C'est l'amour à la plage, Et mes yeux dans tes yeux, Baisers et coquillages - 23/09/20/Terminé [PV : Jupiter]

Sur la plage abandonnée, coquillages et crustacés jonchaient l'étrange sol que j'étais venue avec curiosité étudier. C'était ma mission, aujourd'hui, avant de rentrer faire un rapport sur ce que je pouvais potentiellement en tirer. Entre les baleines qui donnent envie de pleurer, le sol étrangement peinturluré, des oiseaux m'ayant volontairement attaquée, la plage était comme un étrange sanctuaire, une vieille pierre tombale marquée dont le nom aurait été effacé par le temps. C'était un lieu qui était aussi troublé que les habitants. J'en avais presque terminé pour ma demi journée. Je me trouvais face à l'illisibilité, je prenais des photos avec mon vieux smartphone, un Iphone reconditionné datant de l'époque de la pseudo liberté, le pré-Arcadia, l’époque où ici, nous n'étions pas tous piégés. Je n'arriverais certainement jamais à comprendre le sens de ses  quelques dessins, de cette histoire marquée. Peut-être que cela n'avait même pas de sens, mais je continuais à m'obstiner, peut-être que ces étrangetés étaient toutes liées, qu'elles permettraient d'un moyen ou d'un autre, ces lieux, de les quitter. Je faisais l'hypothèse qu'il fallait tester les choses pour se les approprier, pour les comprendre, pour s'en mêler. Néanmoins, je n'avais pas les idées claires, tout se mélangeait comme le sable à cette mer étrange qui nous enfermait, qui nous offrait un sentiment d'irréalité. Je ne savais où donner de la tête, et laissait mes pieds s'enfoncer dans le sable remplit d'humidité.

Alors que j'observais mes quelques clichés, je pensais que le coup des oiseaux m'avait bien empêché d'avancer, qu'il fallait que j'y retourne une prochaine fois avec des alliés. Pour autant, une certaine satisfaction me prenait lorsque j'observais certains clichés, comme des cartes postales, des paysages de vacances en été... Je rangeais alors mon téléphone portable où résidait presque l'intégralité de mon passé, de mon présent, et potentiellement mon futur lorsque quelque chose de presque inaudible remonta mes conduits auditifs. J'étais comme surprise par ce son subversif.

Je me retournais donc, pour lui rendre la pareille. Cependant, l'image qu'il y avait devant moi était loin d'être la plus belles des merveilles. Un adolescent boutonneux, aux cheveux gras, au goût vestimentaire immonde, se tenait devant moi. Il s'étouffait avec le sable qu'il venait maladroitement d'ingurgité, ou peut-être avait-il une maladie... Je ne savais pas. Un de mes sourcils vint s'arquer, observant cet abject spectacle... Qu'est ce que me voulait ce garçon aux cheveux gras ? Aux dent barricadées par l'acier et surtout avec cette posture aussi peu estimable. Non, vraiment, il n'y avait rien chez lui qui le rendait un peu charitable...

Mon visage le dévisageait certainement à l'instant. Je n'avais que faire d'ailleurs de lui montrer une once de sociabilité à mes côtés. Dans un premier temps, je n'avais clairement pas l'envie que l'on me voit à côté d'une figure aussi peu flatteuse, sans que l'on croit qu'il m’inspire de la pitié. Le visage que je portais au dessus de mes épaules était fermé. Mes mains dans mes bras avaient pris l'aise de se croiser. Dans un second temps, j'avais clairement d'autres chats à fouetter, et surtout que la marée n'allait pas tarder à nous dévorer. Pourtant, pour quelques instants, cette mine affreuse me fit l'oublier, je pinçais mes lèvres... Sceptique, rebutée, et me mit à presque aboyer :

- Qu'est ce que tu veux ?

Il était de ceux que je n'avais pas l'habitude de traiter, ceux qui estiment pouvoir faire nos devoirs pour se sentir apprécier, ceux qui servent les plus grands sans rien demander. Il avait la tête de ceux qui restaient aussi enfermés toute la journée devant leurs écrans d'ordinateur, ou bien même de PC. Ce jeune homme n'avait pas l'éloge d'un battant, pas même d'un simple figurant. Il était si laid que les gens finiraient forcément par le remarquer. Il était hors de question que je vienne l'aider, pas après le spectacle sordide qu'il venait de me faire passer...

- C'est dégoûtant... Ajoutais-je simplement en le regardant.

De mon côté, ma tenue vestimentaire en valait un peu plus le coup. Un crop-top narguait le bas de ma cage abdominale travaillée. Je portais aussi cette bien large veste d'un pseudo-amant passé, ce jean déchiré aux niveau des genoux, et ses chaussures usées par les marches au côté vintage, mais toujours d'actualité. Je n'étais pas habillée comme ce type, qui de son style sûrement se contre-fou.

Le garçon écœurant vint cracher de la bile. Une grimace se dessinait sur mon minois, tandis que l'une de mes mains habile vint se déposer devant ma vision, comme pour cacher cette scène hostile. Horrible personnage, sur un terrain hostile. Il n'avait rien pour lui, pas même un minimum de mon estime. Mes yeux dans le marrons le fixaient, je ne pouvais m'empêcher d'observer ce personnage, aussi laid que grossier. Génétiquement, la loterie n'avait pas bien frappée, ou peut-être l'avait-elle trop taquinée. Il se mettait à rougir, à rougir comme si le soleil venait de taper sur son visage, mais ce n'était certainement que de la honte un gage. Pourtant, il venait s'essuyer avec sa manche comme un mal propre, comme un intolérable, et sur ma langue j'avais encore le goût, ce goût amer, voir âpre.


Il me faisait penser à un animal chétif, une petite bête dans défense. Si j'avais été avec eux, avec les autres, avec ceux qui ont disparu, il aurait pris notre cruauté, alors que là, aujourd'hui, mon jugement pour lui restait superflu. Je n'aurai eu aucune pitié, et avec les autres nous aurions continué à l'insulter, à le rabaisser, à le faire traîner dans le sable comme le ver qu'il était. Nous aurions surtout trouvé le moyen de lui faire avaler un peu d'eau salé, de le faire avaler puisqu'il avait l'air de s'y bien s'y prendre avec le sable. Les garçons lui auraient demandé s'il aimait ça, et aurait mis son visage entre les dessins, dans l'étendu de sable fin. Quelqu'un l'aurait certainement filmé, pendant que les filles et moi l'auriont encore plus rabaissé en proposant d'autres petites cruautés. Pour quelques temps, il serait devenu un jouet, une proie facile pour la meute que l'on était. Cependant, aujourd'hui j'étais seule et je n'avais la force de continuer à obtempérer, je n'avais pourtant rien perdu à mes envies, mais il n'y avais plus de cartes à jouer. Dans le jeu d'échiquier, j'avais été la reine, et ce soir jour là, j'étais certainement la seule pouvant respirer.

