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(nothing hurts like the almost) (01/11)

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Mum
Mère d'une grande famille
Mère d'une grande famille
Métier sous-chef + nounou.
Avatar corazon ϟ one piece + Heath Ledger.
Mum
Mum
Mar 26 Jan - 18:39

nothing hurts like the
almost
almost
almost
La nuit est tombée depuis longtemps derrière les volets fermés.
Le son de la télévision étouffé, quelques rires et un peu de musique, la lumière des bougies à la vanille qui accompagne les reflets tremblants de l’écran. Il l’observe depuis le couloir.
Il t’observe depuis le couloir.
Le couloir chaleureux.
Rassurant.
Il a refermé la porte de la chambre sans un bruit. Avec un dernier regard à l’intérieur, dans l’obscurité.
La gorge un peu nouée pourtant— tout va bien, comme toujours.
Les photos sur les murs et le papier peint qu’on veut trop souvent changer, les papiers coloriés sur la table basse et les pantoufles près du canapé, quelques voitures en plastique égarées, un pinceau sale qu’il a oublié de ramasser, les tasses déjà vides, les bonbons et les chocolats de Halloween, et la télécommande qu’il faut taper pour qu’elle fonctionne.
Tout est à sa place.
Il reconnaît chaque détail de sa maison.
(—sa maison oui.)

Alors pourquoi ce soir…
ce soir il se sent perdu, jeté dans la nostalgie de la chaleur de son foyer, (en décalé du présent), l'impression qu'il
n’habite plus ici.

Tout est à portée de ses mains mais tout semble
si loin
impossible à rattraper,
c’est pourtant là, sous ses yeux.
Il a l’impression d’oublier quelque chose. Quelque chose d’important.
Quelqu'un.
Quelque part.


Tu as dû remarquer qu’il s’était arrêté dans l’encadrement de la porte. Ses yeux croisent les tiens au-dessus du canapé et il n’a pas besoin de le voir pour savoir que tu lui offres un sourire. Un sourire un peu inquiet parce que tu— remarques trop de détails. Parce que tu le connais trop bien.
Parce que c’est vrai qu’il est un peu étrange, à rester là, à l’entrée du salon.

« C’est la troisième fois que tu vas voir si elle dort. Ce n’est plus un bébé, tu sais. Viens t’asseoir. »

Il a eu un sourire, Darell.
S’est rapproché, finalement, a l’impression d’oublier quelque chose, c’est pour ça qu’il restait dans le couloir, s’est laissé tomber dans le canapé. Les ressorts grincent un peu. Les doigts se sont rejoints, liés ensemble, simple réflexe, il a les mains froides— il les a toujours eues ? Il croit.
Il n’est pas sûr.
Il n’est plus sûr de rien aujourd’hui.
(Tiens-moi fort et ne me lâche pas.)

« C’est juste pour être sûr, » pour être sûr qu’elle est toujours là et qu’elle respire et qu’elle n’a pas disparu dans la nuit, il faut les la compter, elle est là, elle est là, elle est là.

Tu as serré les mains avec tendresse. Le sourire a disparu.
Tu t’es penchée vers lui. La musique de la télévision couvre ton murmure mais tu es si proche qu'il t'entend clairement. (La lueur des bougies se mélange avec celle de l’écran, réconfortante.)

«  Ça va ? »

(Il t’a regardé, cligné des yeux.
Pris au dépourvu face à ton sérieux. Comme si— comme si ça n’allait pas. Ça va ? Est-ce que ça va ? Il hésite—
Ravale les angoisses qui n'ont pas leur place ici.)

Alors, il a continué de sourire. « Oui, bien sûr. Toujours, Eve. Pourquoi ?

Parce que chaque fois que je t’ai regardé aujourd’hui, tu avais l’air au bord des larmes. »

La musique s’est interrompue, moment de silence avant la page de pubs. Darell est resté silencieux un instant. Le froncement de sourcils. (La gorge nouée.) (L’impression d’oublier quelque chose de si important.) (Comme s'il se demandait vraiment si ça allait bien.) Tes mains ont lâché les siennes, trouvé son visage, passé les doigts sur les contours, sur les os et les joues, sur la peau froide encore encore encore.
Il a froid.
Pourtant il a monté le chauffage à fond. Pourtant il a mis son gilet en laine le plus épais.
Pourtant tu as partagé le plaid dans lequel tu t’étais dissimulée.
Pourtant tes mains à toi sont brûlantes.

