[Groupe 3] C'est pas Jojo

Tout s’est enchaîné sans qu’il ne puisse réellement rien maîtriser.
C’est la même ritournelle que d’habitude, pourtant : il n’est jamais vraiment au courant de ce qui se trame alors qu’il est censé être l’un des premiers à l’être. La déclaration de guerre, comme un paquet de monde, le met en rogne, mais ne le pousse pas à agir, contrairement à d’autres.
C’est la même ritournelle que d’habitude : lâche comme il est, il a sourcillé mais n’a pas bougé de là où il était, allongé, cannette de bière en main, devant un horizon comblé par la liberté des volatiles.

L’ambitieux engloutit son addiction à défaut des rêves auxquels il voudrait réellement accéder. (La liberté.) Mais même avec ce pauvre liquide, il manque de s’étouffer. C’est trop.
Il y a beaucoup trop de monde. Déjà beaucoup de pirates obstruant maintenant l’horizon qu’il enviait.
Retour trop brutal.
Il est de trop.
Mais où est-il réellement à sa place, en fin de compte ? Si Phaner n’a jamais voulu le retenir, si Bones ne l’a jamais accepté, où peut-il vraiment aller ?

Pour ces questions trop complexes, il laisse parler son instinct et sa nécessité. La bête, beaucoup trop lâche, atteint sa hauteur. Il ne s’entend pas avec elle mais c’est peut-être l'une des seules personnes sur laquelle sa dépendance peut se reposer.



Bien qu’il réponde de façon trop expéditive à la tierce personne qu’il ne prend pas la peine de regarder, c'est parce que le garçon à la tête haute ne peut s’empêcher d’uniquement regarder Ant, droit dans les yeux. Provocant et piquant, comme à son habitude. Mais sa manière de la fixer est insistante, peut-être même dérangeante pour la responsable. Le comprendra-t-elle ?



Déglutissant face à elle, il a tenté de choisir des mots pour lui faire comprendre une bonne fois pour toutes qu’il est de son côté mais aux tierces personnes qu’il ignore, il reste un dédaigneux pirate.

Dans quel camp est-il ?
Ni pirate, ni green, en tout cas. Il se considère au-dessus de tout ça. Mais pour ça, il doit bien le démontrer et ce, à la première qui lui a réclamé des efforts. Qu’importe si c’est un ordre, il montrera ce dont il est capable.

Jamais les deux greens ne peuvent s'accorder. Et pourtant, c'est ce qu'on leur demande : de jouer de concert. Il ne rechigne pas vraiment, faisant assez confiance en l'autre ; en tout cas plus qu’en d'autres. Toutefois, elle pense qu'il joue faux (encore) et ne supporte pas ce qu'il peut encore lui chanter. Ainsi se met-elle également à fredonner, d'une toute autre manière, ce qui n'arrive pas Sweetie à la prendre au sérieux, bien qu'elle essaye d'être ferme dans son harponnage.

Cela dit, Ant ne semble pas être la seule membre de ce chœur improvisé qu'elle vient de créer puisque son réel interlocuteur — qu'il(s) aurai(ent) presque oublié — et une adolescente, à la suite du dénommé Merlin, misent également sur les refrains plutôt que les répliques. Éberlué par le grotesque, il ne veut vraiment pas y croire. Définitivement, il ne ne se range pas dans leur camp. Dans quel camp est-il vraiment ? Il essaye de ne prononcer aucun mot. Trop lâche, il ne veut pas se rendre compte qu'il a pu être rangé au même sort que d'autres.

Ne voulant s'associer à cette chorale, elle le lâche. Mais à quoi penses-tu, Ant ? Il est bien trop dépendant pour vraiment te lâcher. Si ce n'est pas par le chant qu'il s'exprime, c'est par les pas de danse qu'il finit par se laisser envoûter, prenant les deux mains de sa nouvelle partenaire et enchaînant un rythme en duet.
Bones l’a définitivement emmêlé dans ce sale coup. Il n'y a pas de doute. Il n'y a plus de paranoïa, à moins de se dire que c'était prémédité, de l'emmêler dans ce ridicule traquenard.



Bien qu'à l'aise à dissimuler sa colère, la valse qui les guide finit par amener également bien trop facilement ses ressentiments sur la piste. Il les explose de manière non conventionnelle, comme les autres. Comme les autres mais en même temps pas, c'est ce dont il veut se persuader. Violemment, il marque une limite entre lui et celui qui s’interroge sur la catastrophe.



