[END] You've gotta know your truest face [ft. Fawn]

Rendez-vous au dessus des falaises pour des aventures mirobolantes. C'est ce qu'aurait dit plus jeune Jupiter si elle avait eu l'âge de l'invitée,  de manière largement moins maniérée. Une petite, maintenant éloignée chez les greens qu'elle appréciait et quelle apprécie même en ces jours où elle se montre contrariée. Peut-être aimait-elle sa fougue, cette obsession pour les chats, où simplement reconnaît-elle un peu d'elle en la gamine ? Elle ne sait pas. Jessie se moque un peu de ces questions là, parce qu'elle est concentrée

Jessie était loin d'être de ces adultes trop sévères, elle ne voyait pas l'utilité de tourmenter les plus jeunes qui fuguent dans l'optique de s'amuser, ils ont envie d'être dans la révolte, de provoquer. Puisqu'elle sait très bien qu'au plus on a tendance à vouloir les encadrer, au plus ils ont tendance à briser les règles que l'on tente d'instaurer. Elle-même ne supporte pas quand les plus âgés, quand les seniors tentent sur la jeunesse d'imposer la rigidité. Il suffisait de voir Phaner a l'ordre pour se contenter d'avoir les chevaliers bloqués, sans la liberté de consulter les vieux dossiers, sans avoir la peine d'être jugés et épiés. La liberté, c'est ce que veut toujours Jupiter et ce depuis qu'elle est arrivée. Son vœux n'a pas changé, elle veut toujours être libre, pouvoir s'évader parce qu'elle n'a pas de réelle raison de rester ici, de rester qui elle est.

Suite à un échange épistolaire, Jupiter attend au bord de la mer, elle ne sait pas quelle heure il est. Le vent dans ses longs cheveux, son regard est plongé dans le ciel de plus en plus épais, dans les nuages sombres et brumeux. Peut-être que si on utilise un bateau, il n'y aurait plus de fin, elle pourrait voir plus loin que ce qu'offre cette vue et les cieux. Cependant, Jupiter n'a pas la volonté de prendre le risque d'affronter les mers, les dangerosités que les enfants apprécient qu'on leur raconte le soir, les contes d'épouvantes et les récits d'enfer. Puisqu'elle a déjà perdu, elle reste à terre, sur sa planète à observer le reste de l'univers.

D'où elle est, elle se sent petite, jusqu'à ce qu'elle voit arriver la citrouille. Uniquement à ce moment Jessie vient se redresser. Elle accorde un sourire à la gamine, et garde une main dans sa poche.

- Alors comme ça on demande à un garçon d'avoir des chats en papier ? Même quand t'es pas là, on entend encore parler de toi ! T'es dans toutes les bouches dis-moi...

Puis elle sort un chat en papier, conservé depuis la dernière fois. Les bouts et les angles sont un peu abîmés, mais Jupiter est généreuse avec les gens qu'elle apprécie. Alors cette enfant à le droit à un peu d'affection, elle aussi. Elle lui tend le petit bout de papier, plié de tous les côtés.

- Je l'ai gardé pour toi. Je te l'aurai bien donné avant, mais t'étais pas là. J'espère que t'es prête à me montrer tes nouvelles prouesses et à me raconter tes dernières aventures. La notre n'attend pas.

Les yeux posés dans les siens, Jupiter est satisfaite de la trouver là. Elle sait que les enfants sont débrouillards, mais dans l'épais brouillard du surnaturel, les ombres n'ont de pitié pour quiconque s'est aventuré à Arcadia.
   

Jupiter ne comprend pas vraiment le geste, mais elle le devine. Les petites mains sont suivies de ses yeux, jusqu'à ce qu'elles filent piocher l'ardoise pour rédiger quelques mots. Elle lève un sourcil en voyant l'énergie qu'elle y met. Ses lèvres se mettent à sourire devant tant d'acharnement, elle apprécie que la plus jeune soit remplie d'énergie. Oh, la plus âgée trouve ça beau. La littérature, jouer avec la langue et les mots. Si elle avait autant donner dans d'autres matières, elle aurait été sûrement plus appréciée par les adultes au lycée : mais son comportement laissait trop à désirer.

