Event 1 — RENFORTS #Groupe 4 (Salle de Classe)

 
Le choc avait était rude. Destructeur. Quelle idée de se la jouer à la leroy jenkins aussi. Il n'avait réussir qu'a s'aplatir mollement au sol, taclant au passage les fondations du monstre de frankestein qui hantait les couloirs. L'idée était louable, son exécution pathétique. Car alors que l'enchanteur rencontrait pour la seconde fois le sol, le choc fut si rude qu'il crut perdre l'ouïe pendant un instant. Un calme plat et effrayant et qu'il suffit à plonger notre héros dans une profonde torpeur. Il crut s'enfoncer dans le sol alors que sa respiration s'affolait, sa vue devenait floue progressivement et son coeur ne cessait de transpercer sa poitrine : panique. Ce n'était certainement pas le moment. Panique. Mais c'était bien là justifié. N'était t'il pas toujours le Peter qui tombait en crise si maman avait du retard pour venir le chercher ?

– In... Incapable. cracha t'il en se saisissant le coeur.

Et les mots si précieux et si coutumiers à la bouche disparurent au profil de larmes et de lamentations. Le temps se dilua et Merlin calma finalement son corps. À la bonne heure... Ou non. Combien s'était t'il déroulé ? Était-il maintenant le seul chevalier encore vivant ou libre ? Était-il... seul ?

Un long râle s'échappa de sa gorge, alors que son corps se redressait tant bien que mal. Pathétique Peter. Il roula sur lui-même comme il le put, traçant des sillons de morves et de larmes sur ce sol qui lui était si familier maintenant. Rampes Peter, cherches donc ta canne. Mais rien. L'obscurité ambiante était toujours étouffante... Mais étrangement silencieuse. Il avait bien quelques-cris de singes au loin. Mais nulle trace de Pissenlit, de T.rex ou de ses horribles pirates. Personne.  

– Non... Non... Putain ! Putain ! Va chier !

Il y avait bien une raison d'imiter ainsi sa jeune amie florale : la peur lui enserrait les tripes. Il aurait voulu vomir toutes ses émotions qui perçait son estomac et résistait à son acide gastrique. Comment pouvait t'on perdre autant en une nuit seulement  ?

Soudainement, un mouvement attira son attention. Brusque et discret.

-Mer... Merlin ?

Et l'enchanteur releva les yeux et tomba sur plusieurs silhouettes -au moins cinq- s'approchant discrètement d'une porte adjacente. Des enfants, des chevaliers. Une petite rousse se tenait devant le groupe, tenant dans ses mains un long  bout de bois tandis que les autres en retrait et visiblement plus jeunes s'étaient recouverts de peau de peluches déchirés. Ingénieux camouflage (même si certains pirates semblent vouer une haine naturelle aux peluches). Et le visage de Merlin s'illumina tant et si bien qu'il aurait pu percer la nuit.

Il n'était pas seul.

L'enchanteur se releva tant bien que mal, il toussa comme pour essayer de leur faire oublier les mots si violents balancés il y a quelques-secondes.

– J'ai perdu mon sceptre dans l'obscurité. argua t'il Mais ce n'est pas grave... Sortons d'ici. Il faut  se réfugier dans la forêt jusqu'au lever du jour, on avisera demain !

La petite rousse approuva silencieusement et s'approcha de l'inventeur. Elle lui offrit son bras et le porta maladroitement.

-D'accord. Tout le monde va bien hein ? demanda t'elle.

Et comme rarement dans sa vie, Merlin n'eut pas les mots. Si tout le monde... Allait bien ? Il n'en savait rien. Si seulement il avait penser à prendre une radio avec lui, peut-être aurait t'il pu contacter Gaheris, ou Mum, ou Pelinor ou même Arthur. N'importe qui qui les auraient sauvés. N'importe qui de plus fort que lui... Aucun d'eux n'aurait laissé disparaître Pissenlit et T.Rex. Il se sentait si... Incapable.