« C’est vrai ? » il a chuchoté, la voix un peu cassée, comme s’il— s’en rendait compte maintenant, c’est vrai tu as raison, il n’a pas les pieds sur terre depuis ce matin et tout lui semble étrange, éloigné, comme s’il passait à côté de quelque chose d’important et quand il te regarde il a
mal,
comme si ça faisait une éternité qu’on ne s’était pas vu, Maeve.

(Tu as passé les pouces sur ses paupières, tu l’as forcé à fermer les yeux.) « Il s’est passé quelque chose, aujourd’hui ?

Non. Je te l’aurais dit, tu sais bien.

Qu’est-ce qui ne va pas, alors ? »

Il a haussé les épaules, l'air penaud.

(Maeve je ne comprends pas aujourd’hui
j’ai eu envie de pleurer,
toute la journée.
)

Les couleurs de la télévision lui font mal aux yeux lorsqu’il les rouvre.

(Maeve tu ne trouves pas ça étrange,
ce matin quand Ruth a appelé après
maman,
c’est moi qui me suis retourné.)

« Je sais pas. Je crois… que j’ai oublié quelque chose. »

(Et j’ai eu mal si mal quand elle a dit
p
a
p
a.
)

Oui, il a totalement oublié quelque chose, c’est ça, c’est là, c'est sûr et certain, c'est pour ça qu'il sent comme un vide entre ses côtes, qu'il a les mains si froides, qu'il réfléchit un peu trop pour trouver ce qu'il a oublié. Ça devrait être évident. Mais il ne sait même pas si c'est quelqu'un
ou quelque chose
ou quelque part,
il ne devait pas faire quelque chose… ?


Il se racle la gorge. Perd ses doigts dans tes mèches blondes. « On n’avait... on n’avait vraiment rien de prévu aujourd’hui ? »

Il a toujours été tête en l’air, tu sais. C’est toi qui lui rappelles, à chaque fois, ce que vous devez faire, dans la journée, c’est toi qui tiens les agendas et les rendez-vous à jour.

Alors, vous savez tous les deux que c’est toi qui as raison quand tu réponds. « Non, rien du tout. »

Mais pourquoi ai-je la sensation que
tout va s’effondrer,
juste parce que j'ai oublié
ce qui me semble n'être qu'un petit détail ?


C’est là, dans un coin de la tête. Ça prend de plus en plus de place. Ça semble si important. Ça semble si près pourtant il n’arrive pas à l’attraper. Il n'arrive pas à l'effleurer. Comme toi, comme vous, vous êtes là, tout près, si près et tes mains sont sur ses joues, il sent leur chaleur, alors pourquoi
pourquoi
pourquoi a-t-il si mal
comme si c’était la dernière fois.

Comme si le monde allait s’effondrer d’une minute à l’autre.

Les doutes l’étouffent.
Il se sent mal sous sa peau. Un peu incertain.

Il oublie vraiment quelque chose. Le plus important, peut-être ?

Alors, il s’est quand même levé. Pour faire taire les doutes. Arrêter de penser qu'il a une épée de Damoclès au-dessus de la nuque. Il a feuilleté les agendas sur les étagères, fébrile, agité.
(Les yeux glissent sur les photos dans les cadres posés là. Les reflets des bougies sur le verre. Les livres qu’on ouvre encore parfois. Les plantes aux couleurs vives et la terre encore un peu humide.) Et les pages de l’agenda, elles sont juste vides vides vides.
Ça devrait le rassurer.
(Mais ça a l’effet inverse.)

La musique a repris quand tu as posé ta main sur son épaule. Quand tu as jeté un coup d’œil à l’agenda. Un regard inquiet posé sur lui. Sur ses pages blanches.

« Je crois que je suis juste fatigué, » il est souvent fatigué, pas vrai ? Non il— ne l’est jamais, il croit, il ne sait plus. (Pourtant— il sait qu’il a bien dormi cette nuit.)

Tu as eu un vague sourire, patient. (Il sait que des deux— c’est toujours toi qui s’inquiètes le plus.)

