le déni est blond et il porte des talons

TW : disparition d'enfant

Au début il n'y avait rien, et de ce rien est né une fleur.

Cette phrase, c'est celle qu'Ashley s'est juré de mettre en introduction de son livre pour enfants si, un jour, il s'offrait le luxe de cultiver de la motivation. Pas qu'il ait un talent en particulier pour l'écriture, ou pour quoi que ce soit d'autre à vrai dire. Né de parents moyens, dans un quartier moyen, avec une vie moyenne ; dans la vie d'Ashley, on ne fait pas de place au génie. On ne pousse rien, on laisse aller. Quand on constate que l'enfant a des facilités de compréhension à l'école, on se dit que c'est tant mieux, qu'il s'en sortira bien ("qu'il est mature pour son âge !") ; on ne lui apprend pas à apprendre, puisque c'est visiblement inné chez lui. Et quand il bute, on lui dit qu'il fera mieux la prochaine fois, sans jamais lui indiquer comment. "C'est normal qu'il s'agace, petit père, d'habitude il réussit du premier coup" ; "c'est vrai que c'est un doué, il comprend vraiment bien les consignes, commencez à économiser pour Harvard" !
Non, évidemment, on ne le laisse pas devenir médiocre, non plus. Face à ses difficultés en mathématiques, on fait venir un professeur particulier ; Ashley pleure à toutes les séances, de frustration. Il finit par comprendre, mais c'est déjà une corvée. Sa seule valeur est posée, là, sur un plateau, en équilibre dans sa tête ; il ne la contrôle pas, et s'il la perd, cette faculté de compréhension, que devient-il ? Moins bon que les autres ? Dans son esprit en développement, c'est être un raté. Les autres, au moins, auront la danse ou le football pour compenser. Ashley a essayé, du piano à la gym, mais il est moins patient que la frustration, et mauvais stratège ; alors toutes ces batailles, il les a abandonnées, et la guerre il l'a perdue.

Pendant son adolescence, Ashley préfère être un fainéant qu'un nul. Dans ce système manichéen où il s'est enfermé, l'essai est devenu terrifiant. Adulte, il a conscience que c'est ridicule ; mais comment sortir d'une habitude aussi ancrée ? Il procrastine. Attend jusqu'à la veille au soir pour se mettre à travailler, afin d'avoir une excuse en cas de médiocrité. Ne construit pas d'avenir, puisqu'il n'a pas de rêves ; ce qu'il veut, c'est vivre, penser, se promener, dormir. Traîner sur internet, beaucoup. Jouer aux jeux vidéos, ceux qui sont doux et apaisants – il fuit la compétition.
On lui dit qu'il est chiant. Au lycée, un mec qui a la moyenne sans jamais rien foutre, qui ne sait pas quoi faire, qui n'a pas de passions à aborder ; et un mec qui, surtout, n'a pas l'expérience du dialogue, c'est chiant. Ashley n'a pas d'amis, juste une liste de connaissances à qui il a collé l'étiquette de "potes" pour ne pas avoir l'air complètement coupé du monde.

Il faut dire que l'empathie n'est pas son fort, et les situations sociales sont le terreau d'un malaise qui ne fane jamais. Il faut déchiffrer les expressions faciales ; s'assurer de ne pas se tromper ; ne pas interrompre les autres ; rire aux blagues ; rire quand on n'a pas entendu, dans le doute ; admettre qu'on n'a pas entendu puisque le rire a visiblement mal été reçu. Maintenant, il se tait, et il entend ; mais souvent il ne comprend pas tout à fait. Si la solution est simple, pourquoi ne pas l'appliquer ? Si la solution a déjà été donnée, pourquoi continuer d'en discuter ? La notion de soutien émotionnel le trouble, car elle est invisible. On ne lui a jamais demandé de, simplement, écouter et compatir – on lui expose des problèmes, et il doit deviner s'il est censé y répondre ou ne rien dire.
C'est épuisant. Donc il se repose, souvent, entre deux dialogues. Casanier, il affectionne son coin miteux, peuplé de plantes qu'il fera mourir, il le sait, d'une manière ou d'une autre. Il reste humain ; bien sûr qu'il a besoin de croiser des gens, et c'est bien assez le cas à son goût. Mais il se dit solitaire, parce que l'idée de communauté le rend nerveux. Il rencontre déjà des difficultés à s'investir dans sa propre vie ; comment s'investir dans celle des autres ? Égoïste, peut-être. Si on lui demande, il dira qu'il s'aime, et ce n'est pas faux. Son confort passe avant celui des autres – les autres, sauf une. Sa fleur.