-J'aide Ca'lotte et Me'lin ! S'exclama un chevalier plus petit encore qui se saisit du second bras d'un Merlin amoché.

La scéne était un peu pathétique : voir un adulte ainsi trainé par deux enfants. À se demander qui sauvait vraiment qui. Assurément Merlin ne sauvait personne. Assurément sa seule chance de rédemption était de mener à bien ses enfants à la forêt. Ensuite... Ensuite... Même si les chevaliers restaient chevaliers, en était t'il digne ? Pourquoi diable le prénommait t'on Merlin alors  qu'il était si impuissant ? Ne devrait t'il pas songer à... Partir.

Les idées noires furent rapidement chassées par la porte poussée et l'arrivée du petit groupe de six dans la salle de jeu. Les bruits de l'autre côté du couloir avait décidé le petit groupe à s'accorder ce détour. Évitons au maximum, les bruits de pas suspects, hein. Merlin inspira. La sortie n'était plus très loin maintenant.

– Par ici. déclara t'il en désignant la porte de sortie du menton.

Mais soudainement, elle s'ouvrit. Et l'enchanteur lâcha un hoquet de surprise : dans un réflexe salvateur, il se propulsa lui et les enfants derrière une immense malles à jouet qui débordaient littéralement de petites voitures. Son grand bras gauche d'asperge vint enlacer les gamins, vérifiant qu'aucun d'eux n'était visible aux yeux des intrus. De sa main droite, il tâta le sol et ses doigts vinrent se poser sur un pistolet à billes... Plutôt réaliste.

En plein jour il n'aurait eu aucune chance, mais la nuit jouait paradoxalement en sa faveur. La chevelure de feu de Carotte l'inspira soudainement, comme protégeant les dernières braises de courage de son coeur. Il allait aider ses enfants à fuir, coûte que coûte. Il se tourna donc vers eux, et en posant son index sur  sa bouche :

– Shh

Maman disait toujours que prudence était mère de sureté. Papa se montrait beaucoup moins métaphorique et avait tendance à condamner la confiance trop facile, accordée à des inconnus. Il répétait sans cesse que Peter était trop crédule, que ça finirait par la perdre. Que le monde, que les autres... N'était jamais vraiment ce qu'il paraissait être. Et des années durant Peter ne comprenait pas cette défiance... Puis il était devenu Merlin. Il avait connu le désespoir des rues et de la solitude. Des nomades qui lui tendait la main pour lui voler le peu de nourriture qu'il avait accumulé, quand ce n'était juste pas le pur plaisir de lui parsemer le corps de bleus. Tout ça, c'était bien avant sa rencontre avec les chevaliers - mais ça hantait encore ses songes.

Aussi comme coincé par cette défiance (issue donc des préceptes de papa et des expériences traumatisantes de l'apocalypse) : il choisit de ne pas bouger lorsqu'il reconnut la voix de Percy percer la nuit. Il retint même Carotte et les autres qui eurent le réflexe de s'agiter en entendant le nom de Circé. Circé. Pamplemousse. Et Percy, donc. Ses alliés assurément, ses amis mêmes. Alors pourquoi diable son instinct lui criait-il de rester caché pour le moment ? Était-ce la peur qui le paralysait ainsi ?

La réponse ne tarda à tomber pas alors que le ton de la voix du chevalier de la table ronde se rafraîchissait. Et une autre voix s'éleva. L'inventeur sentit alors ses intestins se tordre et le feu monter le long de ses tempes. C'était là des sentiments inhabituels et désagréables. Et il lui fallut bien quelques minutes, le temps d'identifier le grain de la voix pour les identifier. Du dégout. De la colère. Et Merlin repéra soudainement une autre source à cette étrange défiance : Tobias. Le traite.

