Il sifflote, allongé sur son lit de l’arrière-boutique, il a un air bienheureux sur les traits mais il tient en vérité devant ses lunettes brisées la photo polaroid de sa petite famille, rare souvenirs qu’il possède d’elle. A l’arrière se sont vus rajouter quelques nouvelles traces de marqueurs en plus des surnoms qu’il aura retrouvé voilà bien des mois désormais. Des essais de prénoms gribouillent désormais l’arrière de leurs traits, rien de concluant pour sa compagne mais pour sa fille, quelques idées ressortent aux côtés de Mimi, mots dont les traits doucement vieillissent.
Emily. Ou Milly.
Il ne sait pas, il hésite et il se dit que peut-être en continuant de fixer cette photographie, les souvenirs finiront par lui revenir. Il soupire en la rangeant dans ce carnet où tout est écrit, carnet de doutes et de souvenirs qui range à son tour dans son sac à dos en compagnie du gros objectif de son appareil photo. Puis enfin il se relève, étire son corps longiforme et maigrichon - paraît-il qu’il a encore un peu maigri depuis le 20 août et son arrivée ici, l’atmosphère dehors n’est pas des plus rassurant, il faut bien avouer.
Quelques semaines se sont écoulées depuis sa soudaine arrivée ici, il a maintenant abandonné son éternel garage pour venir vivre au sein de la Poste, il a juste ramené quelques affaires et le voilà installé. Il est arrivé du jour au lendemain, comme une fleur ou un cheveux sur la soupe, le lendemain même de l’agression de Batman et de la première ombre.Oh, il n’a jamais vraiment parlé de la manière dont il ressentait tous ces évènements parce qu’il y a assisté, de loin il est vrai, mais tout de même le voilà bien traumatisé. Mais comme toujours, il porte son masque et ses sourires.
Parce que si à part lui, personne ne sourit... Qui le fera ?
Il se lève donc, la fatigue se lit facilement sur ses traits malgré la bonne humeur qui fend sa face de part et d’autre de son visage. Il récupère son sac à dos empli de ses trésors, son appareil photo autour de son cou et le gros objectif derrière lui, on met une veste par-dessus sa chemise et on éternel nœud papillon, les cheveux attachés en une queue de cheval négligée. Et le voilà qui sort de cette pièce, dehors le soleil tout juste se lève, le froid de l’hiver approche doucement de même que les matins givrés.
Leon a toujours aimé l’hiver et ses paysages de neige.
Il arrive à l’avant de la boutique, un air bien trop enthousiaste sur ses traits et dans ses gestes, bien trop enthousiaste pour un simple début de matinée froid et gelé. De ses yeux de faucon, il scrute un court instant les personnes présentes ici, peut-être encore trop peu réveillée il est vrai. Sans un mot - mais toujours bien trop excité - il se saisit d’un paquet de gâteaux secs et d’un sac en toile de jute duquel s’échappe quelques sons métalliques : des pièces et des outils pour les Pirates, voilà la mission du jour. Et alors qu’il commence à se diriger vers la sortie, il saisit par le bras de la jeune fille qui passait par là : Nugget.
- Tu m’accompagnes !
Même pas une question ou une proposition. Un fait énoncé, voilà tout.
Et puis depuis l’agression de Batman, les sorties en solitaire sont limitées au maximum.
Résumé:
- Depuis l'agression de Batou, Leon vit à la Poste - Il bosse toujours en tant que livreur et aujourd'hui il a une mission livraison justement - Le matin, il se ramène dans la pièce principale littéralement comme ça : - Il prend sa casquette, son manteau, son cartable, Nugget et son goûter et c'est parti
Un regard dans le miroir de poche cassé. Il manque un morceau et il y a plusieurs reflets. Mais c’est suffisant pour se repasser un peu de baume à lèvres framboise sur les lèvres (à défaut d’avoir un véritable rouge à lèvres sous la main). Elle se fixe, Nugget, retrousse les lèvres, passe ses mèches sombres derrière son oreille. Une moue. Elle repasse encore un peu de baume à lèvres. ⠀⠀Une autre moue. Maintenant, c’est trop. Elle l’essuie avec la manche de son pull. Il est foncé alors ça ne se voit pas énormément.
Et elle recommence.
Ça fait combien de fois que le résultat ne lui plaît pas ? Elle n’en a aucune idée.
Elle a arrêté de compter.
Le baume à lèvres va finir par s’épuiser en une matinée. Elle devrait faire attention, pourtant— elle sait que ça devient rare. Si rare qu’elle doit se rabattre sur ça au lieu d’avoir un joli rouge à lèvres qui (ne) lui irait probablement (pas) mieux. Elle relève les yeux du miroir brisé, Nugget. Observe les allers et les retours dans la poste. Assise à même le sol froid, elle décide que c’en est assez. Elle referme le miroir de poche et le cache dans la poche de sa jupe— un peu comme si elle avait ⠀⠀honte de se regarder dans un miroir. Elle a lancé des regards autour d’elle, comme pour s’assurer que personne ne l’avait vue.
C’est stupide.
Elle a récupéré son sac qu’elle avait balancé dans un coin lorsqu’elle est rentrée hier soir. Son contenu n’a pas changé par rapport à la veille, toujours le même bordel. Les mêmes feuilles volantes et les mêmes carnets. Le même journal qu’elle remplit avec plus de rigueur (et surtout— avec les bonnes dates). Elle y a rajouté la liste de George d’aujourd’hui, ce qu’elle doit chercher et trouver pour aménager. Elle ne l’a même pas vérifié. Elle n’y pense jamais. Elle le fait toujours une fois qu’elle est dehors.
Alors Nugget, elle a serré les lacets de ses baskets, elle a enfilé sa veste et elle a piqué l’une des écharpes en laine tricotée grossièrement parce qu’elle avait un peu froid à force d’être assise sur le sol. Mais lorsqu’elle a voulu sorti, son sac à l’épaule— tu l’as attrapé. Et elle a—
compris un ordre
et tu sais, Nugget ne désobéit jamais…
Elle a été un peu surprise, peut-être. Tu as l’air plutôt heureux, aujourd’hui. Bien plus qu’avant en tout cas. Elle t’a connu avec un visage bien plus peiné. Mais d’accord, c’est comme tu veux, Leon, elle va t’accompagner. En espérant qu’elle te sera utile. C’est tout ce qu’elle souhaite.
« Euh, OK, mais genre, on va où ? » elle te demande en sortant et en fermant sa veste.
(Elle te tourne le dos un instant, le temps d’essuyer, encore une fois, le baume à lèvres.)
« Et on fait quoi ? On sera rentré pour quelle heure aussi ? »
À croire qu’elle a un emploi du temps chargé, Nugget. Elle s’inquiète juste de la liste de George, comme si ça avait de l’importance qu’elle la termine aujourd’hui plutôt que demain. (À croire que l’heure, aussi, a encore une importance, de nos jours incertains…)
Résumé:
- Nugget se préparait tranquille à partir - sauf que Leon l'intercepte au moment où elle va pour s'en aller !!! et elle comprend un ordre de la part de Leon du coup elle cherche pas à refuser - elle lui pose déjà 150 questions laissez la
Un ordre ? Peut-être. Probablement. A moitié. On ne sait pas.
Leon n’a jamais été très doué pour communiquer ses pensées, roi des gaffes et quiproquos, sous-entendus douteux sans qu’il n’en ai même conscience, parfois on ne le comprend pas quand il parle, il va trop vite, il va à cent à l’heure avec ses pensées multiples. Et seule la photographie aura réussi à le calmer, le canaliser durant toutes ces années. Une aubaine tombée du ciel pour lui, alors qu’il était encore l’enfant surexcité de seulement douze années.
On va où, qu’elle demande, Nugget. Et soudainement Leon s’arrête à quelques pas seulement de la porte, et le voilà qui réfléchit car peut-être aurait-il dû préciser avant. Il lâche une moue en constatant l’intérieur du sac de livraison, il se frotte le crâne et laisse planer quelques secondes avant de répondre, quelques secondes durant lesquelles se sont rajoutées d’autres questions.
- Chez les Pirates, finit-il par dire en haussant les épaules. Pirates, l’hôpital, les Knights ou les Greens, Leon s’en contrefout dans le fond. Ils veulent des outils et des morceaux de métal, m’enfin des trucs typiques de Pirates pour réparer la carlingue de leurs bagnoles.
Il referme le sac en reprenant sa route, et bien rapidement le voilà déjà dehors. Le froid est encore mordant à cette heure-ci de la matinée mais il réajuste son manteau brun en daim qui lui arrive quelque part au niveau des genoux. Il n’a pas d’écharpe, erreur peut-être pour lui qui est des plus frileux mais souvent il se vante qu’il a l’habitude. Immobile des heures durant dans la neige des steppes du nord pour photographier une hermine qui ne voulait se montrer ou qu’il ne parvenait à voir - blanc sur blanc dans la neige.
Et il a déjà failli se noyer, en prenant en photo son animal favori. Le grand requin du Groenland. L’excitation d’enfin y arriver et le froid de l’eau autour de la combinaison de plongé ne font pas forcément bon ménage. C’est à ses dépends qu’il l’a appris.
- On rentrera pour... Il réfléchit quelques secondes durant. Pour... J’sais pas. On en a pas pour long, je crois. On leur dépose ça, on rentre, et pis voilà.
Haussement d’épaules. Dans son esprit, tout va pour le mieux.
Et le voilà qui se met en route vers le territoire pirate, il compte faire simple : rejoindre la ligne de chemin de fer et docilement la suivre, ça ne devrait pas être des plus compliqué pour lui et son sens de l’orientation horrible. C’est ainsi donc qu’il se dirige en priorité vers cet immeuble encore debout, l’un des rares de la ville semblerait-il. Aujourd’hui, il laisse son vélo à la poste, le sol a légèrement gelé dans le courant de la nuit, il ne souhaiterait pas glisser dessus de manière malencontreuse.
Bien trop enthousiaste encore. On croirait difficilement qu’il s’est réveillé il y a de cela trente minutes.
Et enfin il se retourne vers Nugget, Nugget qu’il a forcé à venir sans même s’en rendre compte. Il la regarde quelques instants, yeux écarquillés sans savoir pour quelle raison, et la tête se penche sur le côté. Enfin ses lèvres s’ouvrent pour laisser place à une question méritée, celle qui peut-être aurait dû être posée bien plus tôt.
- Pourquoi ? T’as quelque chose à faire ?
Résumé:
- Leon lui explique qu'ils vont chez les pirates livrer des trucs - Il sait pas trop quand ils seront rentrés mais il fait genre il sait en fait (- s'ils étaient censés rentrer si rapidement, ferait-on un rp, sérieusement ?) - Pouf, direction la voie de chemin de fer qu'il compte suivre pour pas se paumer - Enfin, il finit par se demander si à tout hasard, Nugg avait pas un truc de prévu avant qu'il l'embarque comme un mal-propre ??
Elle a lissé les bords de la jupe. Ils sont toujours froissés. Elle ne prend jamais le temps de bien plier ses habits. Elle a réajusté l’écharpe en laine. Caché son menton qu’elle n’aime pas vraiment. Tiré sur les manches de sa veste pour dissimuler le pull en dessous.
Sauver les apparences.
Des manies qui remontent, d’un coup.
Ah ! Chez les pirates… Elle y était, il y a peu de temps, Nugget. Si elle avait su qu’il fallait ramener le sac là-bas, elle en aurait profité. D’un coup— elle s’en veut un peu. Si elle écoutait mieux, si elle observait correctement ses alentours, peut-être aurait-elle vu le sac ? Peut-être aurait-elle pu être utile en plus d’alimenter ses addictions ? Le sac était-il déjà là ? Ça fait combien de temps qu’il attend de rejoindre les pirates ?
Elle n’en a aucune idée.
Elle n’aime pas vraiment les pirates. À part quelques exceptions. Mais si c’est pour y aller avec toi, alors ça la dérange moins. De toute manière, comme tu le dis, on ne fait que déposer ça là-bas, pas vrai ? On n’a pas besoin de leur parler ?
Ce n’est qu’une mission rapide. Simple. Simple comme tout.
Mais Nugget est capable de tout ruiner, même les choses les plus simples…
Mais d’un coup, elle se sent— un peu de trop. Non, elle n’a rien à faire, enfin, juste quelques bricoles mais ce n’est pas urgent… ce n’est pas ce qu’elle voulait dire,
pardon elle a l’impression, que tu penses qu’elle ne souhaite pas être là.
Elle ravale sa salive. « Non, euh… non c’est juste pour savoir. »
Juste pour savoir. Comme si ça avait encore de l’importance. Comme si, parfois, elle ne faisait pas qu’attendre que la nuit tombe pour dormir, dormir et attendre le prochain jour, attendre, encore
et encore.
Elle s’est redressée, Nugget, ravalant ses angoisses. Elle a regardé le sac, puis toi, puis la direction que vous prenez. Il y a eu comme un doute, les sourcils se sont froncés, et une moue. Nugget, elle a désigné vers la gauche.
« C’est pas par là les pirates ? »
(Peut-être que oui— ou peut-être que non. En fait, elle hésite entre les deux directions. Mais de toute manière, le chemin de rails découpe la ville en deux, on tombera dessus qu'on soit vers la droite ou qu'on soit vers la gauche. C'est après, qu'il faudra choisir la bonne direction…)
Elle a comme une moue boudeuse. « J’espère qu’ils nous fileront un truc pour la livraison à domicile ! »
Elle a sa petite idée, Nugget. Mais n’ose pas l’énoncer à voix haute.
Résumé:
- elle se sent un peu AGRESSÉE but it's cool and good - nugget : montre totalement la mauvaise direction nugget : c'est par là les pirates non - elle espère qu'ils vont leur filer un truc pour la livraison (spoiler alert : elle le dit pas mais elle veut de la weed)
En vérité, il n’a pensé qu’un peu trop tard que peut-être il l’avait embarqué dans cette histoire un peu trop brusquement, avec un peu trop d’entrain et d’enthousiasme alors que - peut-être - elle n’en avait pas l’envie ni même le temps. Peut-être. Alors il lui demande, ils sont encore assez proches de la poste pour qu’elle puisse faire demi-tour si elle le souhaite. Mais ce n’est pas le cas, apparemment. Alors Leon lui lance l’un de ses larges sourire, sa spécialité il est vrai.
- Ok cool !
Et le voilà qui repart en direction du chemin de fer. Ou du moins c’est ce qu’il pense mais elle lui met le doute, Nugget, en pointant la direction opposée et en évoquant la possibilité d’un autre chemin. Leon fronce les sourcils, il réfléchit, il ne faut pas trop l’embrouiller lorsqu’on lui parle d’orientation, de direction ou de noms de rues. Il suit des yeux la direction pointée par son index, laisse sortir un long “eurm” de ses lèvres, preuve s’il en fallait une supplémentaire qu’il ne sait jamais vraiment vers où il va.
- Euuuurm, peut-être... Encore il hésite, car maintenant il ne sait plus non plus si la direction qu’il envisageait est bien la direction de la voie de chemin de fer. Je voulais suivre les rails en fait, donc partir par là... Je crois... Il se bouffe la lèvre, il ne sait plus. Hm...
Il s’arrête au milieu de la route, attend et regarde autour de lui, il cherche cet imposant immeuble qui lui sert habituellement de point de repère et pourtant, son regard a décidé de ne plus le voir, de l’ignorer, d’oublier sa position. Il inspire, il n’aime pas avoir de tels doutes, la dernière fois, il s’est perdu en forêt et dieu sait qu’il n’aime pas se perdre, qu’il a peur de se perdre. Il se revoit sans cesse à douze ans en forêt, à appeler ses parents en pleurant toutes les larmes de son corps, son premier appareil photo dans ses mains à vouloir trouver une famille de renards à immortaliser, parti en douce lors d’un simple pique-nique dans l’insouciance de l’enfance.
Un souvenir qui aura fini par remonter. Parce que peu à peu ses souvenirs remontent. Pas toujours pour le mieux.
- Mais euh... Peut-être par là... Il pointe la direction qu’elle a montré plus tôt. Tu crois...?
Il ne sait pas. Il ne sait plus. Alors il décide de la croire.
Et il la suit, de tout façon, il y a plusieurs chemins pour arriver chez les Pirates. D’ailleurs il n’a pas réellement remarqué qu’elle semblait bien peu emballée d’aller les voir. Il ne voit pas grand chose, Leon, si ce n’est les animaux quand il les cherche. Observateur mais que quand il veut.
- Un truc... réfléchit-il. C’est vrai que j’ai la dalle maintenant que tu le dis, pis j’ai rien mangé ce matin en plus. Il pense qu’elle parle de nourriture, ce que cette problématique envahit bien trop facilement son esprit, avec une seconde bien moins importante pour sa survie. Et j’ai plus de tabac non plus...
Leon gros fumeur, qui n’a pas vraiment arrêté après la tempête bien que sa consommation ait fortement diminué pour des raisons évidentes. Les pirates ont le stock de tabac et de cigarettes - et de quelques autres drogues également. Denrées périssables avec l’humidité, surtout maintenant que plus d’une année est passée. Mais lui, parfois le manque lui tord les tripes, il y pense souvent à ses feuilles de tabac séchées qu’il pourrait fourrer dans sa pipe, et parfois à des cigarettes roulées sur lesquelles se rabattre.
Mais alors qu’ils marchent tous-deux dans les rues en ruine de la ville, en direction de la décharge des Pirates, Leon tient dans sa main gauche le sac en jute plein de pièces de moteur mais il rabat devant lui son sac à dos du quel il sort difficilement le paquet de gâteaux qu’il a piqué tout à l’heure à la poste.
- Tiens, j’ai ça si tu veux.
Il lui tend le paquet de gâteaux.
Résumé:
- Leon commence (déjà) à être paumé, Nugg lui fout le doute mais il décide de la croire - Il pense qu'elle parle de bouffe, donc il approuve jpp - Il est aussi en manque de tabac donc il espère qu'ils en auront aussi - Comme il a faim, il sort le paquet de gâteaux
Finalement, elle doute, elle aussi. Nugget, elle aime bien explorer, elle aime bien découvrir alors souvent lorsqu’elle part en mission pour George, la route n’est plus qu’un grand terrain de jeu. Comme une carte grisée dans un jeu vidéo qu’il faut explorer pour la débloquer. Peut-être est-ce pour cela qu’elle prend toujours trop de temps. Ou bien parce qu’elle est tant perdue dans ses pensées qu’elle ne voit pas l’obscurité tomber trop rapidement.
Elle ne sait pas vraiment. Est-ce que ça a de l’importance ?
Tant qu’elle atteint les objectifs, la manière dont elle a procédé importe peu.
« Ouais, par là ! » elle dit, si sûre d’elle cette fois-ci alors— qu’elle n’en a aucune idée.
Alors tu vois, Nugget ne voit pas le problème de prendre possiblement un détour. De peut-être se perdre.
Tu ne trouves pas ça excitant, toi, Leon, de se perdre ?
On découvre de nouveaux horizons. Des nouveaux morceaux de ville.
Et on se perd un peu plus loin dans cette confusion, mais tu sais, elle est déjà si confuse si perdue si loin dans sa tête, que ça ne change rien. Tu sais, Leon, elle trouve du réconfort dans les pensées qui ne font pas de sens et dans sa manière de se perdre.
Parce que la vérité est trop cruelle. Et après elle pense à Janvi.
Cette pauvre Janvi morte.
Ça fera un an, bientôt.
Elle fronce le nez, Nugget. « Ouais mais genre… si j’étais toi, j’ferais pas confiance à leur bouffe. Ils doivent y mettre des trucs chelous… puis j’suis sûre ils bouffent des rats ! »
Elle fixe le paquet de gâteaux, un instant, un peu gênée peut-être, avant de l’attraper.
« Woah merci, » elle l’ouvre et elle en prend deux avant de te le rendre. « Bah mange ça si t’as rien mangé ce matin. »
Elle croque dans le gâteau. Hausse les épaules. Les yeux dans le vague.
« Ohlala t’imagine ils nous filent une voiture ? » qu’elle dit, la bouche pleine. « J’vois grand peut-être mais ce serait trop cool ! Tu ferais tes livraisons dans une super bagnole, on ira la retaper et mettre des flammes sur le côté et tout. Tu sais conduire ? »
Une seconde de plus et Nugget ajoutait je peux t’apprendre si tu veux mais— elle ne se souvient pas si elle a le permis ou non. Avec la famille qu’elle avait, sans doute que non mais… mais d’un coup, elle a comme un doute.
Ce n’est pas important.
« Si tu veux, en attendant, on pourra retaper ton vélo ! Avec un peu de papier orange et du scotch, j’suis sûre qu’on peut faire des flammes super stylées. »
Elle rêvasse un peu, Nugget, trottinant sur la route en terminant son premier gâteau. Elle chasse les miettes sur son écharpe avant de se tourner à nouveau vers toi. Un petit sourire.
« Tu penses que si on leur demande gentiment, ils vont nous filer des trucs super cools, les pirates ? »
(Nugget, elle n’y croit pas une seconde.)
Résumé:
- elle est absolument pas sûre d'elle mais elle dit à Leon que c'est 100% par là - puis elle dit que les pirates bouffent des rats - elle lui dit de manger - et elle rêve un peu en s'imaginant que les pirates vont leur filer une voiture ou bien faire un tuning sur le vélo de Leon (dsl) - puis elle lui demande si les pirates vont leur filer des trucs cools
C’est qu’elle semble bien sûre d’elle, Nugget, et Leon aime ça il est vrai. Les gens bien plus sûrs que lui sur ce genre de questionnement, il n’a jamais été doué pour tout ce qui pouvait concerner l’orientation, les plans et les cartes. Alors sa sûreté le rassure et c’est avec confiance qu’il décide de la suivre sans plus poser de questions. Et les voilà qui commencent tous-deux à marcher, il sort à manger de son sac et rêve d’obtenir des Pirates quelques restes de nourriture en échange du service rendu.
Doux rêve. Depuis un an que Leon gagne sa survie de la sorte.
Il lâche un rire sonore à ses mots, comme quoi les Pirates mangeraient des rats et autres immondices qui règnent dans leur territoire. Il est vrai que c’est là ce que disent les rumeurs qui courent dans les rues d’Arcadia Bay désormais en ruine, mais Leon n’est pas vraiment prêt à y croire, il préfère en rire et s’en moquer quand bien même un jour la réalité pourrait bien finir par les rattraper : si jamais s’installe la famine, que mangeraient-ils ? Peut-être des rats.
Mais il préfère ne pas y penser. Rester dans ses douces pensées.
- Je suis sûr que c’est pas vrai ! rigole-t-il donc. Mais il paraît qu’ils mettent de l’huile de moteur dans leur alcool...
Air mystérieux et nouvelle rumeur, totalement infondée celle-ci car quiconque boirait de l’huile de moteur finirait intoxiqué et probablement mort dans la journée, même Leon le sait. Mais répandre de telles inepties le fait rire, il faut bien avouer, et il lâche un nouveau rire de déjanté alors qu’il récupère son paquet de gâteaux et qu’il s’en saisit d’un seul entre ses doigts.
Voilà qui devrait lui suffire pour la matinée, songe-t-il. Il croque dedans, sans grande conviction. Les gâteaux secs le fatiguent mais se conservent facilement.
Mais le voilà qu’il s’étrangle, avale de travers son gâteau. La question l’a pris de court et il ne sait pas vraiment y répondre, Leon. S’il sait conduire ? Il voudrait bien dire que oui, conserver son honneur et sa crédibilité. Mais dans les faits, il a passé l’examen cinq fois sans jamais le réussir, son moniteur de conduite parlait de lui comme une catastrophe ambulante et plus jamais il n’a posé les mains sur un volant lorsqu’enfin il a réussi à décrocher le précieux sésame. Pour faire plaisir à papa et maman en vérité. Ce n’est pas pour rien qu’il préfère les vélos.
- Ouais... Ouais je sais conduire, ouais... marmonne-t-il donc à Nugg en avalant goulûment un nouveau petit gâteau sec. Visiblement, ce qu’il raconte sent le mensonge à plein nez et il ne préfère pas s’étaler sur ce sujet. Hey, pas touche à mon vélo ! qu’il s’insurge en haussant la voix - peu crédible, il ne sait pas s’énerver, Leon. Il est très bien comme il est, pas la peine de lui rajouter des flammes ou je sais pas quoi d’autre de ridicule.
Il est parfait comme il est. Son vélo vintage.
- Du tabac, j’espère... C’est eux qui me filent mon tabac, j’en ai plus depuis un moment et ça commence à faire long pour tout te dire... il se plaint légèrement du manque de tabac, c’est que fumer commence à se ressentir dans le creux de ses tripes. Il n’a jamais avoué à lui-même qu’il était accro au tabac mais pourtant, il faudra bien un jour qu’il y fasse face.
Résumé:
- Leon balance une nouvelle rumeur foireuse sur les Pirates (déso pas déso ) - Il commence à grailler un petit gâteau - Il dit que oui oui il sait conduire alors qu'en fait pas du tout - PAS QUESTION DE TUNER LE VELO DE LEON - Il veut du tabac jpp
Elle a comme une moue, Nugget, alors que tu refuses que l’on touche à ton vélo. Il est vrai qu’elle n’est pas très douée dans tous ses domaines artistiques (pour ne pas dire catastrophique—), et que les soit-disant flammes n’auraient pas tenu très longtemps face à la météo capricieuse de l’Oregon. Mais elle aurait pu au moins essayer ! Alors, elle mord dans son deuxième gâteau sec, d’un air boudeur.
(Peut-être est-ce réellement le cas.)
« C’est pas ridicule, des flammes ! C’est super stylé ! »
(Et tu vois, ce sont des mots—
qu’elle n’aurait jamais osé exprimer, avant. Par peur d’être ridiculisée, peut-être, par peur d’être exclue, surtout. Ses goûts, ses envies, qu’elle doit petit à petit retrouver. Tuer cette Janvi créée de toutes pièces pour laisser le droit à Nugget de vivre.) Elle observe son biscuit un instant. Comme si elle prenait le temps de réfléchir.
Avant de finalement hausser les épaules. « S’ils donnent du tabac, tu pourras le garder, c’est pas ça que je fume, moi. »
Nugget, elle a toujours été une simple consommatrice occasionnelle, alors le manque est moins fort. Il est bien présent— mais elle parvient à l’ignorer. Le remplacer. Ou bien, est-ce simplement parce qu’elle n’utilise pas le mot addiction mais plutôt le mot refuge ? Est-ce si différent dans le fond ? Nugget ne pense pas à ce genre de détails.
Ça ne l’importe pas.
Et puis, une fois le deuxième biscuit avalé, vient une autre idée.
« Viens, au lieu de customiser ton vélo, on customise celui de George ! » pour elle, ça sonne comme un cadeau, tu vois. « On pourrait essayer de le motoriser pour qu’il traverse la ville plus rapidement ! En plus le rose de son vélo est trop moche, on lui fera une super couleur ! »
Elle hoche la tête pour elle-même, Nugget. Un nouveau projet ajouté à la liste de ceux qui resteront à tout jamais
inachevés.
(Elle secoue à nouveau son écharpe.) « Enfin, après ça dépend si les pirates nous donnent des trucs cools et utilisables. »
Mais il faudrait déjà atteindre leur territoire. Et si tu remarques la direction de ses pas— si tu regardes bien, Leon, tu verras qu’elle ne suit déjà plus le chemin qu’elle t’avait indiqué. Trop paumée dans ses pensées irréalisables pour y prêter attention.
Ça aussi— ça fait partie des choses qui l’importent peu.
Résumé:
- elle boude exactement 3 secondes parce que Leon veut pas tuner son vélo - elle lui dit qu'il pourra garder tout le tabac - puis son idée de tuner des vélos revient mais pour George finalement (dsl george moi j'aime le rose de ton vélo) - elle est déjà en train de prendre un mauvais chemin
Pourquoi dont s’est-il mis à songer au tabac et à la pipe, à la cigarette également car maintenant le manque qu’il essayait d’étouffer depuis des jours commence à s’agiter dans le creux de ses tripes, il se bouffe les lèvres et les peaux mortes de ses ongles. Une année qu’il ne fume plus autant qu’auparavant, denrée périssable parmi d’autre, le tabac est aujourd’hui devenu rare et pourtant encore il saute dessus dès qu’il en a l’occasion sans prendre le temps à ses yeux d’assez savourer les quelques bouffées auxquelles il a le droit.
- Le garder ? Il répète comme un perroquet, en vérité et de manière très égoïste ces paroles lui plaisent car ça en fera plus pour lui, n’est-ce pas ? Mais enfin la dernière partie de la phrase fait tilt dans son esprit, et c’est un sourire qui finit par s’étaler sur ses traits. Lui-aussi a eu quinze ans, il est vrai. Ohohoh et tu fumes quoi donc ?
Il se doute de la réponse. C’est pour la forme qu’il pose cette question.
Les pas continuent dans la ville, doucement ils commencent à se détourner de leur objectif. Le territoire des Pirates n’est pas si loin mais plongé dans leur conversation et leurs idioties, Leon ne remarque pas que doucement ils se détournent du droit chemin, celui qui les mènera à leur point de livraison, pour s’enfoncer il ne sait où dans les profondeurs de la ville. Non, Leon ne remarque pas vraiment, il ne remarque que ce qu’il veut en vérité et les noms de rues, chemins et autres directions n’en font généralement pas partie.
- Eh, il est bien le rose du vélo de Georges ! s’exclame-t-il comme un enfant à qui on dit que le rose, ce n’est que pour les filles. Par contre, je suis sûr qu’il y a moyen de faire de jolies tresses aux franges de son guidon. Clin d’œil de la complicité. Tu sais, je suis un spécialiste des tresses et pas uniquement parce que j’ai les cheveux longs ! J’en faisais souvent à ma fille, c’était un peu ma cobaye dans ce domaine, éhéh...
Bien rare qu’il évoque sa famille, et comme toujours lorsqu’il le fait, on remarque un court instant dans le fond ses yeux cette lueur nostalgique et ce masque qu’il porte constamment sur ses traits. Mais cette sensation très - trop - vite s’évanouit, si bien que l’on pourrait se demander si on ne l’a pas rêvé.
A nouveau, son sourire illumine son visage.
- Hm... C’est vrai que ce serait cool qu’ils nous filent ce genre de trucs pour motoriser un vélo mais j’suis pas mécanicien, j’saurais pas faire ce genre de trucs, avoue-t-il avant qu’une idée lumineuse ne traverse son esprit. Quand j’étais môme en revanche, je savais comment reproduire le bruit d’une moto sur un vélo avec une bouteille en plastique, on pourrait toujours lui faire au pire !
Idée lumineuse s’il en est.
Résumé:
- Leon se rend pas DU TOUT compte qu'ils se paument doucement mais sûrement - Il se doute que c'est de la weed que fume Nugg mais il lui demande quand même pour la forme - Il propose de faire des tresses aux franges du vélo de Georges puis éventuellement de rajouter une bouteille plastique entre le garde-boue et la roue arrière pour faire le bruit d'une moto - C'est un gamin jpp
Son regard glisse vers toi. Elle a comme un moment d’hésitation.
Puis elle hausse les épaules. « J’fume du shit, moi. »
C’est dit comme si c’était aussi normal que fumer des cigarettes. Peut-être que ça l’est, pour elle. Mais elle sait que ce sont des sujets à éviter, parfois. Des sujets un peu épineux où, souvent, on lui fait la morale. Blablabla c’est pas bien pour ta santé,
ça détruit les neurones, la drogue c’est mal.
Toi aussi, tu es comme ça, Leon ?
Ce ne sont pas des débats qu’elle apprécie avoir. (Ou bien, elle le cache par habitude, surtout, tant elle avait peur que beau-papa ou maman ne le découvre, ou qu’ils la dénoncent au lycée. Maintenant, il n’y a plus rien de tout cela, mais les réflexes sont toujours là.)
Alors, elle embraye sur un autre sujet plus intéressant.
« Nan il est trop dégueu son rose, c’est du rose barbie ! Un rose saumon, ça passerait dix fois mieux ! Ou même du rouge, » elle reste songeuse, un instant, Nugget. « Ah ouais ? Tu pourrais genre, faire des tresses avec des perles dedans ? Non, mieux, on y met des clochettes ou d’autres trucs qui font du bruit ! »
(Pendant une seconde.
Il y a comme un souvenir.
Papa qui tente de dompter ses cheveux infernaux. Elle se souvient— qu’il tirait un peu trop fort parfois mais que le résultat en valait toujours le coup !
Et puis. Et puis on est parti.
Et c’est l’autre qui est arrivé.
Quand il touchait à ses cheveux, ce n’était jamais pour les coiffer tendrement—)
Elle ne savait pas que tu avais une fille. Nugget a toujours été quelqu’un de trop curieuse— mais elle sait que ce sont des terrains un peu trop glissants, parfois. Elle n’ose pas de demander où elle est, ta fille. Pourquoi elle n’est pas avec toi.
Elle n’ose pas.
Elle ne veut pas.
« Ouais moi non plus mais avec les petits moteurs qu’on trouve dans les écoles, je sais faire des trucs, » elle hoche la tête d’un air entendu. « Je crois que j’avais déjà vu des vidéos sur ça ! C’est pas genre, avec de l’alcool que tu mets à l’intérieur d’une bouteille et quand tu l’allumes, ça fait un gros bruit ? Mais ça va pas durer longtemps, non, et puis faut éviter avec les bouteilles en plastique ? Puis faut pas brûler George ! »
Tu ne parlais probablement pas de ça. Et Nugget, tu sais, elle parle de ses sujets qui arrivaient à la passionner, avant. Des sujets qu’elle n’osait pas évoquer avec ses amies car c’est ringard, car elle aurait fini par n’être qu’une
nerd.
Une nerd sans amie. Elle ne voulait pas alors elle faisait semblant de détester.
(Mais il n’y a qu’elle-même qu’elle déteste.)
« Après ça pourrait être une bonne utilisation de l’alcool des pirates, s’ils nous en donnent, » elle t’offre un sourire, « c’est vrai qu’il est dégueu leur alcool, j’l’ai goûté, je crois que, ouais, ils y foutent de l’huile de moteur. »
Elle escalade quelques gravats qui se trouvent là, ne fait pas trop attention à où elle place ses pieds, manque de glisser— mais se rattrape de justesse.
Enfonce les mains dans les poches, joue à l’équilibre. « C’est bête que j’ai plus mon téléphone, on aurait pu regarder des tutoriels pour faire des trucs super cools sur son vélo. »
Une mine un peu déçue, peut-être. Mais téléphone ou pas, sans réseau, elle ne serait pas allée loin.
Résumé:
- elle avoue à leon qu'elle fume de la weed - elle savait pas qu'il avait une fille snif et quand il parle de tresser des cheveux, ça lui rappelle des souvenirs - puis elle parle de trucs de nerds parce qu'au fond, c'est une giga nerd mais elle le cache (le truc de la bouteille c'est ça pour elle : https://www.youtube.com/watch?v=yl89heCsBpQ donc en fait elle a trop pas compris de quoi leon parlait jpppp) - puis elle parle de l'alcool des pirates et de son téléphone vitef
- Du shit... rigole-t-il, retour à quinze ans et même un peu après, le lycée et l’université et encore quelques fois peu avant la naissance de sa fille, avec sa compagne lors de ces quelques soirées passées à fumer des clopes déchirés. Ça fait longtemps que j’en ai pas fumé, tiens...
Léger sourire sur les lèvres. Et air un peu ailleurs. Un moment, dans sa vie d’avant.
Et durant un moment, il songe, encore sa fille, se rappelle que sa femme et lui n’avaient pas voulu du rose pour elle, les petites cases clichés très peu pour eux. D’ailleurs, ils n’avaient même pas voulu connaître le sexe de l’enfant avant la naissance, petite grande surprise, mais ça Leon ne s’en rappelle plus. Il ne se rappelle plus qu’ils avaient opté pour une chambre colorée, du gris aux murs certes mais pour mieux miser sur la décoration. Il ne se rappelle plus des heures passées dans les magasins de meuble et de bricolage pour finaliser la chambre de leur enfant à naître. Il ne se rappelle plus des coups de marteaux sur les doigts, des pinçons sur les ongles et des phalanges coupées. Il ne se rappelle plus de la fois où il avait fini à moitié déchiré dans les vapeurs de peinture lorsqu’il avait décidé de repeindre les murs sans ouvrir la fenêtre.
Il ne se rappelle plus. De tous ces petits instants.
- Ou on pourrait essayer d’en changer la couleur pour que ça aille mieux avec son rose ? propose-t-il. C’est vrai que si on veut passer sur du rose saumon, on pourrait faire des tresses couleurs pastel, du bleu ou de la lavande ou peut-être du mauve ?
Oh, il se projette déjà, arrête de parler au conditionnel, penche plutôt vers le futur car le voilà qui s’imagine déjà rénover le vélo à tresse de George afin de l’accorder à son sacro-saint vélo vintage, également tout de bleu pastel et de brun-beige, cuir et petit panier en fer noir.
- Oulà, non non, je veux pas brûler George pis je parlais de coincer une bouteille en plastique entre la roue arrière et le garde-boue, quand on roule ça fait un gros bruit qui imite plutôt bien un moteur de mobylette, explique-t-il, doigt levé vers le ciel.
Peu à peu encore, leurs pas s’éloignent de leur destination, le sac encore et toujours sur son épaule et le temps que lentement se réchauffe. Le territoire des Pirate s’éloigne ou peut-être sont-ils déjà à l’intérieur sans même s’en être rendu compte, mais dans les faits ils se perdent tout de même, et sans même s’en rendre compte. Lui-aussi songe à son téléphone - détruit lors de la tempête - et son ordinateur - perdu sous les ruines de son hôtel. Et c’est vrai que ce manque se ressent lentement lorsque l’on parle de ce genre de sujets. Oh mais il sait - espère - son téléphone entre de bonnes mains, bien que ce ne soit pas pour les tutoriels Youtube mais plutôt pour ses photographies privées qu’il pense y retrouver.
- Rah mais je suis sûr qu’à deux, on réussira à faire quelque chose de son vélo sans les tutos ! Il lâche à grand sourire, prévoit déjà les travaux de rénovation. Il faudra noter ça quelque part histoire de pas oublier, pis les pirates pourront pt’ête nous filer de la peinture aussi, histoire de. Et au pire, leur alcool à l’huile de moteur, on pourra s’en servir comme dissolvant pour virer le rose bonbon.
Résumé:
- Leon fait 0 remarque sur la weed, il dit même que ça fait un moment qu'il s'est pas amusé avec ça - Leon adulte 100% responsable encore une fois - Il se fait des plans sur la comète pour le vélo de George, jpp T'AS INTERET A KIFFER LULU - Bon bah ils se paument sans se rendre compte encore
On parle du vélo de George comme si on parlait décoration. C’est ce qu’elle fait au sein de la poste, tu sais,
nettoyer construire rénover aménager
et décorer !
On en parle comme si nous étions des aménageurs d’intérieurs, comme si nous étions des artistes, comme si George allait nous laisser toucher à son vélo. Ah, peut-être que si on lui demande gentiment, il sera d’accord ! Mais tu vois, Nugget, elle commence à le connaître et elle à tendance à croire que la réponse sera
non
un grand non.
Mais ça vaut le coup d’essayer, non ?
« Ouais genre, on pourrait lui faire des nouvelles tresses avec des vieux habits que plus personne ne porte ! Faudrait les découper et puis les coudre, genre j’connais quelqu’un qui pourrait le faire je crois… » ses pensées dévient un instant vers Blessing— avant de se reconcentrer sur toi et son jeu d’équilibre, car elle sait qu’il lui est bien trop simple de s’enfermer dans sa tête.
Ah, ou avec des lacets aussi ? Mais des lacets de couleur, ce n’est pas facile à trouver. Elle fait la moue, Nugget.
Penche la tête un instant. « Ah ouaiiiis moi j’ai jamais mis de bouteille en plastique sur mon vélo, en même temps j’ai pas de vélo, mais ça pourrait être cool. Tu crois que George il sait conduire une moto d’ailleurs ? Il sait faire pleins de trucs ! »
Si tu savais comme il est doué ! Il sait jouer de pleins d’instruments de musique et il peut parcourir toute la ville à vélo, toute la journée, et livrer les lettres à tout le monde sans jamais s’en plaindre et il est toujours à l’heure bon parfois il se plaint quand Nugget salit la maison la poste mais elle comprend, il n’aime juste pas que ce soit sale c’est tout, en même temps personne n’aime que ce soit sale,
George il n’a pas une seule tâche,
sa toile est si blanche si immaculée et son sourire suffit à réchauffer les locaux de la poste un peu trop froid en début d’automne et on redoute un peu l’hiver mais on est sûre qu’avec lui, tout se passera bien, après tout, il fait tant pour les autres alors elle est sûre qu’il arrivera à gérer !
Il est vraiment doué, tu sais, il arrive à délier ses propres mots, ses propres sentiments à elle, il arrive à les laisser couler sur les lettres et à délivrer les émotions qui étouffent trop trop trop. Il arrive à la faire se sentir
à sa place
et pas de trop, pas inutile.
Il arrive à la faire se sentir
aimée
et ah— tu sais ça fait une éternité qu’elle n’avait pas ressenti ça, elle a un peu chaud aux joues rien qu’en y repensant.
Alors pour le remercier, il faut lui faire le plus beau vélo du monde !
(Elle descend finalement des gravats.) « Ah mais moi je sais qui pourrait nous aider ! J’ai un ami il s’appelle Mac, MacGyver, tu le connais ou pas ? Il sait faire des trucs trop ouf ! Et j’suis sûre qu’il aurait des idées trop géniales pour customiser le vélo de George et pour rajouter des trucs trop cool. »
Elle hoche la tête d’un air entendu.
« J’pense qu’on devrait aussi lui rajouter une lampe, genre si jamais il doit livrer des lettres la nuit ou en hiver quand il va faire noir super vite. Genre une lampe dynamo reliée à ses pédales comme ça elle s’épuise jamais ! »
Alors elle a sorti son journal de son sac, elle l’a ouvert à une page au hasard, vierge, et elle s’est assise à même le sol, un stylo dans les mains, et elle a commencé à noter les idées, petit à petit. Et quand elle a relevé la tête, pour t’en parler—
elle a remarqué le bâtiment pas loin, devant.
« Bah c’est pas le dinner là ? »
Bah oui. Il n’a rien à faire là, si ?
Résumé:
- elle parle de faire des tresses au vélo de george avec des vieux habits - elle dit que la bouteille en plastique c trop cool et elle se demande si george il sait conduire une moto (george stp dis moi je veux savoir) - cette rep est subitement devenue une déclaration d'amour pour george jsuis dsl je sais pas ce qu'il s'est passé - elle parle de SON AMI mac - elle dit que ce serait cool de mettre une lampe et puis elle commence à noter les idées - puis elle remarque genre,, c pas le 2 whales dinner là????? mais pk il est là il est pas censé être sur le chemin????
C’est qu’ils sont bien jolis, tous ces plans qui se dessinent à mesure que passe le temps et qu’ils se parlent chacun leur tour. Tous-deux ont quelque chose de plus à apporter, toujours plus, toujours plus loin dans leur délire, alors qu’aucune feuille de cannabis n’a encore été fumé. Leon sourit, ils sont bien rare les gens qui arrivent à être sur la même longueur d’onde que lui, qui arrivent à le suivre.
- Ahaha, si, je faisais ça quand j’étais gosse, le coup de la bouteille, et je faisais des tours comme ça dans le quartier pour faire chier les voisins, surtout la vieille peau qui vivait au bout de la rue et qui me rappelait toujours que de toute façon, j’étais pas d’ici et que je ferais mieux de rentrer dans mon pays...
Oh, il se tait soudainement. Et se bouffe les lèvres. Pourquoi il se souvient de ça ?
- Mais bref ! abrège-t-il alors soudainement. C’était qu’une vieille peau !
Il voudrait bien les oublier, elle et ses mots. Pourtant, ils l’ont hanté une bonne partie de son enfance, jusqu’à ce qu’il décide qu’il n’en avait juste plus rien à cirer. Dur pourtant, de faire concorder ce qu’il fait et ce qu’il voudrait faire.
- J’sais pas s’il sait conduire une moto... Il réfléchit un moment, en se frottant la barbe de trois jours qui court sur ses joues. Mais je suppose, ça doit pas être si différent d’un vélo !
Dans son esprit en tout cas. Tout va pour le mieux.
Et Nugget parle soudainement de Mac, MacGyver son ami dit-elle. Leon sourit un peu mais ce sourire s’évanouit lorsqu’elle lui demande s’il le connaît. Son esprit lui souffle qu’il le devrait, que ce nom devrait lui dire quelque chose, encore cette sensation désagréable d’avoir le souvenir sur le bout de la langue sans même qu’il ne parvienne à le faire sortir. Et puis finalement, l’idée vient.
Son téléphone. Ce nom a un rapport avec son téléphone.
- AH MAIS OUI ! hurle-t-il. C’est le jeune à qui j’ai confié mon téléphone pour qu’il le répare, il y a quelques semaines. J’sais pas trop où il est, d’ailleurs mais c’est pas bien grave. Si pourtant, parce que dans ce téléphone se trouvent ses souvenirs à lui, pans de sa vie envolés de sa mémoire. Mais c’est pas Sasha son nom en fait ?
Difficile de faire le lien, car dans son carnet de visages, Leon note les véritables prénoms. Mais de Ashton, il n’a pu noté que le début, et Ash s’est ensuite progressivement transformé en Sasha dans son esprit embrouillé. Alors maintenant, MacGyver est Sasha, voilà tout.
Mais il finit lui-aussi par redresser le regard, jusque là il regardait Nugget noter leurs idées dans son propre carnet - une lampe dynamo s’est ajoutée. Le dinner ?
- Hm, effectivement... approuve-t-il en clignant bêtement des yeux. Au pire, on repart dans la direction opposée à la mer et ça devrait le faire !
Plan bancal. Aussi bancal que son sens de l’orientation.
Résumé:
- Leon a un souvenir pas cool qui remonte mais il décide de s'en foutre - Dans sa tête, conduire une moto, c'est pareil qui de conduire un vélo, j'sais pas comment il fait pour être encore en vie à ce stade - Il se rappelle de Mac mais il s'appelle Sasha dans son esprit - Effectivement c'est bien le dinner là - Il propose un plan de secours qui pue, on va pas se mentir
Son poing s’est serré autour de son crayon et les sourcils se sont froncés.
La voix un peu plus grave, la sincérité dans les paroles qui viennent un peu trop vite. « Et pourquoi t’as pas dit à la vieille que c’était une grosse tepu ? » elle connaît bien ça, Nugget, malheureusement. « Moi on m’a dit pareil sauf que les gens sont cons, ils savent pas que j’suis née au Canada. »
Elle hausse les épaules, ensuite. Comme si elle voulait faire croire que ce sont des choses qui ne l’atteignent plus vraiment. Mais pourtant, souvent, trop souvent, peut-être même systématiquement, lorsqu’elle entend une remarque sur sa couleur de peau, Nugget sort les crocs.
(Peu importe qui.)
Mais bref, comme tu dis.
Elle semble hésiter une seconde.
« Nan j’pense pas, ‘fin si conduire une moto et un vélo c’était pareil, y’aura pas besoin de permis. »
Légitime.
Un sursaut la prend lorsque tu cries, elle tente de le camoufler du mieux qu’elle peut, mais le crayon qui lui a échappé des mains ne cache rien. D’abord, elle hoche la tête— puis elle s’arrête en entendant le prénom qui tu lui attribues.
« Hein mais non, il s’appelle Ashton, » pourquoi Sasha ? Ça n’a rien à voir. « Puis j’sais pas trop où il est non plus, il bouge un peu partout, genre l’autre fois on était dans une grotte dans une falaise, tu vois. Mais j’crois qu’il est souvent à l’hôpital parce qu’il a un pote là-bas. »
(Ah, oui tu vois, elle voit bien leur petit jeu.
Mais elle ne le dira pas.)
Elle prend le temps d’observer les alentours. Se relève, pour voir la plage au loin et la mer, le sable qui s’étend à perte de vue et elle se pose quelques questions…
Tente de se souvenir des chemins de la ville.
Elle n’a jamais vraiment connu les rues et les bâtiments importants. C’est toujours avec un peu trop de chance qu’elle arrive à destination sans se perdre. Parfois elle ne regarde même pas où elle met les pieds, trop coincée dans ses pensées.
Elle fronce les sourcils. « Euh… ouais j’pense qu’on croisera les chemins de fer au bout d’un moment. »
Alors elle range finalement son carnet, ramasse son crayon.
« Tout droit alors ! » dit-elle en tendant son bras dans la direction soit disant opposée à la mer.
Elle reprend la marche, d’un pas déterminé.
« En vrai faut se dépêcher parce que si on arrive en retard, ils nous donneront rien pour la livraison ! »
Est-ce qu’ils ont une notion de retard, là-bas ? Les heures et les jours leur sont-ils encore utiles ? Ou bien, qu’ils arrivent aujourd’hui ou dans une semaine, le résultat sera-t-il le même ?
Elle ne pourra pas le savoir s’ils n’essaient pas.
Résumé:
- elle insulte la mamie raciste psk nugget supporte trop pas ça - puis elle dit le vrai prénom de mac et elle parle un peu de la grotte et de l'hôpital - puis elle est d'accord avec le plan de Leon (mais pas très convaincue) - elle dit qu'il faut se dépêcher sinon ils auront rien en rab pour la livraison !!!!!
Pourquoi ne pas avoir dit à la vieille ce qu’il pensait d’elle ? Bonne question il est vrai. Probablement préférait-il l’oublier.
- Boarf, je la faisais déjà bien assez chier en roulant dans ses parterres de bégonias, c’était bien assez jouissif comme ça, elle me prenait pour un délinquant !
Leon n’a jamais rien eu d’un délinquant, ni l’esprit ni la carrure, il était même de ceux que l’on moquait dans les cours de récré, pour sa passion étrange des insectes et bestioles en tout genre, parce qu’il séchait pour aller les prendre en photo plutôt que de suivre les cours de mathématiques. On l’a déjà traité de nerd ou de geek à l’époque où ces mots étaient encore des insultes. Leon n’en a jamais rien eu à faire, il vivait sa vie et non pas celle des autres, grand bien leur fasse s’ils préféraient s’acharner sur lui pour essayer de gagner un semblant de notoriété qui s’envolerait dans les années à venir.
- Ashton...? demande-t-il d’un air innocent lors qu’on le lui fait remarquer que Sasha n’est pas le bon prénom écrit pourtant dans son carnet de visage - ou écrit au quart, mais qu’importe. T’es sûr que c’est pas Sasha ? Parce que j’ai écrit ça, moi, dans mon petit carnet. Et il insiste, un moment encore. Mais bref, moi et les noms... Encore plus depuis que je me suis pris mon caillou dans la tempe !
Oh le dinner. Effectivement, dans son esprit, il n’a rien à faire ici. A quel point se sont-ils éloignés de leur chemin initial ?
La carte de la ville est encore floue aux yeux de Leon, et longtemps elle le restera car Leon n’est pas connu pour son sens de l’orientation exceptionnel, mais plutôt pour son sens de l’observation. Il est celui qui regarde et qui écoute sans rien dire, celui qui voit les détails dans les mots et les gestes. Mais se souvenir du nom de rue ou de quel côté se lève le soleil, il n’y parvient tout simplement pas. Tant pis pour la lampe dynamo et le vélo de George, il s’occuperont de tout cela plus tard dans la journée. Encore faudrait-il déjà arriver chez les Pirates pour leur refiler leurs outils et carlingues.
- Ok donc on fait demi-tour... Et on s’éloigne de la mer... Leon réfléchit à tout allure sur une carte mentale qui n’est même pas complète. Et on retombe sur la voie de chemin de fer...
Et il marche en même temps qu’il parle, essaye de reconnaître des lieux, cette rue lui dit quelque chose alors il s’y engage sans plus de réflexion, il tourne à droite et à gauche, commence enfin à se souvenir de quelques endroits. Il sent, il sent qu’ils y sont presque, qu’enfin ils se rapprochent de l’objectif tant attendu. La ligne de chemin de fer ne doit pas être bien loin désormais, de moins dans son esprit elle n’est qu’à quelques mètres.
Et au détour d’une rue qu’il emprunte. Enfin il reconnaît l’endroit.
- La poste ! s’exclame-t-il, tout content durant les quelques secondes qui suivent, jusqu’à ce qu’enfin l’absurdité du chemin lui apparaisse clairement. La poste ? Mais non, fallait pas aller par là... Qu’est-ce que j’ai foutu...?
Et il finit par tourner son regard perdu vers Nugget. Qu’est-ce qu’ils ont foutu pour se retrouver au point de départ ?
Résumé:
- Leon le délinquant roulait dans les bégonias de sa connasse de voisine - Il insiste encore un peu : "T'ES SUR QU'IL S'APPELLE PAS SASHA HEIN ??" - Il prend les choses en main pour retrouver le chemin - Et enfin ils arrivent... - A la poste
« Bah… nan, c’est Ashton. Ou alors il t’a donné un faux prénom. »
Après tout—
les prénoms, on ne s’en sert plus, ici. Ça fait combien de temps qu’elle a entendu le sien ? Celui qu’elle s’évertuait à répéter encore et encore, lorsqu’on l’appelait Nugget pour l’embêter, lorsqu’elle ne voulait pas endosser ce surnom stupide. Jusqu’à finalement l’adopter, quand elle s’est rendue compte que Janvi était morte morte morte—
Parfois, elle ne distingue plus vraiment les deux.
Elle ne distingue plus les surnoms des prénoms.
Parfois, Ashton lui semble avoir été MacGyver aussi longtemps qu’elle s’en souvienne, même avant la tempête. Parfois, elle se demande si même les surnoms les plus étranges ne sont pas en réalité des véritables prénoms.
C’est confus.
Ça l’a toujours été.
Tout l’est, pour elle.
Aujourd’hui encore, la preuve—
elle se perd dans les rues avec toi. Elle te suit, phare dans la nuit, elle te fait un peu trop confiance quand tu ouvres le chemin, qu’elle s’amuse à marcher dans tes pas exacts dans la poussière et les gravats.
Tout ça, tout ça— pour retomber sur la poste.
Ah. Peut-être aurait-elle dû éviter de te faire autant confiance ? Elle te regarde, sans un mot, un peu frustrée d’avoir fait tout ce chemin pour rien, elle plisse les pans de sa jupe nerveusement, se retourne comme pour s’assurer qu’ils sont bien là et que ce n’est pas qu’une illusion d’Arcadia. Mais non. Ils sont bien revenus sur leurs pas sans même s’en rendre compte. Trop perdue dans ses pensées pour le remarquer. Trop loin dans sa bulle pour observer ses alentours.
(Toujours toujours toujours.)
Elle sort son carnet, une nouvelle fois.
« Attends, » s’accroupit, pose les pages ouverts sur ses cuisses et griffonne à la va-vite une carte de la ville.
(Un croissant grossier. Elle tente de représenter les territoires mais ils ne sont probablement pas au bon endroit ni même à la bonne taille. Marque l’emplacement du dinner et de la poste. Les rails, aussi.
C’est maladroit.
C’est dessiné de mémoire.
Mais Nugget n’a plus vraiment de mémoire—)
Elle fouille dans son sac, sort un feutre rouge. « OK, on est là, » (elle marque un point près de la poste), « et pour aller aux pirates, il faut juste faire ça, » (elle trace une flèche vers le chemin de fer puis le long de celui-ci). « Non ? »
Nugget se redresse, et te montre sa carte (bancale et probablement fausse).
« On devrait mieux s’en sortir avec ça ! Genre il suffit de contourner la poste quoi… »
N’était-ce pas ce qu’ils auraient dû faire dès le début ?
Résumé:
- elle insiste bien que c ashton jpp - puis elle se paume un peu dans sa tête donc elle fait pas gaffe à la route - elle juge un peu leon quand ils se retrouvent à la poste - elle fait une carte... incroyable : - puis elle dit que c pas sorcier allons !!!!
Il jette un regard blasé à George à travers la vitre, comprenant soudainement pourquoi il livre le courrier seul. En vérité, il se doutait déjà de la réponse, il est juste entouré de boulets incapables de se repérer dans la ville en ruine. Il lâche un gros grognement de gorge, bruit peu ragoûtant mais il décide de voir le bon côté des choses.
- Au moins ! commence-t-il en lâchant un grand sourire. Au moins, on sait où on est ! Ahah !
Pas faux car en revenant au point de départ, ils savent désormais où ils se trouvent, ils ne sont plus perdus. Et finalement, c’est avec les poings sur les hanches qu’il lance son sourire à Nugget à ses côtés. Elle ne semble pas aussi enthousiaste que lui quant à ce retournement de situation, d’ailleurs la voilà qui commence à ressortir son carnet, et dessiner la ville grossièrement - comme Leon pourrait le faire avec son carnet de visages.
Il la regarde attentivement, tracer ses traits. Son croissant et ses flèches. Vers la voie de chemin de fer. Puis vers le territoire pirate.
Et le voilà qui pince les lèvres, à son tour d’être vexé, une raison simple à cela : c’était e chemin qu’il voulait emprunter avant qu’elle ne l’en détourne et voilà que maintenant, ça lui retombe dessus, que c’est lui qui encore passe pour le mec qui n’arrive pas à se repérer en ville. Partir en direction de l’observatoire, atteindre la voie de chemin de fer, la suivre et arriver sans encombre. Pourquoi diable l’a-t-il suivi alors que pour une fois dans sa vie, il avait raison ?
- ... C’était ce que je voulais faire depuis le départ.
Il dit ces mots d’un ton sec. Clairement vexé et blessé dans son honneur.
Puis il récupère son sac à dos, son sac en jute qui encore clique et craque des objets métallique qu’ils transportent. Il souffle un “ufm qu’importe” qui sonne de toute évidence faux avant de se diriger à grandes enjambées vers l’observatoire qu’il voit au loin. Suivre le chemin vers l’observatoire - rare immeuble encore debout - et arriver à la voie de chemin de fer, suivre les rails et atterrir sans plus d’encombre chez les pirates.
Oh oui, il est vexé. Mais tu sais ? Dans dix secondes, ce sera oublié.
Résumé:
- Leon comprend soudainement pk George livre le courrier tout seul - Mais il essaye de voir le bon côté des choses - Quand Nugg fait son dessin, il se rend compte que c'était ce qu'il voulait faire depuis le début - Du coup il est grave vexé et il se met à bouder - Ce sera oublié dans 10s, tkt
Ah, elle semblait fière et heureuse de t’aider avec cette carte ! Mais ton visage se ferme et tu tournes le dos et tu as l’air
en colère
contre elle ? Elle ne se souvient pas, Nugget, si c’était réellement le chemin que tu souhaitais prendre dès le début, trop perdue dans ses pensées et sa petite bulle pour s’en rappeler correctement. La mémoire un peu compliquée. On oublie les mots à l’instant même où ils sont prononcés. (Ou bien est-ce que tu mens juste pour garder un peu de fierté ?) Les bras retombent le long du corps, dépitée. (Elle range son journal, mal à l’aise—)
Pourquoi est-ce que tu te vexes.
Elle voulait juste
t’aider et être utile.
C’est toi, en plus, qui l’a embarqué dans cette histoire. Elle, elle voulait juste
ne pas être de trop, encore.
Ah. Non. Tu as raison.
C’est de sa faute si vous avez fait ce grand détour.
C’est toujours de sa faute.
Finalement, si Nugget en veut à quelqu’un, c’est seulement
à elle-même.
Ça ne fait que confirmer ce dont elle était déjà persuadée. Elle ne fait que mettre des bâtons dans les roues, elle ne fait que détruire ce qu’on essaie de construire, elle ne fait qu’être un boulet de plus. Elle tire les autres vers les bas. Emportant tout ce qu’elle peut dans sa chute pour se sentir un peu moins seule, en bas. Sa gorge se noue. Plante les ongles dans la paume de sa main. Elle t’es inutile, tu ne vois pas ? Pourquoi tu l’as fait venir avec toi ? Ne serait-ce pas mieux qu’elle reste à la poste, finalement, maintenant que vous êtes là ?
Tu n’auras pas de boulet à tes pieds, ainsi.
Tu ne perdras pas de temps. Tu serais déjà rentré avec ton sac vide, si elle n’était pas là.
Comme toujours elle est
de trop de trop de trop inutile stupide fille.
Elle l’a toujours été. Mais avant, elle criait assez fort, elle frappait assez fort, pour que les mots ne lui parviennent pas, pour qu’elle se persuade d’avoir une place. Mais maintenant qu’elle est seule— l’illusion s’est stoppée.
Elle s’est rendue compte. Qu’elle n’était rien. Et si tu savais, Leon, tout ce qu’elle a fait. Est-ce que tu te serais embêté à l’avoir à tes côtés ? Est-ce que George l’aurait accepté à la poste ? Aurait-elle une place parmi vous ?
Pourquoi tu ne l’abandonnes pas ici. Tout simplement.
Elle traîne un peu des pieds, derrière toi. Hésite. Mal à l’aise. Elle ne sait pas pourquoi elle te suit, finalement. Peut-être parce que le pardon est devenu une obsession chez elle ?
« Mh… désolée. »
C’est murmuré si bas qu’elle ne sait pas si tu l’entends. C’est fou, le coup que ça met à l’égo, d’avouer qu’on a tort, d’avouer qu’on s’est trompé, d’avouer qu’on
ne sert définitivement à rien.
Nugget escalade les gravats pour penser à autre chose. Mais la gorge est si serrée. Elle ne sait vraiment pas pourquoi elle te suit. Elle ferait mieux de rentrer et de te laisser seul et d’arrêter arrêter arrêter de vouloir à tout prix la validation des autres, comme un chien qu’on récompense pour ses bonnes actions avoir écouté les ordres. C’est plus fort qu’elle.
Les yeux rivés sur le sol.
Elle ne supporte pas le silence. Elle a besoin d’aboyer de parler, Nugget, pour faire taire tout le bruit dans sa tête.
Alors, c’est peut-être mal amené. « Et, euh, j’me demandais, genre… » (elle enfonce ses mains dans ses poches). « Genre, Leon c’est ton vrai prénom ou c’est un surnom ? Moi ça me fait penser à lion, c’est cool. »
Elle a du mal avec les prénoms ou les surnoms.
Tout s’emmêle. Comme toujours.
Résumé:
- au début elle est vexée que Leon soit vexé - sauf qu'après elle se rend compte qu'elle a juste été un giga boulet - donc elle bad de ouf jpp - elle sait plus où se mettre, elle est à deux doigts de le laisser en plan psk elle sert à rien - elle s'excuse qd mm - puis elle demande si Leon c son vrai prénom et tout psk elle est malaise s'ils restent silencieux et elle sait plus quoi dire......
Tu sais, Leon c’est encore un enfant. Dans le fond. Il est vexé, c’est tout.
Il est vexé, c’est tout, de s’être détourner du chemin qu’il voulait prendre à la base alors que pour une fois il avait raison. Tu sais, Leon est juste vexé pour une fois que son sens de l’orientation ne l’avait pas trompé. Mais tu sais, Leon c’est juste un enfant, dans dix secondes ce sera oublié. Il marche, quelques pas plus tard et voilà. C’est déjà sorti de sa mémoire défaillante, qui ne retient que ce qui l’intéresse et encore. Parfois ce qui l’intéresse s’envole tout de même de son esprit, c’est comme ça, c’est ainsi depuis qu’il s’est pris ce caillou sur le coin de la tempe.
Tu lui dis désolé. Mais lui, il ne comprend déjà plus pourquoi.
- Bah pourquoi ? qu’il demande donc en se retournant.
Oh tu es loin. Il te distance sans le vouloir. Alors il ralentit un moment. Le temps que tu le rattrapes.
S’il savait ce à quoi tu pensais. Oh il s’en voudrait d’avoir été aussi sec. Oh il ferait en sorte que tu arrêtes de penser de la sorte. Car ça lui ferait mal. Comment en vient-on à penser cela ? Parce que Leon, il essaye de voir tous ces bons côtés chez les gens, même si on pense qu’ils sont bien cacher, même si on pense qu’ils n’existent pas. Leon le sait, lui, que tous ces bons côtés existent. Il te le prouverait.
Il te le prouvera. Un jour.
- Oh, c’est juste un diminutif, qu’il dit lorsque tu lui demandes pour son surnom. Il hausse les épaules, c’est aussi simple que cela car il n’a jamais réussi à adhérer à ce concept nouveau - des surnoms, pourquoi faire ? Lui il est et restera Leon. En fait, j’ai un prénom à coucher dehors, c’est tout !
Leonhardt. Parfois il se demande pourquoi ses parents l’ont nommé de la sorte. Ou l’orphelinat en Inde, il ne sait pas trop en vérité qui a choisi ce prénom.
- Je te mets au défi de le deviner, si tu veux !
Clin d’œil. Pour lui, la vie est un jeu.
Résumé:
- Comme prévu, Leon boude pdt 3s puis il oublie pourquoi il boude - PAR CONTRE T'ARRÊTE DE PENSER CA SINON - Il dit à Nugg que c'est une juste un diminutif - Il la met au défi de trouver son vrai prénom à coucher dehors
Les yeux restent rivés sur la route qui a souffert,
alors que les pensées sont déjà loin dans la lune.
Tu te retournes vers elle et— ah, c’est comme s’il ne s’était rien passé. Pourtant… pourtant tu avais l’air si vexé, tellement que Nugget s’est faite si petite, si discrète, si muette, presque prête à
prête à
prête à——— recevoir— prête à———————. Les mauvais réflexes ancrés aux creux des os.
Désolée pour quoi ?
À ton avis ?
(Désolée pour elle, désolée d’exister, désolée de n’être qu’un boulet aux pieds des gens. Ce sont des mots qu’elle ne saurait prononcer— elle aurait juste envie de hurler jusqu’à ne plus savoir parler. Hurler toute la haine qu’elle a pour elle.)
Elle ne répond pas, Nugget. Elle en serait incapable. Alors elle ne fait que hausser les épaules en guise de vague réponse. Sans comprendre pourquoi tu ne sembles plus aussi sec qu’avant.
Comme si tu avais oublié.
Comme si elle avait imaginé tout cela.
Et si c’était le cas ? Et si elle se perdait si fort dans sa tête qu’elle arrivait à imaginer des scènes si vivaces qu’elles se confondent avec la réalité ? (Et si c’était déjà le cas ?)
Ce sont des pensées qui l’effraient par dessous tout alors— elle tâche de penser à autre chose.
Penser à ton prénom, tiens !
Oublier le reste, oublier le poids qu’est son corps, oublier tout ce qui fait d’elle, tout ce qu’elle déteste. Ah, qu’est-ce qu’avait dit Bloody Mary ? Faire semblant jusqu’à s’en convaincre ? On va faire semblant, alors. Janvi, elle sait mentir, elle l’a déjà tant fait. (Quand maman lui demandait où en sont ses notes, quand il fallait aimer les garçons devant beau-papa, quand on partait en courant en voyant les figures d’autorités, quand les professeurs posaient des questions,
quand Hugo————.)
Alors, dansons ! Chantons ! Jusqu’à l’épuisement, jusqu’à se casser la voix, jusqu’à ne plus savoir penser correctement et oublier ce corps désarticulé. Dansons, Leon, pour oublier ce qu’il se trame dans nos têtes, mentons-nous à nous-même, n’est-ce pas plus simple que la vérité ? Mentons-nous si fort que ça en devient la vérité.
C’est ainsi qu’on réussi dans la vie.
Alors, même elle, elle ne sait pas, si son sourire est un vrai ou un faux.
(Elle est vraiment mauvaise avec les noms.) « Euh bah, si c’est un diminutif… » elle réfléchit un moment. « Je dirais, euh, Leonardo comme dans les tortues ninjas ? »
Nugget reprend son escalade sur les gravats.
« Ou Leonidas ? »
Elle regarde enfin droit devant elle, Nugget. S’arrête une seconde avant de te montrer l’horizon du bout du doigt.
« Ah ! Regarde ! C’est pas le chemin de fer ? »
À croire que
tout rentre dans l’ordre.
Résumé:
- elle bad tjrs mais elle fait genre ça va !!!! - elle pense que leon il s'appelle leonardo ou leonidas - elle montre le chemin de fer au loin !!!!!!
Il fait semblant depuis plus d’un an, Leonhardt. Faire semblant de sourire, faire semblant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il porte son masque sur les traits, fait comme si tout était bien, comme si tout était bon. De sa famille, il n’évoque que les bons souvenirs dont il se souvient, jamais il ne dit qu’elles lui manquent terriblement, qu’il craint ne jamais les revoir, qu’il craint qu’elles finissent pas l’oublier, qu’il craint ne jamais voir grandir sa fille, qu’il craint ne plus être qu’un visage parmi tant d’autres sur les photos de famille, ce visage qu’on finit par ignorer, ce visage dont s’interrogent les enfants quant à la personne à qui il appartenait.
Leonhardt, il fait semblant de sourire. Car s’il ne le fait pas, qui le fera aujourd’hui ?
Alors sur ses traits s’étendent ses lèvres et dans sa voix résonne le rire, dans ses yeux luit cette étincelle malicieuse et dans ses mots s’entend ce ton absurde. Qui croit-il tromper de la sorte ? Tout le monde, il espère. Lui-même, il attend. Peut-être qu’un jour, il parviendra à se persuader lui-même. Que tout va pour le mieux.
- Leonardo ? Comme la tortue ninja, j’aurais adoré ! s’exclame-t-il suite à la première proposition que tu donnes. Mais non, c’est pas ça. J’ai pas trop la tête ou l’accent à porter un prénom italien, malheureusement.
Et il sourit. Il rigole. Encore et toujours.
- Leonidas comme le spartiate, ça aurait pu être sympa aussi... souffle-t-il de ce ton amusé qui sonne si vrai tant il est habitué à le singer. Mais c’est pas ça non plus.
Et la voilà finalement, cette voie de chemin de fer que l’on a tant cherché. Leon la voit après que tu l’es remarqué toi-même, il la voit après qu’il eut salement trébuché sur le rail en métal, sur le point de s’écraser le nez au sol. C’est drôle de voir que lentement la nature reprend ses droits, déjà quelques plantes sauvages envahissent le bois et le métal et dans quelques années, la voie de chemin de fer finira doucement mais sûrement par disparaître.
- Parfait ! qu’il s’exclame après s’être redressé. Maintenant, il faut la suivre dans... Il réfléchit quelques instants durant, à regarder dans les deux directions. Par là !
Il pointe la mauvaise direction d’un air bien trop sûr de lui. Avant de réfléchir, et de laisser fléchir sa main.
- Ou par là, peut-être... qu’il rajoute en désignant cette fois l’autre côté.
Le voilà à nouveau perdu. Comme toujours dans sa vie. Comme toujours dans cette ville.
Résumé:
- Leon ne s'appelle ni Leonardo, ni Leonidas malheureusement - Il se presque pète la gueule sur les rails - Il est toujours aussi paumé je pleure
Peut-être fais-tu semblant, mais pas de la manière dont elle l’imaginait. Fais-tu semblant de ne pas être en colère, de ne pas lui en vouloir ? Fais-tu semblant que ce n’était rien, fais-tu semblant d’avoir oublié pour ne pas la gêner ?
Fais-tu semblant de l’apprécier ? Elle comprendrait.
C’est compliqué, de choisir des mots, pour dire à un autre qu’on le déteste. Elle sait que c’est compliqué car elle se souvient des larmes qu’elle provoquait, au lycée, lorsque elle on la forçait à murmurer aux oreilles de toutes ses filles qu’on ne les aimait pas. Qu’elles n’étaient pas appréciées. Et peu importe comment Janvi tournait et retournait les mots— ça faisait toujours aussi mal.
Elle se dit— c’est le karma. Elle l’a juste mérité. Tellement mérité.
Tu sais, il n’y a pas à faire semblant. Elle encaissera la vérité. Et ça te permettra de te trouver une compagnie bien plus appréciable que la sienne. Ça vous arrangera, tous les deux.
Mais Nugget elle fait semblant de ne pas y penser et elle réfléchit de nouveau à ton prénom. Ses deux propositions sont fausses et pourtant, Leonardo, c’est vraiment stylé ! Plus stylé que Nugget, c’est sûr.
Encore plus que Janvi.
Sais-tu que le prénom Janvi renvoie à une rivière ? Les rivières, elles peuvent être si calmes mais si meurtrières également. Trouves-tu que cela lui correspond ?
Elle sursaute— lorsque tu manques de tomber mais,
mais mais mais elle n’ose pas
te toucher ou essayer de te rattraper, de peur que tu la repousses.
Pardon. Elle t’aurait laissé tomber.
Nugget a baissé les yeux, un instant. Pourtant, elle t’avait prévenue.
« Nan, si on vient de la poste, c’est par-là » elle pointe vers la gauche, sûre d’elle. « J’passe souvent par là… »
(Alors pourquoi a-t-on fait un si grand détour ? Elle se mord la lèvre, nerveusement, avant de reprendre la route.)
Les pieds en équilibre sur les rails, elle se demande
si les trains passent toujours.
Peuvent-ils rouler assez vite pour briser cette bulle qui nous entoure ? Ou seront-ils condamnés comme nous ?
« Mmmh… » son pied glisse, elle manque de tomber. « C’est pas genre, Leonhardt ? » (elle a du mal à le prononcer). « ’Fin j’crois que c’est le dernier prénom qui commence par « Leon » que je connaisse, après je donne ma langue au chat. »
Ah. Comme c’est relaxant, de simplement penser à un prénom.
Au lieu d’écouter tout le bruit dans sa tête.
Résumé:
- elle bad encore laissez la - elle juge un peu leon qui manque de se péter la figure sur les rails - puis elle lui donne la bonne direction et elle recommence à chercher son prénom et du coup c bon elle trouve son prénom
Leonhardt a toujours été fasciné par les trains, depuis tout petit, depuis qu’il est enfant. Voir ces machines de vapeur et de métal rouler au loin, plus loin que lui n’était jamais allé - l’Inde, il n’en avait pas encore idée à cette époque de sa vie. Leon a toujours eu l’âme baroudeuse, esprit des voyages et des rencontres, et aujourd’hui il se sent comme un oiseau dans une cage doré, incapable de sortir de cette ville et incapable de sortir de cette bulle. Tu sais, il fixe la voie de chemin de fer et il songe. Est-ce que lui aussi finira-t-il par disparaître comme les rails sur lesquelles vous marchez ?
Il joue à l’équilibriste lui-aussi. Toujours sur le point de défaillir.
Et sur les rails aussi, il s’amuse à se tenir en équilibre - il est même étonnamment bon alors lorsque tu manques de tomber, il lâche un petit rire amusé, oubliant par le même temps qu’il a également failli se ramasser quelques secondes plus tôt. Vous voilà enfin sur la bonne voie, à suivre les rails vers le territoire pirate. Peut-être est-ce que vous finirez par arriver à l’heure, lorsque le soleil sera haut dans le ciel et lorsque la chaleur commencera à doucement réchauffer vos entrailles et le givre sur les bois.
- Hm, Leonhardt... il s’amuse encore quelques temps à te faire tourner en bourrique, à jouer du suspense alors que tu es tombée juste. C’est vrai que c’est un bon nom à coucher dehors ça.
Il a remarqué que tu as eu du mal à le prononcer, alors que pour lui, ce prénom glisse tout seul entre ses lèvres. Après tout, il l’a porté toute sa vie, même si nombreux de ses proches ont simplement décidé de le raccourcir. C’est tellement plus facile ainsi, tu ne trouves pas ? Probablement que si. Tu as eu bien du mal à le prononcer, n’est-ce pas ?
Et toujours il joue, il joue sur les rails. Te joue des tours. Et laisse quelques secondes d’attente, encore.
Le sac clique et claque des matériaux qui le remplissent, il shoote dans un caillou qui constituait le chemin de fer et le voilà qui s’envole au loin, rebondit sur le métal du rail. Quelques secondes de silence, à écouter vos pas, à écouter les oiseaux qui chantent au loin.
- Mais c’est bien ça ! finit-il par dire, exclamation victorieuse et amusée. Je t’avais bien dit que c’était un prénom à coucher dehors !
Et il rit, rigole. Comme toujours.
Seule sa compagne l’appelait Leonhardt, de son prénom entier sans diminutif, sans le couper. C’est peut-être pour cela que dans cette ville, il l’a abrégé, et qu’il demande à tous de faire ainsi. Je m’appelle Leonhardt, mais tu peux juste m’appeler Leon. Pour ne pas avoir ce souvenir qui trop le hante et se rappelle à lui. Sa famille est loin, bien loin aujourd’hui.
- Et donc, voyons le tien... J’ai le droit à un indice ?
Résumé:
- Leon fait durer le suspense concernant son prénom - Mais c'est ça, GG - Il se met en tête de trouver celui de Nugg maintenant
elle semble voir dans ses rails à l’état sauvage, un endroit si rassurant.
Comme de retour à la maison, l’animale.
Peut-être est-ce depuis qu’elle fréquente George et la poste, qu’elle semble trouver un peu de beauté dans ses herbes sauvages et ses rails rouillés, dangereux.
Avant, elle ne les aurait que vu. Maintenant, elle les regarde.
Et toi, et tous les autres, maintenant dans son décor. Elle ne sait pas comment y réagir. Janvi n’était pas très bonne pour le contact humain. Nugget l’est-elle plus ? Dans ses angoisses et ses doutes qui compriment ses poumons, qui l’empêchent de te regarder ?
Elle regarde plutôt le caillou qui fait des ricochets entre les rails, au loin, jusqu’à disparaître. Poussière dans la poussière. Oublié dans les herbes. Mais finalement, c’est la surprise qui anime ses traits lorsque tu lui annonces qu’elle a raison. Si improbable que, pendant une seconde, elle te fixe en attendant que tu lui dises que c’est une blague et qu’elle doit encore chercher. Mais non, tu enchaînes sur son prénom, à elle. Alors elle reste silencieuse un instant encore. Avant d’avoir un sourire, un peu nerveux, peut-être.
« Ah, ouais. C’est vrai que c’est pas très commun. »
Elle ne sait pas, en réalité. Nugget ne retient pas très bien les prénoms et elle ne sait jamais, si ce sont des prénoms qu’on donne souvent ou non. Elle ne sait pas pour le sien, non plus. Elle ne l’a jamais entendu autrement qu’avec son nom de famille mais elle se dit, que ça ne prouve rien. Nugget sait
qu’elle ne sait rien,
et qu’elle ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Peut-être serait-il temps de sortir de sa petite tête.
(Elle fait mine, de réfléchir. Presque comme si elle avait oublié son propre prénom.) « Moi ça commence par un J. Et y’a que deux syllabes. J’crois que c’est pas super connu, comme prénom. »
Elle ne se souvient pas de sa signification. Elle ne sait même pas s’il y en a. (Elle n’en mérite pas.) De toute manière, elle ne l’utilise plus. Elle n’est plus Janvi.
Et elle ne le sera plus jamais.
Les premières carcasses de voiture marquent ce décor qu’elle connaît un peu trop.
« On t’a donné un coin de rendez-vous ? »
Ou alors on fait ça à l’arrache ?
Comme tout le reste, finalement.
Résumé:
- elle est giga choquée d'avoir trouvé le prénom de leon - puis elle donne qq indices sur son prénom - et elle demande s'ils ont un endroit où retrouver le pirate à livrer !!!
Tu sais parfois, Leon aussi oublie les prénoms et les gens. Il ne fait pas exprès, c’est comme ça, c’est ainsi. Mais il ne veut pas oublier, Leon, il ne veut plus oublier alors il note, il note tout ce qui se passe, tous les prénoms qu’il apprend, quelque part dans son petit carnet - il a noté ton visage aux côtés de ton pseudo lorsqu’il est arrivé à la poste, il dessine pas vraiment bien, c’est plutôt un croquis brouillon de tes traits, comme de ceux de nombreux autres survivants ici.
Et il écrit les surnoms de sa femme et de sa fille. Il ne veut pas les oublier comme il a oublié leurs prénoms.
- Nan, c’est pas très commun, tu l’as dit... Il a failli rajouter bouffi derrière. J’sais même pas pourquoi on m’a appelé comme ça en Inde...
Il a murmuré ces derniers mots, en vérité Leon n’apprécie pas vraiment parler du fait qu’il ait été adopté, c’est comme s’il trahissait ses propres parents. Ses parents biologiques, jamais il ne les a connus, il n’en possède aucun souvenir - même lorsque sa mémoire n’était pas défaillante encore. Pour lui, sa seule famille se trouve en Angleterre, ses parents et ses sœurs, sa femme et sa fille.
Martin, désormais parti.
Mais il n’y pense pas, il préfère ne pas y songer, il se concentre sur ton prénom. Un J et deux syllabe, ce n’est pas très parlant, Leon au moins t’avais fourni le début. Alors il tire une moue déçue, il réfléchit et prend un air songeur. Il ne sait pas, en vérité. Pas très courant que tu rajoutes en plus, et ça le perd d’autant plus.
- ... Jeanie ?
Peut-être ? Qui ne tente rien n’a rien comme on dit.
- Ou Jafar ? Comme le méchant Disney ?
Moins classe qu’une tortue ninja, il est vrai. Mais il essaye, il tente, quitte à raconter n’importe quoi. Tu sais, quand on commence à oublier les prénoms, on essaye par tous les moyens d’en retrouver certains. Et lorsque tu diras enfin le tien, il viendra rejoindre ce petit carnet, il l’apprendra comme on apprend une poésie à l’école.
- La gare, justement... qu’il répond lorsque tu demandes où larguer le colis.
D’ailleurs il la voit qui se rapproche peu à peu, à mesure qu’avancent leurs pas.
Résumé:
- Leon évoque viteuf le fait qu'il ait été adopté mais s'étale pas trop - Il propose Jeanie... OU JAFAR COMME LE MECHANT DISNEY ?? - Il dit qu'ils ont rdv à la gare qui se rapproche justement
(dsl george moi j'aime le rose de ton vélo)
