Cruella emmène Clochette au pays des Merveilles [Pv : Nugget/Fin septembre/terminé]

Cruella emmène Clochette au pays des Merveilles «Why, hello there little girl
I have an eye for your red curls
I'd like to see you way upstairs up in my suite »

( Saint → This Way to the Egress )
Juste un dernier verre.
Le petit pour la route.
Celui qui sert
Pour se réchauffer,
Pour oublier,
L'esprit en déroute.

Bloody Mary se passa la main sur le visage, il s'était dit « plus jamais, une cuite pareille », mais ne jamais dire jamais. Parce que voilà, que près du camp, à sentir les flammes étendre leur chaleur sur ses jambes, sa bouche alla rejoindre sa plus tendre amante. La bouteille. Les autres pirates s'agglutinaient autour du feu, comme des espèces d'animaux dansant, faisant leur salutation au soleil — où il ne savait trop quoi.

Le sang dans ses veines est glacé.
Un peu comme le trou dans sa poitrine.
Qui s'étend, s'étend, alors qu'il s'avine.
Pour tenter de le combler.

Les mains qui tremblent, le souffle pantelant, il fit battre ses paupières, ses longs cils roux qui allongent le mépris dans ses pupilles. Assis en retrait, il laissait étendre ses longues jambes devant lui. Un pantalon taille haute sur les hanches, ses vieilles Doc Martens aux pieds, il poussa un soupir en songeant à sa crise existentielle. Noyé grossièrement dans un alcool de seconde zone, son déni devenait même palpable pour les autres. Il portait une chemise épaisse, rentrée dans son pantalon, aux deux premiers boutons ouverts, parce que le feu de camp lui donnait chaud.

Bloody Mary se serait vu,
Elle aurait ri de cette vie sans issue.
À se répéter qu'elle là des allures
De poètes maudits, ces érudits d'esprit plein d'usures.

Dans le lointain horizon, sous ce soleil de plomb, il distingua une silhouette. Petite menue, qui se cache, se cherche, sous d'affreuses fripes. C'était les cheveux, surtout, qui donnaient les détails à la petite. Bloody Mary émit un ricanement, détendu là, alors que ses habits prennent le sable, qu'il se colle à ses semelles et sa tristesse.

L'alcool, ça lui donne un faux air joyeux.
C'est plus facile de faire semblant avec le spiritueux.
Elle se sent moins pathétique, avec cet amant doucereux.
Qui la prend dans ses bras chaleureux.
Alors qu'on fond, Bloody Mary, iel crève à petit feu.

Un grand geste de sa main d'araignée, à étendre ses membres pour se faire remarquer. Il fit signe à la petite, avec un léger rire sans joie. La bouteille se retrouve coincée entre ses jambes, alors qu'il fait rouler ses épaules. Il se lécha les lèvres, il sort de sa poche de quoi se rouler un joint. La petite ne vient que pour ça, de toute façon, et ce n'était pas lui qui ferait la leçon.

Parce que vraiment, tu t'es vu quand t'as bu ?

Son briquet craqua dans le silence. Le rivage était plein de vent, les vagues allaient et venaient, mollement, tandis que le feu de camp se dressait dans cette fin d'après-midi. Il ne savait pas pourquoi il était là.

« Salut petite Clochette, qu'est-ce qui t'as manqué ? Moi ou la fumette ? »

Bloody Mary laisse un autre rire, qui se coince dans sa gorge. Voilà qu'il se met à tousser, et fait passer ça, avec un autre lapement d'alcool. Il fait signe à Nugget d'approcher, l'observe de ses yeux clairs et impénétrables, et sourit en coin. Il lui montre le joint qu'il se fait, prépare dans des gestes délicats et précis — du moins, c'est ce qu'il croit —, avant de le porter à ses lèvres.

« T'en veux ? »

Propose le roux.

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Résumé:

tw : consommation de drogue + alcool

mer
veill
es.

C’est la fin de l’après-midi qui se dessine doucement dans l’air.
Le mal-être s’est immiscé depuis si longtemps, sous la peau, sous les paupières, les jours passent et trépassent sans qu’on s’en rende compte autrement que par les dates qui s’enchaînent dans le journal. On se retrouve encore ici, sur ce territoire, celui où on se sent si peu à l’aise, celui où on croise les regards qu’on déteste— mais Nugget c’est tout ce qu’elle sait faire.
Revenir ici, toujours pour les mêmes raisons, pour les mêmes mauvaises habitudes, pour faire taire le mal.

Un soin palliatif.
Juste un pansement à coller mais qui ne pourra pas soigner.
On recouvre les problèmes avec des illusions et des voiles approximatifs.

Et puis Nugget fait juste semblant de ne pas le remarquer. Comme elle l’a toujours fait. C’est le seul moyen de réduire ses pensées hachurées au silence. D’oublier l’angoisse, le passé, ses quatre mois abandonnés ; alors elle s’élance.
Guidée par le phare des pirates.
Le feu de camp aux flammes disparates.
Les silhouettes qui se pressent autour à la recherche d’un peu de chaleur.
Nugget a la veste ouverte et le souffle court, à force de marcher depuis tout à l’heure.

(La mémoire des bleus sur la peau.
Encore un peu trop frais en tête, ces souvenirs pas beaux.)

C’est le regard qui est attiré par ton geste, au loin. Ça tombe bien, Nugget, elle ne voulait pas s’adresser à tous ses pirates autour du feu, sans savoir si ceux qu’elle évite se trouvent ici ou même s’ils ont ce qu’elle recherche ; elle les regarde en serrant le poing. Elle les évite, le dégoût au cœur, pour venir te rejoindre à l’écart du feu.
Elle t’adresse un petit sourire, Nugget, elle trottine, juste un peu.

(Ses sourires-là, tu sais, elle n’en adresse très rarement aux pirates comme toi. Peut-être qu’au début, ils n’étaient que factices pour être polie ou cordiale lorsque tu lui offrais ce qu’elle cherchait mais maintenant, ils sont peut-être plus sincères qu’elle ne l’avouerait parfois.)

« Salut, » elle s’installe dans le sable (et— ah— George ne sera pas content si elle met du sable partout quand elle rentrera) à tes côtés, « je sais pas, devine. »

Les yeux qui se posent immédiatement sur l’objet de ses désirs.
Sans attendre plus longtemps, elle fait glisser son sac devant elle avant de l’ouvrir.

« Ouais. J’en veux, » elle dit, sans honte, sans gêne, elle ne peut que l’assumer. « T’as l’air d’avoir déjà de quoi t’occuper mais j’ai trouvé ça, si tu veux. »

Elle sort deux canettes de bière américaine, le genre qui n’ont pas de goût et qui ne servent même pas à se rendre saoul rapidement. C’est à titre d’échange, tout simplement.
D’ordinaire, elle prend ce qu’elle souhaite et elle repart immédiatement. Mais avec toi, elle ne refuse pas, de rester un peu plus longtemps.

Elle désigne les deux canettes, Clochette. « C’est suffisant ? » Les deux sont pour toi. Le premier pirate qui lui offrait de quoi faire ses joints était dur en affaires, tu vois.

En espérant que ce soit assez. Quand les addictions se font trop fortes à l'instar des moyens de les soulager. Nugget, en vérité, n’a jamais tenté d’arrêter.
Elle en a toujours besoin, aujourd’hui plus que jamais.

Quand les tremblements ne veulent plus s’arrêter.

Cruella emmène Clochette au pays des Merveilles «Why, hello there little girl
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( Saint → This Way to the Egress )
La fée Clochette lui offrit un sous-rire.
Et Bloody Mary en laisse un, dans un soupir.
Il attend qu'elle se rapproche,
Et ricane, sans reproche.

Laissant Nugget à ses mystères, peut-être qu'elle était venue chercher réconfort, dans le cannabis ou à l'oreille qu'il peut prêter. Dans tous les cas, Bloody Mary se redressa un peu, en tailleur, ses longs doigts préparent un autre joint. Ils le roulent, le façonnent, laissant le papier geindre. Puis, il le porta à ses lèvres, les glisse le long de son corps. Quand il releva les yeux, c'était sur la Fée Clochette, qui lui présente des canettes.

D'un hochement de tête,
Bloody Mary accepte.

Ses jambes pliées sont trop pointues, son regard se jette parfois sur Nugget, d'autre fois sur les pirates qui font la fête. Dans cette semi-solitude, où il se force à être ce qu'il ne sera jamais, le jeune homme invite la Fée Clochette à prendre place près de lui. Sans jugement, sans l'air de lui reprocher quoi que ce soit, presque indifférent. En vérité, c'est que Terrence, il aime bien Janvi.

Janvi, elle a un peu de lui.
Des vices, des soucis.
Des langueurs au coeur.
Des rancoeurs sans saveur.

Bloody Mary lui tend le joint, pour elle, il l'a préparé, sans un mot. Il range les canettes sur le côté, colle sa bouche contre le sien, et il fume. À aucun moment, il ne s'inquiète de prêter ça à une adolescente, à aucun moment, il n'agit comme un adulte responsable. Mais c'est peut-être pour cela que la petite, vient chercher sa présence, à lui donner des sourires sincères, parce que chez les pirates, sa préférence vient à lui.

Bloody Mary gonfla sa poitrine,
Sur le rivage, il écoute les comptines :
Le crépitement du feu, chaleureux.
Les vas et viens des vagues, doucereux.
Et les jacassements des pirates, bruyant,
Autant que ces corps brûlant
Qu'il a partagé
Donné.
Quelle salope.

Bloody Mary se racla la gorge, il présenta à Nugget la bouteille qu'il était en train de s'avaler. Les canettes, il les gardera plus tard, avec elle la Clochette, il partageait les rêves du cannabis. Autant de bise sur son esprit vicié se prend.

« Alors petite Clochette, comment est-ce que tu vas ? »

Nugget, il ne l'a jamais vue heureuse dans sa peau. Il sait bien ce que ça fait, de se ronger les os. Depuis l'intérieur d'un corps brisé. Nugget, il ne sait pas ce qu'elle a pu traverser, mais ses pupilles de poupée constatent simplement, le reste de douleur sur ce visage. Des yeux qui n'augurent aucun bon présage, mais dont l'éclat reste sage. En contraste avec sa chevelure sauvage, Bloody Mary pense :

Un peu de rouge pour sa peau noire.
Un peu d'eye-liner pour ses deux yeux, ces deux tiroirs
Qui engloutissent ses iris sans réellement voir.
Un peu de rouge pour éclairer la tristesse.

Bloody Mary la dévisageait, sans même s'en rendre compte. Un coude sur le genou, le joint coincé entre ses doigts, Terrence se laisse à penser qu'une fille pareille, il ne peut pas l'abandonner. Pas comme ça.

« Hé... Clochette, tu les as trouvés où, ces vêtements ? »

L'odeur du cannabis se lovait contre ses narines, il sentait ses épaules se détendre, l'alcool réchauffer le trou dans sa poitrine. Il se surprend à rêvasser, éveillé.

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Résumé:

tw : consommation de drogue + alcool

mer
veill
es.

La danse frénétique du feu qui s’inscrit sur la rétine.
Les yeux qui quittent la lumière pour se poser sur le joint qui tu lui offres sans un mot. Ce qui est bien avec les pirates, elle pense Nugget, c’est qu’ils s’en foutent de l’âge ou des pourquoi, c’est qu’ils n’ont rien à faire des morales, c’est qu’ils ne posent pas de questions crétines. C’est pratique, c’est plus simple, ça n’a rien à voir avec les dealers du lycée un peu trop idiots.
Elle n’attend pas longtemps, Nugget, pour l’allumer et prendre une première taffe.

C’est toujours la meilleure.

Elle s’installe dans le sable, plus confortablement, sans y faire gaffe.

(Bientôt, elle sait qu’elle n’aura plus peur.)

(Peut-être qu’il y a un peu de détresse sous les paupières. Peut-être que les cernes se sont allongées. Peut-être que les phalanges sont plus abîmées et les cheveux moins coiffés. Peut-être qu’elle ne peut rien y faire.)

C’est emprunt de naïveté que Nugget prend une gorgée de l’alcool que tu lui tends. Et le regret aussi brûlant que la gorge quand elle s’étouffe et tousse et tire la langue et essuie la bouche et te redonne la bouteille en décidant que, même si elle ne s’en souvient pas, elle n’a jamais bu d’alcool aussi fort, probablement.
Mais la brûlure est agréable, dans l’estomac.
Elle calme les pensées—

—le temps que le cannabis fasse effet.

Mais la brûlure est agréable, ça lui rappelle qu’elle est vivante, qu’elle est bien là.

Pas morte comme pendant ses quatre mois.

« Mmh… ça va, » elle murmure tout doucement en se laissant envahir par la fumée âcre. « Comme d’hab quoi. »

Comme d’hab la vie n’est plus très marrante.
On ne s’amuse plus dans les pensées fuyantes.

Elle remarque ton regard sur elle, qui brûle des trous dans sa peau, les regards qu’elle ne supporte plus très bien quand elle n’arrive même plus à fixer le sien dans les reflets. Et puis lorsque tu romps le silence qui s’était installé, si on oublie les bruits de fond auxquels on s’est vite acclimaté.
Nugget, elle regarde ses habits, elle sait qu’ils ne vont pas très bien ensemble, qu’ils sont trop grands ou que les couleurs sont dissonantes. Avant, elle demandait toujours des conseils pour bien s’habiller, mais maintenant, elle n’a plus personne vers qui se tourner et encore moins de miroir dans lequel se regarder— et surtout pas une jolie garde-robe pétillante.

(Alors— elle a un peu baissé les yeux.)

« Bah, ma veste c’est à moi, je la porte toujours, » c’est un cadeau qu’on m’a offert je crois. Je ne sais plus, je me souviens pas. « Et le reste, euh, je crois que c’était à mon demi-frère. Mes habits à moi ils sont trop abîmés, j’suis deg. Et j’crois qu’on m’a volé ce qui était encore en bon état. J’ai plus grand-chose de joli du coup. »

Elle y pense, maintenant.
On lui a volé quand elle a disparu, les quatre mois, troublants.

Elle prend une taffe, bat des paupières, respire. « Après j’essaie de chercher dans les maisons là, mais c’est jamais à ma taille du coup ça me va pas du tout. Relou. »

Nugget, elle glisse son regard vers toi. À chaque fois qu’elle t’a regardé, quels que soient tes habits, tu semblais toujours si à l’aise à l’intérieur, comme une seconde peau, comme une extension de toi. Nugget, ça lui manque, de se sentir belle.
(Ça lui manque, de se sentir réelle.)

« Toi, tes habits ils te vont toujours bien, je sais pas comment tu fais. »

Apprends-moi elle semble demander.

Sans l’oser.

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( Saint → This Way to the Egress )
Comme d'habitude,
Ça va, comme d'habitude
On fait semblant, on dit que ça va.

Bloody Mary sent le mensonge dans l'air, son odeur est un peu âcre dans les remous du vent. Pourtant, il ne dit rien, et se contente d'un sourire en coin, de ceux qui disent « je sais que tu mens, mais je ne dirais rien ». Parce que le silence, parfois, vaut bien mieux que des mots réconfortants. Et puis, c'est qu'il n'était pas doué pour être gentil ; c'est ce qu'il dit, ce qu'il croit. Il lui reprend la bouteille, amusé, sans commenter, et ravale une gorgée. Sa pomme d'Adam roula le long de la gorge, l'acidité baigna ses poumons, et se noya dans ses tripes. La chaleur l'envahit, l'odeur du cannabis se mêle à celui de l'éthanol. C'est comme une note de joie, dans la grisaille de l'automne, avec le feu au loin qui danse, et danse, toujours plus.

Quand bloody Mary voit Nugget,
Sa petite fée clochette,
Iel se voit ellui.
Quand on fais.ait boire et fumer Terry.

La première cigarette à treize ans, le premier whisky à doue ans - pour faire comme papa -, et toutes les nuits à s'abreuver de rêves à Dublin. Alors que l'hiver refermait ses bras, alors que l'hiver le tirait hors des foyers chaleureux. Que l'hiver le laissait presque mort sur le pavé, à songer que tout était de sa faute. Que l'hiver le faisait se blottir contre les autres sans-abris, pour se réchauffer. Comme le whisky qu'on chipait à la sauvette avec les autres, et qu'on se partageait.

Pour partager plus qu'une lampée.
Boire pour se réchauffer.
Boire pour chasser,
Les mauvais souvenirs du passé.

Alors oui, Terry ne voit pas quel est le souci de donner, un peu de cannabis à la Fée Clochette. Parce qu'elle aussi, elle mérite d'oublier. Boire ou vivre, il faut choisir. Le joint l'aide à détendre la crispation dans ses muscles, dans son dos, lui arrache des sourires enjôleurs. Le joint fait croire à l'assurance, l'alcool au défi qu'iel se lance. Pour sur-vivre. Un jour de plus. Un jour de moins. Bloody Mary appuya sa tempe contre le rocher sur lequel son corps osseux est posé, ses yeux suivent ceux de Nugget, analysent. Son compliment lui arrache un gloussement

Désabusé,
Des abusés.
Des usés.
Desuet.

Les vieilles fripes, qu'on pioche ici et là, par ici et par là, qu'on jette sur son dos... Bloody Mary en a volé, il en a porté, il s'en ai vu offrir des centaines. Des étoffes de luxes aux chemises de bûcherons qui s'effilochent. Alors iel se racle la gorge, tire sur la manche de sa chemise.

« C'est gentil, Clochette, réplique-t-il avec un sourire amer. »

Bloody Mary aimait l'admiration qu'il lui inspirait, il aimait cette impression de liberté et de puissance qu'elle voyait. Iel se redressa, il reprit une bouffée de joint, ses narines se gonflent, ses lèvres se pressent dessus. Son regard devient plus délavé, absent.

« Mais dans les faits, c'est plus compliqué, ajoute lae roux.sse en gonflant la poitrine, et en soupirant. Tout semble m'aller, parce que je pars du principe que ça... va m'aller. Je pourrais porter un sac poubelle, que j'aurais de l'allure. Pourquoi ? »

Bloody Mary la regarda,
Il y a de la compassion
Dans le fond,
De ses pupilles bleues.

Des yeux de poupées, qui ont trop vu, trop subit, mais qui ne laisse pas l'ombre d'une émotion les hanter. Quant à Clochette, Bloody Mary devine, les fois où on lui a coupé les ailes, les fois où elle a essayé de les recoller, maladroitement, hâtivement, en espérant penser à autre chose.

« Parce que je donne l'impression que je m'en fous, et que je sais adapter mes fringues, regarde, par exemple... ma chemise est clairement trop grande. »

Ses mots se perdent un peu, dans sa bouche, ça devient une mélasse. Malgré tout, il se redresse, et pose un coude sur sa cuisse. Iel réfléchit à ce qu'il peut faire d'elle. Bloody Mary la fixait, ses yeux brillent, le cannabis lui donne un air doux, presque de grande soeur.

Un peu comme celles de Dublin.
Comme... elle.

Il fait la moue, il prend son temps ; c'est que ses idées fonctionnent au ralenti. Puis, il lève l'index, et parle :

« Là... par exemple, ma belle, je ne porterais pas cet ensemble comme ça. Sois tu rentres ton sweat dans ton pantalon, sois tu lui mets une ceinture, pour marquer ta taille. Comme je le fais avec la chemise, et je n'ai pas tes hanches. »

« Je n'ai pas tes hanches », parce que Terry n'a que des os. Ça ne sonne pas comme un reproche, mais comme un compliment puisque tout en parlant, il lui désigne sa taille.

« Où je le porterais plutôt avec un collant... mh... je me demande... »

Bloody Mary fait signe à Nugget de se taire, puis iel se leva péniblement. Ses jambes tremblent, on dirait un épouvantail que le vent pourrait emporter, tant iel semble peiner à rester debout. Il fouilla le sable, et retrouva un grand sac noir.

Bloody Mary ferma les yeux.
Ses mains tremblent.
En rien, ça lui ressemble.
Tant c'est douloureux.

Pourtant, iel se reprend vite, et ouvre le sac sur sa cuisse, plus ou moins en équilibre.

« C'est quoi que t'aimes porter, Clochette ? »

Et du sac, Bloody Mary tira une robe-pull, qui sur lui s'arrête à mi-cuisse. D'un rouge éclatant, en laine, aussi douce qu'elle est chaude. Le col-roulé est épais, la couleur est vive, vivante.

« Ça... ça te plairait ? »

Demande-t-il alors, en la lui tendant.

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mer
veill
es.

Dans tes mots, il y a—
des réminiscences soudaines,

des conversations, lointaines

qu’elle a déjà eu, autrefois.

Des souvenirs.
⠀⠀⠀⠀⠀Étranges.
Des souvenirs qui semblent comme un rêve, plus on tente d’y penser, plus ils s’éloignent mais pourtant ils sont bien là, perturbants, peut-être que c’est empiré par le joint ou peut-être que c’est à cause de lui que soudainement elle se souvient—
Elle se souvient ~~Nugget~~— Janvi qu’elle a déjà eu les mêmes conversations, les mêmes mots, les mêmes critiques gentilles avec— avec— c’était avec Willow ou Maddie ? Elle n’en sait rien… Elle ne sait plus, Janvi.

Et d’un coup— oh, ça lui manque, tellement.

(Mais elle ne veut pas y penser, pas maintenant.)

Alors, Nugget, elle se contente de rigoler. « Ah ouais ? Moi j’m’y connais pas trop en mode du coup je sais pas comment m’habiller, je sais jamais ce qui va bien avec quoi, du coup ça se voit, » du coup je suis pas très jolie, mais bon je l’ai jamais été.

Elle se tait quand tu lui demandes de se taire.

Elle a toujours bien obéit, Nugget, et ce n’est pas aujourd’hui qu’elle va arrêter de le faire.

C’est quoi que t’aimes porter.
Nugget, elle n’en a aucune idée. Elle ne se souvient pas, si ce qu’elle portait, c’était par réel plaisir ou juste pour se conformer. Elle ne sait pas, si ses habits étaient réellement pour elle ou bien pour espérer garder sa place parmi les autres filles.
Elle ne se souvient pas, si dans les tissus colorés et parfois trop courts, si dans les habits qui la mettaient en valeur (il n’y avait rien à mettre en valeur—), si dans les vêtements dans lesquels elles l’habillaient, elle se sentait réellement à l’aise— avec un peu de parfum de vanille.

Nugget, elle reste silencieuse, un instant.
Dans la robe, d’un rouge si pétant. Elle (croit) aime(r) les couleurs qui se voient de loin, tu sais. Alors, elle coince son joint entre ses lèvres, elle attrape le tissu, le fait glisser entre ses doigts, comme elles le faisaient.

« Mais c’est trop grand pour moi, nan ? » comme si elle venait d’oublier tout ce que tu lui as expliqué. « J’crois que j’ai jamais porté de robes… »

(Elle se souvient— qu’elles réfléchissaient déjà à la robe qu’elles porteraient, au bal de promo. C’était encore dans longtemps, mais elles étaient si impatientes et elles en avaient trouvé une, si belle, pour Janvi, mais la robe laissait voir son dos…)

Puis, elle a un sourire, sincère. « Mais j’aime beaucoup, je la trouve super jolie. Tu l’as eue où ? » qu’elle demande, comme si elle voulait savoir dans quel magasin tu l’as acheté, comme si elle avait oublié que les magasins, ici, ils ont déjà été réduits en poussière.

Elle prend une taffe, les muscles se détendent, les pensées aussi.
(D’un coup, elle pense à Janvi.)

