Maléfique et Simplet entraînés par les démons de Minuit - Calico - Septembre 2020

Ils m'entraînent au bout de la nuit Les démons de minuit M'entraînent jusqu'à l'insomnie Les fantômes de l'ennui

Calico & Hawk

Maléfique et Simplet entraînés par les démons de Minuit - Calico - Septembre 2020 Giphy

Septembre 2020

Prendre les choses au pied de la lettre, passer des heures à réfléchir dans quel sens il fallait rapporter le pied de la lettre, ce n'était pas une chose aisé. La première fois que Liam avait mis le pied en salle de classe, lors de sa rentrée au lycée, il s'était fait aussitôt remarquer. En retard d'abord, à se perdre dans les couloirs, âme silencieuse happée par une suite de routes sinueuses, à serrer les dents lorsque la sonnerie s'était mise à sonner. Rentrer la tête dans les épaules, garder les mains au fond de ses poches ; pas très grand, le Liam, mais toujours la sensation de prendre trop de place. Se perdre parce que le plan de l'école, c'était un manuel Ikea monté à l'envers, parce que le stress lui nouait la gorge. Mais arriver au bon endroit, juste pas au bon moment. Essayer de rentrer discrètement, rencontrer le regard du professeur, l'entendre soupirer, et balancer « prenez une chaise ».

Et Liam, qui se dirigeait vers la place que le professeur lui désignait. Pour prendre la chaise.

Littéralement la chaise.

Et ça suffisait pour lui coller la réputation de crétin. Si Liam avait été dans Blanche-Neige et les Sept Nains, il aurait été Simplet ; d'ailleurs, c'était ainsi que sa professeure de littérature l'avait nommé. Simplet. Pas très vif, le gamin, pas très malin, toujours à la traîne. Dans sa tête. Dans l'action.

Toujours derrière, à regarder les ombres des autres s'étirer, s'élancer, grandir, grandir jusqu'à se faire engloutir. Le dernier élève à arriver au marathon, parce qu'il rêvasse, parce qu'il contemple, l'univers et ses milliers de couleurs. Parce qu'il s'occupe à suivre du bout des doigts les veines des feuilles, la bouche entrouverte, à respirer en même temps que la nature. Qui se gorge, gorge, l'engorge, jusqu'à ce que son esprit s'éparpille. Difficile de ramasser les morceaux, lorsqu'un rien ne le distrait.

Et le fossé entre les autres et lui s'enfonçaient. D'autant plus après la catastrophe ayant balayé son existence atone. Liam et son sentiment perpétuel d'inutilité, à fouiller, chercher, une raison d'exister. Pourquoi lui ? Plus Hawk réfléchit, repense, reconstruit, bout par petit bout, la scène, plus il se persuade que son père aurait pu rester en vie. Si seulement, il ne l'avait pas sauvé. Alors Liam redouble d'efforts, chez les Green. Serrer si fort la mâchoire qu'il sentait ses dents croquer, le métal grincer, dès que les douleurs au bassin se réveillaient. Faire comme si, sa nonchalance était de la paresse. Sourire — toujours — sans montrer les bagues collées à sa dentition, comme des carries — encore —, lorsqu'on lui reprochait son manque de débrouillardise. Murmurer « je suis désolé ». Et tout faire pour s'intégrer, suivre les lignes toutes dessinées sur les feuilles de papier, afin d'en épouser les formes.

Et les garçons de son âge, quoiqu'un peu plus jeune, un peu plus âgé, qui lui rappellent qu'il ne servait à rien. Liam ne sachant pas quoi répliquer, et entendre « peut-être que toi, Hawkweird, tu saurais retrouver la voix à Atlantide », et se persuader d'être en mission divine. Trouver l'univers perdu dans le silence des flots. Il pouvait y arriver ! Avec son oreille qui dit merde, sa vision d'aigle — le comble pour un faux-con.