Par le mensonge, il n'arrange pas la situation et n'aide pas les individus réunis à comprendre le lot de perturbations. Pour arranger, désespérément, sa propre situation, il se ment à lui-même.
Il entend bien la musique mais préfère l'ignorer, au risque d'être bien plus virulent qu'il ne l'est déjà, autant que la musique l'y autorise.

Même si la prendre pour partenaire s'est révélé bien involontaire, il aurait préféré continuer à danser que subir cette saturation d'émotions noires déversée par les autres. En réalité, Sweetie, pour sa part, n'a pas rompu la danse. Il ne s'arrête pas. Il ne peut pas, de toute façon, puisque ses mouvements, devenus endiablés, ne lui appartiennent plus. Ou peut-être ne lui appartiennent-ils que trop bien (plus que jamais), semblant communiquer dans leur brusque vélocité, tout ce qu'il ressent. Il a beau avoir menti à l’autre homme, lui aussi ressent tout, trop. C'est trop. Il ne peut pas lutter et pourtant il voudrait danser encore sur un tissu de mensonges.

Tais-toi, ça vaut mieux. T'auras pas l'air aussi ridicule qu'eux. Lèvres crispées et voix cassée, il contient toute l'animosité en lui. Mais, bordel, qu'est-ce qu'il a envie de tous les envoyer valser d'un coup de poing. À commencer par la gamine. Il déteste les gamins.
Qu'est-ce qu'elle fout là si ce n'est le narguer ? Sans elle, il a déjà très bien compris que la ridicule situation attend de lui qu'il prenne les choses en main lorsque des personnes responsables faiblissent. Mais c’est bien trop demander, à un gamin pareil, de tout encaisser sur ses épaules alors que, justement, la colère qu’il a supporté durant cette année, menace de fondre brutalement. Gamin des émotions, il les connaît à peine donc ne peut certainement pas gérer celles des autres, surtout lorsqu’on joue et triture mauvaisement les siennes comme si ça n’existait pas.

Comme s’il n’a pas d’importance, elle le traite littéralement comme un exutoire où elle pourrait hurler n’importe laquelle de ses souffrances. Mais Sweetie n’est pas un puits sans fond. Ou alors le fond est bien trop mauvais pour qu’il s’en tienne à sa promesse et se taise à jamais.



Dans le fond, même si les deux greens auraient pu prétendre détruire les classes sociales et enfin se réunir, le mépris pour plus haut ou bas que soi est toujours là. Même si elle est aujourd’hui nommée cheffe, elle reste une ouvrière et lui un fils-à-papa.
Ça n’a jamais été dit. Ça a toujours été là, dans le dédain de Popi et la plaisanterie de Lukas. C’est sur le point d’être chanté.



Du mieux qu’il peut, il essaie de retenir cette écrasante réalité mais finit par en dévoiler une autre, en échange, et de rompre toutes possibilités de futurs échanges entre eux. Toute possibilité même de regagner les greens.
Mais après tout, qu’est-ce qu’il en a foutre des greens ou bien des pirates, ou de ces foutus chevaliers qui ne savent pas tenir en laisse leur marmaille ?



La tempête hurle, à nouveau. Elle emporte n'importe qui sur son passage. Les enfants ne sont pas épargnés, cette fois, radicalement évincés de l'échange comme s'ils n'en valaient pas la peine. Oui, au point de désigner des gosses comme des vieilles affaires dégueulasses. Leur moue et pleurs immondes, ça le débecte que tout le monde se mette à jouer une mélodie dépressive ou beaucoup trop joyeuse, comme si la situation actuelle n'était pas alarmante.

Faites quelque chose, putain ! Parce que lui ne le fera pas. Il n'a jamais entrepris quelque chose et ce n'est pas maintenant que ça va tomber. De tous les gamins, c'est lui le plus grand. Sinon il ne tiendrait pas autant la jambe à la seule personne qui ne lui est pas inconnue.
Auquel cas il se serait éloigné. Il a tenté de le faire. Mais la chorégraphie l'a imposé à rester avec le restant du groupe et ne pas s'en détacher.
Mais la peur de la solitude, de se retrouver ridicule seul, c’est surtout ça qui l’empêche de prendre la poudre d'escampette.