Ouvre toi sésame ~ |PANDORE|

Evelyn est jeune.
Elle s’autorise que trop souvent cette excuse à ses excès post-adolescence, car à quoi bon mener une existence si ce n’est pour se cogner le pif une fois ou deux en tentant de se construire une identité ? Celle que l’on surnomme Pandore vous affirmera, d’un rire bref et assuré, que de ce côté son processus s’achève en beauté. Elle aura même l’audace de vous regarder dans l’œil, de s’amuser à vos dépens : non, ne vous faites aucun doute à son sujet. La jeune femme s’est laissée entraîner dans une avenue compensatoire sans véritablement se donner la peine de bien mener cette quête identitaire. Elle se complaît dans les certitudes, celles, fondées de toutes pièces, qu’elle s’est construite au cours des dernières années. Qui sait ce qui l’attendrait si elle se laissait aller au doute ? Oh non, il n’y a que les faibles et les écervelés qui oscillent toujours entre deux décisions, de sa perception. Pandore préfère l’étroitesse d’esprit, dissimulée derrière une dose épaisse de déni.

Il faut dire qu’elle a un parcours particulier. Toute sa vie, ses parents l’ont façonnée selon un modèle précis dont Evelyne cherche toujours à se défaire. Pour ce faire, elle a la naïveté de croire qu’il suffit d’agir à l’inverse totale des principes familiaux, ce qui au final ne l’arrange qu’à moitié. D’enfant sage, obéissante et angoissée, elle est passée à jeune adulte aigrie, anxieuse et oppositionnelle. Toute forme d’autorité la voit se braquer très, trop rapidement. Elle s’enflamme rapidement et se sent piégée à la moindre offense : une suggestion peut provoquer ses colères aussi bien intentionnées soient-elles. Pandore la cherche, constamment, la confrontation. Elle aime, elle doit avoir raison, tant pis pour vos sentiments. De toute manière, Evelyn est un être de faits (qu’elle confond d’ailleurs très souvent avec ses propres idées, à croire qu’il s’agit du même concept). Elle cherche avant tout la vérité et le progrès, se satisfait de choses concrètes et immuables. Pelletez des nuages et elle vous ramènera rapidement sur terre : son esprit est celui de l’analyse pourtant il lui manque encore compétences à acquérir en ce sens dans le domaine social. Prompte à juger les actions des autres, elle se montre très exigeante envers autrui tout autant qu’elle-même. L’erreur est une offense impardonnable à ses yeux et sa tolérance n’en est que limitée. À ses yeux, tous sont responsables de leur sort et rien ne sert de se lamenter. Cette perspective la rend très souvent insensible aux déboires des autres. En contrepartie, elle a maîtrisé au fil des années d’excellentes techniques pédagogiques et ne rechignera jamais à enseigner son savoir à qui désire réellement l’apprendre. Elle ne s’en montrera pas douce pour autant.

Evelyn a constamment ce besoin d’être stimulée. Elle s’ennuie très rapidement et peut se montrer particulièrement lourde à certains moments. Apprendre représente un besoin fondamental chez elle; sa curiosité semble ne connaître aucune limite et aucun sujet ne la désintéresse. De cette manière, il est plutôt agréable de lui parler, même si elle peut se perdre dans des monologues concernant certains sujets, débitant inlassablement son savoir jusqu’à vous laisser un peu abasourdi et confus. Malgré ses défauts, Eve n’est pas sans charme. Elle possède un certain charisme, une énergie qui vous contamine avant de vous consumer. On ne peut la côtoyer trop longtemps sans risquer de s’y brûler : il faut dire qu’elle prend beaucoup de place. Heureusement, elle a bon cœur, trop même. Elle s’est toujours convaincu d’être la meilleure version d’elle-même, et cela passe évidemment par l’entraide à ceux qui peuvent en avoir besoin. De cette manière, elle s’entend bien avec les enfants : elle adore les amuser de ses idioties, les couvrir d’attention et d’affection. À vrai dire, Pandore est une personne en grand besoin d’amour. Elle n’est simplement pas prête à l’assumer. Elle ne sait pas toujours prononcer les paroles que vous voulez entendre, mais a tendance à vous balancer exactement ce dont vous aviez de besoin. Oui, généralement c’est plutôt douloureux au vu de sa brutale franchise.