Lena, c'est l'histoire d'une belle erreur. Un paradoxe des plus complets pour Ashley. Rien de particulier dans l'histoire ; une soirée entre collègues, de l'alcool, deux protagonistes cons mais fertiles. Des discussions, des engueulades, et l'humiliation – il y avait tant d'autres fautes moins pesantes à commettre. Pour un type aussi peu responsable, sans volonté ni compétences – et alors même qu'il n'avait pas apprécié la conception –, devenir père, vraiment ?
Il a fallu se renseigner, sur des choses basiques et vitales ; pas juste changer les couches et faire les biberons, mais faire tourner les lessives, cuire des pâtes, plier un t-shirt. Tout ce que sa mère lui faisait ("puisque c'est un empoté, ton fils, t'as jamais rien su lui apprendre, et moi j'en suis encore à jouer bobonne").
Et quand elle est née, Lena, rien. Un rien bénéfique, agréable, doux ; la sérénité. Une bouffée d'amour à chaque regard et la certitude d'avoir un but, désormais. Cet apaisement, c'est celui dans lequel il s'engouffre maintenant, sans penser, avec seul en tête l'espoir qu'elle aille bien.

L'espoir, au début, il n'était pas là. Il a fallu chercher, pendant des mois, pleurer beaucoup aussi. Se sentir suffoquer, apprendre à gérer l'angoisse, s'autoriser à ne rien faire (mais elle a besoin de moi ; mais elle est peut-être là ; et si elle est là, et qu'elle m'appelle, et que je ne l'entends pas ; qu'est-ce qu'elle fera, elle, seule, sans repère ; et si elle a froid ; et si elle a faim ; et si elle pleure, après un cauchemar, qu'elle veut qu'on la borde ; et quel genre de père je serais, si je n'étais pas là pour la porter quand elle crie qu'elle a mal aux jambes ?)
Quand on cherche sans trouver, quand on a refait mille fois le chemin inverse, quand on s'est trop coupé les doigts à ne chercher qu'une trace, un signe ; quand on s'accroupit le soir, dans une cahute mal isolée, et qu'on n'a plus que la misère, alors on trouve l'espoir. La théorie devient intime conviction, et doucement, le lâcher-prise ; elle n'est pas à Arcadia ; elle était dans la voiture ; elle est loin, dehors, avec sa mère, et ses copains, et ses jeux.
Ce n'est pas un claquement de doigts, plutôt un processus. L'obsession reprend sa place d'habitude ; on s'autorise une pause, parfois, et elle déchire le cœur, mais elle soulage les pieds engourdis. C'est un long jeu de compromis, pour reconstruire un semblant de monde. En s'asseyant, travailler pour admettre que le calme est bon, sans que la culpabilité ne se mette à rugir au fond ; "comment survivre alors qu'elle n'est pas là" ?
Si elle n'est pas là, elle ne peut être qu'ailleurs ; et ailleurs, c'est l'absence de tempête, de blessures, de traumatisme.

Et comme ça, douloureusement, Ashley avance.


Absolument pas doué de ses mains ϟ Ne sachant rien doser ni évaluer, il se fait facilement avoir lors d'échanges ϟ A toujours vécu dans le confort ϟ A appris à lacer ses chaussures à 22 ans ϟ Portait des talons avant la tempête et regrette de ne plus pouvoir le faire autant ϟ Enchaîne les relations amoureuses parce qu'il n'aime que les débuts ϟ Doit faire les choses une par une sinon c'est la panique ϟ Te dira « attends attends attends » si tu essaies de lui parler pendant qu'il fait autre chose ϟ Passe une grande partie de son temps à s'engueuler avec des gens dans sa tête pour développer sa répartie ϟ Il a quand même une répartie de merde ϟ Se sent mal à l'aise de ne pas respecter les règles, même maintenant (genre marcher sur la pelouse ou dîner à minuit) ϟ Ne comprend que le concret ϟ Vit mal le manque d'internet

1Tu habites à Arcadia Bay ou tu étais juste de passage ? Ashley vivait à Arcadia Bay depuis deux ans environ. Avant le drame, il occupait la maison de vacances de sa tante avec sa fille de cinq ans, Lena, en échange d'un petit loyer et d'un entretien des lieux. Toutes les deux semaines, la petite allait chez sa mère, pour une durée de deux semaines également, avant de revenir à Arcadia.

2Tu faisais quoi avant la tempête ? Il était serveur dans un petit restaurant où il jugeait les clients et flirtait avec ses collègues.

3Quels dégâts a-t-elle fait dans ta vie ? Elle a appuyé sur le bouton pause, puis elle a brûlé la télécommande. Elle a mis la vie dans une bouteille, l'a posée sur une étagère et l'a laissée là, dans un état de doute pire encore que le deuil. Quand la tempête a frappé, elle n'a peut-être pas emporté Lena, et c'est cette incertitude qui le ronge. Mieux vaut ça que l'assurance de sa mort, se dit-il le soir avant de dormir.
Mais la tempête a aussi pris le poids de toutes les expectations. Plus de parents à rassurer, de clients à contenter, de partenaire à trouver. En se persuadant que Lena va bien, la vie n'est pas si mal.
Après les longs mois de désespoir, cette catastrophe a finalement revêtu la robe du soulagement et elle a embrassé Ashley comme sa mère le faisait quand il était petit. L'incertitude ne disparaît pas, le deuil non plus ; et il regrette les connaissances qui n'auraient pas dû partir si tôt. Mais, il en a l'intime conviction, les gens qu'il aime vont bien ; et lui, il est à l'abri dans ce désordre.

4Que faisais-tu lorsque la Tempête a frappé ? Il était assis dans son canapé, en train de regarder une émission de TV dont il ne se souvient plus. La mère de Lena était passée la chercher peu de temps auparavant et il se demandait ce qu'il allait faire de son week-end.

5Tu quitterais tout pour retrouver ta vie d'avant ? C'est une question à laquelle il ne saurait pas répondre, et qu'il préférera ignorer si on la lui pose. Bien sûr, sa fille lui manque, et ça le bouffe de ne pas l'avoir près de lui, ni même de savoir comment elle va. Mais là, au chaud dans son auto-persuasion - celle qui lui dit que tout va bien, que c'est juste une phase, qu'un jour il se réveillera et que la vie aura repris son cours -, alors c'est plutôt confortable, et ça donne envie d'y rester encore, comme ces fameuses salles, celles dépeintes dans de nombreuses oeuvres de fiction, où le temps ne passe pas.

6Exerces-tu un métier ou des activités particulières dans ce nouveau monde ? Pas vraiment. Sans faire partie d'un groupe social, dur d'exercer un métier, et son manque d'expérience en tout fait qu'il ne peut pas entreprendre grand chose. Quand l'envie lui prend, il fait un tour vers la maison de sa tante, où il se convainc qu'il pourrait tout déblayer et tenter de reconstruire un truc ; ensuite il bâille et il s'en va.
Un jour il s'est dit qu'il pourrait faire un potager, et devenir un fermier qui nourrirait tout Arcadia. Du coup, il a essayé de planter une demi patate dans le sol, comme il avait vu dans des vidéos virales qui tournaient avant la tempête. Elle a pourri et il a abandonné l'idée.
Sa dernière lubie c'est de collectionner ce dont personne ne veut, comme les débris en forme de trucs rigolos. Il les empile parce que sans colle c'est dur d'en faire quoi que ce soit d'autre, en se disant que si tout ça finit un jour, il pourra les revendre à des artistes ou à des musées et devenir riche.

7Pourquoi n'as-tu pas rejoint une communauté de survivants ? Il est trop égoïste pour sincèrement vouloir contribuer à une cause en particulier. Il tient à son indépendance, au fait de ne pas avoir de comptes à rendre, et même si la solitude lui pèse parfois, il ne se sent pas prêt à troquer ce qu'il considère comme une liberté nouvellement acquise pour être avec des gens. En clair, il a la flemme.

8Que penses-tu des groupes qui s'organisent ? Bien qu'il ne souhaite pas en faire partie, il trouve le concept de coalition très cool. Pour lui, ça tombe un peu sous le sens que des gens s'assemblent après ces événements, d'autant plus lorsqu'il s'agit d'aider les enfants et les personnes en ayant besoin. Comme c'est un grand gamin, il aimerait beaucoup avoir un pseudo, mais personne ne le connaît assez pour lui en donner un ou retenir l'un de ceux qu'il s'est trouvé ; donc il garde son prénom, c'est plus simple de toute manière.
Il contacte par ailleurs régulièrement certains Knights afin de vérifier s'ils ont eu vent de sa fille, jusqu'ici en vain.
Comme toute personne sensée selon lui, il évite les Pirates autant que faire se peut.

J'ai la vingtaine donc je me sens giga vieille parce que j'avais l'habitude d'être l'enfant de 11 ans sur ces forums, je sais pas cliquer sur des onglets, j'ai le syndrome du "j'écris une fiche et ensuite je RP jamais avec le perso" mais je fais des efforts pour le régler, et je me remets au RP dans une tentative de me mettre moins de pression sur ce que j'écris ! J'espère bien m'intégrer ici, au plaisir de rp avec vous ♡