La nuit était tombée sans même qu’il s’en soit aperçu. A vrai dire, c’était ainsi que sa journée entière s’était déroulée. Une matinée à crapahuter dans les gravats, à retourner les blocs de bétons, les planches de bois, à fouiller les meubles, les moindres conteneurs, à la recherche de quelque denrée rare et de quoi réparer une fichue fuite sur le toit. Les beaux jours arrivaient et, avec eux, de moindres risques de pluies. Mais Strike n’était pas du genre à remettre au lendemain ces choses-là. Pas question de laisser la situation empirer avec le temps. Et puis, ça occupait le corps et l’esprit. Le reste de son après-midi avait donc été bien rempli et, pour ne rien arranger, il devait également faire une petite excursion chez les Greens, pour affaire. Lorsqu’il eut enfin fini, le soleil était couché, cédant lentement sa place à la lune blafarde. Une autre journée éreintante, tant pour que le corps que l’esprit. S’il appréciait – le mot était peut-être un peu fort – quelque tension musculaire, il ne pouvait en dire autant de cette fatigue psychique, qui jouait sur son humeur.
Il avait donc emprunté la route jusqu’à chez lui, l’air encore plus maussade que d’ordinaire. Sachant pertinemment que, malgré la fatigue qui l’enserrait tout entier dans son étau, il tournerait pendant une éternité dans son lit, avant de rejoindre Morphée. Une pensée qui l’avait fait lentement dévier de son chemin, alors qu’il suivait Marmelade. La jeune chienne ne masquait pas sa joie de se dégourdir de nouveau les pattes, après être restés enfermés dans des bâtiments une bonne partie de la soirée. Et, à chaque fois que le vagabond tentait de l’appeler, de la faire revenir sur le chemin le plus rapide, elle aboyait, têtue, avant de partir dans une autre direction. Strike soupirait, avant de finalement lui emboîter le pas. Jusqu’à ce qu’elle le conduise jusqu’au lac Stymphale. Les astres célestes se reflétaient sur l’étendue d’eau immobile, lui donnant une dimension quasi mystique. Le calme régnait, appelant à l’apaisement de l’âme. C’était la première qu’il venait ici, à la nuit tombée. Il se promit immédiatement que ce ne serait pas la dernière.
Laissant ses yeux vagabonder dans la pénombre, il aperçut une silhouette vêtue d’un large chapeau. Il n’en connaissait qu’un, avec un tel couvre-chef. Angantýr. Strike s’approcha, autant pour confirmer son intuition que pour le saluer. Un bref hochement de tête, sans jamais se départir de son air renfrogné. Et pourtant, avec les meilleures intentions du monde. Il n’aurait pu dire si l’islandais l’avait remarqué, derrière son chapeau et sa frange qui masquaient ses yeux. De toute façon, Strike n’avait pas l’intention d’entamer une longue discussion au bord de l’eau. S’il était venu, c’était uniquement à cause de Marmelade et il espérait bien rentrer, dès que la demoiselle accepterait de bien vouloir le suivre sur le chemin du retour. Alors qu’il se retournait et s’apprêtait à l’appeler, il aperçut une deuxième silhouette, un peu plus loin. Fine, agenouillée au bord de l’eau. L’éclat de la Lune, se répercutant à la surface de l’eau, lui permit de distinguer quelques détails. Cette chevelure courte, ces habits noirs. Une impression familière. Une nouvelle intuition. Strike hésita. Non, pas ce soir. Pourtant, alors qu’il voulait faire demi-tour, la chienne en décida autrement. Le devançant, elle s’élança vers la nouvelle silhouette.
Marmelade !
La voix tonitruante de Strike brisa le silence, dérangea la quiétude des lieux. Le ton sec stoppa net l’animal. Le vagabond fit quelques pas vers elle, s’approchant de la silhouette agenouillée. Ce fut alors qu’il la reconnut. Un bref éclat de surprise illumina ses prunelles noires, durant une fraction de seconde. Calico. Peut-être l’avait-il aperçu deux ou trois fois, depuis la tempête. Mais, à chaque fois, c’était cette claque, ce retour en arrière, à cette vie d’avant. Avant tout ça. A cette vie où sa mère était encore là, qu’elle préparait des tartes aux pommes dans la cuisine, pour son groupe de paroisse, tout en lui racontant les derniers ragots. Des potins dont il n’avait cure, qu’il ignorait la plupart du temps. Des échanges futiles, anodins. Mais qu’est-ce qu’elle lui manquait … Secouant la tête comme pour chasser ses pensées, les yeux d’onyx se posèrent de nouveau sur les prunelles d’émeraude.
