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Mémoires d'une ancienne vie ● Dodge

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Dodge
well-behaved woman
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Métier Chasseresse
Avatar Lara Croft / Merci Mum, Forsa ♥
Dodge
Dodge
Dim 28 Nov - 5:30
Mémoires d'une ancienne vie
Et pourtant... (suite)
1.Et pourtant...
Trois ans et demi de passé, les démons ressurgissent sans prévenir. Tu es seule à la maison cet après-midi-là. Seule avec ta fille dans ta baraque de princesse. Une cage dans laquelle tu t’habitues encore mal à l’ombre des barreaux qui te rappelle toute la réalité de ta prison dorée. Tu as pourtant tout ce dont on peut rêver pour être heureuse ; une petite fille pleine de vie, un chien couleur crème - celui que tu voulais depuis toute petite - l’admiration de tes voisines pour lesquelles tu es un modèle de réussite et un mari aimant dont force est de constater que le boulot est de plus en plus prenant. Tu es une épouse modèle et une mère aimante. Tu fais la fierté de ta famille, de la belle-famille aussi et même du voisinage. Il suffirait plus que ta vie soit un feuilleton télévisé pour que tu puisses compter le monde entier à la liste. Tu es un putain de modèle d’excellence. Tu n’as rien à te reprocher, sauf peut-être, les antidépresseurs que tu caches dans la boîte de somnifères. Le revenu de ton mari te laisse l’aisance de faire de tes journées ce que tu souhaites. C’est lui qui avait insisté pour que tu n’aies pas à travailler. Et pourtant, tu culpabilises de ne pouvoir y trouver ton compte. L’admiration des uns et des autres, ainsi que tout ce bonheur dégoulinant ne vient pas à bout de ce vague à l’âme qui t’habite et de ces fringales d’indépendances qui te prennent parfois. Tu la sens monter en toi cette angoisse qui te bouffe de l’intérieur, comme une vieille amie qui ressurgit après des années pour te demander des comptes. Tu es prisonnière d’un rôle qui ne finit pas de se produire, encore et encore, sur la scène de ta propre vie.

ーMaman! Regarde! Il neige!

Comme à chaque fois, davantage que les médocs, c’est elle qui te sauve de ton irrémédiable noirceur lorsque tu t’y perds. Un sourire tendre se dessine sur tes lèvres. Tu la redoutais cette première neige, car elle ne vient jamais seule. Tu t'apprêtes d’ailleurs à sacrifier son excitation décontenancée pour la tranquillité de ton esprit perturbé en lui refusant le plus simple des bonheurs. Sa petite main se pose sur la poignée de la porte de la cour, la tienne aussi, refusant de céder sous la force vaine qu’elle y met.

ーNon mon cœur, tu attraperais froid. Viens je vais te faire un chocolat chaud plutôt…

Et c’est en cherchant pour la poudre de cacao dans la cuisine que tu la trouve, vieille amie, vielle tentatrice ; la clé de la cave à vin. D’un commun accord, tu l’avais laissé te la mettre hors de portée, tous deux bien aux faits de tes antécédents. Cela fait quatre ans que tu n’as pas revu cette clé depuis le jour où vous avez emménagé dans le quartier. Désormais huit ans que tu n’as pas retouché à la moindre bouteille. C’est alors un mélange de sensations amères qui t'envahit. De vieux souvenirs tortueux et honteux qui se mêlent dans ton esprit et qui refont surface. C’est Ophélie, frétillant sur sa chaise et qui regarde d’un œil brillant les premiers flocons se déposer sur le parvis du jardin qui, sans le savoir, s’apprête à te donner le coup de grâce.

ーÇa veut dire que le père Nowel, il va bientôt passer ?
Tu te déconfit sur place, mais ne laisse rien paraître.
ーJe te l’ai déjà dit Ophélie, le père Noël n’existe pas.
ーPapa, il dit que oui! Je l’ai vue au magasin aussi!
ーEt bien, papa c’est un menteur! Et ce n’était qu’un monsieur déguisé pour faire son travail. Je ne veux pas que tu laisses papa te dire le contraire, ni aucun adulte d'ailleurs. Tu es une grande fille maintenant. Ces histoires-là, ce sont pour les bébés!
Ce n’est pas la réponse que tu aurais dû lui donner, tu le sais bien, mais prise de vive par l’émotion, il te fallait une bouée à laquelle t’accrocher. Et c’est papa que tu as balancé.
ーEt toi… Tu es méchante! De toute façon tu ne m’aime pas!
ーOphélie! Ce n’est pas vrai ça!

Tu ne manques pas sa moue boudeuse, ses yeux mécontents et plein de hargne à ton égard qui te transpercent le cœur. Bien sûr que tu l’aimes. De ses premiers mois, pour compenser ce manque dont tu ne t'expliquais pas et qui t’assaillais de honte par moment, tu t’étais dévouée comme jamais à la tâche et t'es montrée être une mère au dévouement exceptionnelle. Seule ta fille n’était pas dupe, puisque dans tes bras l’enfant pleurait à s'époumoner. Dans les siens, ils t’assuraient quelques instants de silence et de tranquillité. Et à plusieurs reprises, tu as craint que dans tes bras celle-ci te trahisse aux yeux de ton mari et des mères au jardin d’enfant. En cela, tu t’appliquais davantage comme jamais tu ne l’avais fait pour personne. Cet instinct maternel qui te faisait défaut, tu t’étais juré de le provoquer. Si au départ ta tendresse était maniérée à son égard, tu t’es surprise au fil des jours à développer de l’attachement pour ce petit être. Le regret d’être mère qui t’habite aujourd’hui, n’a plus rien avoir avec l’amour que tu lui porte. Tu ne la regrette pas elle, plus maintenant du moins. Tu regrettes celle que tu es devenue. Celle que tu as toujours prétendue être. Cependant, ses mots ne manquent pas de se graver dans un recoin de ton esprit et de faire ressortir toute la culpabilité que tu étais pourtant parvenu à étouffer depuis tout ce temps.

Pouvait-on te reprocher ce manque au fond de toi, dont tu ne t’expliquais pas toi-même ? Le seul à t’avoir brisé le cœur un jour, c’est Jimmy. Et pourtant, Ophélie semble elle aussi bien y parvenir quand ce genre de mots sévères traversent sa bouche en cœur. Tu pensais la sauver de tous tes maux Diana, mais tu ne te doutais pas que ce serait elle qui te sauverait, toi.
Si seulement tu lui en avais laissé la chance.

ーMaman revient. Écoute le film mon cœur.

Après l’avoir placée devant la télévision et placé un tendre baiser sur son front, tu t’es dirigé dans la cuisine récupérer ta complice. Au sous-sol, tu te saisis de cette bouteille de rouge, la première qui te passe sous la main. Tu sais que ne devrais pas, car tu sais dans quel enfer ce liquide t'a plongé par le passé. Mais dès l’instant que tes doigts se posent sur le verre, tu t’en moques et tu succombes. Tu ne vois pas le temps passé que quand tu t’y retrouves un peu, tu perçois deux, trois, quatre bouteilles vides au sol. Chancelante, tu tentes de remettre de l’ordre dans ton esprit et surtout de te remettre sur pieds. Lorsque tu parviens, non pas sans quelques difficultés motrices, à monter à l’étage, tu ne manques pas de remarquer le cadran de la cuisine qui t’indique que trois heures se sont envolées. Mais pas seulement, Ophélie aussi n'est plus là. Un moment tu la cherche, tu l'appelles dans toute la maison. Pas de réponse. C’est là que tu te mets à vraiment paniquer. Le chien ne cesse d’aboyer de son côté, lui non plus tu ne sais pas où il est, mais c’est le dernier de tes soucis. C’est là que tu remarques alors le rideau du salon onduler sous une brise légère. La porte de la cour est entrouverte. Tu t’y précipites, hurle de nouveau son nom. Pas de réponse. La cour est si grande, peut-être se cache-t-elle derrière un arbre ? Mais tu n’as pas besoin de t’aventurer si loin que tu remarques un détail sur ta droite qui te tends l’échine. Une masse dans cette eau claire et limpide de la piscine qui ne devrait pas s’y trouver. Lentement, tu tournes le regard, figé par l’effroi de constater l’inimaginable. Ton chien qui aboie frénétiquement après sa balle tombée dans l’eau te confirme toute la réalité de la scène. Ophélie est là aussi. Flottante, le visage submergé, inerte. Silence. Tu hurles de terreur, te précipite dans l’urgence malgré toute la maladresse de tes mouvements encore engourdis par l’ivresse. Dans l’eau tu ballottes, tente d’attraper un bras, une main, une jambe, mais tu n’y parviens pas. Tes mouvements l’éloignent au contraire de toi. Tu manques de te noyer à ton tour, si le voisin d’en face n’avait pas remarqué la scène. C’est lui qui vous tire toutes les deux hors de l’eau. Tu le vois s’affairer sur le petit corps sans relâche à côté de toi, tandis que tu n’oses regarder. Tu trembles, frigorifiée d’épouvante plutôt que du froid. Tu regardes à la place le ciel qui te rappelle le papier peint de cette chambre d’enfant, qui te rappelle ces heures de ton enfance arrachée. Tu as troqué ta vigilance pour quelques heures loin d’ici.   Alors Diana, est-ce que ça en valait la peine ? Le voisin finit par se tourner vers toi et te hurler des directives vagues. Il te dit d’appeler une ambulance, tu crois comprendre. Mais tu sais, toi, qu’il est trop tard. Tu n’es plus là, plus tout à fait ici non plus. Ton corps peut-être, mais ton âme s’est égarée tu ne sais où. Plus rien ne t'affecte à l'instant. Le choc est trop grand, la perte trop conséquente. Ton esprit n’arrive toujours pas à encaisser le coup. Peut-être ne le fera-t-il jamais d’ailleurs. Et alors que le voisin continue de s’acharner sur le corps inanimé de ta fille, c’est alors qu’il débarque à son tour. Lorsqu’il réalise l’horreur de la scène, ses hurlements de douleur te sont insupportables. Il te secoue par les épaules, cherchant à comprendre l’incompréhensible. Tu te laisses faire, l’ignore même et ferme les yeux.
Dans la piscine, t’aurais préféré y rester.

Après cela, tu as tout perdu.

Ta fille la première est partie.
Ensuite, le mari aimant, la maison de rêve, l’admiration de tous et même le chien couleur crème.

Au moins, il te restait encore bien quelques bouteilles et le souvenir de cette autre vie qui parfois, te hantera encore.


And the Cool girls are even more pathetic :
They’re not even pretending be the women they want to be,
they’re pretending be the woman a man wants them to be.
 
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