Elle écoute, Nugget. Elle t’écoute sans vraiment savoir quoi répondre. Peut-être ne faut-il rien répondre. Elle se dit, simplement, que tu viens de loin. L’Inde, c’est l’autre bout du monde. Pourquoi es-tu venu te perdre dans cette ville paumée qui n’a même rien d’intéressant ?
Nugget n’a jamais aimé Arcadia Bay.
Elle a longtemps pensé que ce serait toujours le cas.
Mais là, qu’elle y pense, elle se rend compte
que peut-être———— peut-être elle ne déteste plus cette ville autant qu’avant. (Ça l’effraie un peu, au fond— sans savoir pourquoi.)
« C’est pas Jeanie. »
Elle aurait aimé s’appeler Jeanie, ceci dit. C’est un joli prénom. (Bien plus joli qu’elle. Peut-être est-ce pour cela qu’elle a un prénom si étrange. Si décalé. Elle ne l’aime pas, elle le trouve juste
aussi détestable qu’elle-même.)
L’équilibre est toujours aussi précaire sur les rails.
Et Nugget se tourne enfin vers toi, un air offusqué sur le visage. « Hein, Jafar ? Hé… » mes parents me détestaient pas assez pour m’appeler comme ça. Pas encore. Mais finalement— finalement elle réfléchit un peu, Nugget, et puis elle sourit. « En vrai, trop stylé. T’imagines, tu t’appelles comme un méchant d’un film ? Les gens ils doivent grave avoir peur de toi et te respecter. »
Ou l’exact contraire. Mais Janvi n’avait pas besoin d’un prénom d’un méchant pour qu’on ait peur d’elle. Il n’y a pas besoin de ça. Il n’y a besoin de rien.
Juste d’être stupide stupide stupide.
Horrible. Totalement débile.
(Dans ses poches, elle serre les poings, enfonce les ongles dans la paume.)
La chaussure glisse encore sur le rail. Elle décide d’arrêter de vouloir l’escalader avant de tomber.
« Bah du coup on suit juste le rail, on va y arriver tranquille à la gare ! » elle hoche la tête, comme si l’idée venait totalement d’elle et que ce n’était pas juste de la logique. « Ce serait trop cool qu’ils nous filent un mini wagon là, pour transporter le charbon, comme ça on revient pas à pieds. » (C’est qu’elle commence à être fatiguée.)
Rêvons, juste un peu.
C’est vrai que ce serait cool, après tout. On s’amuse des petites choses que l’on trouve encore dans les poussières déjà trop remuées. Notre définition d’être heureux s’est changée, avec le temps— Janvi, avant, elle n’en aurait rien à faire, de trouver une tasse à peine fissurée dans les décombres.
Maintenant, ça suffit à faire sa journée.
« En plus la gare est pas trop loin, j’espère que le mec est déjà là. »
Elle n’apprécie pas vraiment les retards, Nugget. Mais c’est plutôt nous, qui sommes en retard, non ?
« Et sinon, Jeanie c’était pas trop loin, en vrai. Mon prénom il finit par i, aussi. »
Elle te sourit, finalement.
C’est sincère.
Résumé:
- elle dit qu'elle s'appelle pas jeanie et pdt 1 seconde elle est vexée d'être appelée jafar mais après réflexion C GIGA STYLÉ - bon elle bad 1 peu psk elle fait un parallèle avec sa vie d'avant jpp - puis elle dit oklm on suit juste les rails pour aller à la gare TROP LOGIQUE - et elle donne un indice pour son prénom
Quelle idée de s’appeler Jafar, et puis dans sa mémoire, il lui semble bien que Jafar ne se fait pas vraiment respecter justement - sous-fifre d’un mec qui collectionne les figurines d’animaux au lieu de prendre en main ses responsabilités, on dirait du Leon tout craché. Et encore, lui était un bon père. Ou du moins c’est qu’il aimerait que ce fut le cas, il ne s’en souvient pas vraiment, si ça se trouve il a été le pire père qui soit - à vomir de joie à l’accouchement de sa compagne, on commence bien dans ce nouveau rôle, tu ne trouves pas ?
Alors il hausse les épaules. Pas vraiment convaincu.
La gare approche, la livraison se termine enfin, ça leur aura pris une bonne partie de la matinée pour tout avouer, à aller se perdre près de la mer et du dinner. Leon a hâte de balancer au pirate son sac de cliquetis et de repartir sur ses pas pour retrouver la chaleur de la poste et enfin manger quelque chose pour le petit-déjeuner - il ne pensait pas que ça aurait été si long, et les trois gâteaux qu’il a mangé plus tôt sont loin de l’avoir rassasié. Alors on s’approche de la gare, les rails que l’on suit en zigzaguant de part et d’autre du chemin de fer - on croirait voir un enfant qui se promène dans la nature mais Leon a toujours été ainsi, un enfant qui se promène dans la nature à observer les arbres et les branches à la recherche de l’oiseau qu’il entendait quelques secondes plus tôt.
- Ouais quelle idée d’être en retard, j’ai d’autres trucs à faire moi...
Voilà maintenant qu’il y songe, il va peut-être t’abandonner là et se perdre dans l’objectif de son appareil photo. A moins qu’il ne repasse pour prendre son gros objectif de deux kilogrammes, oublier la poste et les livraisons pour le reste de la journée, revenir ici et jouer du contraste entre constructions humains et nature qui reprend ses droits.
Tu sais, Leon voulait faire publier un livre de ses photos. Il l’espère encore maintenant lorsqu’ils seront sortis d’ici. L’espoir toujours règne dans son esprit.
- Un J et un I... qu’il dit alors pour continuer à réfléchir. Bordel ce n’est pas facile maintenant qu’il est de ce côté-ci et puis tu sembles porter un prénom encore pire que le sien - il ne pensait pas un jour trouver pire que Leonhardt. Mais soudainement ça fait tilt dans son esprit, il pense enfin y avoir mis le doigt. Jackie ! Comme Jackie...Chan.Kennedy !
Dans son esprit, ça ne peut être que cela en vérité. Il ne connaît pas d’autres prénoms qui respectent ces critère, il ne connaît pas le tien, bien trop irréel.
Mais il apprécie. Enfin te voir sourire.
Résumé:
- Leon est trop pressé que la livraison soit finie parce qu'il veut littéralement t'abandonner sur le bord des rails pour prendre des photos ?? - Il continue à chercher le prénom de Nugg sans grand succès - Il propose Jackie comme Jackie Chan Kennedy
Nugget, elle hausse seulement les épaules, un peu— blessée peut-être.
