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ça s'en va et ça revient ▬ chanel&acid

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Dim 5 Avr - 21:04
La moto garée non loin. À portée de regard parce qu'on est jamais trop prudent. Acid est affalé sur le toit de sa caisse, sur le toit de l'épave qui lui sert de plumard quand il ne peut plus squatter chez personne.

Jilano, cette saleté de furet est lové dans son cou. Il sent ses petites moustaches caresser sa peau sensible et se retient de le dégager d'un coup de patte sévère. Mais il lui tient chaud ce con. Et s'il l'envoie bouler trop violemment, l'animal serait capable de se venger. Acid se rappellera toujours de cette fois où il a du visiter toutes les baraques d'Arcadia pour se retrouver des chaussettes parce que cette saloperie avait grignoter les siennes.

Il pousse un soupir et sort un paquet de tabac de son sweat. Et dans la poche de sa veste, celle contre son cœur, car finalement ce sont elles ses véritables amours, sa réserve de pochons plus ou moins pleins. Le chaos a du bon finalement quand on a bien choisi son camp. Alors qu'il roule en chantonnant, parsemant son tabac de vert, il voit une silhouette qui s'avance vers lui.

Il reconnait alors le plus squatteur des squatteurs, sa majesté Chanel. Il l'avait viré il y avait de cela quelques jours. L'autre con le saoulait à geindre, à se plaindre, à exiger des trucs. Acid, qui avait cruellement besoin de dormir, fortement aidé par ses veines roulant diverses molécules, l'avait dégagé en pleine nuit avec un coup de pied au cul et une flopée d'insultes bien senties.

Mais le voilà qui revenait, comme à chaque fois. Acid coince son joint entre ses lèvres et l'attend, le surplombant de toute sa hauteur. Jiji dans son cou remue et se blottit un peu plus.

- Welcome back bitch. Le retour dans la nuit de la dernière fois était pas trop chiant ?

Jamais il ne s'excuserai, Chanel le savait très bien et jamais non plus il n'arrêterai de remuer le couteau dans la plaie.
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Lun 6 Avr - 3:31
ça s'en vient et ça reva
avec Chanel il était toujours question de tordre ; tordre le corps sous celui des autres au fil des nuits et puis tordre les humeurs lorsqu'il en avait assez d'être de bonne compagnie. la règle tacite disait "ne mord pas la main qui te nourrit" et en tant que bon chat de gouttière il y obéissait strictement. ainsi il s'efforçait d'être plus ou moins un bon ami tant qu'il était chez Gotcha (c'était devenu chez lui car il n'avait plus de chez soi) et attendait d'être à l'extérieur pour se changer en peste.

fidèle à lui même cette fois encore (encore une fois) il avait planté les crocs ; s'était fait corrosif auprès d'Acid sans raison. on se passe toujours de prétexte pour commettre des affronts du genre. effronté tout à coup ça lui monte quand une petite chose le dérange, c'était comme rouvrir des plaies injustes et mal cicatrisées, et il fallait alors se saigner des horreurs, en dire et puis en faire, car il en débordait et trop vite on s'y noie.

les réactions différentes à chaque fois. il y en a certain sur qui les saloperies glissent comme sur les banquises ou bien qui s'en amusent, et puis d'autres que ça bouscule aussitôt et qui ont l'urgence de répliquer. comme un jukebox qui aurait changé de disque sans prévenir pour passer des chansons qu'ils détestent, ceux-là perdent patience et hurlent plus fort encore, ou bien cognent, au cas où ça suffirait à réparer le dysfonctionnement.

et parce que tu ne fais pas partie de ceux-là, Acid,
forcément que Chanel revient le surlendemain.

toi tu te contentes de montrer les dents sans sortir les griffes et tu fous dehors sans cérémonie ; Chanel en ressort évidemment blessé à l'égo et plus furieux encore mais sans hématomes et c'était déjà ça. surtout que ça ne l'arrangerait pas qu'on reste en froid trop longtemps ; en plus d'un peu de chaleur humaine, ce que tu glisses dans les veines, il y tient aussi.

alors tu peux l'insulter légèrement quand il s'arrête finalement au pied de l'épave sur laquelle tu trônes, il sera revêche comme avant, pas plus.
et toi, ta nuit en solo dans ta caisse claquée ? ça a été ?
les lèvres pleines muées en moue dédaigneuse, Chanel vient croiser les bras sur le toit de la voiture pour y poser le menton. comme ça, on est presque à la bonne hauteur pour que tu le regardes moins de haut.
moi au moins j'ai pas dormi tout seul, et puis en arrivant Gotcha avait fait du riz fris, alors j'suis très content de pas être resté ; tu m'as rendu service.
plante son regard aiguisé dans le tiens, pour voir si les répliques acérées ont l'effet habituel, c'est-à-dire si elles ne tranchent pas grand chose. et puis soupire en levant les yeux au ciel, ses œillades retombent bas. du bout du doigt, il trace des arabesques imaginaires dans la poussière recouvrant la carrosserie, entre lui et toi. c'est le temps d'installer un silence faussement pesant.

