Tell me [FB janvier 2021] • Mum (end)

Mum se rend compte—

Les mains gelées, enfoncées au fond des poches, il regarde simplement la neige sur les murs qui tiennent encore debout, dans ce paysage toujours si dévasté. Le blanc éclatant vrille les rétines fatiguées et— il y a un peu d’agitation autour de lui mais
comme toujours, il n’y fait pas attention.
⠀⠀⠀Il regarde les silhouettes qui passent devant ses yeux mais il ne les voit pas vraiment.
Il fixe juste la neige.

Ou alors, ce sont les pensées qu’il n’arrive pas à stopper. Pour une fois.

Repasse en boucle les paroles prononcées plus tôt.
(Qui l’effraient.) (Plus qu’il ne souhaite l’admettre.)

La neige est trop blanche, le ciel est trop gris, les mots sont trop clairs, les pensées sont trop vives, les menaces sont trop sous-entendues et Mum est trop éveillé. Trop seul. Beaucoup trop seul.

Il serre les poings.
⠀⠀⠀Mum. Serre. Les poings dans le fond de ses poches. C’est en sentant ses ongles s’enfoncer dans ses paumes qu’il s’est souvenu de cette paire de gants qu’il avait préparé exprès pour aujourd’hui.
L'oubli qui témoigne des réveils trop compliqués, lorsqu’il est parti. Il a juste oublié.
Les pensées trop en vrac.

Il ne comprend pas le sentiment qui comprime ses poumons. Il ne veut pas le comprendre non plus. Il n’aime pas ça.

Lorsque tu reviens, Almace, Mum ne te voit pas immédiatement. Le regard dans le vide. Il t'avait laissé t'éloigner, lorsque tu as exprimé l'envie de dire bonjour ou au revoir ou peu importe quoi d'autre à ses souvenirs, là-bas. Mum ne t'a pas accompagné jusque là, te laissant ton intimité et ta famille comme il aurait voulu qu'on le fasse.
Tu parles et Mum revient sur terre.
Pardon, il ne t’a pas écouté. Tu ne te répètes pas.
Il se doute des mots que tu as prononcés, lorsque l’on prend le chemin du retour.

Le silence pèse lourd sur les épaules.
⠀⠀⠀Mais Mum semble incapable de prononcer quoi que ce soit.
Il ne sait pas quoi dire.
Ce n’est pas agréable.

Même lorsque tu poses la question, Mum reste silencieux un instant.

« Mh, » il ne te regarde pas, la tête légèrement tournée de l’autre côté, comme s’il portait son attention sur les bâtiments autour de nous. « Mmh. Pas grand-chose. »

C’est faux. Il en pense tant, qu’il ne sait pas par où commencer. Qu’il sent ses poings qui se serrent, encore. Que les mots sortent mécaniques, secs, d’un ton qui ne lui ressemble pas. Que les pensées se font de plus en plus fortes, de plus en plus emmêlées.
L’air est si froid qu’il est douloureux à respirer.
Qu’il est douloureux de réfléchir.

Il. Ne sait pas. Quoi faire.
(Peut-être qu’il n’y a simplement rien à faire.) (Non, il refuse.) (Il faut faire quelque chose.) (Forcément.) (Mais Mum— a toujours été incapable de faire quoi que ce soit, pas vrai ?)

« Qu’est-ce que tu en penses, toi ? »

Comme toujours. Comme à chaque fois que la discussion se tourne vers lui. Éviter les avis qu’il ne sait pas donner. Les mots qu’il ne sait pas prononcer.

(La colère qu’il ne sait pas exprimer.)

Tu vois, il y a ces pensées qui s’emmêlent.
Celles qui se contredisent et qui l’empêchent de réussir à prononcer quelques mots.

Parce que, tu sais,
C’est la vérité et il ne veut pas le cacher. Il ne peut pas. Depuis le début, tu sais, il a détesté tout ce qui ne faisait aucun sens dans cette ville, la boucle, le phare, l’ombre, les disparitions, la musique à la radio et les fleurs qui ne fanent jamais.
⠀⠀⠀Au fond, c’est vrai, il déteste toutes ses irrégularités. Il déteste ses morceaux sortis tout droit d’un rêve qui finissent pourtant réalité.