Parce que c’est de sa faute, si vous êtes en retard. Elle a bousculé tout ton emploi du temps, juste à cause d’une petite erreur de trajectoire et si tu savais comme elle voudrait se confondre en excuses. Mais elle a du mal à prononcer les pardons, et une fois tout à l’heure, ça lui suffit.
Ça laisse des bleus à l’égo.
(Mais a-t-elle le droit de parler d’égo quand elle supporte ce passé comme un boulet aux pieds ? Ne doit-elle pas plutôt se frapper encore et encore jusqu’à changer les couleurs pour pouvoir enfin demander le pardon ?)
Alors oui nous sommes en retard.
Elle essaie de l’assumer comme elle assume toutes ses erreurs du passé. Le problème c’est qu’elle n’arrive pas à assumer toutes ses fois où elle a fauté, quand ça allait trop loin, à se dire que c’est sûrement pire que ce qu’elle pense puisqu’elle a oublié.
Ça fait mal, un peu.
Mais nous sommes en retard alors continuons d’avancer au lieu de se chercher des excuses.
C’est sa faute et c’est tout.
Les mains dans ses poches, elle te regarde. « Ouais ou comme Jackie Chan aussi, » il y a un rire (enfin) qui remonte dans sa gorge. « Trop stylé. Mais j’m’appelle pas comme ça, trop dommage j’aurais trop aimé. »
(Sans oser dire qu’elle ne sait pas vraiment qui est Jackie Kennedy— Le nom de famille lui laisse penser qu’elle devait faire partie de l’élite américaine fut un temps mais Janvi ne s’est jamais intéressée à l’histoire de ce pays ni du monde entier.)
« Moi j’ai déjà fait de la bagarre à la Jackie Chan ici avec Ashton. Enfin, Sasha, » elle gonfle la poitrine, presque fière d’elle ! « On a niqué la daronne d’un truc chelou qui m’avait attaqué dans une grotte. C’était trop cool ! »
Elle ne te dit pas, Nugget, qu’elle n’a rien fait, elle, elle était juste terrorisée sur le sol et c’est Mac qui l’a sauvé, c’est lui qui a tout fait, elle, elle est juste restée par terre à essayer de se débattre sans vraiment savoir s’en sortir seule.
Elle ne te dit pas, Nugget, qu’elle a encore le pouls qui s’accélère et la peur dans le ventre quand elle y repense. Mais il suffit juste de
faire semblant
comme l’a dit Bloody Mary.
La gare n’est plus très loin.
« Janvi. »
Elle se met sur la pointe des pieds pour essayer de reconnaître leur pirate (alors qu’elle ne sait même pas à quoi il ressemble).
« C’est Janvi, mon prénom. »
C’est un autre sourire qu’elle t’adresse avant d’accélérer le pas pour atteindre la gare un peu plus vite. Elle voit quelques pirates, ici, elle sait que c’est un lieu fréquenté, elle est déjà venue pour marchander un peu.
« Tu reconnais le pirate ? »
Celui que tu dois livrer.
En espérant qu’il ne soit pas en retard aussi.
Résumé:
- elle bad 1 peu psk elle s'en veut tjrs de les avoir retardé jpp - puis elle est en mode "COMME JACKIE CHAN???? trop stylé" - (elle remet pas jackie kennedy jppppp) - puis elle se vante en mode "ouais moi jme suis déjà battue avec mac dans une grotte en mode jackie chan" alors que c mac qui avait tout fait et elle, elle était en pls par terre - puis elle dit son prénom et elle accélère un peu là go go go la gare - et elle demande si leon arrive à voir d'ici le pirate qu'ils doivent livrer ou pas
Oh tu sais, Leon n’avait pas pensé te blesser avec ses mots, lui voulait juste prendre des photos des rails, de la végétation qui doucement reprend ses droits. C’est le pirate qui n’a pas intérêt à être en retard, car pour Leon, vous n’êtes pas en retard d’une seule seconde. Il n’arrive jamais en retard ni même en avance, mais toujours à l’heure. Ou quelque chose comme ça, c’est un film qui lui a dit mais il ne souvient plus du quel - l’un de ses films préférés à l’époque. Mais il ne remarque pas. Il ne remarque rien, Leon. Et alors que tu plaisantes sur Jackie - “Ouais, Jackie Chan... J’y avais pas pensé ahah...” - et que tu lui annonces t’être battu dans une grotte - lui, il ne se bat jamais tu sais, il déteste les poings et la violence, il s’est déjà laissé cogner sans répliquer, on l’a cogné parce qu’il était black et gay - il n’arrive pas à répliquer, soudainement ses pieds se prennent dans les rails en fer et il s’écrase bien rapidement le nez au sol, dans un bruit de gorge peu ragoutant.
La vengeance du karma, peut-être. Qu’importe.
Il se relève bien vite avec le visage en feu, la peau devenue grisâtre car c’est ainsi qu’il rougit. Il ne s’est pas fait mal, tu sais, mais il ne l’a pas pour autant bien vécu - la honte, bordel. Il ne dit rien de ce qui vient de se passer, regarde sur le côté et décide tout simplement de ne pas rebondir dessus. Il s’est égratigné le menton, en frottant il y voit quelques gouttes de sang. Il déteste, il déteste ça à un point que tu n’imagines même pas, ça lui fait toujours remonter des souvenirs violents - putain Martin est mort, ça fait mal rien que d’y songer, son sourire n’est plus et maintenant il voudrait juste se rouler en boule dans son lit pour y dormir.
Leon a toujours été ainsi. Ses émotions vont et viennent. Sans sens, sans rapport, sans logique.
- Je me bats pas, qu’il dit alors en marmonnant. J’aime pas ça.
Janvi. Janvi, tu t’appelles donc Janvi. Il sourit. Un peu, peut-être. Est-ce le masque ou est-ce un vrai sourire, même lui ne le sait pas.
- J’aurais jamais deviné.
La gare enfin apparaît, au bout des rails et les autres pirates qui les voient arriver. Est-ce qu’il reconnaît celui qu’il doit livrer, c’est bien trop en demander tu sais - parfois il redécouvre vos visages le matin, il les oublie dans le courant de la nuit, jamais il ne vous le dit.
- J’sais pas, je...
J’ai pas une bonne mémoire, je me souviens de rien, désolé, désolé, je devrais pas être là. Mais on finit par l’aborder, un mec plutôt petit et l’air hargneux, l’idée même clichée que l’on peut se faire d’un pirate d’Arcadia Bay. Leon engage rapidement la conversation, rapide et sans intérêt premier, il lui balance ses pièces et ses outils, l’autre lui file une récompense banale : de la bouffe et des piles. Il manque cruellement de sens de l’humour, ce pirate.