Le penaud reculait et curieusement je me mis à sourire. Il savait un minimum à qui il avait à faire, il savait qu'il ne fallait pas m'approcher et que certainement il n'aurait aucune chance. Après tout, à quel moment quelqu'un comme lui pourrait se permettre dans ma vie de rester plus longtemps qu'une danse ? Du moins, c'est ce que je pensais jusqu'à ce qu'il affiche ce sourire sur son visage marqué. Je ne comprenais et mima encore la perplexité. Était-il de ces vagabonds handicapés ? Ceux qui n'arrivent pas à s'adapter à la société... Je l'imaginais déjà arpenter les rues devant n'importe quelle jolie fille, la bave au coin des règles, devant celles légèrement dévêtues. D'ailleurs je pouvais voir que ces yeux ne se gênaient pas pour observer mon corps sculpté, pour avoir accès à ce peu d'intimité. Cela ne m'aurait dérangé, peu importe la personne, mais l'idée que cette énergumène le fasse m'inquiétait. J'étais seule et j'avais seulement mes jambes pour m'échapper.

Le vent soufflait dans mes longs cheveux noirs, tandis que le silence grandissait. Le malaise aussi montait.... Il allait parler ? Je voulais que ça cesse, ne plus avoir à supporter cette tête entre les épaules qui s'affaisse. Il reniflait, c'était long et je m'impatientais... Pourtant, il revenait encore avec ce sourire, cette mimique qui me fit pousser un soupire. Et là, il s'est mi à s'excuser. Juste à cet instant, un large sourire sur mes lèvres vint se dessiner. Ce n'était pas de la joie, loin de là. Seulement je me contentais de montrer les dents, carnassière, obscène. Il n'y avait rien d'autre dans ce sourire que de la moquerie, mes fossettes étaient veines.

- Tu crois vraiment que tu m'as blessée ? Garçon, les gens comme toi n'atteignent jamais les gens comme moi. Au moins, tu as compris. Tu serais un bon toutou.

Je penchais ma tête, toujours mesquine, tandis que dans le fond, c'était les vagues, un son en boucle qui tambourine.
Puis il me fit autre chose, quelque chose qu'avais eu du mal à distinguer, mais il me semblait avoir entendu le mot croquettes, et cigarettes. Je plissais les yeux un instant... Qui l'envoyait ici avec cette étrange quête ?... Il était clairement idiot, voir totalement bête.

- Attends... Tu crois vraiment que tu vas trouver ça ici ? T'es bête ? En plus de ça, c'est des denrées rares les cigarettes. Si j'en avais, c'est pas à un inconnu que je les passerais.

Puis je me mis à ajouter.

- Tu sors d'où ? T'as l'air perdu... Non pas que je veuille t'aider, loin de là. Je t'assure que ce n'est pas pour moi. Mais si jamais t'as besoin... La porte des chevaliers peut... T’accueillir.

Çà me donnait l'envie de vomir. C'était ça la chose chez les chevaliers qui me gênait. Devoir proposer de l'aide à n'importe qui, devoir porter une main, accepter tout le monde. Je me mis à frissonner à l'idée de le croiser dans les couloirs et regrettait ce que je venais de prononcer. La grimace soudain sur ma face s'alignait, je m'indignais. Non, ce serait sûrement la dernière fois que je prononcerais ces mots. Les recrutements ce n'était pas quelque chose pour moi, je savais que la prochaine fois, je réfléchirai à deux fois. L'autre encore m'observait jusqu'à regarder mes pieds... Et je vins claquer des doigts pour attirer son attention plus haut, au niveau de mon visage, synonyme que ses regards insistants pour moi n'étaient pas pour mon humeur un bon présage.

- Tu regardes quoi là ?

Je parlais, je parlais, mais le froid me choppa les pieds. Je baissais les yeux et naturellement commença à quitter l'humidité qui grimpait et voulait me dévorer. L'eau se mettait à rapidement gagner du terrain, mais je n'avais pas finit avec ce malandrin.

- Tu te prends pour qui à me regarder comme ça ? N'oublies pas que tu es un bon petit chien, tu es même venu chercher tes croquettes. En tout cas, si tu t'imagines quoi que ce soit, tu te trompes vraiment de terrain...
.

Je soupirais, j'étais fatiguée... Et lui relevait le nom de la couleur de mes sous vêtements, comme si j'avais été un trophée à regarder, comme si mon intimité n'avait pas été bafouée. Je n'avais pas envie qu'il me regarde, je n'avais l'envie qu'il pose ses yeux sur moi, alors que je compris que potentiellement il l'avait fait, je m'avançais jusqu'à lui me moquant de tout ce qu'il disant, me moquant de ce qu'il voulait m'apporter. Sa gentillesse, il pouvait l'oublier. Je pensais que ce n'était que par intérêt, je pensais qu'il cherchait seulement à se faire valider. Je n'avais pas conscience que l'on pouvait agir autrement, parce que moi même jamais je ne faisais autrement. Je détruisais ceux qui ne m'intéressait et gagner l'aise de ceux qui me ressemblaient. Lui, ne faisait pas parti de mon groupe, de ce fait je n'avais pas à m'inquiéter. Il n'avait pas besoin de validation de ma part, seulement un peu de mauvaises façons...

Ma main saisit son poignet tandis que celle libre vint s'abattre sur sa joue. Il n'avait pas compris, il n'avait pas saisit, malgré ses rougeurs... Il continuait. Ce garçon m'agaçait. Et je laissais seulement mes gestes frapper. Un seul coup suffirait.  Je n'étais pas violente, mais j'étais seule, et je ne voulais pas qu'il m'arrive quoi que cela soit. Je ne méritais pas ça... Je n'aimais pas ça, et je n'avais que faire, que faire des manières. Le visage abimé par une crainte, la colère et un tourbillon d'émotion négatives, je me sentais noyée. J'étais fermée, close, il fallait m'oublier, il fallait me pardonner, laisser tout cela de côté. Et s'il ne le ferait pas ? Je m'en moquais aussi en réalité... Je n'avais pas à me justifier, je n'étais pas comme lui au moindre mouvement, à la moindre chose m'excuser.

