[13/07] 11:37

11:37

il est 11:37
c'est ce que dit ma montre au bracelet en crocodile, en alligator, en toc, en plastique.
il y a tellement de choses qui arrivent en une minute.
mes pensées sont toujours libres mais elles ont appris à se calmer, mes phrases ont plus de sens elles ont des virgules et parfois même on peut y caser un ou deux souffles
c'est le temps que je prends pour compter les bruits de bateau
il est déjà si tard (dans ma vie)
je crois que j'en suis heureux.
c'est si flou ah mais pas déjà alzheimer, non, ça sera pour plus tard encore, c'est juste le son de l'eau qui m'hypnotise
il est presque midi et le cadrant dit qu'on est en mars, ah quelle belle journée ensoleillée pour un pré-été
de toutes façons, on sait bien qu'il n'y a plus de saisons
j'essaie de recycler tout comme il faut mais allez dire ça à des enfants de quinze ans
j'espère que je suis un bon père.
enfin, je veux dire, je ne sais pas où ils sont alors j'imagine
que la réponse est non
ah.
assis sur un banc, à respirer un semblant de sonora
le froid de l'amérique n'est plus pour moi
mes vieux os ont besoin de chaud et
dès que l'automne reviendra, on
s'en ira chez papa
à lima.
ah.
non,
il n'est plus là.
mais il y aura tout son héritage
toute son identité oh ses jolis mots et
ses encore plus belles idées valeurs vertus
ne t'inquiètes pas, je t'appellerai abuelito si
ça peut te faire sourire tout là-haut, au paradis
au-dessus des baleines encore, plus loin que la lune
je sais que tu veilles sur moi, et crois-moi : je vais bien
je vais bien
il est 11:37
et nous sommes en mars
j'ai perdu le compte des années
je crois que ça ne m'importe plus.

Spoiler:

INTERVENTION

Il s'est baladé, beaucoup. Il a couru, dans tous les sens, jusqu'à ce que les jambes fatiguent. Il sait qu'une part de lui est déjà loin. Il sait qu'une part de lui ne sera jamais là. Et alors que les autres s'amusent, alors que les autres s'éparpillent, lui suit les chemins tout tracés vers la côte. Bien plus calme, que tous les autres. Il dessine la tristesse du bout du doigt lorsqu'apparaît l'horizon. Pourquoi est ce que ça fait pleurer les yeux déjà ? Il ne sait plus vraiment. Mais il a besoin, besoin de venir ici. Encore. Toujours.
Les jambes sont si courtes et les rides sont effacées. Mais le cœur en bandoulière, les souvenirs, eux, on ne sait quoi en faire.
Il y a un grand monsieur. Il rappelle les hauteurs du ciel que l'on pouvait toucher.
Il est grand, ce monsieur, et son regard lui aussi, semble se perdre.
Il n'est pas comme les autres. Lui, il n'a pas envie de jouer.
Lui il est seulement triste. Si triste que lorsqu'il s'approche, le cœur a un peu trop envie de pleurer.
Tire sur les manches d'une veste bien trop grande.
Se raccroche à ce qu'il peut.
Mais ici, il n'y a que toi, et des bateaux qui tangent.

" Toi aussi tu vas partir au large ? Tu es capitaine ? "

Est ce que tu vas t'en aller.
Est ce que tu vas revenir.
Est ce que je dois pleurer.

• Alors que tu es près de la plage et que le bruit des bateaux se fait entendre, c'est un enfant qui vient te rejoindre. Il a 7 ans et n'est pas très grand. Il porte une veste bien trop grande et une chemise qui l'est tout autant. Pas de pantalon, il l'a surement perdu en route.
• Il a l'air très triste, semble avoir déjà pleurer avant d'arriver ici. Il a l'air à fleur de peau.