- T’as pas du dissolvant plutôt ? qu’il demande alors soudainement, sans que l’on puisse trouver un rapport quelconque avec ce qui a été dit plus tôt. On a un vélo à retaper.
Oh, tu sais Janvi, Leon oublie les visages et les noms mais en revanche, il parvient sans peine à se rappeler les conneries que l’on dit. C’est ce genre de moments dont il préfère se souvenir, ce genre de moments qu’il préfère chérir.
Résumé:
- IL VOULAIT PAS TE BLESSER DSL ;w; - Du coup, karma : il se casse la gueule et se défonce le menton - Du coup il reboude jpp, éclate-le fais quelque chose - Lorsqu'il arrive à la gare, il est à moitié en train de bader parce que...??? Les émotions de Leon ont aucun sens dsl - Par contre, il se souvient qu'ils doivent retaper le vélo de George
Cette fois-ci, la chute est plus violente qu’un peu plus tôt. Nugget s’est retournée, son regard alternant entre toi et les rails. Un peu exaspérée, peut-être. Un mais tu tiens vraiment pas debout marmonné parce qu’elle a peur de te blesser, d’un coup, elle se ratatine un peu sur elle-même, elle ne veut pas remettre de l’huile sur le feu alors elle espère que tu ne l’as pas entendu même si ce n’était pas lancé uniquement dans le but de te blesser mais seulement parce qu’elle l’a pensé sur le coup ah elle n’a pas réfléchit encore et elle doit réfléchir un peu sinon sinon elle fait du mal et elle ne veut plus ça. Elle ne veut plus parler uniquement dans le but d’intimider, de blesser, de détruire.
Nugget veut juste être
toute petite si petite,
que personne ne fasse attention à elle.
(Et en même temps, elle aimerait tant, qu’on la voit et qu’on lui pardonne un peu, qu’on l’aime peut-être.
Mais elle sait qu’elle ne le mérite pas.)
Elle perd un peu de son excitation lorsque tu annonces que tu n’aimes pas te battre. Nugget, elle se demande simplement
ce que tu dirais
si tu savais tout ce qu’elle a fait, avant.
Est-ce que tu la trouverais si horrible, si sale, si mauvaise que tu ne souhaiterais même plus lui adresser le moindre regard ? Est-ce que tu la repousserais et tu ne lui parlerais plus jamais ?
Tu devrais.
Parfois, juste parfois
Nugget elle s’imagine le dire à tout le monde
à George, à toi, à remuer le couteau dans la plaie avec Mac et Eight, pour que plus jamais vous ne lui adressez la parole et qu’enfin
enfin
elle n’ait que ce qu’elle mérite.
Devant le pirate, Nugget s’est faite silencieuse, un peu à l’écart. Un peu trop timide, cet animal sauvage, en face de ce pirate qu’elle ne (re)connaît pas. Un peu sur ses gardes, comme face à un trop grand nombre de pirates.
Elle n’est pas à l’aise ici.
Tout respire ce qu’elle souhaite tant oublier. Tu demandes pour du dissolvant et Nugget sourit un peu. Mais le pirate, il ne semble pas avoir envie de rigoler, ni le temps d’aller chercher du dissolvant. Peut-être de mauvaise humeur après tant de retard de leur part, qui sait. Et puis, avant que tu n’aies le temps d’insister, Nugget elle tire sur ton bras pour quitter les lieux.
« Ouais, c’pas grave. J’sais où on peut en trouver, » qu’elle t’adresse avant de lancer un regard au pirate. « Salut. »
Elle hausse les épaules avant de s’éloigner de la gare sans un mot de plus et puis, une fois qu’elle se sent plus à l’aise aux limites du territoire, elle se tourne vers toi.
(Et elle sourit, un peu.) « Du coup c’est quoi qu’on a ? C’est quoi comme bouffe ? J’espère que c’est pas un truc cuit dans leur huile de moteur là. »
Elle voit les piles et elle pense à Mac,
elle sait qu’il en cherche souvent. Elle sait qu’elle en a besoin aussi, parfois. Mais elle ne veut pas te les prendre. Elle ne les mérite pas. Comme tout le reste.
Résumé:
Citation :
Mais on finit par l’aborder, un mec plutôt petit et l’air hargneux
jsavais pas que cursed était un pirate
- elle juge leon qui se prend (encore) les pieds dans les rails - pis nugget bad jpp d'elle - ils arrivent devant le pirate, nugget est 1 peu timide mais c psk elle déteste les pirates jpp - du coup nugget elle dit que c pas grave, elle sait où chopper du dissolvant (spoiler alert : elle compte sur bm pr ça jpp) pis elle dit à leon de se barrer let's go - puis elle demande c quoi la bouffe !!! et elle est 1 peu intéressée par les piles mais bon elle veut pas les piquer à leon
- Comment ça non ?! qu’il s’exclame alors. Comment ça vous avez pas de dissolvant ? Mais vous avez quoi dans vos voitures du coup ? Et comment on fait pour notre vélo ?
On se démerde. C’est une réponse valable. Effectivement.
Alors tu l’éloignes, un peu de force tandis qu’il continue de marmonner dans son coin - oh il ne se bat pas, il te l’a dit tout à l’heure, mais il peut aisément s’égosiller pour obtenir ce qu’il veut. Alors il marmonne dans sa barbe en s’éloignant sur les rails, le menton toujours toujours à demi égrainé et ensanglanté - génial, il revient souvent à moitié amoché à la poste, ces derniers temps, la dernière fois il avait fait une crise d’épilepsie.
Qu’est-ce qu’on a eu, tu demandes ? Il n’en sait rien, il n’a pas encore regardé. Trop concentré sur le dissolvant.
- J’sais pas, euh... Il jette un regard rapide dans le paquet. Des piles AA et... de la soupe en boite, des gâteaux secs et des bocaux de haricots verts... Pas ouf si tu veux mon avis, surtout que les haricots, on en fait pousser dans le potager.
Le potager commun des Vagabonds. Parfois il y met les pieds, voir ce qui s’y fait.
Et soudainement, il te file les piles sans te prévenir. La bouffe ira à la poste, pour toutes et tous, c’est toujours ça de pris. Quant aux piles...
- J’en ai pas besoin, explique-t-il alors. Mon appareil, je le recharge à la central quand elle veut bien s’allumer. Il fonctionne pas avec des piles, d’façon.
Parce qu’il n’y a que son appareil photo qui l’intéresse. Et son téléphone portable entre les mains de Sasha.
- Tu crois qu’on peut en trouver où, du dissolvant ?
Il a bien entendu que tu savais où en avoir. La question reste à savoir où, désormais.