Comme beaucoup Merlin était tombé pour lui. Il l'avait cru sincère. Entier. Aimant. Comme beaucoup Merlin n'avait pas vu à quel point il pouvait être... Atroce. Ou bien il avait choisi de l'ignorer se noyant sous la confiance trop facilement donné de Peter.  

Pourquoi diable Tobias était-il avec Percy, Circé et Pamplemousse ? Et l'inventeur songea au pire quelques-secondes.

Non. Il ne pouvait pas le croire. Pas l'accepter.

Assurément le monde n'était pas si noir. Mais sa défiance restait vivace sous toutes sortes d'obscurité : des ténèbres à l'ignorance.

L'inventeur continua donc d'écouter. Il ne put retenir un soupir de soulagement en comprenant qu'il n'était pas avec eux. Puis il songea à ses paroles... S'occuper d'elle ? Qui ça ? Et le coeur se serra : T.rex et son pouvoir ? C'était impensable. Mais il était responsable. Où était-elle passé durant sa crise de panique ? Et quid de Pissenlit ? Le ventre de Merlin s'arrondit soudainement, avant de se réfugier dans ses entrailles : respiration haletante. Et il n'aurait fallu être un génie pour comprendre que c'est sa propre panique qui attira le regard d'un des enfants chevaliers. Carotte fut la téméraire : elle lui fit signe de se taire, tandis que Merlin glissait par terre.

La panique de sa crise était en plein emprise et il dut se concentrer pour y échapper. Réfléchir. Confronter les faits : Personne n'était au courant du pouvoir de T.rex aux dernières nouvelles. Personne, alors c'était impossible. Alors... Réfléchis Merlin. Oui. Bien sûr : de ses parties d'échec avec Anya, de ses souvenirs de conseils stratégiques s'échappa la réponse : Couper la tête de la reine laissait le pion désolé.  

Arthur était la cible. Mais n'était-elle pas invincible ? Assurément si. Alors les pirates avaient déjà perdus. Comme soulagé par cette pensée, il s'échappa de ses pensées accablantes et paniquantes pour se reconcentrer sur son petit espionnage : Il crut rêver alors qu'une nouvelle voix perçait ses oreilles. Familière mais... Différente. Et il ne sut vraiment d'où il la connaissait. Mais qu'importe le porteur car les mots faisaient sens : Relâchez les enfants. Pourquoi ? Était-ils en danger aux mains de Percy, Circé et Pamp' ? Il ne pouvait y croire... Mais au fond de lui une certaine défiance lui hurlait de la jouer avec prudence.

Alors : il fit ce qu'aurait fait papa... En beaucoup moins classe.

Merlin s'échappa doucement de sa cachette, porté par les enfants (littéralement), il déclara d'une voix qui se voulait forte bien que tremblante :

– Bougez pas !

Dans sa paume brillait l'éclat d'un pistolet factice. Le jouet balaya toute la salle mais s'arrêta sur Tobias, le traite. À sa vue Merlin crut vomir mais son attention fut brusquement attirée par un éclat rose :

– Mylendra ? Qu'est-ce que tu fais là ?  

Un soudain vertige prit l'inventeur. Qu'est-ce que son amie sorcière faisait ici ? Avait-elle était attirée par les énergies du désespoir ? Était-ce elle qui avait envoyé les singes voler à leurs secours... Comme dans le magicien d'oz ?

– Et lui pourquoi il est là ?  cracha t'il d'un signe de tête vers le traite. Pourquoi vous êtes avec lui ? Pourquoi vous l'aidez ?

Merlin faillit trébucher alors que l'enfant qui ne savait pas prononcer les r perdit en force. Comme soudainement conscient de la son poids, le magicien se laissa choir sur le coffre aux jouets. On aurait dit qu'une poupée désarticulé se retrouvait soudainement prise du soubresaut de la vie et braquer l'inconnu d'un pistolet de plastique. Et l'émotion était si vive et si nouvelle que les coutures de son coeur n'allaient pas tenir longtemps...