serah grace ziegler • américaine • vingt-quatre ans
dix-sept novembre • pirate • lieutenant chimiste • originaux
she spun herself a crown of gold, thrones of bones and citadels ; to the deaf stars she screamed make me queen or i'll make you bleed —
un mètre soixante-sept • elle trichait avec des talons de dix centimètres • plus maintenant • pas besoin d'être grande pour te prendre de haut • poids plume • cheveux roux flamboyant • yeux bleus-gris • la lumière et les caprices météorologiques changent leurs reflets • tâches de rousseur partout • le visage, les bras, le dos, les cuisses • les fringues toujours élégantes même au milieu des ruines • des robes cintrées et des manteaux longs • le vernis à ongles toujours parfait • maquillée
Heurt des escarpins sur le macadam souffle mesuré sourire volatile audace volage — le menton levé le dos droit le port altier les prunelles murmurent ce dont la voix ne s'ennuie pas ;
saupoudre de rien du bout des doigts la risette accentuée l'ordre muet
fais brûler marionnettiste habile de la discorde et elle souffle les aveux qui glacent qui dérangent les promesses qui assujettissent elle persifle les terreurs qui accablent et
les sentences
qui condamnent.
Les mains blanches quand le sang coule et qu'elle contemple indéchiffrable la vie qui s'en va la vie qu'on prend la vie qu'on vole — les iris ne se satisfont que d'agonie, se détournent des dépouilles lorsqu'ils ne discernent plus le moindre
sursaut d'existence ;
le dos tourné un soupir meurt sur les lèvres qu'elle repeint de vermeil dans le reflet d'un miroir brisé, les pieds nus dans les débris dans les éclats
s'écorcher la peau déchirée mais les jambes ne vacillent jamais et trembler,
trembler Serah n'a
jamais su.
Un pas après l'autre dans les cendres dans les braises se brûler les paumes dans les poussières incandescentes — elle rit encore des maléfices des sortilèges le rire clair cristallin un quelque chose de
gamine et l'on oublierait parfois ;
on oublierait le chaos on oublierait les crimes on oublierait les macchabées quand elle danse Serah, quand elle rit Serah, quand elle vit Serah, l'indolente, l'insouciante,
comme si elle n'était pas si grande,
femme délabrée
enfant déraisonnée.
Caprice aliéné l'âge tendre consumé sans avoir été consommé avide de violence éprise de revanche souveraine impavide et Serah
Persephone c'était le rire d'un presque amant qui croyait l'avoir vaincue l'avoir séduite et apprivoisée un murmure au bord de l'oreille un soir ivre
jolie reine du chaos fais de ma nuit un enfer que je vende mon âme à Lucifer et,
et il a chancelé au bout des ongles carmin qui ont griffé sa peau quand elle s'est moquée
call me Satan mais les mémoires n'ont pas déserté
Persephone comme une traînée de poudre
Persephone pour faire trembler,
dame des limbes et des abîmes,
souveraine du désordre et de la discorde.
chaotic evil — entj-a (commandant) — reine — faite de sang et de cendres — l'ambition au cœur — régner bien c'est régner seule — le myocarde de pierre ou de glace — reine du chaos altesse du désastre — se joue de toi — des hommes surtout — « you're a woman, use it ; bring every man you meet to his motherfucking knees » — fataliste ou réaliste elle sait par le cœur comme on meurt dans son monde pour l'honneur la gloire les dettes et la revanche — aucun crime impunis elle traque jusqu'aux enfers — gods will bow — elle tremble à l'intérieur plus que toi
elle joue du piano depuis sa plus tendre enfance • elle a fait du patinage artistique pendant des années, et même remporté des compétitions junior • elle a arrêté brusquement au décès de son père, parce qu'elle n'avait
plus le temps d'être autre chose qu'une
femme d'affaires • son père l'a préparée à être
femme dans un monde d'
hommes • son self-defense te brise un coude ou te luxe une épaule • n'essaie pas • elle n'a jamais découpé de petit animal pour voir ce que ça faisait, promis • elle ne s'est, de façon plus générale, jamais sali les mains • une reine a des sujets ce n'est pas pour rien • elle est cependant toujours armée • c'est plus dissuasif qu'autre chose • mais si j'étais toi, je ne la mettrais pas au défi de
presser la détente • son esprit de contradiction est plus fort que le tien •
si. • elle collectionne les pierres semi-précieuses qu'elle trouve • et ce n'est pas leur valeur marchande désormais inexistante qui l'intéresse • elle en a déjà accumulé une petite douzaine • fervente lectrice de polars et de thrillers • surtout ceux inspirés d'histoires réelles • quand elle était enfant elle croyait en Dieu parce que sa mère lui racontait son amour inconditionnel et son pardon aux fidèles • la vie a tôt fait balayer ces rêveries • elle n'ira jamais dissimuler ses travers sous les coups du sort, les hasards, le destin ou les coïncidences • si le Ciel et les Enfers existent elle n'a jamais craint les flammes • elle se sait
monstre et ne s'en excusera jamais • elle se sait
reine et c'est toi qu'elle fera ployer.
Elle ne rêve de rien ; depuis longtemps son cœur six pieds sous terre et ses idéaux frôlent la poussière. Elle n'attend plus le moindre sursaut, ni d'aujourd'hui ni de demain — même vivre elle n'y croit pas plus que ça ; même vivre au fond c'est vain, et elle ne réalise pas comme elle brûle encore de haine et comme régner c'est tout ce qui compte. Renverser l'autorité, Bonnes va te cacher faire trembler — montrer au monde ce qu'est la peur, la vraie, faire payer à tous cette vie trop gâchée.
she's been through hell, so believe me when i say: fear her when she looks into a fire and smiles —
Tu habites à Arcadia Bay ou tu étais juste de passage ?
Elle vivait à San Francisco — la belle, la grande, la lumineuse qui l'a vue naître et grandir dans le chaos d'une ville grise d'anonymes. Elle n'était que de passage à Arcadia Bay — personnellement déplacée pour affaires plus ou moins légales. Elle devait être rentrée dans la nuit ; l'ouragan ne lui en n'a pas laissé l'occasion. Balayées, les idées de retour — d'une heure à l'autre, il a fallu composer ici, au milieu des ruines, loin de chez soi.
Tu faisais quoi avant la tempête ?
Elle était à la tête d'un des — sinon du — plus gros réseaux de trafic de drogue de la côte ouest. Son empire, établi à San Francisco, s'étend de Portland à Los Angeles. Tout l'argent sale dissimulé dans les échanges convenus entre entreprises de renom, le blason des Ziegler semble vivre d'actions fructueuses, de placements soigneusement calculés, de mises risquées et de paradis fiscaux innommés. Elle venait tout juste d'être diplômée d'un cursus en psychologie criminelle (bachelor’s degree en forensic psychology) — et l'ironie du parcours choisi est grande ; une audace indolente.
Quels dégâts a-t-elle fait dans ta vie ?
Quand elle y songe, pas tant qu'elle l'aurait cru — elle sait ses affaires en sûreté à San Francisco entre les mains de son bras droit, homme de confiance de longue date ; elle sait qu'on continuera sans elle et qu'elle reprendra ses droits à l'instant où elle reviendra. Elle n'avait rien, ici, à Arcadia Bay — pas de logis détruit, pas de biens perdus, pas de proche égaré. Rien qu'un confort qu'on ne retrouve plus et dont elle s'accommode tant bien que mal du manque.
Que faisais-tu lorsque la Tempête a frappé ?
Elle était avec Meredith, dans les couloirs de l'hôpital — elles s'étaient présentées comme deux proches d'un certain patient, le sourire aux lèvres et les yeux l'air inquiet. Entre les murs blancs des desseins gris — ce n'était que pour l'amour du chaos qu'elles étaient là, que pour l'appât des dettes ; pour rappeler ce qui arrive à ceux qui tardent et se confondent en excuses téléphonées. Elles ne sont jamais parvenues à la chambre — tout a tremblé, avant ; l'accès condamné. Elles sont restées pantelantes, réfugiées dans l'angle de deux murs sans fenêtres — loin des débris de verres et des bourrasques glaciales qui semblaient secouer le bâtiment tout entier.
Tu quitterais tout pour retrouver ta vie d'avant ?
Non. Cette vie ou une autre — quelle différence ? Ce sont les mêmes tumultes, les mêmes tragédies ; c'est la même douleur et la même violence, la même rage et la même rancœur. Les décors changent mais on joue toujours la même comédie ridicule — ici, ou ailleurs, une allumette suffira pour tout réduire en cendres quand viendra l'heure du grand final.
Pourquoi et comment as-tu rejoint les Pirates ?
C'est tout ce qu'elle connaît, ses premières accroches à Arcadia Bay — elle connaissait déjà les visages les plus importants, ceux qui trempaient déjà dans la boue et le sang avant que la tempête ne ravage. Ce fut le point de chute évident — les retrouver, et ne plus les quitter.
De quelles activités es-tu en charge ?
Lieutenant chimiste ; pour avoir vu filer entre les doigts de son père et des chiens tant de pilules et de poudres, pour en avoir elle-même tentées quelques unes au hasard des insolences, elle les connaît par cœur — quand elle a lu sur les lèvres des autres des projets d'artisans, elle n'a pas hésité : très vite devenue l'une des têtes pensantes de la confection de Hope, pas peu fière des effets de la bestiole ni des autres paradis artificiels qui viendront bientôt, Perséphone évolue sans mal dans cet univers qu'elle sait déjà sous toutes ses coutures mêmes les plus effilochées.
Comment se passe ton intégration au sein du groupe ?
C'est son univers — il ne viendrait à personne l'idée de nier qu'elle est faite pour ça, faite pour le chaos, pour les Enfers, c'est chez elle ici, mais c'est sans doute ça le grand ennui : Serah n'en a jamais assez, d'ambition et de soif de pouvoir — elle se rêve de nouveau Reine, s'est juré renverser Bones, un jour, et régner au sommet.
Que penses-tu des autres groupes qui s'organisent ?
Elle contemple, un rien moqueuse, bien trop cynique, les démences insensées — comme la bienveillance des uns les perdra ; comme les croyances des autres les consumeront. Elle sait comme la veuve n'est que noire, comme l'orphelin deviendra assassin ; elle sait comme croire ne mène à rien, comme le Ciel là-haut se rit bien d'eux — elle sait comme on ne vit jamais mieux que pour soi, seule, sans Roi, sans Dieu, sans Maître et sans Lois.
Née enfant princesse grande dame reine ;
couronnée au berceau des yeux de son père et de l'absence de sa mère un peu plus tard (quand l'amour d'une enfant n'est plus assez)
Serah sillonne les couloirs du manoir trop grand pour deux les pieds nus sur le marbre mais elle préfère la moquette du bureau
de papa — et en silence, très tôt
installée dans le gros fauteuil qu'il ne prête à personne d'autre qu'elle les doigts qui caressent le velour carmin elle observe
les misères les mensonges
la corruption des coeurs et de l'argent
elle contemple les sachets de poudre entre les mains tremblantes et les yeux fous elle se fascine
pour la détresse
et la démence
quand elle n'a que huit ans.
Et Meredith à peine plus grande
née enfant de poussière enfant de rien enfant de personne
des entrailles d'une mère violentée par les hommes du sperme d'un anonyme pour quelques billets une ivresse qui ne laisse pas le choix pas de place pour dire
non —
Salvatore leur ouvre les portes en refuge à la mère et à l'enfant et Serah bête curieuse dans le sillage de la gamine que les mains mal intentionnées ont déjà marquée
il reste des bleus mais plus de larmes
plus de vie plus de frisson plus rien pour trembler que Serah Serah Serah la tourmente qui lui dira
« à partir d'aujourd'hui tu m'appartiens
à partir d'aujourdhui, Merry,
c'est toi et moi sinon rien »
et Meredith enfant de poussière
deviendra dame terreur dame guerrière.
Électron libre fascinant quinze ans déjà dans les parures d'insolence bien trop grandes
Serah n'est plus une enfant et personne ne sait personne n'entend
elle écoule de l'herbe dans les soirées jeunesse dorée
(ne savent rien du reste des cachets des poudres des vraies mises sous les badinages adolescents)
et ils l'aiment bien cette gamine cette sorcière au charme envoûtant
les regards glacés l'andrinople sur les lèvres crient danger mais ils se voient rien, subjugués leurs mains qui s'accrochent aux drapés et elle
chaque fois
qui s'enfuit
jusqu'à luisix lettres soigneusement calligraphiées l'encre couleur sang ça gravite ça se suspens ça s'épelle bientôt sur les peaux blanches comme une évidence
D a e m o n(Merryfall — le présage était déjà funeste ;
tombe mais rit encore).
L'un la déchéance de l'autre le poison aux veines mais peu importe
peu importe quand il l'appelle au beau milieu de la nuit pour souffler
« j'ai besoin d'aide
pour
nettoyer »
et peu importe quand c'est lui quand c'est elle parce que les dettes sont sûres et précieuses
« j'ai besoin d'aide
pour
une livraison »
et qu'ils ne s'arrêtent plus à leur ivresse — l'un et l'autre complices
leurs âmes putrides et condamnées
Roi
et Reine
d'un Empire de démesure.
Et Père garde l’œil, Père voit tout — et il voit comme
sa fille aime, comme
sa fille rit, comme
sa fille vit,
depuis qu'à seize ans il semble l'aimer et qu'elle tremble sous ses baisers et
elle en a vingt, tout juste, à peine — et vingt ans c'est rien c'est encore les débuts les premiers émois à tâtons les grands projets les déraisons
mais c'est si grand et il le sait et ils le savent
alors Salvatore Daemon l'entrevue dans les allées des jardins Serah sur les talons dissimulée l'enfant curieuse qui sait qu'on parle d'elle
et
le sang
de son père — partout
sur les pavés et sur
la main
de Daemon,
qui parle de pouvoir et de royaume
qui parle d'héritage
qui dit régner.
Et Serah — Serah dans le silence, Serah qui tremble et disparaît,
fera
comme si le temps d'arranger la rupture et le départ
fera mine de ne rien savoir, d'acquiescer quand on lui parlera d'opposants, de voyous, de brigands, d'un autre clan,
elle lui fera l'amour une dernière fois
au matin déjà plus là — sur la table de nuit une note soignée
« c'est aux enfers qu'on se reverra,
ta bien-aimée,
Serah. »
Dans la misère refaire ses armes,
Meredith toujours dans son ombre redorer le blason congédier les contrefaçons,
Serah doucement redessine les contours de son royaume
amputé mais toujours plus grand — l'unique rivalité inquiétante en six lettres de sang
et pour lui rien que pour lui Serah devient Lucifer jure de condamner
elle s'esquisse dans les rues pour le retrouver — haine fiel rage elle connaît déjà tous les discours la mascarade chorégraphiée jusqu'à l'instant de presser la détente et
rien
ne
vient
elle tremble et la seconde en suspens suffit
le canon contre le coeur le coeur au bord des lèvres et les lèvres contre les siennes
baiser de Judaselle souffle qu'il aurait dû la tuer et il rit
« pourquoi l'aurai-je fait,
quand régner avec toi
ça filait bien plus droit ? »
et rien
plus
rien
qu'un acte manqué — incapable
de ne plus l'aimer.
Il est tôt ce matin-là — l'un des derniers
quand Meredith la réveille d'un souffle tremblant et qu'elles se précipitent ensemble dans le grand salon
l'écran de téléviseur repasse en boucle les images morbides capturées vingt minutes auparavant
le gros titre en lettres blanches sur bandeau rouge et elle apprend
plus sûre encore
comme on meurt comme personne comme on meurt comme rien
comme ils ne sont que trophées, antagonistes débarrassés
d'une San Francisco qu'ils prétendent désormais apaisée
elle aurait dû pleurer, elle aurait dû hurler ; elle aurait dû rire, elle aurait dû célébrer mais rien ne vient elle écoute ces autres déblatérer ces vérités qui n'existent pas dans un monde où son cœur bat
elle espère des mots qui trébuchent des mensonges qui se trahissent
tout qui se ressemble pas
à un monde dans lequel il n'est plus —
l'écran noir et les mains tremblent, à ses côtés Meredith rien qu'un souffle fébrile
« que comptes-tu faire maintenant ? »
le rire vacille et tout, dedans
s'embrase ;
les liens se déchirent les chaînes volent en éclats le tumulte infernal
turbulenceset s'il n'est plus là — le seul vertige qui tenait droit
la seule raison de ne pas la perdre
alors plus de diable alors plus d'emprise
plus d'incube pour la faire taire plus de Satan aux yeux terre de sienne pour la faire plier
(qu'il l'attende ; qu'il l'attende qu'ils se retrouvent
aux Enfers une dernière fois)
« dans les plus beaux apparats du deuil de Lucifer je ferai de cette ville une Pandémonium au coeur de tous les mortels. »
Je serai Reine
(sans toi)
D a e m o n,
Je reprendrai ce qui m'est dû,
je reprendrai mes droits.
Je serai (sans toi)
Je serai…
(je deviendrai)
une Reine
sans Roi.