Résumé:
- Leon est OUTRE que le pirate ait pas de pile, il commence à insister comme un gros lourd avant que Nugget l'éloigne - Finalement, il fait le compte de ce qu'ils ont eu : de la bouffe et des piles, c'est pas ouf selon lui - Il donne les piles à Nugg et la bouffe ce sera pour les gens de la poste - Finalement, il est toujours bloqué sur le dissolvant, jpp
Tu t’énerves un peu et Nugget n’aime pas vraiment ça, parce que, ⠀⠀⠀tu sais il faut qu’on essaie de garder des bonnes relations avec les pirates, sinon ils ne voudront plus marchander avec nous. Ça la fait chier, elle aussi, parce que les pirates qu’elle apprécie, elle les compte sur les doigts d’une main, mais il faut faire avec. Nous ne devons pas oublier que parfois, nous venons jusqu’ici au nom de la poste.
Et Nugget sait ce qu’en pense George.
Ça ne lui plairait sans doute pas si on se met à dos quelques pirates pour une histoire de dissolvant, bien que ce soit tentant.
Alors partons,
avant que tu ne réveilles cet animal sauvage.
Que tu ne vois cette nature qu’elle tente de cacher malgré tout.
Être quelqu’un de meilleur.
« C’est mieux que rien, » elle hausse simplement les épaules. « Au mieux on les bouffera, au pire ça fait de quoi échanger des trucs sympas. »
Elle sait que la soupe en boîte, c’est pas mal recherché. Les piles aussi mais il vaut mieux les garder. Les haricots, bah… ça se trouve, ils ne viennent même pas des pirates et ça vient d’un autre échange et ils sont sans doute moins bons que ceux du potager. Mais ça fait toujours un peu plus, pour tenir plus longtemps ou pour préparer un festin le jour où nous aurons quelque chose à célébrer !
Et les piles, elles se retrouvent dans ses mains et, ⠀⠀⠀pendant un instant, Nugget pense les avoir regardé d’une manière trop insistante pour que tu aies remarqué qu’elles semblaient l’intéresser mais tu finis par t’expliquer. Un peu gênée, Nugget les accepte parce que— ici, maintenant, il n’y a plus à être modeste ou refuser les cadeaux qu’on offre, surtout les piles,
bien qu’elle ne pense pas le mériter.
(Elle t’offre cependant un sourire.) « Ah, cool merci, » elle ne sait pas encore si elle les gardera ou bien si elle les donnera à Mac. Il en fera sûrement une meilleure utilisation qu’elle.
Nugget, elle réfléchit un instant lorsque tu lui poses la question. Le territoire pirate s’éloigne derrière vous, et certes il est toujours temps de faire demi-tour mais après son détour de tout à l’heure, elle ne souhaite plus te faire perdre plus de temps… Et puis, Nugget, elle veut rentrer, elle a les jambes fatiguées.
« J’connais quelqu’un qui pourrait en avoir, enfin j’espère… », elle pense à Bloody Mary, vaguement, à ses palettes de maquillage et tous ses habits, il doit bien y avoir un peu de dissolvant au milieu de tout ça, non ? « J’irai voir après ou demain, pour lui demander si on peut en avoir un peu ! »
Elle aurait pu aller voir Bloody Mary tout de suite, profiter d’être aux pieds du territoire des pirates. Mais elle ne veut pas y retourner ni te faire perdre plus de temps, alors, continuons simplement de rentrer et faisons comme si Nugget ne savait pas où se trouvait ce fameux quelqu’un.
« Au pire, si on peut pas en avoir, c’est pas grave. Y’a pleins d’autres choses à faire sur un vélo plutôt que de changer la couleur ! Puis j’crois que George il aime bien la couleur t’façon, donc ça lui ferait pas plaisir qu’on la change, je crois… »
En vérité, elle n’en sait trop rien, Nugget. Elle veut juste essayer— de minimiser le problème que ça poserait de ne pas avoir de dissolvant.
(Elle tape son poing dans la paume de sa main.) « À partir de demain, je rassemble des trucs qu’on pourrait mettre sur son vélo, qui pourraient être trop cool ! Ce serait génial qu’on trouve genre, un klaxon ou des lumières. »
Elle se fait déjà toute une liste, Nugget.
« Par contre, faut aussi essayer de chopper son vélo pour un moment, et ça, ça va être le plus compliqué… »
Et tu sais, souvent, les plans de Nugget sont un peu bancals alors il ne faut pas trop compter sur elle.
Résumé:
- nugget se dit qu'on va éviter l'incident diplomatique chez les pirates juste pour du dissolvant jpp - en vrai elle trouve ça pas trop mal ce qu'ils ont eu !!! - elle est trop contente d'avoir les piles même si elle le montre pas - elle dit à leon qu'elle connaît qqun (bm jtm) qui pourrait avoir du dissolvant mais qu'elle ira voir cette personne un autre jour,, psk ils ont beau être pas loin du territoire des pirates, nugget trouve qu'elle a fait perdre trop de temps à leon donc elle veut pas faire demi-tour jpp - puis elle commence à monter ses plans pour la customisation du vélo de george
Oh tu sais, quand Leon est bloqué sur un truc. Il est bloqué. Véritablement bloqué. Incapable de réfléchir à autre chose.
Il a toujours été ainsi, Leon. Petit, on disait qu’il était bizarre, à soudainement faire des fixations sur des détails. Et ça ne l’a jamais lâché, c’est parfois épuisant. Pour lui, pour les autres. On n’a jamais pensé à l’emmener voir un psy. Il aurait peut-être fallu, au fond. Mettre des mots sur ses comportements étranges. Mais c’est passé - plus ou moins, surtout moins - avec la photographie. Alors pourquoi encore, il se fixe sur cette histoire de dissolvant ?
- Oui mais sans dissolvant, on pourra pas... on pourra pas... Et il essaye, Leon, il essaye de trouver un raison valable pour laquelle il leur faudrait forcément du dissolvant, à se tapoter le crâne du bout du doigt, les yeux fous à réfléchir trop fort - là il devient bizarre, là il commence à faire peur. On pourra pas nettoyer le guidon !
Et bien voilà. Sa raison valable. Pas tant pourtant.
Tu sais pour lui, ce n’est pas qu’une question de couleur - qu’est-ce qu’il s’en fout si George aime bien le rose de son vélo ? - c’est juste maintenant, il leur en faut absolument, quelque chose d’indispensable, d’essentiel, de crucial. Et ne pas en avoir, oh ça le stresse mais tu n’imagines pas à quel point. Tu essayes de minimiser le problème, c’est bien gentil d’essayer. Mais actuellement, Leon est bloqué. Dans sa tête, sans dissolvant, ils ne pourront pas refaire ce vélo comme il l’avait imaginé, comme il l’avait espéré.
