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(FINI)[FB][22/04] Sous une cloche de verre | ft. Foam

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MacGyver
Ma poutre et mon couteau
Ma poutre et mon couteau
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Avatar Kageyama Tobio (Haikyuu!!) / merci diva, bat et mum pour les avatars <3
MacGyver
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Dim 9 Aoû - 19:53
YOU'RE JUST TOO GOOD TO BE TRUE
Christine & Ashton
Ashton erre dans les couloirs, d'un air ennuyé.

Il est arrivé dans la matinée, les yeux un peu plus éteints par une nouvelle nuit sans sommeil. Blackwell ne lui paraît jamais plus supportable que lorsque tout le monde y est encore endormi, alors naturellement, il ne vient que dans ces moments là.

Les chevaliers ont parfois cette manie agaçante de vouloir se montrer trop serviable ; leur nom témoigne de leurs illusions de grandeur face à leur propre fonction. À vouloir offrir le gîte et le couvert à tout bout de champs quand Ash, l'estomac grondant et les cernes s'étendant jusque son nombril, insiste qu'il n'en a pas besoin, le jeune homme a juste fini par ne plus venir.

C'est devenu vital pour lui de s'éloigner de cet altruisme étouffant, d'ignorer ces gens qui veulent son bien ; d'ignorer ces gens pour qui il arrive parfois miraculeusement à se soucier.

Mais indépendamment de ses croyances et de sa volonté, ses pas l'y ramènent toujours à un moment ou un autre. Officiellement, pour y chercher sa sœur, vérifier qu'elle n'a pas atterrit ici par un quelconque miracle entre temps ; officieusement, pour rendre visite aux enfants qu'il a ramené, voir s'ils vont bien et s'ils n'ont besoin de rien. Quand il peut, il ramène une BD, une peluche, des poupées, des trucs qu'il trouve là-bas, dehors, dans des coins inatteignables ; des chambres d'enfant en ruines, hantées par des jouets cassés et des photos déchirées, vestiges de rêves et de jeux imagés.

Il avait promis de ramener des vêtements pour les petits, s'il en trouvait. Il ne se rappelle plus quand il a pu prêter un tel serment, mais ça n'a plus d'importance ; les habits sont déjà livrés à la nounou en charge de la demande, Ash ne veut pas s'éterniser.

Mais c'est en vagabondant silencieusement dans l'établissement qu'il finit par inévitablement croiser une âme qu'il avait tenté d'oublier.

Il n'est pas sûr qu'elle l'ait remarqué ; il n'a vu que son dos, et vaguement son profil ; elle s'est malicieusement faufilée dans une salle de classe avant qu'il ne l'interpelle.

Il a une minute d'hésitation, immobile dans le couloir. Il pourrait juste partir, prendre la porte, disparaître aussi vite qu'il est arrivé et retourner vaquer à ses occupations diverses et nombreuses.

D'un autre côté, on ne l'attend nulle part. Mais après tout, il s'en fiche de savoir si elle va bien. Mais quelque part, peut-être qu'elle a des choses à raconter. Mais non, ça n'est clairement pas son genre. Mais en même temps, il ne la reverra peut-être pas avant longtemps.

C'était quand la dernière fois ? Un mois ? Deux mois ?

Six mois ?

Il a oublié de compter les jours. Sans réfléchir, il a déjà mis une main sur la porte ; le grincement qu'elle fait lorsqu'il rentre dans la salle semble lui faire réaliser et regretter son geste.

Quand il la voit, il reste silencieux quelques secondes, pas sûr de vraiment quoi dire.

Christine ?

Son nom sonne étrange dans sa bouche, il a l'impression de ne plus savoir le prononcer, le ton parait faux, tout parait faux.

Euh, salut. C'est moi. il lâche bêtement.

Comme si cela suffisait à le résumer tout entier, à combler les trous que le temps aurait pu creuser dans la mémoire de Christine. Est-ce qu'elle se souvient de lui ? Des premiers jours de chaos, des moments à vaguement traîner ensemble, à se conforter dans la présence de l'autre ?

Euh... Quoi de neuf ?

Et c'en est presque triste tant c'est dégoulinant de maladresse. Il ne pense pas à demander pardon, trop ignorant des conventions ;
comment s'excuse-t-on d'avoir voulu balayer de son quotidien une des rares personnes qu'on tolérait encore autour de soi ?

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Lun 10 Aoû - 1:26
« I Never Thought I'd Miss You »
Christine se réveillait parfois, comme cette matinée là, avant le lever du soleil. Ce n’était pas quelque chose qu’elle maîtrisait vraiment, mais plutôt qu’elle avait acquise ; quelque chose qu’elle ne questionnait pas. Elle ouvrait simplement les yeux, tournait la tête vers la fenêtre la plus proche, et acceptait le fait accompli. Ne lui restait plus qu’à attendre, dans la grisaille naissante, que le reste du monde finisse par s’éveiller.

Mais il lui arrivait, de temps en temps, lors de ces matinées, qu’elle éprouve quelque chose – quelque chose qu’elle ne savait pas définir. Un genre de sentiment, peut-être, s’il était possible de ressentir, en quelque sorte, rien. Ce genre de matin, elle ne restait pas dans sa chambre. Le vingt-deux avril 2020 était un tel matin.

Christine s’était levée et avait parcouru, dans le noir, les quelques mètres qui la menaient dehors ; les couloirs étaient presque vides, à cette heure. Elle avait parcouru le bâtiment en long et en large, sans véritable but, jusqu’au moment où elle était tombée sur lui.

Elle ne s’attendait pas à ressentir quelque chose en voyant Ashton de nouveau. Après tout, il était parti ; ce qu’il faisait depuis ce temps ne regardait que lui. Mais, en le voyant là, avec son air éteint si caractéristique, elle n’avait pu réprimer la montée, en elle, de quelque chose qui ressemblait à du regret. Et, comme à chaque fois que cela se produisait – comme à chaque fois qu’elle revoyait quelque chose ou quelqu’un qui lui rappelait le passé, une petite voix – sa petite voix – s’éveillait de nouveau.

Elle aurait dû faire quelque chose. Elle aurait dû le faire rester, même un tout petit peu.

Mais cela n’était pas arrivé. Ashton était parti. C’était normal. Il avait ses raisons. Elle ne savait même pas pourquoi elle ressentait tout cela. Et puis, ce n’était même pas un ami, au départ. Qu’est-ce qui lui passait par la tête ?

Christine avait donc fait de son mieux, et avait réprimé l’ensemble. Il ne l’avait pas vue, et il n’y avait pas de raison que cela arrive. Il suffirait qu’elle attende qu’il s’en aille, et tout, dans sa tête, rentrerait gentiment dans l’ordre. Elle n’aurait qu’à trouver une pièce vide où laisser passer le moment ; voilà, c’était cela – c’est exactement ce qu’elle ferait.

