When I'm gone ★ Rejoice every time you hear the sound of my voice.
(Noctae)I can't take my eyes off you.
Une note sur un morceau de table.
Du bout des doigts.
Un fragment détaché.
Une pénombre qui s'illumine à peine. Quelques rayons qui osent percer les ténèbres. Le silence erre. Seule la chaleur s'attache dans le creux de tes bras. Une chaleur, puis une deuxième. Allongé sur ce vieux canapé, vous vous entassez. La nuit, vous vous tenez chaud tous les trois. Comme une famille. Tu laisses échapper un sourire. Une main vagabonde caressant le sommet du crâne de la bête. Il ne se gêne jamais. Et le dernier arrivé en prend de la graine. C'est ainsi que ce jour se lève.
Que la mélodie transperce les lieux.
Strike dresse les oreilles. Descendant de son perchoir pour aller voir. Les radios diffusent. Sitôt le matin, la musique s'échappe. S'infiltre. S'insinue étrangement profondément. Et les paroles se faufilent d'elles-mêmes. Sur le bout de tes lèvres. Affalé, tu marmonnes l'air. Battant le rythme du bout des doigts. C'est à l'image d'un instant suspendu. D'une rencontre. Du temps qui s'arrête sur un morceau de vie. Qui se fissure subitement lorsque tu crois voir une ombre. Elle te fait te redresser. Manquer de trébucher contre le coin d'un vieux meuble abîmé. Le chaton a sursauté. Allant se cacher et toi.
Toi, Ban, tu crois t'étouffer.« Maman... » c'est elle. Le même visage. Comme si c'était encore hier. Dix ans en arrière. C'est elle qui se tient là. Celle que tu cherchais. Que tu devais confronter. Pour espérer comprendre. Évacuer ce sentiment amer d'être abandonné. De perdre le fil qui nous tient en équilibre. Tu te croyais en colère. Serrant le poing. Crispant les muscles de ton visage. Tu te croyais en colère. Quand bien même elle est éphémère. Et pourtant. Tu déglutis en la voyant tendre une main. Frôler cette joue qu'elle a frappée avec tant de véhémence. Retenant ce torrent inexpliqué de cette sensation de souffrance.
Il suffit d'une seconde pour briser une vie.
Il suffit d'un instant pour s'arracher les tripes.
Pour balayer une illusion violemment.
« Ne me touche pas. »Toi, Ban, tu suffoques.Ce mur s'effondre. L'adulte crève en silence. Laissant place au gamin enfermé derrière les barreaux. Il y a le temps qui remonte en arrière avec une telle haine. Tiraillé de l'intérieur de voir son image sur cette chanson. Oui, tu l'aimes. Plus que tout. Tu as tué cet homme pour elle. Parce que tu ne pouvais pas l'accepter. Tu as choisi d'être pire qu'il ne l'était. D'endosser cette part monstrueuse qui se terre. Seulement pour la sauver. Et l'enfant est en colère. Parce qu'il ne comprend pas. L'adulte, lui, est asphyxié. Incapable de se détourner. Toujours aussi stupide au point de n'attendre qu'elle.
Tu retiens ce chagrin.
Avalant les larmes avant qu'elles ne roulent.
« C'est des conneries. »Il est plus aisé de fuir. Ce n'est qu'une illusion. Tu n'as pas à te torturer pour cela. Tentant vainement de s'en convaincre et pourtant. Tu l'observes. Tes yeux ancrés dans les siens à en perdre haleine. Pour graver cette image à jamais. Pour être hanté par son souvenir, par ses traits jusqu'à la fin de ta vie. Tu restes planter là. Fixe. Tenant bon face à l'ouragan qui se déverse dans tout ton être.
Et finalement.
Un tremblement.
Le silence.
Puis plus rien.
Si ce n'est le néant.
Quelque chose vient de clamser.
Encore une fois.