- Hm oui, des lumières et un klaxon... marmonne-t-il, bien trop ailleurs encore. Des... des... des bandes réfléchissantes aussi, pour la nuit. Et... un panier sur le devant. Et...
Faut du dissolvant. Oh il s’extirpe bien trop difficilement ce mot du crâne. Jusqu’à ce que tu lui offres un autre problème.
- Bah on lui demande ? fait-il avec le ton de l’idiot. Il se doutera de rien, son anniversaire c’est dans trop longtemps. Il se souvient difficilement des anniversaires, Leon, mais celui-ci l’a marqué tout simplement parce que c’est à la même date que le sien. Et puis oui, dans son esprit, ça ferait un bon cadeau d’anniversaire. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?
Si seulement c’était vrai. Si seulement c’était aussi simple.
Résumé:
- Leon fait une ENORME fixette sur le dissolvant, ça va pas du tout - Dans sa tête, pour avoir le vélo, il suffit de demander à George ?? Pis ça fera un bon cadeau d'anniv', jpp
Elle fait rouler les piles entre ses doigts, Nugget. Imagine déjà toutes les utilisations qu’elles pourraient avoir. C’est si rare et elles semblent toujours se décharger si vite alors il faut y faire attention— c’est ce qu’elle se dit alors qu’elle les glisse dans la poche de sa jupe. Redresse l’écharpe qui glisse un peu, lance un regard à son lacet gauche qui est un peu défait.
Au fond, elle a hâte de rentrer.
« Y’a pas besoin de dissolvant pour nettoyer le guidon, au pire on demande un peu de savon à l’hôpital, » elle fronce les sourcils, Nugget. Elle trouve ton idée bizarre, si elle était totalement honnête. « Puis j’suis sûre que son guidon, il est déjà super propre, vu comment il est maniaque George. À chaque fois, il m’engueule quand je rentre sans essuyer mes chaussures. »
Elle a une moue, Nugget.
Mais elle ne peut nier que c’est bien plus agréable, quand c’est propre, où l’on dort. Elle se souvient amèrement de certaines nuits dans sa petite cabane qui puait le bois humide, où elle arrivait à retrouver de la boue sur ses cheveux quand il pleuvait. Peut-être que George a raison de l’engueuler, au fond.
« Mais il a déjà un panier, non ? » elle réfléchit, Nugget. Elle a beau le voir tous les jours, le vélo, elle a un gros doute, d’un coup. « ’Fin au pire on pourra l’agrandir ou mettre des sacs sur les côtés comme les vrais vélos de la poste ! »
Elle traîne un peu des pieds,
regarde loin dans l’horizon.
Espère voir la poste là-bas au fond, pour enfin se dire qu’ils ne sont plus très loin. Mais il faut redescendre les rails avant et il faut faire attention à tourner au bon endroit— ils sont bientôt arrivés, non… ?
Nugget, elle te regarde comme si tu venais de la vexer. « Ben non, on va pas lui demander ! Il va de ouf se douter d’un truc, justement ! On prend jamais son vélo et si toi tu lui demandes, ça va être super suspect parce que t’as déjà un vélo, » elle parle un peu fort, un peu vite, sans s’en soucier. « Et puis j’suis sûre qu’il dira non parce qu’il va nous demander pourquoi on le prend et si on dit un truc chelou, on va être totalement grillé. »
Mais ses plans à elle ne sont jamais géniaux.
« Le problème, c’est qu’il l’a super souvent, son vélo. Et on en aura besoin pour un moment aussi. Le plus logique serait de le prendre quand il dort mais il fera nuit… Ou alors fera faire diversion super longtemps mais faut mettre quelqu’un d’autre dans la confidence… »
Nugget, elle réfléchit, elle réfléchit si fort— ⠀⠀⠀en se disant que, de toute manière, dès la semaine prochaine, elle aura oublié tout ça. Elle aura oublié que nous avons un vélo à retaper et des plans à tenir.
« T’façon, ça sert à rien de se précipiter pour l’instant, on a encore rien pour le customiser, son vélo. »
Elle doit vraiment faire une liste de ce que nous avons besoin. Aller chercher tout ça dans les vieilles habitations ou dans les trésors dissimulés au sein des immeubles renversés.
Fouiner un peu partout, comme elle le fait déjà.
Résumé:
- elle comprend pas pk leon veut tellement un dissolvant en vrai - puis elle parle customisation du coup - et elle dit que tfaçon faut pas se précipiter psk ils ont littéralement rien pr toucher au vélo de george jpp
Maniaque ? George ? Dans le dico, il y a probablement sa photo. A côté de ce mot.
- George n’est pas maniaque, réplique-t-il donc en roulant des yeux dans ses orbites. George est fabriqué en javel concentrée, c’est pas tout à fait la même chose. Arf, imagine qu’un jour, l’un de nous ramène un chien...
Ce serait bien, un chien. Non ? Il serait moins. Moins seul. Parce que la solitude le pèse, de plus en plus à mesure qu’avancent les heures, les jours, les semaines, le mois. Les années. Déjà plus d’un an maintenant. Ça fait toujours un peu mal d’y penser. De se dire qu’elles l’attendent là, dehors. Et qu’il oublie toujours. Quelque chose d’important.
La solitude malgré les gens. Qui sont là. Et qu’il regarde. Comme s’il étaient loin.
Et tu sais, le vélo de George, il ne l’a jamais eu parfaitement dans son esprit. Son esprit qui se mélange encore un peu, qui mélange les noms et les visages, les objets également car ce vélo il le voit mélangé au sien, à ceux qu’ils croisent dans la rue, aux autres vélo qu’il voit. Le seul truc qui est sûr concernant ce vélo, c’est bien sa couleur rose. Mais est-ce qu’il a panier ? Leon est persuadé que seul le sien en a un, ça il le sait. Mais le guidon, les franges, la couleurs, le panier ? Il ne sait pas, il ne sait plus. Désolé. Et puis il faut toujours du dissolvant après tout. Il ne sait plus pourquoi mais il en faut n’est-ce pas ?
- Mais non mais...! il commence à hausser le ton, s’agacer pour un rien, fixer toujours sur ce dissolvant et sur son idée stupide. Mais si on lui dit franchement, il pourra pas dire non ! P-pas besoin de se faire tous ces plans-là, c’est se casser la tête pour rien, c’est...
Inutile.
Mais peut-être as-tu raison ? Peut-être que George refusera. Et comment on fera, à ce moment-là ? Peut-être que rien ne se passera comme prévu, comme rien ne se passe jamais comme prévu. Leon, il a envie de s’arrêter là. Et de pleurer. Il était censé partir, un mois seulement. C’est ce qu’il leur avait dit, à Nanor et à Mimi. Mais rien ne s’est passé comme prévu.
