Vous savez ce qui est pire que de naitre de deux parents sourds en ayant l’ouïe ? Naitre de deux parents sourds en étant hyper sensoriel. Même bébé Simon réagissait en effet très mal aux odeurs, et surtout aux sons. Apparemment pas assez pour être vraiment considéré comme un « trouble » malgré la quantité de médecins que lui et ses parents ont pu voir. Tests en tout genre, suspicion d’être sur le spectre, tout y est passé. Pour au final être « suffisamment élevé pour être chiant, mais pas suffisamment chiant pour être considéré comme un handicap », story of his life. Mais dans le cadre du bruit, comment expliquer à des gens qui ne le ressentent pas que leur enfant ne peut pas le supporter ?...
Simon est donc… Silencieux (sans déconner ?), pas juste à propos du fait qu’il ne parle effectivement que le moins possible, privilégiant habituellement les onomatopées et le langage corporel (voir carrément le langage des signes pour les rares personnes qui savent l’utiliser) et toujours à un niveau sonore très bas. Quand toutes les nuits, seul dans son lit on entend en continu sa respiration jusqu’à ce que le rythme commence à s’imprégner dans notre cerveau. Quand à chaque pas on entend sa chaussure frotter contre le sol. Quand on entend les bruits mouillés et croquants de sa propre mastication… Et bien ça fait que Simon tout simplement appris à vivre avec le moins de bruit possible, faire toutes les activités ou presque silencieusement, jusqu’à ce que ça devienne totalement naturel pour lui. Cette discrétion cultivée depuis des années fait qu’on ne compte plus le nombre de sursauts de gens qui avaient pas du tout remarqué qu’il était là avant de tourner la tête vers lui, et souvent de crier un peu…
Silence est gentil. Il n’a jamais, bien évidemment, un mot plus haut que l’autre. Le genre des gars à qui vous pouvez demander un truc à peu près tout le temps et qui va un peu soupirer et trainer des pieds avant de mettre tous ses efforts. Il aime les animaux (pour les chats et les chiens seulement si ils miaulent ou aboient pas trop), les enfants (même si ils sont bruyants), les peluches et les bonbons. Toujours là pour filer un coup de main et cherchant presque jamais la merde. A se demander pourquoi il a fini chez les Pirates ?...
Petit Simon était tout triste. Triste de pas avoir beaucoup d’amis et que les autres enfants l’embêtent parce qu’il avait sauté une classe ou parce que le 1er jour d’école il était sous le haut-parleur de la cour quand ça a sonné et qu’il a fondu en larme ou encore parce qu’ils lui disaient que ses parents étaient bizarres. Triste que ses parents puissent pas le comprendre peu importe comment il tentait de leur expliquer, et que le reste des grands ne se démerdait pas beaucoup mieux avec lui. Triste de pas vraiment pouvoir aller au cinéma, ou au feu d’artifice, ou aux grands spectacles parce que ça devenait vite horrible pour lui et ses pauvre oreilles. Triste de pas être normal…
Maintenant qu’il est grand Silence est énervé. Enervé contre les parents, les profs, les psys. Ceux qui lui parlent tous de « capacités » et de « haut-potentiel » alors qu’il est à peine foutu de terminer le lycée. Enervé contre les gens, parce que si vous écoutez Silence il se considère con comme une chaise mais que beaucoup de gens réussissent l’exploit d’être encore plus bête que lui. En colère contre le pays et l’avenir, la vie et la situation du monde, tout ce qui lui promet rien d’autre que de très certainement vivre en tant que préparateur de burgers ou livreur Amazon, au salaire minimum pendant les 30 prochaines années. A galérer à payer son loyer et à pas avoir les moyens d’aller chez le médecin. Enervé donc les quelques gars qu’il considère autant losers que lui et avec qui il lui arrive de trainer, quand il se rend compte qu’ils sont conscients des mêmes choses que lui mais qu’ils l’acceptent sans rien faire, parfois en s’échappant dans une bouteille ou un pétard roulé. Enervé contre cette facilité qu’on les autres à discuter, à parler et se confier, alors que lui intériorise tout, dans de longs dialogues intérieurs et bouillonne, toujours plus de jours en jours. Enervé contre tous ces gens qui vont en boite sans que ça leur donne envie de s’exploser la tête en 10 minutes, ou qui peuvent aller en soirée et boire des litres d’alcool alors que ça pue et que ça un goût à réveiller les morts. Enervé contre cette normalité qu’il voulait tant à 8 ans et qui maintenant semble si chiante, à juste fermer les yeux sur ce qu’il se passe devant eux et avancer vers le mur. Fuck normals…
