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(end) dans leurs regards ϟ jackpot

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Lun 11 Mai - 19:05
dans leurs regards

C’est une de ces soirées où il ne se sent pas à sa place. Où il a l’impression d’être un extra-terrestre. Ou bien un animal en cage. Un animal que l'on observe depuis des barrières invisibles, que l’on juge, dont on rigole et sur lequel on s’apitoie parfois. Ecstasy ferait tout pour ne pas être là. Si seulement il pouvait porter un masque ou être quelqu’un d’autre, juste le temps de quelques heures… Faire oublier Caleb - le gosse de la télé-réalité - , faire oublier Ecstasy - le pirate raté -, et simplement être lui, un jeune homme un peu perdu, qui se fond dans la masse, et auquel on accorde quelques sourires de bienveillance.

Mais voilà, il n’a pas le choix. Il doit être là. C’est Bones qui l’a dit. Ou tout du moins, c’est ce qui lui est revenu aux oreilles par les lieutenants. Il a un rôle à jouer, et ça passe aussi par ces soirées chez les Pirates. Pour y écumer Hope, pour déverser un peu de bonheur sous la langue. Et de l’espoir, beaucoup d’espoir. Parce qu’ils sont beaucoup à en être privés. Même chez les plus téméraires, les plus audacieux, il est toujours bon de croire en un petit quelque chose. De continuer à s’accrocher pour ne pas définitivement sombrer. Et ici, il n’est pas difficile de convaincre. De faire passer de main en main ce nouveau trésor qui promet monts et merveilles. Par curiosité, par défi, qu’importe, on a simplement peur de rien.

Alors dans l’ombre, Ecstasy fait de son mieux. Economise ses mots, se tient à distance, lance de discrets regards, amadoue ceux qui en ont les moyens. Il fait battre ses cils, joue l’innocence (parfois), rougit (souvent). Tandis qu’il ignore ceux qui crachent sur son passage.

Et il aimerait bien se laisser happer par l’effervescence de cette soirée qui bat son plein. Se mêler à toutes ces personnes qui oublient dans les effluves d’alcool le désastre qui s’est abattu sur leurs vies. Juste se laisse flotter quelques instants. Se réchauffer le cœur et le corps. Et parmi les visages qui se dessinent, il aimerait bien voir celui de leur leader, celui qu’il ne connait pourtant pas. Le voir venir vers lui pour qu’il le félicite de son dur labeur. Obtenir l’attention qu’il cherche tant à obtenir. Mais parmi la foule, c’est une toute autre personne qui se distingue de sa hauteur. Avec sa chevelure si atypique, cette cicatrice mystérieuse et ce prénom qu’il s’est répété maintes et maintes fois en secret. Lawson. Et Ecstasy ne se rend pas compte des conséquences de toutes ses pensées contradictoires alors que tous les regards se sont tournés vers celui qu’ils appellent Jackpot.

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Mar 12 Mai - 15:44

To feel invisible, as if the world lived in the light, but you had to remain in the shadows. And suddenly, just one look of his could bring you in the sun.

Dans leurs regards.

C'est une soirée si normale... Si habituelle. Une soirée où tu ris, une soirée où tu fais l'idiot, une soirée où tu dragues, une soirée où tu bois, un peu plus que d'ordinaire, parce que soudain, personne ne demande pourquoi... Et c'est à la fois libérateur et absolument paralysant. Qu'on s'intéresse à toi, non... Qu'on s'intéresse à Jackpot, c'était le but, depuis le début, au premier jour, alors que tu t'es empressé d'offrir à ceux qui deviendraient bien vite tes congénères les cachettes secrètes du bonheur. Et aujourd'hui, n'es-tu pas l'un des leurs, bouteille à la main, assis sur le toit d'une carcasse alors que tu ris à gorge déployée à une blague qu'un de ceux que tu pourrais appeler tes amis vient de raconter. Elle n'était peut être pas si bien cette blague, pas assez drôle, ou tu en connaissais la chute, mais ici, plus on rit fort, plus on est aimé, alors c'est l'alcool qui devient ton plus grand allié, faisant résonner ta voix dans la vieille décharge.

Tu aurais pu le chercher, ce soir, tu avais entendu qu'il serait là, essayer de passer à l'action, ou de le sauver. On t'avait dit qu'il était venu « pour Bones », que ne faisait-il pas pour lui, de toute façon ? Alors même que votre leader restait presque l'intégralité du temps cloîtré dans le bateau qui bordait votre refuge, refusant tacitement de se mêler à la populace, il n'avait d'yeux que pour lui. Toi, tu passais ton temps devant lui, à essayer qu'il te voie, et ses yeux fuyaient les tiens... Soudain, un gars se tourne vers toi, puis un autre, encore un, et c'est étrange à quel point tout est silencieux, toi qui réclamait l'attention de chacun à corps et à cris, voilà qui était fait. Et maintenant, tu te retrouvais au milieu de tous ces regards et tu n'avais rien à dire. Tu avales la gorgée d'alcool restée dans ta bouche et rit maladroitement. « Woah les gars... Ca va ? J'sais que j'suis beau mais... ALORS ATTENDEZ ! »  Profitant d'une excellente opportunité tout en ignorant l'étrangeté de la situation, tes longues jambes te propulsent sur le toit de la voiture qui te servait de siège et tu t'éclaircis la gorge.

« Alors j'vais vous raconter, comment j'ai eu... CA! » Tu pointes la cicatrice qui gâche ta bouche, encore rose de sa cicatrisation précoce et sans plus attendre, tu te lances dans une histoire de tous les diable, absolument invraisemblable, à base de rixe de gang au début de l'après tempête, racontant comment toi seul, tu t'étais courageusement extirpé d'un mec complètement dingue avec la bave à la bouche, probablement atteint par la rage, armé d'un tesson de bouteille. Mais tu le vois, plus loin, assis en retrait, tu le vois parce que ses yeux s'accrochent au tien un instant, et c'est si inhabituel, qu'il te regarde, alors tu trébuches, tu t'emmêles les jambes, en l'observant, et tu t'affales en arrière dans la foule de gens, le cœur battant à tout rompre contre tes côtes. Il t'as vu. Sans que tu viennes à lui. Il t'a regardé. Caleb.
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Mer 13 Mai - 15:45
dans leurs regards

C’est un peu étrange cette façon qu’ils ont tous de le regarder, comme si Jackpot était devenu l’épicentre de cette soirée. Pendu à ses lèvres, les yeux rivés sur lui, et Ecstasy suit le mouvement. Interloqué. Intrigué surtout. Et puis aussi un peu parce qu’il ne l’a pas revu depuis la dernière fois… Ou simplement croisé. Et il s’interroge. Il aimerait se rassurer et se dire qu’entre eux, une page s’est définitivement tournée. Qu’il est devenu Caleb et plus seulement la demi-portion.

Sans s’en rendre compte, il vient de pouffer, réagissant instinctivement aux propos exagérés de Jackpot. Il est comme un poisson dans l’eau ici. Ca se voit, ça s’entend. Et ça irrite un peu la jalousie d’Ecstasy. Pourquoi lui n’arrive-t-il pas à être comme ça ? Et pourquoi on ne lui laisse pas la chance de le devenir ?

Ses sourcils se relèvent. Que fait-il à grimper ainsi sur cette voiture ? Et pas une seconde il ne détourne le regard, tout comme le reste de l’assemblée. Accroché à chaque mot que Jackpot lance à la volée. L’histoire de sa cicatrice. Et Ecstasy s’est un peu redressé. La curiosité aiguisée. C’est le genre d’histoire qu’on aime écouter. Bourré de révélations dont on attendait secrètement qu’elles éclatent au grand jour. Le levé de rideau sur un secret encore bien gardé. Parce que Jackpot reste Jackpot et que les histoires, elles sont plus passionnantes quand elles sont inventées.

Mais Ecstasy, lui, il y croit, à tout ce qu’il raconte. Il n’en perd pas une miette et s’imagine tout en moindre détail. Le gang, la bagarre, le tesson de bouteille. Et le suspense monte d’un cran. Parce que cela touche à sa fin et qu’il va enfin savoir. Son cœur palpite, ses yeux brillent. Plus que quelques secondes, juste quelques petites secondes. Et un regard qui se croise. Ca le prend un peu de court parce qu’il se croyait encore suffisamment dans l’ombre. Mais il le sent bien que Jackpot l’a vu. Et il a soudainement un peu peur. Que l’histoire se transforme en blague, en insulte, en provocation, juste pour se moquer de lui et l’abaisser aux yeux de tous.

Et c’est pire encore. Ecstasy se relève dans un sursaut, paniqué.

Jackpot vient de tomber. Littéralement. Il vient de s’écraser au milieu des gens. Au milieu des Pirates qui doivent certainement s’esclaffer. Mais Ecstasy ignore les éclats de rire. Tout comme il ignore pourquoi ses jambes se sont précipitées vers lui. Il se faufile parmi les autres, en bousculent certains et s’en fichent pas mal. Il a juste besoin de s’assurer que tout va bien. Et c’est bizarre de s’inquiéter comme ça. Mais c’est simplement Caleb qui veut rejoindre Lawson.

« Ca va ?! »

Et c’est maintenant qu’il réalise. Pourquoi a-t-il fait ça ? Pourquoi n’est-il pas resté à sa place ? Comme si Jackpot avait besoin de quelqu’un comme lui… Ce n’est qu’une simple chute dont il est capable de se sortir par une vulgaire pirouette. Un géant comme lui en a vu d’autres.

Ecstasy se sent franchement con désormais. Sans retour en arrière possible. Et ses joues se peignent de rouge. Gêné. Embarrassé. Voulant disparaître à tout prix plutôt que de devoir continuer à s’infliger une telle honte.

Vœu en parti exaucée alors que toute l’attention se détourne d’eux pour regarder ailleurs. Parce qu’il y a plus intéressant à voir. Comme s’ils avaient été soudainement effacés du paysage. Et que seul Jackpot a le loisir à présent de le juger. Plus qu’à attendre sa sentence impitoyable.

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Jeu 14 Mai - 18:38

To feel invisible, as if the world lived in the light, but you had to remain in the shadows. And suddenly, just one look of his could bring you in the sun.

Dans leurs regards.

La nuit, elle et quelques visages, des rires, pas mal d'attention, comme tu en avais rarement, l'attention de tous. Celle de Caleb. Ton cœur trébuche à cette pensée, et les rires autour de toi sont à des lieues de t'atteindre alors qu'un petit rire de ton propre cru leur fait écho, secouant légèrement tes épaules endolories. La chute en elle même, n'était même pas assez impressionnante pour qu'on puisse penser que tu t'étais blessé, ton égo qui aurait pu souffrir d'une humiliation aussi cuisante devant autant d'auditeurs passionnés, n'était même pas atteint, quand à ton cerveau, le nombre de songes qui s'y entrechoquaient sans la moindre douceur, en toute hâte, commençaient déjà à te filer la migraine. Et puis, au milieu des autres visages... Non... En fait, jamais vraiment au milieu d'eux, toujours un peu devant, depuis que tes yeux s'étaient entraînés à le repérer partout, à le traquer, le pourchasser, juste pour une seconde en plus imprimée sur ta rétine. « Je... J'ai trébuché. Trou dans... » Mais tu t'interromps, parce qu'il ne t'écoute pas vraiment, de jolies roses d'un vermeil hypnotisant fleurissent sur ses joues. Et en quelques instants, tous ces visages, toutes ces questions, toutes ces oreilles attentives à votre échange s'écartent comme un seul homme.

« Mais qu... » Autour de vous, soudain, une muraille de dos, de discussions éparses, de rires et de bruits de verre s'entrechoquant joyeusement, comme si vous n'existiez pas, comme si tu ne venais pas de faire l'intervention la plus ridiculement théâtrale de mémoire de fête de Pirate... Tu n'étais pas le plus fin, du genre à remarquer les petites attitudes des autres, quand ils essayaient de plaire ou qu'ils voulaient se la jouer, mais là... C'était quand même à des années lumières d'un comportement qu'on aurait pu juger normal ou légèrement altéré, non, là, c'était complètement inédit, comme sorti d'un film de science fiction. « Eh, demi-portion, y'a un truc archi bizarre là. » Et c'était si loin de ton agressivité habituelle, incrédule, un peu perdu, essayant de pincer, d'attraper des gens pour attirer l'attention, pour briser l'espèce de maléfice qui semblait vous entourer et... C'était étrangement romantique. Vous retrouver au milieu de la foule, mais n'exister pour aucun d'eux, n'exister plus que pour l'autre. Cette sensation, dans le fond de la poitrine, c'est ton cœur qui rate un battement en cadence, faisant directement monter le rouge jusque dans tes propres joues.

« C'est complètement dingue. » T'as un regard pour lui, cherchant à disparaître sur lui-même, niant jusqu'à ta propre existence, et les couleurs glissent de tes joues, bien sûr qu'il n'y avait rien de romantique à la situation. Tu te lèves alors, profitant de la diversion surnaturelle qui vous entourait, attrapant d'abord son bras pour le relever, puis, hésitant parce que tu n'es pas sûr qu'il t'accepte, tes doigts s'enroulent autour de sa main. Tu joues alors des coudes pour fendre la foule qui continue à vous tourner le dos obstinément sur votre passage. Décidément trop étrange. Tu vous éloignes du centre de la fête, vers ta hudson, discrète dans un coin de la décharge, au calme et enfin, tu te tournes vers lui. Tu n'étais sans doute pas aussi intelligent que les dirigeants ou que les chimistes, mais tu n'étais pas né de la dernière pluie. « Okay... C'était quoi c'qui s'est passé là bas ? » Tu le relâches, parce que ce serait quand même bizarre que tu le gardes contre toi, près de toi, que tu cèdes à cette voix qui essaie tant bien que mal de te faire céder à lui, plus doucement.
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Ven 15 Mai - 17:02
dans leurs regards

Les quelques mots de Jackpot ne parviennent pas véritablement à ses oreilles. Trop perdu à se morfondre sur lui-même d’avoir réagi bêtement et embarrassé de se trouver ainsi là. Il attend les regards moqueurs et les propos acerbes, il sait qu’il est condamné à les vivre. Parce que c’est toujours comme ça parmi les Pirates. Et n’était-ce pas déjà comme ça avant la tempête ? Un simple passage sur les réseaux sociaux lui suffisaient à le rabaisser plus bas que terre. Un moins que rien qui n’avait aucun mérite. On le pardonnait simplement pour sa bouille d’ange. Et on continuait à le regarder, inlassablement, sans pour autant jamais changer d’avis à son sujet. Caleb Alderson n’était rien, juste un visage à vendre, et un nom sur lequel s’esclaffer.

Mais le voilà qui redevient Ecstasy. Ses yeux ont cherché instinctivement Jackpot au moment où il l’a appelé « demi-portion ».

Hein ? Quoi ? De quoi parle-t-il ? Quel truc bizarre ? Et il tourne enfin la tête autour de lui. Il comprend alors le… truc bizarre. Plus un regard vers eux, alors que Jackpot était le centre d’attention quelques secondes plus tôt. Il voudrait dire quelque chose. Quelque chose d’intelligent pour expliquer l’étrangeté qui les a enveloppés. Juste pour briller un peu pour une fois et prouver qu’il est plus malin que Jackpot. Mais rien n’y fait. Il reste là, perdu au milieu de cette foule qui l’ignore. Chamboulé par cette attention détournée dont il est s’y peu habitué.

« Je, uhm… Je… »

Je sais pas. Ses balbutiements sont suffisants pour faire comprendre qu’il ne comprend pas. Et y a comme un manque d’air tout à coup. Comme un étau qui se resserre. Il voudrait crier pour qu’ils se retournent tous, qu’ils reprennent conscience de leur existence. Mais un contact chaud sur sa peau lui fait envoler toutes ses pensées. Et il se laisse guider, sans rien dire. Parce que Jackpot lui offre une échappatoire. Une fuite au milieu de la nuit. Pour échapper aux monstres qui peuplent ses cauchemars. Et Ecstasy suit cette petite lumière, s’y accroche, quitte à y laisser une petite partie de soi. Mais rien n’est éternel. Et maintenant qu’ils sont à l’écart, maintenant que Jackpot l’a lâché, il a comme l’impression qu’il doit rendre des comptes.

« Je-je sais pas ! »

Il ne veut pas être accusé. Mais accusé de quoi ? Alors la panique s’immisce dans sa voix. Il secoue la tête, se frotte le visage. Et une lourde fatigue vient de se déposer sur ses épaules. Qui pèse de tout son poids, pour l’enfoncer un peu plus dans la culpabilité.

« C’est pas… c’est pas la première fois je crois. »

Ecstasy n’est sûr de rien. Mais il doit bien l’admettre, il s’est déjà passé des choses étranges ces derniers jours. Depuis… depuis l’attaque des Pirates au Blackwell Castle. Y a-t-il un lien ? Dans ce cas… lequel ? Et pourquoi sont-ils les seuls à s’en rendre compte à cet instant ? La tempête n’a-t-elle pas déjà fait assez de dégâts qu'ils sont désormais condamnés à souffrir d’un nouveau maléfice ?

« J’te jure j’y suis pour rien ! » Ce dont il croit Ecstasy… Parce qu’il a peur soudainement. D’être rejeté définitivement. Alors il sent au fond de ses tripes qu’il doit essayer de sauver sa peau. « Tu me crois hein ?! »

Dis-lui que tu le crois Jackpot. Dis-lui qu’il n’y est pour rien. Dis-lui que ce n’est pas grave. Mais ne le repousse pas encore. Parce qu’il a si peur de sombrer…

Et Ecstasy retombe dans ses vieux travers. Dans cette facilité qui lui tend les bras. Le visage baissé. Les yeux nimbés de détresse. Les doigts qui viennent s’agripper lentement au t-shirt de Jackpot. Juste pour attendrir et arriver à ses fins. Sans penser à l’hypocrisie d’une telle scène.

« J’te promets Lawson, je sais pas ce qu’il se passe… »

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Sam 16 Mai - 14:59

To feel invisible, as if the world lived in the light, but you had to remain in the shadows. And suddenly, just one look of his could bring you in the sun.

Dans leurs regards.

Ses yeux trahissent sa panique, tu sais qu'elle est réelle, qu'il ne comprend pas plus que toi ce qui venait de se passer. Mais dans les deux, il en fallait bien un qui se fasse fort, un qui se transforme une fois encore en muraille pour aider l'autre. Et toi qui déteste les phénomènes étranges, toi qui vois des fantômes dans les yeux de ces gens comme possédés soudain par des attentions si loin des leurs, tu te forces. Tu gonfles le torse. Tu redresses ton dos. Et tu fais office de bouclier, parce que près de toi, il y a juste ce petit morceau d'homme, qui s'efforce de survivre dans un monde absolument inadapté. Ou était-ce l'inverse ? Tu ne peux pas t'empêcher de te demander comment il survivrait, s'il avait été seul, alors qu'il s'effondre déjà entre tes doigts.

« Arrête de stresser ! » T'aimerais être plus tendre, ne pas paniquer toi non plus, lui montrer que l'un d'entre vous restait calme. Mais t'avais jamais été connu pour ton calme, et plus ton cadet paniquait, plus tu sentait une sorte d'agacement angoissé monter en toi, toi qui étais incapable de sauver qui que ce soit, toi qui mettais tout le monde en danger. Tu le regardes se renfermer un peu plus sur lui même avant de lever vers toi des yeux de chiot battu, comme suppliant qu'à ton tour tu ne le rejettes pas. Ton nom est une véritable claque cette fois, ravivant ton esprit, te forçant à le faire lâcher ton t-shirt, tes doigts remontant pour attraper son menton.

« Tu m'fais quoi là ? Parc'que tu pleurniches tu penses que ça ira mieux ?! Oh, t'es pas dans un Disney, ok ?! » Tu t'en veux immédiatement, d'avoir été si sec, mais sa faiblesse, sa fragilité, tu as tellement de mal... Tu sais que tu ne peux pas le protéger de tout, que tu ne dois pas essayer, ce monde a grandi plus vite que vous et vous laisse sans défense. Et quand tu le regardes, tu sais au fond de toi qu'il n'a rien à faire chez vous, dans un endroit où l'individu vaut plus que le groupe. Où on ne lui trouve de la valeur que lorsqu'il parvient à troquer Hope. Où on sacrifierait sa vie pour des ressources vitale au clan. Tu devrais lui dire de fuir, d'aller chez les Knights, ils l'accueilleraient et prendraient soin de lui, comme la famille qu'il méritait. Mais toi, tu étais égoïste, tu ne voulais pas qu'il puisse voir d'autre solution que vous, qu'il s'écorche sur la dureté de vos façons jusqu'à s'endurcir. Ou se perdre.

« Ne m'appelle pas comme ça ici ! J'ai pas besoin que tout le monde connaisse mon nom. Et ressaisis-toi ! » Tu le lâches, te passant une main fébrile dans les cheveux. Toi aussi tu étais effrayé par cet événement étrange, toi aussi tu voulais juste que tout rentre dans l'ordre, mais en observant la foule, il est simplement impossible qu'autant de gens réagissent naturellement comme ils l'avaient fait juste avant. « Tu... Il y a eu quoi avant ? Il s'est passé quoi ? » Tu veux être rationnel, remettre en route ce cerveau brillant qui semblait te faire défaut ces derniers temps, enseveli sous l'alcool ou simplement étouffé par vos principes chaotiques. Aujourd'hui, Caleb avait besoin qu'on lui dise comment et pourquoi, et si ça devait être toi, alors ce serait toi. Et comme par magie, sentant la détresse de son maître, un gros chien fait son apparition à la fenêtre de la voiture, langue pendante, se penchant au dehors de l'habitacle. Un geste du maître et Haricot se tourne vers Caleb, aboyant joyeusement, sourdement, enfonçant une truffe humide contre son flanc. « J'te présente Haricot. Mi-ours mi-aspirateur à bouffe. »
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Lun 18 Mai - 12:40
dans leurs regards
Il aurait dû s’en douter que c’est de la violence dont il écoperait. Et ça lui coupe le souffle. Comme si les doigts de Jackpot ne s’étaient pas serrés autour de son menton mais autour de sa gorge, s’enfonçant toujours plus dans sa chair. L’étouffer pour lui faire regretter son imprudence, son hypocrisie et ses pleurnicheries.

Et il hoquète, forcé devoir reprendre des bouffées d’air qui se fraient difficilement un chemin. Et forcé de devoir affronter le regard dur de Jackpot, tranchant comme des lames. Plus aucun son n’ose sortir de sa bouche. Et il a peur, soudainement très peur de la suite.

Jackpot va le jeter. Jackpot va le piétiner. Et ne plus jamais considérer son existence. Leur entente, ce n’était qu’une illusion, une trêve dans la réalité. Et Ecstasy ne pourra jamais obtenir grâce aux yeux de quelqu’un qui mérite véritablement sa place.

C’est simplement quand il est libéré de la prise de l’autre qu’il réalise qu’il doit bien quelques réponses, qu’il doit bien essayer de retrouver la parole. Ses doigts fébriles touchent sa peau qui semble lui brûler là où Jackpot l’a tenu, là où il avait peur que la violence ne s’incruste encore un peu plus.

« Je, je… »

Il a beau réfléchir, ses mots trébuchent et ses pensées se cognent.

Et il sursaute brutalement en voyant cette masse sombre surgir à l’intérieur de la voiture qui se trouve juste à côté. Il a crié aussi. Juste un peu. Bien qu’étranglé dans sa gorge. Mais son cœur lui… son cœur a fait un looping, a côtoyé la crise cardiaque. Choqué, il regarde d’abord ce qui n’est finalement qu’un chien un peu trop heureux de voir son maître. Et dont le nom lui fait encore plus écarquillé les yeux.