et lorsqu'il estime qu'on s'est suffisamment plaint, les secondes écoulées Chanel lève des iris moins orageuses, comme si ça lui avait fait du bien d'être un peu mesquin. voit bien ce que tu tiens au bout des lèvres,
lance l'air de rien, les inflexions de voix
elles sont sagement quémandeuses.
tu m'fais tirer ?
à défaut de s'excuser.
acid † chanel
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Lun 6 Avr - 23:32
Acid sait bien que Chanel est intéressé. Qu'il ne vient pas le voir pour la propreté de sa caisse ou la fermeté de son cul. Non, il vient le voir parce qu'il est l'un des seuls à le supporter encore et toujours, et aussi parce qu'Acid s'appelle Acid et ce n'est pas pour rien. Acid a l'air idiot, il l'est mais de manière très réaliste sur lui-même.

Il toise l'autre qui s'avance et se pose sur la carrosserie comme s'il était chez lui et finalement c'est un peu le cas. Acid est ce genre de gars ouvert qui se sent chez lui partout et nulle part.

Chanel est piquant, presque méprisant et cela fait jaillir sur les lèvres de l'autre de grands sourires. Parce qu'il aime les mots qui volent, l'agressivité à peine masquée, cette idée chaotique à souhait de se détester sans se détester. Il tire une latte sur son joint et ses yeux déjà rouges luisent doucement.

Acid hausse les épaules, dérangeant Jilano qui se réveille en hérissant ses poils. Il le chope par la peau du cou et le pose sur le toit. Le furet crache et griffe mais finit par sauter de la voiture pour se faufiler à l'intérieur, dans les sièges qui eux, au moins ont la décence de ne pas déranger son sacro saint sommeil.

- Non tranquille, moi j'avais eu ma dose, j'ai roupillé comme un bébé.

Parce qu'en plus de le virer dans la nuit, il l'avait viré sobre ou presque. Et ça, Chanel avait du mal le vivre. La fumée s'échappe des poumons d'Acid alors que l'autre tente de le convaincre qu'il a une meilleure vie que la sienne. Mais dans les yeux du mexicain, on voit clairement qu'il n'accorde aucune espèce d'importance au mot de son ami. Ami ? Disons ami, c'est plus simple.

- Cool, ravi d'avoir pu t'aider, j'aime quand les gens sont heureux grâce à moi.

Sourire carnassier de l'indifférent alors que le joint se coince entre ses lèvres. Le silence est posé maintenant. Délicat comme une plume. Acid fixe Chanel. Il se demande combien de temps il va tenir, combien de temps il va mettre avant de ...

Les dessins dans la poussières de la carrosserie l'absorbent un moment. Et à nouveau la voix de Chanel perce l'air autour d'eux. Il a mis plus de temps qu'on pensait. Acid se laisse glisser du toit, juste à côté de lui, sans le regarder, dos au métal rouge. Les bras se touchent presque et finalement, il se penche, laisse une langue de fumée lécher la joue de Chanel.

- J'ai quoi en échange ? Une crise de diva ? Encore une ... ça serait redondant.

Voix basse, rauque, murmure tentateur. Chanel tord son corps pour tout et Acid aime le corps tordu de Chanel. Son sourire est entre le félin et la hyène, abruti défoncé s'amuse.
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Jeu 9 Avr - 22:12
ça s'en vient et ça reva
Acid serpent aussi, se faufile aux cotés de Chanel, effleure presque du bout des écailles ; on reste immobile. les dragons esquissés dans la poussière, inachevés, il continue de tracer du bout de l'index comme s'il n'avait jamais prononcé le moindre vœux. déjà tout, peut se passer de plus encore. mais c'est qu'il est né l'âme affamée, jamais rassasiée ; elle fait jeter des regards en biais furtifs à sa droite, où l'on devine les contours de la silhouette d'Acid. et les yeux se ferment lorsqu'il lui offre des souffles toxiques.