Alors le voilà, Hawk, et ses vêtements tellement larges qu'un sac de patates avait plus d'allure que lui. Les cheveux bouclés et en bataille, un peu gras, la peau qui brille, et l'acné qui se pointe. L'obscurité envahissant l'Atlantide, navire cabossé, de goudron et de métal, avalé par les eaux abyssales. Et Liam, il tendait l'oreille, ratissant le silence, mais la voix n'était peut-être pas là, ou trop aiguë pour son tympan malmené. Il n'y pensait pas vraiment, il examinait Atlantide avec une curiosité juvénile ; il n'avait pas conscience du danger. Sa vision tremblotait, les débris flottant à la surface, la silhouette de ce-qui-avait-été, vaporeuse, l'entourait.

Une heure était passée, pas un son à l'horizon.
Deux heures finies, pas un chat dans la nuit.
Puis trois, puis quatre, puis cinq.

Liam finit par s'asseoir, il poussa un soupir. Il avala sa salive, il avait choisi un rebord, là il avait une vision d'ensemble de ce-qui-avait-été. Les mains posées derrière lui, il commençait à comprendre que l'on s'était moqué de lui. Une partie de lui refusait de se dire que son audition chutait, tandis que l'autre croyait que la voix n'existait simplement pas ; encore des bobards.

Mais par-ici, dans ce bordel ambiant, Hawk ne se sentait pas si mal. Chaque fois qu'il battait des paupières, il redécouvrait le monde, des détails allaient et venaient dans son oeil, une mer calme ridée par le remous des vagues. Alors Liam se perdait un peu en lui-même, les yeux fixés sur un immeuble en partie avaler par les abysses. Plus Liam l'examinait, plus il remarquait la pierre polie par l'eau, les crasses qui s'étendaient sur le flanc. Un bout de fenêtre cassé, une autre ouverte, il pouvait trouver un décor à l'intérieur. Un bout de papier peint, un morceau de cadre qu'il apercevait par là, cette fenêtre, c'était un bout du monde. Il pencha la tête, il remarquait le cou filiforme d'une statue de chat noir. Posé là, sans doute sur une table, sans yeux, sans bouche.

Hawk remua les doigts, la poussière s'étalait sur ses paumes mates. Son pantalon de jogging grisâtre n'avait pas fière allure, ses baskets blanches ne l'étaient plus, les lacets étaient mal faits. Son sweat noué autour de sa taille lui collait le dos, son t-shirt jaune était troué par endroit. Dans de décors, Liam ressemblait à n'importe quel ado paumé.

Et la statue de chat, au loin, semblait le fixer avec consternation. Liam était tellement perdu dans sa contemplation qu'il en oublia, le temps qui passe.

Le dépasse.
S'écoule.
Trépasse.

awful

Spoiler:

Où est Hawk ? La question à 100 dollars. Il était attendu, il n'est pas venu. On a prévenu Calico. Elle aussi a attendu, les bras croisés, cinq minutes, prête à lui faire peur et lui coller un temps double à vélo pour lui apprendre à être en retard. Encore. Cinq minutes avant que son instinct ne lui signale que quelque chose ne va pas.

Une recherche sommaire, elle tombe sur le groupe d'adolescents ricaneurs qui commencent à s'inquiéter (mais toujours en riant) du fait que ça fait plusieurs heures qu'on a pas revu Hawkeird. Peut-être qu'il a cru entendre la voix de l'Atlantide et qu'il l'a suivie ?

Au moins elle trouvé des remplaçants pour la corvée électricité. Seul aspect positif de cette soirée qui s'annonce merdique. Fulminant, Cali s'est équipée d'un talkie-walkie et d'une lampe torche. Direction l'Atlantide. Seule. Parce qu'il vaut mieux laisser Cali seule quand on la voit avec les sourcils aussi froncés et la mâchoire serrée.

Et si elle ne ramène pas Hawk d'ici trente minutes, on s'occupera de les chercher tous les deux, elle s'en est assuré.

Comme pour la plupart des Greens, l'endroit ne lui a jamais inspiré confiance. Il y a quelque chose avec ces eaux de profondément inquiétant. La manière qu'elles ont repris le dessus sur la ville n'a rien de rassurant comme la verdure. Atlantide, c'est de la destruction pure. La nature dans toute sa fureur et sa pourriture. L'autre face de leur dieu.