Elle est sans détour, une jeune femme honnête à l’exception d’avec elle-même. À force de surcompenser pour s’éloigner des enseignements moraux de ses parents, elle faillit à elle-même de plus d’une manière. Ses conflits récurrents avec autrui causent chez elle un sentiment de culpabilité qu’elle n’est pas prête d’assumer parce que «de toute manière ils n’avaient qu’à pas me dire quoi faire». Elle reste influençable, car quiconque se trouve aussi décidé ne peut qu’être facilement manipulable. Elle a grandement envie de plaire malgré elle, de s’impliquer, d’être significative pour autrui, sans être en mesure d'accepter qu’on tente de l’aider en retour. Elle n’est pas prête à se laisser ouvrir tout à fait, même face à son propre jugement. Alors elle sourit, elle rigole souvent plus fort que les autres, tente souvent d’attirer l’attention de manière inappropriée. C’est un vrai fanfaron, ce n’est pas tous qui apprécient. Demandez-le et elle sera là pour vous, au détriment d’elle-même. Maladroite devant les émotions négatives, elle cherchera à vous changer les idées avant de vous consoler. Mais ne vous en faites pas, même si elle gueule trop souvent, il n’y a pas plus loyale qu’elle.



* Son tout premier crush, ça a été Hermione Granger lorsqu'elle a lu les livres concernant un certain sorcier et son pote tu-sais-qui. Il y a quelque chose chez cette nerd de la magie dont elle ne se remet pas encore.

* Evelyn a fait onze années de cours de ballet. Sans y exceller, elle se débrouillait très bien et se produisait en spectacle avec sa troupe tous les ans jusqu'à ses seize ans. Il s'agit une des nombreuses choses qu'elle a laissé derrière elle suite à son départ de la maison familiale. À présent, elle entretient un rapport amour-haine avec cette vieille passion. D'un côté, la danse représente une part des obligations que pouvaient avoir ses parents envers elle. De l'autre, Eve a profondément aimé ces années, aussi difficiles elles furent. Depuis son passage dans ce monde si particulier, elle entretient vis-à-vis son corps de nombreux complexes que ses instructeurs ont laissé marqué au fer rouge.

* Vers ses sept ans, Lyn a reçu de nombreux diagnostics au vu de ses difficultés d'apprentissage. Effectivement, elle est dyslexique et a de nombreux symptômes associés au trouble du déficit de l'attention avec impulsivité. Plusieurs ont parlé, au fil de son parcours scolaire, qu'elle serait peut-être ce qu'on appelle une personne à haut potentiel intellectuel, ce que ses parents ont nié à tort en voyant ses piètres notes.

* Pandore a simplement horreur des rongeurs depuis que le hamster d'une amie lui a sauvagement mordu la main quand elle était petite. Depuis, leurs dents là... Il suffit de les évoquer pour qu'elle se braque.

1Tu habites à Arcadia Bay ou tu étais juste de passage ? Sans être particulièrement friande de la planification à long terme, Evelyn se voyait bien rester quelques années au sein de cette ville, le temps de ses études. Elle habite le coin depuis août 2018 néanmoins elle n'a pas grandi ici.

2Tu faisais quoi avant la tempête ? Evelyn étudiait l'art et l'animation à Blackwell depuis plus d'un an. Elle vivait en colocation avec trois autres personnes dans un appartement peu recommandable qu'elle adorait pourtant. Elle passait beaucoup de temps à sortir et socialiser, à mener l'existence vaine des vieux adolescents qui préfèrent se perdre dans les fêtes et les médias sociaux pour mieux échapper à leurs problèmes. En vrai, Pandore goûtait enfin à la liberté à laquelle elle aspirait et se faisait un point d'honneur à répondre à ce principe... en faisant toutes ces bêtises interdites par ses parents par le passé.