Jupiter baisse les yeux pour lire et commente au fur et à mesure qu'elle lit. Avec sa tête, elle mime des oui.

- Je sais, c'est à cause d'adolescents comme moi. Les greens sont vraiment pas très doués... J'aimerais tellement crier à Phaner que tu devrais rester auprès de nous, parce qu'il gère pas... Je l'ai déjà dit mille fois, mais c'est qu'un boomer quoi.

Sa langue et son attitude est décontractée. Elle continue de lire, et sourit face aux remarques de l'enfant bien qu'elle doit imaginer qu'elle doit bien s'ennuyer au milieu des vertes contrées. Les adolescents peuvent vraiment être des enfoirés. Bien qu'elle ne devrait pas leur en vouloir après toutes les atrocités qu'elle a fait au lycée, elle ne peut que leur en vouloir d'avoir détruit autant de foyers.

Elle lui aurait bien proposer d'aller grimper à des arbres, mais Jupiter sait que ça ne rattrapera jamais les faits, que ça pourrait peut-être la rendre plus triste qu'elle ne l'est. Alors elle préfère réserver cette idée, elle la met de côté pour continuer à lire et s'exprimer.

- J'espère qu'ils vont vite se rattraper. C'est pas possible de déménager ou de trouver un autre lieu en hauteur comme celui là ? Franchement, c'est des incapables. Oublie les, n'y pense pas ! Ils ne méritent pas que tu t'occupes d'eux de toute façon. Tu vaux mieux que ça !

Jessie se penche d'un air prudent. Puis à la dernière annonce, la brune plisse les yeux et constate le résultat. Ce n'est pas très élégant, Jupiter regarde pourtant. Cependant, elle ne peut pas lui reprocher, parce qu'enfants ils l'ont tous fait. Elle se contente de détourner rapidement les yeux pour la regarder dans les yeux. Elle devient un peu plus sérieuse et lui dicte les règles : une dent = un cadeau.

- On t'a fait un cadeau j'espère ! Tu en as encore qui bougent non ?


   

Tandis que Jessie a demandé, elle ne regarde pas vraiment la dent, mais plutôt un côté opposé. Elle doit bien que ça bouge, que ça se déambule dans ce gosier, mais à regarder des choses danser, elle préfère que ça soit autre chose que l'anatomie buccale de la moins âgée. Jupiter fait semblant de s'intéresser à quelque chose d'autre, tandis qu'à l'époque c'est son petit frère de treize ans qu'elle ignorait... Mais ici ce n'est pas le cas, parce que le manque est trop grand et rares se font les bons liens, rares se font les amicalités. Elle se contente seulement de profiter de la présence de la gamine qui a l'air de tant la respecter, alors que les adultes ne veulent jamais vraiment l'écouter. Au moins, quelques personnes ont tendance à l'admirer, ça réchauffe de se sentir apprécié pour ce que l'on est. Il y a un peu l’égo à regonfler.

- C'est cool ça !

S'extasier devant un rien, c'est ce que font d'habitude les enfants. Cependant dans le contexte actuel, même les plus âgés arrivent à le faire, parce que plus rien n'est comme avant. Chaque ressource compte, et chaque secondes en vole, en prend.

Finalement, la jeune fille suit l'idée qu'elle n'a énoncée. Alors Jupiter prend le pas et fait un signe vers elle pour monter au premier arbre qu'elle trouvera. Sur la falaise, il n'y en a pas par milliers, alors il est simple d'en trouver, parce qu'on les voit venir de loin. Le premier doit faire cinq ou six mètres de hauteur. Jupiter doit assurer la sécurité de la gamine, et elle n'est pas la plus douée pour assurer la sienne si bien que d'une hauteur plus petite, sa peau s'est déjà arrachée. Alors il faut faire comme les aventuriers et observer les points d'accroches, et monter de branches en branches pour mieux s'envoler.

- On va devoir choisir à chaque fois une branche solide sur laquelle s'appuyer. Sinon on va rapidement tomber si la branche n'est pas assez solide. Elle ne pourra pas nous porter. C'est le cas aussi des branches mortes, n'y compte même pas !

Ses yeux cherchent l'une d'entre elles, pour finalement se décider.

- Regarde celle-là, elle est épaisse et je suis sûre que je peux arriver à me hisser dessus si je force un peu. Le mieux est d’utiliser des objets pour grimper, mais je t’avoue que j’avais pas prévu de faire de l’accrobranche mon activité.

C'est comme les entraînements avec Cursed, c'est comme les sauts que l'on fait en cheerleading, et la brune s'est mise à sauter pour saisir la branche et appuie sur les muscles qu'elle travaille de plus en plus pour se hisser. Néanmoins la première branche et un peu haute et Jessie doit particulièrement forcer. Ses lèvres râlent à ce moment en particulier, son haut du corps est un peu moins musclé que les cuisses, les abdos et les fessiers. Cependant sa jambe n'a aucune difficulté à passer au dessus pour la surplomber.

Jupiter se penche vers Fawn et colle son buste à la branche. C’est son bras qui se tend pour l’aider à monter jusqu’à elle. Il n'y a quelque chose que la brune ne sait pas sur l'enfant, c'est qu'elle est maladroite comme l'ainée. Chaque aventure finit toujours par le fait que l'enquêtrice se soit blessée. Elles ne le savent pas, mais si l'une ne tient pas, elles tomberont ensemble en bas.

- Allez, prends ma main ! Je vais t’aider.
   

Jupiter la main tendue vers le bas jette un coup d’œil sur l’enfant qui ne prend pas sa main et veut se débrouiller seule dans un premier temps. Bien sûr, l’aînée ne peut lui en vouloir, elle reste pareil même si ce n’est plus une enfant. Toujours à s’accrocher,  à rester déterminée. Peut-être que se battre autant n’a pas toujours d’intérêt, mais sans combat, il n’y a pas de victoire. Pas vrai ? Sans action, il n’y pas même une once d’espoir.

Bien que la plus jeune tente de la rejoindre, elle n’arrive encore à grimper à ses côtés. Après ses quelques essaient, finalement, Jessie la remonte à ses côtés. N’arrivant pas directement avec sa première main, elle ajoute la seconde pour aider Fawn à se hisser jusqu’à ses côtés.  Assise sur le tronc d’arbre, la jeune voit bien les limites de la théorie. Les tailles et les hauteurs ne sont pas toujours adaptées aux tous petits.

Jessie où elle est n’a pas peur du vide, ni de la hauteur. Après tout, en tant que cheerleader, elle avait vu bien pire, et n’a pas peur. Elle sourit à Fawn en tentant de lire le signe qu’elle venait de faire, cependant elle n’était pas sûre de la signification. Alors elle passe sa main sur l’épaule de la jeune green pour lui indiquer la suite.

- Si jamais tu es trop petite tu peux toujours t’aider avec des outils, mais au fur et à mesure que tu vas t’entraîner, tu y arriveras facilement. C'est une question d'investissement et de temps.

Jupiter ajoute ensuite en levant sa tête pour trouver la nouvelle branche.

- Fais attention à ne pas tomber d’accord ? Tiens toi bien à moi où à l’arbre. Après, la suite n’est pas compliquée. Tu répètes l’exercice encore et encore. Le plus difficile, ce n'est pas de monter.

La jeune enquêtrice du surnaturel se redresse. Elle se tient droite sur l’arbre et regarde un point en particulier pour ne pas tomber. Comme à l’époque où les filles hurlaient pour les garçons et dansaient devant le public, la jeune population. Une fois que l’équilibre est trouvé, elle dit à Fawn pour l’aiguiller. Sa voix est calme, elle se sent à l'aise à ses côtés. Peut-être est ce parce qu'elle se sent écoutée ? Peut-être est ce l'admiration ? Peut-être qu'être la capitaine d'une mission bien que petite lui avait manquée ? En tout cas, elle sourit sincèrement, pour une fois.

