1Tu habites à Arcadia Bay ou tu étais juste de passage ? Y habite depuis toujours.
2Tu faisais quoi avant la tempête ? Caissière dans un magasin de bricolage.
3Quels dégâts a-t-elle fait dans ta vie ? Suite à ses blessures, Trish souffre d'hallucinations diverses, le plus souvent auditives, mais parfois visuelles. Elle discute parfois avec son fils absent ou avec d'anciens camarades de l'armée. Cela n'arrive qu'en situation de stress extrême.
4Que faisais-tu lorsque la Tempête a frappé ? Trish était au volant de sa voiture pour aller kidnapper son fils.
5Tu quitterais tout pour retrouver ta vie d'avant ? [✓] OUI [ ] NON
6Exerces-tu un métier ou des activités particulières dans ce nouveau monde ? Pas pour le moment.
7Pourquoi n'as-tu pas rejoint une communauté de survivants ? Parce qu'elle se méfie.
8Que penses-tu des groupes qui s'organisent ? Elle les évite comme la peste pour le moment, mais elle arrive à la fin de ses capacités en terme de survie seule.
1994 ϟ Trish rencontre Charlie. Il est parfait : grand, fort, dans l'équipe de Water Polo (elle arrive à faire semblant qu'elle ne trouve pas ce sport complètement crétin). Il aime ses longs cheveux blonds (teints) et sa bouche en cœur. Ils sont faits l'un pour l'autre.
1996 ϟ Trish hésite entre deux robes pour le bal de promo : l'une est longue, élégante selon ses critères d'adolescente, et l'autre est plus courte, plus mignonne. Elle essaie de deviner ce qu'en penseraient ses copines. Elle prend la longue, essayant d'ignorer le fait qu'elle meurt d'envie d'essayer un smoking.
1999 ϟ Le mariage avec Charlie est comme toujours : parfait. Sa robe a tellement de jupons qu'elle doit s'entraîner des jours pour ne pas trébucher. Heureusement, la pression la fait perdre les quelques kilos en trop que lui a signalé sa belle-mère.
2003 ϟ Elle a vingt-cinq ans, elle n'a pas fait d'étude après le lycée, alors elle s'occupe de la maison achetée par la famille de Charlie, qui travaille dur, lui, pour subvenir à leurs besoins. Il est rarement là, mais elle comprend : il a besoin de prendre l'air.
2004 ϟ Anton naît. Il est parfait : c'est un garçon. Ils ont eu tellement de mal à avoir un enfant. Quand elle subit une ablation des ovaires à cause de kystes de mauvais augures, la famille le prend très mal. Pourquoi se sent-elle soulagée ? Elle a un problème, c'est sûr. Charlie passe une nuit sur deux à l'extérieur. Elle comprend : ce n'est pas facile avec Anton qui est un bébé agité. Si seulement elle savait comment s'y prendre.
2005 ϟ Charlie ne rentre plus depuis plusieurs jours. Elle n'a pas le droit de l'appeler sur portable quand il est en déplacement, mais cela commence à l'inquiéter. Mais c'est le répondeur qui s'enclenche immédiatement.
2006 ϟ Personne ne sait où est parti Charlie. Des rumeurs horribles courent en ville : Trish l'aurait tué, il se serait enfui avec une autre femme... On ne sait pas. On sait seulement que Trish a commencé à travailler comme caissière à l'épicerie du coin pour subvenir à leurs besoins. La belle-famille réclame également un loyer. Que faire ?
2007 ϟ C'est surprenant simple de s'enrôler dans l'armée. Heureusement qu'elle a toujours fait du sport, pour entretenir sa silhouette délicate. Mais elle commence à prendre peur : ça ne ressemble pas à Trish de prendre les armes. Mais qu'est-ce qui ressemble à Trish, à part ces filles superficielles dont on se moque dans les séries, mais qu'on met sur le devant de la scène le reste du temps ? Et pourtant on leur rabâche la tête qu'ils sont des héros, les militaires. Est-ce que ça vaut pour les filles ? Alors elle décide d'y croire. Pour Anton. Pour la liberté aussi.
2007 – 2010 ϟ Dans la province d'Orozgân il fait chaud et sec à Trish a horreur de ça. La première année a été la plus dure parce qu'elle n'arrivait pas à se positionner par rapport aux autres soldats. Que des hommes. Ou presque. Mais finalement, entre l'attente interminable, l'ennui, la pression, ils sont unis comme des frères américains. Elle s'adapte au final : jure, lance des propos homophobes et sexistes pour faire rire les autres. Et ça marche. Comme les autres elle se fait tatouer le sigle USMC sur le biceps. Comme les autres, lors du siège, elle tire sur ces enculeurs de chèvres. Elle en voit un qui s'écroule en un petit tas de chiffons après l'un de ses tirs. Mais elle est trop loin pour confirmer que c'est de son fait. Dommage. Comme c'est la seule fille de l'unité, on lui fait passer les certifications pour devenir medic. Doit-elle dire qu'elle ne veut pas, que la vue du sang lui retourne l'estomac ? Heureusement, aucun autre combat n'a lieu.
2011 ϟ On refuse de lui rendre son fils. La famille de Charlie s'est occupée d'Anton pendant sa mobilisation. On refuse de lui rendre son fils. On refuse de lui rendre son fils. Mais Trish est sa mère. Et une mère, ça s'occupe de son enfant. Qu'on lui rende son fils. C'est ce qu'il faut faire. C'est logique. C'est normal. C'est ce qu'on attend d'elle : qu'elle se batte, qu'elle crie, qu'elle pleure. Ou justement qu'elle ne pleure pas, qu'elle serre les poings, qu'elle reste digne. Elle ne sait pas. Alors elle attend.
2019 ϟ Ils ont repris la maison, en plus de garder son fils. Trish vit dans un studio minable, travaille dans un magasin de bricolage minable, avec ces clients minables qui la regardent à peine, ou demande à être servi par un homme quand elle propose ses services. Mais savent-ils qu'elle s'est battue pour eux ? Qu'elle y a laissé un morceau d'elle, son fils, sa vie ? Savent-ils seulement ? Alors elle boit souvent, elle casse parfois, des objets de son ancienne vie, et elle se ronge les ongles jusqu'au sang. Souvent elle échange avec Anton sur Snapchat, parce que l'application propose finalement une messagerie sécurisée. En secret, ils entretiennent une relation de mère à enfant à distance et c'est ce qui empêche Trish de craquer complètement.
La Tempête ϟ Elle a fini de nettoyer le Benelli au canon scié, plus pratique pour sa corpulence. Elle ne sait pas trop pourquoi elle tient à l'emmener. Peut-être parce qu'elle a peur que sa belle-famille l'empêche de le récupérer. Elle est finalement prête à tout. Son cœur bat à ses oreilles, c'est bien la preuve qu'elle fait ce qu'il faut, non ? Quand elle pose le fusil, bien au chaud dans sa mallette de protection, dans le coffre de sa vieille voiture, elle hésite, sous la pluie déjà torrentielle, puis envoie finalement un dernier message à Anton :
Maman vient te chercher.
Elle a quarante-deux ans et l'impression d'être passée à côté de sa vie quand un arbre s'écrase sur la route devant elle. Puis un second. Mais celui-ci se fracasse sur son pare-brise.
Elle n'aura pas dépassé les limites de la ville. Dommage pour Seattle où elle prévoyait de se rendre.
Elle a juste le temps de voir apparaître le prénom de son fils sur l'écran verrouillé de son smartphone avant de perdre connaissance.