1Tu habites à Arcadia Bay ou tu étais juste de passage ? Il y vit, il y survit, il y traîne des pieds depuis bientôt vingt et un ans.
2Tu faisais quoi avant la tempête ? Il bossait dans un resto miteux en temps que cuistot, serveur, homme de ménage. Comme si c’était son affaire, sauf que c’était celle d’un connard bien content d’avoir un gamin corvéable à merci sous la main. Mais au moins, il était indépendant et avait de quoi payer sa came et entretenir sa moto.
3Quels dégâts a-t-elle fait dans ta vie ? L’immeuble qui abritait son studio - petit, sale et sombre - s’est effondré et a emporté avec lui tout ce qui lui restait de sa vie d’avant. D’avant l’apocalypse mais aussi avant, avant, avant la déchirure. Et c’est sûrement mieux ainsi. Acid est pas un gars matérialiste, tout dans la tête qu'il dit alors même que sa tête n'est jamais vraiment sur ses épaules.
4Que faisais-tu lorsque la Tempête a frappé ? Affalé dans la ruelle derrière le resto qui l’employait, une clope sans tabac au coin des lèvres. Il a regardé le vent se lever en riant. Il a accueilli le chaos comme on accueille un vieil ami. En riant avec un tape sur l’épaule. “Fais gaffe à ma bécane gros, s’te plait, j’viens de faire le plein.” Et le chaos l’a entendu. La moto était indemne.
5Tu quitterais tout pour retrouver ta vie d'avant ? On ne quitte rien pour rien, pas par manque de volonté mais parce qu’abandonner ne fait pas partie de son credo. Mais aussi et surtout parce qu’il s’amuse bien.
6Pourquoi et comment as-tu rejoint les Pirates ? Parce qu’il connaissait déjà Bones d’avant et que c’était là qu’on s’amusait le plus, qu’on planait le plus. C’est là que le chaos continue de lui faire des checks stylés. C’est là qu’on vit pour de vrai.
7De quelles activités es-tu en charge ? Il aurait pu espérer être lieutenant, parce qu’il était là avant l’apocalypse. On lui a proposé, il a oublié de répondre et est passé à autre chose. On en a conclu qu’il n'était pas intéressé. Depuis, il est pilote - pour pas lâcher sa bécane - et sa mission principale est de trouver - de voler - de l’essence pour les autres.
8Comment se passe ton intégration au sein du groupe ? Très bien, il squatte un peu partout, dort avec tout le monde, débarque dans ta caisse à deux heures du mat parce qu’il pleut. Mais sinon, il paraît qu’il dort dans une vieille caisse aux pneus crevés et aux fauteuils qui sentent le vieux tabac, à côté de la gare. Mais rien n’est vraiment sûr.
9Que penses-tu des autres groupes qui s'organisent ? Il en pense pas grand chose, juste qu’ils ont l’air de sacrément s’emmerder. Tout fout le camp, arrêtez de ranger, c’est chiant.
- padre & madre sont des immigrés mexicains, on ne parlait qu’espagnol à la maison.
- on vivait en se privant de tout mais surtout d’amour.
- pas le temps pour un gosse alors qu’on crie partout, qu’on se crie dessus.
- madre contre padre, la hargne de la vie contre le machisme gras et violent.
- Rafael a vécu à moitié dehors, sortant par la fenêtre pour s’échapper, échapper aux cris.
- il errait, rencontrait toute la lie des bas quartiers, Bones même, assez tôt.
- la drogue aussi assez tôt.
- il s’est petit à petit détaché du monde.
- il s’est petit à petit perdu dans la défonce, parce que tout y était plus drôle.
- jamais vraiment en cours, toujours à y dormir, a tout plaqué à quinze ans pour se dégoter un job merdique dans un resto mexicain/japonais/kebab pourri.
- seize ans, la déchirure.
- rentré chez lui après une semaine et demie à squatter à droite à gauche, surprend son père à lever la main sur le corps inerte de sa mère.
- même pour un gars fonsdé, les infos sont faciles à appréhender.
- il voit rouge et essaye de casser la gueule de son père.
- il ne fait pas le poids et finit sonné sur le sol miteux de la cuisine.
- le daron se tire avec les économies de son fils et on entend plus jamais parler de lui.
- jusqu’à ce qu’il se fasse descendre à la frontière.
- Rafael seul dans Arcadia à seize piges.
- il continue de taffer pour refaire ses économies
- il déménage dans un studio minuscule et continue à dealer pour le compte de Bones.
- il s’achète une moto un an et demi plus tard.
- et la vie continue, planante, marrante jusqu’au chaos.