- Si jamais tu as besoin de trouver l’équilibre, fixe toujours un point au loin sans te déconcentrer. C’est pas grave si aujourd’hui tu n’y arrives pas, entraîne toi toujours. Lâche jamais, accroche toi. C'est comme ça que j'ai été capitaine des cheerleaders moi.

Des conseils pratiques à utiliser en gymnastique, en cheerleading, et même quand on se met à monter au sommet. Ne jamais regarder en bas, car c'est le risque de tomber, garder la tête haute et fixer un point sans ne jamais céder. C’est la sportive fait par de ses conseils. Le chevalier se sentirait presque comme une vieille. Elle est la coach pédagogue qu’elle n’a jamais été, elle est la capitaine peut-être pas la plus adaptée, mais qui tente d’apporter ses valeurs et des conseils adaptés. Ses ongles commencent à saisir la branche au dessus. Un peu moins épaisse que la première. D’après Jupiter, elle devrait faire l’affaire. Elle ne va pas tarder à monter, si Fawn est prête de son côté. Elle lui demande, on ne sait jamais.

- Je pense que celle-ci devrait suffire. Après il faut que je t’apprenne un descendre… Tu es prête pour la prochaine montée ?  

Non, Jupiter n'arrive pas à comprendre l'enfant, elle ne sait pas lire sur le bout de ses doigts. Ce qu'elle sait faire, c'est les longs discours, s'énerver, rentrer dans le tas, et se laisser tomber pour retomber dans les bras. Puis la brune ne se rend pas compte, de ce qui est difficile ou pas, pour une jeune fille comme ça. Sa mémoire ne traverse pas le temps, elle ne souvient plus vraiment de ce qu'est être aussi jeune, comme ça, comme toi. Pourtant, ce n'était pas il y a si longtemps que ça... Alors elle avoue, simplement quelque chose qu'avec les autres elle n'oserait pas.

- Je ne suis pas sûre de te comprendre... Tu as laissé ton ardoise en bas.

Cependant, Jupiter n'abandonne jamais, elle ne baisse pas les bras. Bien qu'elle ne comprenne pas. Ce n'est pas grave, elle fera avec, c'est un poids en plus sur ses épaules qu'elle supportera. Qu'elle enjambera. Quoi que l'on dise, quelque chose dans la jeune fille est en train de grimper, c'est l'adrénaline qui vient avec joie et entrain la retrouver. La confiance que les plus agés ne lui accorde pas et à ses côtés, et quoi qu'elle fasse, elle sait qu'elle aura moins de chance de rater. L'esprit sportif revient la chatouiller, elle est préparée.

Jessie la voit valser et tanguer sur la branche comme si elle n'arrivait pas encore à suivre ses conseil. Ce n'est que maintenant qu'elle se rend compte du danger. Elle, elle a l'habitude de grimper sur les épaules, sur les membres de ses camarades, mais ce n'est pas le cas du petit cerf qui se trouvait plus bas. Alors, elle se contente de vérifier que tout va. Le sourire collé au visage, au minois.

- Si tu as du mal avec la hauteur, n'hésite pas à me le dire. Je ne me rends pas compte tu sais... Je n'étais pas toujours la plus tendre avec mes camarades des fois.

Certainement, peut-être que la plus jeune ne saisira pas ce qu'elle lui dit tout bas. Il est plus simple de se confier à un enfant tantôt qu'à des adultes qui vont la juger. Non, elle sait que dans les yeux de Fawn, elle ne risque pas de tomber. Elle n'a pas peur de se faire abandonner, elle ne cache pas ses failles et ses faiblesses. Pour elle, c'est une forme de tendresse, qu'elle n'assume peut-être pas totalement... Si bien qu'elle revient au sujet principal un peu violemment. Ce qu'elle n'avait pas vu avant, c'est que les branches un peu plus élevées sont bien plus fines qu'elles n'y paraissent.

- C'est toi qui montera la première cette fois. Je t'aiderai d'ici... Ça sera certainement plus simple cette fois. Je ne suis pas sûre que les branches plus hautes nous supportent toi et moi...