- Oui on va bouger. Tu sais quoi, on va rentrer tous les deux, on a pas le choix. Tu vas m'aider tiens. Je vais escalader la façade là.

Je voulais m'en débarrasser, le quitter, l'abandonner sur cette plage isolée. Je commençais à sentir le froid et la veste de Julian ne me protégeait. Alors je tirais le garçon par le col vers la façade rocheuse la plus proche et sans lui laisser le choix je pris des points d'appui pour monter sur lui. C'était risqué et je n'avais confiance en cet objet. S'il avait été une table, il serait certainement un ventilateur... C'est à dire qu'il n'aurait pas l'utilité demandée si nécessaire. Je n'avais fait attention à son sérieux, je me moquais, ces mots pour moi étaient devenus fastidieux, je n'avais l'envie de répondre à ses vœux.

- Surtout, gaine toi, tiens toi droit.

Je sentais déjà une fois montée que cette structure ne tiendrait pas, mais j'avais eu à peine le temps de poser mes mains sur la roche pour me remonter que je me sentais déjà tomber... Un cri de gêne s'échappa de mes lèvres en me sentant partir, j'espérais ne pas me blesser. Il était moins puissant qu'une fille de son âge, il était gênant. Et je ne savais pas encore comment en bas j'allai me retrouver...

Je ne voulais pas de ça, je ne voulais pas céder au sol. Je me laissais emportée, saisissant la roche pour me rattraper, mais rien n'y faisait. Je finissais corps contre corps. Un claquement raisonna alors, et je fermais les yeux. Encore et encore. Je sentais sa chaleur, se durcir face à la douleur. Peut-être allait il rejoindre les cieux. Peut-être le 7ème ciel ne me quittait plus des yeux. Encore et encore.

Une myriades de baisers dans le creux de mon cou, des frissons exagérés, des souffles intenses à la portée. Je ne savais si j'en avais vraiment l'envie, mais je me sentais emprisonnée. Je ne pouvais pas refuser, c'était la norme, une nouvelle règle pour mieux se faire accepter. Je me devais de lui céder mon corps, dans cette voiture. Je sentais ses mains parcourir ma peau, mes formes. Encore et encore. Rapidement, cela vint, toujours plus douloureux, toujours plus fort. Encore et encore. Les ecchymoses se reproduisaient le long de mon dos, de ma nuque. Encore et encore. Je subissais... Encore et encore. Je me réjouissais de la fin, qu'il termine, et seulement de ce que j'allai raconter demain, dans la journée. Je serai comme les autres, je l'aurai enfin fait... Encore et encore, sans jamais vraiment aimer, sans jamais vraiment le désirer. Mes lèvres encore et encore s'entrouvraient pour laisser passer des phrases fallacieuses... Je n'ai jamais été amoureuse, je n'ai jamais vraiment aimé.

La chaleur corporelle me faisait frissonner. Pendant quelques secondes, je me perdais dans les vestiges de mon intimité passée. Contre son torse, comme autrefois, je n'osais bouger. Je me laissais faire. Cela faisait longtemps que physiquement, on ne m'avait accordée, même si c'était indésiré. Pourtant, c'était différent, puisque le garçon se mit à me repousser, à me faire quitter cette fausse étreinte que je n'avais demandé. Je n'étais pas désirée. Ce n'était pour autant que je me mettais à bouger. J'étais partie, mon corps j'avais quitté pour ne plus penser. Recevoir, subir pour me nourrir pour ne plus sentir la douleur me submerger. La douleur que j'aurai du ressentir, avait été amortie, bien que mes jambes semblaient alourdies. Je ne comprenais pas pourquoi. Je sentais ses mains contre mes épaules et écoutaient le bruit des vagues au loin. Elles allaient, et venaient. Encore et encore. Alors, que son souffle sifflait à côté, je ne comprenais. Mes yeux simplement se baissaient, avant de parcourir mon corps du regard... Avant d'éffacer de mon esprit le moindre espoir.

Je me taisais, je n'avais plus l'envie de parler. Je ne faisais plus attention à l'environnement qui nous piégeait progressivement comme mes fausses envies. Lui, se mettait à compter, mais je ne l'écoutais. Il comptait les distances, comme une machine totalement artificielle... Et sa prise augmentait sur mes épaules... Ce n'était ni douloureux, ni affectueux. Je ne ressentais pas de quoi afficher un état triste, colérique, ou bien même heureux. Enfin, il me lâchait et je pouvais me relever, alors que lui se mettait à reculer. Je lui adressais un seul regard, froid, comme le temps qui grimait dans le ciel. L'orage n'allait pas tarder... La pluie sur nous se mettait à tomber, mais je m'en moquais, j'étais déjà trempée, souillée, seule et repoussée.

Un analyste caché, nous étions deux. Cependant, il s'y connaissait dans d'autres domaines, un peu éloignés. Je ne savais si je pouvais faire confiance, je gardais cette étrange méfiance. Je perdais pied, je n'avais plus le contrôle, je ne l'avais jamais eu. C'était comme si depuis le début, je m'étais perdue. Je fronçais seulement les sourcils, avant de lui répondre cette fois, ne perdant plus mon dévolu.

Le garçon peureux que j'avais insulté, il n'était plus. Il se mettait à agir, à réfléchit pour s'en sortir. Comme quand je l'insultais, il faisait tout pour s'en sortir pour me survivre. Sa vie était-elle si heureuse pour le rendre aussi ivre ? Je n'avais plus le temps de penser, je devais activer ma force, mes capacités physiques pour ne pas me laisser noyer. Je laissais tomber les choses, bien que je n'avais l'envie de rester enfermée avec lui dans cette caverne. Avais-je vraiment le choix ? Cela me dégouttait, au fond, d'autres solutions ne s'offraient pas à moi. J'avais l'habitude de rentrer dans le tas, d'improviser, mais ici, dans la panique, cela ne marcherait... Il prit ma main, avec la sienne. Et je grimaçais, elle était humide, mais pas de la pluie, seulement moite comme les personnes anxieuses et mal à l'aise.