Alors il a envie que ça réussisse. Reprendre un peu le contrôle dans sa tête. De tout qui s’échappe, de tout qui s’éloigne. Rentrer et ne plus jamais partir.
- On pourra dire que le mien a crevé, propose-t-il alors après quelques secondes de silence, quelques secondes à se calmer, mettre en place ses idées. Et il remarque qu’il a serré les poings, assez fort pour marquer l’intérieur de ses paumes. Parce que j’ai tout le temps besoin du vélo pour livrer mes trucs, parce que c’est lourd et encombrant, je peux pas tout mettre sur mon dos. Donc on pourra lui dire ça, dire que c’est le temps de trouver une rustine, le temps d’une tournée. Ça nous laissera le temps de faire quelque chose peut-être. Et puis on cachera le mien en attendant aussi, pas le coup qu’il tombe dessus par hasard.
Et voilà qu’arrive le bout de la voie. L’Observatoire se montre. Et on descend des rails.
Résumé:
- Il se fout de la gueule de George. Un peu - Il câble à moitié pour le vélo, dans sa tête il suffit d'être franc et leurs idées seront tellement cool qu'il pourra pas dire non, je chiale - En fait, il a plutôt peur que le plan foire, il a peur de pas avoir le contrôle là-dessus comme il a plus le contrôle sur sa vie (c'est très la psychologie) - Finalement, il se calme un peu, et propose une solution que je trouve plutôt sympa en vrai ??
Au fond, tout au fond, ⠀⠀⠀elle trouve ça agréable, Nugget, de s’énerver pour si peu. De s’énerver pour un simple vélo que l’on doit simplement emprunter l’espace de quelques heures. De s’énerver de ses conversations si peu importantes, finalement.
Oublier les angoisses,
et les envies de se haïr.
Oublier tout ce qu’il s’est passé récemment, oublier les images de son cadavre quelque part dans cette ville, oublier tout ce qui lui fait si peur lorsque la nuit tombe et qu’elle se retrouve
toute seule.
On s’énerve si facilement, de nos jours. Nugget, toujours un peu trop. Mais au fond ⠀⠀⠀vraiment au fond tellement au fond qu’elle n’arriverait pas à se l’avouer
ni à le comprendre,
elle aime s’énerver sur ses discussions.
Celles qui ne font pas de mal. Celles qui sont juste amicales. (Est-ce qu’elle peut te considérer comme un ami ?) Au lieu de s’énerver parce qu’on est morte quelque part en novembre et ses mains parfois elles ne semblent pas être les siennes ni son corps tout entier en fait parfois elle regarde son corps de l’extérieur parfois elle perd pied dans ses conceptions de la réalité et ça l’énerve ça l’énerve ça l’énerve—
Mais pas de la même manière qu’aujourd’hui.
« Bien sûr que si qu’il va refuser ! » elle hausse le ton, elle aussi. « Y’a absolument tout de suspect là ! ‘Fin George il nous connaît, il sait que c’est jamais innocent ce qu’on fait… Et puis là t’as pas eu besoin de ton vélo pour livrer, du coup il va trop sentir le mytho. »
Tous nos plans sont si bancals, finalement. Saurons-nous en dérouler toutes les étapes sans aucun problème ? Sans aucun plan B ?
⠀⠀⠀Ne serait-il pas mieux de simplement n’avoir aucun plan ?
Elle regarde droit devant elle, Nugget, dans ses rues qu’elle reconnaît. « Nan mais le plan tu vois, c’est qu’il faut juste être préparés. Genre on va récupérer tout ce qui peut nous être utile, on va se faire une liste et on va cacher tout ça quelque part. On garde ça dans un coin en attendant. Et il y a bien un jour où le moment va se présenter ! Genre George il prendra pas son vélo ou bien il fera une sieste j'sais pas… et ce jour-là, comme on sera trop bien préparé, paf ! On lui fait un super vélo ! »
(Elle accompagne ses mots de grands mouvements de main.)
« Et puis il sera cent fois plus surpris parce qu’il se doutera de vraiment rien comme il saura même pas qu’on aura son vélo entre nos mains ! »
C’est toujours comme ça avec elle. On fonce tête baissée et on réfléchit après. ⠀⠀⠀(On réfléchit trop avant, on oublie toutes ses pensées, on fonce tête baissée et on regrette après.)
Et puis,
qui sait,
si on n’aura pas oublié ça dès la semaine prochaine ?
Résumé:
- nugget elle s'énerve psk leon il veut pas comprendre que c méga suspect son plan !!!! - elle hausse le ton psk il hausse le ton jpp - elle propose un meilleur plan : Y ALLER A L'ARRACHE
Tu es si... Têtue. Si têtue que ça l’agace, que ça commence à monter. Tu cherches un plan, tu n’en cherches plus, tu dis d’y aller comme ça, tu dis de préparer, qu’est-ce que tu veux, on dirait lui. Et tu hausses le ton, il n’aime pas ça, bizarrement s’énerver il n’aime pas. Il ne s’énerve jamais, il se l’est promis, il ne veut pas être de ceux-là. Et pourtant tu hausses le ton, lui il bloque encore et toujours, quelque chose ne va pas, quelque chose ne va pas.
Tout s’échappe, tout s’enfuit. Et le contrôle qu’il voulait tant avoir. Aussi.
- Franchement, t’as déjà vu George faire une sieste sous les lauriers ou les fleurs de cerisier au beau milieu du printemps, toi ? Lui-aussi hausse le ton. Son idée, il ne la trouvait pas si mal. George il est toujours debout avant tout le monde et couché après tout le monde, c’est un maniaque qui s’arrête jamais !
Il voudrait partir en vrille. Se prendre le crâne, hurler, pleurer, rien ne va jamais depuis qu’il est ici, depuis que cette foutue ville l’a pris pour ne plus le laisser partir. Il voudrait, il voudrait. Partir. S’enfuir. Il y a cette espèce de démon intérieur qui prend de la place, qui pousse et qui gueule, qui veut sortir, se manifester, faire savoir qu’il est ici. Car à l’avoir trop nourri de rancœur et à avoir trop refouler ses états d’âme, le voilà qui est sur le point d’exploser.
Pour une connerie aussi idiote. Qu’un vélo que l’on veut réparer.
Leon a toujours été ainsi. Animé de colères aussi brusques qu’incompréhensibles.
- E-E-Et puis, où tu veux cacher tout ça ? Où tu veux trouver tout ça ? Tu veux un plan ou tu veux pas de plan, faudrait savoir, on dirait...moi.Qu’importe.
