des étoiles plein les yeux ϟ phoenix

Des éclats de rire. Des verres qui trinquent. Des sourires de façades. Des compliments mielleux. Des regards qui déshabillent. Ca tourbillonne tout autour de Caleb. C’est la folie des soirées à Los Angeles. De celles où on se montre, où on fait fleurir son carnet d’adresses. Le bal des hypocrites où les jeunes filles chaussent des talons toujours plus hauts et les jeunes hommes se sentent pousser des ailes. Il se demande toujours ce qu’il fait là, il a l’impression d’être un ovni, de ne pas avoir sa place. Et que tous les yeux qui se dirigent vers lui le jugent et l’accusent d’il ne sait quel crime. Certainement le crime de simplement être là. Le crime d’exister. D’avoir une célébrité non méritée.

Mais il s’en fiche. Ce soir, ce n’est pas important. Il a pris les nouvelles petites pilules prescrites par sa psy, et il doit bien l’avouer, il se sent flotter sur un nuage. Il cherche toutefois à rester raisonnable, il n’a bu qu’une seule coupe de champagne. Parce qu’il veut rester l’esprit alerte. Parce qu’il l’attend. On lui a dit qu’il viendrait, il n’a pas osé lui envoyer un message pour savoir si c’était vrai. Il ne se sent pas encore suffisamment proche de lui. Pourtant… pourtant, il se sent attiré vers lui comme un papillon de nuit attiré par la lumière. Il y a quelque chose d’électrisant chez lui. Et comme un petit miracle, Clay l’a laissé l’approcher. Clay Jacobs, batteur hors pair, étoile montante, briseur de cœur. Mais tant pis s’il brise le sien, il veut simplement profiter encore un peu de son monde.

Ce n’est pas comme si Caleb avait l’habitude qu’on lui rende ses sentiments. Il a appris à aimer à sens unique. Et il se satisfait simplement de la présence de celui qui lui rend les mains moites et lui donne chaud à chaque fois qu’il l’effleure d’un peu trop près. Il l’attend désormais comme le messie, jetant des regards impatients autour de lui, se retenant de justesse de ne pas ronger ses ongles. C’est qu’il vient tout juste de refaire son vernis, ce serait dommage de babiller. Des ongles sombres pour contraster avec sa chevelure récemment devenue si claire. L’apparence est règle d’or dans sa famille. Rien n’est laissé au hasard. Et ses cheveux désormais décolorés ont eu l’effet escompté : des milliers de (stupides) like sur instagram. Un coup de maître à nouveau orchestré par le patriarche. Caleb n’a eu qu’à plier l’échine et faire ce qu’on lui disait, comme toujours. Alors que Clay… Clay, lui, il n’aurait pas laissé faire. Clay est un esprit libre. Clay ne répond de personne.

Et Clay vient d’arriver.

résumé:

Comment ne pas remarquer son arrivée ? Comment ne pas garder les yeux rivés sur lui alors qu'il fend la foule ? Caleb est hypnotisé. Le mot est faible. C'est bien plus que ça. Son univers tout entier ne résume désormais qu'à admirer la silhouette de Clay, à se prosterner devant sa grandeur. Et il se fiche de passer pour un imbécile, il se fiche qu'on puisse se moquer de lui pour tant de dévotion. Après tout, Caleb a toujours fonctionné ainsi, laissant son cœur battre un peu plus fort à chaque fois qu'il croise un regard électrisant. Et cette fois-ci, c'est celui du batteur qui fait abattre la foudre dans sa poitrine.

Et c'est sans rendre compte qu'il s'est approché. Qu'il s'est faufilé à travers les corps, ne se souciant plus de personne, ni des conversations. Comme un aimant, attiré irrémédiablement vers lui et seulement lui.

Un mince sourire qui se dessine au coin des lèvres. Des joues qui s'empourprent alors que Clay s'adresse alors à lui. Et tant pis pour la mémoire défaillante, tant qu'il a son attention, les détails de son identité n'ont guère d'importance.

« Caleb » répond-il simplement alors qu'il se perd toujours dans son admiration.

Avant d'être ramené à la réalité alors que quelqu'un le bouscule sans faire exprès. Comme toujours dans ses soirées où personne ne fait véritablement attention à personne. Et que Caleb et son physique ont l'habitude de se faire écraser à la moindre occasion.

Il trébuche simplement, lance un sourire gêné à celui qui s'excuse mollement avant de disparaître rejoindre ses amis dans un éclat de rire. Les joues toujours échauffés, son regard se repose timidement vers le plus beau d'entre tous, passe délicatement une de ses mèches claires derrière son oreille, prenant son courage à deux mains pour prendre à nouveau la parole.