rumeurs de la tête, s'inclinent là où ça murmure. Chanel joue l'innocent, sourit paisiblement en entendant parler d'aspects furieux de sa personnalité. Acid tu évoques quelqu'un qu'on ne connait pas, qu'on n'a jamais rencontré. le visage aux traits d'estampes se lève au ciel ; et puis vers toi.
... c'est pas mon genre.
roulent les épaules lorsqu'elles se soulèvent de la carcasse de véhicule, on vient plutôt y poser les omoplates. Chanel verso, passe recto et l'on regarde dans la même direction, son bras et le tiens se touchant pour de bon désormais. et puis, tend le poignet sous tes yeux et soulève la manche de son pull pour exhiber au soleil ce qui y brille. la montre argentée percutée des rayons réfléchit une multitude de reflets.
elle est jolie, tu trouves pas ? c'est Jaeger-LeCoultre qui fait ça. celle-là elle est spéciale tu sais, c'est une édition limitée. elle fait pas l'tour de cadran en vingt-quatre heures mais en vingt-trois, cinquante-six minutes et quatre secondes. c'est la vraie durée qu'met la Terre pour faire un tour sur elle-même.
la voix susurrant des banalités, Chanel se délecte d'être frivole pour faire traîner, faire le temps long c'est comme ça qu'on rend impatient.

la risette tranquille tandis qu'il observe l'aiguille tiquer il se tait le temps qu'elle fasse un quart de tour
avant de lever vivement des regards perçants vers Acid.
tu t'en fous pas vrai ?
l'expiration rieuse, il couvre de nouveau la peau et les trésors retournent dormir sous le tissus. Acid on sait bien que tu n'es pas le genre à trouver ce genre de chose appétissante, suffit de voir dans quoi tu dors. c'est bien dommage ; le dos se détache de la carrosserie, oscille une seconde et puis, Chanel se tourne de nouveau, vient plutôt se tenir juste devant toi, un peu trop près et faussement de bonne foi. regards bas, les doigts viennent distraitement triturer les mailles de ton haut, comme pour lisser les plis et rendre impeccable. et c'est plus soupiré que vraiment prononcé.
mais c'est tout ce que j'ai sur moi...
des minauderies en échange de ce que tu as,
est-ce que ça te va, Acid ?
acid † chanel
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Mer 10 Juin - 16:24
C'est pas ton genre, ou alors, ça l'est tellement qu'il ne se rend même plus compte. Mais Acid aime bien, cette reine qui débarque dans son taudis et qui, au bout de quelques heures monte sur ses grands chevaux et exige tout à tord et à travers. Ça l'amuse Acid, de se dire qu'il aura beau l'envoyer chier et l'insulter, Chanel reviendra toujours.

Acid coince le joint dans sa bouche et détaille la silhouette qui vient de se retourner, dos à la carrosserie poussiéreuse. Diva. Ouais, carrément.

La montre qui se dévoile sous ses yeux lui fait hausser un sourcil. Elle brille, ce qui brille se vend cher - ou se négocie tout au moins, les bons pigeons font les bons clients. C'est la seule utilité qu'il lui voit. Acid n'aime pas les montres, il n'aime pas leur cliquettement incessant, marqueurs d'un temps qui passe sans qu'on puisse le retenir, marqueurs d'une vie qui se grignote alors qu'on ne peut en profiter. Une montre, c'est des horaires, des obligations, trop du monde d'avant dans un seul objet. Trop d'une exigence de vie rangée et stable dans quelques rouages.

L'explication ne lui donne pas plus de valeur. À quoi bon compter le monde si on en profite pas, à quoi bon savoir exactement combien de temps dure le jour si on le passe rivé sur un cadran argenté ? Quand Chanel relève les yeux, capte les siens, suppose - à raison - qu'il s'en fout, Acid a un sourire distant sur le visage. Il passe comme une ombre, vite remplacé par un rire déjà défoncé.

- Bien vu, les montres c'est un truc de mec chiant, j'te pensais pas aussi plat Chan', tu m'déçois ...

Mais, la diva n'a pas dit son dernier mot et ses doigts fins viennent repasser le tissu déchiré d'une chemise de bucheron volée dans une maison. Acid tire une longue taffe et souffle la fumée vers le haut. L'une de ses mains vient se poser sur la hanche de Chanel, caressant le tissu du pouce, invitant l'autre à s'approcher de plus en plus.

- Quel dommage alors, je suis un commerçant avisé moi, tu me connais maintenant. Si tu n'as rien à m'offrir, je n'ai rien à te donner.

Et ses yeux brillent, tentateurs et avides. Le joint se consume vite, trop vite dans sa main. Mais on en roulera d'autres, tant qu'on s'amuse, on ne compte pas. Vire cette montre Chanel, viens on va tuer le temps et récupérer ce qu'il nous a volé.

Des bouts de vie.
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