Mais est-ce que pour autant
⠀⠀il déteste nos enfants qui se retrouvent touchés par ce qui nous dépasse ?
⠀⠀⠀⠀Est-ce qu’il déteste Arthur et ses mains qui (ne) font (plus rien) disparaître ?
⠀⠀⠀⠀⠀⠀Est-ce qu’il se déteste, lui et ses paumes qui envoient au loin ?

Non. Non, il ne peut pas dire ça non plus.

Tu vois, c’est là qu’est le problème. Son problème.
Il a beau détester tout ce qui compose cette ville et sa magie,

Pourtant, au fond, peut-être———— qu’il devrait ? Mais pas de cette manière-là.
En un instant, Mum en arrive à une simple conclusion ; le surnaturel n’est ni blanc ni noir. Il est d’une couleur grisâtre, semblable à un brouillard un peu trop épais dans lequel on se perd, mais où on arrive toujours à distinguer les rayons du soleil.
Que pouvons-nous faire, dans l’état actuel des choses ?
Éliminer tout ce qui nous compose maintenant, est-ce une si bonne idée ?


Pourtant, tu mets le doigt exactement là où ça coince.
(Il ne te regarde toujours pas.)

« Non, » c’est sans hésiter ni même te laisser terminer ta phrase qu’il te répond. Non, Mum il en est persuadé, personne n’irait jusqu’à porter la main sur les enfants juste… juste pour nous sauver… « Non. »

Non.
Il ne…
⠀⠀⠀Oui, mais on ne le connait pas vraiment, Phaner. Qui sait de quoi il est réellement capable ?
Non. Pas des enfants.
Il…

Les doutes s’installent.

Mum est fatigué de réfléchir.

Tu avoues avoir peur, et tu sais



a tellement mais tellement




⠀⠀⠀⠀⠀⠀peur



depuis si longtemps déjà, et

⠀⠀⠀ah———.




Pourtant, contrairement à toi, il ne l’avoue pas. Ça se voit dans ses yeux, (si seulement il te regardait,) il le sait mais— il faut être fort, c’est ça ? Fort pour les autres, fort pour tout le monde.
Il faut rester debout quand les autres tombent, pour les aider à se relever.

« C’est ce qu’il veut, qu’on ait peur, » pas peur de lui, mais peur de ce qui nous entoure. « Tu penses… tu penses vraiment qu’ils iraient jusque-là ? Je—… »

On ne le connaît pas.

« Je refuse de croire qu’on soit forcé de sacrifier certains d’entre nous— des enfants— sacrifier des enfants juste… juste par égoïsme. »

Ce n’est pas vraiment de l’égoïsme, c’est de la survie—
mais qu’est-ce que ça nous apportera de plus, au fond, en terme de survie ?

« Il… n’y a aucun recul sur la situation… » (il passe une main nerveuse sur son visage, appuie sur les os, cherche à arrêter. De. Penser.) « Peut-être que... qu'on a juste compris de travers, aussi, » il espère sincèrement que c'est ça.

C’est la peur qui nous dirige, tous. Il le sait, Mum, au fond c’est juste—
Mais, pourtant,
pourquoi devrions-nous nous battre, encore un peu plus fort
⠀⠀⠀alors que rien de tout cela n’est de notre faute…

« Nous ne sommes pas des monstres. »

Nous.
Nous.
Maisie, Charlie.
Les enfants.
Les chevaliers qui se cachent.
Des connaissances dans les rues d’Arcadia.
Lui.
Et Arthur. Et Arthur.

Tu confirmes les craintes et Mum reste silencieux. Juste silencieux.
Il ne sait simplement pas quoi dire. Il n’a plus les mots pour rassurer. Désarmé, ce chevalier parti en croisade. Tout s’emmêle et finalement, il
Juste l’obscurité, au bout. Pas un rayon de soleil.
Comme toujours. Comme à chaque fois qu’il essaie d’entrevoir un futur dans cette bulle.


Almace. Tu penses réellement, que l’on pourra faire quoi que ce soit ?
Nous ne sommes pas les plus nombreux, au château. Ni les plus organisés. Ni même les plus confortables. Rien ne joue en notre faveur et en même temps— est-ce intelligent, de faire le premier pas ?
Almace, tu sais, nous ne sommes pas ici pour attaquer.
⠀⠀⠀Nous devons défendre.
Nous devons nous préparer et non chercher un moyen d’arrêter cela à tout prix. Soyons réaliste, Almace, c’est impossible de l’arrêter. Mais nous pouvons nous cacher, nous pouvons nous défendre et sauver tout ce qu’il nous reste.


Mum reste silencieux.
⠀⠀⠀Affreusement silencieux.

Et d’un coup,

⠀⠀⠀Le silence ne nous sauvera pas. Les mots sont coincés dans sa gorge et finiront par le priver d’oxygène s’il ne se décide pas à
Il s’arrête. Il s’arrête au milieu du chemin.
Enlève les mains de ses poches.
⠀⠀⠀Arrêtons les sous-entendus. Les secrets. Les silences qui n’avancent à rien.
⠀⠀La gorge serrée si fort qu’il a l’impression qu’il va juste pleurer.
Il attend. Mum attend que tu le regardes.
Il croise ton regard. Enfin. Enfin, il te regarde.

« J’en fais partie, moi aussi. D'eux. Comme les enfants. »

Depuis si longtemps.
Il fait partie de ses anomalies de notre ville.

C’était évident, n’est-ce pas ? Sous notre nez depuis le début. Tous les indices parsemés ici et là pour celui qui oserait résoudre cette énigme qui n’en est pas une. Pourtant, personne ne s’aventurait par-là, laissant le surnaturel à ses mystères de la ville et non

⠀⠀⠀C’est juste de la magie, qu’il disait aux enfants. Et le pire, c’est que certains y croyaient. Peut-être est-ce ça, la véritable magie. L’estomac qui se retourne à l’idée d’avoir profité de la crédulité des plus jeunes.
Mais maintenant— il faut rester discret, d’autant plus.

« C’est ce que j’ai dit. »

Les épaules qui se tendent lorsque tu poses la question. Le menton qui se relève, parce qu’il t’écoute, parce qu’il prend un temps pour comprendre de quoi tu parles.
⠀⠀⠀Mais Mum lie bien trop facilement les éléments entre eux. Après tout— il l’a vu de ses propres yeux, il y a déjà si longtemps. Et même si tout te semble flou, pour lui, tout est bien clair.
Et bien sûr qu’il sait.
Il voit là les limites de ses disparitions salvatrices ; ta main tremble sur ta canne et ta jambe t’est toujours autant douloureuse. Étais-tu si proche de passer par les portes de la mort que tu es sorti de ton long sommeil encore amoché ?
Ce sont des mystères qu’on ne peut toujours pas résoudre. Nos dons ne viennent pas avec des notices.
⠀⠀⠀Qui sait ce qu’il se passe lors de ses disparitions et
⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀qui sait pourquoi Mum ne peut choisir votre destination ?

Il a cessé de se poser ses questions-là. Depuis déjà bien longtemps.

Il fait si froid.

Mum est sûr. « Oui, » il est sûr et certain. « Oui, je sais. »

Et pourtant.

« Je suis désolé. Je ne peux pas te dire qui est-ce. »

Il a promis.
Pardon. Pardon. Pardon, Almace. Il sait, comme ça aurait pu résoudre ses cinq semaines de vide. Il sait, comme ça aurait pu te donner une réponse si claire. Mais il ne peut pas.
Il ne peut juste pas.

Et de toute manière, elle n’en est plus capable, de vous faire disparaître.

Devant toute son honnêteté. Il te regarde à nouveau, le regard sérieux et les doigts gelés.

« Je peux juste te dire que ce n’était pas moi, » (la voix blanche et la gorge serrée).

Non, bien sûr que non.

Et s’il pouvait alors sache— qu’il ne serait pas ici avec cette famille rapiécée, sois sûr, Almace, qu’il les aurait sauvées en premières. (Mais il sait que ça n’aurait pas été possible. Il le sait, tellement que ça fait mal.)

Et lui, alors.
Il s’attendait à ta question, tu sais, c’était là, dans les deuxièmes lectures, entre les lignes, c’était sous-entendu, c’était inévitable. Mum aurait été bien plus surpris si tu n’avais pas demandé.
Après tout, il en a trop dit. On ne pouvait pas juste en rester là.

Le problème, vois-tu, c’est qu’il ne sait pas vraiment l’expliquer.
⠀⠀⠀Quels mots choisir et comment les tourner. Aujourd’hui, Mum a du mal avec les mots, ils ne viennent pas aussi facilement que d’ordinaire, ils se mélangent et ils ne forment que des paroles insipides qui ne t’apporteraient rien du tout. Qui ne t’expliqueraient rien de plus.
Mum reste
Moment d’égarement.
Comment te dire— ce qu’il se passe sur les paumes glacées.

Comment choisir les bons mots pour que ça n’est pas l’air surréaliste (—mais ça l’est).
Comment mettre des syllabes sur des phénomènes inexplicables.

Le regard dévie à nouveau. Un coup à gauche et puis un coup à droite, comme si—
⠀⠀⠀comme s’il voulait vérifier qu’il n’y avait personne d’autre que nous, ici.

Ah. Alors, peut-être
peut-être simplement




⠀⠀⠀seront bien plus
⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀parlants.


Pardon, il ne te laisse pas vraiment le choix.

Figé là, au milieu de la neige et des murs effondrés. Comme si le temps s’était arrêté, entre nous. Mum est gelé sur place et il
Parce qu’il ne veut pas être seul.
Mais il chasse toutes ses pensées inutiles alors qu’il bouge enfin.

« Je sais faire ça, » il murmure si bas qu’il ne sait même pas si tu as pu l’entendre.

Un, deux, trois pas jusqu’à toi. La neige crisse sous les semelles.
Sa main contre ton épaule et puis









⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀plus là.


Et maintenant, Mum est









Il respire.
⠀⠀⠀Juste une fois. La main en suspend dans le vide.
À regarder les traces dans la neige, laissées par tes chaussures.

Il se demande, Mum—
⠀⠀⠀où est-ce que tu as atterri. Quel lieu serait important pour toi, ici ?
Il espère simplement que ce n’est pas trop loin du château. Que ça te fera moins loin pour rentrer.

Il espère simplement que tu ne te sois pas retrouvé dans un endroit un peu trop dangereux, un peu trop sombre.

Il espère simplement que tu es rentré à la maison.
Te revoir dans les couloirs quand lui, il sera arrivé sur les marches du château.
Ne pas avoir à te chercher dans chaque recoin d’Arcadia.

(Ne pas avoir à réfléchir tout seul trop longtemps parce que
Mum a déjà si froid et
et ne plus penser
⠀⠀⠀et dormir,
⠀⠀⠀(entouré de la chaleur de sa famille)

Tout semble un peu flou, tout à coup.
Quelques regrets, peut-être. Il ne sait pas vraiment. Mum veut juste. Ne plus rien savoir. Ne plus réfléchir. Et juste

Le chemin du retour est flou, éclatant, froid et douloureux.
⠀⠀⠀Une fois le château en face de ses yeux, Mum se rend compte qu’il ne s’en souvient pas vraiment, du retour. Simple automatisme. Un pas après l’autre. Les rues qu’il connaît tant par cœur qu’il n’a pas besoin de se repérer. Il croit— il croit qu’il a marché vite parce qu’il est essoufflé et il a un peu chaud et
il a

Les muscles sont toujours un peu crispés lorsqu’il s’approche.
Rassuré. Mum est rassuré. Soit tu es arrivé ici, soit tu n’étais pas très loin. C’est rassurant.

Il accélère le pas (à nouveau) et c’est tellement fatigant de marcher dans la neige et le froid est si douloureux contre les joues mais c’est quand même avec un maigre sourire que Mum arrive à ta hauteur. Il s’assied à tes côtés, ne relève pas le pseudo compliment, étire ses jambes sur les marches.

« Non. »

C’est tout ce qu’il répond. Les mains encore dans les poches, un peu agitées.
Il
En fait.
Qu’il est juste paumé et qu’il n’a jamais vraiment compris ce qu’il lui arrive ?
Qu’il ne sait pas s’il est heureux ou non d’avoir ce don ?
⠀⠀⠀⠀⠀Que parfois, il s’effraie lui-même ?

Mum







Comme toujours.

« Est-ce que… tu te souviens du soir où Arthur et moi avons été enlevés ? » Bien sûr que tu te souviens. Comment oublier. « C’est même ça qui est étrange, en fait, car Arthur et moi avons été enlevés. »


« Pourtant, peu de temps après, Arthur est revenue au château. Personne ne l’a vue revenir et pourtant, elle était de nouveau là. Comme par magie. »

Il marque une pause. Est-ce que tu vois où il veut en venir ?

« C’était moi. »

Le traître des chevaliers. Tu vois maintenant, comme c’était compliqué de se défendre face aux accusations ? Tout n’était pas clair.
Mais c’était lui. C’était lui qui l’avait sortie de là-bas.

(Il dévie le regard, fixe les marches enneigées.) « Il s’est passé exactement la même chose que je t’ai fait. Je ne sais pas où je vous envoie. Je n’ai pas de contrôle sur ça. »

L’inconnue de l’équation.
Celle qui l’angoisse, trop souvent.

« Mais je crois—… je crois que je vous envoie vers un endroit qui vous est important. Tu es arrivé ici ? »

Le château t’est-il assez important pour que tu y sois arrivé ?
Dis Almace. Est-ce que tu considères cet endroit comme

Le château t’est-il assez important pour que tu sois arrivé ici ?
⠀⠀⠀Ou bien n’est-ce qu’un toit sous lequel dormir, sans saveur, sans attache ?

Nous n’avons pas tous les mêmes définitions d’une maison, après tout. Et lorsqu’on jette un coup d’œil au passé et que l’on se rend compte des différences avec nos murs d’avant, tu sais, Mum comprendrait que certains ne considèrent pas ce château comme leur maison. Même ceux qui y passent la plupart de leur journée.
C’est véritablement
(Une phare dans la nuit.) (Un lieu où l’on se sent en sécurité.) (Où l’on a l’impression que rien ne nous atteindra.) (Que ce soient les ombres qui rôdent ou les mauvais souvenirs.)

Mais pourtant, c’est bien ici qu’il t’a ramené.
⠀⠀⠀Ça le rassure, tu sais, à un tel point que tu ne peux l’imaginer. Il sait, Mum, maintenant que si un jour, dehors, ça tourne mal et que tu es là, alors il pourra si facilement te ramener en sécurité. Il sait qu’il ne t’enverra pas vers des zones plus dangereuses ou des maisons sur le point de s’écrouler. Il sait que tu seras juste là.
Mais jusqu’à quand le château sera autant en sécurité ? L’a-t-il au moins été une fois ?

« Mh. »


Mum
Rentrons à la maison.
⠀⠀⠀Parce qu’il a noté, une par une, toutes ses destinations, sur les pages de son carnet, à côté des surnoms. Il t’y ajoutera aussi, bientôt, pour relier toutes les donnés. Essayer de comprendre un peu, ce qu’il se passe, sous ses mains.
(Et s’il ne comprend jamais ?) (Ce n’est pas grave.)
Il ne sait plus vraiment de quoi on parlait, avant. Du discours, probablement, il se sent encore un peu— énervé et vulnérable et il n’y a rien qui va comme d’habitude mais il faut juste. Penser. À autre chose. Et voir comment les jours suivent.

Garder un œil attentif.

Faire attention à ses alentours.

Aux événements.


Rentrons









« Je vais dormir. »

Il se lève sans un regard, aussi soudainement que les mots qu'il a prononcé. Monte les dernières marches et passe l’entrée.
Il faut dormir. Il fait trop froid et les pensées sont trop vives alors il faut dormir pour faire taire tout ça. Étouffer les braises avant qu’elles ne soient trop brûlantes. Fuir une fois de plus.

Et pourtant, tu vois.
Il t’attend, quand même, une fois les portes passées.