Armer le bras de la justice Ft. Cursed (X/12/2020) [terminé]

Le volcan se faisait capricieux, une fragrance étrange et intrigante fuyait par les fines diaclases qui arpentaient ses roches immobiles. Une odeur de danger, de menace, de souffre en réalité. Mais le divin forgeron savait pertinemment qu'aucun des petits humains qui l'entourait ne saurait reconnaître cette senteur si indélicate, sinon pour penser qu'il s'agissait d'un cadavre de vertébré pourrissant dans un coin sombre. De toute manière, Viktor n'était pas de ceux qui complotent avec malveillance en silence, et si le Dieu voulut qu'une âme perdue découvre qu'il avait passée plusieurs fragments de nuits à manufacturer une réserve de munitions que l'on jurerait d'usine, alors il la tairait par la menace ou les poings. Le colosse avait déjà dépassé les notions de bien et de mal sans même avoir pris le temps d'y penser, et n'agissait en somme que pour son compte indépendamment de l'impact de ses choix sur les autres ou sur son environnement. L'odeur pesante au sein même de l'atelier était autrement plus insoutenable cependant, composée d'un mélange lourd de sueur, rouille et cendres. Ses gants commençaient à lui peser, ses doigts se faisaient tremblants. Curieux était l'art du l'artificier, l'efficacité de son travail n'étant jamais vue de ses propres yeux. Silverfish se devait cependant d'endosser temporairement le triste rôle, et avait laissé traîner depuis deux bonnes semaines deux caisses en bois cadenassées six fois à ses pieds. Les multiples chaînes étaient presque aussi décourageantes pour un quelconque curieux, qu'intrigantes pour une âme alerte qui saurait pertinemment que si Viktor prenait le temps de sceller ainsi ses miracles de métal, alors peut-être il fallait les détruire avant même de comprendre leur nature.

Mais cela n'allait pas se faire sous sa vigilance, et son œil fatigué cherchait passivement la première trace d'intrusion pour faire découvrir à l'amas de muscles une force nouvelle, une volonté belliqueuse. L'intrus cependant, allait se faire atteindre, et son butin possible fuyait en brisant le silence de la nuit, tracté par un diable aux roues grinçantes, comme si les petites roulettes préférait singer le rire du titan avant de devoir l'entendre. Le rendez-vous avait été fixé, et le démiurge n'allait certainement pas se présenter en retard. De manière assez détestable cependant, il n'allait pas non plus arriver en avance, aimait peut-être trop se faire attendre par ceux qui ont du temps à perdre, prétendant n'en trouver aucun lui-même pour les toiser d'un regard lassé.

Malgré tout, il était le premier arrivé, ou c'était du moins ce que sa demi-vision lui apprenait. À moins que le chevalier ne se terre dans un fourré comme une fouine pour se sentir vivant et discret, il allait subir un verbe sec et méprisant, peut-être même une mandale férale et pédagogique si le ton montait. Incertain de s'il était seul ou à découvert, il grognait, comme à son habitude.

"Je n'ai pas ton temps, le rongeur. Sors ton cul de ta cachette, et parlons affaires"

Parler affaire avec Silverfish, c'était en réalité entendre ses conditions et faire face à un mur froid si l'on tentait de marchander ou négocier. Ceux qui allaient au delà des apparences cependant, pouvaient reconnaître un marché honnête quand il énumérait ses divers prix. Enfin, c'était certes seulement vrai pour ceux que le titan des monts n'avait pas pris en grippe. Ceux-là, auraient mieux fait de devenir forgerons eux-mêmes, plutôt que de prier le ciel pour voir le volcan devenir par quelque miracle plus aimable en affaires.

Mon quarante-cinquième texte sur ce fofo :

Codage par Libella sur Graphiorum je laisse la pub parce que c'est des gentils gens.

Le surnom ne lui plaisait guère, mais il était encore assez mature pour savoir le tolérer sans hurler à en faire frémir les forêts. Il n'aimait certes pas les petites souris des ombres, lui était un être de lumière et là alors se trouvait sa place. Mais ces jeunes âmes des ténèbres n'étaient pas mauvaises par essence, juste trop mauvaises de nature, ou peut-être inconsciente de leur capacité à se baigner de gloire. Pour Silverfish, Cursed pouvait bien tomber dans la deuxième catégorie, c'était déjà un véritable honneur et exploit en réalité. L'homme remontait d'autant plus dans son estime en se tenant prêt à entendre ses conditions.

"Deux caisses offertes en gage de ma bonne foi tout d'abord. Calibre 9 millimètres, douille en aluminium pour alléger le corps en cas de transport, poudre noire selon une recette d'alchimiste du XIXè, peut-être moins fiable que la qualité standard militaire et plus prompt à surchauffer le canon, tu devras faire avec. Tête en plomb, tirera moins loin que le cuivre mais c'était un des seuls matériaux disponibles en quantité satisfaisante dans ma forge, ce sera cependant une horreur à déloger si l'impact est franc tant la poudre chauffera le projectile. C'est le mieux que je puisse fournir à rythme industriel et avec mes réserves actuelles, une caisse pour 10 kilogrammes de fer, cuivre ou aluminium, moins pour de l'acier selon la qualité et la composition."

Il aurait pu s'arrêter là, et c'est ce qu'il aurait en temps normal fait avec plaisir, hermétique à tout baratin de marchand de tapis. Cependant, il haïssait au moins les pirates encore plus que les mécréants, notamment parce que les deux groupes se rejoignaient souvent, aussi il comptait fermement soutenir à sa manière et en accord avec ses compétences le projet macabre. Il n'était pas un bellatores, et se ferait bien vite faucher sur un champ de bataille tant il en dépasserait, mais se savait aussi capable que cents ouvriers quand il s'agirait de nourrir les gueules avides des canons fumants.

"Je veux également un rapport. Défauts des munitions, accidents survenus lors du tir, autres détails pertinents. Je m'assurerai de "rectifier le tir" sans faute avant qu'il ne trouve une cible, je le jure ici sur mon honneur. Si tu veux des métaux plus nobles, il faudra les fournir en plus du prix habituel, comprends bien que mes ressources sont très limitées. Je ne tricherai pas et ne volerai rien, j'attends que tu fasses de même par ailleurs."

Depuis bien longtemps en réalité, le titan se sentait seul. Regarder le monde depuis un trône glorieux était une fin en soi quand on convoitait la grandeur depuis la bassesse, mais Viktor qui avait tiré le siège à lui se sentait bien isolé sur son perchoir de gloire. Alors, il se faisait bon, et tendait la main vers les rampants qui grouillaient à ses pieds. Se faire un cercle fermé d'amis fiables, et les hisser à sa hauteur pour pouvoir leur serrer la main, là était peut-être le miracle le plus prodigieux qu'il pouvait fournir à ce monde avant d'en disparaître.

"Je te propose aussi de trouver des alliés. Des petits vents fuyants par les remparts du château m'ont soufflé que nous menons la même guerre en tant qu'alliés il me semble, mais je ne suis pas soldat ni général. Il y cependant, dans les petites gens qui fourmillent en cette ville, des hommes d'argile malléables, et on peut leur faire tenir une arme sans effort je te l'assure. Je suis même certain que votre forteresse en cache quelques uns, venez donc me rendre visite à l'église le dimanche venu, courageuse troupe, vous me parlerez alors de stratégie."

Il avait pris le temps d'adoucir quelque peu l'acide de sa parole pour tendre l'offre timidement. Il l'avait dit, Silverfish pensait se tenir face à un allié, il lui restait cependant un petit effort à fournir pour sceller le pacte. Ne plus se tenir face à face, mais assis côte à côte sur un banc de prière.

Mon quarante-sixième texte sur ce fofo :

Codage par Libella sur Graphiorum je laisse la pub parce que c'est des gentils gens.

Enfin, quelqu'un parvenait à lui répondre à l'affirmative sans hésitation ou timidité maladive. Quel bonheur jaillissait en son âme! Des réponses courtes, efficaces, manifestation sonore de la rapidité d'esprit en réalité. Pour ce qui était de la liste, la montagne avait milles appétits insatiables, milles besoins différenciés et hétéroclites, mais tant de ceux-là se démarquaient par des nuances incompréhensible pour l'œil commun. Il lui fallait résumer, réduire et compacter ses envies folles, aucun sinon lui-même ne pouvait comprendre la complexité cachée de la gueule avide d'un fourneau.

"Je n'ai pas de quantité à mesurer, cela dépend seulement de vos besoins. Pour ce qui est des métaux, le meilleur en terme de balistique serait du cuivre et du laiton, éventuellement du zinc s'il faut que je fasse le laiton moi-même." Contrairement à ce que pouvait laisser supposer son ton monotone et désintéressé, presque flemmard, l'esprit créatif de Viktor se faisait effervescent. Lui qui avait prétendu vouloir préparer des plans à l'avenir se projetait seul en réalité, mais tout ses calculs étaient encore trop complexes pour être partagés. Le résultat cependant suffisait probablement pour satisfaire ceux qui savent que tout superviser n'est pas leur rôle. "Il me faudra impérativement du magnésium si le but est de constituer une réserve. Très efficace contre la rouille, allège les alliages sans trop faire perdre de rigidité. Surtout pas d'acier, sinon comme monnaie d'échange."

Il essuyait le refus, paraissait le laisser couler comme rivière à flanc de montagne sans broncher, mais le subissait en réalité. S'il n'était pas venu pour construire un complot qui lui plaisait particulièrement et personnellement, il aurait déjà tourné les talons et repris ses présents pour les fondre en maudissant l'infidèle de lui avoir fait perdre du temps. L'envie de soutenir l'extermination méthodique des pirates surpassait cependant le mépris puissant qui remontait le long de sa gorge. Avant de devenir caustique, il inspirait profondément la bouche ouverte, en se remémorant qu'il ne parlait pas à encore un autre de ces risibles êtres plats qui l'entouraient. Il se retenait même de formuler le commentaire vindicateur qui lui venait à l'esprit pour ne pas se faire plus d'ennemis qu'il ne lui en fallait pour se sentir vivre, aussi parce qu'il ne voulait pas parmi ceux-là des personnes armées et capables.

La dernière question cependant l'intriguait. Pire que ça, elle lui ouvrait une opportunité de soliloquer pour faire comprendre qu'il était inapproprié de lui demander de porter les armes avec le reste des mortels. Silver suivait Cursed, des yeux, le jaugeait de manière ouverte et sans le cacher, puis répondait une fois satisfait. Il avait compris, mieux compris que n'importe qui: c'était une bataille d'égo qui allait prendre place. Le rongeur, pour ne pas lui donner autre sobriquet, se croyait plus brave et ne pouvait pas même s'empêcher de lancer une petite pique couverte d'une cape de question innocente. C'était en somme une provocation, et le titan plaquait ses doigts puissants autour de l'hameçon pour le tirer avec vigueur et le dévorer.

"Je ne suis un pas un petit soldat. Jamais tenu une arme, n'en tiendrai sûrement jamais, et mon corps est déjà une menace suffisante pour mes ennemis. Peut-être places-tu la vertu première dans la martialité, alors laisses-moi élargir tes horizons. Je suis une usine et un contremaître, une entreprise et des travailleurs, une quête et un héros. Je m'auto-suffit, m'accomplit par le travail, et ne connais de répits que ceux qui sont nécessaires à entretenir mon insatiable désir de produire. Contrairement à vous Bellatores, je CRÉÉ, je fais de tout vos débris des outils, j'imagine la forme de l'avenir entre vos mains et au dessus de vos têtes. Je n'ai pas besoin de tenir une arme pour m'accomplir, je l'ai créée pour vos infertiles mains. Combats et cherches une gloire dans ta tombe et sur un champ de bataille, la mienne est dans un atelier, et non pas inférieure à la tienne."

Pour appuyer son discours, et bien remettre les pendules à l'heure, il venait lourdement frapper la paume de sa main sur les caisses empilées pour en secouer les chaînes en bandant un bras dont on devinait les formes musculeuses malgré les bandages. La montagne pouvait vomir des roches et autres laves pour glorifier et grandir son mythe pendant des heures, mais c'était inapproprié. Le silence de la montagne est plus puissant que ses éboulements, et son regard pesant, froid et lithique, lourdement ancré sur ses propres mains bénies avec nostalgie, disait plus que les mots.

"À chacun sa place, c'est mieux ainsi. Vous guerroyez, je vous équipe. Prétendre être multitâche dans un conflit est une folie qui précipite la défaite, vous devez le savoir mieux que moi-même. Ne croyez pas que je cours moins de risques et de souffrances, vous ne savez pas ce que mes bandages cachent de plus hideux. Par ailleurs, ne perdons pas notre objectif premier de vue, avez-vous besoin de quelque autre matériel?"

Mon quarante-sixième texte sur ce fofo :

Codage par Libella sur Graphiorum je laisse la pub parce que c'est des gentils gens.

Évidemment que ce n'était pas pensé comme une attaque. Bien entendu. Il s'était encore drapé de sa furie vertueuse pour défendre son honneur sans qu'on ne l'ait même remis en doute, et avait montré les crocs à des loups de sa meute. Mais un colosse est trop fier pour frapper le sol de son genou, aussi il ne s'excuserait pas, relevant encore plus que possible la tête avec une dignité certaine. Il ne comprenait pas bien pourquoi le chevalier s'inquiétait de ses besoins, et encore moins pourquoi le sens implicite de la question était qu'il comptait l'aider, mais il était seulement naturel de suivre le mouvement. Il revenait d'autant plus à une humeur moins insupportable en entendant Cursed reconnaître leurs rôles respectifs, alors il prenait ce petit ton pensif et intéressé qui serait très possiblement terrifiant pour un inconnu.

"Pour ce qui est de mes besoins alors, le premier serait du chrome. Peut-être reste-t-il à en piller dans les hôpitaux s'ils sont équipés de laboratoires pharmaceutiques. Sinon, sinon..." Le visage fermé et impénétrable de Viktor se fendait d'un sourire à dents serrées, comme pour prévenir d'une horreur à venir. "Il me faudra à l'avenir du platine et de l'iridium pour me permettre une métallurgie plus noble. Les deux peuvent se trouver dans les bougies d'allumage des moteurs de voitures, alors nous retombons sur nos pattes, non? Aussi, je prendrai volontiers toute mine de stylo plume que tu pourras trouver."

Le forgeron cachait avec un effort immense et une efficacité bien moindre son désintérêt pour les armes. Il prenait même la munition avec des doigts précis, ne voyant seulement pas ce qu'il aurait gagné à la refuser, et se retenait bien d'avouer qu'il ne comptait pas frapper ou fondre une cartouche contenant un explosif pour le décortiquer et en analyser les métaux. Il n'avait aucune diable idée de comment l'armée pouvait bien sceller ou souder ses petits projectiles, et ne comptait pas perdre son deuxième œil en essayant de comprendre à cause d'un rebond malheureux. Il ignorait sciemment le sujet de l'Afghanistan un instant, laissant le militaire refouler lui-même ses pensées, craignant presque la réaction imprévisible du vétéran. Quelque part, au fond de son esprit, il prenait tout de même note du détail, sans vraiment savoir encore ce qu'il pourrait bien en faire. C'était ce genre de connaissance que l'on peut partager ou exploiter avec viciosité pour rappeler aux traîtres que la justice tribale naturelle est redevenue respectée par certains quand la société s'effondre. Le titan doutait franchement que quiconque il avait jugé digne pouvait se révéler petit et comploteur pour le faire tomber de son podium, mais la vigilance est le devoir des grands envers eux-mêmes.

"Je ne crois pas pouvoir améliorer quelque balle que tu me présenteras. Ces petites choses sont les sommes d'études en bien des domaines, de la balistique à l'économie en passant par la physique des impacts, de la résistance de sa constitution et de son effet sur l'arme. Je ne suis compétent que dans la métallurgie, et peut-être la physique des matériaux par expérience. Je ne fais pas des balles à proprement parler, l'ami. Je façonne des projectiles adaptés à ton arme, et je ne prendrai aucun modèle sinon ceux de mon esprit. Celle-là sera utile à mes travaux cependant, ses dimensions notamment."

Se rappelant à ses promesses, il venait poser un trousseau dont on jurerait qu'il portait vingt clés sur les caisses, ne trouvant pas le courage d'ouvrir tous les cadenas lui-même pour défaire les inextricables amalgames de chaînes qui protégeaient le contenu du monde extérieur et de ses habitants. Il n'avait même pas compté le nombre de pièces qu'il avait pu modeler en quelques jours, et quand bien même les mousses et autres tapis de foin prenaient une belle place dans les deux parallépipèdes, il pouvait estimer qu'une bonne centaine, et une demie de celle-là de plus peut-être, se tenaient toutes entre six planches. Lui qui n'aimait la guerre que depuis derrière les lignes avait trouvé un plaisir morbide à savoir que l'une d'elle perforerait sans doute un crâne humain, et maudissait son esprit depuis en attendant le septième jour pour trouver le pardon.

Mais tout mont est aussi frappé, par les vents et les brises. Quand il sentait celui-ci tourner, il revenait au sujet premier. Le volcan ne voulait pas se rappeler de quand il était plat, et préférait rêver d'avoir été créé à l'origine comme il demeurait en tout temps depuis: grand, fort, comme sorti de nulle part et apparu de par sa propre volonté. Peut-être ne pouvait-il pas comprendre les traumas et autres marques de l'esprit, mais il connaissait des soins.

"Quoi que tu aies pu voir ou faire là-bas, tu ne pourras pas le changer. Tu as une autre guerre à mener, et si tu t'obstines à chérir tes chaînes de remords, jamais tu ne la gagneras. Je me moque très honnêtement de ce que tu as pu utiliser, et perdre là-bas. Je te veux fonctionnel ici et maintenant, avec ton Beretta si c'est mieux ainsi."

Il oubliait trop vite que la franchise n'était pas de ces méthodes qui font marcher les troupes, alors il plongeait dans ses pensées. Ce qu'il avait déjà prononcé n'allait l'aider en rien, alors il fallait le compléter. Tout de même, il croisait les bras pour les tenir prêts à le défendre si la réaction épidermique de l'autre se faisait violente, quitte à devoir le briser et tourner les talons avec une gloire guerrière qu'il rejetait d'abord.

"Il n'est pas trop tard..." Non, le titan était fort et noble, jamais il n'allait s'abaisser à de la vilainie manipulatrice. Sa phrase n'avait pas eu le temps de promettre à Cursed qu'il pouvait encore devenir un héros, alors il l'écrasait et revenait à son franc-parler naturel. "Lève la tête et concentre-toi. Un vrai soldat ne regarde pas ses pompes en pleurant sur ses petits camarades décédés, il se bat et c'est tout ce que je lui demande."

Mon quarante-huitième texte sur ce fofo :

Codage par Libella sur Graphiorum je laisse la pub parce que c'est des gentils gens.

Les pauvres réponses laconiques et distantes étaient seulement méritées, mais Silverfish prenait tout de même sur lui pour ne pas faire remarquer au militaire qu'il ne parlait pas à un chien. Avec la même froideur alors, il raclait sa gorge torturée avant d'acquiescer.

"Ravi de voir que nous sommes sur la même longueur d'onde."

C'était très sobre, une manière de clore la discussion précédente tout en ayant le dernier mot, tant le perdre était impensable pour le titan. Sa sagesse était infinie et sa gloire plus grande encore, il lui revenait par loi naturelle le droit de terminer tout échange.

Quand venait la question de la lame, le forgeron était à un doigt de réciter son discours préconçu et sans vie, celui qui justifiait qu'il ne fasse aucune arme pour ne pas voir la mort d'un humain peser contre âme le jour du jugement dernier, mais fut coupé dans son élan par la vue du couteau malmené. Cursed ne semblant pas le tenir avec assez de fermeté, il vint le prendre avec hâte comme s'il avait été tendu. Enlevant un gant avec les dents, il venait gratter la lame à l'aide du peu d'ongle qui lui restait encore sur le pouce pour mesurer l'épaisseur de rouille. Naturellement, la lame était presque sans doute faite d'un alliage sans manganèse et s'était oxydée, peut-être pour des raisons de coût de production, mais il lui manquait encore un paramètre des plus importants pour accéder à la requête: le degré de carbone. La faisant danser devant son œil unique, il demandait avec une gravité impérieuse et un intérêt curieux:

"Moi qui n'aime les armes que dans les livres me trouve intrigué. Saurais-tu
me dire ce qui est arrivé à cet outil pour qu'il soit rompu ainsi? Aucun détail n'est à jeter, la matière opposée et l'ancienneté du couteau à l'époque notamment. Ce peut être très déterminant dans ma capacité à le réparer je te rassure."

Peut-être la lame avait déjà bue du sang humain? Silverfish en frémissait, tentait de se dessiner mentalement en train de suriner une figure mauvaise informe avec cette force colossale qui guidait quotidiennement son bras. Il s'imaginait, la main suintante du vin des victorieux, levant bien haut un trophée devant un peuple admiratif. Tenir un couteau ne ferait pas de lui un soldat, mais un héros.

Mais il aimait les soldats également. Puis après tout, le petit rongeur était même des plus appréciables. Les faveurs du volcan était rares, mais un allié aussi déterminé en méritait une à n'en point douter.

"Bien sûr, je te rends ceci, restauré et recapacité, d'ici notre prochaine rencontre à mes frais. Je me débrouillerai pour les matériaux, il est toujours des hères serviles à dépouiller dans mes environs."

Mon cinquantième texte sur ce fofo :

Codage par Libella sur Graphiorum je laisse la pub parce que c'est des gentils gens.