La logique semble avoir disparu dans cette partie de la ville. Tout y est teinté de cet étrange sentiment de malaise, les murmures des arbres, les civilisations abîmées, cette impression de se perdre dès que l’on y pose les pieds. Pourtant, il y a cette envie irrésistible de s'aventurer un peu plus loin, s’enfoncer un peu plus dans ces morceaux de forêt, comme attirés par ce phare étrange qui continue de propager sa lumière vers un horizon dont aucun bateau ne semble revenir.

Des enseignes à l’abandon, des vitrines brisées, il ne reste plus grand-chose de ces boutiques qui nous semblaient si familières. On reconnaît parfois, des coins de rue, des cadavres de bâtiments. Il ne reste plus à ce quartier que des fragments de mémoire, souvenirs d’une vie qui nous semble alors bien trop lointaine. Et pourtant, il y a encore dans certains de ces commerces fantômes, un semblant de vie, une once d’activité. Une envie de continuer, alors que chacun de nos pas ne fait que multiplier tous ces morceaux de verre.

Zone Broken Toys •

Des bâtiments, là, comme des châteaux de cartes. Des fissures courant le long des murs, des familles entières que l’on ne croisera plus. On se réfugie comme on le peut dans ces bâtisses qui semblent tenir un peu mieux le choc que les autres. On s’accapare des espaces qui n'étaient pas les nôtres. Un manque de choix qui accroche la peau. Un confort que l’on n’aura plus. Tout a pris une teinte si grise ici, tout semble mort, tout semble vide, et la poussière de ces lieux qui vient dérober les dernières respirations de ces hommes, au souffle déjà coupé.

Zone Knights • Territoire de justice, paysage d’espoir. Vous entrez dans la zone de ces chevaliers, certes bancals, mais au cœur immense. Ici, ils sont soudés plus que de raison et s'ils tremblent un peu, c’est surement à cause de ce sol , bien plus bossu encore que leurs armures de fortunes. Des couleurs dispersées pour chasser la noirceur des cœurs, illuminer un château où l’on souhaite que chacun puisse se réfugier.

Zone Greens • Les grilles du Zoo encore couchées par la tempête annoncent l’entrée dans le territoire des greens. La structure, l'ordre et la discipline du groupe contrastent avec l’aspect sauvage des lieux. Une nature qui a repris ses pleins pouvoirs, hissant les habitations à la cime des arbres. Ici, on compose avec elle par crainte qu’elle ne se retourne de nouveau contre nous.

Zone Pirates • À l'origine de la trainée de poudre qui s'étend sur toute la ville. Chaque discussion, la moindre action, pourrait devenir la prochaine étincelle qui enflammerait Arcadia, de nouveau. On y parle fort, on rejette ceux qui ne se rangent pas sous la même bannière que nous. On se complaît à danser sur les ruines de cette ville qu’on cherche à maintenir à terre. On a fini par se croire les rois du monde, au milieu de ces carcasses de voitures, comme si elles signaient une renaissance contestée par ceux incapables de nous comprendre.

Cela fait partie de ces moments où même regarder l'horizon n’apporte plus le réconfort d'antan. Il n'y a plus d’espoir, plus de sortie de secours. Plus de place pour cette envie d’ailleurs. Il n'y a plus qu’Arcadia Bay et ses décombres, Arcadia Bay et ce sable teinté de larmes et de sang. Tout pour rappeler qu’on ne s’en sortira pas, tout pour rappeler que ce n’est plus notre monde, celui-là. Alors on regarde danser ces baleines suspendues, on s’associe à ses vagues qui s'écrasent avec force, on se résigne à croire que l’on entendra plus que le chant de ces oiseaux qui ne partiront plus jamais au large. Tout comme nous.