Elle s’était donc faufilée de nouveau à travers les couloirs, jusqu’à une salle inhabitée. Elle y passait parfois du temps ; il n’y avait rien, dedans – quelques tables bancales, les bris de verre des fenêtres étalés sur le sol, une vieille radio en panne ; il restait un moignon de craie, au tableau, avec laquelle elle dessinait lorsqu’elle était d’humeur. C’était, en quelque sorte, et avec tous les petits endroits abandonnés de la fac, sa pièce. Là, elle pouvait souffler.

Elle venait juste de refermer la porte lorsqu’elle avait entendu des pas, à l’extérieur. Elle s’était retournée pour voir la poignée tourner, le battant bouger ; et, dans le couloir au delà, son air penaud mal déguisé derrière son expression revêche, il avait, un instant – juste un instant –, chancelé.

– Christine ? Avait-il dit. Euh, salut. C’est moi.

Et puis, toujours avec cette apparente décontraction qu’elle avait appris à connaître, il avait ajouté :

– Euh… quoi de neuf ?

Ces quelques mots, pour elle, suffirent. Des mois d’absence, en apparence, s’effacèrent  en trois  phrases. Dans la salle vide, l’écho se réverbéra un instant, puis se tut. Christine déglutit, ouvrit la bouche, et dit :

– Salut.
ft. MacGyver


Résumé:
MacGyver
Ma poutre et mon couteau
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MacGyver
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Lun 10 Aoû - 18:51
Can't take my eyes off of you
Christine & Ashton
– Salut, qu'elle lui dit.

Ca lui fait bizarre de se dire qu'il n'a pas oublié sa voix ; il le sait, car il trouve qu'elle n'a pas changé quand bien même elle ne dit qu'un mot. En vérité, il ne croit pas l'avoir entendue en dire beaucoup par le passé.

Alors... T'es toujours là.

Il pointe l'évidence, à défaut d'avoir mieux à dire.

Une ou deux fois il s'était demandé, dans l'intimité de la nuit, les yeux grands ouverts sur le ciel, si elle était toujours là bas. Si elle s'était trouvée une place. Si elle s'était fait un ami – peut-être même deux. Christine et les chevaliers – il ne lui avouerait jamais vraiment, par égard pour ses sentiments, mais il avait toujours trouvé qu'elle faisait un peu tache parmi ses gens qui rêvaient de sauver le monde. Un peu comme lui.

C'était pour ça qu'il était parti – entre autres choses. Mais elle était restée, et ça ne lui avait arraché aucune surprise. Craintive Christine resterait campée derrière les chevaliers, à défaut de pouvoir porter une armure. C'était cruel, – oh oui, horriblement égoïste et cruel – mais au fond, tout au fond de son coeur, il lui en voulait un tout petit peu d'être aussi craintive.

Rapidement, il jette un vif coup d’œil tout autour de lui. La salle lui rappelle un peu elle ; calme, isolée, sans prétention. Pour se donner contenance, et ne pas avoir l'air d'un idiot perdu debout dans l'entrée, il attrape la première chaise qui lui tombe sous la main et s'assoit. Il tente d'avoir l'air détendu, mais l'une de ses mains s'agrippe vigoureusement à son propre bras.

Tu vas bien ? il demande avec un semblant de nonchalance dans la voix, quand bien même son corps trahi sa nervosité.

Il ne sait vraiment pas à quoi il joue, à balancer des banalités. Il ne se souvient pas s'être jamais forcé à parler avec Christine ; principalement car ce n'était pas vraiment sur ça que reposait leur alchimie. Mais sur quoi, alors ?

Est-ce réellement important ?

Les chevaliers... le début est toujours maladroit, comme s'il réapprenait à parler à chaque début de phrase. Je sais que tu fais partie de leur... petites mains, si je me plante pas. Ca se passe bien, avec eux ?

Il appuie un peu lourdement sur la fin de sa phrase, un peu par dépit ; comme si s'intégrer parmi les chevaliers était la chose la plus étrange que la jeune femme pouvait faire. Quelque part, peut-être y voyait-il une certaine forme de trahison.

Il n'est pas totalement à la page sur les traditions du groupe ; la moitié des choses qu'il a appris en étant chez eux au début, les appellations des choses, il les a complètement oublié aujourd'hui, incluant les noms des gens. Hormis celui de Christine.

Lui, il a les doigts abîmés des gens qui traînent au dehors, fouillant les carcasses de maisons et s’écorchant sur des pierres et des cadavres de mur. Christine, elle a les mains presque sans défauts de ceux qui ont réussi à se trouver une routine entre quatre murs.

Et à ce stade, Ashton ne sait plus vraiment s'il l'envie ou s'il la plaint.

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Lun 10 Aoû - 20:30
« But I sorely did »
– Alors… t’es toujours là, dit-il.

Christine regarda Ashton un instant : ses vêtements abîmés, son visage fin et fatigué, sa manière de remuer sur place lorsqu’il parlait – rien ne semblait avoir changé. Elle manqua de rire, légèrement, peut-être un peu sèchement, mais se retint in-extremis : c’était typique, pour lui, d’être une constante. Un éternel grincheux.

– Tu vas bien ? Demanda-t-il, la retirant à ses pensées.

Tout en parlant, il s’était assis, et la regardait désormais d’un œil vaguement inquiet. Il semblait réfléchir – et, l’espace d’un moment, elle se demanda à quoi il pouvait bien penser. Il était parti de Blackwell sans vraiment se justifier, n’avait donné aucune nouvelle ; et pourtant il était revenu. Et c’était à elle qu’il était venu parler. C’était n’importe quoi. Il aurait pu revenir plus tôt, ce crétin. Christine se surprit à penser tout cela, et, pendant quelques secondes, elle tenta de se concentrer sur autre chose que lui : sur les jeux de poussière qui parcouraient la pièce, sur le vent sur sa peau, sur sa respiration. Enfin, elle répondit :

– Ça va.

Et, se tournant vers lui et, le regardant dans les yeux, d’un ton plus sec qu’elle ne l’aurait voulu, elle ajouta :

– Ça va, Ash. Tout va bien.

– Les chevaliers… répondit-t-il, l’air de n’avoir rien remarqué. Je sais que tu fais partie de leurs… petites mains, si je ne me plante pas. Ça se passe bien, avec eux ?

« Avec eux. » Christine avait parfois du mal à discerner les tons, mais pas cette fois. Elle se demanda si elle devait réagir, lui parler, demander, « pourquoi est-ce que tu les détestes ? » ; mais ses lèvres bougèrent toutes seules, comme par automatisme.