« Hawk ! »

Elle l'appelle à plusieurs reprises en s'avançant la vase. Grimpant sur des débris, elle tente de prendre un peu de hauteur pour l'apercevoir. Faites qu'il ne soit pas trop loin. Elle n'a vraiment pas envie de s'aventurer plus qu'il ne le faut. Éclairée par la lampe torche, elle examine les débris, l'eau, ses profondeurs.

Il est con mais pitié il s'est quand même pas noyé ?!

« Hawk ! »

Elle aperçoit une silhouette sur les débris. La lumière pointée directement sur elle, elle espère, vraiment, que ce soit lui.

« Il est temps de rentrer à la maison Hawk ! »

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Quelle idée pour un sourd d'attendre d'entendre. Liam ne s'en apercevait pas encore, la pause allait durer jusqu'à ce qu'on le retrouve, ou que quelque chose arrive. Peut-être qu'au fond, c'était ce qu'il souhaitait : qu'un truc arrive, et l'emporte. Donner un peu de chair à la mélodie dont ils parlaient, observer le corps enseveli sous l'abîme, si elle venait de là. Fixer la statue de chat, et avoir la sensation qu'au loin, celle-ci ferme les yeux en réponse. Liam se releva alors, rester inactif n'aidait pas à la raideur dans ses muscles. Il examinait le chat, dans cet immeuble, encore, toujours. Il aimait bien les chats noirs.

Liam était emporté dans ses rêveries, laissant Hawk enraciné avec les Green. Il déambulait près du précipice, examinant les carcasses enlacées par les eaux, les bouts d'immeubles, comme si une portion de ville était apparue depuis les profondeurs. Habituellement, Liam ne s'interrogeait pas sur les évènements étranges se déroulant à Arcadia Bay, fataliste, il songeait qu'ils finiraient tous par...

Crever.
Pas aujourd'hui, peut-être demain.
Écrasé.
Emporté.
Cloué sous une charpente.

Liam plissa le regard sur ses chaussures, l'un de ses lacets était défait. Seul, le garçon n'a pas à sourire, il n'a pas à porter le masque du gentil niais. Il peut laisser retomber les deux coins de sa bouche, il peut laisser ses traits se reposer. Peut-être aime-t-il cet endroit au fond, parce qu'aucun Green ne s'aventure ici. Peut-être qu'il a compris depuis un moment qu'on s'est moqué de lui, et qu'il craint de les retrouver.

Adultes, comme adolescents.
Enfants, comme vieux.
Harceleurs et harcelés.
Ennemis et amis.

[wk.]

[awk.]

Les sons bourdonnent dans ses oreilles, ils sont décousus et chaotiques. Les plus aigus se perdent en cours de route, et les survivants finissent par agoniser. Liam était dans un équilibre précaire, un pas après l'autre, il perçoit des bouts de phrases.

Rentrer. À la maison.
La maison. Quelle maison, au juste ?
Le jeune homme contracta la mâchoire, et spontanément, il commence :

« Mais j'ai pas envie... »

Et lorsqu'il se retourna enfin, il reconnait l'expression furieuse du chat. Elle est prête à griffer et mordre, alors aussitôt Liam jucha son masque sur sa face. Un sourire plastifié qu'il se colle, sans montrer ses dents affreuses. Il se reprend vite :

« MADAME BLACKWOOD. »

Un peu trop fort.

Quand il se retourne, Hawk sourit plus à la lampe torche qu'à Calico, parce que c'est son faisceau lumineux qu'il voit le premier. Il cligna des yeux, ébloui, il eut un mouvement de recul. Sa vision précise se dilue, brusquement, dans des taches de couleurs qui se mélangent aux décors. Le chat a peut-être bel et bien cligné des yeux. Liam, lui, il sent son sens le plus affûté se faire amputer. Le visage sévère de Calico se retrouva sous un tas de lumière, mèche noire sur une peau rouge, yeux verts sur fond glauque. L'inquiétude derrière les muscles de sa figure ; Liam capte par flash la colère. Alors il recule, et il recule, cherchant ses points de repère, jusqu'à ce que sa basket couine contre le rebord, et le pousse vers les abîmes.

awful

Spoiler:

Maléfique et simplet

Thank God, c'est bien Hawk éclairé au centre des rochers. Hawk au milieu de nulle part dans la très sécuritaire Atlantide, mais sain et sauf.