- Si la pierre est moins polie, c'est que l'effet de la marée ne doit certainement pas grimpé jusque là... Enfin bon, j'avoue que je n'y connais pas grand chose en géomorphologie... Je crois que ça s'appelle comme ça.

Il se présentait et montrait qu'il avait le droit d'exister, qu'il était potentiellement utile en cas de danger. Je l'avais peut-être sous estimé. Nous n'avions cependant pas les mêmes atouts pour s'y retrouver. Je n'avais pas l'analyse du monde qui m'entourait, j'avais la vision systémiques des éléments étranges qui sur Arcadia se produisaient. J'avais la vue sur toutes les choses étranges qu'il pouvait se passer... J’espérais que si nous arrivions à atteindre cette caverne, rien d'étrange ne se passerait. C'était une occasion pour voir ce qu'il s'y cacher, sûrement rien d'intéressant, sûrement des heures à passer avec ce garçon si peu charmant.

Il se dévoilait vraiment, comme Hawk. Il faisait parti de la bonne petite société, elle qui se faisait passer pour les bons penseurs, qui reconstruisaient gentiment leurs sociétés. Je l'observais en levant un sourcil alors qu'il venait de me lâcher. La grimace revint progressivement se dessiner.

- Je suis Jupiter, enquêtrice du surnaturel des Knights.

Il me souriait, mais c'était différent. Il ne cherchait plus à être sympathisant, à ne pas subir mon comportement médisant, à encaisser mes attaques, mes mouvements. Il montrait son vrai visage, celui qui se cachait derrière le mirage d'une victime. Quand à moi, j'étais Jupiter, la plus grosse planète du système solaire. Une représentation de la lumière, de la sociabilité, de la volonté de gagner, de la chance, et surtout de dominer. Pour d'autres, j'étais le Dieu grec, Jupiter, maître du ciel et de la terre. Je dominais un si grand univers... Je n'avais peur de punir les hommes, de lancer des guerres, de faire tomber le tonnerre.

Mon visage se retournait, il observait le temps, tout qui avait changé... Mes intérêts devaient changer. L'objectif maintenant était de se sauver. Je n'avais que la force de mes bras, de mes cuisses, de mes muscles pour nous aider, et ma vision d'ensemble pour le compléter.

- Tu n'arriveras jamais à me faire monter en haut. Jusqu'à la caverne. Au vu de ce que tu as fait, je pense que je vais devoir te porter moi. Je prends cette responsabilité, et tu n'as pas le choix. J'ai été cheerleader par le passé, et des filles musclées, j'en ai porté. Sauf si tu as du matériel, mais pour ça, je t'avoue que je n'ai rien ramené. Je n'avais pas pensé que j'aurai  du survivre à la marée. Je suis plus du genre à improviser.

J'étais froide, je ne souriais. Je me ventais peut-être un peu au fond, mais j'avais ce besoin de me rassurer. Il ne fallait pas que je perde foi en moi, car depuis toujours, c'est comme ça que je réussissais. C'est comme ça que la victoire me souriait, que je jouissais.

Je ne faisais plus attention au garçon pendant quelques secondes, et voilà qu'il me demandait de m'habiller, de fermer ma veste déjà mouillée. Que je ne la ferme ou pas, j'étais déjà trempée et j'avais froid. De ce fait, cela m'importait peu. Je ne comprenais pas pourquoi, dans un premier temps, il me repoussait lorsque j'étais contre lui, maintenant il n'avait pas l'air d'apprécier mon esthète... Que se passait-il ? Était-ce parce que j'avais joué avec ses faiblesses ? Pourtant, dans le passé, les garçons ne me refusaient jamais, les garçons me complimentaient, les garçons étaient manipulateurs, flatteurs, parfois grossiers... Mais lui, jusqu'à présent n'avait rien fait à part faire remonter la couleur de mes sous-vêtements. Blanc. J'étais sceptique, peut-être aussi qu'il avait quelqu'un et qu'il ne voulait pas braquer cette individu... Pourtant j'avais du mal à y croire, qui voudrait de « ça ». Une chose était sûre, pas moi.

- Non, ça ira. Ca devrait aller, refermer ma veste trempée sur ma cage abdominale ne va pas aider.

Hors de question de porter son horreur orange, pas pour l'instant, pas maintenant. Et ma veste resterait fermée, pour l' élégance, parce que je me gérerai, parce que malade je ne tomberai. Je l'avais choisi, et je savais que j'assumerai. Il refusait que je le fasse monter, il croyait en lui plus que je croyais en lui. Il observait le mur où il allait monter, et s'il le faisait, je ferai attention de prendre les mêmes prises pour ne pas tomber. Imiter les autres pour passer, se frayer un chemin vers les hauteurs, c'était à ma portée.

Il se préparait pour ne pas s'abîmer les mains, moi contrairement à lui, je n'avais pas peur. J'avais l'habitude de les poser dans celles de mes camarades pour les faire s'élever, ou pour ces dernières me portent jusqu'au sommet. Ici, j'étais seule, pour y aller... Il n'y aurait plus personne pour me soulever, pour m'aider à m'élever. Le reste de la pyramide avait péri, disparu, il n'y avait plus rien. Juste une main moite habillé d'un orange étrange.  J'avais froid, je ne sentais rien, pas même un peu de mélancolie, pas même un brin. Il n'y avait plus rien.

- Je vois. T'as honte de te faire porter par une fille. C'est bien. T'as au moins un peu fierté. J'aurai pas cru comme ça.

Il voulait voir. Voir. Il me disait qu'il avait un problème, pour porter des charges... Lourdes. Lourde. J'étais lourde. Lourde... Il avait fait une gourde. Je m'avançais rapidement et donna un grand coup dans l'arrière de son crâne. Pour le punir, je ne pu m'en empêcher. Je me pu me ressaisir.

- Attends deux minutes. T'as bien dit lourde là ? Je suis désolée, mais quand des filles de nos âges arrivent à me porter, c'est que c'est bien toi qui à la capacité physique d'une huître. Franchement, c'est culotté, j'ai plus de muscles que toi, tu devrais peut-être songé à te muscler si tu joues les aventuriers. Tu ne sais même pas toutes les atrocités qui t'attendent à Arcadia ! Redis ça encore une fois et je ferai un dessin avec ton sang au milieu des autres sur le sol !