– Ça se passe bien. Je crois… on est sur quelque chose. Ce n’est pas… ce n’est pas simple, pas tout le temps, mais… tu comprends.

Tout en parlant, elle se mit à bouger les mains, un peu mécaniquement ; d’avant en arrière, d’avant en arrière, comme pour évacuer quelque chose.

– Je n’ai pas de problèmes, si, euh, si c’est ce que tu veux savoir. Tout le monde est gentil, enfin, je ne suis pas vraiment… je rends service. Tu vois.

Elle resta un temps les yeux dans le vague, un air absent sur le visage ; puis elle secoua la tête et ferma ses paupières. Non, se dit-elle. Il ne voyait pas. Sans doute. Probablement. Se rendant compte qu’il était toujours là, auprès d’elle, Christine se redressa vivement et, maladroitement, ajouta :

– Enfin, voilà. Et… et toi ?

Tout en se saisissant d'une chaise pour s'asseoir près de lui, elle se frappa intérieurement ; lorsqu'elle stressait, elle devenait incapable de mettre un mot devant l'autre. Elle allait de nouveau le mettre mal à l'aise, pas vrai ?
ft. MacGyver


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Mar 11 Aoû - 18:55
You'd be like heaven to touch
Christine & Ashton
– Ça se passe bien. Je crois… on est sur quelque chose. Ce n’est pas… ce n’est pas simple, pas tout le temps, mais… tu comprends. Je n’ai pas de problèmes, si, euh, si c’est ce que tu veux savoir. Tout le monde est gentil, enfin, je ne suis pas vraiment… je rends service. Tu vois.

Il ne sait pas interpréter la voix de Christine, il l'entend toujours différemment des autres, comme si elle couvrait tous les autres bruit, même avec un murmure. Inconsciemment, il s'est un peu détendu ; son bras s'est libéré de l'étreinte qu'il forçait dessus.

Ah... Bah tant mieux. C'est bien.

Ca l'est, n'est-ce pas ? Quelque chose en lui lui murmure que ça devrait l'être, mais l'inconfort le gagne toujours plus. Il a le sentiment étrange qu'il n'a pas le droit de lui poser toutes ces questions, et encore moins de lui dire si c'est bien ou pas.

Son hésitation, aussi, l'agace encore et toujours. Il voudrait pouvoir la prendre par les épaules et la secouer, mais il aurait trop peur de la briser, et qu'elle finisse comme lui.

Quand elle vient s’asseoir à côté de lui, il se redresse d'un air un peu tendu, avec le regard agité de quelqu'un qui évalue les distances. Inconsciemment, il finit par la fixer avec un peu trop d'insistance l'espace d'un instant, comme s'il redécouvrait soudainement son visage.

Christine et ses constellations rousses sur le bord des joues ; il tente de vaguement les compter, pour ne pas avoir à faire face au ciel d'orage de ses yeux délavés. Quand ça devient trop épuisant d'avoir son visage dans son champs de vision, il tourne lâchement la tête vers le tableau, ou la fenêtre, l'air de chercher quelque chose au dehors. Un échappatoire à son malaise, sans doute.

– Enfin, voilà. Et… et toi ?

Il a toujours la tête du type qui ne suit la conversation qu'à moitié, même lorsqu'il n'en rate pas un mot, alors son expression affiche une légère surprise.

Hein ? Oh, moi... Je fais mes trucs..

C'est sincère comme réponse, et ça ne veut rien dire ; Ashton n'a jamais trop su se définir. Il ignore ce qu'elle a pu entendre de lui, si elle connait son nouveau surnom ; mais ça n'est pas si important, finalement. Ils se sont toujours appelés par leurs prénoms. Il ne sait même pas pourquoi.

Les yeux baissés, il triture un peu ses mains usées et gratte une croûte du bout du doigt. Malgré sa nervosité apparente, il tente de prendre un peu d'assurance, et finit par jeter un coup d’œil vers elle.

Si jamais.... il racle un peu sa gorge, le temps de chercher ses mots.  Dehors, je trouve pleins de trucs. J'en répare aussi des fois. Donc, si jamais t'as besoin de quelque chose... N'importe quoi, hein. .

Il a la voix basse, presque inaudible, comme s'il craignait que quelqu'un d'autre les entende. Une proposition comme il en fait peu ; rendre service sans rien demander un retour.

Bah, tu peux me demander. Ca me dérangera pas. Jamais. J'aurais juste à te les amener.

Sauf peut-être la promesse de rattraper un peu de temps perdu.

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Mar 11 Aoû - 20:27
« Still I kept my hopes up »
– Hein ? Oh, moi… je fais mes trucs…

Christine commençait à se demander si Ashton voulait vraiment être ici, avec elle. Leur conversations, à l’époque, étaient-elles si stériles ? Elle n’arrivait pas à s’en souvenir clairement. Le jeune homme la regardait comme si elle lui était complètement étrangère – comme s’il n’avait aucune idée de qui elle était. Mal à l’aise, elle se décala sur son siège ; de quelques centimètres au plus. Assez pour ressentir le fait qu’elle s’était éloignée – mais pas assez pour l’aliéner.

Elle n’aurait pas dû le laisser partir.

La phrase se remit soudainement à tournoyer dans son esprit, balayant sa colère. C’était de sa faute à elle, clairement ; si il était resté, les choses seraient demeurées comme elles avaient été. Il aurait fallu le retenir – elle aurait dû le retenir. Il y avait désormais entre Christine et lui quelque chose, une barrière, un fossé ; et elle n’avait aucune idée de comment refermer cet espace. Peut-être, se dit-elle encore, aurait-elle dû le suivre.

L’idée supplanta un instant tout le reste : le suivre, lui ? Elle le fixa des yeux tandis qu’il parlait, sans vraiment écouter ce qu’il avait à dire. Ashton était gentil, malgré ses dehors désastreux. Il savait se débrouiller. Il n’avait pas peur de grand-chose, ou du moins il le faisait croire. Il était fort, plus fort qu’elle ne le serait jamais – il était… l’idée disparut d’un seul coup.

Il n’avait pas besoin d’elle. Maintenant qu’elle y réfléchissait, elle le savait déjà : il n’avait jamais eu besoin d’elle.

Elle le laissa finir sa phrase, en silence – quelque chose à propos de livraisons ? Elle n’avait pas suffisamment suivi pour savoir ce qu’il voulait dire. Les mots sortirent de sa gorge, brutalement, au moment exact où la voix du jeune homme se tut.

– Pourquoi est-ce que t’es là ? Vraiment ?

Elle même fut surprise de son ton – bien trop amer, bien trop acerbe ; et, dans le même mouvement, elle recula et bafouilla des mots d’excuse. C’était toujours comme ça, pas vrai ? Elle avait eu une chance, une seule, de recoller les morceaux ; et elle l’avait ratée. Abrutie, abrutie, abrutie…

– Ash, je… je veux dire… c’est pas…

Elle s’interrompit.

Un petit bruit mécanique se fit entendre, et elle tourna vivement la tête vers la petite radio posée sur le bureau. L’engin grésilla un instant, comme si il cherchait une fréquence. Il y eu un instant de silence. Puis, d’un seul coup, Frankie Valli se mit à chanter.

Elle oublia Ashton. Elle oublia tout le reste, également, l’espace d’une seconde. Un seul mot parvint à sortir de ses lèvres.

– Esther ?
ft. MacGyver


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MacGyver
Dim 16 Aoû - 20:27
I wanna hold you so much
Christine & Ashton
Christine et son ton jamais plus haut que l'autre, Christine et sa voix indiscernable, Christine et ses regards dérobés.

Tout lui semble soudainement dilué dans une amertume qu'il ne lui reconnait pas ; et sa bouche qui devient aride, aussi sèche qu'un désert.

– Pourquoi est-ce que t’es là ? Vraiment ?

Ca le frappe trop fort, comme une claque à l'arrière du crâne ; il en est un peu sonné au début, incapable de répondre. Il ignorait encore, jusqu'à maintenant, à quel point Christine était si rapidement devenu un coin paisible qu'il s'était trouvé au milieu du chaos, et vers lequel il revenait dans l'espoir de retrouver la paix qu'elle était capable d'apporter sans le savoir.

Désormais, il y a un nœud entre eux, un agglomérat de maladresse et de non-dit, qu'Ashton ignore comment défaire. Il a l'impression de vivre sa première véritable dispute, et on a oublié de lui prêter un mode d'emploi.

Avec douleur, il tente d'ignorer les terribles remous de son estomac.

– Ash, je… je veux dire… c’est pas…

C'est trop tard, Christine, toi et ta voix en coup de couteau. Mais c'est pas contre lui – ça ne l'est jamais vraiment, apparemment– n'est-ce pas ? Bien sûr, Ashton n'y voit que les conséquences inévitables de sa lâcheté, l'abominable aboutissement d'années de fuites et d'isolement ; la perte d'une amie, si c'en avait été une.

La vérité lui est aussi violente qu'ingérable, alors en désespoir de cause, il se renferme dans cette froideur qu'il tentait si fort de repousser pour elle.

Je devrais y aller, je pense. Les gens vont commencer à se réveiller, je veux pas m'éterniser.. conclut-il posément, avec le ton distant de l'homme d'affaire qui quitte dignement sa réunion.

C'est comme ça. Foutu pour foutu, il se lève et fait mine de lisser sa veste avec indifférence, masquant son impuissance désespérée. Il a le visage neutre, un peu froid ; tout au fond de ses yeux bleus, pourtant, s'anime en silence un tourbillon triste qu'il tente de réprimer.

Lorsqu'il se dirige vers la porte, il croit bon d'ignorer les grésillements de la radio, presque incapable de les entendre par dessus le douloureux concert de ses pensées.

Ce n'est que lorsqu'il entend son rire, mêlé aux premières notes d'une chanson qu'il croit connaitre, qu'Ashton fait volte face. Son visage polaire semble sur le point de fondre en toutes petites gouttelettes chagrines.

Maddie ? se brise sa voix malgré lui, il croit alors sentir des bouts de verres remonter le long de sa gorge

Elle porte encore les petites couettes brunes qu'il lui a faites avant qu'il ne quitte la maison, la dernière fois qu'il l'a vue. À l'autre bout de la pièce, elle pointe vers lui ses yeux comme deux saphirs malicieux, et son sourire frappé d'espièglerie laisse entrevoir un ou deux trous de dents qu'on aurait laissées à une fée.

C'est trop beau pour être vrai au début, et il le sait. Comme un animal prudent, il approche d'elle tout doucement alors qu'elle semble se moquer de lui ; finalement, il n'a fait qu'un pas et elle lui tire la langue, avant d'aller se cacher sous une table dans un nouveau rire.

Il n'a qu'à s'accroupir pour la voir à quatre pattes derrière une chaise. C'était leur jeu ; elle avait le chic pour trouver les meilleurs cachettes chez eux, et il avait le chic de toujours la retrouver avant que ses parents ne s'énervent.

Comme s'il avait des fils suspendus aux commissures des lèvres, le visage d'Ashton est fendu en un sourire dont il n'arrive plus à se détacher. Il croise les yeux mouillés d'hilarité de Maddie, avant qu'elle ne se jette sur le côté pour le fuir, mais il la rattrape en un bond véloce au rythme des trompettes.

La seconde d'après, il la tient au dessus de lui comme un soleil. Il entend un second rire, différent de celui de sa sœur ; ça lui prend une éternité ou deux pour réaliser qu'il s'agit du sien. I love you baby, crache encore la radio par dessus leurs éclats.

Trop beau pour être vrai, semble vouloir hurler son esprit de nouveau, mais il n'arrive pas à réfléchir correctement quand Maddie est dans ses bras.

Et pour la première fois depuis la tempête –non, la première fois depuis des années– il sent son coeur battre un nouveau tempo accordé sur leur ivresse, une mélodie qu'il avait oublié trop longtemps et qu'il redécouvre tout à coup avec ironie ; l'espoir, qui crépite entre ses côtes et étrangle son estomac.

Pas l'espoir machinal, routinier, celui qui le pousse vaguement à se réveiller un matin de plus dans cette ville maudite ; non, le vrai espoir, qui vous prend à la gorge, vous étouffe et vous réapprend à respirer, qui vous romps les jambes et vous force à marcher.

L'espoir qui vous fait regarder la mort droit dans les yeux en ayant toujours l'inconditionnelle envie de vivre

Et Ashton s'accroche à ce sentiment, et au corps de sa sœur dont les bras sont jetés autour de son cou, avec le désespoir d'un naufragé à qui on aurait enfin envoyé une bouée ; et avant qu'il n'ait le temps de s'en rendre compte, il manque de se noyer dans ses propres larmes et ses propres rires.

Il ne voit pas les secondes défiler où il la fait tournoyer avec lui. Quand la musique semble se terminer, il croit la sentir se défaire de lui ; pour aller se cacher de nouveau, sans doute.

Ashton est fidèle à lui-même lorsque la réalité fini par inévitablement le rattraper ; il a un train de retard, comme toujours. Alors il le cherche, sous les tables, derrière les chaises ; il va ouvrir les placards, les cartons, et inspecte chaque coin où elle aurait pu se glisser. Il a encore le sourire accroché aux lèvres, et il ignore Christine toujours dans la pièce, comme si elle n'avait jamais existé.

Pendant une ou deux minutes interminables, il déplace tous les meubles dans un grand vacarme. Son sourire s'efface un peu plus à chaque seconde.

Lorsqu'il n'a plus rien à déplacer et que son coeur essoufflé par tant d'émotions lui supplie d'arrêter son manège, il se tourne enfin vers elle, l'air de rien. Son rictus a fini par se tordre en une plaie souffrante ; il a encore les joues mouillées et les yeux rougis.

J'ai pas halluciné, hein ? Tu l'as vue toi aussi, pas vrai ?

Il a un ton un peu dur, qui la défie de lui répondre le contraire.

Son souffle accélère peu à peu, erratique ; ses poumons le lancent, comme si on les avait perforé et qu'il n'allait plus jamais pouvoir respirer correctement. Dans sa détresse, Ashton se jette sur la porte et regarde dans le couloir si deux petites couettes brunes ne se sont pas perdues.

Son esprit est tellement déconnecté qu'il n'entend par son propre cri, seulement l'écho de sa propre voix se répercutant contre les murs.

Maddie !!

Il veut juste l'enlacer à nouveau. C'est la seule qu'il a jamais voulu enlacer de sa vie, parce que ses bras pouvait la protéger un peu de l'horreur de la maison.

Pourquoi ne l'a-t-il pas enlacée ce foutu jour ?

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Jeu 20 Aoû - 19:37
« When I Should've... »
Il fit soudain très froid dans la salle de classe ; très, très froid, comme si une brise s’était soudainement levée et avait traversé l’établissement pour arriver jusque là, entre Christine et l’autre personne dans la pièce. Ashton avait disparu de son champ de vision – la jeune femme le chercha des yeux un instant, avant de l’oublier totalement.

Esther portait les vêtements qu’elle avait porté à l’époque : son pull-over vaguement élimé, son jean bleu-gris – celui avec le trou, celui qui lui « donnait un style ». Elle portait ses bottes grises à lacets, encore vaguement crasseuses, celles qui laissaient ces traces si profondes dans la neige, barre après barre de caoutchouc ; Esther avait cette habitude d’appuyer sur son talon lorsqu’elle marchait, avec sa démarche en balancier qui faisait qu’on la reconnaissait, n’importe où, n’importe quand. Elle ne portait pas sa veste. Christine hésita, puis se souvint : bien sûr qu’elle ne la portait pas – elle l’avait déposée dans l’entrée, sur le canapé.

Elle avait déposé sa veste, et puis – oui, elle avait fait le chemin vers les chambres, sans penser à s’essuyer les pieds ; Christine l’avait réprimandée, et elle avait rougi, un peu, puis ri. Elle avait promis de nettoyer après avoir déposé ses affaires. Elle avait dit quelque chose à propos du désordre, pas vraiment méchamment, mais s’était excusée quand même. Puis… et puis elle s’était assise sur le lit, n’est-ce pas ? Cette semaine-là, c’était les draps avec les étoiles de mer.

Elle s’était assise là, sur les animaux imprimés, et elle s’était mise à parler. De tout ; de rien. De ce qui allait se passer à la fin de l’année. C’était toujours elle qui parlait ; elle en avait pris l’habitude, avec Christine, à force. La conversation avait approché le moment où il n’y aurait plus rien à dire ; où elles allaient inévitablement s’allonger, côte à côte, sans rien faire, avant qu’Esther s’en aille. Mais pas ce jour-là, pas vrai ? Pas ce soir-là. Christine avait ouvert la bouche juste avant d’en arriver là. Elle avait été maladroite, au début, puis elle avait oublié de l’être au fur et à mesure des phrases, alors qu’elle déballait tout ce qu’elle avait à dire, tout ce qu’elle avait sur le cœur ; elle lui avait dit tout ce qu’elle pensait d’elle, tout ce qu’elle aurait voulu d’elle, et puis…

Et puis…

Christine secoua la tête. Esther n’avait pas bougé d’un seul pouce, et la température n’était pas remontée. Frankie Vally avait entamé, à la radio, sa troisième minute. Christine fit quelques pas en avant – maladroits, peut-être même un peu bancals ; puis, sans vraiment y réfléchir, prit Esther dans ses bras.

– Tu sais… commença-t-elle, je t’ai suivie. En terminale. Dehors. Tu t’es même pas retournée. Et… et j’étais là, avec mon t-shirt, et il faisait tellement, tellement froid… je me suis demandée si je devais te courir après. Je l’ai pas fait. J’ai pas osé.

Elle laissa échapper un petit rire, sec, cassé.

– J’ai pas osé, putain.

Christine s’écarta d’Esther. Dans le fond, la dernière note de la chanson s’éteignit, un peu vague, comme si les femmes étaient sous l’eau. Elle redressa la tête, rougit vivement, et dit :

– Je t’aime, tu…

La chaleur revint d’un coup dans la salle de classe. Christine resta immobile durant plusieurs secondes, comme frappée par la foudre, puis elle regarda autour d’elle, lentement, les lèvres entrouvertes, une expression figée sur le visage. Elle se dirigea vers la chaise la plus proche, et s’y assit, s’enfouissant la tête dans les mains. Elle ne bougea même pas lorsque Mac dérangea toute la pièce sans raison apparente. Elle ne réagit pas à sa première question. Enfin, lorsqu’il sortit la tête dans le couloir pour crier, elle se redressa légèrement et murmura :

– … Quoi… ?
ft. MacGyver


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Sam 22 Aoû - 4:10
At long last love has arrived
Christine & Ashton
Ashton voudrait pouvoir s'arracher l'estomac pour cesser les tourbillons dans son ventre, comme une seconde tempête qui veut l'ébranler tout entier, le faire plier. Du mieux qu'il peut, il résiste, les pieds vissés au sol. Mais lorsque la voix perdue de Christine porte enfin, que son "quoi" lui scie la tête comme une injure, il se laisse chavirer.

Il pose son genou droit à terre. Ensuite, le gauche.

Finalement, il échoue tout entier par terre, assit contre le mur, le plus près possible du sol pour ne pas se faire emporter. C'est une averse qui ruisselle sur son visage, la pluie battante de ses larmes qui manquent encore de le noyer ; il essaie de les essuyer vite pour y voir plus clair, mais c'est si dur, tout est flou, et il s'étouffe dans les trombes de son chagrin.

Au bout d'un trop long moment, Ashton devient trop épuisé pour pleurer. Les coudes posés sur les genoux, la tête entre les mains, il observe avec fatalité la pièce. Lorsqu'il semble soudainement se souvenir qu'il n'est pas tout seul, l'horreur le prend à la gorge, et il s'efforce d'essuyer dare-dare les dernières gouttes achevant leur course.

Malgré son désir immense d'arborer un visage neutre, son expression demeure torve, frappée de douleur. Il ne la regarde pas, il n'en a pas envie ; mais il s'adresse bien à elle. Après tout, ils ne sont plus que tous les deux.

Dis-moi que tu l'as vue. il grésille, difficilement.

Sa voix est incisive, un peu défiante ; brisée, également, comme si produire des rires avait épuisé ses cordes vocales poussiéreuses. Difficilement, il tente de se souvenir du sentiment qui le traversait encore quelques minutes avant, l'allégresse lorsqu'il portait sa sœur. Mais il ne peut pas y songer sans avoir une furieuse envie de pleurer, alors il ne persiste pas.

D'un geste un peu faible, il tend alors le doigt vers un point de la pièce.

Elle était juste là, au bout entre les deux tables. T'as dû forcément la voir.

La voir et l'entendre, impossible de ne pas discerner les rires de Maddie dans un si petit espace, avec son ricanement chantant et ses sourires ensoleillés. Il est pris d'une haine violente et absurde, à s'imaginer Christine ignorer sciemment la présence de sa sœur ; à la laisser quitter les lieux quand elle a dû lui filer entre les jambes.

J'aurais jamais dû revenir.

C'est cruel. Il le sait, quelque part. Il sait qu'il va peut-être la blesser. Enterrer leur début d'amitié. Repartir seul. Finir seul. Encore. Toujours.

Mais il a mal, et dans le confort de son égoïsme, individualisme gonflant comme une tumeur dans son cerveau, Ashton pense qu'il a le droit de faire mal si ça peut le faire se sentir un tout petit peu mieux. Ou au moins, lui donner l'illusion de souffrir moins.

Ca valait vraiment pas le coup.

L'allure haineuse et les yeux rouges, c'est un Ashton revanchard qui finit enfin par l'affronter ; il éclate en son ton implacable de martyr.

Tout est de ta faute.

Et sans regret, il l'assassine.


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Ven 28 Aoû - 0:43
« ... »
– Dis-moi que tu l'as vue.

Christine fut tirée de sa rêverie par les paroles d’Ashton, Ashton qui trébuchait, s’étalait de tout son long sur ses phrases, alors qu’il lui demandait – qu’il la suppliait, quelque part, si elle avait pu voir quelqu’un. Le jeune homme semblait avoir été rattrapé d’un seul coup par les conséquences une série de nuit blanches, ses yeux rougis, l’air contrarié, craintif, d’avoir été surpris hors de son lit par un parent autoritaire. La jeune femme déglutit : Ashton ne demandait jamais rien. De ce qu’elle connaissait de lui, il avançait dans la vie avec la détermination d’un animal blessé ; il ne posait pas questions, esquivait celles qu’on lui posait sans nuance ni subtilité – non, il ne demandait jamais rien. Et surtout pas comme ça.

Quelque part, se dit-elle clairement, dans cet état, il lui faisait peur.

– A-attends une seconde, Asht–

– J’aurais jamais dû revenir, la coupa-t-il. Ça valait vraiment pas le coup.

Les phrases ne vinrent pas aux oreilles de Christine comme une surprise. Elles ne pouvaient pas le faire. Elle eut néanmoins un mouvement de recul. Après tout ce temps, elle aurait pu penser être habituée – mais non. Et le choc, aussi petit soit-il, lié à son incompréhension, fissura les maigres défenses qu’elle avait bien pu ériger.

– Tout est de ta faute.

… Oh.

La première larme s’écrasa au sol sans bruit, traçant un cercle foncé dans la poussière. Elle ne fut pas immédiatement suivie par d’autres ; si tant est qu’une larme puisse avoir une initiative, elle avait décidé de partir en avance. Histoire d’éviter le déluge. Christine s’affaissa, ouvrit et referma sa bouche sans avoir quoi que ce soit à dire. Elle ouvrit les mains, paumes vers le haut. Et elle laissa échapper toute maîtrise.

Elle aurait pu pleurer dignement, calmement, avec un sanglot de temps en temps ; elle aurait voulu le faire. Mais en cet instant-là, en cet instant précis, elle avait oublié la méthode. Elle se força à parler, chaque mot se bloquant dans sa gorge, semblant requérir un effort plus grand que le précédent pour sortir à l’air libre. Elle ne pensait plus à grand-chose. Il fallait juste retenir Ashton. Juste le retenir. Elle n’avait ni la force de le regarder, ni celle d’aller auprès de lui. Il ne restait que ça ; que des mots.

– A-attends. Attends. Ashton.

Elle fut interrompue par un sanglot violent, incontrôlable, et dut reprendre son souffle. Quand elle reprit, son ton était peut-être un peu plus assuré, son accent ressortant plus nettement, mâchant les syllabes.

– Je sais… je sais m-même pas de qui tu parles, dit-elle. Tu pourrais au moins me d-dire… de qui tu parles, merde ; et elle s’interrompit, surprise par ses propres propos. Elle reprit, plus doucement : je s – je sais pas ce que c’était, ce qui s’est p-passé, m-mais c’était pas moi, d’accord ?

Elle ferma les yeux et inspira.

– Pendant la… pendant la musique, j-j’ai vu quelqu’un, et je pensais pas… tu sais… que j-je la reverrais. Elle marqua une pause avant de reprendre : et j-je sais pas si c’était la même chose pour toi, m-mais… c’était pas ma faute, d-d’accord ? J-je suis désolée.

Il y eut une nouvelle pause, et elle dit enfin :

– J-je veux juste… je veux juste parler. S’il te plaît. Pardon.
ft. MacGyver


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Sam 5 Sep - 20:24
And I thank God I'm alive
Christine & Ashton
Ashton en verse si peu ordinairement, qu'il ne sait pas quoi faire des larmes des autres.

Avec Maddie, il ne savait déjà pas, il n'a jamais su ; alors elle pleurait en cachette, enfermée dans sa chambre pour ne pas l'incommoder, les sanglots étouffés dans ses draps tandis qu'il culpabilisait terriblement de ne pas savoir comment la consoler. Il se confortait dans l'idée que sa douleur passerait ; alors, il aurait été là pour elle dans ses bons jours. Et il l'était.

Mais Ashton ne se rappelle pas avoir déjà fait pleurer quelqu'un. Il ne se rappelle pas avoir un jour été à l'origine de la souffrance d'une personne, d'autant qu'il aime éviter ceux qui souffrent pour ne pas avoir à partager leur fardeau. Il n'est déjà pas très heureux lui même, il n'a juste pas le temps ni les épaules pour ça.

Face à Christine et ses joues trempées, il est complètement désarmé et tente tant bien que mal d'ignorer à quel point il est fautif.

Il a un haut le coeur lorsque ses yeux croisent les orages chagrins de Christine, il ne détourne pas assez vite le regard pour ne pas distinguer à quel point ils se sont liquéfiés. Elle est laide, comme ça, les yeux rouges et inondés, hoquetant, trébuchant sur ses mots ; il se convainc que c'est pour ça qu'il ne veut pas la regarder.

Des petites aiguilles, aussi vicieuses et cruelles que lui, viennent doucement s'enfoncer dans son coeur pour le punir de se voiler la face.

Ashton se recroqueville les jambes tout contre lui pour atténuer la douleur ; la sienne comme celle qu'il inflige à Christine.

Elle veut parler. Il se retient bien de lui dire qu'il ne la croit pas en état de tenir une conversation ; au lieu de ça, il tente de s'adoucir. Plus calme, le ton moins acéré, le visage moins farouche.

Il fait un effort considérable pour ne pas prendre la porte. Son visage reste complètement fermé.

T'as dit... Que tu pensais pas que tu la reverrais ? T'as déjà vu ma sœur avant ?

Elle veut parler, et il veut des réponses.

Bah parle. Vas-y. J'attends il achève enfin d'une voix plus autoritaire, une pointe de tyrannie logée dans la gorge.

Rien de tout ça ne devrait être aussi compliqué et douloureux.


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Jeu 10 Sep - 22:07
« ... »
En l’espace de quelques phrases, Ashton était revenu. L’Ashton ordinaire, avec sa mauvaise humeur et sa maladresse confondante. Son Ashton à elle. Il était trop tard pour calmer ses larmes, mais Christine fut réconfortée, un petit peu – un tout petit peu – à cette idée. Elle s’essuya les yeux dans la manche et le regarda. Il avait l’air petit, très petit, vu de là où elle était ; d’habitude, elle était obligée de lever la tête rien que pour voir son menton – mais là, à travers le voile flou qui couvrait sa vision, Ashton, avec ses jambes serrées contre son torse et son regard qui se voulait défiant, Ashton ressemblait juste à un gamin pris à faire une bêtise.

– T-tu permets ? Demanda-t-elle.

Elle se leva et alla s’asseoir auprès de lui, contre le mur, les mains sur son genou droit. Puis, levant les yeux, elle bascula la tête en arrière, inspira doucement durant plusieurs secondes en calmant ses sanglots au mieux. Un autre temps passa. Et elle parla.

– Je… je sais pas qui est ta sœur. Je l’ai jamais rencontrée, je crois. J-je suis pas… je suis pas vraiment douée avec les enfants, tu sais ? J-je fais de mon mieux, mais… désolée. Je… désolée. Christine secoua la tête. Est-ce que je peux… te dire ce que j’ai vu, moi ? Et ensuite on pourra… je sais pas, Ash. Je sais pas.

Elle laissa flotter sa dernière phrase entre eux deux. Christine se sentait étrangement légère en cet instant. Elle connaissait cette sensation, celle d’être étrangement détachée de son corps – oh, il continuait à trembler, et les sanglots continuaient d’entrecouper ses phrases, mais… en attendant, Christine se sentait lucide. Elle s’agrippa à cette impression, de toutes ses forces. De peur de lâcher prise. Quelque chose lui disait que si elle s’arrêtait, si elle laissait tomber maintenant, Ashton serait…

– Est-ce que tu pourrais… est-ce que tu peux me laisser parler jusqu’au bout ? S-s’il te plaît.

Une inspiration.

– J-j’ai pas vu ta sœur. Je sais pas ce qui – ce qui s’est passé. Tout à l’heure. Mais la personne que j’ai vu… c’était quelqu’un d’avant. D-de l’Idaho. Quelqu’un que… quelqu’un d’important. Tu vois. On passait du temps ensemble. C’était avant tout ça. On était encore au lycée.

Une pause. Un soupir. Christine reprit :

– Elle s’appelait Esther. Elle avait le plus beau sourire que j’ai jamais vu. Et elle était tout le temps baissée pour me parler, tu vois, alors elle avait l’air moins… moins grande. C-c’était sympa. Et…

Christine s’arrêta et se tourna vers Ashton. Elle réunit tous ses efforts pour le regarder dans les yeux pendant la durée de sa phrase, et dit :

– Je suis tombée amoureuse d’elle.

Après quelques instants, elle se détourna vivement et ajouta, les yeux rivés au sol et le cœur battant bien trop vite :

– Je suis… je suis désolée de pas te l’avoir dit. Je… j’avais peur que… tu sais… je…

Christine baissa la voix.

– … je suis désolée. C’est la personne que j’ai vue. Je suis désolée.

Elle ne pleurait plus.
ft. MacGyver


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Lun 14 Sep - 19:40
I never meant to hurt you
Christine & Ashton
Ashton tend une oreille méfiante mais attentive.

Il n'a pas dit un mot lorsqu'elle s'est assise à côté de lui, il s'est muré dans un silence de mort, pour mieux l'écouter.

Jamais auparavant il ne l'a entendue parler aussi longtemps en continu, et la surprise que ça lui procure l'enfonce dans une mutisme fasciné. Sans perdre un mot de ce qu'elle lui dit, son visage habituellement inexpressif passe par une palette d'émotions variées ; ennui, agacement, surprise, intérêt, méfiance, dégoût. Et puis, enfin : tendresse, lorsqu'elle bégaie avec regret.

Il ne la regarde pas trop au début, il doit remettre ses idées en place ; on trie vite les infos, les yeux perdus dans le vide, on s'organise l'esprit pour ranger tout ça par ordre de priorité. Quand elle se confond une dernière fois en excuses, il se décide enfin à l'interrompre.

Eh, arrête, c'est bon, c'est pas grave.

Il ne le sait pas encore, mais il prend ses excuses de la mauvaise manière ; car pour quelle autre raison chercherait-elle le pardon ?

Ashton ne mesure pas l'intensité de l'erreur qu'il est en train de commettre.

Enfin si, un peu. Mais les erreurs, ça arrive. L'important c'est que tu saches que tomber amoureuse d'une fille, c'en était une. Au moins, t'as pu changer, et t'as juste à laisser ça derrière toi maintenant. C'est cool.

Il se trouve clément, dans ses paroles, il se pense rassurant même ; il crache avec douceur ce qu'il aimerait entendre à sa place, sans parvenir à se l'admettre. Il ignore tout de la cruauté de son propos, car pour lui, la haine se cache dans les injures et autres "pédale" qu'il balance par mimétisme de celui qui lui a enfoncé ces idées dans le crâne jusqu'à lui en faire mal.

Ashton ne soupçonne pas le poids de ses mots, et leur violence implicite.

Ca arrive à pleins de gens de se tromper, vraiment et même...

Même à moi, meurt au fond de sa gorge, sans qu'il ne comprenne réellement pourquoi il a ce cheminement de pensée si soudainement. Il se conforte, en se disant qu'il était prêt à mentir pour la faire se sentir mieux ; car non, à lui, ça ne lui est jamais arrivé ce genre d'erreur, ça lui paraît trop aberrant, et c'est juste pas normal.

Naturellement, il songe à quel point ce doit être dur, pour elle, de vivre avec le poids de cette déviation d'antan ; avec une certaine arrogance mesurée, il la prend en pitié, l'espace d'un instant. Il croit la comprendre mieux qu'avant, sa timidité, son effacement, il traduit tout cela par de la culpabilité pure et simple, peut-être même la crainte qu'on la prenne pour ce qu'elle n'est pas.

Et juste comme ça, il lui pardonne, car il pense que c'est dans son bon droit d'excuser ces travers qu'il lui invente.

Alors il lui balance un vague sourire ; il ne sait pas très bien le faire, c'est maladroit et abîmé par la douleur qu'il garde encore au fond de lui, mais c'est là.

Ca ne dure qu'un instant ; pour lui, le quiproquo est balayé. Il s'essuie les yeux une dernière fois pour laisser ça derrière lui, puis se lève et s'étire avec nonchalance.

Mais ça explique pas ce qu'on a vu. Pourquoi on a vu ça, en fait ? Il s'est passé quoi au juste ? Je pige rien... il marmonne calmement.

Il est pris d'une accalmie qui contraste avec son humeur tempétueuse quelques minutes auparavant ; oui, pour Ashton, l'orage est passé. Il ne veut plus s'attarder sur les nuages gris ; il est temps, selon lui, de percer le mystère de leur situation.

C'est peut-être une punition mystique ou une connerie du genre. Moi pour avoir perdu ma sœur... il marque une pause. ... Et toi, pour avoir aimé une fille.

Et sans le savoir, il laisse Christine se faire emporter par la rafale de son ignorance.

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Mer 16 Sep - 17:45
« ... »
L’impression de flottement que Christine avait éprouvée durant son intervention demeura durant plusieurs secondes, la laissant exsangue, si bien qu’elle entendit à peine Ashton réagir à ce qu’elle venait de dire. Pas de suite. Mais c’était fait, n’est-ce pas ? Le dé était jeté, désormais il savait. Avec un peu de chance, il serait…

– … Mais les erreurs, ça arrive.

Christine arrêta de respirer.

– L'important c'est que tu saches que tomber amoureuse d'une fille, c'en était une. Au moins, t'as pu changer, et t'as juste à laisser ça derrière toi maintenant.

Et, son air nonchalant retrouvé pour de bon, il acheva.

– C'est cool.

Christine, demeura assise, regardant droit devant elle, le reste des paroles d’Ashton ne lui parvenant qu’à moitié. C’est cool. Christine ressentait toujours le toucher d’Esther, sur son torse, sur ses bras, sur ses mains. Elle ne la reverrait probablement jamais. C’est cool. Ashton ne la connaissait même pas ; c’était juste un ami, alors qu’elle, elle…

C’est cool.

… Il avait raison, n’est-ce pas ? Ç’avait été une erreur, tout ça, depuis le début. Christine aurait simplement dû écouter tout le monde, ignorer tous ses sentiments ; elle aurait dû vivre sa petite vie, sans faire de vagues, sans fioritures, comme avant – elle aurait pu, au bout du compte, trouver quelqu’un, quelqu’un de vraiment bien, quelqu’un qui aurait pu…

Le mutisme laissa la place aux sanglots – de petits sanglots courts, presque silencieux – sans vraiment de transition. Qu’est-ce qu’elle se racontait ? Qui ça, exactement ? Comme si elle était désirable. Comme si elle était…

Comme si elle pouvait…

C’est cool, hein ?

… comme si elle pouvait passer à autre chose.

Avant d’être engloutie, Christine saisit le bras de son interlocuteur.

– Pardon, Ash, dit-elle. Sors.

Il n’avait pas besoin de la voir comme ça. Il n’avait pas besoin de se savoir ce qui allait se passer ensuite.  
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Lun 2 Nov - 0:05
Please never
go away
Christine & Ashton

Il l'a sentie avant de la voir.

Un tumulte dans l'air, peut-être, des effluves d'iode autour d'eux, son chuchotement tout près. Un appel d'air qui le secoue à peine lui, le roulis de l'eau contre son coeur, la houle tirée par un vent sinistre.

Il l'a sentie avant de la voir ;
la vague, qui emporte Christine dans les flots de son chagrin.

Cruel océan de larmes silencieuses, tombant une à une sans qu'il ne puisse les contenir ; dans sa tête tout se bouscule. Était-ce un mot de trop ? Une phrase tournée de travers ? À quoi elle pense, Christine, quand elle pleure ?

Ashton ne s'est pas comment se la représenter : émue par son pardon, ou tout autre chose. Mais il ne sait pas quoi, et c'est là tout son problème. Il inspire longtemps, de quoi gagner du temps pour chercher les mots justes, s'il en existe. Difficile, quand il ne sait pas à quelle émotion il a affaire.

La poigne sur son bras le prend de cours, et il doit mettre énormément de volonté pour ne pas se retirer d'un coup sec. Il ne sait pas comment interpréter son contact soudain ; tout ce qu'il parvient à déceler c'est à quel point il ne le supporte pas, à quel point ça le démange de libérer son bras.

Mais il se retient, attend patiemment quand, enfin, on l'autorise à partir.

Autorise, ou ordonne. Elle s'excuse, alors, il n'en est plus trop sûr.

Lorsqu'elle le libère enfin, Ashton récupère son sac à dos, sans jamais vraiment la quitter des yeux. L'air vaguement soucieux, autant que peut l'être quelqu'un d'aussi ahuri que lui, il se dirige enfin vers la porte.Au dernier moment, il s'arrête, et ajoute enfin :

On se capte, hein ? il marque une pause hésitant. Préviens moi, si jamais tu vois ma sœur.

Et sans un regard de plus, il s'engouffre vers la sortie et retourne errer dans les couloirs d'un air ennuyé.

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(FINI)[FB][22/04] Sous une cloche de verre | ft. Foam
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