i'm right there

il est 11:37
le calme se retire, un peu, juste un peu
il reste présent malgré son arrivée
les yeux rouges, les habits trop grands, l'air triste
on aurait pu être pareils dans une autre vie
bonjour un sourire faible, de ceux qui ne veulent pas faire peur et qui disent quand même bienvenue (ici tu peux rester ici tout ira bien ici promis il ne t'arrivera rien)
la question est directe
elle vise droit le cœur
il est seul
il ne faut pas qu'il le reste
je n'ai pas l'intention de partir, non. ce n'est pas un mensonge, non
je ne peux pas partir, pas tout de suite
plus tard
quand je saurais qu'ils vont bien, qu'ils sont heureux et qu'ils savent continuer de l'être
(la chaire de ma chaire, le sang de mon sang ; où sont-ils ?)
tu veux t’asseoir un peu avec moi ? c'est une proposition
derrière il y a toute l'inquiétude que j'ai pour lui (pour eux)
il a l'air si ravagé, perdu, cassé ; je sais que quelque chose ne tourne pas rond
si ce n'est moi, ce n'est pas grave
mais lui
j'ai envie de le prendre dans mes bras (mais pas de le faire fuir)
j'ai milles questions à lui poser (mais je ne veux pas le braquer)
j'ai des histoires à raconter (mais d'abord les siennes)
tu aimes la mer ? je ne crois pas, mais je préfère l'entendre de ta bouche, de tes mots, de tes idées
je veux que tu penses à des choses normales, des choses avec du sens, loin du chaos qui s'installe partout (jusque loin dans ton cœur)
ou peut-être que tu préfères le ciel ?
dis-moi ce que tu aimes.

Spoiler:

INTERVENTION

Ah oui. Il a oublié de dire bonjour. Ce n'est pourtant pas lui d'habitude qui néglige les politesses. Il y est même plutôt attaché. Bonjours, merci, s'il vous plait. Il m'aime pas les gens qui ne font pas cet effort la d'habitude. Il aime beaucoup moins les au revoir, cependant. Pourtant, on avait l'habitude de les formuler , si souvent, sans jamais savoir combien de temps il y aurait jusqu'au prochain Bonjour.
Il se rattrape, te le donne à toi.

" Oui pardon, bonjour." Balbutie un petit peu.

Tu dis que tu restes et il y a un sourire qui se dessine un peu. Tant mieux.
Alors on peut rester à deux. Un moment. Un petit peu.
Le temps que la mer du cœur se calme, de ravaler les vagues qui on glissés sur les joues. On essuie un peu le visage.
En seul réponse il s'installe, ses pieds ne touchent pas le sol pourtant on ne les balances pas, on se fait calme. On se fait sage. Pas trop proche et pas trop loin de toi. Les yeux toujours fixés sur la mer. Tu la mentionnes et l'on n'est plus sur de l'aimer tant que ça. On lui en veux un peu. Pourtant tu sais, il y revient toujours. Il y revient tous les jours.
Qu'est ce qu'il attend déjà ?

" Je ne sais pas."

Et puis d'un coup c'est la peine qu'on chasse. Les sourires que l'on t'adresse, innocent, comme si l'on venait de se rappeler de quelque chose.

"Mais je sais super bien faire les avions en papier par contre ! Tu veux j'te montre ? Ca doit bien voler d'ici ! "

i'm not going anywhere

il est 11:37
ce n'est plus si grave de ne pas dire bonjour
je crois qu'on le dit de plein de manières différentes (en lançant un regard en demandant de l'aide en essayant d'ignorer le temps qui passe)
alors je souris quand tu te penses fautif, et ça veut dire c'est pas grave ou alors peut-être j'accepte, ça dépend de quel tord tu te peins
ça fait du bien de voir que toi aussi tu sais encore saluer le bonheur (ça, on le fait à chaque fois qu'on grave une demi-lune sur nos visages)
ça fait du bien de voir que tu acceptes de discuter de parler de peut-être te laisser te calmer ou alors de pardonner ou encore de respirer
je sais que c'est compliqué quand on a que sept années et que le monde nous demande toute la sagesse de la terre
je sais des choses que seulement les vieilles personnes savent, et il y a d'autres choses que je dois encore apprendre mais j'essayerai de faire du mieux que je peux
je te le promets.
ce n'est pas grave de ne pas savoir
moi j'ai pas su pendant longtemps
et je ne sais même pas de quoi je parle
oh, oui ! tu peux m'apprendre tu penses ? je dois avoir quelques feuilles sur moi, attends voir ... avec le vent, ils iront peut-être jusqu'à l'autre bout de la baie ! c'est un mensonge mais
c'est pour t'apprendre à viser haut
c'est une vieille phrase d'un autre temps :
convoite la lune ; et même si tu échoues, tu atterrira dans les étoiles
en attendant, je fouille mes poches pour trouver du papier

Spoiler:

INTERVENTION

Il parle comme les grands qui ont trop vécu. Il parle comme les grands qui ont un peu mal, en dedans. Et une seconde, tu te dis que tu connais bien ce sentiment. Celui des peines qui s'accumulent et des sourires que l'on offrent pourtant.
C'est pas grave.
Rien ne l'est vraiment.
Vivre, c'est déjà si compliqué. Alors avec le reste, on essaie de composer.
Il y a des questions qui viennent se heurter au bord de la langue.
Et toi.
Et toi, toi, toi.
Est ce que tu aimerais qu'on te le dise.
Toi, toi, toi.
Est ce que parfois tu te sens coupable.
Toi, toi, toi.
Est ce que tu réclames le pardon.

Ça a débordé, et dans l’écume des mots qui ne savent pas se taire, il a formulé à moitié.

" Ca ne l'est jamais. Tu as le droit." Toi aussi.

Tu as le droit de tout.
Tu as le droit d’être toi.
Et tout ce que tu ne sais pas, tu n'as qu'a l'apprendre.
Tout ce qui te sembles loin, tu n'as qu'a t'en rapprocher.

Et puis les ombres d'un autre, trop vite balayé sur le rivage.
Tu cherches. Et le cœur s'emporte comme si il avait véritablement sept ans.
Peut être que cela manque.
Ces moments.

" Attend attend ! Moi j'en ai plein plein pleiiiiin."

Et les deux mains dans les poches, on les plonge au plus loin. On en sort de toutes les tailles de toutes les formes. Toutes les couleurs.

" Tiens choisi ! Pour bien réussir, faut prendre celui que tu préfères ! C'est comme ça que ça vole le mieux. C'est ça la première leçon."

Pose sur le banc entre toi et lui, installe sans préavis les morceaux de vous. De plies a prendre. A faire. Pour que l'on s'envole au loin.

i'm with you

il est 11:37
et pourtant les minutes n'ont pas l'air longues
elles ont l'air d'être normales, pour une fois, et je crois
que ça ne m'est jamais arrivé -je veux dire, quand on pense au temps, c'est parce qu'il est détraqué
mais là, tu vois, ça a l'air logique. comme si tout se complétait.
tes mots sages et ma montre cassée
les années sur mon dos et tes vêtements trop grands
je sais.
c'est ça le pire.
je sais que ce n'est pas grave et pourtant, toujours, encore
j'aurais dû mieux faire
pas éternel insatisfait, non, plutôt
éternel optimiste
j'ai appris avec les années que c'était surtout pour moi que j'aidais les autres
parfois j'ai encore du mal à tout comprendre
comment on peut tourner l'altruisme en égoïsme
mais c'est là la vérité. acharnement malsain. s'occuper l'esprit et les mains.
alors je sais, oui, mais je ne m'en donne jamais le droit.
heureux soit le moi qui ne le sait pas encore,
parce qu'aujourd'hui oh je suis trop vieux pour changer le monde, et je crois que ça me tue un peu.
ah, hé bien alors je vais prendre le froissé, là, avec le fluo vert.
on dirait qu'il a vécu, comme moi
comme nous
tu sais lequel tu vas prendre, toi ?
celui qui ira le plus loin, probablement
loin loin loin d'ici
c'est tout ce que je te souhaite.

Spoiler:

INTERVENTION

Il te laisse choisir dans les papiers éparpillés. Il laisse toujours les gens choisir, pour tout. Il n'impose pas beaucoup de chose tu sais. Déjà quand il avait cette age véritablement, il attendait sagement que tout le monde ait choisi pour faire son choix à lui.

On s'impose tellement de chose, tu ne crois pas ? Le poids sur les épaule est déjà si grand.
Le monde nous clou a des destinés que l'on ne peut choisir qu'a moitié, et dans notre cas ne trouves tu pas que les chants qui en ressortent sont bien trop macabres ?

Il n'impose rien.
Il se fait même curieux.
Impatient des chemins que les autres emprunteront.
De ce qui composera ce qu'ils vont devenir.
Tu sais, les gens sont beaux.
Peu importe combien le cœur est touché de noirceur.

Il est sur. Certain.
Qu'il y a toujours quelque chose a trouver de bon.

Lorsqu'il te voit, prendre soin d'un age qui n'est pas vraiment le sien. Qui ne l'est plus, depuis trop longtemps.

Il en est sur. Certain.
Tu es une belle personne.
Peut importe les ombres qui sont les tiennes.
Peut importe combien tu te sens froisé.
Hier, demain ou aujourd'hui.

" Du fluo ? Oh "

Il s'approche plus encore. Regarde ce qu'il y a la surface.
On a tant mit en couleur les pages qu'elles n'ont plus grand chose de blanc.
Tout était bon à prendre.
Tout avait l'air fabuleux.
C’était quel voyage, celui la ? Il en a fait tant.

Le sourire est un peu triste, mais aucune larmes, tu vois.
On est grand. On s'en sors bien.

Tu vois Lowel, on est jamais vraiment seul.

" Je vais prendre celui là, je l'aime bien, il y a des dessins des plages. Ca fera jolie quand ca s'envolera."
Loin, loin du cœur.

• Sur la feuille que tu as pris, comme des notes de voyages, il est difficile de dire quel pays (Australie) mais les informations sont d'une précision certaine pourtant. Des notes semblent avoir était ajoutées dans les marges, de deux mains différentes. Une semblant donner ses impressions du moment à l’intention de quelqu'un. L'autre prenant des notes un peu plus abstraites qu'il est dur d'analyser pour le moment. (Cette écriture semble différente de la personne qui a écrit premièrement sur ce papier.)

i'm with you.

il est 11:37
et je choisis du fluo comme quand j'étais encore étudiant ; alpagué par l'idée d'avoir des notes bien organisées déjà relues juste à lire et comprendre pour apprendre
c'est pas comme ça en vrai, hein ?
j'ai jamais été mauvais élève
j'ai jamais eu trop à réfléchir
j'ai jamais souffert des cours qu'on dispensait dans des salles de classe
et pour le reste -j'espère que toi, gamin, tu as pu apprendre différemment
on s'impose beaucoup de choses, oui
parfois on ne s'en rend même plus compte
est-ce que j'ai vraiment choisi une feuille ? ou que j'ai juste fait ce que tu m'as dit ? est-ce que j'ai pensé à ce que tu pensera ? est-ce que j'ai regardé leurs tailles est-ce que je les ai jugées sans même en avoir besoin ?
je crois que oui, et non, et oui aussi, et peut-être plutôt, et probablement mais enfin
qu'en sait-on
je sais juste que je suis d'accord avec toi
les gens sont beaux
même ceux qui se pensent les plus laids
j'ai essayé
j'ai vraiment essayé, tu sais, pendant toutes ces années
de leur faire réaliser tout ce qu'il y avait dans leurs pensées
et si elle se trouve partout, la beauté
je dois te prévenir : certains refusent de la trouver, de l'accepter, de l'assumer
je m'y suis cassé des dents, des os, des cœurs
je ne regrette aucune de mes blessures mais j'aimerais que tu fasses attention
ça sera très beau, probablement, oui ! tu voudrais qu'il vole jusqu'où, ton avion ?
parce que parfois quand on a des bouts qui s'envolent ils nous rendent aveugles ils nous griffent le visage et on devient un peu plus laids et on dit des choses qu'on ne pense pas
quand je vois les bouts de pages, arrachées froissées abîmées et pourtant si délicatement écrites, je n'ai que des questions sur le bout de la langue mais ah
ça sera pour plus tard
une autre fois peut-être
quand ton myocarde sera aussi calme qu'une mer sans lune
je t'écoute pour les instructions, chef
(illusion)

Spoiler:

INTERVENTION

Tu as l'air triste.
Tu n'en montres pas grand chose pas vrai ?
Alors vous êtes un peu pareil.
Tu le caches mieux que lui pourtant aujourd'hui.

" Mmmm " Il réfléchit. Attrape son menton et fronce les sourcils. Il réfléchit fort. "Jusqu’à l'infini ! "

Les bras qu'il lève en un coup sous l'impulsion se rabattent bien vite contre lui, laisse retomber les manches bien trop grandes.

" Mais ça va être compliqué un peu, l'infini ça fait loin.... et puis tu sais, il disait toujours... ce n'est pas la destination qui à d'importance. C'est le voyage!"

Et lui pourtant, il n'est jamais allé nul part.
Il n'a jamais ressenti ce besoin de partir, ce besoin d'en vivre.
Il avait déjà tout ici.
Les horizons étaient moins exotiques mais ce n'est pas grave.
On se plaisant tant à lire ce que lui pouvait explorer.
On a tant imaginé en s'inspirant de ses mots.

" Alors tu vois d'abord on la plie en deux comme ça ! Et puis ensuite on va prendre les rebords, ceux là !"

Il montre avec le sien, attend que tu l'imites pour continuer d'avancer. Ça se voit qu'il est habitué à en faire. Habitué à expliquer. Mais entre deux étapes, c'est sur toi qu'il se concentre un peu. Il a toujours préféré les histoires des autres.

" Et toi, il y a un endroit où tu voudrais que ton avion arrive ? "

Est ce qu'il y a un endroit qui te tiens à cœur ? Un endroit où tu voudrais t'envoler pour avoir le cœur un peu plus léger.

i'll take you to the sun

il est 11:37
je ne suis pas vraiment triste
pas vraiment
disons que j'ai le bonheur tranquille
il n'a pas besoin de feux d'artifice et de grands orchestres
il se cache dans les choses les plus petites comme s'il avait décidé qu'il n'avait pas besoin de soleil comme si les endroits les plus cachés lui plaisaient plus comme s'il n'avait pas forcément envie d'être sur le devant de la scène
mais crois-moi, ce n'est pas pour autant que, lui aussi, il ne veut pas aller jusqu'à l'infini
un éclat de rire
lâché dans l'air
il s'y trouve probablement aussi, caché dans quelques fréquences frissonnantes
et qui sait jusqu'où iront ces ondes ? moi je te le dis : aussi loin que ton avion
aussi loin qu'on voudra
(on pourra)
l'infini, ça ferait un voyage sans fin. et d'après ton adage, ça serait très intéressant. ça me plaît bien, l'infini
ça me va, alors allons-y
je prends ma feuille (mon ticket)
appliquée contre le dur du banc (bien plié juste comme il vient de l'enseigner)
il y a un endroit, oui. c'est là où mon papa est né. j'aimerais prendre des nouvelles. présenter mes enfants. c'est très beau, là-bas, mais je crois que je veux surtout voir des gens plutôt que des endroits. mais peut-être que là-bas
dans l'infini
il y a d'autres gens
bien plus intéressants.

Spoiler:

INTERVENTION

Ta logique, tu sais, elle sonne délicatement à son oreille, comme des mots qui font sens, des propos entendu ailleurs. Ces phrases qui ont le pouvoir d’apaiser les tumultes en un instant.
L'infini, ça parait alors idéale. Ne jamais avoir a se stopper, ne jamais voir les arrivés. Jamais, jamais de fin aux courses folles.

Il continue de t’écouter parler, bois chacune de tes paroles sans en laisser la moindre goutte, pourtant il ne perd pas le fil, continue a s'appliquer, se fait lent pour que tu ne manques aucune étape de la construction de vos avions.

Les doigts lisent les plis dans un geste impeccable.
Les avions, c'est facile de les construire.
(Bien plus dur de les prendre.)

" Oh t'as des enfants ? Ils ont quel age ? Comme moi ? Moi j'ai.... " Il s’arrête un instant, il n'est plus sur de son age, d'un coup. Ça lui fait mal a la tête. C'est sur qu'il ne peut pas avoir autant. Alors il réfléchit, fort fort, réfléchit pour essayer de se souvenir du nombre de bougies qu'ils ont soufflés, la dernière fois.
Est ce qu'il ne les a pas soufflé seul, cette année ?

" Sept ! "
Je crois. Je ne suis plus très sur.

" Si tu veux moi je peux t'en présenter plein des gens ici ! J'connais presque tout le monde. "
Ceux qui restent.

Aucune trace de mensonge, juste un regard qui se perd vers toi alors qu'il achève l'origami.

" Voila, prés pour l'infini ! "

and we'll visit the stars on the way

il est 11:37
et je me rends compte que la pensée est un papier d'origami
fine et délicate et prête à s'envoler et capable de se transformer oh on peut en faire tout ce qu'on en veut, n'est-ce pas
merveilleux ?
je crois que ça, c'est infini, pour de vrai
que c'est tout ce qui existe au-delà de nous depuis notre tête
sais-tu que tout est un cycle ?
(et que quand il n'y en a pas, ça ne fonctionne pas
c'est comme ça qu'on a réussi à
faire mourir
la terre entière)
oui, j'en ai trois.
ça a du sens, trois
la trinité
mais alors pourquoi
je n'arrive pas à me rappeler de leurs
prénoms
mais ils sont plus âgés que toi, c'est presque des adultes !
c'est pour ça que je suis ici, seul
le cœur débordant d'une inquiétude paternelle, d'impuissance chronique oh de tant d'envie de les voir pendre leurs envols et pourtant incapable de lâcher les cordons de sécurité
( mais je ne sais même plus leurs
dénominations )
bien sûr, présente-moi donc ceux qui comptent pour toi, ça serait avec plaisir ! on pourrait leur montrer ton bel avion de papier, et leur demander si eux aussi ils veulent lui confier un message j'ai exécuté toutes les étapes comme toi j'ai plié j'ai appuyé j'ai retourné mais il faut bien l'avouer, le tien est beaucoup mieux exécuté
ça n'empêchera pas mes idées de flotter de voler de voyager
qu'importe où l'avion ira s'échouer
elles continueront de voler
jusqu'au prochain
11:37

Spoiler:

Solo dans l'bateau je met les voiles
Solo je prend l'eau des matelos.

" trois ? Tu as une grand famille ! C'est chouette. Moi je m'entends bien avec mon frère, même si il met d'la boue partout dans la maison, ça c'est vraiment pas sympa et c'est comme ça à chaaaaaque fois qu'il revient de la forêt, maman elle dit que c'est pas grave mais que c'est lui qui doit nettoyer. Moi j'aime pas quand c'est tout sale et puis..."

Pourquoi c'est si loin.
Pourquoi c'est si dur.
Pourquoi on regrette tant les traces de pas de la grande entrée.

Faut pas être triste.
Faut pas que tu le sois.
Alors lui non plus, il ne le sera pas.

Il a plein de noms sur le bout de la langue lorsque tu dis "présentes-moi". C'est flou et ça s'imbrique mal, comme si les souvenirs manquaient de sens, comme si on en avait rêvé la moitié. Alors faute de distingué le vrai du faux. Faute de pouvoir trier les souvenirs, c'est son nom à lui qu'il prononce.
Même celui là, il n'en est plus si sur. Pourtant il ne manque pas d'entrain lorsqu'il te tend la main, prés à serrer la tienne.

" Hé bah déjà on peut se présenter nous ! Moi C'est George ! George Richardson !"

Pour les autres on verra plus tard. On a le temps n'est ce pas ? Tu as dit que tu ne partirais pas.

" On aura qu'a revenir là si tu veux, et on ferra s'envoler les messages de ceux qui ne savent pas à qui envoyer leurs pensées."

On a qu'a prendre les mots et les laisser s’échapper.
Faute de trouver des adresses à inscrire au devant de enveloppe, on n'aura qu'a inscrire que c'est à l’infinie que les lettres, les avions sont destinés.

" Tu veux marquer quelque chose sur le tiens avant qu'il s’envole ?"

Peut être que ça allégera ton cœur.

and we'll visit the stars on the way

il est 11:37
et je devrais être en train de cuisiner de m'activer pour préparer à manger à mes --
ah
on fera du yuca frit et du poisson grillé
on fera neiger du sucre glace sur les alfajores
on mettra des couleurs tout partout sur la table et on fera comme si le soleil était là
juste au niveau de nos cœurs
moi je regrette le tas de vaisselle dans la cuisine, celui que je faisais toujours disparaître en soufflant (jamais en râlant)
je crois qu'on pourrait parler de tâches pendant des heures entières parce que ça veut trop dire dans nos têtes toutes pleines mais
regardons l'avenir et allons ! voir de nouvelles personnes qui, j'en suis sûr, seront belles
comme toi
george
on se connaît, non ?
d'il y a longtemps
presque d'ailleurs
oh, peut-être que je me trompe
probablement (pas)
je m'appelle luciano, mais tu peux dire luci. enchanté, george !
c'est un contact qui celle nos introductions hors du temps -hors de nous, et pourtant jamais plus honnêtes qu'aujourd'hui, quand nos esprits n'ont pas l'élasticité de nos corps, quand nos souvenirs ont trop d'avenir ou trop de passé
d'accord, on fera ça. il y aura toujours la mer pour les lire et pour comprendre. et le ciel, et les nuages, et toutes les âmes qui s'y trouvent, et toutes les autres qui y pensent encore et encore
je ne m'attendais pas à ce que tu proposes ça, pas à moi mais
c'est bien normal, non ?
c'est pas que pour les autres
c'est ma véritable réalité
et je dis oui
oui
j'ai un crayon dans mon sac
il n'est plus très bien taillé parce que je le coupe au scalpel mais il contient les souvenirs d'anciennes satisfactions
et de ma jolie écriture -un peu gauche, si allongée
j'inscris :
lettre aux poètes qui viendront
et je laisse la nature écrire le reste
je te tends le bout de bois, au cas où toi aussi, tu veux partager tes pensées
là,
à 11:37

Spoiler: