Poppy était arrivée en avance pour écouter les baleines chanter.
Elle avait joué de l'harmonica pour les accompagner, mais sa musique n'avait toujours pas l'air de plaire aux cétacés.
Alors la jeune femme avait choisi un rocher cool, haut, plat et sec, et s'y était installée pour regarder le soleil plonger vers la mer, se noyer dans son horizon mouvant. Puis elle avait attendu que la lune se lève.
En vain.  

C'était la nouvelle lune.

Le silence était tombé d'un seul coup sur Arcadia Bay. Les baleines avait cessé leur chorale lugubre, mais Poppy entendait encore le bruit de leurs gros corps caressés par le vent, et le ressac des vagues, pas loin. Il n'y avait pas beaucoup de lumières, juste la pâle clarté des étoiles qui faisait tout juste ressortir les contours des pierres autour d'elle. Quelques lueurs brillaient du côté du village, sans que Poppy puisse dire s'il s'agissait de bougies ou de lampes torches. La chineuse fourra ses mains dans les poches de son large blouson et caressa du bout des doigts le couteau éméché qui y reposait. Au cas où.  

D'ordinaire, la plage n'était pas un endroit où elle se sentait en danger. Elle y venait souvent lorsque le sommeil la fuyait, et il lui arrivait d'y passer des après-midi entier à gratter le sable pour déterrer des coquillages, des vieux bouts de canettes rouillées... Elle rêvait secrètement d'y trouver un message dans une bouteille.  
Un message du dehors.
Chhhht.

Le noir non plus ne l'effrayait pas. Enfin, pas trop. Mais d'habitude la lune l'éclairait, et elle n'avait pas rendez-vous avec une pirate.

Poppy ne traînait pas avec les forbans. Elle évitait Road of Fire et le feu de camp. Il y avait bien quelques exceptions, avec en première position Bloody Mary qui squattait la fête foraine pour une raison connue d'iel seul.e.
Moon occupait la deuxième place.
Elle avait croisé la livreuse une nuit d’insomnie, quelque jour plus tôt. Tout était allé très vite, presque naturellement. Elle cherchait des outils, Poppy s'était proposé de lui en échanger, elles avaient convenu d'un rendez-vous. Dans la besace de la chineuse dormait une boîte de clou un peu rouillés, un marteau, une collection de clé à molette de plusieurs tailles et un tournevis avec quelques embouts adaptables. Poppy essayait de ne pas penser à ce que la pirate en ferait, au fait qu'elle participait peut-être à un mauvais coup sans le savoir.
Après tout, la contrepartie était plutôt honnête.

Ankylosée d'être restée trop longtemps immobile, Poppy se releva pour s'étirer le dos et les jambes. Debout sur le rocher, les étoiles étaient soudainement plus proche. C'était rassurant de les voir encore, de nommer les constellations que sa mère lui avait appris à reconnaître. La Grande Ourse et l'étoile polaire, le grand W de Cassiopée. Maman pouvait sans doute les voir elle aussi. Mais il ne valait mieux pas y penser.
Se concentrer sur le rendez-vous.

Le sable crissa sur sa gauche. Un bruit infime qui fit pourtant sursauter la brune. Est-ce que c'était l'heure ? Sans la lune, elle ne savait plus mesurer le temps.

« Moon ? C'est toi ? »

Mieux valait parler dans le vide que se faire surprendre dans la nuit.

Poppy sursauta en entendant la voix de Moon s'élever plus proche que ce qu'elle pensait. Son ton était ouvertement railleur, un peu vexant.
Le soulagement d'avoir vu juste se mélangeait à la honte d'avoir laisser transparaître sa frayeur, et pour dissimuler son embarras, elle se laissa glisser le long de son rocher et se rapprocha de la pirate, en espérant que celle-ci n'ait rien remarqué.

Poppy ne savait pas quoi penser de la livreuse. Moon lui inspirait une sympathie agréable, bien que peut-être dictée par son besoin d'interaction sociale. Mais elle lui paraissait aussi sournoise, imprévisible comme l'eau qui dort. Poppy ne savait pas s'il fallait qu'elle se fie à ses instincts, ou si son pressentiment négatif lui venaient des aprioris qu'elle conservait envers les pirates. Dans le doute, elle préférait rester prudente.
Méfiante.