Je rigolais. Bien entendu que je n'allai pas l'ensanglanter. Il aurait fallu le tuer, puis le toucher... C'est bien trop dégouttant. Je n'avais pas envie de tâcher mes affaires, et surtout ma veste, que j' « aimais » tant. Pour m'assurer qu'il retiendrait la leçon. Je lui mettais un plus de pression. Je sentais l'eau venir à nos pieds...

- Dépêche toi de monter. Sinon je te fais regretter ce que tu viens de dire pour l'éternité. Tu n'as pas envie que quelqu'un avec ma musculature et mon « poids » te donne des coups de pieds.

Il ne comprenait pas, il ne comprenait pas. Je n'étais pas comme lui, pas comme ça. J'avais besoin de respecter les normes, la popularité. J'avais besoin d'acceptation, de validation, des honneurs. Je ne pouvais tolérer toutes les choses qui n'allait pas dans « la normalité ». Celles que l'on m'avait enseigné, celle qui était d'ordinaire au lycée. Je ne pouvais imaginer festoyer avec des garçons peu sportifs, doux, et attentionnés. J'avais l'habitude de les voir se moquer, se taper, ne jamais montrer une once d'émotion. Ils étaient insensibles, sauf sur le terrain, où tout était compétition. Pour nous, c'était la même chose. Pas d'émotion... Un travail d'équipe, et pourtant des menaces à profusion, parfois des cris. Pour moi aussi, il m'était impossible de vraiment exprimer ce que je gardais. J'avais comme la bouche cloutée.

- Dans ce genre de situation c'est plus simple, si tu ne souhaites pas que la fille te porte. Nous aurions pu gagner du temps !

Je me mettais à le suivre, alors qu'il avait failli faillir, mais je n'avais pas l'envie de faire attention à mes mains. Je n'avais pas le temps, parce que j'étais derrière, parce que l'eau me suivait, parce que la douleur aidait à avancer. Mes poignes étaient longues, il était simple de saisir la pierre, simple de se soulever. Seule, je n'avais pas trop de difficultés, bien que la majeure partie de mes muscles se trouvait dans ma cage abdominale ainsi que dans mes jambes. Elles m'aidaient cependant à tenir sur le mur, à aussi me maintenir. A chacun de mes pas, je vérifiais que la roche n'allait pas me trahir, car avec la pluie, certaines parties glissaient... C'était fourbe, et quand je regardais en bas, l'eau montait progressivement. L'emprise se refermait... Et je sentais la pression remonter. L'escalade, la grimpe, le sport, n'avait jamais été difficile, avec ma facilité à m'accrocher. Pourtant, la nature était plus rude qu'une simple corde à gravir...

Sous l'un de mes pieds, un morceau de pierre se détacha, me laissant croire que j'allai tomber. Je me mis à râler, et me redressa rapidement, mon cœur s'emballant, forçaient dans ma poitrine, les battements. J'avais chaud, le sport me réchauffait. Dans l'adrénaline, je ne pouvais qu'exister, dans l'adrénaline je me sentais revivre, planer. Je continuais alors, sans faire attention à ce qu'il se passait autour. Mes doigts me faisaient parfois mal, le mur pouvait me couper, altérer ma peau. Ce n'était pas agréable, mais ce n'était pas un si grand assaut. Je pouvais voir, en haut, que l'orange avait briser le sceau. Il avait réussit, et je n'avais plus qu'à suivre ses pas pour moi aussi, finir protégée. Ma bouche se mit à tousser, alors que tout grimpait avec moi l'eau montait. Elle voulait me saisir, les chevilles, possiblement les pieds, m'ensevelir pour que je rejoigne ceux qui m'avaient déjà quitté.

Une main lancée, comme une corde à saisir. J'avançais alors ma main pour saigner son poignet  directement. Il serait plus simple de faire de la sorte pour me hisser. Mon buste en premier soulevé vers le garçon. Une fois cette chose réalisée je pu me servir de mon buste et de mes deux bras pour porter le bas de mon corps à l'abri. Je m'avançais entièrement, et restée assise pendant quelques secondes pour voir que l'eau à un stade s'était arrêtée... J'étais rassurée. L'idiot du village avait raison. Il n'était pas donc totalement si peu bon.

Bon... Au moins, on aura pas à se noyer en bas, entre les vagues contre les rochers. Demain matin, première heure, on partira de là. Ce n'est pas tout, mais je n'avais pas vraiment l'envie de passer ma nuit avec toi...

Des piques, encore des piques. Redressée, mon corps alla observer la bouche du lieu qui nous entourait... Mes mains vinrent caresser la roche mouillée à l'intérieur, et observer les formes que la caverne regorgeait. Il faisait sombre, humide, mais au moins, la pluie avait cessée sous nos têtes. Seuls les bruits du tonnerre rappelaient que dehors, c'était la fête. J'étais rassurée, et en même temps dormir avec lui n'était pas quelque chose que je désirais. J'aurai préféré les bras de n'importe quel autre Knight, même tous mélangés. J'aurai préféré mon petit frère trop agité. J'aurai préféré avoir un lit, la chaleur de draps, et surtout un repas entier. Pourtant, j'allai devoir presque jeûner...

- Tu as une idée d'où ça peut mener ?

Demandai-je en observant l'obscurité à notre portée... J'étais curieuse, et proposerait certainement à d'autres personnes de repasser. Cette caverne avait peut-être un lien avec les écritures en bas, à nos pieds...

Le garçon était venu à moi, encore une fois. Avec le tissu de son sweat il m'enveloppa, il me couvrit. Mais je n'avais besoin de cela, j'avais refusé mainte et mainte fois... Il continuait, il insistait et je n'aimais pas ça. Je retirais l'objet gorgé de sang aux extrémités... Il avait saigné plus que moi, seuls mes pouces avaient été touché. J'avais de la chance, et je ne me plaignais. Il n'était pas méchant, il ne voulait pas de mal, mais je ne le comprenais pas. Qu'est ce qu'il le gênait avec mon corps ?... Je n'avais pas de regard lubriques, plus de commentaires, plus de potentielles envies érotiques. Il n'avait l'envie de moi, il ne me voyait pas comme ça. Je laissais tomber le tissu dans mes mains pour le tenir, sans pour autant le porter pour me punir. Mes habits ne tarderaient par à sécher... Je l’espérais, bien que le temps ne me le promettait... J'avais du mal avec ce garçon, mal à le cerner, s'il était si gentil, et qu'il tenait à m'aider, il n'avait aucune intention de coucher, ou peut-être allait-il me surprendre après... Je ne savais pas, je fronçais les sourcils, l'air toujours aussi froid.
Ecoute. Je t'ai déjà dit non... Je ne sais pas ce qui te dérange avec ça, mais c'est mon corps. Et je n'ai pas envie de porter ça. Tu ferais peut-être mieux de te couvrir toi. Soit égoïste, je sais pas...

Trop bon, trop con. Il n'y avait pas de quoi m'offrir cela. A sa place, je l'aurai gardé, je n'aurai jamais rien proposé. Je ne pensais qu'à moi. Je n'aurai rien osé. J'avais cependant oublié ma semi nudité, je ne faisais guère attention à ce que je pouvais dégager, à ce que je montrais. Je n'étais plus maître... Si la maladie me frappait, ce serait seulement un coup de froid, je n'aurai pas de quoi plus m'inquiéter. Alors, tandis qu'il prenait ses distances, je me recroquevillais... Assise sur la roche, j'ouvrais mon sac pour vérifier si tout était correct... Il y avait... Des schémas, rapidement dessinés, mon téléphone qui s'était sûrement déchargé, ainsi que quelque chose à grignoter. Seulement, je n'avais rien d'autre à donner, rien d'autre à offrir, rien d'autre pour aider. L'humidité avait touché les feuilles s'étaient mises à gondoler, quant au reste, tout semblait opérationnel.

Il me demandait son lacet. D'une traite je lui envoyais de nouveau directement l'horreur orangée pour qu'il se mette à l'attraper. Je ne bougeais pas plus, observant au loin ce qu'il comptait faire... Seulement pendant quelques secondes avant de jeter une autre œillade dehors. Les autres... Les knights, peut-être qu'ils s'inquiétaient, peut-être pas... J'espérais seulement, qu'ici, il ne nous arriverait rien. Ce garçon était sûrement ma seule chance pour rester ici jusqu'à demain.

Demain,
Demain il n'y aura plus rien.
Demain, ce sera peut-être la fin.
Demain, je reprendrai seule mon chemin.

Je passais les mains dans ma chevelure humide et venait l'attachée avec un chouchou qui se trouvait à mon poignet. Trop épais, trop éparpillés, ils me gênaient. De mon minois je les dégageais avant de fermer les yeux et de laisser le vent passer sur le bas de mon ventre pour réveiller quelques frissons... Le vent, le vent qui sifflaient sur les murs, comme des percussions.  Le vent qui hurlait à la mort, aux futures disparition, et les bruits sourds des véhicules qui se heurtaient pour ne laisser que les carcasses, que de mon passé les traces. Je n'aimais le vent qui avait brutalisé, qui avait crié... Alors, je me relevais pour m'éloigner de sa source et m'enfoncer, un peu plus loin. Je passais devant Hawk, sans lui adresser de regard, j'approchais un peu plus de la fin, de l’obscurité pour la sentir me submerger. Il faisait meilleur, et cette fausse sensation de chaleur réchauffait un peu mon cœur.

- Je ne sais pas ce que tu fais, mais dis moi si je peux faire quelque chose, à part me rhabiller. J'aimerais au moins, si tu fais quelque chose d'utile t'aider à augmenter la performance ou la rapidité. Que chacun est son utilité. Nous sommes deux. Cependant, ne te fais pas d'idées... C'est seulement parce que tu m'as aidée à monter.

Je soupirais en disant cela. Mon esprit d'équipe devait me sourire au nez. Je n'avais l'envie d'aider, cependant, je ne savais pas ce qu'il tentait de faire, mais il devait s'y connaître en survie plus que moi. J'avais des connaissances quand il s'agissait  des lieux, des choses qui s'y passait, j'avais une mémoire scripturale, une vue systémique, et une gestuelle habile et forte... J'avais aussi mes qualités, mais depuis le début, il ne me poussait qu'à sortir le venin, qu'à étouffer à geste qu'il faisait. Les erreurs avec moi, il les accumulait.

Des heures à attendre, des heures à patienter. Et je ne l'avais pas, la patience. Je ne savais pas attendre, une fois que j'entrais dans la danse. Je ne supportais pas d'être affamée, que mon envie, que mon désir ne soit pas rassasiée. Je n'aimais pas la frustration, elle m'animait d'agressivité, et de frustrer en retour. Pourtant, aujourd'hui, je n'avais plus la force de crier. J'étais seule, dans le noir, comme dans le passé, à errer des heures durant, devant les presque mort vivants, devant les carcasses des bâtiments. Je n'étais qu'une âme à la dérive, en attente, d'un miracle, en attente pour trouver un chemin vers un autre lieu, une autre rive. Cependant, le long de ce tunnel noir, il n'y aurait sûrement rien, rien d'autre que la fin.

De nouveau, il me parlait de son haut. Il insistait avec tant d'attention... Que mes mains vinrent couvrir mon ventre pour le cacher. Quelques gouttes de sang presque séché glissaient sur ma peau. Je fermais les yeux... Ils reluisaient ma fatigue, peut-être un peu mieux.  Il fallait encore argumenter.

- Pense à toi. Pas à moi. Tu vas attraper froid, en ne le portant pas. J'ai une veste large et épaisse, tandis que toi, tu n'as pas grand chose pour toi. Je l'ai dit. Soit égoïste, ça aide parfois. Je n'ai rien demandé, je ne me plains pas, je garde pour moi. Tu devrais prendre ce qui est à toi, au lieu de t'écraser pour moi. J'comprends pas pourquoi tu fais ça. Concrètement, tu gagnes rien. C'est toi qui va tomber malade à jouer les Saints... C'est ça que je ne comprends pas chez les verts. Vous êtes toujours beaux, toujours organisés, toujours carrés... Toujours bien. Vous avez une longueur d'avance, alors gardez là. Les pirates ne vous rateront pas... Et les gens comme moi. Les gens comme moi ne veulent pas d'aide, du moins, pas comme ça. Ca ira.

Mes pouces semblaient se refermer, un peu plus pour m’étreindre. Je n'avais pas le choix, pour tenter que le froid veuille s'éteindre. Pourtant, ce n'était pas efficace. Pas efficace. Efficacité, rigueur, et endurance. Une idée me revenait à l'esprit, mais dans ces lieux étroits, j'avais peur que l'espace ne me suffise pas. Faire de l'exercice ici, était une idée folle dans mon esprit assombris. Je refusais de me mettre à l'épreuve, pas encore : je n'étais pas encore assez mal pour m'y plonger.


- Je ne partirais pas. Je me demande seulement, ce qu'il y a au bout... J'ai la curiosité d'un enfant de quatre ans, et l'impulsivité d'un de six. Pourtant, c'est trop dangereux, et j'aimerais pouvoir partir en vie, demain, si possible. Arrête de t'inquiéter. Hawk. Je ne te comprends vraiment pas...

Je ne regardais pas dans mon dos, je regardais vers le futur, l'au delà. Je ne regardais pas ici-bas, je cherchais l'aventure. Je ne me plongeais pas dans les détails, je vivais des expériences dans cette large veste, une parure. Alors que lui, faisait tout, tout. Moi, je ne faisais rien, puisque je n'avais pas d'idées, parce qu'étrangement, seule, je n'existais. Seulement, il avait ses petits bouts de papiers, j'avais ma vague imagination, mes rêves qui au fil des mois s’éteignaient.

- Ton père hein ? Je vois...

Moi, je n'avais plus de père. Il n'était certainement pas mort, mais dans ma mémoire, c'est comme s'il était déjà dans un cimetière. Un cimetière, six pied sous terre, où l'accès à la jeune Jessie Reid serait un enfer. Il était parti, loin de nous, de moi, loin d'ici. Je ne savais pourquoi, il avait abandonné, il avait trahi celle qu'il, soit disant, aimé. Il ne m'avait pas appris ce genre de choses. Déjà lorsque j'étais jeune, il était peu présent, occupé. Sûrement le soir, à aller, partir, courir, coucher. A mentir, pour fuir cette vie dont il n'avait pas envie. Je ne comprenais pas pourquoi, il n'était pas parti plus tôt, je ne comprenais pas pourquoi Hawk, n'est pas le même genre de sot. Il n'y avait plus de lumière, dans ce chemin, dans cette carrière... Il n'y avait plus de barrière, entre mon incompréhension et ses manières...

Les plages en amoureux l'été, c'était terminé. Les fêtes au bord de l'eau, depuis des mois je n'en avais. La seule chose que j'obtiens, c'est cette sensation étrange dans la poitrine, ces maigres plaies sur les extrémités de mes mains, longues et fines. C'est l'incompréhension face à l'attirude d'un garçon. C'est le froid sur ma peau pâle, qui devient peu à peu bleu, translucide, livide. Je ressemblais progressivement, à ces cadavres que l'on pouvait croisé, noyés ou à ces SDF, n'avant pas trouvé d'endroit où se réfugier. Non, il n'y avait rien de beau sur les plages d'Arcadia, pas même en ce moment moi. Je n'avais plus l'énergie, il me fallait un groupe pour exister, puisque seule, petite flamme, petite étincelle, je ne peux pouvais vivre ou encore exister. Je ne savais que faire, je ne savais pas à qui m’accrocher, à qui faire payer, à qui parler, avec qui vivre pour le reste de l'éternité, parce que je ne savais plus m'adapter.

- Quand c'est des gens avec qui nous sommes censés collaborer. Ce n'est pas le cas, là. Je crois...

Nous n'étions pas même censer nous parler, nous n'étions pas censé être ici, piéger pour une nuit. Nous ne devions pas grimper jusqu'aux sommets, nous ne devions pas laisser le froid nous submerger. Si seulement il m'avait écouté, qu'il avait porté ses vêtements, nous ne serions plus là, à attendre si longtemps. Nous serions dans les bras des membres de nos nouvelles familles, dans des lieux plus doux, moins hostiles. Et je me demandais encore, si là bas, au château, on m'attendait... Ou si comme ma mère, à mes sorties, à mes absences, à mes débordements, ils s'étaient habitués. Je me demandais si pour quelqu'un, chez les Knights, vraiment je comptais. Je n'aurai la réponse que demain, si personne ne m'a oubliée.

Je commençais à va et vienter dans la caverne, à juste me déplacer pour me tenir éveillée, à me tenir en vie, à ne plus sentir le froid, à ne pas être un vieux débris. Tandis que lui, en face de moi, s'arrachait les mains, le bout des doigts. Je le regardais seulement, parfois... Sans savoir pourquoi il se démenait comme ça. Je me contentais de murmurer :

- Je sais.

Il souriait encore, tandis que mon sourire avait été depuis bien longtemps de mon minois, de mes lèvres effacé. Je bougeais les bras, soupirais. Je m'agitais, sans pour autant faire de démonstration et devoir totalement m'épuiser. Cela ne servait à rien, n'ajouterait rien... La chaleur, n'augmentait pas tant que cela, avec la sensation d'humidité, et la nuit qui progressivement se couchait. Le sourire de la lune ne pouvait pas même nous narguer alors que la pluie continuait à couler, à pleurer le long des façades rocheuses, comme dévastée par le sort qui nous été reservé.

Le garçon coupait parfois le silence, évitait les absences. Alors je répondais.

- Je suis... J'étais capitaine de l'équipe des cheerleader de mon lycée. Je ne suis pas d'ici, à la base, nous étions... De passage. Il faut croire, qu'il a fallu que je reste un peu plus ici.

Je ne lui rendais pas de question si ce n'était...

C'est qui madame... Blackwood ? Ah ? Pourquoi elle te tuerait ?... Si elle était comme moi, en tout cas, elle le ferait.

Je me mis à rire en le questionnant une seconde fois :

- Pourquoi elle n'est pas si différente de moi ?

Je ne connaissais pas tant les gens d'ici... Ils sont étranges, ils sont blessés, nous le sommes tous. Nous avions tous des choses, puis elles sont parties, elles nous ont abandonnées, en un éclat, une étincelle, dès le moindre excès. Pourtant, je n'avais aucune idée de ce qui pourrait me rapprocher d'une adulte qu'il connaissait. Sûrement une Green' pour être la femme du révérant, si je devinais. Pourtant, il n'était pas là, il ne répondait pas, concentré. Et je me mettais à soupirer. Je n'allai pas lui crier dessus, alors que le temps passait, et qu'il s'activait. Alors, je laissais passer le temps, je laissais passer les heures durant lesquelles, je marchais. Je m'arrêtais. Je regardais le ciel pour voir si le temps s'arrêtait, ou bien même l'eau qui ne s'était pas encore décidée, à redescendre, nous quitter.