« J’crois que j’ai jamais su m’habiller, en fait. C’étaient mes potes qui me donnaient toujours des conseils pour mettre des jolis vêtements, parce que je savais pas les porter, » elle rigole, comme pour se moquer (d’elle-même). « C’était pas trop mon délire, la mode. »

Peut-être parce qu’elle n’a jamais pu s’y intéresser. Elle n’avait pas l’argent pour les jolis vêtements, toujours la vérité au fond de son porte-monnaie. Peut-être parce que, les plus beaux habits de sa garde-robe, venaient de ses amies, et qu’elle s’y accrochait, comme par peur d’être exclue, si elle osait se pointer avec des habits de seconde main.
À flipper qu’elles comprennent la supercherie dès le lendemain.

« Je me souviens que… j’ai genre… jamais eu de beaux habits, pour moi, en fait. »

La mémoire est floue et le souvenir part un peu de travers mais— c’est vrai, les jolis habits, ils ne lui appartenaient pas, elles les lui prêtaient, ses amies. Mais elle ne les a jamais rendu, Janvi.
D’un coup, elle se demande pourquoi elles ne les ont jamais réclamé.
Elles auraient dû, des habits si beaux, Janvi ne les a jamais mérité.

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( Saint → This Way to the Egress )
Bloody Mary pouvait écouter,
Il pouvait aussi regarder,
Sans prendre la place,
Sans se montrer garce.

Clochette se confiait, le cannabis déliait autant les langues que le vin lubrifiait les relations sociales. Patient, il hochait la tête, signe qu'il écoutait, et il fumait. Il glissait ses doigts fins dans le tissu, la laine était chaude et souple. Lorsque Clochette confirmait qu'elle aimait bien, elle parvint à lui arracher un sourire. Plein de douceur.

« Tant mieux, c'est à toi. »

Bloody Mary lui tendit la robe, son ton était sans appel, son regard ordonne : prend-la. Cette robe, d'un rouge plein de souvenirs, de cette nuit où l'Écharpe Écarlate l'avait mégenré, mis en danger, rappeler toutes ces froideurs à Dublin, ces deux flics qui... Bloody Mary songea, soudain, que la prochaine fois qu'il mentionnera cette histoire, il prétendra que c'était cette rencontre qui lui aura appris à mettre des menottes.

« T'inquiète, Clochette, soupira le garçon en vérifiant dans son sac ce qu'il pouvait lui trouver, là. Quand... mh... je devais être plus jeune que ça, réfléchit-il sans trop en dévoiler, j'étais forcé de porter les fringues affreuses de mon frère aîné. Plus tard, j'ai surtout porté ce qu'on m'a donné. »

Bloody Mary sous-entendait
Que lui aussi, il savait ce que ça faisait.
La pauvreté, les coups, l'âpreté,
Des habits qui frottent, brûlent.

Il s'accroupit devant son sac, il y avait des habits de tous les types. Robes, pulls, pantalons — ceux genré pour les hommes étaient souvent trop larges pour sa taille de guêpe —, tous devaient finir dans les flammes. Pour oublier. Pour effacer son attrait des belles étoffes, pour calciner les derniers soupirs de Chantalle, qui se meurt dans son corps. Chantalle, si belle, si grande, sur la scène de Dublin. Lorsque Bloody Mary pensait à elle — à eux —, il avait la sensation que chaque respiration lui enfonçait des braises ardentes dans la poitrine.

« Tu peux ne pas t'intéresser à la mode, déclara Bloody Mary en trouvant une ceinture, mais savoir ce qui te va. De toute façon, chérie, les fringues, le maquillage, c'est fait pour te plaire à toi, si ça te plait pas, n'en portent pas. Et au contraire, si tu aimes ça, ne t'en prive pas. »

Bloody Mary lui fit un sourire, il lui attrapa le poignet. Avec délicatesse, il tira Clochette vers lui, il voulait la voir debout. Il reprit la robe pull, le joint coincé entre ses dents. Il pencha sa tête rousse sur le côté, puis il la hocha, affirmant là sa réflexion du moment. Il reprit la robe, il l'entoura avec la ceinture. Une ceinture de cuir noir, avec des fleurs dessinées, une boucle en argent épaisse.

« Elle est pas trop grande, elle me tombe à mi-cuisse, je sais que je suis un géant, mais quand même ! Se vexa-t-il en roulant des yeux. Avec la ceinture, ça va donner un truc joli, tu peux la porter avec un jeans en dessous, elle est pratique et belle, fais-moi confiance, Clochette. »

Bloody Mary n'avait pas dit,
Où cette robe, il avait pris.
Plutôt à qui.

Le jeune homme lança la robe dans les bras de Nugget, et de nouveau, il regarda dans son sac ce qu'il pouvait lui offrir. C'était peut-être mieux, que de tout brûler. Il trouva un chemisier noir, léger, en viscose, il hésita, puis il fit « mmmh non ». Il préféra un haut à manche longue, d'un vert bouteille, au col carré. Les manches étaient décorés de dentelles, de même que le col.

« Et ça ? »

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Elle a toujours voulu être belle, Janvi. Rayonner comme mille soleils, attirer des regards envieux et jaloux, recevoir les compliments. (Le gentil regard de maman.)

Mais Nugget a abandonné ce combat-ci.

Il y a trop de moche, à l’intérieur d’elle, dans ses actions passées et les violences des adolescentes. Il y a trop de moche en dedans et elle sait qu’elle ne pourra tout effacer, éternellement. Ce ne sont que des mauvaises herbes qui ne cesseront de pousser, comme pour lui rappeler qu’elle ne pourra jamais être celle qu’elle souhaite, qu’il y aura toujours cette grosse tache noire sur la toile blanche, peu importe à quel point elle tente.
Elle veut toujours être belle, Nugget, mais elle sait que c’est impossible maintenant.

Alors, à défaut d’être jolie, elle sera une personne gentille, Janvi.
C’est toujours ça de prix.
Malgré toutes ses erreurs passées qui l’ont pourri.

Elle se fait la réflexion, que vous avez plus en commun qu’elle ne le pensait. On en découvre des choses, quand on ne s’arrête pas aux que des bâtards ses pirates, quand on ne s’arrête pas aux préjugés. C’est encore un trait qu’elle doit apprendre, Nugget, à ne pas juger.
⠀⠀⠀⠀⠀(C’est compliqué.)
Mais elle ne sait pas vraiment quoi dire, elle ne te connaît pas très bien, ni toi actuellement, ni toi du passé, alors elle ne sait pas quoi te prononcer. C’est silencieuse, anormalement silencieuse, qu’elle te regarde, tout en se disant que ce n’est que le joint qui la distrait un peu trop, qui l’empêche de penser.

Elle s’est levée, Janvi.
⠀⠀⠀⠀⠀(Prête à donner la patte, polie.)

Puis, elle a rit.

« Ouais mais j’sais pas ce qui me plaît, moi, » la vérité un peu trop crue, prononcée d’un ton si insouciant, alors que cette incertitude dans ses goûts est la raison de ses angoisses renfermées.

Elle récupère la robe, Nugget, la manipule avec attention comme si elle avait peur, rien qu’en la tenant entre ses mains, de l’abîmer. Un peu de mal à faire attention à ses affaires et surtout celles d’autrui. Trop l’habitude de détruire tout sur son chemin pour faire confiance à Janvi.

Elle en prendra grand soin, comme tous les cadeaux qu’on lui a offert.

(L’envie de pleurer, un peu, dès qu’on lui fait un cadeau— mais (heureusement) le joint l’aide à ne plus y voir très clair.)

Un grand sourire— mon Dieu si avant on lui avait dit qu’elle adresserait de si beaux sourires face à ses stupides pirates, elle n’y aurait pas cru. « J’te crois. »

(Au fond, tout au fond des souvenirs flous, troublés comme l’eau, elle croit se souvenir, Janvi, avoir eu une ceinture similaire— elle le sait, elle en est sûre parce qu’elle aime (sans doute) les motifs de fleurs ; mais comme le reste de ses vêtements, cette ceinture est sûrement disparue.)
Et puis, elle relève la tête, elle te regarde, toi et ce haut que tu lui tends.
C’est comme les étoiles qui s’illuminent dans les yeux, un instant.
Elle dépose la robe dans le sable, délicatement. Puis elle récupère la ceinture et le pull, te regarde une seconde d’un air hésitant.

Et puis— elle s’éloigne un peu. « Tu regardes pas ! Je te dirai quand tu pourras, » avant de te tourner le dos, trottiner pour échapper aux regards des autres pirates au coin du feu.

C’est la veste qui tombe en premier dans le sable. Puis le sweat aussi. Elle fait attention à son joint qui a failli les rejoindre et s’éteindre, pitoyable. Et le haut qu’elle enfile avant de remonter son pantalon et d’y passer la ceinture, serrer, marquer la taille et Nugget— elle a— sourit.
Sourit, si fort. Sourit, si grand. Sourit, si rayonnant.

« OK c’est bon ! »

Elle a pris sa veste mais pas le sweat, abandonné dans le sable, et elle s’est rapprochée de toi puis elle a pris la pose— comme quand elle sortait de la penderie face à Maddie (ou Willow ? Elle ne sait toujours pas), pour lui demander son avis, cet air espiègle sur le visage.

« Alors, comment tu me trouves ? »

Maddie lui aurait sûrement dit chérie il te manque un peu de maquillage.

Cruella emmène Clochette au pays des Merveilles «Why, hello there little girl
I have an eye for your red curls
I'd like to see you way upstairs up in my suite »

( Saint → This Way to the Egress )
Bloody Mary, en marraine, la bonne fée
Se contente d'un sourire, et de se tourner.
On ne lui donne pas d'ordre, d'habitude
Mais l'entrain de Clochette, en écho à la solitude,
Lui dit d'accepter.

Pour une fois. Bloody Mary dos à la gamine, continue de boire et de fumer. Il écoutait le froissement du tissu qui tombe, le vent en train de se lever, et de balayer ses cheveux de feu. Le cannabis mélangé à l'alcool le détendait, c'était comme si on l'enveloppait dans une couette, un plaid, un manteau de fourrure en vison - il avait toujours rêvé d'en porter -, doux et bienveillant. Le cannabis mélangé à l'alcool, c'était un bon pansement sur la dysphorie. Lorsque Nugget lui annonce qu'il peut se retourner, le jeune homme obéit. Au sourire, au visage illuminé par la joie qu'il voit, il a compris ce qui lui plait.

Alors Marie la Sanglante, la bonne fée
Au moins. pour cette journée,
D'un sourire, d'un hochement de tête,
Donne sa réponse, et avance, s'arrête.

Devant Nugget, Terry pencha la tête, il plissa le haut sur les épaules de l'adolescente, d'un geste maniéré — les autres pirates l'auraient comparé à une pédale de vélo, s'ils avaient vu. Il remarque la ceinture, puis il lui sourit avec son sourire de Marie la Fée.

« Ouais, tu es belle. »

Avec assurance, avec la prestance qu'on lui prête ; de ce ton absolu, qui énonce un fait, mais est sans appel. Il lui donna une pichenette sur le bout du nez, sans la blesser, et lui lança :

« Attend j'ai peut-être autre chose pour aller avec. »

Bloody Mary fouilla dans son sac, c'était la hotte
Du Père Noël, mais elle n'était pas si dévote,
Bien au contraire, bonne fée, mauvaise fée,
Dans tous les cas, il (elle) était trop éméché.

Bloody Mary fila à Clochette un pantalon noir, délavé, troué aux genoux. Il l'avait porté à l'église, avec la chemise de bûcheron "emprunté" à Ursula, il se demanda d'ailleurs si dans le lot, il n'avait pas un truc similaire. Au fur et à mesure, lui qui voulait voir brûler là, tous les vêtements féminins qu'il avait aimés, adoré, dont il s'était habillé, il fait le tri. Il fait une moue, songe que certains peuvent porter à confusion sur le genre — le genre était-il un habit à part ? Du genre décontracté ? Plus formel ? —, il peut en garder. Il peut...

Bloody Mary soupira, sur son avant-bras, il a une pile de vêtements. Il a repéré ce qui pouvait plaire, le pantalon un peu destroy, une chemise de jeans épais, un short qu'elle pourrait porter avec un collant épais qu'il lui passa. Des couleurs neutres, souvent, mais avec des tons pouvant faire ressortir sa peau, contrastant avec son visage.

« T'es jolie, Clochette, conclu Bloody Mary en fumant encore, et en buvant. C'est marrant, je m'habillais comme ça quand j'avais ton âge, au début tu vois, j'avais peur qu'on me remarque trop... J'faisais genre... un mètre quatre-vingt-deux à quatorze ans. Je piquais les chemises de mon père, alors qu'il aurait préféré les hauts en dentelle de maman, genre, les trucs de bûcherons, et les vieux jeans de mon frère, tandis qu'il avait pensé que les robes de maman lui seraient mieux allé, mais bon... j'ai un jour économisé pour m'acheter une paire de pompes, désolé ma belle j'en ai pas qui sera à ta taille... Bref, j'ai économisé, des mois, pour une paire de... »

Il avait rêvé, enfant, des escarpins
Que Maman glisse à ses pieds, avec soin
De jolies chaussures blanches,
Pour la messe du dimanche.

Terrence se racle la gorge, il se frotte les yeux, il passe la main dans ses cheveux roux. Il gonfle la poitrine, puis il enfouit profondément le souvenir dans sa poitrine.

« Des convers, reprit Terrence, t'es du genre à en porter, aussi ? »

Mais ce n'était pas des chaussures pareilles qu'il avait voulu porter. Ce n'était pas ces chaussures, qu'il aurait aimé s'offrir. Au début, ce n'était que des pensées volatiles, passer devant les vitrines, et contempler les imitations des Louboutins. Penser qu'elles sont jolies, se demander, un instant, que ça donnerait. Se poser des questions, est-ce que porter des talons si haut, ça fait mal ? Et au final, se rappeler.

De sa cousine, et sa robe de mousseline.
Et aller en face, chercher une paire de baskets.
Avec ce secret honteux dans la poitrine,
Qui reste un moment, dans la tête.
Et qu'on oublie, comme Chantalle en Terry.
Qui meurt, sous la peau de Bloody Mary.

« Et ça ? »

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Résumé:

tw : consommation de drogue + alcool

mer
veill
es.

Passagère, l’euphorie.
Les joies d’essayer de nouveaux habits.

De vouloir s’y sentir jolie.

Elle attend, (im)patiemment ton avis. Comme si tu allais décider de son destin, Bloody Mary. Peut-être que c’est le cas, qu’elle prend tout ça trop au sérieux, aussi. Ou bien c’est l’insouciance perdue, retrouvée entre deux taffes de cannabis, dont elle jouit.

Tu es belle, tu dis.
Nugget, elle sourit.
(Peut-être) rougit.

Elle n’a jamais su comment gérer les compliments.
Ayant toujours l’impression que ce ne sont que des mensonges qu’on prononce poliment.

Elle tourne sur elle-même, n’ose pas s’admirer dans la lumière du feu, comme par peur d’être déçue car elle sait que dans son regard à elle—

—elle ne sera jamais belle.

C’est la langue qu’elle a tiré en réponse à la pichenette, le pantalon qu’elle a regardé sans un mot, soudainement un peu gênée.

Pourquoi est-ce que tu lui offres tout ça, elle s’est demandée. Elle ne l’a pas mérité. Les cadeaux, elle ne les mérite jamais. Mais en tirant sur le joint, elle noie toute sa lucidité.
Toutes ses pensées.
Toute la fausse vérité.

Elle se rassied dans le sable, contre les rochers.

Un peu fatiguée.

« Ah bon ? » elle te regarde au travers de la fumée. « C’est marrant, j’ai l’air super différente de toi mais en fait, pas tant que ça j’imagine. Mon beau-père il s’habillait comme un sac, puis il était dégueu, même pas j’m’approche de ses habits, » qu’elle dit avec un rire, une mine dégoûtée. « Une paire de quoi ? »

Curieuse, elle l’a toujours été.

« Ouais j’aime bien, c’est confortable. Je mettais pleins de genres de chaussures différentes, j’aimais bien les talons aussi parfois mais c’était pas trop accepté par le code vestimentaire du lycée du coup c’était chiant… »

Elle aimerait bien, en retrouver.
Ça fait longtemps, qu’elle a marché avec des talons aux pieds.

Dans le sable, elle cherche après les canettes qu’elle a ramené. Ton alcool, il est un peu trop fort, désolée. Elle en ouvre une, goûte l’alcool bon marché. Une ou deux gorgée.
Pour noyer le reste des pensées.
Des souvenirs dispersés.
Regardé les autres vêtements que tu tenais.

Nugget, elle a rigolé. « Mais tu te promènes toujours avec un sac pleins d’habits dans l’espoir de tomber sur quelqu’un à relooker ou c’est juste que je suis chanceuse ? »

Elle ne le mérite pas.
Elle ne le mérite pas.
Elle ne le mérite pas.
Et jamais elle ne le méritera.

(Tu sais elle serait capable de refuser. Jusqu’à ce qu’elle pense les mériter.

Mais ce jour n’arrivera sûrement jamais…)

Elle se redresse contre les rochers, yeux vitreux qui fixent distraitement les flammes qui dansent, une taffe, une gorgée, un rire qui vient sans savoir pourquoi.
Janvi, elle ne sait pas.
Ce qu’elle fait là.
Ce que tu vois de joli en elle.

Elle ne pourra jamais être belle.

« J’aurais bien aimé économiser des mois aussi pour m’acheter… m’acheter n’importe quoi… mais j’avais même pas le moindre centime. »

D’un coup elle se demande—

mais quand deux parents se séparent, l’un des deux ne doit pas donner une pension à l’autre, pas hasard ? Il est passé où, tout cet argent, qui devait lui revenir, tôt ou tard ?
(En fait, elle connaît déjà la réponse.)

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( Saint → This Way to the Egress )
Marie la Fée prêta son oreille

À la petite Clochette, sans oseille
(C'est ce qu'il comprend)
Et sans un mot, il hoche la tête.
(C'est que ça fait mal, ces sentiments)
Et jamais il ne l'arrête.

Bloody Mary reprit place dans le sable, ses yeux allaient de Clochette aux feux plus loin. Il se voyait déjà, se redresser, prendre chaque étoffe, les caresser une dernière fois. Et tout jeter. En vérité, l'on pensait de lui qu'il était un garçon facile — il y avait de ça —, qu'il baisait sans penser, sans se protéger. Des plaisirs lubriques, donnés à tout va, aux hommes et aux femmes — il suffisait de lui plaire. C'était l'image qu'il renvoyait, il étudiait ses gestes, ses oeillades, rendant chaque battement de cils lascifs. Cependant, au fond, ce n'était pas tout à fait ça. Bloody Mary avait un univers de velours, à la portée de ses doigts, sensuels comme de la soie. Ce qu'il adorait ? C'était étendre ses grandes mains dans les étoffes, sentir le tissu sous la pression de ses doigts, ressentir des frissons lorsque les vêtements se froissaient, gémissaient.

« Non... aujourd'hui, c'est exceptionnel, ces vêtements, ils vont partir à la poubelle. »

Bloody Mary haussa les épaules, il avait balancé ça avec un détachement froid. Ce qu'il offrait à Clochette aurait dû subir l'épreuve du feu, ce qu'il offrait à Clochette, c'était le déni. Le refus d'être elle — et lui. Bloody Mary l'observe boire, et il se reprend une gorgée de son alcool d'essence. Avec le joint, il endort les plaies, celles ouvertes, celles mal refermées, celles à peine cicatrisées, celles purulentes ; toutes sont cachées sous les paillettes.

« Tu peux prendre ceux qui te plaisent, ceux qui t'iront, Clochette, dis-toi que c'est comme un héritage, chérie. »

Bloody Mary leva la bouteille, en direction de sa jeune amie. Il sourit. Ses cheveux de feu ravivent les couleurs de son visage blanc, de ses pupilles de poupées.

Brisées, morcelées, délavées.
Ces pupilles qui ont trop vu, trop subies.
Qui font croire qu'à l'intérieur, il y a de la vie.
Alors que l'agonie baigne, au fond de la poupée.

Il lève un genre de toast, à Chantalle, fatale, et descend une longue gorgée. Clochette ne doit pas comprendre, Clochette, ça aurait pu être elle. Et au fond, ça le tiraille de contempler, ce visage qu'il parvient à faire sourire, à épier les douleurs tues, au fond de ses hésitations. Comme si Clochette, elle tâtonnait, sa pensée, l'image qu'elle cherchait à renvoyer. En tailleur, Bloody Mary posa un coude sur la cuisse, et la mâchoire dans la main, il soupira :

« Si j'avais encore du maquillage, je sais ce que j'aurais fait, tu vois ? Des couleurs vives, mais discrètes — t'es jeune après tout. J'ai taffé pour mes chaussures, reprit-il soudain, mon père voulait pas que je dépense du fric pour ces conneries, il tira sur le joint, puis il la fixa : j'ai fait ça pour mon premier rendez-vous avec une meuf, j'allais pas porter les vieilles baskets qui puaient le mec en manque. »

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Résumé:

tw : consommation de drogue + alcool

mer
veill
es.

Les détails qu’on a oublié.
Ceux qu’on ne veut espérer récupérer. Il vaut mieux les jeter.
(Mais peut-être que ce sont ceux qui sont les plus importants— pour réussir, un jour, à se retrouver.)

Elle ne veut plus penser au passé.

Alors, les sourcils se froncent un peu quand tu avoues que tu allais les jeter, ses habits. Pourtant, ils sont si jolis. Pourquoi s’en débarrasser ?

(Pourquoi les lui donner ?
D’autres qu’elle peuvent les mériter.)

Dans un élan de générosité, Nugget, elle était prête à te conseiller de les offrir, peut-être à l’hôpital ou même à la poste, qui sait. Mais elle sait que, vous les pirates, vous ne faites pas dans la charité. Elle sait que, aujourd’hui, elle est une exception. Qu’elle a, sans le vouloir, profité de l’occasion.

« Un héritage ? Tu vas mourir ? » de son ton candide, naïf.

Comme un stress chétif.
Elle n’est pas très touchée par la mort, Nugget. Elle n’a pas pleuré ceux qu’elle a perdu dans la tempête. (Peut-être parce qu’elle a oublié que, certains, elle les aimait.) Mais l’idée de te savoir disparaître, au fond, ça lui fait comme un pincement au cœur, mais elle ne voudra pas l’avouer.

Avec un sourire, elle lève sa canette avec ta bouteille, claque les verres ensemble, comme si on allait fêter. Comme ces soirs où la musique hurlait trop fort et où on devait crier pour s’entendre parler. Elle se rend compte, Nugget, à quel point sa vie est devenue silencieuse et terne.
À quel point, parfois, le passé peut lui manquer— mais ce sont des sentiments qu’elle ne saurait vocaliser, laissant les angoisses internes.
Elle boit, pour ne plus y penser.
Elle fume, pour laisser l’imagination vriller.

Dans un autre monde, s’enfermer.

Rêver.

Son regard glisse vers toi. « Des couleurs ? Mh, je trouvais que les couleurs, ça m'allait pas très bien. Je préférais les trucs discrets, » juste pour cacher les imperfections sur la peau. « Hein mais c’est pas des conneries les chaussures, c’est genre… les trucs avec lesquels tu marches quoi. Puis moi je trouve qu’on peut dire beaucoup de choses sur les gens rien qu’en regardant leurs chaussures. Et leurs chaussettes. C’est un peu l’un des trucs les plus importants tu vois ? »

Un sourire un peu sot.
Peut-être que Nugget ne sait pas vraiment ce qu’elle dit, là.

« Parce qu’après si t’as des chaussures trop nulles et que t’as mal aux pieds toute la journée, bah c’est relou, t’es pas à l’aise. C’est pas des conneries. »

Elle reprend une gorgée.

Change de sujet.

Aussi vite que vont les pensées.

« Pourquoi tu veux jeter les habits ? »

Le feu brûle très bien même sans eux. Il n’y a pas besoin de l’alimenter d’avantage.
Les flammes dansent devant nos visages. Réchauffe les corps, les cœurs un peu.

Elle est peut-être un peu trop curieuse, Nugget.
Un peu trop naïve, peut-être aussi un peu pompette.

Cruella emmène Clochette au pays des Merveilles [Pv : Nugget/Fin septembre/terminé] DyZeenN

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( Saint → This Way to the Egress )
Bloody Mary cligna des yeux,
Il passa la main dans ses cheveux,
La question que Clochette souleva,
Lui fit du mal, en silence, ça coupa,

Dans sa chair. Profondément. Une blessure encrée depuis si longtemps, que Terrence s'est habitué. Tant qu'on n'en parle pas, ça n'existe pas. Mais Clochette, elle pose la question, après avoir déballé son avis sur le maquillage. Elle pose la question, et c'est comme porter un coup fatal à Chantalle. Chantalle qui se meurt se fane, sous ses os. Chantalle dont il ne veut pas se séparer, ça serait le couper en deux.

Et il le faut bien.
Lui dire adieu, les yeux dans les yeux.

Bloody Mary ravala la souffrance, une gorgée d'alcool. Longue, terriblement longue ; ça contracte dans son oesophage. Il aurait avalé de la lave, ça aurait été moins effroyable. Il veut abandonner, les tissus fins, le satin, les souvenirs de Dublin. Parfois, Terrence aimerait pointer une arme sur sa tempe, appuyer sur la gâchette, et lorsque la détonation lui aurait écrasé les tympans, ça serait un réveil.

Sans elle.
(Ellui)

Et aucun moment, Bloody Mary ne montre de sentiment. Monstre d'arrogance, poupée fragmentée dans tous les sens ; on se protège comme on peu. D'autrui, de lui (elle). Il serra les dents, puis il haussa les épaules :

« J'en veux plus, c'est tout. C'est con de les mettre au feu, alors prend ce qu'il te plait, chérie. »

Un sourire, ça sauve les apparences. Et ça dit : n'avance pas plus loin, laisse-moi ce silence. Terry ne dévoilait rien de lui, quelques souvenirs pouvaient être contés, mais souvent bien déformés. Lorsqu'il avait essayé de se confier, lorsqu'il avait parlé de sa rencontre avec les deux flics à Scarf, au-delà de le tester,

Il avait eu besoin de mettre des mots.
Ce qui était arrivé, ce soir-là, ce faux
Souvenir dans son crâne, qui pulse.
Qui chaque jour, le révulse.

D'(el)lui. Mais voilà, il avait été blâmé. Bloody Mary pensait encore, qu'il l'avait cherché. L'alcool n'enlève pas les rancoeurs, l'alcool rend sa bouche sèche. Terry tira sur le joint, il se reprend vite ; ses émotions, c'est dans la boîte de Pandore qu'il les range. Tant qu'on n’ouvre pas le couvercle, ça va. Alors pour Clochette, ça ira.

« T'as de jolis yeux, Clochette, un peu de vert sur les paupières, pas besoin que ce soit le carnaval sur ta gueule, il ricana, et il reprit : et l'habit fait pas le moine, t'sais ? J'suis sorti avec des gens de tout type, de tout âge, les fringues, c'est pour toi, il commençait à dire n'importe quoi. Bref... t'es déjà sortit avec quelqu'un ? »

Bloody Mary ne savait plus trop quoi pourquoi, il demandait ça. Peut-être parce qu'il se rappelait de son adolescence, de cette fille qu'il avait tenue dans ses grands bras d'araignée, ce premier baiser, à l'abri des regards.

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Résumé:

tw : consommation de drogue + alcool

mer
veill
es.

Tu sais, elle aurait pu comprendre, Nugget.
Elle en a l’air parfois mais sur certains sujets, elle n’est pas si bête. Elle aussi, elle veut cramer son passé jusqu’à pouvoir jeter les cendres. Elle aussi, il y a des souvenirs, des morceaux entiers d’elle-même qu’elle ne voudrait plus prendre.
Elle aurait pu comprendre mais tu n’as pas envie de parler.
Elle est curieuse Nugget mais elle sait quand il ne faut pas insister. Elle sait que ce n’est pas sa place, à tes côtés. Elle sait que ce n’est pas poli et qu’elle n’est pas autorisée.

Tant pis,
elle se dit, Janvi.

Elle continue de fumer. Avachie contre le rocher.
L’alcool est dégueulasse mais, comme tout le reste, c’est devenu compliqué d’en trouver de bonne qualité. (Ils avaient raison, les survivalistes, qu’elle pense, amère.) Et quand tu parles de ses yeux, Clochette, elle baisse un peu les paupières. Ils n’ont rien de spécial, ils sont encore moins joli. C’est un compliment qu’on n’a jamais fait à Janvi.
(Ou alors, elle ne s’en souvient simplement pas.

Et c’est très probable, tu vois.)

« Mmh… »

Elle a réfléchit.
Quand tu lui as demandé. Parce qu’elle n’est plus très sûre, Janvi.
Elle sait qu’elle a déjà eu l’amour à ses côtés. Des relations qui se sont vites terminées. Mais elle ne saurait en dire le nombre, ni te prononcer les prénoms ou ses sentiments. Elle sait, qu’au fond, c’était pour se conformer, souvent elle faisait semblant.
Elle se souvient d’un seul garçon, qui lui a fait se décider que ce n’était

définitivement pas pour elle.

Et d’une fille – Cr… Crystal ? – qui était si belle. Mais c’est tout ce qu’elle avait pour elle. Alors ça n’a pas duré longtemps, et même si Janvi l’a aimé à un moment, elles ne s’entendaient pas vraiment. C’était juste pour faire semblant.
Elle ne sait plus, s’il y a eu d’autres filles après ou avant.
(Elle sait juste que— il n’y en a plus eu depuis un moment parce que beau-papa l’a appris.

Et qu’il avait dit ça ne se passera pas ainsi.)

Elle boit une gorgée. « Ouais, au moins deux fois, » elle dit au moins parce qu’elle n’est pas sûre du nombre— ah tu sais, il ne doit pas être très grand, ce nombre, mais on ne sait jamais. « C’était pas des trucs sérieux et puis ça durait pas longtemps. J’étais pas quelqu’un de très appréciée au lycée du coup j’intéressais pas trop les gens, et puis ce… ceux qui m’intéressaient ben j’étais pas faite pour eux. »

Elle pense à Blessing, soudainement, au nombre de fois qu’elle a soupiré à chacun de ses passages. À cet air béat sur son visage. Mais Blessing et elle, ça n’aurait jamais pu fonctionner, elle était trop douce et si jolie et à côté Janvi était si animale et violente et le nez toujours en sang.
Et c’est aussi le cas avec tant d’autres de visages qu’elle a oublié, sûrement.

Dans la voix, peut-être qu’il y a un peu de regret.

Peut-être qu’elle aurait aimé vivre le grand Amour, pour de vrai, être aimée.
Peut-être qu’elle aurait aimé être une de ses filles belles et mignonnes, douces, aux sourires amusés.
Peut-être qu’elle aurait aimé utiliser des jolis mots et des belles expressions pour parler.

Mais Janvi, on lui a appris trop tôt, que c’est avec les poings qu’il faut communiquer.

« ’Fin je me souviens plus très bien, c’est que ça m’a pas marqué… » ou que, comme tout le reste, elle a oublié.

Après tout, dans son passé,
tant de choses ont dû la marquer.
Rien que la tempête.
Pourtant, elle ne se souvient de rien, Nugget.

« Et toi ? C’est qui tous ses gens de tout type et tout âge ? »

Un peu de cannabis pour oublier le malaise du passé.
L’alcool qui brûle à peine la gorge pour noyer les regrets.

Cruella emmène Clochette au pays des Merveilles «Why, hello there little girl
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( Saint → This Way to the Egress )
C'est qu'il ne faut pas en parler.
Tu sais Clochette, même si tu comprenais
C'est juste lui, qui n'aime pas se dévoiler.
Sa méfiance est un mur de béton armé.
Jamais il ne s'attache, c'est prendre le risque
D'être blessé (encore), les plaies jamais
Ne se referment, elles persistent.

Alors c'est bien mieux pour Bloody Mary de ne rien raconter. De son passé, de toutes les fois, où il s'est donné. Son corps, c'était un outil ; abîmé et usé, qui se forme selon les envies d'autrui. Sa peau dissimulait une carcasse putride, ses os avaient été marqués au fer (par les coups), ses pupilles de poupées avaient vrillé (par les caresses), et son coeur, si imprenable, avait été crucifié il y a bien longtemps. Que serait-il devenu, Terry ? S'il n'avait pas fui sa famille ?

Aurait-il continué à tisser des couronnes,
Avec maman, avant que la messe ne sonne ?
Il se voit encore, déposer les fleurs sur ses cheveux.
Son roux, ça faisait une auréole de feu.
Les fleurs, c'était un diadème, il la voyait
Vivre un peu, si jolie, elle souriait.

Alors il vaut mieux ne pas en parler, Clochette, peut-être aurais-tu compris. Mais donner des mots à ce qu'il avait subi, c'était rendre les monstres trop réels. Tant de fois, Tery avait été jeté, un agneau qu'on avait étripé, et on en avait fait un loup. Il préfère qu'elle se dévoile, il préfère l'écouter, s'amuser, sentir la détresse que dissimulent les paroles. Fredda était bien pour ce genre de chose, elle trouvait toujours le conseil qu'il faut.

~~(C'est déjà arrivé, n'est-ce pas ?)~~

Bloody Mary haussa les épaules, il inspira une bouffée de cannabis, à laquelle il se rajoute une gorgée d'alcool. Le monde autour de lui devient doucereux, les flammes dansent dans ses yeux, les peines s'anéshétsient sous le souffle du joint, dans les bras brûlant de l'éthanol. Cet état, il n'aimerait jamais le quitter.

(Il en était habitué.)
(Avant de baiser.)

L'alcool qui fait passer le goût, la cigarette qu'il allume, alors que d'un coup, i(e)l se retrouve seul. Il avala sa salive, puis il expliqua, sa voix est plus grave que d'ordinaire, un peu enrouée peut-être :

« Ma première copine, mon premier copain, i(e)l devine que le sujet ne fait pas du bien à Clochette, alors (el)il fait un geste en avant pour la pousser à la confidence. Des coups d'un soir, beaucoup, genre... quand j'étais à Dublin, j'ai... baisé dans tous les sens. »

Avec des hommes, des femmes, des personnes comme lui — peut-être aurait-il dû s'attacher. Avec des clients, des clientes, les curieux, les aventureuses. Ceux qui ont besoin d'une oreille, quand lui a besoin d'oseille. Et comme le hasard est contre toi, Bloody Mary reprend ses émois ; les dès ont été jetés, il ne révélera pas ses secrets.

« Bref, c'est pas nouveau. »

Suffit d'un mot,
Et il dit oui,
Enfin, c'est gris.
Jamais vraiment blanc.
Jamais réellement noir.
Qui ne dit mot consent,
Son corps est un outil,
A tous ces soirs.

~~Où...~~

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Résumé:

tw : consommation de drogue + alcool

mer
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es.

D’ordinaire, elle n’est pas très attentive, Nugget.
Elle se perd bien trop vite dans ses pensées. Et, de la conversation, elle est déconnectée. Mais peut-être que c’est le cannabis qui aide les pensées, qui les arrête.

Elle est plus calme que d’habitude, Nugget.
Un calme dans sa tête. Qu’elle peine à avoir depuis la tempête. Peut-être que c’est pour ça qu’elle a un joint collé aux lèvres. Ça l’aide à oublier, ça rend les pensées mièvres.
Alors elle t’écoute, Nugget, silencieuse— mais tu ne parles pas beaucoup de toi. Tu te stoppes trop vite, encore une fois. Elle se demande si tu es du genre à garder des secrets. Elle se dit, que vous ne vous connaissez pas en réalité.

Peut-être que, simplement, tu ne lui fais pas confiance.

Enfin, c’est ce qu’elle pense.

Elle comprend. Elle, elle fait confiance trop rapidement.

(Elle ne l’avouera pas.
Mais peut-être qu’elle te fait confiance, à toi.)

Alors, elle reprend. « Bah… moi c’était un mec, le premier, » elle prend une gorgée, « mais c’était pas pour moi… »

Une mine un peu dégoûtée.
Tous des enculés.

« Puis j’suis sortie avec une fille, elle était jolie, » elle se souvient de ses cheveux bruns, « mais bon ça a pas duré, j’crois que c’était juste pour faire genre j’étais pas célibataire. Après je sais plus trop… mais ça durait jamais longtemps, y’avait juste pas de sentiments. »

Elle se mord la lèvre, quand elle pense à nouveau à Blessing et sa douceur. De ce qu’elle a ressenti, quand elle s’est souvenue, qu’elles ne se connaissaient pas, de cette douleur.

Nugget elle hésite, les doigts sur les lèvres, avant d’attraper le joint. « Y’avait une fille, elle me plaisait, » elle sourit, « elle était belle et très gentille avec tout le monde. Mais moi j’étais… j’étais pas quelqu’un de bien et je voulais pas que ça lui retombe dessus. Puis je sais même pas si elle s’intéresse aux filles. »

La canette est déjà presque vide.

« T’façon, mon beau-père il aurait pas voulu. »

Les souvenirs un peu livides.
Elle ne veut pas se rappeler. Du jour où il a appris et où ça a commencé. Elle ne sait même pas si elle se souvient de ça. Elle n’a pas envie d’essayer, Nugget, de toute manière ça ne sert à rien de se rappeler de ses jours-là.
Ils n’existent plus.
Les jours, beau-papa, maman, la maison— n’est-ce pas ce qu’elle a toujours voulu ?

Elle est censée être heureuse, Nugget, n’est-ce pas ?

Alors pourquoi.
Pourquoi depuis ~~avril~~ août, tout glisse entre ses doigts ?

Cruella emmène Clochette au pays des Merveilles «Why, hello there little girl
I have an eye for your red curls
I'd like to see you way upstairs up in my suite »

( Saint → This Way to the Egress )
Bloody Mary se reconnait là,
Dans les paroles de la fée Clochette,
Il voit bien, ce qui ne va pas,
Et c'est un sourire qu'il lui prête.

Un sourire, suivi d'un regard, son silence qu'il pose en elle, signifie : je comprends. Parce que lui aussi, il était passé par là. Lui aussi, il était tombé amoureux, fille et garçon, charmé et charmeur. Cela le ramenait loin, dans ses souvenirs à Dublin. Du baiser échanger après avoir prêté un joint, des caresses dans le cou, et des soupirs honteux. Puis le dégoût. Plus fort que tout.

Bloody Mary soupira, il s'enfonçait dans la mélancolie. Il reprit une bouffée de cannabis, honoré par le cadeau que Nugget lui offrait. Il sait que ce n'était pas facile, ces choses-là. Il sait qu'affronter le regard d'autrui, ce n'est pas tout. Il fallait supporter les insultes, les coups, les cris. La peur dans les entrailles, non pas pour lui. Mais pour...

« Mon père était aussi un con, déclara Bloody Mary, sa bouche se délie un peu plus - Nugget sait-elle seulement, à quel point Terry n'y arrive pas ? Se dévoiler autant ? Il ne veut pas la blesser, en racontant tout ce qu'il a traversé. Puis bon, tu sais, l'amour, ça ne fonctionne pas toujours, ce n'est pas grave. »

Mais lorsqu'on ne sait point, comment on se perçoit, comment sait-on ? Si le garçon en face l'aime ? Si la fille qui lui sourit s'attire à lui ? Il ne sait pas réconforter, sur ces choses là.

« Il n'a jamais su ce que j'avais fait, avec son cousin, mais il ne le précisa pas. Il n'a jamais réellement su, je pense pas qu'il avait des doutes, j'avais déjà eu une copine, alors un mec ? À l'époque, j'avais personne. »

À l'époque de quoi, exactement ? Terry avala une autre gorgée d'alcool. Il inspire, il gonfle la poitrine, puis il cligne des yeux.

« Merci, Clochette, déclare-t-il au bout d'un long moment, où il doit lutter pour rassembler ses pensées, afin de les renouer entre elles. De me dire ça, que... voilà... on est dans le même genre de délire. »

Ce n'était pas des mots appropriés.

« La meuf à qui j'ai fait mon coming-out, c'était une pote, on se connaissait depuis des années, tu vois ? Elle était plein de bonne volonté, mais ce n'est pas suffisant. Elle savait que j'en pinçais pour un mec, je crois qu'elle a compris, il s'appelait Jack... t'sais comme le mec dans Titanic ? Par contre, pour vouloir niquer, ça ouais. »

Bloody Mary laissa un rire, amer. Il secoua la tête, sans détailler plus ce dont il se souvenait.

« Je l'ai vite quitté, ça a duré deux mois. Quand t'es ado, tu crois qu'un je t'aime c'est pour la vie, mais dès le lendemain, tu l'oublies, ce pauvre type, ou cette fille. Puis bon, tu sais jamais, si tu peux tenter ta chance. Il y a bien... ce doute, qui subsiste, mais tu sais, Clochette. »

Bloody Mary gonfla la poitrine, un autre baiser empoisonné. Il s'étire, avant de s'allonger dans le sable. La bouteille debout sur son ventre, tenu par la main gauche, il admira le ciel gris et lourd.

« T'es pas quelqu'un de mauvais, t'as le droit d'avoir été paumé, t'as le droit d'être paumé dans ta vie, de pas savoir où t'en es avec toi-même, de te poser des questions sur ta sexualité, sur tes actions. La vérité, chérie, c'est qu'il ne faut pas prendre l'amour que tu crois mérité. Bloody Mary pense : sinon, tu finiras comme moi, brisé en mille morceaux, à les recoller maladroitement. Parce que l'amour, c'est pas un pansement que tu te fous sur tes plaies, 'kay ? Je sais pas si c'est aussi extraordinaire qu'on le dit, mais bon. Si tu voulais mériter cette fille, fallait commencer par t'aimer un peu. »

Et Bloody Mary est doux, dans l'amertume, il sait bien à quel point ça la consume. Il pense : si tu ne t'aimes pas, même un peu, tu vas finir comme moi.

À s'enticher, des mauvais garçons,
Qui prennent son coeur en rançon.
À aimer le faux plutôt que le vrai.
À se briser, ~~à se recoller,~~ à se mentir à jamais.

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tw : consommation de drogue + alcool

mer
veill
es.

Ce sont les fausses notes qui se jouent.
Oui, tout allait bien et oui, elle était heureuse Nugget, mais tout à changé d’un coup.

C’est devenu bien trop sérieux, autour de nous.

Elle aussi.
Tout est devenu plus terne pour Janvi.

Elle aimerait que ce soit le contraire et qu’elle s’amuse comme avant. Mais n’est-ce pas juste les conséquences de toutes ses erreurs passées, finalement ?
Nugget baisse les yeux. Fume d’un air envieux.
Envieuse de ceux acceptés. Envieuse de ceux qui n’ont pas à se cacher.

Envieuse de ce qui peuvent être qui ils veulent sans à se questionner.
Stresser.
Angoisser.
(Effrayée.)

« Mmh… » elle hésite un instant. « Moi, il savait. » Bien sûr qu’il savait, sinon elle ne serait pas… comme ça.

Elle y songe, Janvi, parfois—
S’il l’aurait accepté comme elle est, papa.

(Elle n’a pas vraiment compris pourquoi tu la remercies.)

« Ouais c’était pas transcendant quoi… j’m’en souviens à peine de toute façon, » elle hausse les épaules, serre dans sa main la canette, en y pensant. « Puis… ‘fin… je sais pas, j’me vois pas m’investir dans une vie de couple finalement. Ouais y’a des meufs que j’aime un peu trop mais, genre… surtout maintenant quoi, j’vois pas ça sert à quoi de se mettre en couple. »

J’vois pas ça sert à quoi de m’aimer.

« Y’aura pas de vie de famille parce que personne veut faire des gosses et on aura jamais de belle maison ou de joli mariage ou de voyage de noces incroyable. »

Peut-être qu’elle y a rêvé.
Autrefois.
Quand elle se pensait encore capable d’être aimée par quelqu’un d’autre que papa. (Mais il ne sait pas tout ce qu’elle a fait depuis qu’elle est partie— elle ne sait même pas si encore aujourd’hui, il l’aimerait.)

Et puis—
D’un coup, elle est silencieuse, Janvi. T’es pas quelqu’un de mauvais, tu dis. Mais tu ne sais même pas tout ce qu’elle a fait, toutes les brimades, toutes les insultes, toutes les menaces, tous les jeux stupides, tous les paris. Elle se dit, après tout, vous êtes des pirates, vous avez sûrement vu pire que toutes ses conneries.
Mais ça n’efface pas ses mains salies.
Ça n’efface pas toutes ses fois où elle a détruit.
Ça n’efface pas toute ses fois où face aux pauvres âmes, elle a rit.

Est-ce qu’elle a vraiment le droit d’être paumée, dis, Bloody Mary ?
C’est également ce qu’Atlantide lui avait dit. Mais elle n’aime pas être paumée, Janvi. Ça l’effraie, plus que jamais, surtout maintenant lorsqu’il lui manque quatre mois, lorsqu’il ne lui reste que l’oubli.

« Le problème c’est que je m’aime pas trop… » elle a marmonné, le regard qui fuit.

Murmuré comme un secret qu’on confie.
Murmuré comme une honte qui, depuis si longtemps, nous suit.

Si tu savais, Bloody Mary—
comme
elle
se déteste, Janvi.

C’est pour ça que, sans réfléchir, elle obéit. Elle a toujours procédé ainsi.

Elle se reprend, Janvi. « Fin bref t’façon cette fille je l’ai plus jamais revue, elle doit être claquée sûrement, » elle ment, elle l’a retrouvée Blessing, et heureusement car sinon jamais elle ne se serait jamais souvenue d’elle… « Ça me laisse le temps de devenir une meilleure personne, d’ici là que j’tombe amoureuse encore. »

Au moins, je pourrais le mériter.
Au moins, je pourrais peut-être m’aimer.

« Puis quand j’vois comment ça a fini avec mes parents, finalement, p’têt que c’est pas plus mal… »

La langue qui s’est déliée. Une taffe du joint qui va bientôt finir par se consumer.
Nugget ne sait pas si le temps avec toi passe plus vite ou plus lentement.

Un peu des deux, probablement.

Cruella emmène Clochette au pays des Merveilles «Why, hello there little girl
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( Saint → This Way to the Egress )
Bloody Mary se faisait la bonne fée de Clochette. Oreille attentive, il hochait la tête, lorsque la petite avançait ses explications. De son beau-père — crétin —, de ses amours passés et déçus, Bloody Mary s'y retrouvait, comme un oiseau de mauvaise fortune. À la réflexion sur son père, il préféra taire les faits ; son père avait démontré sa rage, envers sa mère — tant aimée —, jusqu'à hésiter où cogner. Et lui, il avait agi. Il s'était dit : ce con va taper dans le ventre. Il ne voulait pas lui apprendre la vérité, expliquer que toute l'école l'avait appris sur les réseaux sociaux, que sa sexualité avait été exposée à la vue de tous. Il y avait eu le harcèlement, les moqueries, son frère en train de se détourner lorsqu'on le tapait. Puis, il y avait eu leur père, injustement en train de chercher la fautive — sa mère. Et Terrence, seulement âgé de seize ans, qui...

Bloody Mary avala sa salive,
Ce n'est pas toi, la fautive,
C'est lui qui ne sait pas parler,
Qui ne sait pas se dévoiler.
Préférant tout renfermer,
Dans ce coeur, piétiné.
Ce maudit coeur, qu'il voudrait s'arracher.

Sa poitrine se gonfla, Bloody Mary chassa la mélancolie en buvant, et en fumant. Chaque fois que sa bouche touchait le joint, ou le goulot, c'était un Ave Maria, une délivrance vers un monde sans souffrance, une rédemption avinée, ayant plus d'épaisseur que tous les bons sentiments dont il s'était dépouillé. C'était de toi, dont il s'agissait, Clochette, pas de lui. Pas cette fois-ci.

« Dis-moi Clochette, est-ce que c'est important ? D'avoir la famille, la baraque, avec le chien, les deux chats, et le môme ? Si ce n'est pas ce que tu veux, si ce n'est pas ce dont t'as besoin, t'as pas à te prendre la tête avec ça. »

Sa voix, c'était un conte merveilleux. Pour une adolescente telle qu'elle, Bloody Mary se faisait marraine, promettant dans ses souffles qu'un jour, ça irait mieux. Oh... il ne se vantait pas de savoir si ça serait le cas, et quand elle lui dit qu'elle ne s'aime pas trop, il pouffe. Un rire de pouffe, de pétasse, dira-t-on, mais il n'y avait là pas de méchanceté ; c'est nerveux.

« Tu n'es pas la seule dans ce cas-là, Clochette, s'aimer, c'est un travail de tous les jours, lui apprit-il, drapé dans sa philosophie de comptoir. Ça vient pas comme ça, d'un claquement de doigt, faut d'abord accepter, la colère, la rancoeur, les douleurs, ce que tu as fait, ce que tu veux faire. Mais je vais t'apprendre un truc : rêve pas ce que t'es, ce que tu veux devenir, sois-le. L'amour, ça se mérite pas. Tes parents ont peut-être été merdiques, avec toi, entre eux, ça veut pas dire que t'es condamnée. Tu veux un secret, chérie ? Faut pas l'être, faut faire semblant. À force, ce faux va devenir le vrai. T'as le droit aux erreurs, et t'as le droit au bonheur. Crois-moi, ma belle, j'ai largement mérité ma place en enfer, toi, t'as du chemin à faire, alors, t'en fais pas, ça ira. Tu grandiras, tu tomberas amoureuse, de pauvres connes, à celles qui te feront rêver d'ailleurs. Profite, apprends à t'aimer, ça viendra, faut juste se pardonner. Un peu. Au début, le reste suivra. Moi, j'crois en toi, okay ? »

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tw : consommation de drogue + alcool

mer
veill
es.

Les confessions au coin d’un feu lointain.
Les travers dont elle ne parle jamais, comme par peur qu’on lui dise

tu as raison de te détester
qui pourrait t’aimer ?

Comme par peur qu’on lui confirme à quel point elle est mauvaise.
Moche à l’intérieur, pourrie avant même de pouvoir tomber de l’arbre.

Elle se dit, Nugget, en t’écoutant, qu’elle avait raison de ne pas suivre ces préjugés. Les pirates ne sont peut-être pas tous des enfoirés de première, finalement. Vous n’êtes pas tous des ivrognes qui ne savent même plus marcher droit.
C’est dur, de se détacher de ses jugements.
Elle qui a tant appris à appuyer fort sur les défauts, sur les insécurités de chacun.

Autrefois, peut-être qu’elle t’aurait traité d’ivrogne.
Autrefois, avec ses amies, peut-être que tu aurais été l’une de leur cible.

Elle se demande ce que tu aurais fait, si c’était arrivé…

Elle t’écoute, la petite Clochette. Le silence dans la voix et les dernières gouttes d’alcool qui disparaissent rapidement dans la gorge. Elle ne sait pas vraiment quoi penser, au début, parce qu’elle n’a pas l’habitude de ses discours encourageants. Elle a plutôt l’habitude de ses propres pensées qui l’assassinent dès qu’elles en ont l’occasion, lorsqu’elle ose se dire—
tout le monde à le droit au pardon.

Tout le monde sauf moi…

Et qu’elle prie, jusqu’au fond de son cœur, en espérant que ça effacera tout.

Mais effacer n’est pas la solution, pas vrai…
Non, il faut accepter. Mais comment accepter des actions qui maintenant lui donnent envie de vomir ?

Mais pourtant, dans le silence qui s’allonge, dans les flammes qui dansent encore et encore—
d’un coup, Nugget se lève ! La canette vide tombe à ses pieds sans un bruit et elle pose ses mains sur ses hanches— sur ses nouveaux habits.
(Nouveaux habits nouvelle Janvi.)

« Ouais ! J’vais m’aimer putain. »

Elle escalade le rocher derrière elle, essaie de ne pas glisser et elle se tient tout en haut (un peu en équilibre, les jambes un peu tremblantes mais elle n’a pas peur ! Elle n’a pas peur et tu vas voir, Bloody Mary, elle va s’en convaincre comme elle a essayé de le faire devant les abeilles).

C’est la voix qui se fait un peu trop forte. « J’vais devenir quelqu’un grand comme ça ! » (elle lève les mains en l’air). « Et y’a rien qui pourra m’arrêter, même pas le passé. J’en ai marre d’être triste, c’est chiant. »

Puis, elle s’accroupit doucement, cale le joint dans ses lèvres alors qu’elle pose les mains sur le rocher et qu’elle balance les jambes, qu’elle s’y installe comme on s’assied sur un trône. Reine de son petit caillou.
Peut-être reine d’un royaume plus tard.
(Reine d’elle-même un jour.)

« C’est sûr que ça va jamais s’arranger si j’fais pas un premier pas. J’avais le moral à zéro en ce moment à cause de trucs chelous mais j’me prends tellement la tête que je pense même plus à moi. Et si j’y crois pas ben forcément j’y arriverai pas. »

Elle trouvera pourquoi elle a disparu quatre mois.
Elle retrouvera ses souvenirs éparpillés.
Elle sera une grande et belle et magnifique personne.
Elle y
a
r
r
i
v
e
r
a.

Elle parle toute seule, Nugget. Elle ne sait pas vraiment où elle va.
Elle a besoin d’un peu de courage alors elle tire une taffe.

« Je pense qu’il faut commencer par se mettre des supers objectifs, tu vois ! Genre… mh… euh… ah ! Genre, disons, dans deux ans, je dégage Bones et ce sera moi ta cheffe ! Qu’est-ce que t'en dis ? »

C’est le visage sérieux pendant une ou deux secondes. Puis elle rigole, Nugget, face à l’absurdité de ses propres mots, face à ses objectifs stupides, face à ses et si j’y arrive vraiment ?, face aux idées idiotes qui lui pourtant l’animaient tant avant…
Elle se retrouve un peu, ce soir, finalement.

Cruella emmène Clochette au pays des Merveilles « My Spirits rebellious - I Can't do right when all I want to do is wrong
My Spirits rebellious - I know about the punishment, I know about the law
My Spirits rebellious - My sins cut deeper then the teeth on a saw
My Spirits rebellious - I'm the teenage curse of the monkey's paw »

( Spirit Rebllious → Alice Cooper )
La réaction de Clochette, c'était un vrai élan
Qui fait du bien, au coeur, un fort sentiment
De puissance, un rien, pourtant qui s'élance,
Et Bloody Mary, avec son âme rance,
Décide d'approuver, de glorifier,
Cet appel à s'aimer.

Alors à son tour, Terrence se redressa, des étoiles dans ses pupilles de poupée, éclairant l'adolescente sur son rocher. Quand Nugget s'anime de vie, l'on dirait une marionnette en train de se couper les fils, qui se détache de sa carcasse pour renaître. Il sourit, à chaque fois que la voix de Clochette frappe ses oreilles, Terry lève sa bouteille. Il boit chaque gorgée comme une victoire sulfureuse. Dès qu'elle clame qu'elle va s'aimer, il rugit des « AIME TOI ! », persuadé que le lendemain lui appartient. Lorsqu'elle se rassoit sur son rocher, Bloody Mary, aviné comme un Irlandais, se rapproche. Il passa un bras sur son épaule, sans se montrer intrusif.

C'est un geste qui dit beaucoup,
Qui rassure, qui murmure : je suis là.
Et il est plein d'entrain à faire de Bones un cocu.
Parce que Terry a vraiment pas de race.

Il pousse Clochette à se lever, perché lui aussi sur le rocher, Bloody Mary criait jusqu'à ce que sa gorge palpite, il hurlait à la gloire en devenir de Nugget, il l'encourageait à affronter Bones — s'il le fallait. Il lui jetait des éloges dans tous les sens, la langue déliée par l'alcool et le cannabis. Marie la bonne fée, se pencha vers Clochette, lui assurant :

« T'es la vraie reine, chérie ! DANS DEUX ANS ON BRÛLE CETTE VILLE DE MERDE ! »

Et Bloody Mary, au fond, il le pensait. Il leva encore son vin, assuré que tout irait mieux, un jour où l'autre. L'alcool baignait ses pensées dans l'espoir, si bien que Bloody Mary chanta. Il prit Nugget par le poignet, il l'attira vers lui, ses pieds s'enfouirent dans le sable, il chantait et chantait, il la faisait danser dans tous les sens. Il la relâchait pour mieux la rattraper, il agitait sa chevelure de flammes dans tous les sens. L'alcool ajoutait de la joie aux pensées noires, il transformait le monstre en animal de foire, qui joue de l'euphorie pour combler le vide. Il repassa un bras par-dessus son épaule, et il rugit :

« On les emmerde tous, ces bâtards, les mecs ! Commence par t'aimer Clochette, c'est la première pierre à ton édifice ! La... pre... première... pierre... »

Et Bloody Mary lui colla ses deux mains sur les joues, il l'embrassa sur le front, avant de la délivrer de son emprise. L'adrénaline dansait dans ses membres, ses jambes immenses s'agitaient, comme des pattes-d'araignée hystériques.

« I was born with a chip on my shoulder on a stormy night
Alright
My spirits rebellious, you tell us everything OK
No way
My spirits rebellious, we won't do anything you say
No Way
My spirits rebellious, you tell us everything alright
Tonight
Spirits rebellious, all we gonna hear is lies, lies, lies
Lies... »

Il reprit sa chanson, pointant du doigt Nugget lorsque les paroles s'y prêtaient. Il vida ce qu'il resta de la bouteille, puis il la lança le plus loin possible. Elle roula près du feu, les pirates lui lancèrent un regard alerte, et Terry leva les bras hurlant.

Bloody Mary croyait en Clochette,
Bien plus qu'en lui, dont la tête,
Était pleine de mauvaises pensées.
Du mal à faire, dont il a rêvé.
De Dublin, et de la nostalgie,
Où lui, qu'on nommait Terry,
Avait autrefois un foyer.
Fredda lui manquait.

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Résumé:

tw : consommation de drogue + alcool

mer
veill
es.

Elle descend de son rocher pour te rejoindre.
Dans ses promesses bancales et ses avenirs qu’on sait impossible. Mais ce soir, on veut quand même y croire, se détourner du passé et des questions qu’on se pose, et s’imaginer le meilleur des futurs à régner sur cette ville en ruines.
On y mettra le feu, Bloody Mary.
Comme elle a déjà mis le feu auparavant.

(Elle se fait déjà une liste de ceux qu’elle souhaite épargner.)

Les chaussures pleines de sable, elle danse avec toi. Elle adore danser, Nugget. Jusqu’à en suffoquer, jusqu’à avoir les muscles en feu et les pensées qui ne font plus aucun sens. Elle danse avec toi, Nugget, sans penser à rien, si ce n’est que ce futur si abstrait qu’on est en train de créer.
Alors dansons !

« Ouais ! On va tous les démonter quand j’m’aimerai et que j’aurai viré Bones ! »

Et il se passe quoi, si elle y croit vraiment ?

Un peu trop alcoolisée pour (ne pas) être sérieuse…

Elle continue de danser, Nugget, elle laisse parler son pic d’énergie. Comme un nouveau réveil. Elle enfonce les pieds dans le sable et elle ferme les yeux, danse au rythme de ta voix, y ajoutant des lalala ou des tududu au gré des envies.
Elle
⠀⠀danse
⠀⠀⠀⠀danse
⠀⠀⠀⠀⠀⠀danse jusqu’à tout oublier, jusqu’à s’oublier.
Ne pas penser aux regards étranges des pirates.
Rigoler et chanter jusqu’à s’écorcher la gorge. Le joint dans sa main s’est éteint mais elle n’y prête même pas attention. Elle attrape tes mains et encore elle danse danse danse avec toi, jusqu’à ne plus sentir les poumons se remplir, jusqu’à avoir la tête qui tourne.

Et puis, c’est dans le sable qu’elle se laisse tomber,

essoufflée,
fatiguée,
tout qui retombe.

Ah elle va salir ses nouveaux habits. Le sable est sec, ça devrait aller…
(Elle va en avoir dans les cheveux. Elle va en retrouver jusque dans sa cabane dans l’arbre ou alors elle va salir le sol de la poste et George ne va pas apprécier.)

Et d’un coup—
C’est comme l’illumination, des mots qui lui reviennent d’un coup dans la tête— elle avait presque oublié !

« Ah ! » elle s’écrit, en se redressant dans le sable. « En tant que future cheffe des pirates, je me dois de te prévenir ! »

Elle se relève, elle se secoue un peu et elle se rapproche de toi. Elle tente de prendre un air sérieux mais l’euphorie est trop forte— pourtant, Bloody Mary, elle te promet que ce qu’elle va te dire est totalement sérieux et que c’est loin d’être une blague.

(Un instant pour réfléchir.) « Y’a un type chelou là, avec un avion et le visage cramé, j’crois qu’il veut te tuer ! » elle prend un air choqué avant de reprendre. « Il a trop mal parlé de toi, il m’a demandé si j’te connaissais mais j’ai dit non, j’ai eu peur qu’il me tue aussi s’il savait que je te parlais ! »

Elle hoche la tête, pose ses mains sur ses hanches.

« Et il veut te tendre un piège alors attention ! Ce sera la première mission que je te donnerai en tant que cheffe des pirates : fais attention à toi ! Tombe pas dans son piège, ok ? »

Elle s’en voudrait, si tu dois te blesser.
Et ce type, il n’a pas trop l’air de t’aimer.

Mais si elle devient cheffe des pirates, alors elle doit te protéger.
Elle se demande si Bones le fait déjà… est-ce que lui, il t’aurait prévenu ?

Elle s’en fiche, dans tous les cas, elle sera meilleure que lui !

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( Spirit Rebllious → Alice Cooper )
Bloody Mary aimait danser, c'était là sa véritable nature. Danser, chanter, vivre les battements de coeur, l'adrénaline parcourant les veines. Lorsque Nugget retomba dans le sable, il fit la moue, il la contempla. Qu'elle salisse déjà les vêtements donnés ne le touchait pas, c'était des vêtements. Et puis, il était tellement euphorique que

Plus rien
N'avait d'importance.
Plus rien, dans cette morne existence,
Ne comptait.

Si ce n'était elle, qui se meurt dans ce lui, tant de fois réprouvée, tant de fois enfermée, enchaînée dans des membres osseux et des longues jambes. Terrence était un freaks. Il le savait. Et les freaks, ça chantait, ça dansait, ça amusait la galerie. ll les voyait, ces gens normaux, se terrer derrière les barreaux de la cage, croyant que le monstre était prisonnier.

Alors que pour Bloody Mary,
C'était eux, dans une cage, eux
Qui l'admiraient, le craignaient, ceux,
Qui avait fait de lui un monstre, Terry
Qui pour continuer, sous-rit, sur-vit.

Le jeune homme se laissa tomber près de Nugget, il reposa les coudes sur ses cuisses, ses longues jambes mélangées en tailleur. Il l'écouta, elle semblait se débattre avec le reste de rêve dans ses yeux, avec l'alcool dans son estomac. Bloody Mary plissa les yeux, il reconnaissait le visage dont elle parlait. Son corps se tendit, ah oui, on voulait le tuer ?

Cela le fit rire.
Rire.
Rire.

Rien de pire ne pouvait arriver, rien n'avait d'importance, dans cette morne existence. Bloody Mary se reprit, il chassa la larme au coin de l'oeil ; il était un peu fou ? Non, l'angoisse venait de se loger dans sa gorge. Elle gonflait comme une énorme tumeur dans son oesophage. Il pensa d'abord à Clochette :

« D'acc... merci chérie... Tu vas faire ce que je vais te dire, hein ? Bloody Mary se rapprocha, il fixa ses yeux délavés dans les siens, de nouveau ses grandes mains blanches se collèrent sur ses joues noires. Tu ne dois pas lui révéler que toi... et moi, on se connait... je ne sais pas ce dont il est capable, je veux pas qu'il t'arrive quelque chose, okay ? »

Bloody Mary sourit, il lui rangea ses cheveux, puis il la relâcha. Il se pencha, il récupéra l'autre canette, il l'ouvrit. Il avait pris la menace au sérieux, ce ne serait pas la première fois que ça arriverait. Ce ne serait pas non plus la dernière.

Bloody Mary pensa qu'il l'attendait,
Ce chasseur, il en ferait sa proie.
Il en avait croisé, des gars autrefois,
Ceux cherchant à souiller sa peau de lait.

Bloody Mary sourit, et ce sourire signifiait : ne t'en fais pas. À cet instant, Terry se pensait invincible, persuadé que le monde lui appartenait. Qu'un seul mot à dire, et on se jetait à ses pieds. Il s'allongea près d'elle, la canette sur son torse, et il ferma les yeux.

Je vais t'attendre, sale fils de chien.
Et des deux, ce sera moi qui survivrai.
Encore une fois.
Toujours.

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Résumé:

tw : consommation de drogue + alcool

mer
veill
es.

Tu rigoles et pendant un instant, Nugget ne comprend pas. Elle ne plaisante pas, tu sais, elle est si sérieuse, ce n’est pas une blague.
(Elle ne fait plus de blagues, Nugget.)
Mais elle finit par vite comprendre, après tout, les pirates n’ont peur de rien. Alors ce type avec son avion, il doit te paraître bien dérisoire, pas vrai ? Tu n’en feras qu’une seule bouchée, pas vrai ? Après si tu pouvais éviter de trop l’amocher, elle se sent utile avec lui…

Et puis elle te suit dans ton rire,
sans trop savoir pourquoi.

Mais d’un coup, tes mains contre ses joues, c’est le sérieux qui se refait.

Elle se concentre, Nugget— ou du moins, elle essaie.
Elle a du mal déjà quand elle est sobre mais là, le mélange explosif qui coule dans ses veines n’aide pas à poser les mots et les paroles ou à en comprendre réellement le sens. Le danger derrière. Mais ne t’inquiète pas, tu sais, elle a l’habitude de ne plus faire confiance aux autres.
Comme elle ne se fait pas confiance.
(Ah, non— on vient tout juste de dire qu’on arrêtait ça.)

« Ouais, OK, t’inquiète, » elle hoche la tête, Clochette, « quand il a parlé de toi, j’ai déjà dit que j’te connaissais pas. J’sais pas s’il m’a cru mais bon… »

Elle avait eu peur, Nugget. Alors elle avait menti.
Peut-être qu’elle a bien fait.

Elle gonfle la poitrine, fière. « Et puis t’inquiète pas pour moi, j’ai survécu à pire qu’un type bizarre avec un avion en ruines ! »

C’est la vérité, après tout, n’a-t-elle pas survécu à une tempête ou à une silhouette étrange dans une caverne ?

Mais dans les deux cas—
n’a-t-elle pas été sauvée… ?

Et puis, il n’oserait pas lui faire de mal, non… (elle espère, au fond, que s’il lève un jour la main sur elle, George viendra la venger !) Mais c’est le doute qui s’immisce dans la tête quand elle se dit mais je sais rien de lui à part qu’il te déteste fortement.

Alors elle a juste haussé les épaules.
Comme si de rien n’était.

Elle a essayé de tirer une taffe sur son joint éteint avant de s’en rendre compte.
S’est rallongée dans le sable.

Le ciel qui s’est étendu à perte de vue.

« Il commence à faire sombre… »

Qu’elle dit, sans réellement savoir quelle heure il est. Il faudrait qu’elle trouve une montre qui fonctionne, ça l’arrangerait et puis ça pourrait faire joli avec ses nouveaux habits…
(Vaguement, elle se demande, si les voitures dans lesquelles vous vivez sont confortables, plus confortables que sa petite cabane dans l’arbre.)

Cruella emmène Clochette au pays des Merveilles « My Spirits rebellious - I Can't do right when all I want to do is wrong
My Spirits rebellious - I know about the punishment, I know about the law
My Spirits rebellious - My sins cut deeper then the teeth on a saw
My Spirits rebellious - I'm the teenage curse of the monkey's paw »

( Spirit Rebllious → Alice Cooper )
« Merci Clochette. »

Sourit Bloody Mary, persuadé qu'il pourrait fare face à demi-face. Il eut un bref sourire, un ricanement nerveux. Lorsque Nugget se rapprocha, il reprit une bouffée de cannabis, il lui partagea le joint. Il contempla le ciel, la nuit en train d'avancer sur les grisailles, les ténèbres qui se déroulaient dans un amas de nuance. Il songea qu'ainsi était le monde ni blanc, ni noir, gris — comme son consentement.

Bloody Mary devait façonner un plan, néanmoins, son cerveau était trop déconnecté dans la réalité. Il se lovait dans les délires, dans la joie de vivre que la (re)naissance de Nugget avait précipitée. L'euphorie au fond du ventre, les pensées vagabondent, elles s'arrêtent parfois, avant de reprendre leurs cours ; elles lui filent entre les doigts, impossibles à saisir. Il se croit bien, heureux, là.

Bloody Mary se rappela de Fredda,
De ses boucles brunes, de son regard de jais,
De Fredda et de ce ton maternel, non pas
Autoritaire, juste un peu ferme, il le sait.
Qu'est-ce qu'elle aurait dit à Terry ?
Quels conseils donner à Bloody Mary ?

Le jouvenceau jeta un oeil à la petite fée, il battit ses longs cils roux. Il était aussi délavé de couleur qu'elle était noire, il s'habillait d'autant de teinte qu'elle préférait le neutre. C'était encore une fleur, fermée sur elle-même ; il sourit.

« T'es pas en état de rentrer, chérie, soupira Bloody Mary en se pinçant la lèvre. T'es plus défoncée que moi, meuf, c'est hors de question que je te laisse t'en aller dans un état pareil. »

Simple constat, malgré sa voix de miel, Bloody Mary ne s'attendait pas à un refus. Ses pupilles de poupées suivaient les expressions de sa figure, protectrices. Terrence se faisait grande soeur, plutôt que grand-frère — cet habit-là, comme les autres, il grattait. Il se redressa sur un coude, puis il décida :

« Tu vas crécher dans ma bagnole, t'en fais pas, tant que je serais là, aucun connard va t'approcher, sinon... »

Bloody Mary écrasa le joint entre ses poings, son sourire devint plus grand encore.

« En plus, il te faut un sac pour tes nouvelles fringues. »

Pragmatique, toujours, typique de Bloody Mary et ses nouvelles idées hallucinées. Il se redressa, sa haute silhouette se déplia dans l'horizon ténébreux. Comme une maman qui ramasse les vêtements des enfants, il déposa sur son bras replié les habits qu'il a donnés. Il les remet dans son sac, puis il désigna la décharge au loin.

« Allez viens, chérie. »

Bloody Mary la prit par le poignet, il la tira vers lui sans la ramener contre son corps.

« Il t” arrivera rien, tant que j'serais là, 'kay ? »

Bloody Mary sourit, il jeta le sac sur son épaule. Il lui tendit la main, bienveillant. Il lui donnait le choix, malgré tout, mais une partie de lui — l'adulte dissimulé sous l'alcool — jugeait que la laisser partir, dans son état, c'était dangereux. La Fée Marie veillait.

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Résumé:

» Le cadeau de Noël de Cruella à Clochette [Nugget - 24/12/2020 - Terminé]
» [FdR - 31/12] Lorsque Maléfique rencontre Cruella [PV : Calico/Terminé ]
» Saying meanwhile can't we look the other way ? [Fin Septembre ft. Scarf/Terminé]
» Again - Fin Septembre 2020 [PV : Ecstasy/Terminé]
» Stigmata - Septembre 2020 - Luci (Terminé)