Ses yeux marrons se baissent plus bas, pour croiser les siens. Peut-être que c'est le moment pour chacune d'entre vous d'assurer. Il est temps pour la petite green de montrer ce dont elle est capable. Alors que dans la tête de Jupiter, tout n'est jamais très stable. Elle n'a peur de se jeter dans le vide, parce qu'elle sait tomber. Normalement, bien que sur Arcadia, le contraire a été présenté par le temps.

- Je t'aiderai à descendre, mais il faut bien que tu m'écoutes. Surtout, ne lâche jamais tes bras de la prise. Ja-Mais.

L'une de ses mains vient saisir la branche pour s'y tenir, tandis que l'autre est tendue vers l'autre aventurière. Est-elle prête à lui montrer de quoi est-elle faite ? Peut-être est ce une planète métallique ? En fer ? Ou peut-être a t-elle un pouvoir que connaît pas encore Jupiter ? Quelque chose qu'ont les enfants ? Qu'elle serait incapable de faire ?

Jupiter ne s'attend pas à ce qu'il se passe. En tendant ses mains, ses bras, mais son équilibre ne cède pas. Elle voit bien l'écorce qui glisse, et contre sa peau la douleur qui s'entasse. Cependant, Jupiter se contient, elle est trop fière pour laisser voir ses grimaces. Pour la faiblesse, il n'y a pas de place. Pourtant, cela fait plus mal qu'elle ne l'aurait imaginer, et les marques dans sa peau ne s’effacent, comme cette marque noire. Cependant, avec du temps, il y a eu de l'espoir. L'enfant a réussi à grimper, c'est elle qu'elle a hissé au sommet.

Jupiter lui accorde un regard pétillant, satisfait. Une partie du travail est fait, archivé, et surtout, il est réussi. Ses lèvres dans un sourire s'étendent, elle semble ravie.

- Bravo ! Tu vois, avec de l’entraînement et du temps tu réussiras de plus en plus facilement.

L'entraînement, il n'y a pas mieux pour progresser, quand on ne peut pas faire tomber les autres pour grimper. C'est ce qu'elle avait fait, mais quand il s'agit d'atteindre d'autres sommets, seul ses propres muscles, seule sa simple force compte. Les obstacles, ça se grimpe, ça se monte, ça se dompte. Puis la brune voit quelques gestes, et cette frustration. Elle n'arrive à lire que cette sorte d'implosion.

- Je vais t'aider à descendre. Ne lâche toujours pas les bras tant que tu n'es pas sûre que tu ne vas pas tomber en bas.

Là est le passage le plus compliqué. Un peu bas, elle doit assurer. Sinon on va l'accuser, on va l'accabler, c'est le seul moment où peut-être qu'elle ressent le poids de la responsabilité. Elle, elle n'a pas peur de tomber, la chute sera moins forte, ou du moins, elle fera comme tel, comme une sotte. Son bras se pose sur la branche tandis que ces yeux cherchent les entailles de l'arbre, les endroits où elle pourrait poser ses pieds. Cependant, ce n'est pas de la roche, et l'écorce est donc moins marquée. Oh, non, bien sûr que non. Elle n'y avait pas pensé, depuis le début elle n'est bonne qu'à improviser. Cependant, Jessie fonctionne mieux avec cette technique là, la gamine, on verra...

- Tu dois descendre, petit à petit, essaie toujours de rester face à l'arbre. Avec tes pieds, trouve des points d’appui et reste face à la branche d'en bas... Je pense que je vais te tenir avec un bras. Si tu tombes, tu reviendras avec moi...

Peut-être qu'elle ne le verra pas, mais pour la première fois, Jessie exprime de l'inquiétude face à une personne autre que soi. Sa main se tend pour saisir par le bras la plus jeune. Son regard semble un peu moins affirmé, serait-ce le doute qui commence à l'accabler ? Jessie, ne se rend pas compte... A quel point ça semble important pour toi ?

- Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit...