Il ravale la boule dans le fond de sa gorge. Tout semble tellement compliqué.
- T-T-Tu sais p-pourquoi j’ai pas pris mon vélo, aujourd’hui ? Et il se met à gueuler, fort au milieu de la rue. P-Parce que toi, t’en as pas, parce que je voulais pas te semer, parce que je voulais que tu viennes avec moi, parce que...je voulais pas être seul.Mais ça aurait tellement plus rapide avec, ça aurait éviter que ce foutu sac en corde me nique les doigts ! Mais sinon, je le prends tout le temps mon vélo, e-e-et puis c’est même pas le mien de toute façon, je l’ai volé à celui qui me l’avait loué parce que j’sais pas ce qu’il est devenu.
Pourquoi, pourquoi il y a tout dans sa tête qui explose, se mélange, sorte de son crâne et de ses lèvres. Le voilà, le Leon derrière le masque. Animé de rancœur et de colère, de pessimisme et de tristesse, de gorge qui se noue à mesure que les phrases fusent et qu’il les regrette à peine les a-t-il prononcé.
- P-Pourquoi t’es aussi têtue alors ? Ffffranchement j’ai pas hâte que ma fille soit ado !
Et le silence soudain. Le poids de la perte sur les épaules.
A s’écrouler au milieu de la route, le visage qui se décompose, la douleur qui fuse dans la poitrine - et la main qui s’éclate contre le bitume - les regrets qui montent et l’envahissent. Oh putain, désolé. D’avoir été aussi con.
- Si je la revois...
Il souffle, sous ses lunettes frotte ses yeux de ses paumes.
Comme si elle se rendait compte, Nugget, que nous n’étions plus en train de plaisanter sur une façon de piquer un vélo. Comme si ça devenait plus sérieux, soudainement.
Comme si ça nous tenait trop à cœur.
Ce n’est pas sain.
Pourquoi est-ce qu’on se dispute aussi fort, au détour d’une simple phrase. ⠀⠀⠀Pourquoi est-ce que ça finit ainsi. (Mais ça finit toujours ainsi, Nugget elle ne sait pas être douce et docile, Nugget elle est toujours obligée de ruiner les relations qu’elle commence au bout d’un moment parce qu’elle
ne mérite rien de tout cela,
et regarde
regarde comme elle réussit encore à tout gâcher.)
Elle s’apprête à répondre mais tu la coupes dans son élan. Explique les raisons de l’absence de ton vélo. Ta voix résonne en écho entre ses murs creux et vides, entre ses gravats et ses vastes espaces. Ta voix sonne comme le tonnerre d’un coup et Nugget,
baisse la tête,
comprend que c’est
de sa faute c’est toujours toujours toujours toujours TOUJOURS de sa faute. Pourquoi tu fais tout ça pour elle si tu la détestes ? ⠀⠀⠀Pourquoi tu souffres comme ça juste parce que tu voulais qu’elle t’accompagne ? Et bien regarde, vois, vois comme ça ne servait à rien de la prendre avec toi. Vois, comme elle est de mauvaise compagnie, cette ado sauvage et têtue.
Elle le sait, Nugget. Personne ne pourra l’aimer ainsi.
Elle sait aussi qu’elle le mérite. C’est tout ce qu’elle mérite. C’est tout ce qu’elle doit payer de ses années passées. Elle doit changer. Elle veut changer. Mais aussi, elle se dit— qu’elle n’a plus besoin de changer pour plaire. N’est-ce pas ce qu’on lui a dit, autrefois ? Il faut avant tout se plaire à soi-même, et changer pour les autres, ce n’est pas sain. Il faut être
égoïste.
Oui mais—————— elle ne se plaît pas et elle ne plaît à personne.
Elle ne s’aime pas et personne ne l’aime.
Elle a échoué sur tous les plans.
Le tien aussi.
« Franchement, c’est pas sympa ça. »
Pas du tout. Si tu n’as pas hâte que ta fille soit une ado comme elle, tu n’as qu’à l’éduquer correctement. Ne fais pas comme ses parents à elle, Janvi, qui l’ont laissé sauvage et malpolie. On ne devient pas comme ça du jour au lendemain, tu sais. C’est une longue descente, ⠀⠀⠀sans doute pas aux enfers, Janvi pourrait le penser mais ce n’est pas vrai,
c’est elle qui donnait l’enfer aux autres.
C’est juste l’abandon qui fait ça. Un peu de stupidité aussi.
Et Nugget elle ne
comprend pas
⠀⠀⠀ce qu’il se passe, soudainement. Pourquoi toi tu te retrouves au sol et pourquoi elle, elle est encore debout, à te regarder. Te regarder sans vraiment te regarder. Un peu détachée de son corps. À te regarder comme si elle était au-dessus d’elle-même. Comme si elle n’existait plus vraiment.
Elle ne comprend pas. Elle n’arrive pas à comprendre. Elle serre les poings, mal à l’aise et elle se dit— que c’est encore de sa faute, ça l’est toujours, même quand ce n’est pas son but elle arrive encore à faire du mal autour d’elle elle arrive encore à faire tomber les autres et à blesser écraser faire tomber et
ah, pourquoi
POURQUOI est-ce que ça continue d’arriver—. Est-ce qu’elle a parlé trop fort ? Est-ce qu’elle a eu les mauvais mots ? Est-ce que c’est juste elle qui est, encore, de trop ? Elle l’est toujours.
Tu l’as si bien exprimé, après tout.
Et Nugget,
elle reste là.
Juste là. Debout à côté de toi.
Sans comprendre quoi faire, sans comprendre quoi dire. Tu la détestes de toute manière alors tu ne veux sûrement pas qu’elle te réconforte, cette ado minable.
« C’est bon, c’est qu’un vélo. »
Pourquoi tu te mets dans ses états-là juste à cause d’un vélo— c’est vrai, c’était le sujet de la conversation qui nous a mené à ça. Pourquoi. Pourquoi tu réagis comme ça.
Elle ne comprend juste pas.
Résumé:
- nugget elle se sent ultra ultra agressée par leon jpp - genre elle a trop l'impression qu'il rejette tout sur elle là d'un coup ????? et nugget elle encaisse tout en mode "ah ok il me déteste (: " et elle se dit que c'est bien fait pour elle - et que t'façon elle mérite que ça - mais elle est quand même giga blessée - du coup elle lui dit que ct pas sympa quoi - elle comprend juste pas du tout pourquoi leon réagit comme ça d'un coup - nugget elle a vrm pas bcp d'empathie en temps normal mais leon l'a un peu enchaînée juste avant du coup elle en a encore moins et elle dit juste "nn mais c bon c qu'un vélo là" - jsuis vrm désolée jpp
Il a la gorge sèche. Les mains gelées. Et l’esprit en feu. D’avoir trop gueulé. Comme un idiot, l’idiot qu’il est. Pourquoi est-il ici ? Comme ça ? Ainsi ? Accroupi sur le bitume, la main éclatée au sol - putain, il a cogné ? Et le souffle court, raccourci. La crise de nerf. Passée. Envolée. Et voilà qu’il laisse couler. La honte entre les yeux, qui coule sur ses joues. Pourquoi a-t-il éclaté de la sorte ? Aussi soudainement ? Pour quelque chose d’aussi con ?
Ça guettait. Depuis des jours. Des semaines. De mois.
A faire comme si. Comme si tout allait bien. Parfaitement bien. Parfaitement bien alors que rien ne va. Plus rien, plus jamais. Un an maintenant. A espérer tous les matins, se réveiller de ce cauchemar. Parce que pour lui, c’est pire. De savoir qu’elles l’attendent dehors. Et à sentir cet espoir, tous les jours glisser un peu plus d’entre ses doigts.
C’est qu’un vélo.
- Oui. Oui, c’est qu’un vélo, souffle-t-il.
Il a les mains qui tremblent. Et la gorge qui se sert.
Et les regrets qui commencent à lui serrer les tripes. Comme toujours, après une telle crise. Parce que ses mots ont dépassé sa pensée. Parce qu’il en a trop dit, trop fait - et sa main le lance, espérer qu’il ne s’est pas cassé une phalange. Parce que ce n’était pas sympa.
Il s’essuie les joues. La gorge douloureuse. Il a gueulé. N’est-ce pas ?
Il commence déjà à oublier. Le plus gros de ce qu’il a dit, de ce qu’il a fait. Tout devient flou, impalpable. A perdre les souvenirs qui l’animent. Encore un peu. Encore un peu plus vite.
- ... désolé.
La voix rauque. Tremblante.
Rien ne va. Rien ne va.
- J’ai été... con.
Il ne te regarde pas. Regarde le sol. Il n’ose pas, croiser ton regard. Il t’a blessé, n’est-ce pas ? Il le sait, il est tellement tellement désolé. Il ne voulait pas. Il ne voulait pas être aussi con. Il ne voulait pas, que vous puissiez voir ce lui, là qui s’agite dans le fond de sa poitrine, monstre auquel on ne s’attend pas en le voyant.
Il voudrait. S’enterrer. Revenir en arrière. Tout changer.
- Rentre si tu veux, je vais... Il déglutit, la voix encore faible et les yeux toujours rivés au sol. Je vais rester un peu là, je vais... prendre des photos. Il n’a pas son appareil sur lui, ça le déprime. Encore un peu plus. Parce que toujours il se sert de la photo, pour se calmer, se laisser aller, décompresser, ne plus penser.Ou après. Plus tard, je-...
Ah. Il souffle. Il a l’air d’un gamin. Un gamin perdu.
- Désolé.
Résumé:
- Contre-coup de la crise de nerf : Leon bad - C'est pas la grande forme, il veut juste rester tout seul
Malgré ses envies d’aider les autres, ⠀⠀⠀d’être plus gentille et de vouloir tendre la main à ceux qui en ont besoin, Nugget manque toujours affreusement d’empathie.
Nugget pense toujours à elle, avant tout.
Alors, elle ne prend pas le temps de s’imaginer ce qu’il pourrait se passer dans ta tête. Elle ne prend pas le temps de se demander pourquoi tu te retrouves au sol. Elle ne prend pas le temps de te demander si tu as envie de parler de ta fille et de sa visible absence qui te ronge. Elle ne le remarque pas vraiment, ça, Nugget.
Elle se sent juste mal à l’aise, devant les fissures de l’esprit. Elle ne sait pas quoi faire. Alors, elle ne fait rien. Tout simplement.
Elle ne pense qu’à elle.
Et elle attend que tu te relèves, seul.
(Et au fond, elle se trouve
tellement cruelle—.
⠀⠀⠀Qu’est-ce qui l’empêchait de s’accroupir à tes côtés et à poser une main sur ton épaule ou même entourer tes épaules de son bras, qu’est-ce qui l’empêchait de partager un peu de chaleur humaine et d’essayer de comprendre un peu, qu’est-ce qui l’empêchait de te tendre la main pour t’aider à te relever ? Ce sont des gestes qui ne sont pas évidents, chez elle. Des gestes qu’elle ne connaît pas vraiment, en réalité.)
Elle hausse les épaules, Nugget. Ouais, tu as été con, elle aimerait le prononcer de vive voix parce que Nugget a décidé qu’elle ne se laisserait plus faire et qu’elle dirait ce qu’elle pense vraiment au lieu de dire ce qu’on lui ordonne de dire mais, elle ne peut pas, parce que Nugget a décidé qu’elle ne ferait plus de mal à personne.
Mais elle a tout raté, n’est-ce pas ?
« Peu importe, » elle dit, finalement, balançant son pied d’avant en arrière dans la poussière, mal à l’aise.
Au fond,
tout au fond peut-être qu’elle aimerait t’aider.
Mais elle en est incapable. Elle en est juste incapable.
(Elle ne sait pas aider les autres si elle ne peut pas s’aider avant.) (C’est injuste.) (Tout est injuste pour Nugget.) (Mais elle n’y arrive pas.) (Elle n’y arrive juste pas.)
Elle évite soigneusement de te regarder. « Ouais. OK. Comme tu veux, » peu importe, elle est perdue Nugget, elle a besoin qu’on lui dise quoi faire.
Et tu lui dis de partir. Alors, elle partira.
(Petit chien toujours si obéissant.)
« À plus, alors. »
Et Nugget,
le malaise dans la gorge,
te laisse là sans un regard en arrière.
Les pensées en vrac et nos discussions qui repassent en boucle dans la tête, pour se demander quand est-ce qu’elle a fait un faux pas (elle se rend compte qu’elle a déjà oublié la moitié de nos mots). À se demander quand est-ce que nos éclats de rire se sont transformés en cris.
Elle ne sait pas.
Les mains dans ses poches, elle effleure les piles. ⠀⠀⠀Et elle se sent si coupable, d’un coup.
Résumé:
- nugget se sent très mal à l'aise face à leon qui fait son meltdown - elle sait juste pas quoi faire finalement - elle sait pas comment conforter ou aider les gens autrement qu'en leur donnant un coup de main jpp - du coup elle lâche juste un "whatever" et elle s'en va slhsdkfgjhskjfhsdk - pardon leon