« Haricot ?! »

La chaleur de sa truffe lui confirme bien son existence, et lui prouve surtout qu’il n’y avait pas de quoi avoir si peur. Ce n’est qu’un simple canidé avec de l’amour à revendre.

« Haricot… »

Qu’il se répète encore alors que ses doigts passent délicatement dans le poil de l’animal. Un brin de douceur bienvenu. Qui ferait presque s’envoler les craintes précédentes. C’est peut-être de ça dont il aurait finalement besoin… un compagnon comme Haricot, comme Strike, un fidèle ami qui ne le jugerait pas et l’accompagnerait partout.

Mais finalement, sa main s’échappe tout aussi rapidement. Il ne doit pas s’attacher. Haricot appartient à Jackpot. Et Jackpot… Jackpot n’accepterait probablement pas qu’il s’approprie ainsi sa propriété.

« Oublie ce qu’il s’est passé ce soir. C’était… c’était rien. »

Oui voilà. C’est plus facile comme ça. Retourner à sa place. Fuir et faire semblant. Ignorer les choses étranges, les remplacer par du vide. Et laisser Jackpot. Abandonner Lawson. Se protéger comme on peut.

« Désolé, je… j’dois y aller. Ravis d’avoir fait ta connaissance Haricot. »

Faible sourire en direction de l’animal, plutôt que de croiser le regard du maître. Et ses talons qui se tournent. Son dos qui s’impose. Ses jambes qui partent se cacher dans le noir. Et tellement d’autres excuses qu’il n’a pas osé dire, tellement d’autres inquiétudes qu’il a préféré taire. Mais c’est la peur du rejet qui l’oblige à s’exclure tout seul.

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Mar 19 Mai - 1:50

To feel invisible, as if the world lived in the light, but you had to remain in the shadows. And suddenly, just one look of his could bring you in the sun.

Dans leurs regards.

Il n'a pas confiance. Il a peur de toi. Il tremble, il bégaie, il évite ton regard, c'est glaçant. Tu n'es qu'un tyran parmi tant d'autres pour lui. Juste Jackpot, pas même un visage de plus dans la foule, non... Juste une voix cinglante qui se charge de lui rappeler de temps en temps qu'il n'a rien à faire avec vous, juste une paire de mains pour taquiner, donner des pichenettes, traîner. Juste Jackpot. Et c'était entièrement ta faute, quand tu lui avais interdit de t'appeler par ce nom qui était le tien, quand tu avais remis cette barrière entre vous. Et lui, il ne faisait juste aucun effort, si impeccablement entraîné à courber l'échine et à tenter de disparaître qu'il le fait avec toi une fois de plus. Tu vois presque Haricot comme un sauveur, apparu de nulle par pour l'apaiser, pour le retenir, pour te servir d'intermédiaire. Mais malgré les mains diaphanes qui s'emmêlent dans les poils hirsutes, il ne fait aucun doute que même ce stratagème sera inefficace, que même cette vaine tentative de l'emprisonner discrètement dans ton cercle se soldera par un échec. Un de plus. A rajouter à la liste sans fin de tes bourdes avec Ecsta. Avec Caleb.

Tu le sens venir de si loin, son regard fuyant, emporté par ces émotions que tu ne voulais pas nommer, parce que tu prenais de plus en plus conscience qu'elles l'éloignaient de toi. Tu t'endurcis, parce que cette fois... Oh non... Cette fois hors de question qu'il se dérobe. Que tu oublies. Que tu lui fasses le plaisir de le laisser gagner. Tu fais un geste bref et le chien aboie, disparaissant à l'arrière du véhicule tandis que toi, tu fais confiance à tes jambes, bien plus longues que celles du blondinet, pour le rattraper. Ta main s'empare de son poignet, le tirant en sens inverse sans faire plus de cas. Tu ne le regardes pas, tu ne l'écoutes pas, qu'importe s'il résiste, tu ne le lâches pas. Tu ouvres la portière passager en revenant vers la Hudson, lançant le plus jeune sur le siège passager comme s'il ne pesait rien. Et ça te prend tout juste une paire de secondes pour rejoindre le volant, Haricot venant servir de ceinture de sécurité vivante, s'installant joyeusement sur le passager involontaire. « Ecoute moi. T'as pas confiance en moi ? J'm'en fous. Je veux savoir. »

Bien sûr, sur lui, tu voulais tout savoir, toujours, apprendre les plus étranges de ses histoires n'aurait aucune incidence sur ta façon de le voir, non ? Le plus bizarre des deux restait à déterminer, même si Ecstasy était soudain devenu un aimant à attention, ou son contraire. Tu regardes le chien installé, langue pendante sur les genoux du chimiste, conscient que ton regard semblait être une sorte de pression supplémentaire sur ses épaules déjà frêles. « J'suis pas ton ennemi. Putain... J't'ai sauvé la vie y'a même pas une semaine je... Merde Caleb. » Vous étiez dans un espace fermé, dehors, la fête battait toujours son plein, personne n'entendrait ces brides de vos vérités ici, tu t'y sentais toujours plus en sécurité que n'importe où ailleurs. « Maintenant tu dois parler. Et c'est trop tard pour ne pas me le dire à moi. » Egoïste. Jaloux. Manipulateur. Cette voix te crache son venin, parce qu'au fond tu sais qu'il a sans doute des gens qu'il appelle ses amis, des gens à qui il voudrait se confier naturellement, des gens qui seraient prêt à l'aider. Ouvertement. Pas caché dans le fond d'une vieille voiture.


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Mar 19 Mai - 19:52
dans leurs regards
Au fur et à mesure que ses pas l’éloignent, il sent ce poids qui emprisonne son coeur. Il regrette déjà sa lâcheté. Mais il continue à se raisonner, à se dire qu’il valait mieux fuir plutôt que d’affronter une nouvelle tempête. Et demain, tout sera effacé… Rien ne subsistera de cette nuit. Tout cela n’a jamais eu lieu. Cette soirée, Jackpot, et tout ce qui gravite autour d’eux. Plus rien. Oui, voilà. Oublier. Faire comme si de rien n’était. Peut-être même que l’autre jouera la jeu ? Peut-être que tout n’est pas perdu et que…

Il s’esclaffe. La poigne ferme qui vient de saisir son poignet le fait se retourner sans aucun ménagement. La surprise lui fait manquer un bond dans sa poitrine. Et il ne comprend pas bien. Tout va vite. Trop vite. Et il n’ose rien dire, ses yeux accrochés à Jackpot pour essayer d’y chercher une réponse. Mais son visage dissimulé ne présage rien de bon. Il voudrait protester mais… mais il y a ce petit quelque chose qui le fait se taire. Ce petit quelque chose qui lui glisse à l’oreille : il ne t’a pas laissé partir. Et ça ne veut probablement rien dire, les raisons qui ont poussé Jackpot à le rattraper sont encore obscures, mais il y a ce mince espoir qui s’est immiscé alors il se laisse porter. Comme une poupée de chiffon. Une poupée qui s’écrase dans ce siège sans rien dire.

Et une masse chaude le rejoint. L’adorable bête s’est posée sur ses genoux. Et l’empêche surtout de sortir de la voiture si l’envie lui en prenait. Ecstasy ose à peine le caresser, encore tétanisé par la rapidité à laquelle tout cela s’est passé.

Son regard finit enfin par se tourner vers Jackpot. Et il comprend qu’il ne peut plus battre en retraite, qu’il n’est plus question d’esquiver, pas avec lui en tout cas. Et entendre son nom le rassure, lui rappelle qu’il n’est pas en territoire ennemi, que Lawson… que Lawson veut simplement des réponses.

« Si t’es pas mon ennemi… t’es quoi alors ? »

Petite voix frêle qui s’élève enfin dans l’habitacle du véhicule. Ses mains sont instinctivement allées chercher la présence réconfortante de l’animal, agrippé à lui comme si elle était là la voie pour s’en sortir.