« Je ne pense pas que je risquerais grand chose. »

Elle se montrait d'avantage sûre d'elle qu'elle ne l'était en essayant de garder un ton plat. La chineuse voulait se montrer droite et forte, l'égale de son aînée. Pas sûre que cela soit très convaincant.
Les reflets roux des cheveux de Moon brillaient par éclats dans la semi-pénombre, sa peau blanche  lui conférait une lividité de fantôme. Effrayante.
Au moins Poppy pouvait-elle décrypter ses expressions. L'inverse devait s'avérer beaucoup plus ardu.

« Je ne serais pas venue sinon. » fit-elle en faisant glisser sa besace contre son ventre d'un mouvement d'épaule. Sous-entendre qu'elle aurait pu poser un lapin à la livreuse ne la dérangeait guère. Il était de notoriété publique que les rendez-vous était une chose aléatoire à Arcadia Bay. « J'ai des clous et des vis, un marteau, et différentes clés. »

Elle commença a sortir les objets de son sac. L'histoire de chacun lui revenait lorsqu'ils roulaient et s'imprimaient contre la pulpe de ses doigts. Elle avait utilisé ce marteau pour réparer sa caravane après la Tempête, au point que le manche avait pris la forme de sa paume – ou bien était-ce l'inverse ? Elle n'en avait plus besoin maintenant qu'elle en avait dégotté un autre, plus solide. Les clous et les vis venaient parfois de boites retrouvées dans les garages-atelier des maisons dévastées, mais aussi et surtout de ruines où elle les avait récupéré.
Elle suspendit ses gestes avant de sortir le tournevis. Le froid de la nuit s'était glissé dans le métal, et la froideur des outils contre sa peau nue étaient presque douloureuse.
La méfiance se rappelait à son bon souvenir.

« Montre-moi mon salaire avant que je te files le reste. »

Elle aurait aimé se montrer un peu plus confiante et joviale, vraiment. Mais elle traitait avec une pirate. Elle aurait été idiote de dévoiler son jeu aussi vite.

On l'appelait Moon parce qu'on ne la voyait que la nuit.
Ou quelque chose comme ça.
Poppy se rappelait pourtant l'avoir croisée un matin, au tout début du cataclysme. Était-ce vraiment la livreuse, cette silhouette floue aperçue près de la station-service ? Les souvenirs de la foraine demeuraient vagues, trop incertains pour y accorder un quelconque crédit. Mais dans son esprit, Moon n'était pas tout à fait une pirate. Parce qu'elle avait porté un autre surnom avant, qu'elle n'avait pas toujours officié pour les forbans. Faute d'en être sûre, Poppy n'osait pas théoriser d'avantage sur les aventures passées de son interlocutrice.  
A quoi cela lui aurait-il servi, de toute façon ? Discuter sagement ? La belle blague.

Seul importait leur petit instant suspendu sur la plage.
L'échange.

Si Poppy était restée froide, Moon s'avérait cynique et moqueuse. Peut-être était-ce sa façon à elle de se protéger, d'instaurer la bonne distance. Même si ce n'était guère agréable, cela convenait à la brune. Elle était... juste taquine. Mieux valait cela que des menaces.

La chineuse dû se pencher pour mieux voir ce que Moon avait amené. En-dessous d'un carton joliment décoré  – était-ce la pirate qui l'avait peint ? – était disposé ce pour quoi Poppy était venu. Des flacons glauques qui devaient contenir du désinfectant, de quoi renouveler son propre stock épuisé depuis quelques semaines déjà.
Avec les conditions d'hygiènes misérables dans lesquels la Tempête les avaient plongé, ne pas désinfecter ses plaies était une invite aux infections. Au vu des coupures et autres blessures qu'elle se faisait à longueur de journée, Poppy préférait parer à toute éventualités. L’hôpital n'avait pas voulu lui donner d’antiseptique sous prétextes que les stocks commençaient à diminuer, elle se tournait donc vers la concurrence. En essayant de ne surtout pas penser à la provenance de la marchandise.

