1Tu habites à Arcadia Bay ou tu étais juste de passage ? Il est né à Arcadia Bay et n'a jamais mis les pieds ailleurs, pas même en vacances.
2Tu faisais quoi avant la tempête ? Un lycéen ordinaire, effacé, avec un bulletin médiocre et trop peu de potes vers qui se tourner quand ça n'allait pas. Une vie un peu naze, avec son lot de problèmes, une famille à chier et sans le sou. Y'aurait beaucoup de choses à dire sur tout ce qu'il faisait, et surtout, tout ce qu'on lui faisait
avant. Mais il ne veut pas se souvenir, juste repartir de zéro ; et cruellement, il envie, parfois, ceux qui ont tout oublié
3Quels dégâts a-t-elle fait dans ta vie ? Elle a emporté sa maison, pour commencer ; pas vraiment un exploit, la baraque tenait déjà à peine debout. Ash nourrit alors l'espoir qu'elle a également emporté ses parents ; il n'a jamais vu leurs corps, et n'est pas allé vérifier les registres. Enfin, elle a emporté sa petite sœur ; portée disparue depuis huit mois. Pour elle, il vérifie régulièrement les registres, et toujours aucun signe.
Il prétend également que la plupart de ses brûlures et cicatrices viennent des dégâts causés par la tempête ; mais n'importe quel médecin un tant soit peu avéré est capable de reconnaître qu'elles datent toutes de bien avant. Ses cernes également témoignent de ses insomnies qui, bien que déjà présentes avant, n'ont fait que s'accentuer depuis la tragédie, comme pour la plupart de ses névroses.
4Que faisais-tu lorsque la Tempête a frappé ? Il traînait à la décharge, en quête d'objets de récup'. Le tuyau de leur évier avait encore sauté dans la cuisine, alors il cherchait de quoi le rafistoler de nouveau, comme il avait l'habitude de le faire. Ca fait une chose de moins à se soucier aujourd'hui.
5Tu quitterais tout pour retrouver ta vie d'avant ? [ ] OUI [ X ] NON
Il n'en parle pas, car il sait d'avance le genre de regards qu'il recevrait, les questions qu'on lui poserait et auxquelles il s'efforcerait de sortir un mensonge en souriant. Car malgré toute l'horreur et la tristesse, le chaos et la douleur, cette tempête fut pour lui une véritable délivrance.
6Exerces-tu un métier ou des activités particulières dans ce nouveau monde ? Au lendemain de la tempête, Ash a gardé quelques enfants sous son aile au début, alors qu'il était en quête de sa petite sœur. Il s'en est occupé quelques temps, puis les a plus tard confiés aux Chevaliers lorsque ces-derniers se sont formés. Il a continué de leur amener tous les enfants perdus qu'il croisait par la suite, si bien que son surnom était initialement "Pan". Lorsque le nombre d'enfants en vie qu'il croisait s'est amoindri, il a fini par s'occuper de ceux qui n'avaient pas survécu pendant une semaine, avant que la tache ne devienne mentalement trop lourde à porter.
Après cela, il a commencé à se faire remarquer par les autres vagabonds à force de se faufiler dans des recoins improbables pour collecter des ressources et se faire des outils avec deux bouts de ficelle. Il s'est inconsciemment créé un petit réseau en rendant vaguement service ici et là, en réparant des choses pour tel ou tel groupe, ou en leur ramenant des ressources. À force de réputation, on a fini par l'appeler "MacGyver". Il a aucune idée de qui est ce type, choc générationnel, mais il trouve son nouveau surnom incroyablement plus cool.
7Pourquoi n'as-tu pas rejoint une communauté de survivants ? Il a faillit rejoindre les Chevaliers lorsque tout a commencé ; et puis la peur comme la méfiance ont pris le dessus. Mac ne veut pas avoir à se soucier des autres ; il a trop peur qu'on piétine sa confiance comme lui serait capable de le faire.
Alors il fait ses trucs dans son coin, et personne ne le dérange. Ici et là, il se fait quelques potes, car c'est parfois plus drôle les aventures à plusieurs ; mais ça dure jamais longtemps, des amitiés factices qui servent simplement ses intérêts. Au final, il finit toujours par s'allonger seul dans la nuit, à contempler sa solitude sans jamais pouvoir s'endormir.
C'est probablement mieux comme ça.
8Que penses-tu des groupes qui s'organisent ? Il mentirait s'il disait qu'il ne les trouve pas utiles, alors il veut en tirer parti un maximum, sans pour autant les rejoindre. Les Chevaliers sont ceux dont il est le plus proche, notamment pour leur avoir régulièrement rendu service par la passé ; il essaie tant bien que mal de se détacher d'eux aujourd'hui. Il n'apprécie pas particulièrement la discipline des Greens, mais il sait qu'ils sont ceux qui ont le plus à offrir à ce jour.
Finalement, ce sont les pirates dont il a le plus de mal à s'approcher, car il n'est visiblement pas assez hardcore pour eux, mais il est persuadé qu'il les aura à l'usure. Il n'a aucun remord à devoir faire affaire avec des gens peu scrupuleux, lui même n'est pas vraiment un enfant de chœur. Mac n'a pas peur de jouer sur plusieurs tableaux pour obtenir ce qu'il veut et il serait bien capable de poignarder quelques gens dans le dos si ça servait ses intérêts.
Il est 16h.
Il le sait car il entend vaguement l'émission commencer ; celle que son père regarde toujours quand il rentre de l'école. Il a l'oreille collée contre le bois de la porte ; ça va faire une heure qu'il est comme ça, dans cette même position, à attendre sans un bruit que la télé crache les premiers sons du générique.