Du moins, pour l'instant.
On sait ce qui se passe quand on crie victoire trop vite.
Et Cali en est coupable.

En le voyant, elle croyait régler l'affaire en cinq minutes : ramener le pauvre adolescent sur le sol ferme, lui faire un sermon qu'elle et lui connaissent par cœur, l'abandonner sur un vélo, et reprendre sa routine tranquille au milieu des Greens – loin de l'eau.

Le plan était parfait.
Mais trop simple.

Alors s'étonne-t-elle vraiment quand elle assiste à la chute d'Hawk ? Non, c'est d'Hawk que l'on parle. Mais ça n'empêche pas son cœur de chuter d'un quinzième étage en le voyant glisser.

« HAWK ! »

Pourquoi cela devait-il arriver ? Pourquoi toujours Hawk ? Le sort s'acharne sur lui avec toute la cruauté possible. Cali le jure, Marshall devrait le surveiller de plus près d'où il est là. Le pauvre garçon est en criant besoin d'un ange gardien. Ou s'il ne peut pas intervenir directement en sa faveur, qu'il dote au moins Calico de l'agilité nécessaire pour se déplacer sur les roches sans glisser elle aussi. Pas après pas, jamais assez rapide à son goût, elle se rapproche du lieu de la chute. Toujours éclairée par la lampe torche, elle prie pour ne pas faire une découverte morbide dans l'eau.

Elle tend l'oreille, attentive à un souffle, un cri, n'importe quoi pour lui indiquer qu'il est, toujours, pitié, en vie et conscient.

HawkSeptembreAtlantide

VAC

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Calico & Hawk

Hawk avait fait un magnifique « Plouf ».

Plouf dans l'eau froide de l'Atlantide, plouf dans les bras glacés de ce lieu obscur. Plouf dans sa tête, dans son nez. Plouf quand son dos rencontra la surface rugueuse du fond. Il grinça des dents, il but la tasse. Il ferma les yeux, il les ouvrit, contemplant l'univers enseveli sous l'eau. Puis il sortit la tête, ses boucles brunes se plaquèrent contre son visage et sa nuque, il renifla ; l'eau dégoulinait par ses narines, et il en cracha une partie. Il avait pied. Lui, son coeur n'avait pas fait une chute de quinze étages, mais il s'était péniblement serré dans sa poitrine.

Liam regarde Madame Blackwood, toujours armée de sa lampe torche. Dans son visage de marbre, il croit dénoter de l'inquiétude. Et cela, lui tire un rire amer dans sa tête. Le garçon se contente d'un sourire silencieux et désolé, avant de rejoindre la rive. Là, il se tira péniblement, avec le peu de force qu'il avait dans les bras. Il se laissa tomber en tailleur, les mains derrière lui en reprenant de profondes inspirations.

Hawkweird se frotta les yeux, il s'ébroua, puis il envoya un autre regard désolé à Cali. Il lui demanda alors :

« Madame Blackwood... vous allez bien ? »

Parce que Cali, elle prend toujours sur elle. Un poids peut-être trop lourd pour ses épaules musclées.

Parce que Liam ne s'inquiète pas de lui-même. Le poids qu'il porte, c'est la forme de son sourire sur sa figure juvénile.

Parce que Cali est une mère avant d'être un dragon, et lui, un enfant sans figure maternelle.

Alors Hawk, il démontre sa douceur et son inquiétude à la police. Quand la peur s'estompe dans l'air, quand l'oeil du chat au fond de l'immeuble attire son regard, Liam se demanda soudain ce qu'elle faisait là. Il se passa la main sur le visage, puis il raccrocha son attention sur la femme du révérend. Il fronça les sourcils, puis il la dévisagea, sans gêne. Les pensées se renouaient les unes aux autres, jusqu'à ce que Hawk se souvienne brusquement qu'il avait oublié de faire quelque chose.

Son t-shirt jaune plaqué sur ses épaules, dégoulinant d'eau, et la tête rentrée dans les épaules, Hawk risqua vers le dragon-chat :

« Vous... j'ai encore... fait une bêtise ? »

Avec l'innocence d'un enfant.

Parce que son cerveau nie les choses douloureuses, qu'il n'aime pas faire. Parce que si Cali était là, avant tout, c'était parce qu'il avait encore dû faire quelque chose de déplaisant. Il a conscience aussi qu'il a peu d'excuses à lui présenter, s'il devait expliquer la raison de son absence. La naïveté, et l'incapacité à reconnaître le sarcasme.

« Quelque chose ne va pas... ? »

Liam se raidissait déjà, prêt à encaisser les remarques acerbes, les soupirs. Ou même à se faire taper. Réflexe qu'il ne peut pas ravaler. Même s'il sait que ce n'était pas le genre de Cali.

awful

Spoiler:

Maléfique et simplet

Et qui émerge de l'eau, seul, sans blessure ni difficulté ?
Hawk, toujours Hawk.

Le cœur de Cali continue à battre à un rythme effréné. Elle pourrait voir son fantôme ça ne changerait rien : le doute demeure, est-il vraiment tiré d'affaire, est-ce vraiment lui, est-ce qu'il va bien, est-ce qu'il va s'en sortir-

Elle le regarde, impuissante, s'asseoir sur la rive. Et elle qui s'est presque foulé une cheville pour arriver jusqu'ici. Il la regarde. Elle le fixe. Et il ose lui demande si elle va bien.

Tout devient noir dans sa tête. Il manque se noyer et il ose lui demande si elle va bien. Elle sort seule du campement pour partir à sa recherche et il ose lui demander si elle va bien. Elle s'approche des eaux effrayantes de l'Atlantide et il se demande si elle peut véritablement bien aller.

Un souffle fébrile s'échappe de sa bouche. Main contre son front, elle ferme les yeux une seconde. Elle sent son être entier trembler. L'adrénaline qui la lâche tout à coup. Et la fureur qui monte.

Et l'autre qui lui demande s'il a fait une bêtise.
Cette fois elle ne tient plus.

« Une bêtise ?! Liam MacKenzy, penses-tu avoir fait qu'une seule bêtise ? »

Excédée, c'est le mot pour la décrire. Elle n'en peut plus des gaffes de Hawk et de ses fausses bonnes idées. Elle ne supporte plus qu'il soit aussi influençable et qu'il mette sa vie en danger pour des raisons aussi futiles. Et ça doit sortir.

« Réalises-tu un peu ce que tu viens de faire ? Sortir, seul, quand les ombres se mettent à attaquer les gens, quand on fait tout notre possible pour vous garder en sécurité et qu'on vous demande de ne respecter QU'UNE seule petite consigne et que tu l'oublies – réalises-tu ce que tu as fait ? Penses-tu vraiment que ce n'est QU'UNE bêtise ?! »

Elle laisse planer une seconde de silence pour que les mots rentrent bien dans sa petite tête. Le foudroie de son regard. Elle n'a pas terminé.

« Hawk tu viens de te mettre en danger et potentiellement moi ou n'importe quel autre policier qui serait parti à ta recherche ! C'est ça que tu as fait ! »

Elle soupire, encore en colère.
Il a de la chance que rien ne soit arrivé.
Il a de la chance qu'elle ne lui en dise pas plus que ça.

Marshall, protégez ce garçon, il en a besoin.

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VAC

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Ce Liam MacKenzy qui tombe.

Hawk rentra la tête dans les épaules, prêt à se faire frapper ; il anticipe, ferme les yeux, un geste qui ne vient pas. À la place, ce sont les mots qui se fracassèrent dans l'air. Calico commence son monologue, et Liam se détend progressivement ; il songe que ce n'est « que » ça. Il tourna la tête de trois quarts, lui présentant son oreille valide, sans oser l'interrompre. Une partie du discours se fond dans l'air, se perd, et Hawk encaisse. Il clignait parfois des yeux, il se pinça la lèvre inférieure. Des frissons courent dans ses épaules, le froid suspend le temps, aux paroles de Cali et à la colère qu'il ressent. Pour autant, jamais ne Calico ne va plus loin que la remontrance. Hawk se demande bien ce qu'elle pense au fond ; il attend l'injonction, les insultes, mais Calico si ça lui traverse l'esprit — croit-il — ne les utilise pas.