« Il se fait tard. Tu devrais aller dormir. »

Les mains se sont encore retrouvées. Il répond à ton sourire, fait couler les doigts, doucement doucement doucement. Guide les bras et secoue les épaules dans un rire. Tourne en rond, avec toi,
tourner et
oublier les doutes.
Écouter la musique.
Oublier le reste. (Darell a l’impression de se réveiller.)
La télé va un peu trop fort, non ?
N'est-ce pas le silence qui dirige nos soirées, normalement ?

« Pas envie. »

(Tu as rigolé aussi.) « Mais qu’est-ce que tu fais ? »

Les pas approximatifs.
Décalés de la musique.

« Je danse avec toi.

Tu sais pas danser.

Et alors ?

Et je n’aime pas danser. »

Un rire.
Arrache un peu la gorge.
Il a guidé ta main tout doucement jusqu’à poser ses lèvres sur tes doigts, avec un clin d’œil.

« Je vais te faire aimer, alors. »

Il voit le défi au travers de ton regard. Il sait que c’est perdu d’avance, pourtant, à sa surprise, tu te laisses quand même aller à la musique et aux gestes maladroits, comme si
tu ne voulais pas briser ce moment,
parce que tu as l’impression qu’il est devenu un peu terne aujourd’hui.
Et ça ne lui ressemble pas—

(Darell dis-moi depuis quand
es-tu devenu si fort pour mettre un masque sur tes peines, pour cacher ce qu'il se passe dans ta tête, pour avoir l'air d'aller si bien et de sourire si sincèrement alors que je vois si bien dans tes yeux que
tu as juste envie de pleurer.

Darell dis-moi depuis quand
refuses-tu de me parler du trouble dans tes pensées, pourquoi fais-tu semblant alors que nous n'avons jamais eu de problème pour parler, tous les deux.

Darell dis-moi depuis quand
as-tu l'air si triste…)

Alors tu as joué le jeu. Vouloir garder les sourires et oublier les moments de faiblesse. D'accord, il se fait tard, on en parlera demain. Dansons, un peu, dans les sourires et l’odeur de la vanille, et oublions cette journée un peu étrange.
C’est toi qui mène la danse, finalement.
Tu as tordu les bras quand tu en as eu marre. Sourire espiègle.

« Va dormir. Tu te lèves tôt demain. »

Il roule des yeux.
(Oublie l’agenda et les doutes,
oublie le vide entre les poumons,
oublie cette journée un peu étrange où tout ressemble à un rêve.)

Le sourire s’est fait sincère. Il l’est toujours. « Oui maman, » oui maman ah ça lui semble— étrange, est-ce lui qui a prononcé ses mots la dernière fois ? (La dernière fois— quelle dernière fois—?) Il a l’impression qu’il oublie
vraiment
quelque chose.


(Il a aussi l’impression.
Qu’hier il ne rechignait pas autant pour aller dormir.
Mais que s’est-il passé, hier...)



On a éteint la télé. Soufflé les bougies.
Retrouvé le lit et sa douceur. La lampe de chevet allumée, observé les ombres qui dansent qui scintillent qui brillent sur ton visage. Qui se reflètent sur tes mèches, sur la peau, dans tes yeux. Il sait que tu n’aimes pas quand tes cheveux te gênent dans ton sommeil alors comme tous les soirs, il les a silencieusement tressés.
(Avec.
L’impression.
Que c’est.
La dernière fois.
Qu’il le fera.)
Trop silencieusement peut-être. Il est bavard, il l’a toujours été, et le silence n’est pas habituel chez lui— mais aucun de vous deux ne fait la remarque. Ce soir, il n’y a pas eu de chuchotements jusque trop tard dans la nuit. Ce soir, il n’y a pas eu les compliments qu’il répète si souvent mais qui sont pourtant toujours si sincères. Ce soir, il n’y a eu que des petits rires étouffés,
la peau contre la peau,
la chaleur des corps sous les draps.
Et la sensation que dès qu’il fermera les yeux— tout s’arrêtera.

Alors, il t’a serré fort contre lui.
Trop fort. Tu lui as fait la remarque. Il en a profité pour serrer plus fort encore, prétextant qu’il avait juste froid, qu’il se sentait juste un peu seul.
(Tiens-moi fort et ne me lâche surtout, surtout pas.)

La gorge toujours nouée.
L’envie de se lever pour vérifier qu’elle est toujours là.


Mais il a juste fermé les yeux.


(Et il n’a pas vu, quand minuit est arrivé.)
 
(nothing hurts like the almost) (01/11)
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