Peut-être que si Jupiter avait peur, c’est qu’elle est déjà tombée. Elle songe aux fois dernières, aux éléments qui ont suivi ses faux-pas, alors s’envole sa concentration. Les événements se répètent et contre l’écorce frôle de trop près la peau de son bras. Il ne lui en faut pas plus pour se sentir incapable de totalement maîtriser la situation. Impossible de lutter, malgré sa détermination, malgré la flamme qui la tient éveillée. Elle sent les ongles de l’enfant qui sont plantés trop profonds. Cependant, les plaintes ne viennent pas. Trop fière, trop grande pour ça. La faiblesse n’apparaîtra pas, même si s’inscrivent les rougeurs sur son bras. Descendre avec la plus jeune n’est pas si simple que ça. Il faut sécuriser tout en s’assurant qu’elle ne soit blessée. Il faut protéger les deux corps au lieu d’un, il faut arriver à descendre alors que l’on a qu’une seule main.

Une fois sur le sol, elle se permet de soufflet. Sur sa peau, elle lit les rougeurs. Plus bas sur son poignet, la marque noire ne s’est elle aussi pas envolée. Ses doigts passent machinalement sur cette dernière pour voir si elle n’a pas été touchée, mais il n’y aucune douleur associée. Aucune manière d’identifier à quoi elle est liée… Ses pensées viennent de nouveau se déposer sur la jeunesse courageuse mais encore un peu tremblante, un peu désamorcée… Finalement, il n’y a pas eu qu’elle qui avait peur, la brune y voit un peu de chaleur.

Quand elle lit les mots de l’enfant, Jupiter passe une main dans ses cheveux. Ils sont disgracieux et impossible de s’aventurer dans cette masse, sans tomber sur de différents petits objets. Des brindilles, des branches et éléments qu’elle n’arrive pas à identifier. Il ne vaut mieux pas savoir où Fawn a traîné… Certes, elle est un peu dégoûtée, mais elle est contente, parce qu’elle s’est bien débrouillée. Les arbres ne sont pas des filles qui l’ont peu compter, ce ne sont pas des jeunes adolescentes qui vont rattraper le corps qui s’est laissé tomber. Les arbres sont immobiles, impassibles et n’arrivent qu’à danser aux grès du vent. Elle se penche un peu vers l’enfant.

- Ouais. Je suis fière de toi, parce que tu as fait attention à ne pas tomber ! C’est le plus important, que tu restes toujours en sécurité.

Dans ses yeux, il y a un peu de douceur, et peut-être qu’elle est réconfortée. Elle a pu lui apprendre des choses sans pour autant trop se blesser. C’est bon, Jessie peut se mettre un peu à souffler.

- J'espère que tu es aussi fière de toi, c'est le plus important. Crois moi !

Jupiter ne voit pas les rougeurs sur le visage, du moins elle ne les capte pas. Elle a la tête ailleurs. Ses pensées la pousse à croire que tout va bien maintenant. Il n’y a rien de plus contemplatif que de voir satisfait d’elle même l’enfant. Une part d’elle a besoin de constater qu’il n’y a pas besoin de compétition, il n’y pas besoin de s’enflammer dans les conflits, ou même dans la provocation. Il y a juste de l’apprentissage et un peu d’affection. La brune ne s’attend pas à grand-chose, si ce n’est des mots qui suivent le moment.

Dans les petites mains, elle voit qu’ils ne viennent pas aussi rapidement que naturellement. Cependant, elle ne se doute de rien et glisse les mains dans ses poches. Un peu plus de temps qu’habituellement… Avant que les mots de la petite fille fasse afficher sur son visage un air un peu déconcerté, elle n’est pas au courant. Maintenant, c’est Jupiter qui ne sait pas ce qu’elle doit dire… Cependant, elle n’a pas l’envie de lui mentir. Il y a les idées drôles qu’elle a beau penser, comme quoi dans cette fichue ville, tout le monde deviendrait gay. Il y a aussi l’attirance qui n’est venue pour les femmes quand elle était frustrée, énervée. Lust a été un premier pas vers des sentiments inexpliqués… Cependant, est ce vraiment de l’amour, ou un simple besoin charnel qui semble perdurer toujours ? Jessie ne le sait. Alors, elle fera du mieux qu’elle peut pour lui expliquer.

Quand Jupiter se redresse, son visage passe par plusieurs expression. Dans un premier temps, elle est un peu étonnée. Ses deux lèvres s’entrouvrent pour finalement se refermer. Elle devient dubitative, un peu pommée. Puis ses yeux s’enfoncent dans ceux de Fawn. Elle ne doit pas renoncer, chez les pirates, aux enfants elle s’est jurée de dire la vérité. Elle n’est pas du genre à se défiler. Néanmoins, c’est une partie d’elle même qu’elle doit aussi exprimer, d’une certaine manière, elle doit un peu plus assumer.

- Tu sais… Je pense qu’il n’y a pas de situation normale ou anormale quand il s’agit de ça… L’amour, les sentiments, ça vient tout seul et ça ne se contrôle pas.

Elle hausse ses épaules, elle n’a pas l’habitude de parler de ça. Est ce que c’est une partie d’elle qui ne s’affirme pas ? Est ce seulement parce qu’elle ne s’accorde pas ce droit ?

- Ta maman devait être triste que ton papa soit parti avec des garçons, je pense… Des fois, quand on perd quelque chose, ou quelqu’un qu’on aime, on le juge et le critique. On le rejette… Mais c’est parce qu’on se sent mal au fond… Si ton papa aime les garçons, c’est comme ça, et il est certainement plus heureux comme ça.


Jessie sent que l’évidence est là. Au fond, elle aussi quand elle a insulté ces personnes, c’était parce qu’elle avait mal. Elle ne vaut pas mieux que les autres, elle sait qu’elle fait du mal. Pourtant, ce n’est pas le moment d’accepter qu’elle a vraiment mal.

- Si tu te sens heureuse comme ça, sois libre d'exprimer ta joie. Fais ce qui te rend heureuse, c’est le plus important, je crois. Personne ne doit t'empêcher de ressentir ça.

Puis son sérieux se détend tandis qu’elle se penche en levant un sourcil vers la petite. L’une de ses mains vient piéger les côtés de Fawn pour la chatouiller.

- Mais alors… Tu ne m’as rien dit ! C’est qui qui te rend toute chose comme ça ? C’est une petite green c’est ça ?

Jupiter n’est même pas très convaincue par son discours. Il est difficile de dire les bons mots à une personne sans savoir comment s’adresser à soi même. Elle est prise de cours. L’important, c’est qu’elles soient toutes deux indemnes. Personne n’est blessé, et c’est ce sur quoi il faut compter. Quand il s’agit d’amour, ce n’est peut-être pas totalement la personne sur qui il faut compter. Elle n’a pas l’impression qu’elle en est capable, ça fait peur d’en parler, quand il n’est pas sûr d’y arriver. Les enfants ne sont pas encore vraiment conscients ou même blessés. Alors se contente de se convaincre qu’elle a bien éduqué, qu’elle a le temps encore de s’explorer…

Elle qui est si pressée.
Jupiter ne semble plus déterminée quand il s’agit de la sentimentalité.

Jupiter voit bien que la petite est dans le floue. C’est normal. La plus âgée ne sait même pas ce qu’elle veut non plus, après tout. La musculature masculine ou se fondre dans les longs cheveux pour suivre les courbes féminines ? Jessie n’en sait rien, et elle préfère en pas se poser la question. Répondre à la gamine semble plus proche que son propre horizon.

Si Jupiter s’amuse à la taquiner, c’est seulement pour jouer. Et bien qu’elle réfute l’existence d’une prétendante, la brune ne lui fait pas confiance. Trop de choses la trahisse sans qu’elle n’arrive à pointer où se trouve son réel intérêt. La plus âgée est enfin regardée, c’est ce qu’elle voulait. Avoir de l’influence, être appréciée, mais ce n’est que dans les yeux de enfants qu’elle n’arrive à grandir. Ses ressources, ce n’est que l’innocente jeunesse qui arrive à lui fournir.

Alors que Fawn lui répond avec des distances sécuritaires. Elle arque légèrement un sourcil Jupiter. Elle n’est pas vraiment convaincue et le laisse paraître sur son minois. Oh non, face à ses adorables réactions, elle n’est pas déçue. De ce fait, elle fait semblant d’arrêter…

- Ah si c’était juste une question… Ca va alors.