« Tu es venu tout seul ? »

A peine a-t-il posé la question qu'il s'en veut déjà de pareilles banalités et de cette curiosité malsaine. Mais c'est plus fort que lui, il a besoin de savoir. Besoin de savoir s'il peut espérer s'accorder le privilège de son attention exclusive. Désir égoïste de ne pas vouloir le partager. Encore moins avec ce maudit chanteur qui semble n'être jamais bien loin, comme une ombre invasive sur laquelle il voudrait mettre toute la lumière pour la faire disparaître.

Et pour étouffer toute cette gêne, il se détourne, s'approche à son tour du bar pour demander quelque chose à boire. N'importe quoi. Juste de quoi desserrer cette gorge trop sèche. Mon dieu qu'il a honte de sur-réagir pour si peu... Clay ne tardera pas à le trouver ridicule, lui rira au nez et Caleb sera de nouveau contraint de faire le deuil d'un amour qui n'aura jamais véritablement existé que dans ses rêves les plus fous.

résumé:

La phrase reste en suspens. Mais qu’importe avec qui Sasha se trouve, c’est le dernier des soucis de Caleb. Mieux encore, si Sasha est avec quelqu’un d’autre, cela veut donc dire qu’il n’est pas avec Clay… Et une petite lueur d’espoir s’immisce dans l’esprit du garçon, celle de pouvoir avoir l’exclusivité de la compagnie du batteur. Les autres membres du groupe ? Il s’en contre-fiche. Et comme aucun autre nom n’a été nommé, Caleb peut donc en déduire qu’il n’est venu avec personne, et qu’il ne compte retrouver quelqu’un… Il prie pour que cette déduction soit réelle, s’y accroche de toutes ses forces.

Alors il ne peut s’empêcher de regarder celui à la chevelure écarlate, celui qui s’est de nouveau approché, celui avec lequel il partage une telle promiscuité, mieux que ce qu’il aurait pu imaginer. Il pourrait se noyer dans son regard, s’étouffer dans l’oxygène qu’il partage. De la folie, pure et simple. Il s’en rend bien compte mais avec ces choses-là, il n’a jamais été censé et ne le deviendra probablement jamais.

« Merci… »

Maigre réponse au verre qu’il vient de lui offrir. Même si ce n’est pas grand-chose, l’attention le touche. C’est comme un petit cadeau non ? Oui trois fois rien mais c’est déjà quelque chose… Et ses joues s’échauffent toujours plus alors qu’un sourire niais s’est dessiné au coin de ses lèvres sans qu’il ne s’en rende compte. Heureusement que ses yeux sont fixés sur le verre fraîchement servi, il y a au moins ça qu’il peut encore dissimuler à Clay.

Mais c’était avant que ce dernier ne passe ses doigts dans les mèches cendrées. Et Caleb tressaille, un léger sursaut lui fait relever le visage pour rencontrer celui de l’autre. Trop près, beaucoup trop près. Si près que son parfum vient lui chatouiller les narines, une odeur des plus troublantes.

Et il reste là sans rien dire. Mais l’instant a été trop court, Clay s’est déjà éloigné. Caleb se demande même s’il n’a pas rêvé.

« C-c’est vrai ? Ca te… ça te plaît ?! »

Nerveusement, il vient pincer ses cheveux. Peu convaincu de cette nouvelle couleur aux premiers abords, le voilà prêt à changer d’avis. Si Clay aime, alors… alors plus question de changer.

« Tes cheveux sont bien plus beaux que les miens ! » qu’il ajoute précipitamment.

Et il se pince les lèvres d’avoir à nouveau parlé trop vite. Mais c’est qu’il est sincère. Le style de Clay n’est pas comparable au sien. Ce qu’il dégage, son allure, son charisme… Il aura beau décolorer ses mèches brunes, Caleb ne lui arrivera jamais à la cheville. Alors les associer tous les deux, cela lui semble inconcevable.

« On trinque ? »

Triste diversion alors qu’il tend son verre vers lui. Mais il a besoin plus que jamais de se noyer dans les vapeurs d’alcool. Tandis qu’un autre besoin irrépressible se fait ressentir… celui d’aller plus haut, plus loin, de toucher les cieux et de ne plus redescendre. Et il voudrait bien se ronger les ongles pour faire taire ces petites voix, mais sa manucure est impeccable, il ne doit pas. Et il sait, au fond de lui, il sait. Il sait qu’il se laissera emporter, qu’il a déjà aperçu du coin de l’œil la personne qui lui fera glisser entre les doigts ce dont il a besoin. Et c’est seulement Clay qui le fait tenir, parce qu’il est hors de question de le lâcher pour sombrer dans la déchéance. Mais le diable les frôle, les salue, sourire aux lèvres, et Caleb n’ose dire mot, il voudrait simplement s’agripper à l’autre, lui demander qu’ils s’enfuient, ensemble, et ne plus revenir ici.

résumé: