sharing some memories ○ feat bambi.

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IAujourd’hui, ça devait être une journée particulière.
Si les circonstances avaient été différentes en tout cas. La situation étant celle qu’elle était actuellement, ce qui devait être un jour de fête, était en réalité un jour comme un autre. Un jour de plus bloqué dans cet endroit. Un jour de plus, loin d’elle. Un jour de plus, un jour de trop. Beaucoup de pensées se sont bousculées dans ma tête. Beaucoup d’idées noires ont parasité mes pensées. Au final, me voyant incapable de faire abstraction de tout cela, je me suis dit que j’allais tricher un peu.

La meilleure des façons de ne pas penser à quelque chose, c’était de rester occupée, ou bien passer du temps avec quelqu’un d’autre. Je savais pertinemment que personne n’avait le pouvoir de remplacer Emma. À vrai dire, je n’ai jamais pensé qu’une personne pouvait en remplacer une autre. C’était une compagnie différente, accommodante ou pas… cela ne dépendait que de soi.

En l’occurrence, celle que je m’en allais chercher était une compagnie particulièrement agréable. Une personne aussi charmante que douce. D’ailleurs je me faisais souvent la réflexion, la façon dont on le surnommait… tapait vraiment dans le mille. Attention, pas de méprise, je n’éprouvais pour lui qu’un sentiment amical et rien de plus. Non pas que croquer un homme une fois de temps en temps me débectait, bien au contraire, il faut toujours goûter avant de dire qu’un aliment n’était pas à notre goût.

Enfin bref.
Je m’en allais donc du côté de mon libraire préféré. Parfois, j’avais besoin d’un peu de calme et d’une personne à l’écoute de ce que j’avais à dire. Mais surtout, une personne avec laquelle il était aisé de discuter. Avec lui, jamais je n’avais eu cette impression que l’on m’extirpait mes mots comme avec d’autres. Non ; ceux-ci sortaient le plus naturellement du monde, sans faire un effort quelconque. Tout était fluide, comme le flot d’une rivière.

Et ça me faisait du bien. J’osais espérer que c’était réciproque parce que le cas contraire… en fait je ne préférais même pas y penser. Mais cette fois, je n’arrivais pas les mains vides. Et non. De quoi préparer un bon petit plat et même une bouteille d’alcool. Et que ce fut dur d’en trouver une. Enfin de négocier pour s’en acquérir surtout. J’espérais que cette petite biche allait se montrer reconnaissante de ce que je faisais pour lui faire plaisir.

Et bien que venir vers lui pouvait sembler égoïste de ma part, je n’avais aucunement cette impression. Parce que je savais pertinemment que l’intéressé était une véritable quiche en matière de cuisine. Et donc moi, dans ma grande mansuétude, je venais lui prêter main-forte.

Eh ouais. Tia à la rescousse.
Tiens d’ailleurs, je venais tout juste de franchir le seuil de sa boutique.
Quelques minutes avant sa fermeture en plus, quel sens du timing.
Je m’exclamai alors, en camouflant du mieux que je le pouvais, le tremblement contrarié de ma voix :

─ La colombe vole à la rescousse de la petite bichette affamée. Si c’est pas beau ça, on se croirait dans un Disney ! Bambi, Disney, on rigole bien hein. Non non, ne me remercie pas mon cher libraire, je fais ça uniquement dans un élan d’altruisme que je n’ai su contrôler.

Et je ne mentais qu’à moitié en disant cela.
Et je surenchéris alors sur le ton de la plaisanterie :

─ Et regarde ce que j’amène. Vodka ! Bon, ça, ça ne fait pas trop Disney par contre. Mais bon eh, à l’heure où on se boira ça, les enfants seront déjà couchés héhé ! Et derrière ces mots, il n’y avait aucune allusion coquine. Enfin… il n’allait pas l’interpréter ainsi quand même ?

Nooon. Je me faisais des idées.
C’était un être pur et innocent après tout.

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Une autre journée tire à sa fin. Bambi profite du calme et des rayons de soleil pénétrant dans la pièce pour livre le premier bouquin qui lui est passé sous la main. Sans grand intérêt, mais c'est tout de même mieux que de se tourner les pouces jusqu'à ce qu'il décide de fermer boutique officiellement. Et errer jusqu'à ce que le sommeil le gagne.

Fou comment l'ennui peut assaillir l'être humain entre deux bouleversements majeurs. Les blessures deviennent des habitudes, les gants une seconde peau.

Il aurait de quoi se plaindre, Bambi, mais épuisé par ses propres râlements, il a cessé. Sans solution viable à l'horizon, vaut mieux se plonger dans le déni. Et profiter de ce que la vie lui offre quand elle veut bien se faire généreuse avec lui.

Comme ce soir, quand Dove se pointe à sa porte dans toute son éloquence. La surprise est bonne, et Eli l'accueille dans un sourire narquois.

« Dove chérie, mon ange venu du ciel ! Qu'est-ce que je ferais sans toi – et surtout qu'est-ce que tu apportes là ? »

Déposant son livre sur la première étagère qu'il voit, il s'avance vers elle pour l'accueillir – mais surtout pour jeter un meilleur coup d'œil à la bouteille de vodka. Il l'attrape, regarde son étiquette. Lumière dans ses yeux. Voilà le jackpot. Très honnêtement, il pourrait lui épargner la cuisine si elle le laisse avec la boisson. Mais il vaut mieux éviter un empoisonnement alimentaire quand on peut.

« Pourquoi attendre que les enfants dorment, hm ? J'ai rien pour l'apéro. J'te jure, on va rester sage. Avant le souper. »

Sourire enfantin. L'innocence reste à prouver.

Il ferme la porte derrière elle – librairie fermée pour aujourd'hui. Il lui indique d'un geste du bras l'arrière-boutique, ou ce qui lui sert maintenant de quartiers personnels.

« Tu connais le chemin. »

Et que la fête commence.

ft. Dove

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Elle nous recevait toujours bien cette bichette. Ça ou bien je jouissais des plaisirs d’être l’une des personnes les mieux accueillies dans sa noble demeure. En tout cas, lorsque je vis les couleurs de son visage se raviver, cela me réchauffa le cœur dans la seconde, me confortant dans mon choix d’être venu le voir, comme s’il y avait eu la place pour le doute dans mon esprit… alors que non.

Comme à son habitude, il m’accueillit chaleureusement et en profita dans le même temps pour jeter un petit œil curieux sur ce que j’avais apporté. Un peu à manière d’un chaton qui découvrait une pelote de laine pour la première fois, son regard s’illumina d’un coup. Il se disait probablement qu’il était parti pour passer une bonne soirée et il avait bien raison. Ma compagnie n’était pas toujours agréable, mais elle dépendait drastiquement de mon humeur et de mon envie, ou non, de faire des efforts pour la rendre plaisante.

Là, il n’était même pas question de me forcer. J’étais venue de mon plein gré après tout, personne ne m’avait obligé. Ceci étant dit, le libraire décida de fermer boutique dans un premier temps, avant de m’inviter à rejoindre l’arrière-boutique, qui lui servait également de pièce à vivre.

L’avantage étant qu’il avait les prérequis pour lui cuisiner un bon petit quelque chose, ce qui était mon intention bien évidemment, il l’avait bien mérité après tout, surtout après une journée de travail. Qu’elle fût harassante ou non, cela n’importait pas. J’étais là pour lui tenir compagnie, c’était l’essentiel. Et peu importe que cela m’arrangeât bien ou non, j’étais certaine qu’il ne m’en voudrait pas pour ça.

— Oh tu sais, rester sage c’est bien sympa, mais j’ai toujours aimé la vie avec un peu de piquant ! Je m’ennuie très vite sinon. Et alors du piquant… Dieu sait que j’en ai eu ma dose. Mais j’en redemande toujours… va savoir pourquoi, je suis peut-être accro aux sensations fortes.

Ou un peu chtarbée sur les bords aussi.
Mais la vie sans un peu de folie, c’était d’un ennui.
Et l’ennui, c’était ce que je détestais le plus.

— Bon bah je m’incruste alors, si tel est ton bon plaisir. Ma journée était d’un ennui. Je ne sais pas pour toi, mais moi… le cauchemar. Quand tu passes ton temps à réfléchir plutôt qu’à agir, t’as l’impression de perdre du temps que tu ne pourras jamais récupérer. Dans un sens c’est tellement vrai. Et puis ici… dans un endroit qui paraît déconnecté de la réalité, c’est comme-ci on était tous en train de rêver. Et franchement, y’a des jours où j’aimerais bien me réveiller.

Et je sais parfaitement où je voudrais me réveiller.
Dans un lit, dans un canapé, peu importe réellement. Ce que je voulais, c’était ouvrir les yeux et voir son visage endormi. Je la voulais à côté de moi et lui dire tout ce que j’avais sur le cœur. Et je ne pouvais pas. Alors pour éviter de penser à ça, j’étais là.

Désolé bichette… tu n’étais pas responsable de mes états d’âme.
— Si t’avais la possibilité d’être autre part, de faire quelque chose d’autre. Tu partirais sans hésiter toi ? Désolé ça vient de nul part, mais j’ai besoin de me changer un peu les idées, alors autant écouter l’opinion de quelqu’un d’autre.

Et accessoirement de boire comme un trou.
C’était aussi une bonne façon de chasser ses idées noires.
Même si elles finissaient toujours par revenir à un moment donné.

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Le secret est dans les petites choses. Un dîner entre amis, une bouteille de vodka, et la soirée devant soi pour oublier tout le reste. Et Bambi en profite. En fait le centre de son univers dès que l'occasion se présente. Escapism dans toute son essence.

Dans son antre, il laisse Dove prendre place. S'incruste derrière elle pour aller chercher deux verres – trop larges pour être des shooters – avant d'aller les poser sur la table d'appoint qui lui sert de la salle à manger. Symboliquement.

Mais en ce moment, l'humeur est légère, et il n'en a que faire de s'asseoir à même le sol – il espère que cela ne dérangera pas non plus sa distinguée invitée. Sinon, la boisson saura bientôt leur faire oublier leur misère quotidienne. Et l'ennui. Surtout l'ennui. Leur ennemi mortel.

« Tu as bien fait de venir me voir. » Un sourire complice. « J'ai de quoi remettre du piquant dans ta vie. Littéralement. Le poivre de cayenne est rangé dans l'armoire derrière toi. »

Un rire doux entre ses lèvres fermées. Il décapsule la bouteille et remplit les deux verres – trop généreusement pour être des shooters. Qui a dit qu'ils feraient dans la modération ce soir ? Ils sont là pour s'amuser. Ou pour répondre à de grandes questions sur le monde, selon Dove.

Bambi soupire, mais ne perd pas son sourire. Parce qu'il ne veut pas retomber dans la mélancholie. Les "et si" et leurs regrets. Pas ce soir en tout cas.

« Chérie, je suis beaucoup trop sobre pour tenir cette conversation. »

Ça passe pour une blague. Mais lui-même ne semble pas y croire. Il appuie sa tête contre sa main gantée, de l'autre il attrape son verre et le lève à la hauteur de ses yeux.

« Mais si tu veux vraiment savoir, oui. Du moins je crois que oui. À ta santé ! »

Il engloutit le contenu du verre, cul sec, avant de se relever sur ses deux pieds, enjoué.

« Alors qu'est-ce qu'on mange ce soir, hm ? Je peux te donner un coup de main ? »

ft. Dove

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