scared of the dark ▬ caph&rain

Deux jours de folie et de tension, de panique et de crainte. La nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre. Et a semé sur son passage interrogations et inquiétude. Capharnaüm dans tout ça, il ne sait que songer. Arcadia Bay n’est plus la même, cela il en est sûr, mais certains évènements vont au-delà de l’entendement et il n’arrive plus très bien à suivre. Entre cauchemars et réalité. Pour la première fois réellement, le voilà rongé par les doutes, la première fois depuis la tempête. Il y a comme cette chape de plomb qui s’est abattue sur lui. Lui qui pourtant tient bon depuis le début, qui garde la tête haute et le sourire aux lèvres, voilà désormais qu’une ombre flotte dans son regard. La peur peut-être que la prochaine fois, cela tombe sur quelqu’un de précieux.

C’est que l’apocalypse lui a peut-être pris beaucoup, il est vrai, mais elle a aussi mis dans son sillage des personnes chères, qu’il n’aurait jamais pensé un jour devoir rencontrer. Des rencontres, des amitiés…une famille presque. Et l’idée que tout cela puisse lui être enlevé lui est insoutenable. Peut-être aurait-il dû mener une réelle vie de vagabond, rester loin de tout, ne s’approcher de personne, ne tisser aucun lien. Cela serait certainement bien plus simple. Mais maintenant, il doit apprendre à vivre avec ce poids sur sa poitrine, et l’appréhension de devoir supporter une terrible nouvelle.

En attendant, il est bien obligé de garder la face. Plutôt crever que de s’avouer si faible. Hors de question de courber l’échine devant ce destin qui a décidé de les tester jusqu’au bout. Et il est bien décidé à protéger ceux auxquels il tient, à les enfermer s’il faut pour qu’il puisse garder un œil sur eux. Il est donc grand temps d’agrandir son foyer, de profiter de cet étage inutilisé et d’enfin se mettre un réel toit sur la tête. La tâche est immense, il le sait bien. Et tant pis si cela doit prendre un temps interminable, parce que tout cela en vaudra la peine.

Tellement obnubilé par ce nouveau défi qu’il en oubli même de refermer la porte derrière lui. Trop habitué à la laisser grande ouverte. Et pourtant, il n’est pas disposé à coiffer qui que ce soit puisque occupé à déblayer tant bien que mal l’étage supérieur, à tenter de faire de la place alors qu’une partie de la toiture a été arrachée, laissant les vents s’engouffrer et balayant une bonne partie de l’endroit. Et il soupire, les mains déjà abîmés, le dos courbaturé. Et il y a ce murmure, cette voix qui le fait s’arrêter. A-t-il rêvé ? Entre cette planche qui sépare les deux étages, les murs à moitié éventrés qui laissent passer le bruit de l’extérieur, ainsi que ses nerfs mis à rude épreuve dernièrement par le moindre bruissement de feuille suspect, il n’est plus sûr de rien. Mais après un instant de silence, il se contente de reprendre à remettre en place cette porte capricieuse.

résumé:

C’est qu’elle veut foutrement pas rester en place cette satanée porte. On peut pas vraiment lui en vouloir vu l’état dans lequel elle est, mais tout de même, elle pourrait faire un semblant d’effort et faire plaisir à Capharnaüm en tenant un peu plus droite. Mais non, elle persiste la coquine et dès qu’il ôte les mains de celle-ci, elle vacille et se laisse tomber lentement vers lui. Et il la rattrape dans un énième soupir. Mais pas de question de baisser les bras, il va l’avoir dans la douleur s’il le faut. Sa porte finira par tenir, d’une manière ou d’une autre.

Sauf que les nerfs sont mis à rude épreuve. Et cette fois-ci, il la remet sûrement un peu trop brusquement en place. C’est qu’elle semble tenir au premier abord. Mais c’est pour mieux le tromper. Et quelque chose a dû s’abîmer au passage parce que, cette fois-ci, elle s’effondre sans préambule, ne laissant pas le loisir au Vagabond de la récupérer. C’est qu’en plus cette porte est une putain de drama-queen qui se laisse choir tout sauf dans la discrétion. Et Capharnaüm se raidit, cligne des yeux en entendant le choc. Merde, c’est vraiment mal parti pour la réhabilitation de l'étage.

Mais c’est la crise cardiaque qu’il frôle lorsqu’une présence s’abat derrière lui. Alors oui, il crie, il crie à en percer les tympans, d’un cri aiguë qui pourrait faire concurrence à toutes les banshees. Et il se tient la poitrine, comme si cela pouvait retenir son cœur qui vient de s’emballer et qui semble vouloir se faire la male.

Rain. Mais putain. Il est malade ou quoi ce gosse de lui flanquer une peur pareille ? D’apparaître comme ça sans prévenir ?! Et Capharnaüm se remet doucement de ses émotions, mettant un temps de décalage à comprendre ce que le garçon vient de lui dire. Hein ? Il l’a appelé ? Quand ? Où ? Ah mais ! Le fameux bruit de tout à l’heure ?! Et il le regarde stupéfait, les yeux écarquillés, avant de souffler de soulagement.

« Rain. »

Le voilà qui prend une profonde inspiration, les paupières closes. Avant de poser ses deux mains sur les épaules du plus jeune.

« Tu t’inquiétais pour moi mon sucre d’orge ? »

Et oui, c’est qu’il a les yeux humides maintenant Capharnaüm, tant d’émotions en si peu de temps. Et il pose sa main droite à l’endroit de son cœur qui calme lentement ses battements.

« C’est le plus beau jour de ma vie. »

Quoi ? Il en rajoute ? Si peu… C’est qu’il est réellement touché par de telles attentions de la part du garçon sauvage.

« Mais ne refais plus jamais ça. Je crois…
Je crois que j’ai encore la gerbe. »

résumé:

C’est qu’il aurait dû s’en douter que Rain sortirait les griffes, Capharnaüm aurait dû voir venir à des kilomètres cette façon qu’il a de le repousser sans ménagement. Le garçon n’est pas tactile, c’est même un euphémisme. Et le coiffeur a souvent bien du mal à retenir ses ardeurs. Alors il relève les mains dans un geste d’excuse et se promet de lui laisser son espace vital. Promesse qu’il aura bien du mal à tenir tant il sait qu’il agit par impulsion…

« Et bien tu peux être totalement rassuré, ma casa es toujours tu casa.
Regarde, j’essaie même de réaménager l’étage ! Chouette nan ? »

Il tend les bras pour balayer l’espace d’un enthousiasme exagéré. L’endroit est encore bien loin d’être accueillant et il est prêt à parier que Rain va lui tirer une tête de 10 pieds de long en réponse. Oui, cela demande encore un peu de travaux mais avec un peu d’imagination, ils peuvent se plaire à visualiser une nouvelle chambre. Sa chambre si le garçon le désire.

« Et je crois avoir compris le message sur ce qui pèse littéralement sur mon crâne.
Mais t’inquiète, la nausée est passée. Enfin je crois.
Et qu’est-ce que tu dis si je t’appelle chaton à la place ? Hein ? Mon p’tit chaton sauvage ?! Ca t’irait si bien ! »

Et Capharnaüm en rit. Mais il en profite surtout pour faire quelques pas en arrière et tendre ses bras pour s’assurer une mince protection contre l’éventuelle vengeance de jeune homme. Mais il se fiche bien de provoquer la rage de Rain, parce que si Rain est en colère, si Rain est fâché, cela veut tout simplement dire que Rain va bien, Rain est en vie. Et il n’en faut pas plus pour soulager le cœur de Capharnaüm. C’est qu’il s’est beaucoup trop attaché au garçon pour qu’il puisse supporter qu’il lui arrive quoique ce soit…

« Mais dis-moi, pendant que t’es là, tu veux pas m’aider avec cette foutue porte ?!
On sous-estime trop le rôle d’une porte. Mais c’est pourtant foutrement important, pour avoir un peu d’intimité.
Tu vois ce que j’veux dire ? »

Une porte pour lui offrir un jardin secret. Mais surtout un refuge. Un endroit où il puisse se sentir en sécurité, à l’abri des malheurs de ce nouveau monde. Et aussi ceux de l’ancien, ceux qu’on oublie jamais vraiment. Il sait bien Capharnaüm qu’il n’est pas encore à la hauteur d’un véritable grand-frère capable de prendre soin et de guérir de ceux qu’il prend sous son aile, mais il veut tout faire pour tenter d’apaiser leurs plaies.

résumé:

La moue est boudeuse. Déçue un peu. Mais pas vraiment surprise. Capharnaüm a l’habitude des réactions plutôt râleuses de Rain. Alors oui, le garçon ne déborde pas d’enthousiasme vis-à-vis du projet de réhabilitation de l’étage. S’en vexer ? Le coiffeur aurait pu mais, en plus de connaitre parfaitement ce garnement jamais content, il sait aussi qu’il n’a pas tout à fait tort. Il n’arrivera jamais à faire de cet endroit un palace… Il espère simplement parvenir à y mettre un toit. Un toit étanche si possible. Et aménager un semblant de pièces. Alors forcément, sur le papier, cela ne fait pas franchement rêver… Mais à Arcadia Bay, il faut savoir se satisfaire de si peu. Et aussi de se manger des débris à la figure.

« Mais aïeuh ! »

C’est que ce gamin vise bien. Certes, ce n’est finalement qu’un gravier, pas de quoi faire trop de dégâts au passage. Mais un gravier qui a rebondi plutôt fortement sur sa belle chevelure flamboyante. Et Capharnaüm se gratte le crâne mécontent.

« J’vais t’appeler sale gosse finalement, ça te va bien mieux.
Petit ingrat va… tu verras quand ce sera luxe et confort ici, tu supplieras ma majestueuse personne pour te laisser squatter ici. »

Faux et archi-faux. Mais ça amuse Capharnaüm qui sourit à nouveau. Il suffirait que Rain grogne quelque chose entre ses dents pour que le coiffeur lui ouvre grand ses portes, de jour comme de nuit. Et en parlant de porte…

« J’ai jamais été doué en philo de toute façon. »

Et il se retient de justesse de ne pas sauter dans les bras de Rain qui a accepté, bon gré mal gré, de l’aider. Ca le fait trépigner d’impatience l’idée de passer avec lui une partie de la journée, de construire quelque chose ensemble (ou tout du moins d’essayer…) et de calmer ainsi ses inquiétudes en gardant un œil sur lui. Et puis, c’est une belle occasion pour espérer que le garçon continu à s’ouvrir… Juste un peu, rien qu’un peu.

« De quoi la fixer ? Comment ça ? Ca se fixe avec quoi une porte ? J’te rappelle que j’suis coiffeur, on m’a pas fait un cours sur les fixations de portes entre deux permanentes. »

Même si cela paraît tout de même de l’évidence qu’une porte, bah, ça ne tient pas toute seule…

« Tu vois, c’est pour ça que j’ai besoin de toi. Mon cerveau est incomplet sans le tien. » 

résumé: