Et la peur insidieuse qui noue ses entrailles. La peur des conséquences de ses actes.
Un point a bel et bien sauté dans la bousculade.
poti récap':
- popi qui s'est fait mal et essaye de nettoyer sa plaie trkl dans les toilettes - cali débarque, la pousse, lui fait péter un point et du coup ya du sang partout - combo fatigue/douleur/humilation/kolaire du coup popi trouve le courage de lui répondre pour la première fois - va falloir qu'elle aille à l'infirmerie yay
TW pour harcèlement / intimidation et toute la violence qui vient avec. Mais aussi langage homophobe. Sachez que je ne cautionne pas du tout les gestes et les paroles de Calico. Moi-même queer, je reconnais en quoi cela est blessant et que ça peut constituer un trauma pour certain.e.s d'entre nous. Soyez safe, prenez soin de vous, je vous aime
Cali a besoin de s'agripper à quelque chose, enfoncer ses ongles dans la chair, déchirer. Besoin viscérale de faire mal pour mieux apaiser le feu dans sa poitrine qui menace de tout brûler. Elle la première. Ses doigts plongent dans sa trousse, ressortent avec le fard à joue. Occuper ces mains traitresses, ouvrir la palette. Un coup d'œil dans le miroir.
Kalliope toujours là. Kalliope qui s'impose là. L'arrogance de réclamer sa place son droit irréfutable d'être que Cali sent devoir réprimer tout de suite.
« Et toi, t'as été écorchée par une chatte peut-être ? »
La palette claque entre ses doigts en se refermant. La vulgarité des mots jure avec la présidente du club de chasteté. Parents et professeurs la croient incapable d'une telle imagination. Mais son sourire sardonique indique qu'elle sait exactement ce qu'elle implique – elle cherche la jugulaire, et mord. « C'est un peu indécent te pointer la gueule en sang. On sait que t'es dans des trucs de freak, mais pas besoin de l'afficher à toute l'école. »
Le feu dans son ventre se fait brûlant. Intolérable. Cali jette le fard dans la trousse, comme dégoûtée. De l'affront de Kalliope, sa grandeur, de ses préférences, de l'état dans laquelle elle est capable de la mettre. Elle en a marre, Cali, de jouer la carte de la tolérance et de la patience quand tout l'être de l'adolescente se dresse comme une provocation devant elle. Il faut en finir. Réduire la géante à la poussière. Lui faire payer la fureur qu'elle lui inspire.
Un tour sur ses talons et la voilà face à Kalliope. Un pas en avant, le bras tendu, elle la pousse encore, du bout de son index et majeur seulement. Elle agace. Plaisanteries adolescentes incandescentes.
En réaction Cali lance quelques piques super homophobes, elle provoque Kalliope en lui disant de la regarder
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abdos en béton
resp. bâtisseurs & artisans
kassandra (aco)
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Ven 4 Sep - 17:07
Et la sanction qui tombe. Immédiate. Fulgurante comme un couperet. Popi qui trésaille sous les mots, les insinuations. Ce que tout le monde dit tout bas d’elle dans son dos et que Cali Sinclair lui lance cruellement chaque jour à la figure.
Adieu sa prétendue rébellion. Son courage disparait aussi vite qu’il est apparu et Popi se dégonfle comme le beau ballon de baudruche qu’elle est. Elle se déteste. Se hait pour cela. Elle voudrait se ratatiner, replier son corps immense et disparaitre sans laisser de traces.
Le claquement du couvercle du poudrier résonne comme la chute d’une lame de guillotine et Popi ne peut s’empêcher de sursauter. Pour cela aussi elle se déteste. D’avoir peur, incapable de se défendre contre une fille une tête plus petite qu’elle mais ô combien plus grande en présence.
Popi ne répond pas, ne dément pas ; elle l’a fait au début. Oh oui elle a tenté. Ses excuses se sont retournées contre elle, ses justifications maladroites habilement récupérées et détournées par son adversaire. Popi qui n’est pas articulée, qui n’a pas de vocabulaire, pas de verve. Comment aurait-elle pu s’en sortir contre la reine de la sémantique.
Tout ce qu’elle a Popi ce sont ses mains, ses mains aux doigts grossiers et à la puissance apparente. Ses mains dont elle a toujours terriblement conscience et qu’elle garde toujours sous son contrôle fiévreux. De peur de faire quelque chose d’impardonnable. De peur de toucher sa peau immaculée et de la colorer de bleu. De peur d’aimer ça.
De peur de lui donner raison.
Ses grandes mains qui serrent le rebord du lavabo tandis qu’elle tente de dissimuler ses pensées honteuses et yeux fuyants.
Mais Cali Sinclair en a décidé autrement ; Cali Sinclair n’est pas du genre à être ignorée tandis qu’elle s’adonne à sa torture quotidienne ; Cali Sinclair aime voir l’impuissance dans le regard de ses victimes tandis qu’elle les réduit à néant.
Popi la déteste. Elle déteste Cali d’être cette figure adulée des élèves et des professeurs quand on regarde Popi en coin avant de se détourner d’elle dans les vestiaires. D’être celle à devoir porter le masque de monstre quand le véritable loup se déguise parmi les agneaux.
Mais pire que tout. Popi la déteste de voir plus claire en elle qu’elle ne l’a jamais fait.
Quand Cali la pousse (encore) Popi se laisse faire (encore). Quand Cali revient à la charge, elle emprisonne son poignet dans sa poigne de fer, aussi immuable qu’une montagne.
Comme du vent sur des braises, les provocations continues de Cali ont soufflé sur sa honte jusqu’à la changer en colère. Un feu de forêt consumant prudence, peur et courage pour ne laisser qu’une chose ; de la fureur.
« Je te regarde, Cali. »
Une haine palpable dans ses yeux braqués dans les siens elle ajoute.
« Et ce que je vois me dégoute. »
Il n’y a plus de retour en arrière possible cette fois-ci.
résumé de l'ambi:
- popi regrette instant d'avoir répondu puis se laisse docilement malmener et insulter - petit passage self-hate et homophobie internalisée c la joie - au final popi déplace sa fureur sur cali et l'insulte viteuf - oui bjr les pompiers je voudrais signaler un départ d'incendie
Son poignet prisonnier dans la main de Popi, réponse à ses provocations incessantes. De loin, on croirait que le piège s'est refermé sur Cali ; la souris trop arrogante s'est tordu le cou à croire qu'elle pouvait toujours attraper le fromage. On pourrait méprendre pour de la peur la manière qu'elle se fige, les mouvements vifs qu'elle effectue pour tenter de libérer son bras, et comment elle relâche tout. Comme si tout avait retrouvé son calme.
Mais ça bout encore dans les veines de Cali. Ça bout toujours plus.
Et elle aime ça, le tournant que ça a pris, elle aime ça sentir sa colère au premier degré et s'y brûler.
« T'inquiète pas, c'est mutuel. »
Le sourire est cruel, le port de tête fier. En équilibre sur le bout de ses pieds, elle s'est fait plus grande pour mieux toiser Kalliope d'en bas. Ses yeux se tournent vers son pauvre poignet chétif entre ses doigts, l'invitent à contempler les dégâts par elle-même.
« J'espère que t'es en train de songer à une bonne excuse pour expliquer ça. Moi, j'ai déjà mon histoire. Tu veux l'entendre ? »
Elle clôt la distance entre elles de quelques minuscules pas. Sa main libre vient se poser se poser sur son épaule – ses doigts comme la serre d'un grand oiseau avec sa proie.
« Tu m'as suivie jusqu'aux toilettes. Tu m'as coincée contre le mur. J'ai tenté de te repousser et tu m'as fait mal. J'pleurerai sur commande, Je serai tellement bouleversée, j'arriverai jamais à dire toutes les horreurs que t'as commises… »
La bouche se tourne vers son oreille. Un rire bas, complice, se fait entendre. Juste pour elle. Sa main descend, pernicieuse, vers sa poitrine.
« Avoue. T'aimerais ça prendre une chance avec moi. »
La lutte de Cali, aussi inutile qu'un canari contre les barreaux de sa cage. Son poignet qui tire encore et encore contre son emprise et jamais Popi n'avait ressenti un tel sentiment de puissance, une telle impression de pure dominance. Est-cela que Cali ressent jour après jour en marchant dans les couloirs du lycée ? Pas étonnant qu'elle y soit devenue accro. Et puis les mouvements cessent. La répartition des pouvoirs, à nouveau, vacille.
Il n'y a pas plus dangereux qu'une bête acculée. Popi sait cela, Cali aussi. La question est, qui est la bête et qui est la proie ?
« J'espère que t'es en train de songer à une bonne excuse pour expliquer ça. » Popi se fige, son sang se glace.
Elle voit le regard de son père quand le principal l'appellera pour lui dire ce qu'il s'est passé. Les larmes dans les yeux de sa mère, les dos voûtés par la honte et le dégoût des membres de sa famille. Et elle tentera de démentir, dira que ce n'est pas vrai, qu'elle n'a jamais fait ça, qu'elle n'en a jamais eu envie, qu'elle n'est pas comme ça. Et personne ne la croira. Pas quand Cali Sinclair dont la parole est d'or montrera ses bleus et les saupoudrera de sanglots.
Et cette phrase qui tourne en boucle dans sa tête : il n'y a plus de retour en arrière possible, c'est trop tard.
Popi serre les dents à s'en faire mal à la mâchoire. Les mots qui lui manquent, qu'elle ne sait comment utiliser pour exprimer ce qu'elle ressent. Impossible de songer à une façon de retourner la situation, de sauver sa peau. D'échapper aux crocs qui se referment sur sa nuque. Et moquerie supplémentaire Cali qui la touche et qui s'égare. Impunément. Son contact qui la révulse et qui la brûle, qui réveille si bien son corps malgré elle qu'elle en tremble.
Il n'y a plus de retour en arrière possible. C'est trop tard.
La poigne de Popi qui se resserre sur son poignet sans craindre de lui faire mal désormais. Elle la tire et la plaque contre le mur sans aucune douceur, plante sa main contre le carrelage froid. Popi s'avance, réduit la distance entre elles pour mieux l'engloutir dans son ombre, jusqu'à entendre l’écho de sa respiration résonner entre leurs corps.
« Comme ça ? » gronde-t-elle tout bas.
Cali a voulu faire d'elle un monstre ; Popi sera le monstre qu'elle veut tant. Elle s'avance encore, sent la chaleur des cuisses contre ses genoux et de sa main libre elle saisi la mâchoire de Cali pour mieux la regarder dans les yeux. Qu'elle voit les conséquences de ses actes. Popi n'a pas les mots pour s'exprimer, mais elle a les gestes.
Elle écrase ses lèvres sur celles de Cali, l'embrasse sans retenue.
Elle a abandonné. Oui, elle a rêvé de Cali Sinclair. De la faire payer. De la faire sienne. La haine et le désir se mélangent dans son ventre, la consument de l'intérieur.
Quand elle se retire c'est avec une pointe de satisfaction qu'elle admire le sang étalé sur le beau visage de la présidente du club de chasteté. Comme le plaisir de piétiner une neige immaculée. Marquée. Souillée. Popi n'a plus peur de rien désormais, rien de pire ne pourrait lui arriver.
« Qu'est ce qu'il se passe ensuite dans ton esprit dérangé, Cali ? »
résumé:
- ce qui devait arriver arriva - popi fait des désirs de cali une réalité ¯\_(ツ)_/¯ - CT LE PREMIER BAISER DE ANT SNIF
Cali n'y croit pas. La douleur lancinante dans son poignet. Sa nuque qui heurte le carrelage, la sonne un peu. Et Kalliope qui joue le monstre.
Cali n'y croit pas. Ne veut pas y croire. Ce qu'elle énonce elle le tue, c'est ça le jeu. Kalliope fout tout en l'air, retourne à l'envers le rituel en lui donnant vie Exactement comme ça, oui
Souffle coupé, ses yeux défiants posent une question. Expiration brusque lorsqu'elle attrape sa mâchoire. Regard vacillant. Elle a sa réponse.
Le goût du fer sur ses lèvres lui lève le cœur, cœur en cavale qui ne s'arrête pas. Ses mains tremblent, cherchent quelque chose auquel s'accrocher – mais trop fières, elles se referment sur elle-même. Ongles plantés dans la chair, des frissons parcourent chacun de ses nerfs. Ils supplient de lâcher prise, chaque seconde passée à résister amplifie cet appel du vide mortifère –
Popi est un brasier et Cali souhaite s'y immoler.
Distance entre elles. Trop tôt. Quand tout était prêt à tomber, à se damner. Cali toise la géante, mille reproches dans son regard.
Comment doit-elle continuer à étouffer ce qui bout en elle quand rien n'a jamais été aussi clair ?
Ce qu'elle énonce, elle le veut vivant.
« Tu continues. » Les mots sont prononcés bas, comme une confidence. La main meurtrie sur l'épaule de Kalliope l'invite à s'approcher.
« Tu n'arrêtes pas. » Mots fermes. Elle croit en leur toute puissance. Elle plie sa jambe, la glisse entre ses genoux. Sa main se déplace jusqu'à la nuque de Popi, l'approche de ses lèvres sanglantes. Elle souffle :
« Tu continues. Et peut-être que je ne parlerai pas. »
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abdos en béton
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kassandra (aco)
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Sam 3 Oct - 18:58
TW tous les trucs habituels ptdr + c hot:
Le tambour de son cœur qui bat dans ses oreilles. A quel moment s'est-il accéléré ? Et son souffle raccourci ? Elle ne sait plus.
Et Cali qui ne se débat pas. Ne la pousse pas. Ne la frappe pas. Jamais elle n'avait entendu sa voix vibrer comme ça. Jamais ses yeux ne l'avaient regardée avec autant d'intensité. Popi dont les questions se bousculent dans sa tête mais que Cali fait disparaître d'un toucher.
Sa main sur son épaule, son genou entre ses jambes ; Popi ignorait que la peau pouvait brûler. L'espace entre elles, qui lui semble insupportable. Le souffle sur ses lèvres, qui lui vole le sien.
Cali qui ne sait pas demander. Qui ne sait qu'exiger et menacer. Et Popi qui se soumet, pieds et poings liés. Furieuse de sa faiblesse, de ce désir qu'elle a libéré et ne peut plus contrôler.
Elle la dévore d'un baiser. Torture sa geôlière de ses lèvres et de ses dents, emprisonne les cheveux de sa nuque dans sa poigne pour mieux la consumer.
Son corps qui se rapproche du sien, les frissons incontrôlés alors que leurs jambes se mêlent et leurs ventres se touchent.
Elle a mal Popi, tellement mal. Elle voudrait l'enlacer, se presser contre elle jusqu'à la broyer. Retirer tout obstacle qui s'interpose entre sa peau et celle qu'elle veut saisir et griffer. Elle a mal, mais est incapable de dire si la douleur lui vient de la plaie sur sa lèvre ou de la brûlure dans ses reins. Pour la première fois elle comprend la menace du Diable et ses attraits.
Mais elle ne veut pas y penser, pas maintenant. Cali sature ses sens, inonde son esprit et noie ses craintes.
La douceur de ses lèvres, la tendresse de sa peau et le contraste douloureux de ses ongles dans sa nuque. L'odeur de son savon, de sa crème, de son maquillage. Le goût de sa bouche et le fer qui s'y mêle. Et la chaleur, omniprésente, croissante. Popi s'enivre, Popi s'oublie.
Tant qu'elle l'embrasse, Cali ne parlera pas. Tant que ses lèvres sont sur les siennes, les conséquences n'existent pas.
La sonnerie, stridente, qui agit comme une douche froide. Popi qui sent son cœur descendre dans son estomac alors que la conscience lui revient, s'arrache avec brusquerie à l'étreinte langoureuse.
Le souffle court, les mains tremblantes, elle fixe sans y croire Cali Sinclair en face d'elle. Constate avec effarement les traces de son passage, les preuves accablantes de ses actes. La terreur et le dégoût qui lui nouent les entrailles, lui font ouvrir la bouche une fois, deux fois, sans qu'un mot ne sorte. À la recherche d'une excuse, d'une justification qui jamais ne vient.
« Je... »
Et le regard, lourd, accablant, qu'elle sent peser sur ses épaules et faire trembler ses genoux alors qu'elle réalise. Ce qu'elle veut. Ce qu'elle a fait. Et ce que cela signifie.
Popi s'élance vers le lavabo, récupère ses affaires et les fourre en pagaille au fond de son sac à dos. Sans un regard et sans un mot, elle se précipite vers la sortie. Fuit la scène et le crime qu'elle a commis.
Dans la chaleur de l'étreinte, Cali se sent fondre. Ses bras autour des épaules de Kalliope, elle voudrait pouvoir l'absorber, la rapprocher, encore, toujours, plus. Quitte à les noyer toutes les deux. Que lui importe à cet instant que Popi la déteste et l'adore, qu'elle lui fasse mal avec ses dents et en tirant sur ses cheveux. Au plus cela l'incite à rendre la pareille.
Les doigts s'accrochent désespérément à son dos, voudraient le débarrasser de ces tissus encombrants pour marquer la chair. Elle mord en retour, presse ses jambes contre les siennes ; soupire et geint de ne pas arriver à la saisir comme elle le fait – à dominer son corps par la prestance du sien.
Et le glas marque soudainement la fin de leurs caresses. Les notes stridentes font sursauter Cali, et une seconde elle se demande ce qu'elle fait si c'est vraiment elle qui l'a fait et Kalliope
Froideur soudaine sans elle. La brutalité du carrelage lui revient. Oiseau affolé au cœur battant si fort qu'il pourrait en mourir, elle la voit ramasser ses affaires à la presse. Est-ce la peur ? Est-ce l'horreur d'elle-même ? Est-ce que c'est ce qu'elle ressent elle aussi ?
Retour sur terre. Elle a envie de vomir. Soudainement pâle, elle ne semble pas remarquer les tentatives vaines de Popi pour lui parler. Ce n'est que lorsqu'elle passe près d'elle pour prendre la porte qu'elle l'arrête – main durement serrée autour de son poignet, d'une force qu'on n'imaginerait pas d'elle.
« Tu ne parles pas, je ne parlerai pas. »
Mots soufflés, murmurés dans la honte. Elle ne la regarde pas. Elle lâche son poignet pour faire quelques pas nerveux vers l'évier. Elle inspire, elle expire.
Croise son reflet dans le miroir. Elle voudrait pleurer. Retient ses larmes. Replace ses cheveux, laisse tomber le maquillage ; elle prétendra être malade pour manquer le reste de la journée.
Tout le monde croit Cali Sinclair de toute manière.
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