Quand elle termine, ses paroles assassines enveloppent Liam. Le garçon se racle la gorge, il panique un peu, il ne savait pas quoi dire. Au bout d'un moment, sa voix faiblarde commence par :

« Désolé... Madame Blackwood. »

Hawk se racla la gorge, il se redressa péniblement. Il plissa le front, il fit grincer les bagues les unes contre les autres. Une seconde, il se tient le bassin, avant de faire comme si de rien n'était, et d'essuyer les mains sur son jeans. Il jeta un coup d'oeil à la statuette de chat, enfermée dans l'un des immeubles. Cela ne fait que l'intriguer encore et toujours, un instant, il en oublierait Calico. Hawk ramena les bras le long du corps, et il fixa ses pieds.

« Je... je... ne voulais pas vous... mettre en danger, Madame Blackwood... je... on m'a juste... dit... d'aller chercher... vous savez... la voix ? Et... mh... laissez tomber. »

Sa voix d'abord hésitante fit preuve soudain de fermeté, ce « laissez tomber », qui veut mettre fin à la conversation, ne donne pas l'occasion de présenter ce qu'il a sur le coeur. Hawk haussa les épaules, il soupira. Il songeait seulement qu'être seul, à Atlantide, c'était encore ce qu'il y avait de mieux. Il n'avait pas vu le temps passer.

« Enfin... je ferais attention, la proch... je ferais plus attention, se reprit Hawk en se crispant. Et... je... je suis adulte... Madame Blackwood, ce... ce n'était pas la peine... de vous... vous en faire autant... »

Hawk ouvre la bouche, et ravale, ce qu'il pense. À la place, il laisse juste un soupir, alors qu'il songe : vous êtes bien la seule à être venue me chercher, à quoi ça servait, franchement ? Il croisa un bras sur sa poitrine, et serre son épaule. Il termina juste :

« Mais c'est gentil, je suppose. »

Hawk tourna la tête, encore, vers Atlantide, il pensa qu'il voyait-là, une énorme bouche prête à engloutir des bouts entiers de la ville. Il se demanda combien de personnes étaient mortes, par ici.

awful

Spoiler:

Maléfique et simplet

À cet instant, Cali ressent une once de fierté, bien cachée là derrière son cœur battant et la colère qui lui brouille l'esprit. C'est qu'au milieu de cette brume, elle est restée calme et s'est expliquée pour que Hawk comprenne en quoi il a merdé monumentalement. Alors elle attend le fameux Oui Mme Blackwood, ça n'arrivera plus jamais sur un ton de défaite. Et elle l'a presque tandis qu'il s'excuse. Mais il fait l'erreur de se perdre en justifications qu'elle ne veut pas entendre.
Puis de lui dire de laisser tomber.
Haut. Fort. Non pas murmuré avec l'impertinence des adolescents,
mais adressé avec toute l'arrogance du monde.

Elle se glace aussitôt. Fureur froide, mais surprise, aussi, de la désobéissance de celui qu'elle a souvent comme un faible, un mou.
A-t-il au moins répondu de cette manière à ses harceleurs ?
Oh, Marshall, qu'est-ce qu'elle doit faire avec un cas comme celui-là ?

(Il faut la comprendre aussi, Cali,
elle n'a plus l'habitude
de se faire piler dessus)

Et pour mieux aggraver son cas, il continue à parler alors qu'il aurait mieux fait de se taire. Et il les prononce, ces mots qu'elle redoutait tant chez sa fille – dans quelques années qui ne pourront pas venir.
Je suis un adulte.