Elle lève ses yeux au ciel de manière innocente avant de nouveau de les jeter sur la plus jeune pour lui dire.

- Hâte que tu me présentes ta prétendante chez les chevaliers alors.

Oui, elle essaie de tâter tous les terrains. Il y a bien un moment où la panique de la jeunesse aura un frein. Elle finit par rigoler et lève les sourcils avant d’énoncer. Il faut la protéger de ces intempéries. Jessie est déjà plus âgée, mais elle sait qu’elle n’a pas encore tout saisi. Jupiter en sa présence grandit. Pas comme elle l’aurait aimé, mais elle a attitude de la grande sœur qu’elle n’a jamais été. Ca fait du bien de ne pas toujours être sur la défensive, de ne pas toujours se sentir obligée d’avoir quelque chose à prouver. Les barrières sont tombées et il n’y a que de la bonté et de la générosité. C’est peut-être la seule green qu’aujourd’hui elle peut supporter.

- T’en fais pas… Tu m’en parleras quand tu te sentiras. Si tu en as besoin, ou que tu as d'autres questions, je suis là. Tu peux toujours m'écrire... Et si jamais on te fait du mal aussi. Mais ça, je suppose que tu le sais déjà.

Jupiter sourit et la regarde avec une fierté assumée. Elle est un peu plus libre aujourd'hui, un peu plus délivrée mais elle sait que les ressentiments reviendront une fois que leur réunion sera passée.

Quand Jupiter voit ses mains fines venir la pousser… Bingo. Elle comprend tout de suite que c’est le groupe visé. Cependant, elle n’a aucune idée de l’enfant que Fawn a dans le collimateur. La plus âgée ne se doute pas qu’elle est source d’inspiration de par sa force, son physique voir même son « métier ». Du moins, ce n’est pas les enfants qu’elle vise en particulier. Le désir de grandir et la popularité est apprécié, mais jusqu’à peu de temps, elle se moquait bien de la présence ou non de la jeunesse. Pourtant, elle n’est pas bien plus âgée. L’écart entre elle et ses années peut être plus grand. Encore un mensonge que se font les vieux adolescents…

Alors elle rigole sans basculer, encore. Ce n ‘est pas méchant… C’est peut-être un peu moqueur, mais c’est de bon cœur. Quand la plus petite vire au rouge, ce n’est que maintenant que Jupiter le découvre vraiment. Elle ne lui dira rien, parce que c’est difficile d’assumer ses sentiments. Si la blonde insulte les greens, la brune a voulu les empoisonner pour plaisanter… Les mots quand à ce sujet ne vinrent pas, même si Jessie est sûre qu’elle aurait adoré l’idée. Elle n’en fit rien, elle se contente juste de valider ses propos en disant ce qu’elle pense tout haut.

- Oh que oui… Ils sont tous ennuyants à mourir… Et il n’y en a pas un pour rattraper l’autre.

Quand Jupiter lit la seconde phrase, elle sourit de nouveau.

- C’est gentil. Allez viens là.

Jessie hésite à remettre une main dans ses cheveux. Ce terrain semble pour elle un peu trop périlleux. De ce fait elle préfère se baisser et la prendre dans ses bras. C’est plus simple, et surtout moins dangereux. Qui sait ce qu’elle pourrait trouver dans ce sac de nœuds ? C’est une prise docile, qui peut sembler pour beaucoup futile. La large planète est en train de couvrir le petit animal d’affection, se prouvant à elle même qu’en bonne compagnie chez les greens, il n’y a pas que des explosions.

Jupiter se bat avec tout le monde, parce que personne ne veut l’écouter, parce que personne n’a tendance à l’estimer.
Arcadia est comme ça, cruelle avec ceux qui ne peuvent accepter ses règles, ses droits.
Elle se relève, et lui adresse un regard bienveillant pour la dernière fois.
Maintenant elles doivent se quitter, sûrement pour mieux se retrouver.