Poppy ne prit pas la peine de répondre à la raillerie, mais saisit un flacon qu'elle déboucha et porta à son nez. L'odeur la fit tousser et larmoyer. Cela sentait l'alcool pur. Elle n'osa pas imaginer la douleur que ce serait sur une plaie à vif, ravala sa réflexion sur la possibilité que les pirates se saoulent avec ça – leurs estomacs auraient déjà fondu si cela avait été le cas – , et essaya tant bien que mal de reprendre contenance. A croire que le karma avait décidé de la tourner en ridicule ce soir.

« Ça ira très bien. »

Elle le diluerait plusieurs fois dans l'eau douce, cela aurait au moins le mérite de faire durer les fioles plus longtemps. Ses yeux glissèrent à nouveaux sur le bout de papier décoré alors qu'elle se penchait sur sa propre besace pour sortir le reste de sa marchandise. Il était dur de bien voir le dessin dans le noir, mais Poppy aimait bien ce qu'elle discernait, les couleurs chaudes qui s'en détachaient.

« C'est joli. » fit-elle en se redressant, le reste des outils entre les mains. « C'est toi qui as dessiné ? » demanda-t-elle en indiquant la feuille d'un signe de tête.

Elle avait parlé trop vite, n'avait pas pu ravaler sa curiosité. Ah, elle se faisait rire toute seul, Poppy. Elle qui s'était résolue à faire un troc propre et à rentrer sans plus de cérémonie... Voilà qu'elle cherchait à discuter. Pitoyable. Qu’espérait-elle au juste ?
Elle n'avait jamais eu besoin de personne pour combler le silence.

La pirate la prenait pour une imbécile.

C'est du moins ce dont Poppy avait l'impression. Elle aurait pu être en colère contre son aînée, si elle-même ne trouvait pas que l'image qu'elle renvoyait était déplorable. Elle passait pour plus naïve et décalée qu'elle ne l'était. Comme tombée de la lune.
Pour sa défense, tout lui semblait déglingué ce soir. Leurs raisons de se trouver face-à-face étaient  purement triviales, mais leur conversation glissait sur le fil d'un rasoir imaginaire.
Éclatée.
C'était peut-être pour cela qu'elle avait parlé de peinture. Pour tenter de raccrocher les morceaux, d'atteindre Moon, de mettre un peu de logique là-dedans. Diluer l'insécurité et le malaise qui commençaient à lui peser désagréablement sur l'estomac.

Elle avait grimacé face à la question railleuse de la rousse. Se mettre de l'alcool pur sur les plaies, vraiment ? Est-ce qu'elle la mettait au-défi d'endurer la douleur ? Est-ce qu'elle voulait tester son aplomb ? Poppy ne se montrerait pas aussi bête. D'aucun l'aurait trouvée ennuyeuse. Tu ne t'amuseras donc jamais ? Ce n'est pas ainsi qu'elle jouait.
Moon pensait-elle vraiment qu'elle se prêterait au jeu ? Personne ne l'aurait fait.
Personne de censé, du moins.

De toute façon, la rousse n'en avait sans doute rien à faire. Elle envoyait des piques comme elle respirait. Pour toucher, obtenir une réaction. Peut-être qu'elle n'aimait pas l'indifférence que Poppy essayait de feindre. Elle fonctionnait comme ça, par petites provocations constantes. Fatigantes.

Mais terriblement efficaces.

« Ta sollicitude me touche. Mais rassures-toi, je sais que faire de l'alcool n'a rien de compliqué. Un peu décevant pour de la sorcellerie. » Mais rien de surprenant venant des pirates. Un ramassis de cassos et de dangereux délinquants et de jolie livreuse.

Elle avait éludé la première question, mais n'avait pas pu résister à l'appel du sarcasme. Peut-être qu'elle s'ennuyait aussi un peu Poppy. Peut-être qu'elle aimait trop bavarder, que les joutes verbales lui manquait, qu'elle n'était pas si censée qu'elle voulait le faire croire. Elle voulait jouer, mais pas dans la direction que Moon indiquait, plutôt en empruntant des chemins détournés. Nul doute que la pirate saurait s'adapter.

Celle-ci semblait s'adoucir en mentionnant la peinture. Un tout petit peu. La dernière réplique décrocha un mince sourire à Poppy.

« Mais c'est ton genre, à toi... »

La chineuse attrapa la feuille d'un geste leste pour ne pas se faire interrompre, la porta devant ses yeux. Dans la pénombre, le blanc qu'avait utilisé Moon pour peindre la lune ressortait bien. Elle leva le dessin vers le ciel, le positionna entre les étoiles. Un astre de papier pour éclairer le ciel noir.  

« Ça, c'est de la magie. »

Un coup de pinceau pour transformer la nuit. Le travail d'une sorcière.

Poppy ne savait pas très bien pourquoi elle flattait la pirate. Parce que c'était la seule chose qui avait marché. Pour reprendre le contrôle. Parce qu'elle préférait l’ambiguïté à l’agressivité.
Moon était changeante, déstabilisante.
Mais elle ne lui faisait plus peur.  
Elle lui donnait envie d'en savoir plus.

« Tu trouves encore de la peinture ? » fit-elle en rendant sa feuille à la pirate. « Je pensais qu'il n'y en avait plus que chez les chevaliers. »

Dans le même temps, elle se pencha pour échanger enfin le contenu de leurs sacoches.

La pique de la rousse glissa sur Poppy comme les filaments des nuages sur les corps des baleines, tout là-haut. Elle ne jugea pas nécessaire d'y répondre.

Des moqueries et des insultes au sujet des vagabonds, elle en avait entendu des dizaines. Alors « nains », c'était presque gentil. Drôle. Et cela ne la concernait pas, de toute façon.
Poppy n'était pas une vagabonde, mais une foraine.
Différence peut-être minime, mais essentielle à ses yeux. Contrairement aux autres solitaires, elle avait une famille. Disloquée et endeuillée, plurielle et déprimée, mais une famille tout de même. Peuplée de lumières et peuplée de fous.

Non, Poppy n'avait pas saisit la réflexion derrière la moquerie, elle n'avait pas cherché à le faire. Elle avait préféré se concentrer sur le visage de la rousse, essayer de la percer à jour, juste un peu. Elle avait cru voir une pensée désagréable troubler ses traits.
Peut-être l'avait-elle imaginé.  

Alors elle avait sourit franchement en voyant la pirate se prêter à son jeu. Elle n'avait pas pris au sérieux les conséquences évoquées, l'avertissement. Elle avait simplement pensé que Moon ferait vraiment une bonne magicienne. Qu'elle serait excellente dans une pièce de théâtre à la foire, pour jouer la méchante sorcière en fait gentille.
Ou l'inverse.

Maintenant, elle savourait l'atmosphère un peu plus détendue pendant que la pirate échangeait à son tour le contenu de leurs sacoches. Elle avait l'impression que parler de la passion de Moon l'avait rendue plus aimable. Elle-même se sentait moins nerveuse, plus encline à la discussion, pas du tout offusquée que la rousse élude sa question. Elle voulait protéger son réseau – quoi de plus normal ?
Poppy craignait juste que la livreuse veuille mettre un terme à leur entrevue, alors qu'elle-même commençait tout juste à y prendre plaisir.
Sa curiosité la rattrapait, peut-être aussi sa solitude.  
Là, sous les étoiles, elle avait soudain soif de nouveauté. L'envie d'exploser sa routine, de se vider la tête et les angoisses.
Pour une fois.

« Tu peins juste comme ça... Ou tu as appris ? »

Besoin d'en savoir un peu plus. Même si la pirate faisait la modeste, la foraine trouvait que ses traits n'étaient pas totalement innocents, tracés d'une main trop sûre pour être novice.
Est-ce que Moon allait éluder ? Se dérober, encore une fois ?
Poppy n'en avait pas l'habitude : elle-même se vantait d’être franche tout le temps. Quitte à gêner. Quitte à blesser. Elle ne mentait que pour se protéger. Moon, elle, était beaucoup moins claire. Changeante et imprévisible. Chaotique. Mystérieuse. Ce serait dur à interpréter, à anticiper. Mais Poppy pouvait apprendre.
Elle se pencha pour récupérer sa besace enfin remplie de fioles, la passa sur son épaule, apprécia le poids beaucoup plus lourd.

« On marche un peu ? »

Pour continuer ensemble à lutter contre le silence.

« Ou tu as peut-être autre chose à faire ? »

Leurs chaussures crissaient contre le sable. Le son remplissait tout l'espace, se mêlait au ressac des vagues, devenait assourdissant. Il rappelait à Poppy celui des maracas qui s'agitaient autour du feu pendant les soirées festives des forains. Sa mémoire y ajoutait des échos de guitares et de chants en espagnol. La voix crépitante de Maya, éraillée par la cigarette. Ce souvenir la rassurait plus qu'il ne l'attristait.

Il rajoutait à la nuit une dimension familière.  

En suivant Moon le long de la grève, la foraine ne pouvait plus se fier qu'à sa voix pour décrypter ses intentions. C'était bien peu pour quelqu'un d'aussi flou que la pirate, mais elle devrait s'en contenter.
La rousse avait d'ailleurs éludé à nouveau sa question, se contentant d'y répondre à moitié, de passer ente les gouttes. De répondre par énigmes, comme les vieux sages dans les histoires. La brune n'avait plus qu'à élaborer des théories avec le peu d'informations dont elle disposait, alors qu'elle aurait adoré en savoir plus. Si Moon avait appris la peinture, alors où ? Avec un professeur particulier, dans une école ? Est-ce qu'elle se destinait à devenir peintre, avant ? Est-ce qu'elle espérait toujours un peu ?
Poppy imaginait que la pirate avait du avoir un Rêve, une perspective d'avenir. Cette idée attirait la chineuse comme un lampadaire les papillons de nuit. Elle qui avait toujours affronté l'avenir au lui de le dompter, que d'autres ait eu des certitudes, même minimes, lui semblait incroyable.
Tellement enviable.

Poppy se retint de soupirer. Manifestement, Moon n'aimait pas être questionnée. Comment la faire parler ? La rendre plus loquace sans la provoquer ? Sans se retrouver noyée sous son cynisme ?

« Pas sommeil. »

Voilà longtemps que les insomnies faisaient partie intégrante de son quotidien, que le noir ne signifiait plus rien. Oh, bien sûr, elle dormait sans doute davantage que la rousse. Elle ne pouvait décemment pas rivaliser avec celle qu'on avait surnommé d'après la nuit elle-même. Mais « tard », voilà bien un mot qui avait perdu toute signification pour elle.
Qu'elle heure pouvait-il bien être ? Dans le noir, sa notion du temps se brouillait.
Poppy leva la tête par réflexe, ses yeux retraçant la course de l'astre lunaire pour trouver un repère, se situer. Elle se rappela que la seule lune de cette nuit était auprès d'elle en trouvant le ciel désespérément vide.
Tant pis. Il lui faudrait attendre le soleil.

Devant elles, une jetée de pierres noires s'élançaient à l'assaut des vagues. Poppy s’agrippa aux rochers glissant pour y grimper. Dans son esprit repassaient les souvenirs d'après-midi solitaires qu'elle avait passé là pour chasser des crabes, les jours de disette.

« Je ne dors plus beaucoup. Ça me laisse plein de temps... pour faire d'autres choses. Travailler. » M'occuper. Fuir les cauchemars, surtout.

Puisque Moon ne voulait pas répondre, Poppy avait pris le parti de la faire réagir. Travailler. Voilà bien un mot trop incongru chez les pirates. La rousse allait la railler, sans doute. Poppy trouverait bien un moyen de rebondir... et de quoi nourrir sa curiosité.