3Quels dégâts a-t-elle fait dans ta vie ? Comment décrire un pareil choc ? Pandore aurait pu prendre très difficilement les retombées de cette tempête si elle n'en avait pas vécu une d'autant plus violentes quelques années plus tôt. Affirmer que ces événements se sont avérés sans conséquence serait d'extrapoler toutefois. Eve conserve de nombreuses fragilités psychologiques, comme un inconfort marqué lorsqu'elle se trouve dans des espaces étroits (on ne peut parler ici de phobie, bien qu'une détresse subséquente se manifeste chez elle sitôt elle y est confrontée). La jeune femme se montre désormais plus réactive aux sons plus intenses et sursaute à un rien. Elle a aussi été affectée physiquement, lors de l'éboulement de son immeuble. Son bras coincé sous les décombres a encaissé une bonne part du choc, et plus particulièrement sa main gauche qui a perdu une part de son adresse. Aussi, elle est régulièrement accablée de douleurs au bras et à la main.

4Que faisais-tu lorsque la Tempête a frappé ? Chez elle, en train de regarder Netflix de bosser sur son projet de fin de trimestre pour lequel bien entendu elle avait pris du retard. Elle séjournait donc dans sa chambre, sur son lit, lorsque la tempête a frappé et que le plafond s'est ouvert pour cracher ses débris sur elle. Coincée sous les décombres, elle a bénéficié de la force octroyée par une forte adrénaline pour se sortir de ce pétrin, dégageant son bras coincé. Heureusement, son logement se trouvant au rez-de-chaussée elle a réussi à se sortir indemne à l'instar d'une de ses colocataires. Les deux autres, de sortie, manquent toujours à l'appel.

5Tu quitterais tout pour retrouver ta vie d'avant ? [  ] OUI   [ X ] NON  

6Pourquoi et comment as-tu rejoint les Knights ? Ils l'ont trouvée, comme bien d'autres âmes en perdition, alors qu'elle oeuvrait seule et tentait de survivre du mieux qu'elle le pouvait. Au départ, ce devait être temporaire. Pandore avait trouvé un gamin sur le chemin et voyant l'accueil des Chevaliers pour l'enfant, elle baissa progressivement sa garde. Finalement, se débrouiller complètement seule ne lui plaisait pas. La sécurité offerte par ce groupe lui plu, ainsi que leur désir de justice. Elle repoussa l'échéance de son départ jusqu'à ne plus partir du tout.

7De quelles activités es-tu en charge ? En tant qu'aventurière, Pandore a la responsabilité de se lancer à la recherche de denrées destinées au bon déroulement de son groupe (nourriture et autres indispensables denrées). Autant dire qu'elle prend son travail très au sérieux malgré sa nonchalance quasi permanente. Au sein de sa communauté, elle est reconnue pour ses talents à dénicher les plus improbables objets commandés. Elle est proche des «petites mains» donc et fait très souvent des escapades à leur compte. La jeune femme apprécie se rendre utile, ainsi elle ne rechignera pas à s'occuper des petits, jouer les escortes vers des territoires plus dangereux ou autre tâche que d'autres pourraient juger ingrate. Ne lui demandez simplement pas d'être en charge de la cuisine au risque de ne pas y survivre. Heureusement, elle a d'autres talents.

8Comment se passe ton intégration au sein du groupe ? Cela dépend de la personne à qui vous posez la question. Pandore, elle, se sent parfaitement à ses aises. Son travail est apprécié, il faut dire qu'elle a du talent pour fouiner. Néanmoins d'affirmer que tous l'aiment bien au sein des Knights serait un mensonge éhonté. En raison de sa personnalité enflammée, elle vit des conflits avec certains membres de son organisation.

9Que penses-tu des autres groupes qui s'organisent ? «F' les Pirates !» qu'elle vous dirait. Plutôt drôle puisqu'on pourrait lui croire pourtant des affinités avec ce groupe en raison de son caractère et pourtant Pandore les déteste profondément. Profiter de la faiblesses autres en situation d'adversité ne gagne en rien son respect, elle se plaît donc à leur mettre des bâtons dans les roues dès que possible.

Pour ce qui est des Greens, Pan rejette totalement leurs principes. Ils forment une sorte d'autorité que la jeune fille ne peut que condamner. Elle les traite majoritairement avec mépris, bien qu'elle doit avouer qu'ils peuvent s'avérer utiles à l'occasion.


«C’est bon, on en a fini avec les questions ?»

«Tu parles, t’as carrément rien dit à ton sujet, tu penses que je vais te laisser t’en tirer à si on compte ?»

«Tu parles, je te gage que t’as rien noté de ce que j’ai pu te raconter en plus.» un sourire amusé passe sur son visage alors que l’autre se tortille sur son siège d’embarras. «Si je t’ennuie, il vaut mieux laisser tomber.»

«Non, regarde, tout est là. Mais t’as rien de très concret sur ce qui s’est passé avant. Avant tout ce beau merdier.»

«Ça n’a pas d’importance, je t’ai dit il me semble de que toute manière je ne voudrais troquer cette vie pour celle d’avant rien pour rien au monde. Genre f*** no. C’est évocateur, non ?»

«Ouais. Justement. Qu’est-ce que tu as si délicieusement laissé derrière toi ?»

«Une famille, je suppose.»

«Ah, ouais comme beaucoup d’entre nous. C’était qui tes parents ?»

Elle rigole, même si son cœur est lourd. L’afficher serait le reconnaître. Elle n’y est pas prête; elle se prête au jeu complexe et cruel de cette dissonance toujours plus profonde avec ses propres émotions et ressentis.

«Mes parents c’était… Ben mon père, d’abord. Il vient d’un milieu violent et pauvre, le genre d’endroit dont tu ne sors jamais sans y laisser une part de ton âme. Son père à lui, mon grand-père donc, c’était un vrai de vrai connard. Il s’imaginait qu’on enseignant des trucs en butant un gamin, il s’en félicitait même. C’est clair que c’est satisfaisant de cogner sur plus petit que soi quand on est un trouillard incapable d’assumer quoi ce soit. Il faisait pas que boire, le papy. Il consommait toutes sortes de trucs et mon père devait s’occuper de faignant qui le traitait comme une sous-merde. Ça a forgé son caractère, mais pas de la manière dont son père espérait. Il est pas devenu «un homme dur» comme lui. Mon père il a regardé autour de lui et il s’est dit que la seule manière de se sortir de son milieu pourri serait de se retrousser les manches. Alors il s’est investi à l’école. Il était intelligent, trop. C’était un garçon turbulent et bagarreur, mais qui acceptait toujours l’aide qu’on lui proposait. Il voulait vraiment se sortir de là. Contrairement à son putain de père, il a accepté de pleurer quand il avait de la peine, il a dit quand il avait mal, quand il avait besoin qu’on s’occupe de lui. Ça n’est pas venu tout de suite, tu vois, un enfant comme ça c’est un peu cassé. Mais il a eu des gens qui se sont occupés de lui. À seize ans, il s’est cassé de chez lui, il a pris un puis deux puis trois boulots, il a travaillé comme personne. À force de bosser dur et de se casser la gueule, il est allé à l’université où il a étudié les finances. Mon père a toujours voulu être riche. Je pense que c’était sa manière de s’assurer en lui-même qu’il réussirait vraiment.»

Elle marque une pause. Si elle en dit autant, c’est que la vie de ses parents est étroitement liée à la sienne.

«Ma mère a grandi dans un milieu différent, dans la classe moyenne, tout ce qui a de plus banal. Elle avait un rêve. Elle voulait devenir une grande danseuse de ballet. Mais tu sais ce que c’est, ce genre d’ambition. Pour la majorité des gens, ça passe ou ça casse : tu deviens le meilleur à fort prix ou alors tu laisses tomber. Il n’y a pas de chemin facile. Ma mère a décidé de bucher pour accéder à son rêve, mais elle n’y est jamais parvenue. À vingt et un ans, elle s’est retrouvée incapable de consolider un contrat de travail. Elle n’était pas assez douée, c’est tout, peu importe à quel point elle s’est démené, ça n’a pas marché. Elle a décidé de faire des études, mais c’était pas pareil pour elle. C’est un autre projet qu’elle n’a jamais terminé, puisque à l’université elle a rencontré mon père. Ils sont tombés dégueulassement amoureux l’un de l’autre, genre ils le sont encore. Et puis ma mère est tombée enceinte de mon frère Ethan et elle a tout laissé tomber pour s’occuper de lui. Mon père a pris un boulot bien payé dans une compagnie et ensemble, ils se sont convaincus qu’ils seraient bien bien heureux. Sauf qu’ils ont raté leur coup, c’est bien dommage.»

Un rire bref échappe à Pandore.

«Tu veux savoir pourquoi je me suis partie ? C’est vrai, c’est probablement des gens bien quelque part. J’ai manqué de rien dans ma vie, et Ethan non plus. Mes parents m’ont fourni tout ce dont je pouvais avoir besoin pour réussir. Ils n’étaient pas particulièrement plus stricts que d’autres, bien que certains l’ont pensé. Il y avait des choses pour lesquels j’étais parfaitement libre, mais le reste… Non, le souci c’est au niveau de leurs attentes. Ethan… Ethan y a goûté encore plus que moi. Il avait la pression d’être l’aîné, puis les choses ne se sont pas exactement bien passées pour lui de bien des manières. J’ai mis du temps à le comprendre. Mon grand frère, dans ma jeunesse, c’était à la fois cet adversaire de nombreux conflits et aussi mon modèle. Je voulais tout faire comme lui, je le trouvais tellement cool même si je ne lui aurais jamais dit. On ne s’entendait pas vraiment bien malheureusement, deux réactifs sous le même toit ça donne des flammèches. De toute manière je n’avais pas vraiment le temps de m’attarder à nos disputes ni à chercher à les régler. Ça nous aurait bien aidé ça. Non, je devais être la petite fille parfaite et cela occupait tout mon horaire. Dès mes cinq ans, j’ai fait du ballet, avant c’était le karaté et la gymnastique. Sincèrement, il n’y a rien que je n’ai pas tenté au moins quelques années. Sans parler d’excellence, mes parents avaient dans l’idée que je développe mes talents, surtout ma mère. Elle ne manquait aucun spectacle de ballet. Si j’avais l’occasion de laisser tomber un truc ou deux, la danse n’était simplement pas une option. Même très petite, elle contrôlait ce que je pouvais manger pour s’assurer que je conserve le physique nécessaire à son art. Son art, ouais. Pas le mien. C’était son rêve et elle le projetait en moi. La majorité du temps, le ballet nous rassemblait, c’était notre moment privilégié, tu vois ? Mais à d’autres, elle dévoilait ses véritables couleurs pour si peu je me risquais à l’erreur. Je ne me permettais pas de me tromper, surtout pas devant elle. Je pense que j’avais un peu peur.»

Pandore frissonne. L’autre ne relève pas pourtant quelque chose dans son discours l’inquiète un peu. Sans avoir été victime d’abus, il ne fait aucun doute que la jeune femme a souffert de son contexte familial, d’apparence banal. Aucune famille n’est dénuée de ses problèmes et celle de la blonde ne fait pas exception de toute évidence.

«À l’école, j’avais des notes vraiment peu satisfaisantes. Surtout dans les premières années. Apprendre à lire s’est montré compliqué parce que je mélangeais les lettres. Je m’opposais souvent très vivement à mes parents pour les devoirs et à l’école je faisais des crises assez importantes aussi pour que quelques spécialistes se penchent sur la question. Il n’y a jamais eu vraiment consensus, mais plusieurs ont suggéré des trucs. C’était comme aller à la pêche au diagnostic, mais mes parents n’ont rien voulu entendre hormis la dyslexie qui ne faisait aucun doute. Ils avaient déjà accepté avoir un enfant avec un déficit de l’attention, alors pas question que leur fille ne soit de la même veine. Ouais, mon frère l’a eu plus difficile encore. Il était en échec alors que pourtant il était loin d’être con. Très loin même. Mais rien à faire pour qu’il reste assis en classe. C’était un jeune stressé, nerveux, très réactif et donc très souvent impliqué dans des conflits. Il ne se mêlait jamais de ce qui ne le regardait pas. Il a été victime d’intimidation, ça a pris des ampleurs assez graves. Une fois, ils étaient quatre autres enfants dessus à le tabasser. Il s’est fâché et a fracassé une bouteille sur la tête d’un d’entre eux. Après, ils ont dit d’Ethan qu’il était violent et dangereux. C’était de la foutaise, mais mes parents y ont cru. À partir de ce moment-là, il a dégringolé. J’ai essayé de l’aider. Je te jure j’ai essayé.»

Alors que son regard se voile de larmes, son interlocuteur devine qu’il y a plus à cette histoire, plus que ce que Pandore n’aimerait le dévoiler. Absorbée par son propre récit, elle ne réalise pas s’ouvrir sur ses jardins secrets, sur les parts les plus inavouées d’elle-même.

«J’ai eu de l’aide à l’école, ça a été mieux. Je m’ennuyais ferme en cours, les autres élèves me paraissaient beaucoup trop lent. Je m’agaçais de faire les démarches et toutes les autres techniques enseignées par les profs, à quoi ça pouvait servir ? Je savais déjà la réponse, je n’avais pas besoin de m’y attarder pendant des heures pour l’expliquer. J’imagine que je n’étais pas exactement l’enfant la plus facile, mais ça n’avait rien à voir avec Ethan. Puis j’étais polie, respectueuse, créative et intéressée. J’avais un cercle d’amis de plus en plus étendu à mesure que je grandissais. J’étais la reine du lycée, haha. Ne me regarde pas comme ça, c’est vrai ! Miss populaire ! Encore une fois, j’étais trop occupée à être ce qu’on attendait de moi pour voir que je n’étais pas réellement moi-même, tant devant mes amis que mes parents. Je faisais ce qu’on me demandait, c’est tout. Ça m’avait réussi jusqu’à présent. Même si j’angoissais au point de me rendre malade tant je voulais réussir tout ce que j’entreprenais. Même si je souffrais de graves problèmes gastriques et de sommeil. Même s’il y avait des jours où je peinais à sourire, et d’autres même à me lever.»

Elle se tait. L’autre, un instant, pense que c’est définitif. Le malaise grimpe en lui, atteint son paroxysme. Le silence dans lequel Pandore s’est muté l’effraie.

«I-il s’est passé quoi ?»

«Mon frère s’est suicidé.»

Le verdict tombe avec une violence inouïe. La jeune femme ne le regarde plus, pourtant elle reste auprès de lui. Ses doigts enserrent ses genoux, ses phalanges blanchies.

«Je… je suis désolé.»

«Ouais. Moi aussi. Ethan a été malheureux toute sa vie à tenter de plaire à nos parents et eux… Ils ont essayé de faire comme si de rien n’était. Je suppose que c’était leur manière de gérer les choses mais moi… J’étais en colère. Et… mon dieu tellement en détresse. J’avais seize ans et on m’annonçait que mon frère ne serait plus jamais là. Je me suis sentie coupable et… perdue. Comment tu peux faire du sens d’un décès aussi soudain, aussi brutal ? C’était comme un coup de couteau en plein dans le ventre. Je voulais… je ne sais pas. J’aurais voulu qu’on en cause tous ensemble, qu’on le pleure, qu’on hurle. Mais il n’y avait rien d’autre qu’un profond silence. C’est là que j’en ai eu marre. Une à une, j’ai rejeté leurs «commandes». Je suis restée tard à des soirées, j’ai fait la fête, j’ai arrêté de me casser la tête avec mes notes pour les satisfaire et j’ai laissé tomber le ballet et toutes mes activités parascolaires. Ma mère a fait une crise monumentale et je l’ai envoyé paître. La situation à la maison était insoutenable. Plus ils tentaient de resserrer leurs attentes, plus je leur échappais. En tout cas, dès que j’ai pu, j’ai tout quitté avec une amie. On est venues s’installer ici à Arcadia Bay. Puis le reste, je suppose que tu le sais.»

«Je suppose ouais.»

Ainsi ils restent, longuement, dans un profond silence.

Piou ! Ici Golden ! Une vieille de la vieille sur les fofos qui bahhhh du coup aime RP xD Je sais pas trop quoi rajouter alors wala