Inconsciemment, il commence à se gratter le bras, d'un geste un peu trop viscéral pour un simple garçon de onze ans.
Papa n'est pas à la maison. Il en est presque persuadé car il n'a pas entendu le décapsuleur. Il ne l'entend pas marcher non plus, ou s'énerver, ou dire des gros mots. Lorsqu'il jette un coup d’œil par le minuscule trou de la serrure, il n’aperçoit aucun mouvement non plus, simplement l'entrée. Ses chaussures ne sont pas sur le paillasson.
Papa n'est pas à la maison.
Son coeur bat à tout rompre. Il croit sentir une odeur de cigarette, mais c'est probablement que ses vêtements. La machine à laver est encore cassée, et maman dit que le plombier coûte trop cher.
Elle n'est pas là, elle non plus. À cette heure-ci, elle doit être sortie du travail pour aller chercher Maddie à l'école.
Une douleur lui perce subitement le bras et il doit serrer violemment les dents pour ne pas faire un bruit. Il a du gratter trop fort, mais dans le noir, il est bien incapable de voir s'il saigne ou non.
Par précaution, il attrape un des tissus qui pend au-dessus de lui et essuie vaguement son bras avec, dans l'espoir que ça change quelque chose.
Il étouffe un peu, recroquevillé dans son coin, serré contre les faux manteaux de fourrure de sa mère et les blousons sales de son père. En tirant un peu trop fort sur le tissu, la tringle du porte-manteaux se détache et tout lui tombe dessus ; comme un ras de marrée de vêtements qui vient l'asperger.
Tant bien que mal, il se contorsionne pour remonter à la surface en cognant ses coudes et ses genoux contre le mur. Il est encore plus à l'étroit qu'avant, si c'est encore possible.
Le boucan qu'il a fait ne semble avoir alerté personne. La maison est vide.
Il est seul.
Pendant de longues minutes tout de même, il ne bouge pas, camouflé dans un cocon de motifs léopards et de faux cuir. Au bout de dix minutes, lorsqu'il est persuadé que personne ne va venir lui crier dessus, il prend un des cintres qui lui a atterrit dessus, et commence à le tordre, le dérouler.
Lorsqu'il a fini, il se retrouve avec un long fil de fer et des doigts endoloris ; il est incapable de voir si son nouvel outil a une bonne forme, alors il tâte un peu, et quand il pense que c'est bon, il l'insère dans la serrure. Pendant ce qui lui parait être une éternité, mais qui dans les fait n'est que cinq minutes, il bouge le fil dans tous les sens.
C'est la troisième fois qu'il essaie ce mois-ci, mais c'est la toute première fois que ça marche.
Le "clique" le prend tellement par surprise qu'il croit entendre son coeur arrêter de battre et reste immobile, les yeux écarquillés et la respiration coupée.
Ses cuisses commencent à le démanger. Sa vessie également. C'est probablement ça qui le pousse à finalement ouvrir la porte.
Le grincement lui fait l'effet d'un cri perçant qui le fige sur place. Au bout de quelques secondes, il pose un pied dehors, puis un deuxième, comme un animal sortant prudemment de son terrier, craignant l'embuscade d'un prédateur.
En se retournant, il peut enfin voir le bazar qu'il a mit. Il va devoir remettre la tringle en vitesse avant que les parents ne rentrent, sinon ça va barder. Maman va pleurer, crier, et l'accuser d'avoir fait exprès de salir ses vêtements alors qu'ils n'ont plus de machine.
Pour l'heure, il se précipite aux toilettes et regrette sincèrement de ne pas y être allé avant le petit-déjeuner, lorsque papa s'est fâché et l'a puni. Il se demande s'il a pris la clé avec lui.
En sortant des toilettes, il réalise qu'il a toujours mal au ventre, et se précipite dans la cuisine pour trouver quelque chose à manger.
Passer la journée enfermé dans un placard, ça creuse un peu l'estomac.
Mais après tout, c'est sa faute, pour avoir cassé le chauffage dans sa chambre. À vrai dire, il ne marchait déjà plus, et il l'avait démonté pour essayer de le réparer avant que ses parents s'en rendent compte et le punissent ; comme si c'était sa faute si leur maison était vieille et en ruines.
S'il leur disait ça, on le traiterait d'insolent et il raterait encore un jour d'école, alors il préfère se taire et les laisser faire.
Inconsciemment, il recommence à se gratter le bras pendant qu'il mange un toast. Il ne saigne pas, mais sa peau est devenue toute rouge, et la nouvelle brûlure ronde sur son avant bras le pique énormément.
L'odeur de la cigarette lui remonte au nez. Ce n'est probablement que ses vêtements.
Avec le peu de temps qu'il lui reste avant que maman ne rentre, il tente de remettre la tringle dans le placard, à l'aide d'un gros scotch. Il n'est pas sûre qu'elle tienne longtemps comme ça, mais il espère simplement qu'on ne l'accusera pas.
Sagement, il retourne s'asseoir dans le minuscule cagibi, et referme derrière lui. Il ne peut pas refermer à clé, mais avec un peu de chance, son père croira qu'il a oublié de l'enfermer.
Il se demande ce que ses camarades ont étudié aujourd'hui, et s'il va avoir beaucoup de devoirs à rattraper. Il se demande également quelle excuse il va bien pouvoir sortir à l'infirmière du collège pour qu'elle ne convoque pas ses parents.
Elle va encore lui demander si tout va bien à la maison. Ca l'agace déjà.
Ashton déteste parler de la maison.