Le plus gros problème de Mum, c’est qu’il ne peut pas affronter
⠀⠀⠀la vérité,
mais il ne veut pas non plus affronter les mensonges.
Il ne supporte ni les déceptions ⠀⠀⠀ni l’espoir.
Il ne veut voir ni le noir ⠀⠀⠀ni la lumière.
Alors quoi ?
Alors qu’est-ce qu’on fait ?
À part rester là
comme coincé entre deux plans,
comme planté au milieu du passage piéton,
sans savoir s’il faut traverser ou bien faire demi-tour.
Almace, penses-tu vraiment que l’on t’oubliera ?
Mum regarde la flamme de l’allumette qui se meurt une fois secouée, cigarette allumée. Tu crois sincèrement que l’on t’oubliera ?
Peut-être.
Une fois vieux et avec la moitié de sa tête déjà morte, sans doute.
Mais pas avant.
Mum n’ose te regarder.
Il ne sait pas comment te le dire, non plus.
Les mots restent coincés, en travers de la gorge, étouffent et coupent la respiration, là comme un fil de fer qui gratte mais que pourtant, on laisse malgré la gêne. Et quand il sera trop tard pour parler ? Est-ce qu’il s’en voudra, Mum, de ne pas avoir réussir à dire tout ce qu’il aurait souhaité dire ?
À quel point il se sent comme chez lui, ici.
À quel point c’est la seule chose qui arrive à lui rendre un peu de chaleur.
⠀⠀⠀À quel point,
malgré tout, il est heureux de vous avoir rencontré.
Quand est-ce qu’il arrivera à le dire.
À le penser, avant tout.
Parce que Mum semble tout simplement
⠀⠀⠀se refuser d’être un peu heureux parmi vous.
C’est stupide. Il pourrait en rigoler.
C’est cruel, surtout.
⠀⠀⠀La cigarette laisse un goût amer dans la gorge.
Et pourtant,
⠀⠀⠀au milieu de ce silence qui l’habite et de la chaleur du soleil,
⠀⠀⠀au milieu de ses larmes séchées et des futurs inquiétants,
tout
⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀est
à sa place.
tous les maux.