« La dernière fois c’était… Enfin je croyais que… Enfin j’sais pas mais… mais ça a vraiment changé quelque chose ? J’ai pas envie de croire des trucs et puis en fait non… »

Il bute sur chaque mot, trébuche à chaque parole. Il aimerait pourtant avoir l’éloquence de ceux qui attirent les foules, celle de Jackpot qui fait éclater de rire les Pirates, celle de Bones qui déclenche des émeutes. Mais il est simplement réduit à bégayer parce qu’il ne sait même plus où il voulait en venir… Alors ça l’énerve. Il secoue la tête, fronce les sourcils, soupire. Regarde ailleurs, à travers la fenêtre de cette voiture devenu foyer, ses doigts crispés dans les poils du chien qui n’arrive même plus tant à le réconforter.

« Je sais pas ce qu’il se passe, je sais juste que… que ça dure depuis l’attaque contre les Chevaliers. Et que depuis… y a des regards qui se tournent ou se détournent. Voilà, c’est tout. »

Y était-il aussi cette nuit-là ? A-t-il vu des choses étranges ? A-t-il dû obéir à des ordres qu’il estimait infondés ? Tandis que lui, Ecstasy, il n’avait rien à y faire… mais il avait simplement suivi le mouvement, comme un bon petit soldat. Et elle était là la conséquence de ses actes imprudents.

« S’il te plaît, garde ça pour toi… C’est déjà pas toujours facile d’être ici. »

C’est là un euphémisme. Mais si en plus il venait aux oreilles des autres que sa venue dans les missions Pirates causait de tels désagréments, il ne donnerait pas cher de sa place parmi eux…

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Mer 20 Mai - 0:22

To feel invisible, as if the world lived in the light, but you had to remain in the shadows. And suddenly, just one look of his could bring you in the sun.

Dans leurs regards.

Merci Haricot. Le chien qui veille, bienheureux, sur les genoux du blond, fermant ses grands yeux expressifs aux attentions de sa victime. Tu lèves les yeux au ciel, heureusement qu'il était là. Le plus petit se sentait si agressé en ta simple présence qu'il aurait pu disparaître ici et maintenant, se changeant en cendres sous la force de ton regard, tu allais finir par te prendre pour superman, capable de griller un ennemi d'un simple regard. Mais malgré tout ce qu'il pouvait penser, tout ce que tu pouvais laisser sous entendre, tu n'étais pas son ennemi, tu n'avais jamais voulu l'être. Mais Jackpot, il appartenait aux Pirates. Il leur avait abandonné son identité. Lawson n'existait plus que pour quelques personnes, ton identité la plus importante des marchandises à tes yeux. Il ne l'avait pas compris, lui qui ne chérissait pas la sienne, souhaitant vivre par celle qu'on lui avait créé. Et tu ne le comprenais pas non plus. Parce que c'était un tabou, pour toi. Pour lui ? « Je suis moi. J'suis juste moi putain... » C'était dur de se rendre compte que tu ne valais pas mieux que les autres, qu'il pouvait tomber sous le charme de quelqu'un dont il ne voyait jamais le visage et qui l'envoyait au casse pipe, mais toi tu restais l'ennemi. Encore.

Tu l'observes bien cette fois, au-delà de son image délicate, par delà ses sourires à la dérobées quand on le complimentait, bien après le pli soucieux qui se formait entre ses sourcils quand on doutait de lui. Et ce sont ses tremblements qui te marquent, sa faiblesse, sa façon de ne jamais faire confiance aux bonnes personnes, de s'envenimer de mensonges et de promesses en l'air. Ca t'enrage, et tu t'écartes, ton front se collant à la fenêtre à mesure qu'il s'ouvre à toi, les yeux rivés sur les autres, insouciants, sur les bouteilles qui se dandinent dans leurs mains, te narguent et t'appellent. « T'as pas du tout envie d'me faire confiance, hein ? T'as raison. » Tu entrouvres la fenêtre de ton côté, allumant la dernière clope du paquet qui trônait sur le tableau de bord, la traînant à tes lèvres passivement. La nicotine t'empoisonne, elle te calme, te garde sous contrôle, et quand tu te retournes vers lui, posant ton menton dans ta main vide, tes yeux l'observent, presque curieux. « Qu'est-ce qu'il devrait avoir changé, hm ? T'attends que je te lace tes chaussures ? Que j'prépare tes repas ? »

La fumée glisse de tes lèvres, tu es fatigué, si fatigué, de courir après quelqu'un qui te voit comme le monstre que tu es devenu, qui se contente d'un nom, et fuit avec, comme un voleur. Tu tires une nouvelle fois, le bout incandescent illuminant sombrement ton visage fermé. « Alors t'es un bizarre, non ? Y'a eu des rumeurs, sur des gens. » Tu hausses une épaule, observant un instant le chien dont les pattes se sont repliées au sol mais dont le front s'appuie incessamment dans les mains de Caleb, cherchant son contact, ses attentions, ses caresses, comme tu l'aurais fait... Avant ? « J'vais le dire à personne, on s'en fout, quoi, tu fais tourner les têtes et après ? » Bien entendu que ça t'intéresse, tu ne sais pas si tu fais ça pour dédramatiser et l'apaiser, mais tu sais qu'il y a autre chose d'intéressant, dans ses mots. « Donc t'es allé au château, hein ? C'était bien ? » Tu t'es blessé ? Est-ce qu'on t'a fait du mal ? Toi aussi t'as affronté un éléphant de cinq mois quelque part dans la nuit ? Et tu n'en dis rien, seule la cendre tombe du bout de la cigarette, rebondit au bord de la fenêtre pour disparaître dehors.


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Mer 20 Mai - 15:54
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Sa réponse n’aurait pas pu être plus vraie, ni plus perturbante. Jackpot ne s’embête pas de longs discours, d’introspections fastidieuses qui ne mènent nulle part. Il est simplement lui comme il dit, aux autres de faire avec, de composer. Mais Ecstasy, il se souvient bien des regards noirs lancés dès qu’il est arrivé ici, des mots durs balancés sur son passage. Répondus par de l’ignorance et de la fuite. Alors, c’est ça qu’il est Jackpot ? Un enragé qui juge par la force qu’on dégage ? Et qui se soucie quand ça l’arrange ? Qui fait preuve de patience quand on s’y attend le moins ? Et cette oreille attentive qui s’offre à lui, il voudrait la garder pour toujours. Mais il sait qu’il suffirait que la porte du véhicule ne s’ouvre à la volée pour que le mirage cesse, pour que Jackpot le laisse sur le bas-côté.

Et cette peur de l’abandon qui le tiraille, Ecstasy aimerait tellement la faire taire. Pourquoi s’accrocher à si peu? Après tout, Jackpot n’est qu’une infime partie de sa vie… Juste un éclair dans l’horizon sombre. Mais l’orage qui gronde, le tonnerre qui fait trembler, il effraie autant qu’il fascine. On ne peut en détourner l’attention, blottie au fond du lit. Et c’est sûrement pour ça qu’Ecstasy continue à s’accrocher. Parce que maintenant qu’il admire la foudre, il ne veut pas la laisser s’échapper. Alors qu’un tel phénomène, c’est impossible à emprisonner et ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne brule tout sur son passage. Et il aura beau prendre exemple, il aura beau ne pas lâcher prise, il ne sera jamais lui, jamais aussi indépendant et confiant, jamais aussi sûr de lui.

« Tu comprends pas ! Tu comprends rien ! »

C’est sorti tout seul, sans qu’il n’ait eu le temps d’y réfléchir. Mais la force avec laquelle il a prononcé ces mots a soulevé un poids. Et il a soudainement l’impression d’avoir gardé la tête trop longtemps sous l’eau, qu’il a désormais besoin de reprendre sa respiration. Y a comme cette adrénaline qui pointe légèrement au creux de son ventre, cette adrénaline qu’il connaissait si bien quand… Quand il faisait fondre une pilule sous la langue.