Dans mon dos, après un long temps passé, des étincelles, de la fumée. Il avait réussit. Il avait réussit quelque chose, je me retournais, les lèvres entrouvertes. J'hochais la tête, affichant une satisfaction certaine et vint me rapprocher du garçon en prenant mon sac qui se trouvait non loin de l'entrée. Le carnet que j'avais nous servirait. Des feuilles vierges, aussi blanches que ma peau, que le t-shirt qui n'était plus autant pris par l'eau, je les arrachais et les déposais pour les faire brûler dans les quelques flammes, pour aider.

- Arrête de t'excuser. Imbécile. Tu as vu ce que tu as fait ? Soit fier. Et je te l'ai dit, mes sensations, tu devrais t'en moquer. Regarde dans quel état tu te mets... J'comprends pas, pourquoi t'es comme ça.

Debout, je le regardais, alors qu'à mes pieds, les flammes grossissaient.

- Je veux dire... Tu te donnes trop pour les autres. Tu devrais chercher à t'écouter, et à te considérer. Je sais pas. T'as des capacités non ? Quand je réussis quelque chose, je n'ai pas envie de m'excuser, en tout cas...

Les petites formes brûlaient, le papier s'enflammer, des sacrifices animaliers pour notre survie. C'était le bon train de l'homme... Tuer pour grandir, tuer pour s'améliorer, tuer pour survivre. Pourtant, au moins, nous avions de quoi nous réchauffer. Il en avait mis du temps, mais je ne pouvais en vouloir, je ne savais quoi faire. En tant de guerre, la seule chose que je pourrais faire, c'est grimper facilement, faire des pirouettes, des salto, et courir rapidement, mais je n'avais pas les connaissances en survie. Avec cet imbéciles, nous avions bêtement risqué nos vies...

- Çà fait quoi de réussir ?

Le garçon était avachie, il n'avait plus l'air d'avoir de force, ou bien même d'envie. Il était éteint, le bout de ses mains arrachés par les mouvements qu'il avait du effectué. Je n'allai pas l'aider, mais je constatais qu'il s'était tué à la tâche pour ce résultat... Franchement, je ne le comprenais pas, je ne voyais pas pourquoi il s'était donné tant de mal, à se blesser inutilement, à presque se mutiler pour avoir un avancement. Il me regardait, et je faisais de même, sans pour autant parler, profitant de la chaleur du feu vers mes chaussures et mes chaussettes, qui goûtait encore l'humidité.

Il se tourna dos à moi, et dit quelque chose que je n'entendis pas. Chétive créature, misérable garçon partant à l'aventure sans pour autant réussir à revenir saint et sauf... Il me demandait de me tourner, pour se dénuder, pour réchauffer ses vêtements contre le feu. Mes yeux s'écarquillèrent avant que je ne le fasse. Je ne voulais pas assister à se spectacle. Voir ce corps presque nu sûrement, allait potentiellement me dégoutter, et ce n'était pas le moment... Quand à sa proposition... Je me sentais aussi un peu obligée. Au moins pour les chaussures et mes hauts. Alors pour m'assurer qu'il ne ferait rien, je lui répondit.

- D'accord. J'accepte. Mais si tu fais quoi que ce soit, tu es mort.

Pendant quelques secondes, je ne faisais rien, j'attendais avant de me baisser pour retirer chaussures, chaussettes et les déposer à mes côtés. Je voyais mes pieds, humides. Il y avait ses étranges formes, ces étranges rides, quand la peau reste trop à l'eau. Ce n'était pas bien grave, je ne m'inquiétais, mais il avait une couleur étrangement bleue, violacée. Puis vint le tour de la veste d'un de mes ex que je vins déposer à mes côtés. Un trophée facilement gagné, avec quelques sourires, quelques messages à alambiqué, quelques regards soutenus, puis le fait de le fuir, de l'éviter pour le frustrer, jusqu'à ce qu'il soit à mes pieds, pour un mois seulement après le terminer... Je soupirais. Par la suite, mes mains vinrent soulever mon haut pour ne dévoiler qu'un dos partiellement musclé. Une forme taillée, dévoilant les attaches de qui conservait une part de l'intimité. Je laissais tomber ces attaches pour laisser la dentelle séchée, elle aussi pour la déposer sur la veste, à côté. Je détachais mes longs cheveux noirs pour les laisser sécher. Enfin, mes mains quant à elles, vinrent envelopper mon corps, comme pour me cacher, pour me réchauffer, me cacher, en partie et éviter que quelque chose ne soit dévoilé, que mon esthète finisse par se faire dévorer des yeux. Je n'avais totalement confiance en la gente masculine, rien je n'y pouvais.

- Je vois. Mais il y a beaucoup de personnes grandes et brunes. Si c'est juste ça... En tout cas, il y a plus de cheerleader qu'on ne le croit. Je ne suis pas la seule, chez les Knights, déjà. Nous sommes deux enquêtrices du surnaturel, à avoir fait ça...

Parlais-je du fait de faire Cheerleader, ou simplement de détruire les autres ? Je ne savais plus, je ne savais pas... Je ne savais pas non plus qui était cette femme, mais si elle était enfermée avec nous dans ce costume à porter, certainement qu'elle devait aussi y participer... Peu importe son age, je la mettrai dans le même panier.

Elles sont à Arcadia, les harpies. Les Focus, les Blackwood, et les Jessie. Elles sont fières. Aux langues et aux manières vipères... Elles essaient toutes probablement d'oublier leur passé. Les brides des ruines détruires qui les rongent à nouveau, en ces longues journées.

Je laissais tomber un peu ma tête en arrière, sentant la sensation de chaleur, sentant mon corps crié au bonheur. Un soupir envahit mes lèvres. C'était agréable... C'était paisible, plus que ce maudit vent, plus que le sable. Il n'y avait rien de mieux maintenant que cette chaleur, que le garçon avait crée parmi le froid que j'avais submergé, en l'insultant, en lui criant après. Je ne m'en voulais pas pour autant. Je n'avais pas de raison de m'excuser. J'étais certainement trop fière, ou peut-être que mes idées étaient encore trop ancrées.

- Mais tu ne m'as pas dit... C'est qui, cette madame Blackwood ?

La curiosité me piquait le nez. Je voulais en savoir plus, maintenant qu'il avait commencé, je voulais qu'il finisse sur sa lancée. Une personnalité toujours en vie chez les green, il avait l'air de l'apprécier, probablement pour y penser, à moins qu'elle a tendance à lui crier après... Probable, qui ne serait pas tenté ?