Reprise de souffle même si la tête lui tourne encore, si bien que sa main couvre son front, autant en guise de médicament que de prévention. Dégobiller les autres horreurs qu'il a encore en travers de la gorge, maintenant dans cet état, pourrait encore survenir. Du moins, si on lui donnait encore de quoi gerber. Il n’a plus rien à recracher. C’est de l’air, qu’il vomirait, auquel cas.
On ne nourrit plus la faute sur laquelle il insiste. Mais quand bien même, Sweetie ne peut pas s’empêcher d’attribuer les torts à Twizzlers, quand bien même il marque un point. Non, il ne pouvait pas s’attendre à cet ascenseur plus qu’émotionnel. N’importe qui serait d’accord là-dessus. Mais le regard sévère de son compagnon d’infortune ne voit que lui comme coupable. Après tout, c’est bien qui l’a amené dans cette gare et l’a invité dans ce train.
À ses yeux, c’était même plutôt une invitation forcée. Ce n’était pas de sa faute, d’avoir mis les pieds ici et là. Mais il est toujours là pour ne pas accepter les préjudices qui l’incombent.
À cette cité aussi infernale que surnaturelle, il pourrait rejeter la faute mais ce n’est pas assez concret. Il refuse de croire ce qui vient de se passer comme tout ce qui s’est passé jusqu’à présent. Ce sont des excuses trop volatiles, auxquelles personne ne croit et même pas lui. Il n’est pas fou. Ce n’est pas lui.
Alors il refuse de ne pas saisir la chance de blâmer sur ce qu’il pense maîtriser : les autres. Dont toi.
Même dans une situation aussi risible, il pense encore avoir le contrôle pour que, finalement, Twizzlers finisse par admettre que l’inclure dans de périlleux périples soit une mauvaise idée.
Il ne voit pas en quoi ça peut être sa faute, qu’on se le rappelle bien. Ainsi, il ne voit pas en quoi il pourrait être gênant. Il ne voit que le bon côté des choses, ou plutôt ne voit que le bon côté de sa personne.
Il pense que la leçon est comprise. Il attendrait presque des remerciements ou plutôt des excuses, qui ne viennent jamais. Mais il n’est pas insatiable. C’est peut-être déjà une consolation de ne plus t’avoir dans les pattes, à faire comme tous les autres pirates, l’humilier. Au moins, il n’aura plus à te supporter. Mais il aura à supporter tout le reste.
Alors quand tes pas s’éloignent, la consolation est réelle. Il n’était peut-être pas rassuré de te savoir que tu étais aussi amoché mais il n’est pas non plus rassuré, à savoir que tu es prêt à recommencer. Plus d’effort de participation. Il faudrait être fou pour retenter sa chance et lui n’est pas fou, non.
Mais il y a encore quelque chose en travers de la gorge. Si les pas s’éloignent, c’est qu’il ne maîtrise, en réalité, pas tout. Il n’y a pas eu d’excuses, comme finalement il n’y a pas eu de promesses.
Ce que t’as fait. T’as pas de quoi être fier. À ta place, je parlerais pas de ce qui s’est passé.
Quand bien même Sweetie n’a pas mal agi à bord, il ne retire, en réalité, que les terribles et ridicules actes qu’il a pu laisser s’échapper. Mais c’est ce qu’on retiendra plus que le reste. Dans un tableau réaliste et parfait, chacun est perfectionniste, même et surtout le peintre, et analysera plus les défauts que la maîtrise. C’est à jamais qu’il se comporte ainsi : chercher à ne pas accomplir une faute parce qu’elle sera mieux retenue qu’une réussite. La faute parcourt plus vite les oreilles des autres et fondent des rumeurs plus solides chez les pirates. Avec la moindre petite ombre, il vaut mieux rayer la victoire d’un type aussi réprouvé. C’est un peu comme cette récompense qu’on lui dessert. Elle pourrit dans le dégueulis. C’est futile.
De cette expérience il aurait pu retenir une leçon, un comportement mais voilà, c’est futile. C’est à oublier. Il est dans le déni et restera le même. Il ne voit pas de leçons pour lui, que pour toi et tous les torts qu’il te met sous le dos.
Sweetie a plus ou moins bien agi. Il a une pensée, un tant soit peu altruiste, pour l’autre. Mais ça n’a été que pour une soirée. Et encore quelques secondes avant de s’évaporer.
J’en parlerai seulement à quelqu’un de l’hôpital, si j’étais toi. Fais attention à toi.
Et alors que tu t’éloignes, l’ombre d’une bonne personne d’un bon jour aussi.
L’ombre reste dans cette gare. La lumière espère ne plus te croiser pour autant l’ombrager.
La lumière est et reste parfaite.
Elle n’a rien à retenir, surtout pas d’une ombre comme toi.