Silence à trouvé le moyen d’exorciser une partie de ses démons, au moins temporairement. Pas la clope dont les relents donnent des boutons, pas l’alcool qui fait gerber, et certainement pas la drogue qui ne serait qu’une acceptation au lieu de se battre. Non simplement la violence. Casser des gens parfois, casser des trucs souvent. Pour les gens, il cherche presque jamais la merde, mais il n’a jamais hésité à répondre, parfois très vite et sans forme de modération. Une simple insulte résultant immédiatement en un gars qui se jette sur le coupable sans rien dire juste pour le rouer de coups. Pour les choses, on pourrait croire qu’un tel allergique au bruit ne supporterait pas le fait de briser des trucs à tort et à travers, mais en fait plus que le bruit, il a trouvé une forme d’allégorie dans la destruction. Comme si au lieu d’un mur à taguer, d’un vase, d’une fenêtre ou d’une boite aux lettres à taper il y avait un peu de cet avenir noirâtre ou de cette vie maussade contre lesquels se battre, et que tout foutre en l’air permet de regagner un peu du contrôle qu’il lui manque tant. Pas si fou de s’imaginer qu’il deviendra pirate finalement…
Pirate Silence est différent maintenant. La tempête, et les 5 mois qui ont suivis ont changé quelque chose. Mais pas vraiment de la même manière que les autres qui ont tout laissés tomber ou au contraire se sont au maximum rattachés à avant. Au début il était comme ça aussi, laissant libre cours à ses pulsions, se baladant partout pour trouver des ressources, mais aussi foutre en l’air un sacré paquet de trucs. Il a réussit à avoir un certain nombre de points sur le fameux tableau pirate. Mais maintenant il est plus calme. Vu que la plupart de ses mauvaises pensées étaient tournées vers l’Avenir et la Vie, toutes ses années futures sans savoir quoi faire et en ayant l’impression d’être déjà certain de perdre. Tous ces concepts là n’existent plus vraiment à Arcadia, on ne vit qu’au jour le jour. Pur déni vu que tous ces problèmes sont techniquement encore là, juste derrière la grande Bulle qui entoure la ville. Mais pourtant l’effet reste le même. Les Pirates sont finalement relativement sympas (mais bruyants, Seigneur qu’ils sont bruyants), la vie est acceptable, et même si tout détruire reste assez satisfaisant, il n’y plus ce besoin de le faire ni cette rage internalisée qui prenait le contrôle dés que les 1ers coups partaient. Un peu comme si il avait fallut le plus grand du surnaturel pour devenir juste un peu… Normal.
Et finalement… C’est pas si naze d’être normal.
Aurait appris à lire « seul » à 3 ans, raison pour laquelle il a sauté une classe
ϟ Il en a gardé un amour pour la lecture qui est resté toute sa vie
ϟ Rêvait d’avoir John Keating du Cercle des Poètes Disparus en prof, et Sean Maguire de Will Hunting en psy (quoi ? un lien entre les deux ?)
ϟ A récupéré un pied-de-biche juste après la tempête et ne se balade plus sans depuis
ϟ Possède aussi une veste avec environ 73 poches (vraiment environ), ultra pratique pour partir en balade et ramener plein de trucs
ϟ A eu un ticket pour le lit d’une fille au lycée, mais dans l’action ça a pas marché. Elle l’a traité de « pd » (faut mieux choisir ses dames Simon)
ϟ Il s’est demandé si elle avait pas raison et a essayé avec un gars, ça a pas marché non plus. Il en a juste conclu qu’il était définitivement pas normal et a juste gagné un peu plus de colère…
ϟ A une poker-face incroyable à force de tout garder pour lui, ses potes ont fait une partie avec lui une fois et ont plus jamais voulu recommencer
ϟ Aimerait être un peu moins grand (parce qu’on se penche tout le temps ça fait mal au dos), mais adore quand même rappeler aux gens qu’ils sont petits (Dans son gros cervo « petit » = 5cm de moins que lui)
ϟ Son jeu favori depuis qu’il est pirate est d’aller sur le territoire des autres groupes et voir combien de temps il arrive à se balader sans se faire chopper, pour l’instant il a un bon record
ϟ Les rares fois où il parle il a tendance à utiliser jurons et insultes comme ponctuation
ϟ A une grande théorie selon laquelle la morosité quotidienne des pays développés est due aux pantalons
ϟ Rêve de churros mais n’as trouvé que des friteuses électrique dans
« Cette putain de ville de merde » ϟ N’as pas encore réalisé qu’il pourrait chauffer de l’huile sur un réchaud à gaz et avoir ses churros (mais lui dites pas vous allez lui briser le cœur)
ϟ A trouvé un hérisson blessé lors d’une escapade vers grow up. Depuis « Bouboule » niche dans la boite à gant ouverte de son van/lit
ϟ A son van vachement à l’écart dans la décharge parce que les autres malades gueulent tout le temps
ϟ Se balade souvent avec un casque sur les oreilles, branché à rien, juste pour atténuer le bruit
ϟ A essayé d’apprendre le langage des signes à ses compagnons éclaireurs pour les expéditions, à abandonné au bout de 25 minutes avec un profond désespoir pour l’avenir de l’humanité
ϟ Donne des noms à ses objets : son van c’est Maggie, son casque Miles et son pied-de-biche c’est Gabe (parce que Gordon c’était trop évident)
Ce que tu veux le plus au monde, consciemment ou non, c'est quoi ? Probablement revoir ses parents. Ou alors trouver un moyen de garder sa mentalité actuelle lors du retour dans le monde de la réalité véritable. Si y en a un…