Elle se souvient avoir entendu durant sa première année de fac en art que la vie d'un.e artiste doit être un puits d'inspiration pour ses oeuvres... elle s'était alors demandé si, peut-être, cette nuit de cauchemar lui était arrivée pour une raison, peut-être devait elle peindre le chaos qui restera à jamais gravé dans sa mémoire.
"Et si je rajoutais un peu de bleu..."
Après tout, elle était la meilleure. Bien que tout cela n'ait plus aucune importance, plus aucune bourse n'est à décrocher après tout. D'accord, elle avait sacrifié toute sa jeunesse en étude et cours particuliers pour être parfaite et réaliser son rêve d'enfance de partir étudier dans les plus grandes écoles d'art du monde, d'exposer ses toiles dans les galeries les plus reconnues et jouir de richesse aussi bien matérielle qu'intellectuelles, mais c'est son passé. Maintenant plus rien ne compte. Ou bien était-ce déjà le cas...
"Je savais bien que j'aurais dû faire du stock de jaune, j'en aurais jamais assez là !"
C'est vrai, depuis cette nuit là elle n'est plus la meilleure, puisqu'il n'y a plus personne pour lui exposer un classement, plus personne pour lui rappeler chaque faux pas l'éloignant de la perfection. Pendant un long moment elle tenta de peindre la tempête, mais elle n'était jamais satisfaite du résultat. Quelque chose manquait peu importe ses efforts, quelque chose qu'elle n'arrivera jamais à identifier réellement, un sentiment tout au plus. Ses parents n'étaient plus là pour l'a corriger. Pour qui est-ce qu'elle peignait cette toile déjà ? Après tout elle n'avait qu'à fermer les yeux pour revoir les événements de cette nuit, revoir les corps de ses parents inertes, un cri et ses larmes... quand avait-elle arrêté de pleurer ? A y penser, ici elle ne connaît personne qui ne pourrait visualiser le tableau qu'elle rêve de peindre juste en fermant leurs yeux, mais il semble différent malgré tout. Tant de souffrances, de regrets, de colères différentes, comment les représenter sur une toile ?
"Okay une petite touche de rouge et je pense que c'est parfait..."
Après avoir désespérément tenté de donner un sens à la tragédie, elle avait décidé de ne plus y penser du tout. Peu importe pourquoi ou comment, tout ce qu'elle savait c'est qu'après des mois sans son passé elle ne s'était jamais senti aussi libre. Et c'était bien assez comme sentiment pour oublier le reste. Pourquoi pas après tout, puisque le reste était si douloureux. Perdue entre la peine de la perte de ses parents et la joie de ne plus les subir, le regret de ne pouvoir quitter l'endroit qu'elle a toujours détesté et l'excitation d'un nouvel univers. Plus elle y pensait, et plus elle se demandait qui était la personne qui portait son nom avant tout ça, car ce n'était clairement pas elle. Elle la voit encore, cette fille de bonne famille, sage et appliquée. Un oisillon dans une cage dorée. Ce ne fut que lorsque tout fut perdu qu'elle réalisa que c'est ce dont elle avait en réalité toujours rêvé. Partir étudier à l'étranger ? Si tout ce qu'elle désirait au fond était fuir sa cage,alors la tempête en brisa les barreaux bien plus rapidement que n'importe quel diplôme. Quelle idiote elle avait été ! Subir les coups de ces adultes désabusé.es en souriant, retenant ses larmes pour ne pas décevoir, croyant devenir meilleure quand elle ne faisait que s'effacer au profit d'une poupée articulée où toustes avaient gravé leurs désirs, toustes sauf elle-même. Qui était-elle ? La meilleure ? Une prodige ? Une peste ? Une poupée ? Julia ? Ses pensées s'embrouillaient plus chaque fois qu'elle tentait de peindre la tempête, lorsqu'un jour ses mains tremblantes arrachèrent la toile pour la dernière fois quand elle décida d'abandonner. Abandonner la toile, pour toujours. Elle ne serait plus une poupée, plus d'oisillon, plus Julia.
"Et tadam! Un bouquet en pleine éclosion, dans une explosion de couleur sur carcasses de voitures abandonnées. Qu'est-ce que t'en dit ?"
Dans un monde détruit dont les ruines ne lui rappelaient que la perte de sa vie passée, elle décida d'y rajouter les couleurs qui lui avaient été volées. La dualité de ses pensées était trop insoutenable pour son cerveau, mais les bombes de peintures qu'elle avait récupérer exprimait parfaitement ses émotions. Elle avait décidé de tout gommer et recolorier, le monde autant qu'elle-même. De toute manière ça n'était pas compliqué, elle n'avait déjà plus de personnalité depuis longtemps maintenant et ce chaos nouveau lui semblait familier. En tant qu'artiste, elle avait alors décidé de recommencer entièrement, redécouvrit qui elle pouvait être. Bloom. Telle une fleur découvrant à peine le monde, elle commença à naviguer ces nouveaux décors que la ville n'avait jamais su lui offrir auparavant, trop lisse. Le monde était si triste, si monochrome déjà bien avant cette nuit-là pour elle, pour combien d'autres ? Sa vie fut si ennuyeuse en réalité, des cours, des disputes, des heures acharnées pour voir son travail piétiné, elle n'avait pas de grandes amitiés puisque tout était une compétition, elle n'avait pas de passion propre, elle n'écoutait même pas vraiment de musique si ce n'est les morceaux de musiques classiques qu'elle devait connaître pour impressionner la haute société. Mais la tempête avait brisé ses chaînes et à présent elle voyait en couleur, elle ne prenait plus la peine de s'excuser d'exister ou de respecter des règles stupides. Elle était décidée à exister pour de vrai cette fois, même s'il lui fallait encore découvrir ce que cela signifiait.
"... okay non ça manque de rouge."
Ici, balance nous plein d'anecdotes sur ton personnage. On ne veut pas seulement un petit test de personnalité, on veut du lourd, du dossier, des infos secrètes que seul Hannibal Lecteur aurait pu t'arracher sur son divan de psychiatre cannibale.
Ce que tu veux le plus au monde, consciemment ou non, c'est quoi ? Ton souhait le plus cher, le plus profond, le plus secret. La question qui vaut cher. Il n'y a pas de 50/50. Ni de coup de fils a un ami.
Et avant la tempête, c'était quoi, ton vœux le plus cher ? Partage la frustration de ces rêves et aspirations maintenant inatteignables, ces projets de vie qui n'aboutiront pas, ces désirs cachés enterrés à jamais.