Miss Blackwood.
Un léger hochement de tête. Finalement, il n’était pas près de rentrer chez lui.
Il avait donc emprunté la route jusqu’à chez lui, l’air encore plus maussade que d’ordinaire. Sachant pertinemment que, malgré la fatigue qui l’enserrait tout entier dans son étau, il tournerait pendant une éternité dans son lit, avant de rejoindre Morphée. Une pensée qui l’avait fait lentement dévier de son chemin, alors qu’il suivait Marmelade. La jeune chienne ne masquait pas sa joie de se dégourdir de nouveau les pattes, après être restés enfermés dans des bâtiments une bonne partie de la soirée. Et, à chaque fois que le vagabond tentait de l’appeler, de la faire revenir sur le chemin le plus rapide, elle aboyait, têtue, avant de partir dans une autre direction. Strike soupirait, avant de finalement lui emboîter le pas. Jusqu’à ce qu’elle le conduise jusqu’au lac Stymphale. Les astres célestes se reflétaient sur l’étendue d’eau immobile, lui donnant une dimension quasi mystique. Le calme régnait, appelant à l’apaisement de l’âme. C’était la première qu’il venait ici, à la nuit tombée. Il se promit immédiatement que ce ne serait pas la dernière.
Laissant ses yeux vagabonder dans la pénombre, il aperçut une silhouette vêtue d’un large chapeau. Il n’en connaissait qu’un, avec un tel couvre-chef. Angantýr. Strike s’approcha, autant pour confirmer son intuition que pour le saluer. Un bref hochement de tête, sans jamais se départir de son air renfrogné. Et pourtant, avec les meilleures intentions du monde. Il n’aurait pu dire si l’islandais l’avait remarqué, derrière son chapeau et sa frange qui masquaient ses yeux. De toute façon, Strike n’avait pas l’intention d’entamer une longue discussion au bord de l’eau. S’il était venu, c’était uniquement à cause de Marmelade et il espérait bien rentrer, dès que la demoiselle accepterait de bien vouloir le suivre sur le chemin du retour. Alors qu’il se retournait et s’apprêtait à l’appeler, il aperçut une deuxième silhouette, un peu plus loin. Fine, agenouillée au bord de l’eau. L’éclat de la Lune, se répercutant à la surface de l’eau, lui permit de distinguer quelques détails. Cette chevelure courte, ces habits noirs. Une impression familière. Une nouvelle intuition. Strike hésita. Non, pas ce soir. Pourtant, alors qu’il voulait faire demi-tour, la chienne en décida autrement. Le devançant, elle s’élança vers la nouvelle silhouette.
Marmelade !
La voix tonitruante de Strike brisa le silence, dérangea la quiétude des lieux. Le ton sec stoppa net l’animal. Le vagabond fit quelques pas vers elle, s’approchant de la silhouette agenouillée. Ce fut alors qu’il la reconnut. Un bref éclat de surprise illumina ses prunelles noires, durant une fraction de seconde. Calico. Peut-être l’avait-il aperçu deux ou trois fois, depuis la tempête. Mais, à chaque fois, c’était cette claque, ce retour en arrière, à cette vie d’avant. Avant tout ça. A cette vie où sa mère était encore là, qu’elle préparait des tartes aux pommes dans la cuisine, pour son groupe de paroisse, tout en lui racontant les derniers ragots. Des potins dont il n’avait cure, qu’il ignorait la plupart du temps. Des échanges futiles, anodins. Mais qu’est-ce qu’elle lui manquait … Secouant la tête comme pour chasser ses pensées, les yeux d’onyx se posèrent de nouveau sur les prunelles d’émeraude.
Miss Blackwood.
Un léger hochement de tête. Finalement, il n’était pas près de rentrer chez lui.