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hérésie (strawberry)

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Jeu 6 Aoû - 23:42
Extirpé à mes songes par l'étouffant climat d'une nuit écourtée, mon esprit préoccupé avait trouvé refuge à l'hôpital, adjacent à mon lieu de travail—et réputées limbes de la tristesse humaine. Comme la stridulation des insectes alentours, insignifiants êtres à l'indispensable présence et témoins de l'interminable perspective d'une biodiversité qui échappait encore aux plus érudits, les chuintements des couloirs gagnés par l'obscurité se laissaient taire peu à peu, à mesure que l'aube se faisait dominante.

Le pas feutré de mon ombre morbide se fondait dans la sobriété d'un silence de plomb : la placidité malfaisante d'une mort en son domaine constituait le quotidien d'un emploi qui, au terme du deuil commun, se voyait submerger par l'impopularité. Le jugement divin, dont je jouissais des représailles chaque jour, perdait ses lettres de noblesse—non sans confier à son sillage le douloureux souvenir des innombrables défunts. C'est ce dernier qui nous menait la vie dure, comme l'hypocrite raison de ces incessantes impolitesses à notre égard.

Le monde, plus que jamais, était en proie au chaos.

N'était-ce pas ce que les cieux avaient cherché à éradiquer ?

En dépit d'un tel échec, l'issue de pareils événements n'était pas pour me déplaire : à mon frêle esprit se soustrayaient les confrontations tragiques d'une vérité voulue indispensable, devant la tâche ingrate de la communiquer à tous. Dans le bon vouloir d'une conscience commune, le devoir de mémoire trouvait place : de ces infectes photographiques que l'on nous imposait de garder à la rage légitime des survivants accablés par un désespoir propre à l'athéisme, les sentiments inhérents à ma fonction s'en trouvaient oubliés.

Les regards se détournaient de notre seule existence, la périphrasant en simple faucheuse, étrangère à toute émotion. Comme le bétail affublé de l'obsidienne fourrure propre à toute marginalité, le détestable environnement de notre emploi ôtait à nos existences toute perception humaine : comment pourrions-nous nous combler de telles monstruosités, sinon en nous défalquant de nos sentiments ?

Comment pourrions-nous être humains ?

Peu à peu, la médisance des plus ignorants avaient couvert de doute mon cœur converti, me contraignant à l'expiation d'un tel péché : des prières doublées, de quantité comme de sincérité, lorsque je m'extirpais enfin de l'incessante lecture des enseignements divins. Il m'était interdit, pourtant, d'en laisser pâtir mon travail—scindant mes journées dans la nébulosité d'une fatigue grandissante.

Faites en tout temps par l'Esprit toutes sortes de prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance, et priez pour tous les saints.

Mes interrogations étaient couvertes par un scepticisme propre à ma condition humaine, pensais-je modestement : si je m'estimais témoin des grâces de notre déité, chaque prière convergeait vers l'incontournable limite de ma nature profonde : un homme, tout survivant qu'il fut, ne pouvait s'estimer éligible à l'omniprésence.

Un homme, si bon qu'il fut, ne pouvait que se contenter de l'accessible et de l'horreur d'une réalité sans espoir. Un homme, si modeste qu'il fut, ne pouvait se laisser mourir sans la certitude de son souvenir survécu. Un homme, si patient qu'il fut, ne pouvait silencieusement encaisser d'être ainsi oublié, par les méfaits d'une magie dont la seule existence se voulait aberrante.

Un homme , si coupable qu'il fut, ne méritait pas de subir l'insensible vacuité d'un regard embrumé par l'oubli. Un homme, si dévoué qu'il fut, y laisserait forcément des plumes—quelle que soit la force de sa volonté ou d'une Foi qui se voulait aliénée.

Song, bonjour. Comment vas-tu ? J'ai prié pour toi, hier soir encore ; je ne cesse d'espérer que mémoire te soit rendue, et je suis certain qu'à terme, ce vœu te sera accordé.

Un homme, chaque matin, se faisait visiteur de cette âme en perdition.
Dans cette chambre si blanche, un homme s'assumait comme ami.
Un homme, ou ce qu'il en restait, si tant est qu'homme je m'estimais devenu : mes croyances vacillantes, bien souvent, m'ôtaient le mériter d'une telle qualification. Peut-être n'étais-je que ce que l'on disait de moi ; cette silhouette obscure, insensible à la fatalité d'un monde qui s'étouffe, trouvant refuge en ce que je ne comprendrais jamais.

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Sam 8 Aoû - 11:53
hérésie
prolonger l'incertitude,
c'était prolonger l'espoir.



Perdu dans la contemplation du plafond.
Depuis des heures.
Depuis des jours.
Allongé sur ce matelas un peu trop dur, ou un peu trop moue… tu ne sais plus vraiment, la nuque raide de tes nuits sans rêves.
Ou au contraire trop pleine de songes.
Illusions sans réponses.
Mais quelles-sont les questions Song ?
Soupir las.
Plusieurs jours que tu n’as pas vu des fragments du passé ; de la réalité… où sont Ji et Cap ? Où sont les autres ?
Enfin… il y a bien Kuro.
Izanami comme on l’appelle aujourd’hui.
Toi c’est Strawberry.
C’est toujours étrange et à la fois si… normal.
Song-ki, même s’il sonne avec douceur aux oreilles, qu’il réchauffe un peu le cœur, il te semble toujours être un étranger par moment.
Une figure incertaine du passé.
Les pas approchent.
Claquent doucement sur les pavés.
Tu te redresses difficilement.
C’est comme ça, depuis un certain temps ; un temps que tu as oublié. Kuro vient, au début c’était un peu bizarre, parce que sa tête ne te revenait pas, puis ça a fini par revenir : les cours de piano.
Vieux, très vieux souvenir.
Vous avez appris si jeunes.
Il vient, juste avant que tu te traînes jusqu’à Eight, savoir s’il y a des choses à aller chercher et si non, tu erres dans les grands couloirs, savoir si quelqu’un à besoin de toi.
Parfois tu sors et tu t’assoie sur les ruines.
Les ruines de chez toi.
C’est déprimant.
Sa silhouette de spectre se dessine dans l’encadrement de la porte.
Douce risette s’étire sur tes lèvres.

Salut, ça va et toi ?

Ça va.
Toujours le même mantra.
Le même pseudo mensonge.
Mais en même temps, pourquoi ça n’irait pas ? Parce que tu ne sais pas qui tu es ? C’est paradoxale dans ces cas là… Pourquoi ça irait ? Tu ne sais pas… pourtant ça pourrait vraiment aller. Tu es juste entre deux Song.
A mis chemin, ballottant.
Soupir léger.

Peut-être qu’il ne faut pas que je me souviennes. Le regard qui se plante dans le siens. Si je me souviens, je serais sûrement triste, nostalgique… je ne sais quoi d’autre. C’est peut-être mieux ainsi.

Tu ne le penses pas réellement.
Trop avide de savoir.
Pourtant, une part de toi ne veut plus, rester dans cette attente, dans ce doute persistant de ta personne… et si tu devenais quelqu’un d’autre ?
Et si tu te levais aujourd’hui et que tu faisais quelque chose de nouveau ? Quelque chose dont tu as réellement envie, qui te ferais du bien Berry.
Haussement d’épaules à tes questions internes.

Mais merci.

Merci de croire pour moi Kuro.
Merci d’espérer quand je ne penses qu’à abandonner.

(c) noctae
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Sam 8 Aoû - 22:24
Ça va et toi, dis-tu
Ça va et moi, penses-tu
Que mon bien-être survive au silence des cieux et à cette Foi qui ne se suffit plus
Ça va, lorsque le sommeil m'emporte
Lorsque les songes couvrent le désespoir d'un livre aux fondements millénaires qu'un instant de destruction a suffi à balayer
Alors, ça ne va plus
Alors, plus rien ne va
Alors, que tu ailles bien, ça me rassure un peu—que tu me remercies, ça me sauve un peu
Que tu m'aimes autant, malgré les souvenirs vacants, ça me permet d'oublier
Cette tristesse gouvernante, ces croyances désordonnées
Que je semble être le patient que tu te dois de sauver
Tu le penses vraiment ?
Je parle enfin, parce qu'enfin ce n'est pas le dieu qui rêve de s'exprimer
Parce qu'Izanami n'a pas sa place ici et c'est sa propre voix qu'il aimerait enterrer ; parce que Kuro survit, parce qu'il rêve d'exister, par-delà ses peurs et le désespoir qu'un dieu autrefois bienveillant lui a longtemps imposé
Parce que je rêve, je rêve de pouvoir détester
Parce que je rêve d'athéisme d'indépendance et de cette anarchie spirituelle que ma dévotion m'empêche de pouvoir caresser—et tu comprends, quelque part, je pense
Toi qui as tout perdu jusqu'à ses moindres certitudes
Oubliées, tes moindres volontés
Oubliant la cause de ton bonheur et la tristesse qui t'en séparait
Es-tu plus heureux, maintenant ?
Alors si c'est le cas Song, dis-moi comment tu fais
Si ces mémoires sont notre déchéance, pourquoi ne pas nous détester
Rejeter, oublier, éradiquer
Si je suis la cause de tes maux, alors je m'en irai
Te fais-je du mal ainsi, mon ami ? Je t'en prie ne me mens pas
Ne me laisse pas dans l'ignorance de tout le mal que je fais
Le bras ballants, des frêles jambes qui trouvent le support d'une chaise à portée ; mon visage se lève, le soulagement amorcé d'un soupir à la vue de ce plafond immaculé. D'un geste chaste, les mèches se voient chassées de cette inquiétante pâleur, laissant entrevoir mon évidente confusion : de l'autre main, les doigts enserrent la prise sur le livre pour m'en assurer de la présence.
La vérité, elle, s'étend au-delà de quelques préceptes inculquées
Et la sérénité de ma voix en laisse entrevoir les prémices
Je ne veux pas aller à l'encontre de tes désirs, bien au contraire—et si tu souhaites rester dans l'oubli, ainsi soit-il : je ne t'imposerai nul autre souvenir que mes médiocres performances musicales.

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