« C’est facile pour toi, t’as qu’à ouvrir ta gueule pour que tout le monde te respecte ! Moi, c’est limite si on me crache pas au visage ! Toi le premier d’ailleurs ! Mais le pire, c’est que je pourrais comprendre pour les autres, ça fait des années que j’suis habitué à ce qu’on me juge et qu’on me rabaisse. Mais pour toi ?! Tu sais même pas qui j’suis ! »

Et il ne sait pas pourquoi, cette colère qui s’est emparée de lui ne veut plus se tarir. Il sait qu’elle est injuste, que Jackpot ne mérite pas d’en être le destinataire. Mais ça déraille. Il se sent tout d’un coup très fébrile et ressent ce besoin incontrôlable de tout lâcher. De perdre pied. Parce que cette euphorie lui manque mais qu’il est incapable de la retrouver. Il ne faut pas. Il l’a promis, promis beaucoup trop de fois.

« Alors quoi ? T’attends à ce que je te dise que c’était horrible au château ? Et comme ça tu pourras me rire au nez et me dire que j’avais rien à faire là-bas ?! Et bah oui, c’était horrible ! Horrible, horrible, horrible ! Voilà ! Allez, vas-y maintenant, dis-le que j’ai rien d’un Pirate et que je devrais arrêter de pleurnicher pour un rien ! »

Sa poitrine se soulève désormais par soubresaut. Ses yeux sont paniqués, exorbités. Ne réalisant que trop tard à quel point il se montre ingrat. Et il voudrait tout de suite s’excuser, demander pardon à Jackpot. L'implorer de pas tenir compte de tout ce qu'il vient de déverser. Mais son cœur s’affole toujours plus. Et il se demande bien si ce qui se trouve au fond de sa poche ne pourrait pas effacer tout ça.

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Dim 24 Mai - 0:39

To feel invisible, as if the world lived in the light, but you had to remain in the shadows. And suddenly, just one look of his could bring you in the sun.

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Tu la lis dans le plus simple tremblement de ses mains, sa panique, dans l’ombre qui se tapit au fond de ses prunelles, son stress, dans les vibrations de sa voix qui emplit l’habitacle, sa peur. Ca ne changera jamais, il aura toujours peur. Et c’est aussi ta faute, tu ne sais que te plaindre. Tu ne changes pas d’émotion, parce qu’il s’énerve sans but, et toi, tu es las. Ses éclats sont les caprices d’un enfant gâté, ceux que tu aurais voulu voir sur le visage de ta sœur, peut-être que ça aurait voulu dire qu’elle avait tout ce qu’elle voulait. Lui, soudainement, n’avait rien de ce qu’il voulait, et plutôt que de se battre, de prendre les armes que la nature lui donnait à lui plus qu’à un autre, il préférait s’enterrer, essayer de s’en débarrasser, de les oublier. Ca t’agace, tellement. Tu aurais adoré qu’on ne voie que toi, même pour quelques instants, même par magie, même si tu n’avais pas grand mérite à attirer cette attention, même si c’était la nature qui te le permettait, tu voulais toujours tout ce que tout le monde avait, mais tu ne disais rien. Ca avait été ton lot quotidien depuis la naissance. Souhaiter qu’on s’intéresse à toi d’abord, comme tes parents niaient ton existence, puis désirer si ardemment le bonheur de tes « amis », enfin vouloir si fort l’argent que tu voyais rouler sur les tables le soir. Et pourtant tu ne criais pas, tu ne tapais pas les pieds, tu n’espérais pas t’échapper. Tu te battais. Encore.

« Tu fais quoi là ? Tu crois que j’suis ton père ? Que j’vais céder parce que tu fais une colère ? T’es pas bien ! » Tu lèves les yeux au ciel, et Haricot sent la différence de ton dans ta voix, la fatigue, la colère qui l’anime désormais, loin de la surface, alors que tu sembles maître de toi-même. Il étend ses pattes et se dresse de sorte à s’asseoir sur toi maintenant, comme pour t’occuper, t’empêcher d’abîmer sa douceur, d’entacher son innocence, de dérober sa tendresse. Avec tes poings. Mais pourrais-tu même le frapper, lui que tu regardes sans cesse, lui que tes yeux suivent à chaque instant, lui pour qui ton cœur crachote à chaque fois qu’on te parle. Pourtant tu te laisses prendre au piège, tes doigts se fermant sur la fourrure épaisse, grattant le poil emmêlé.

Tu te tournes finalement vers Ecstasy, et n’importe qui comprend que tu ne plaisantes pas, que ta patience s’estompe et que quelque part en toi, tu as souffert. « Tu crois que j’suis v’nu un jour et que tout le monde s’est jeté à mes pieds ? Que.. J’ai pas bossé pour la reconnaissance que j’ai obtenu ? Que j’ai juste… J’sais pas disons… Claqué des doigts. Pour les pauvres regards qu’on me décoche ? » Tu ris sèchement, amèrement, et le son te blesse même l’intérieur de la bouche, comme une insulte. « J’sais qu’t’es un pleurnichard, qu’t’essaies pas vraiment de t’intégrer, qu’tu refiles Hope en minaudant, que l’reste du temps t’es cloîtré dans les labos. Et qu’il n’y a que Bones qui compte. » Tu souris, puis appuie la moitié de ton visage dans le cou poilu du chien sur tes genoux sans le lâcher des yeux. « T’as rien d’un pirate c’est clair. Et tu dois arrêter de pleurnicher pour tout. Ca t’aidera jamais. Ici, y’a personne pour t’aider. C’est chacun pour soi. Si t’as envie de sortir du lot, c’est ici. On attend tous que tu fasses tes preuves. Si c’que t’espères, c’est que Bones te voie, qu’il t’emmène dans son bateau et qu’il fasse de toi j’sais pas… Sa « p*te de luxe». T’es pas au bon endroit. » T’es cru, t’es méchant, t’es mauvais. T’es fatigué de courir après une personne qui ne s’intéresse qu’à lui, à son malheur, à sa tristesse, et à la place qu’il pourrait obtenir aux côtés d’une personne qui ne se souvient même pas de son prénom.


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Lun 25 Mai - 16:08
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Il aimerait lui dire de se taire. Lui hurler de cesser et de laisser régner le silence. Parce qu’à chacun de ses mots, c’est une vérité de plus qui s’enfonce dans sa poitrine. Une lame acérée qui vient se planter dans son cœur. Et il préfèrerait mille fois entendre des mensonges plutôt que les propos bien trop blessants de Jackpot. Et Ecstasy sait bien que si ça le touche autant, c’est parce que l’autre a raison. C’est cela qui rend tout ceci insupportable. Devoir entendre toutes les vérités sur son compte de la bouche de quelqu’un qui le connait pourtant si mal.

Mais au lieu d’étouffer cette voix, au lieu de lui arracher cette bouche assassine, il encaisse en silence. La gorge sèche. Le corps pétrifié. Et il n’a même plus la chaleur du chien pour le réconforter. Quoi de surprenant dans le fait qu’il ait préféré retourner auprès de son maître plutôt que de rester avec le lâche qu’il est ?

Et la fin magistrale que lui offre Jackpot l’enterre six pieds sous terre. Le souffle dans une tornade qui arrache tout sur son passage.

« Si c’est ce que tu penses, t’aurais peut-être dû me laisser dans cet immeuble nan ? »

Fini les pleurnicheries. Fini Hope. Fini Bones. Et fini Caleb… Disparu dans les gravats, redevenu poussières. Sans que personne ne remarque son absence. Parce que qui aurait pu le regretter parmi les Pirates ? Même leur leader n’aurait probablement pas cillé.

« Mais si tu crois qu’être un enfoiré fait de toi le meilleur des Pirates… tu te plantes grave. T’es… t’es pire que Bones en fait. »

Il est plus facile de se complaire dans un doux mensonge que dans la dure réalité. Et les paroles de Jackpot résonnent encore, lui rappellent inlassablement qu’il n’est rien et qu’il ne sera jamais qui que ce soit parmi eux. Juste une ombre. Un pantin manipulé par les caprices de Bones. Que l’on peut moquer sans vergogne.

Et dans la pénombre, ses doigts tâtonnent pour trouver la poignée et ouvrir cette prison de laquelle il veut s’échapper. Quand il y parvient et que l’air frais rentre dans l’habitacle une fois la porte ouverte, il ne trouve pas le courage de se tourner une dernière fois vers Jackpot.

Un éclat lui fait alors dévier le regard. Son reflet qui a brillé un instant dans le rétroviseur de la porte qu’il vient de claquer. Ce reflet qu’il adorait pourtant admirer dans les miroirs qu’il croisait. Mais là, il n’a l’impression d’y voir qu’un bon à rien. Et l’enfant capricieux qu’il est réagi brutalement. Sans qu’il ne comprenne vraiment pourquoi. Par colère, par vengeance, par rancune, par désespoir. Mais son pied s’écrase contre ce bout de véhicule qu’il voudrait voir bruler. Le rétroviseur craque, se retourne, ne se brise pas complètement, mais fait désormais peine à voir. Ecstasy se surprend d’avoir une telle force. Et réalise l’affront qu’il vient de commettre. Une once de culpabilité. Mais surtout une dose de satisfaction appréciable. Lui donnant finalement le courage de tourner son regard vers le propriétaire qui vient de voir abîmer son bien par un moins que rien.

« Tu sais rien du tout Jackpot. Et t’as tort, j’crois que je peux devenir la pute de luxe de qui j’veux. »

Pure provocation d’un gamin qui ne comprendra jamais rien. Qui n’a pas l’intelligence de voir plus loin que le bout de son nez. Et qui regrettera amèrement de s’être ainsi laissé à des émotions trop vives alors que finalement… Jackpot l’avait retenu, Jackpot voulait comprendre et que lui, Ecstasy, avait tout gâché.

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Mar 26 Mai - 16:52

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Peut-être que si tu mentais moi… Peut-être que si tu étais un peu plus toi-même… Peut-être dans un autre monde, une autre réalité. Peut-être qu’il aurait pu être à toi. Mais ici, maintenant, il était clair que tout ce qui l’intéressait, c’était de s’éloigner de toi, de ton poison, de tes griffes acérées qui infligeaient d’autant plus de blessures à son âme déjà maltraitée. Un connard, voilà ce que tu étais. Est-ce que tu méritais autre chose ? Qu’on te regarde ? Qu’on t’apprécie ? Bah, tu étais sans doute la pire ordure qu’il n’ait jamais vue de toute façon alors un peu plus ou un peu moins, tu creusais juste ta tombe, lui, il s’occupait de recouvrir ton pitoyable cercueil de terre. Et tu lui en voulais, comme un gamin, parce que plutôt de voir que tu essayais de le secouer, plutôt que de comprendre que tu voulais qu’il prenne sur lui, qu’il s’affirme, pour survivre, il se vexait, se renfermait un petit peu plus et finalement, s’éloignait de ce qu’on attendait d’un pirate. Tu as envie de l’attraper, de le coincer dans a voiture, de l’emprisonner jusqu’à ce qu’il comprenne. Mais lui ne l’entend pas de cette oreille, il se fait violence pour lutter contre toute la pression que tu imposes à sa présence.

Et tout d’un coup, le rétroviseur plie, cède, et pend sur les quelques fils qui le reliaient encore au corps principal de ta voiture. C’est trop, ça, c’est le coup de trop, toi qui n’avais que ça, toi qui t’étais fait connaître pour tes doigts habiles, pour tes mains talentueuses, toi qui avais ressorti un tas de ferraille en ruine et l’avait rendu habitable. Tu le regardes, et cette fois, c’est la colère qui dévore ton regard, le chien couine quand tu le pousses, et tu t’en veux, mais tu es bien trop emprunté par ce torrent d’émotions qui vole en toi, ramasse tout ce que tu as de bon et le claque au sol, le faisant voler en éclats. Tu attrapes l’appendice de ton véhicule, et arraches ses derniers liens. « Tu crois qu’t’es mieux que moi, alors ? Avec tes putains de minauderies, maintenant que j’te perce à jour tu peux pas le supporter ? » Tu éclates le rétroviseur à ses pieds, le lançant si fort que le miroir explose, que des débris volent, vers toi, vers lui, le bruit lui-même détone dans votre bulle.

« C’est marrant que tu m’dises que j’sais rien, tu s’rais surpris. Combien de questions j’ai posé sur toi, combien de fois j’ai plaidé pour toi, combien de chances je t’ai laissé. Si tu décides que tu vaux mieux que moi, que tu veux être la pute du merveilleux, magnifique Leader qui se souvient même pas de ta putain de face, cool ! » Tu ris, sombrement, et claques la portière qu’il a laissée ouverte, comme on obstrue les issue, comme on bloque les entrées, comme un s’empêche d’être atteignable, parce que rien n’a d’importance et que l’amour n’est plus un concept existant ici. Qu’il n’y a rien de plus pour toi que la violence, la folie et les boulots qu’on daignait te filer. « Maintenant casse toi. Et m’regarde pas. Tu m’verras pas depuis le lit de Bones ! » Tu te retournes, retournant vers la fête, attrapant au passage une bouteille des mains d’un autre gars déjà bien trop emporté par les vapeurs de l’alcool pour oser dire quoi que ce soit. C’était tout ce qui te restait, être comme ton père, vider des bouteilles, nager dans un coton confortable, écraser quelques poings sur quelques gueules, et rire bien plus fort que tu ne le pouvais vraiment.



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Mer 27 Mai - 23:26
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La peur le saisit. Maintenant qu’il réalise. Maintenant qu’il se rend compte du blasphème commis. Et ce regard… Le regard de Jackpot. Il lui glace le sang. Et Ecstasy voudrait au moins tenter de balbutier quelques excuses parce qu’il sait au fond qu’il est allé trop loin, que la vérité qui éclate au grand jour ne justifie pas de s’en prendre à un bien aussi précieux. Ses sentiments blessés, il doit apprendre à vivre avec, à encaisser. Mais sa susceptibilité fait barrage, comme toujours. Alors il piétine, ne dit rien et subit à nouveau.

Il sursaute, se rétrécit un peu sur lui-même alors que Jackpot arrache définitivement ce malheureux rétroviseur. Il n’y verra plus son reflet au moins. Et ses mains se plaquent contre ses oreilles, ses yeux se ferment. Non, non, non… Ca suffit… Il ne veut rien entendre de plus… Par pitié, que quelque chose le fasse se taire…

Et l’objet s’éclate à ses pieds. Il crie, sans même le vouloir. Parce que la violence des éclats le fait paniquer. Certains sont passés tout près de ses pieds, et pourtant, il a l’impression qu’ils ont transpercé son cœur. Et ce ne sont malheureusement pas ses mains qui vont pouvoir couvrir les paroles de Jackpot. Il le sait bien mais il n’est pas certain de pouvoir en encaisser plus. Et la suite le cloue sur place. Parce qu’il ne comprend pas bien. Que des mots se perdent, des contradictions explosent.

Des mensonges. De doux mensonges. Pour se donner bonne conscience. Pour tirer sa révérence. Voilà ce que c’est. Et qu’Ecstasy puisse ainsi sombrer dans une culpabilité sans fin. Mais hors de question de se laisser faire, pas cette fois-ci.

Des questions sur lui ? Pourquoi les adresser aux autres alors ?!
Plaider sa cause ? Et pour quoi faire ?!
Des chances concédées ? Mais quelles chances ?! Hein ? Lesquelles ?!

Et il se fiche bien de Bones à cet instant, se fiche bien de savoir ce qui se cache derrière son masque, se fiche de gagner son estime. Sa pute de luxe ? Il n’a jamais voulu l’être, jamais désiré ne serait-ce qu’une seconde. Que son regard se pose un peu sur lui ? Oui peut-être, juste quelques minutes. Le temps que les papillons s’envolent. Car ils finissent toujours par s’envoler. Jackpot trouverait-il ça plus honorable ? Que son cœur bat aussi vite qu’il ne se meure ? Il trouverait probablement quelque chose à redire là aussi, Ecstasy en est certain.

Alors ses dents grincent. Ses sourcils se froncent. Les mots n’ont pas osé sortir alors que Jackpot l’assassine une dernière fois. Mais son regard ne le quitte pas, comme un affront à ses dernières paroles. Et dans une vengeance égoïste, il se concentre. Juste pour que les autres l’ignorent à nouveau, qu’il devienne transparent aux yeux du monde. Qu’il ne se sente plus exister. Et tout ça pour quoi ? Pour quelques propos blessants ? Pour la vérité à son sujet ? Et il ignore les larmes qui coulent sur ses joues. Il se pince les lèvres, serre les poings et ne lâche rien. Que Jackpot chute dans l’oubli comme il l’a fait chuter puis piétiner sans vergogne.

Et immobile il attend, enfonçant un peu plus son regard sur celui-ci qui s’éloigne toujours plus dans la nuit, mais duquel tout le monde s’écarte à son passage. Comme un coup de grâce, le seul qui le voit encore, c’est celui à qui il a demandé de détourner les yeux. Un dernier affront. Qui ressemble finalement plus à une vaine prière. Non, ne m’ignore pas.

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Jeu 28 Mai - 18:03

To feel invisible, as if the world lived in the light, but you had to remain in the shadows. And suddenly, just one look of his could bring you in the sun.

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Tu l’ignores, ses réactions, ses faiblesses, ses craintes, comme il a ignoré tes attentions, tes aspirations, tes regards. La sensation t’enivre un instant, c’est grisant, de voir qu’on peut déclencher autant d’émotions chez quelqu’un le faire craindre pour sa sécurité, son intégrité, peut-être même sa vie... C’est effrayant, mais c’est grisant. Et quelque part, tu voudrais presque en abuser, l’emmener encore plus loin, le forcer à fondre ses peurs pour les reforger plus petites puisqu’il les affronterait en ta personne, mais ça ne fonctionne pas comme ça, avec lui. A chaque fois que tu le mettais face à quelque chose, il se faisait d’abord aussi petit que possible pour encaisser, laissait les informations importantes rebondir sur son dos et profitait de la seconde de calme pour exploser, essayer de se grandir, de se rendre invincible, c’était déroutant. Ca t’agaçait. Il n’avait pas la capacité de grandir, il n’avait pas encore pris conscience du monde tel qu’il était désormais, de la façon de fonctionner du groupe qu’il avait choisi, des difficultés qu’il allait continuer à devoir enjamber. Et tu n’avais jamais eu la vocation de devenir prof, toi. Tu avais juste été une autre victime à ses charmes, comme un idiot, croyant à la douceur de ses regards, nageant dans les eaux calmes de ses yeux jusqu’à perdre la terre de vue.



Mais la tempête d’aujourd’hui venait de te claquer sauvagement sur les rochers acérés de la cote, ouvrant la coque de ton être sur les aspérités de la roche, et tu en avais fini, fatigué de t’abîmer un peu plus sur sa persévérance, sur son obstination à rester ignorant aux réalités de ce monde. Et quand toi, tu veux t’y replonger, t’y perdre, t’y enfoncer profondément et oublier tes échecs juste une nuit de plus, tu les vois, te tourner le dos, ostensiblement, t’éviter, créer devant toi une haie de rejet, d’oubli, de froideur. Tu hésites un instant, incrédule, incapable de comprendre, la bouteille pendue à ta bouche, et finalement, après avoir essayé d’attraper une épaule, puis deux, sans qu’ils aient même un regard pour toi, tu comprends. La bouteille rejoint ton flanc et tu te tournes vers Ecstasy. Alors c’était ça. Grâce à cette particularité, ce pouvoir, il allait faire de toi un paria. Rien de neuf pour toi. Ton cœur s’arrache un peu plus sur cette pensée, tu as envie de vomir à la peur viscérale d’être oubliée qui s’empare de toi, mais tu ne le lui montres pas, tes yeux froids braqués sur les siens, soutenant l’océan qui te submerge pourtant.



Ta main se lève, portant la bouteille comme pour lui montrer que tu buvais à sa santé, et tu renverses le visage en arrière, la brûlure de l’alcool coulant dans ta gorge comme le remède formidable à ta peine, comme la douceur d’une issue, même furtive, même si elle ne devait durer jamais. L’alcool descend, et enfin, le verre de la bouteille retrouve son état premier, transparent, renvoyant des éclats déformés tout autour de ton visage quand tu te redresses. Tu ne le discernes plus vraiment, le goût arrache tes papilles comme du papier de verre mais tu l’ignores, tu te contentes de jeter mollement la bouteille vers lui, elle s’échoue quelque part au sol, craque et vole en éclat comme tes peurs. Un éclat de rire malsain glisse hors de ta bouche et tu te retournes pour fendre la foule de dos, celle qui n’avait d’yeux et d’oreilles que pour toi quelques minutes auparavant, celle pour qui tu aurais tout fait, celle pour qui tu avais déjà failli donner ta vie à de nombreuses reprises et qui se trouvait, sur le caprice d’un égo blessé, victime d’une privation de ses propres choix. Tu étais seul, juste pour cette fois. Tu étais seul mais ça irait mieux demain. Tu étais seul. Comme d’habitude.



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Ven 29 Mai - 10:25
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Ah le voilà qui se retourne. Enfin. Qui le remarque. Oui c’est cela, regarde-le. Et remarque comme il est le seul capable de poser ses yeux sur toi alors que tu voulais tant qu’il ne le fasse pas. Regrette tes paroles, et considère-le comme ton égal…

Mais ce serait renié la nature même de Jackpot que de penser que cela serait aussi simple. Bien au contraire, car il lui assène désormais le coup de grâce. Il aurait pourtant dû savoir qu’il s’attaquait à plus fort que lui, c’était l’évidence même. Jackpot est un Pirate qui a fait ses preuves, contrairement à Ecstasy qui tremble comme une feuille au premier obstacle. Et surtout, coule dans ses veines une rage, une puissance que n’a jamais connu le peureux qu’il est, lui qui ne connait rien au vrai monde. Alors le voilà son rappel à l’ordre, dans toute la splendeur dont est capable Jackpot. Tais-toi et mords la poussière Caleb.

Et c’est douloureux que de devoir tenir ce regard, de s’assurer jusqu’au bout de sa défaite cuisante et humiliante. Ses derniers espoirs se brisent en même temps que la bouteille, éclatent en même temps que ce rire qui tranche dans la nuit. Et lorsque son dos fait à nouveau barrage, un hoquet lui échappe. Des mots qui s’accrochent au bout de ses lèvres mais qui ne veulent pas sortir. Et il voudrait le ravager de toute sa colère, de toute sa peine. Mais il est contraint de devoir rester planté là, de subir la honte qui s’abat sur ses épaules et le sentiment coupable lui enserrant la gorge.

Finalement, c’est tout son corps qui se relâche. Cette tension qu’il libère dans un souffle. Une respiration chaotique qui emprisonne ses poumons. Son esprit embrouillé ne se concentre plus sur cette foule qui reprend le cours normal de la soirée, tandis que lui, Ecstasy, s’enfuit dans l’obscurité. Se fait oublier à son tour, disparait à la vue de tous. Et dans la pénombre, il s’éloigne, à la recherche d’un abri. D’un coin pour ronger tous ses sentiments qui se bousculent dans son cœur. Et surtout libérer sa peine dans des larmes intarissables. Ses sanglots étouffés seront ses compagnons pour le reste de la nuit tandis qu’il maudira Jackpot et ses paroles blessantes, ses paroles troublantes.

Mais en se libérant de ce chagrin qui le dévore, cette petite voix continuera à lui souffler l’oreille que tout cela serait bien plus simple s’il acceptait simplement de céder à nouveau, de plonger la main dans sa poche et de trouver la plus douce des compagnies pour oublier tout ça. Ses plus vieilles amies sont toujours restées les plus fidèles et franchement, une promesse de plus non tenue, est-ce si grave ? De toute façon, il n’y a plus personne pour lui prier de résister. Plus personne à décevoir. Et il voudrait tellement juste un court de moment de répit. Un brin d’Espoir…

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(end) dans leurs regards ϟ jackpot
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