« Alors agis comme un adulte ! »

Les mots aussi tranchant que l'acier. Elle les crache avec mépris. Le couvercle a sauté – aucun retour possible. Elle s'avance, menaçante, et le toise de toute sa hauteur.

« Tu crois que ça m'amuse de m'inquiéter pour toi ?! Tu n'es pas le seul que je dois surveiller Hawk, j'ai dix milles responsabilités qui tombent sur mes épaules. Mais parce que tu es encore aussi naïf qu'un enfant, c'est toi que je dois surveiller, toi que je dois toujours tenir ailleurs parce que tu arrives en retard ou pire tu es là à contempler les étoiles Dieu sait où – incapable de prendre tes responsabilités au sérieux, incapable de réfléchir deux secondes avant de mettre ton nez dans le pétrin, incapable, voilà ce que tu es ! »

L'explosion se termine sur un soupir. Ses épaules s'affaissent, et elle lui tourne dos pour porter la main à sa tête. Une migraine s'en vient. Super. Et tous ses muscles sont encore contractés.
Oh, Marshall, pourquoi l'a-tu abandonné ?

HawkSeptembreAtlantide

VAC

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Calico & Hawk

Hawk pensait avoir désamorcé la situation ; il était face à une panthère, aussi élégante qu'elle était puissante, aussi féroce qu'elle était douce — parfois. Il imaginait sans mal Calico cracher du feu, véritable dragon de colère et d'autorité. Lorsqu'elle éclata, il serra les dents et les poings, il encaissa dans un silence de plomb. Ses yeux se plissèrent sur elle, perçants, mais Hawk ne dit rien. Il s'enferma dans son mutisme, il se mordit l'intérieur des joues, et il continua.

[Incapable]
[Incapable.]

Sa gorge se noua, Liam baissa le regard sur le côté, puis il le releva sur les bâtiments. Il songea que c'était comme si un éclair avait foudroyé Atlantide, comme si le sol s'était ouvert pour engloutir la ville dans ses bras. Puis, il raccrocha son attention sur Madame Blackwood, et il se contenta d'un :

« Je sais. »

Sans émotion, glacial.

[Incapable.]
[Incapable.]
[Pourquoi moi ? Pourquoi pas toi ?]
[Tu aurais été plus utile.]
~~[Je ferais mieux de disparaître.]~~

Et aucune émotion ne filtra dans ses yeux bruns, rien, Liam était très bon lorsqu'il fallait dissimuler l'amertume. Celle qui comprime le coeur, lui serre les entrailles, lui dit qu'il n’était rien de plus qu'un idiot, et qu'il ne méritait pas d'être en vie. Hawk fait comme d'habitude alors, avec une forme de lassitude dans les épaules ; il sourit.

« Désolé, Madame Blackwood. »

Autant lui donner le peu qu'il possédait ; les excuses. Liam n'est beau qu'à ça, et sourire, sans montrer les dents. Il ne se confiera pas plus. Il ne sait pas quoi faire, s'il a le droit de se détourner pour « rentrer », s'il doit attendre d'autres remontrances. Il essaye de discerner les émotions de Cali, du coin de l'oeil, mais de son côté, c'est comme si son visage était un puzzle. Les pièces sont mélangées, impossibles à reconstituer ce qu'elle peut ressentir.

[Incapable.]

Liam aurait dû mourir, son père l'a sauvé, mais pour quoi faire, hein ?

Si Calico savait pour son bassin en miette, qu'est-ce qu'elle dirait ? Si elle savait pour son oreille, comment réagirait-elle ? Est-ce qu'elle lui ferait se rendre compte, davantage, à quel point il était inutile ? Hawk ramène un bras contre lui, enroule ses doigts autour de son bras. Il attend, parce qu'il ne sait rien faire d'autre que de recevoir, les remarques, les coups, les ordres. Il a envie de poser des questions à Cali, lui demander si son mari lui manque, si elle n'est pas plus heureuse maintenant, ou si c'est lui qui se fait des idées.

Elle aimerait qu'elle lui parle de son père, mais il ne veut rien entendre sur lui.

Paradoxalement.

Hawk haussa les épaules, éloignent les mots qui viennent, les mots qu'il garde, ceux qu'il ne prononce pas. Tout ce qu'il ne dira jamais. Parce que le silence est plus réconfortant. Et ça ronge.

« On peut y aller, si vous voulez. »

En souriant, toujours.

awful

Spoiler:

Maléfique et simplet

Deux syllabes toutes petites parviennent à ses oreilles fumantes. Je sais. Mots plats de celui qui s'est fait casser. La défaite absolue reconnue. Mais contrairement à celle qu'elle était il y a plus de quinze ans, Cali n'en éprouve aucune satisfaction. Tout au plus cela semble creuser le trou dans sa poitrine qu'elle n'avait jamais remarqué jusque-là.

Elle devrait s'excuser.
C'est ce qu'ils font, les adultes bons et équilibrés.
Ils s'excusent lorsqu'ils réalisent qu'ils sont allés trop loin.

Mais Cali, elle est trop fière. C'est une humiliation qu'elle ne peut supporter, encore moins imaginer. Alors elle ravale la honte, l'enterre avec une bonne couche de Hawk. Elle finit par se convaincre que cela lui servira d'une bonne leçon : dans le monde réel tout est dur et il faut apprendre à respecter ses devoirs et responsabilités. On ne peut pas passer toute sa vie à rêver.

(Même si, elle l'avoue, c'est un temps particulièrement confus)

Pour la première fois depuis qu'elle a mis les pieds ici, elle remarque la statue de chat au loin qui semble la fixer, la juger. Elle réprime un frisson avant de se retourner vers l'autre.

« Oui, on rentre. »

La voix est basse, sombre, comme épuisée de s'être emportée plus tôt. Les résidus de pluie après la tempête. Elle inspire, redresse son dos et sa tête. Calico est de retour. Avec sa lampe torche, elle éclaire le chemin au pied d'Hawk.

« Passe devant. »

Elle préfère garder un œil sur lui et ne pas le perdre une deuxième fois.
Ce serait assez tragique comme ça.
Et elle n'a pas besoin de plus d'émotions fortes ce soir.

HawkSeptembreAtlantide

VAC

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Calico & Hawk

[Incapable.]

[Incapable.]

Hawk n'attendait rien, en vérité, il n'avait plus l'énergie pour avoir la foi. De façon générale, l'adolescent n'attendait rien des autres, ni de Dieu, ni de l'avenir. La seule personne lui ayant donné la force de continuer, c'était son père. Et son père n'était plus. Depuis un moment. Un an, bientôt. Liam ne dit rien de plus, il passa devant Cali, les mains dans les poches, avec une nonchalance crissante. Il ne savait pas si elle lui parlait, mais dans tous les cas, il laissait des « hum » absents s'échapper, montrant au cas où qu'il écoutait.

Ses yeux se tournaient vers le rivage, vers les ravages de la ville engloutie. Atlantide, c'était un drôle d'endroit, songea Liam. Et pourtant, il s'y sentait plus à l'aise que chez les Green. Hawk avait soudain envie de demander à Cali, si elle croyait en Dieu. Malgré son statut, malgré qu'elle fut la femme du révérend. Néanmoins, c'était pour cette raison — seule — que le jeune homme se retint de lui poser la question. Il théorisait ce qu'elle ressentait, songeant qu'elle prendrait mal la question.

Alors comme d'habitude, Liam garda tout pour lui.

À quoi bon, parler ? À quoi bon expliquer ce qu'il ressentait ? Qu'il préférait être dans ce bout de ville, avalé, englouti par les eaux, plutôt qu'avec les autres ? Comment expliquer que ça devenait de plus en plus difficile de se lever ? Parce que son dos le tiraillait, et que conserver son masque devenait délicat ? Liam contracta la mâchoire, il passa la langue sur ses bagues, avant de jeter un regard à Madame Blackwood.

Mais de nouveau, Hawk garda le silence.

[Incapable.]

[Incapable.]

[Inutile —Utile —Inutile —Nul.]

Une fois que Hawk retourna aux abords de Babylone, il accueillit les remarques, les moqueries. En souriant, sans broncher.

awful

Spoiler: