Watch the birdie! [Leon]

Watch the bridie !

Ft. @Boomerang

Un nouveau craquement résonne derrière lui, léger et bien peu audible comme les pas d’un enfant. C’est qu’il a l’ouïe fine, Leon, et un sens de l’observation développé parce qu’à passer des heures camouflé dans la nature, les yeux partout et l’oreille aux aguets pour déceler la moindre trace de trace de vie animale, c’est bien là le genre de talent que l’on finit fatalement par développer. Et il faut avouer que cela l’arrange bien, lui dont la vue a fortement baissé avec son verre brisé, impossible de retrouver des lunettes à sa vue alors il a dû s’y faire et il compte désormais sur son œil droit et ses deux oreilles. Il fronce les sourcils, concentré droit devant lui, il sait bien qu’il est suivi mais c’est qu’il ne fait rien de mal ici, l’appareil photo équipé du petit objectif autour de son cou. Il suit les traces de pattes d’un petit mammifère, un petit canidé dont on lui a signalé la présence dans les environs, un animal probablement enfui du zoo lors de la débandade qu’il y a eu quelques semaines plus tôt entre les trois autres groupes, un animal qui n’a toujours pas été retrouvé contrairement aux disparus humains. Le ramener aux Greens ne l’intéresse pas vraiment, Leon, tout ce qu’il veut c’est pouvoir le prendre en photo, mais s’il y a moyen de se faire bien voir par ces derniers pour obtenir quelques services en échange, il ne dira pas non.

Il s’est bien retourné quelques minutes plus tôt, c’est qu’il n’a franchement envie de tomber sur un gros malabar en armure  qui patrouille dans la zone quant bien même il entretient des relations cordiales avec les Chevaliers. Mais il n’a vu que l’ombre d’un enfant à travers celles des arbres qui les entourent, alors il n’a rien dit et il a continué sa route, espérant au fond de lui qu’il fasse demi-tour en voyant la zone vers laquelle se dirige Leon.

Apparemment, ces larges cavernes ne sont pas trop appréciées  par les habitants du coin, ils semblent les éviter comme la peste et il sait qu’il sera tranquille ici, Leon. Ou du moins, il le pensait. Tranquille à attendre, appareil en main et regard rivé sur les grottes, on pourrait penser que la photographie animalière se compose de nombreuses aventures mais en fait, c’est principalement cela : attendre et espérer voir quelque chose, attendre et espérer ne pas repartir bredouille comme c’est le cas la majorité du temps. D’ailleurs, c’est bien la troisième fois qu’il vient par-ici, Leon, il n’a les autres fois jamais mis la main sur ces mammifères encore inconnus. L’entrée des grottes lui apparaît enfin, il n’ose pas vraiment entrer non pas par peur de l’endroit mais par crainte d’y déloger ses éventuels habitants, alors il se contente de agenouiller derrière un buisson et une fougère, camouflé grâce à ses vêtements beiges et bruns.

Nouveau craquement derrière lui, et maintenant qu’il est à côté du lieu convoité il faut être discret, plus un son et plus un bruit, des chuchotements à la limite mais le bruit d’une brindille écrasée sous des chaussures est désormais trop peu discret. Il tourne alors à nouveau la tête vers l’origine du bruit, un doigt sur les lèvres et un “shhhh” soufflé du bout des lèvres.

- Tu es le fils de Robert, c’est ça ? lui demande-t-il, toujours à voix basse en espérant que l’enfant l’entende. Il l’a reconnu immédiatement, Leon, il a déjà pu lui parler de ses photographies lorsqu’il était venu livrer quelques outils à son paternel mais il ne pensait pas que Zack irait le suivre jusqu’ici. Qu’est-ce que tu fais là ?

C’est quelques nouveaux craquements qui attirent son attention, venus de l’entrée des grottes et enfin il le voit ce petit canidé qu’il cherchait depuis des jours. Un cri de surprise s’étrangle dans le fond de sa gorge alors qu’il le voit et le reconnaît, tandis que doucement il lève son index vers l’animal pour le montrer à Zack à ses côtés, lui-même arborant un sourire naïf et enfantin sur les lèvres si bien qu’il est aisé de voir que Leon est parfaitement dans son élément.

Il est bien facile de reconnaître là un renard avec ses airs à la fois félin et canin, sa petite taille et son air élancé, sa queue touffue et sa fourrure couleur fauve, or ce n’est pas l’habituel renard roux connu de tous les occidentaux ou le renard nain endémique des zone arides américaines. Celui-ci porte un masque noir semblable à celui d’un raton-laveur et il aborde de longues et larges oreilles arrondies sur le haut de son crâne, noires elles-aussi. Un renard à oreilles de chauve-souris venu chercher refuge ici.

- Il a dû s’échapper du zoo il y a quelques semaines, chuchote Leon à l’enfant, sans savoir s’il lui parle réellement ou s’il parle plutôt à lui-même. Je me demande s’il est seul...

Watch the birdie !

Ft. @Boomerang

Concentré et désormais entièrement dédié à ses photographies, voilà comment il pourrait apparaître Leon, aux yeux de ceux qui le regardent en étant hors de sa tête. C’est doucement qu’il soulève son appareil équipé du petit objectif, le gros et ses deux kilos sont dans son sac à dos, il serait bien trop long de l’équiper désormais. Et l’animal n’est pas si loin en soi, il pourrait bien réussir à prendre une bonne photo avec un angle plus large. La langue pendue et coincée entre ses dents, il plonge dans le viseur avec son œil dominant - le droit par chance - tournant doucement les doigts autours de l’objectif pour obtenir un zoom qui lui plaît, avant de laisser faire l’autofocus.

Mais un cri de surprise résonne à côté de lui - malchance lorsque l’on sait que l’animal avait tourné le regard vers eux, cela aurait fait une superbe photo. Il appuie tout de même sur le déclencheur, Leon, un poil trop tard néanmoins puisque voilà l’animal parti. Il fixe l’unique cliché qu’il aura réussi à prendre, une photo floue de l’animal, la tête déjà tournée vers la direction de sa fuite, le corps encore sur place. Il lâche une moue déçue, trois jours de traque pour rien, mais au fond il relativise : ce n’est pas la première fois que ce genre de chose lui arrive et ce ne sera pas non plus la dernière. Il soupire tout de même.

- Hey hey, c’est pas grave, fait-il à l’enfant à ses côtés qui semble visiblement bouleversé que la bête ait fuit. C’est le genre de chose qui arrive souvent.

Il suit du regard le doigt pointé de Zack, la direction vers laquelle l’animal a fuit quelques secondes plus tôt. Leon sait bien qu’ils ont peu de chance de le retrouver, il ignore même si le renard va revenir loger dans ces cavernes ou s’il les a désormais entièrement déserté maintenant que deux humains ont été aperçus non loin.

- Hm... Il réfléchit en manipulant distraitement son objectif, le fait tourner entre ses doigts. Ok, on va le suivre, finit-il par céder. C’est qu’il peut être faible parfois. Souvent. On va éviter de s’approcher de cette entrée, par contre. S’il a une famille, elle sera probablement dedans et j’ai pas envie de la faire fuir. Il fait un mouvement de bras exagérément courbé pour montrer à Zack la direction à prendre, contournant largement l’entrée des grottes. Il parle beaucoup par signe lorsqu’il fait de la photographie, afin d’éviter de trop nombreux bruits.

Il laisse l’enfant partir quelques pas devant les siens, son regard s’agite autour d’eux dans l’espoir que l’animal ne soit pas parti trop loin, dans l’espoir qu’il fasse aussi exagérément confiance à son camouflage. Il s’entend lâcher un petit bruit de bouche, léger sifflement qui filtre entre ses lèvres pincées à l’idée de l’avoir définitivement fait fuir.

- C’était un renard à oreille de chauve-souris, explique-t-il en mimant des ses mains les oreilles de l’animal au-dessus de sa propre tête, un large sourire amusé ayant désormais pris place sur les traits. Ça devait être un animal du zoo, normalement ils vivent dans le sud de l'Afrique.

C’est incroyable de voir à quel point il peut sembler à l’aise, Leon, dans cette discipline.