i wish it rains all day cuz i'd like someone to cry for me
Il pleut toujours ici. Daphne regrette Los Angeles. Elle regrette sa ville tous les jours. Tous les matins elle se réveille dans l’espoir de se réveiller dans la maison de ses parents, dans sa chambre d’adolescente. Et tous les matins, comme maintenant, elle se réveille dans sa voiture jaune.
Il pleut toujours ici. Elle a l’impression que ça ne s’arrête jamais. Que la pluie tombe constamment, qu’elle l’entend constamment toquer aux vitre de sa voiture. Elle n’a rien contre la pluie, mais là elle est triste, alors ce n’est pas vraiment le moment. Pas de raison apparente. Elle a beaucoup bu, beaucoup fumé, elle est fatiguée, et le retour soudain à la réalité après l’évaporation de toutes ses substances, c’est toujours dur. Daphne est assise sur sa banquette arrière, elle est enroulée dans une couverture. Elle avait envie d’aller faire un tour, mais la pluie la garde enfermée dans sa voiture. Elle la regarde battre contre la vitre en face d’elle. Elle a replié ses jambes contre sa poitrine, elle attend, mais elle ne sait pas trop quoi. Que la pluie passe peut-être. Qu’elle puisse sortir, aller chasser ses idées noires, ne plus rester toute seule. Elle n’est pas faite pour rester seule, Daphne. Ce n’est pas pour rien que l’univers a décidé de ne pas la faire naître seule. Elle ne fait que remuer des idées noires quand elle est seule, en permanence, tout le temps. La solitude, ça lui fait penser qu’elle n’est assez bien pour personne. Pas assez bien pour qu’on veuille d’elle. Pas assez pour qu’on reste ave elle. Pas assez pour qu’elle suffise à quelqu’un.
La boîte à musique.
Elle est dans le coffre de sa voiture. Elle n’a pas eu le courage de la ramener encore. Pourtant ça lui fait du mal de l’avoir dans la voiture. D’ouvrir le coffre et de la voir. Parce que la voir, ça lui rappelle douloureusement qu’elle n’est pas assez pour Ethan, qu’elle ne le sera jamais. Tous les jours elle se bat pour ne pas la jeter, la détruire. Là, elle se bat pour ne pas la jeter par la fenêtre, regarder la pluie la dévorer, l’engloutir, la faire disparaître de sa vue, de sa tête, de ses oreilles, pitié.
Mais elle ne fait rien. Elle reste appuyée contre la vitre, elle regarde dehors, serre ses jambes contre sa poitrine. Elle attend la fin de la pluie, le jour, quand elle pourra de nouveau sortir, aller chercher du monde, boire, boire, boire.
« C’est fini demain, la coloc’, Anna. »
Elle jette un coup d’oeil par dessus le siège, regarde la boîte dans le coffre. Demain, elle s’en débarrasse pour de bon. La laisse près de chez Ethan. L’oublie.
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ethan manque de glisser plusieurs fois avec cette pluie qui ne cesse de s'abattre violemment sur son dos et qui le contraint de s'enrouler presque sur lui même quelle plaie la pluie et pourtant c'est délicat d'entendre les scintillements de l'eau frapper le sol sa peau et la boue qui s'accumule il essaie de repérer la voiture jaune de sa soeur
il a déjà oublié quel model c'est mais ethan sait qu'elle est jaune, parce que daphne adore le jaune c'est comme le soleil, ça rayonne et finalement il la voit et il ouvre la portière en trombe la gorge serrée par sa course effrénée et ethan reprend doucement son souffle, essayant de faire passer les mots entre ses lèvres mais elles collent et il ne peut que s'époumoner à essayer encore et encore
alors il ravale bruyamment sa salive
ça va ? j'ai apporté des....couver..tures...
trop de choses se sont passées ces derniers jours et sa main après sa dispute avec nemo lui fait toujours aussi mal alors il a cherché de vieux tissus pour se faire un bandage de fortune jusqu'à que la douleur s'apaise mais celle dans ses tripes persistent et il rêve toujours de lui faire tourner la tête jusqu'à que sa nuque craque mais là n'est pas le sujet pour aujourd'hui
ethan il est venu voir daphne ! chose qu'il ne fait jamais, parce qu'il s'aventure rarement dans le territoire des autres c'est oppressant et les pirates sont louches fourbes et franchement pas des plus agréables soyons honnêtes !
mais t'es pas franchement cool non plus ethan t'es un genre de connard déguisé en mec gentil et attentionné mais dans le fond t'en a pas marre d'être un chien ?
ils serrent les paupières comme pour faire disparaître l'ennui qui lui cause à l'oreille pour se concentrer plutôt sur la voix de daphne à ses côtés et souriant, il sort de son sac une grande couette qu'il glisse sur eux
j'l'ai rafistolé hier, je l'ai retrouvé dans ta chambre. fin' ce qu'il en reste...
cette si vieille couette qu'ils trimballent depuis leur enfance un espèce de souvenir qui rend nostalgique mais d'une douce façon un agréable et mielleux souvenir comme ethan aimerait se rappeler de tous plutôt que des mauvais il retire son bonnet et puis sa veste humide et il se décale pour coller son épaule à celle de sa moitié et sa tempe contre le haut de son crâne ethan il réfléchit à quoi dire parce que ça fait longtemps qu'ils ne se sont pas vu qu'ils n'ont pas discuté alors peut-être qu'aujourd'hui ethan pourrait faire un effort et s'ouvrir à sa sœur juste pour cette fois ça lui ferait du bien
... Je me suis battu avec Berlioz. Tu te souviens, de ce gros naze non ? Ouai tu t'en souviens...
alors ethan il soulève sa main et écarte ses doigts pour lui montrer le bandage de fortune et c'est douloureux quand il agite ses phalanges et il a cru pleurer hier lorsqu'il a cousu cette couette la douleur l'empêche de s'endormir mais c'est peut-être mieux comme ça ethan profite pleinement des journées emplis de soleil et des nuits portées par l'incertitude et la solitude
et toi tu racontes quoi tête de rat ?
ethan tourne la tête vers elle en souriant il est sûr qu'elle a des choses plus amusantes à raconter que lui
i wish it rains all day cuz i'd like someone to cry for me
Daphne ne s’attend pas à de la visite, par ce temps. Il y a souvent des gens qui viennent la voir dans sa voiture, l’invitent au dehors, à aller consommer un peu. Mais quand il pleut, la plupart se terrent dans les voitures, sauf ceux qui n’ont pas peur d’être mouillés. Alors Daphne, elle est toute seule, quand il pleut, c’est ça qui la dérange autant, dans ces gouttent qui tombent du ciel et s’écrasent inlassablement. Parce que la pluie, en vrai, c’est plutôt joli. Elle aimait bien ça quand elle était au chaud dans son appartement, sous une couette, avec un chocolat chaud, son ordinateur.
Pourtant, la portière de sa voiture s’ouvre. Entre une tête blonde, que Daphne ne s’attendait pas à voir. Que Daphne ne s’attend pas à voir quand elle ne la cherche pas. Parce que cette tête blonde là, elle se cache, elle se terre même quand il ne pleut pas. Elle sait la trouver, Daphne, parce qu’elle sait où chercher. Pourtant, aujourd’hui, la tête blonde vient vers elle, dans sa voiture. Elle s’y installe, elle sourit, comme si de rien n’était. Elle met de l’eau et de la boue partout dans sa voiture, et Daphne aurait hurlé si ça n’avait pas été Ethan. Elle regarde mollement les gouttes finir leur course sur le sol de sa voiture, la boue la salir, et elle relève les yeux vers Ethan.
« Tu sais que je dors ici ? J’ai moyen envie de dormir dans de la terre, donne moi ça. »
Daphne se penche, elle retire les chaussures d’Ethan en grimaçant, ses yeux font le tour de la voiture, et finalement, dans un soupir trop dramatique pour être sincère, elle les laisse tomber dans le coffre derrière elle. Quitte à salir quelque chose, autant salir celui où elle ne se couche pas… Elle se rassied à côté d’Ethan, elle regarde ce qu’il sort de son sac. Elle reconnaît immédiatement la couverture qu’elle avait dans sa chambre, au fond de son armoire, avec de vieilles affaires qu’elle avait pris de chez ses parents, en souvenir. Couverture qu’ils prenaient quand ils faisaient la sieste, en maternelle, parce que les maîtresses n’avaient jamais réussi à séparer Daphne d’Ethan à l’heure de la sieste. Enfant capricieuse, elle était prête à réveiller tous les enfants de la pièce, quand les maîtresses lui demandaient d’aller dormir de son côté. Alors, au final, on la laissait faire, on comprenait bien qu’elle n’arrêterait jamais son caprice, et qu’elle était déjà pleine de rancune quand elle était petite, et de toute façon, ce n’était pas bien grave, elle voulait juste dormir avec son frère. Elle le laisse installer la couverture, cherche une serviette dans sa voiture, qu’elle utilise pour frotter vivement les mèches blondes et humides, écrasées sur son front, et elle râle un peu.
« Mets pas de bonnet comme ça, quand il pleut, t’as les cheveux aussi mouillés que si t’en avais pas, ça sert à rien… J’ai une parka, si tu veux. »
Elle secoue la tête, elle continue de râler, tout bas. C’est un enfant, Ethan. Elle s’arrête quand elle estime qu’il est assez séché, elle lui donne sa couverture, comme elle est sèche et plus chaude que ses vêtements. Elle installe sa grosse couverture d’enfance sur eux, elle se cale contre son siège, contre son frère, et elle ferme les yeux. Elle se détend au contact de l’épaule contre la sienne, une tête qui vient se coller à elle dans un geste tendre. Elle n’est plus aussi triste, aussi morose.
Ses yeux s’ouvrent pour regarder le bandage sur la main d’Ethan. Elle est un peu surprise qu’il se soit battu. Elle les connaît, tous les deux. Elle sait qu’ils ont du se provoquer. Ou qu’en tout cas, Berlioz, il l’a fait, parce que c’est bien son genre, à Berlioz, de faire ça. Elle lève sa main, elle montre son bandage, elle aussi. C’est amusant, qu’Ethan se soit blessé à la main à cause de Berlioz, et qu’elle, ce soit Berlioz qui l’ait soigné.
« Pourquoi vous vous êtes battus ? Vous avez vraiment quatre ans, tous les deux… »
Elle se retourne, elle cherche la parka dans le coffre. Ses yeux se posent sur la boîte à musique, dans un sac en carton. Elle plisse les yeux, attrape la parka. Elle attendra, cette stupide boîte. Elle peut bien profiter de son frère un peu, sans que quelqu’un d’autre ne s’en mêle pour une fois. Juste elle, et Ethan, pendant quelques minutes. Elle n’en demande pas trop. Elle laisse tomber la parka sur la tête de son frère et soupir. Elle pouvait bien comprendre que Berlioz avait un peu la haine contre Ethan. Mais elle ne voyait pas trop ce qui faisait enrager Ethan, pour le coup. Dans ses souvenirs, ils ne s’étaient que rarement adressé la parole et très peu vus…
« C’est pas un gros naze, gros naze… »
Elle hausse les épaules en soupirant, s’affale dans son siège. Ethan n’a pas l’air d’avoir remarqué qu’elle est dans un sale état, et ça l’arrange plutôt bien. Alors elle se contente de réfléchir, mais elle ne sait pas quoi dire, pour une fois. C’est trop le brouillard dans sa tête.
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et même sans le vouloir ethan et daphne ils se blessent en même temps si l'un à mal l'autre aussi que ce soit physiquement ou mentalement ethan s'est fait mal à la main, ses phalanges le piquent et daphne s'est faite mal à l'autre main c'est comme si un lien incassable les liait et un jour il a peur que ça casse
alors
ethan l'observe sans un mot ethan il n'aime pas quand daphne elle défend des sales types comme berlioz parce que les types comme berlioz ils méritent pas daphne daphne elle mérite mieux daphne elle mérite le soleil et la lune en même temps un sac d'étoiles remplis de rêves et d'amour d'espoir et de fantasmes
mais daphne elle se contente toujours d'un vieux sac à peine rempli d'amour, d'attention de bonnes choses qui lui feraient du bien elle elle croit qu'elle mérite moins elle croit comme lui qu'elle mérite rien
et c'est pour ça qu'ils se ressemblent tant et qu'ethan il n'aime pas rester trop longtemps avec elle il a l'impression de se voir l'ennui sur l'épaule de daphne qui guette et qui racle sa peau blanche qui lui racle l'intérieur jusqu'à écorcher son cœur et c'est douloureux de voir ça
mais c'est ta faute aussi ethan à vouloir t'échapper à vouloir faire comme ci à vouloir faire comme ça si tu avais écouté daphne si tu l'avais laissé t'aider daphne elle serait pas comme ça !
et les doigts sur la couette qu'il tord dont il arrache les fils mal cousus il regarde la fameuse parka, une vieille veste qui ne lui plaît pas du tout elle est kaki, ethan aime pas le kaki mais il ne dit rien et l'attrape pour la déposer sur le poste avant de la voiture et ethan essaie de se glisser sur le flanc pour poser sa joue contre la cuisse rebondie de daphne
T'as grossis non ? J'ai l'impression d'être allongé sur un cochon..
tout sourire ethan se roule sur le dos, gardant contre lui la couette pour éviter d'avoir froid lui qui est encore tout humide ! et ethan quand il plonge ses saphirs dans ceux de daphne il y voit de la fatigue, de la tristesse
et une belle gueule de bois
T'as bu hier ? T'as vraiment une sale gueule, t'es toute pâle.
et ethan se redresse à l'aide d'un coude et il se hisse difficilement jusque elle et il tire la peau sous son œil pour la faire grimacer daphne elle est jolie c'est la plus jolie fille intérieurement comme extérieurement
mais les gens ils ne voient que l'extérieur chez daphne aux premiers abords et c'est dommage
Et si c'est un gros naze, arrête de le défendre, défend-moi plutôt. Tu préfères Berlioz ? Pff.. J'aurais dû rester chez moi pour entendre ça..
l'air ronchon, le sourire à l'envers et les sourcils froncés ethan il lui tourne le dos et sa joue se repose sur sa cuisse
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Daphne se détend un peu, juste un peu. Juste assez pour qu’Ethan ne remarque pas dans état elle s’est mise, juste assez pour que ça ne le rende pas morose. Parce que pour une fois, Ethan, il a l’air de bonne humeur, il a l’air bien. Il sourit beaucoup, et elle ne se souvient plus de la dernière fois où elle l’avait vu autant sourire, pour rien, sans raison. Alors elle jette un regard vers le coffre. Parce que le dernier sourire sincère, c’était la boîte à musique. Et malgré sa haine pour le coffret, elle a envie de la sortir et de la lui donner, parce qu’elle se dit que ça lui donnerait une raison de plus de rester comme il l’est là, maintenant.
Mais pas encore.
Daphne serre la couette contre elle. Ethan s’installe. Il se couche, il appuie sa joue sur sa cuisse, et Daphne découvre une de ses mains pour lui caresser la joue, à ce sale gosse qui aime autant se foutre de sa gueule qu’elle de la sienne. Elle soupire, elle tire sa joue, elle la pince jusqu’à l’entendre râler.
« T’es qu’un con, c’est parce que t’es un gringalet que tout le monde a l’air d’un cochon à côté de toi. »
Elle lâche sa peau, elle la caresse comme pour l’apaiser. Ethan s’agite, lui qui est d’habitude si mou. Il se couche comme ça, puis comme ci. Il se redresse pour l’emmerder, pour se moquer encore de sa gueule de bois trop évidente. Et Daphne elle sourit, un petit peu, et elle tire la peau sous son oeil aussi. Elle a envie de le prendre dans ses bras, de le serrer fort, de pas le lâcher. Pas maintenant, pas dans dix secondes, pas dans dix minutes, pas dans dix ans. Mais elle sait qu’Ethan, il aime pas toutes ces démonstrations affectives. Ou alors il dit ne pas aimer. Daphne, elle a toujours adoré ça, sentir les coeurs battre contre le sien, la chaleur des peaux contre la sienne. Et avec Ethan, c’est encore mieux, parce que leurs coeurs, ils battent à l’unisson, celui de Daphne se synchronise avec le sien, et elle a l’impression d’être complète, que tout va bien. Mais Ethan, il est si fragile maintenant, qu’elle a peur de faire un geste vers lui, Daphne. C’est bête, ça lui ferait pas de mal, un câlin.
« Mais non j’ai pas bu… »
Ethan, il se montre toujours mécontent quand Daphne a bu, qu’elle a fumé, ingurgité des trucs louches. Ça le met en rogne, et elle a pas envie de le mettre en rogne, pas quand il est comme ça. Alors elle dira qu’elle a pas bu, qu’elle est toute pâle parce qu’il fait moche dehors, c’est normal, parce qu’elle déprime un peu, c’est normal aussi, t’as vu la vie que je me tape ? Et Ethan, il sait déjà qu’elle a consommé, et Daphne, elle dira quand même non. Dialogue de sourds, comme toujours. Parce que bizarrement, c’est dur de se comprendre quand on se ressemble autant, tout comme on arriverait pas à comprendre l’existence d’un clone de nous, qui nous ressemble comme deux gouttes d’eau. Ethan et Daphne, c’est ça. C’est une histoire de science-fiction dans laquelle l’un rencontre l’autre, son double dans une vie parallèle. Tout pareil, et pourtant, la communication passe mal.
« T’es trop relou.. Il est pas naze, c’est comme ça, ça veut pas dire que je le défends lui et pas toi… Gros naze. »
Sa main se repose sur la joue qu’elle caresse, ses doigts caressent un épiderme qu’ils connaissent par coeur, qu’elle pourrait dessiner avec précision les yeux fermés, qu’elle voit parfaitement quand elle ferme les yeux, dix secondes, dix minutes, dix ans.
Elle se redresse, elle plonge dans le coffre. Elle empoigne le sac en carton, avec hargne, avec une haine qu’elle ne dissimule pas à la boîte qui ricane au fond du sac. Elle le pose sur les genoux d’Ethan, cache son malaise, repose sa main sur sa joue. Elle a presque envie de lancer une pique, comme elle le fait toujours au sujet de cette rouquine qui a bien mérité de mourir. Mais elle ne dira rien de tout ce qu’elle pense, rien de toutes les mauvaises choses qui trottent dans sa tête.
« Tu feras attention, la prochaine fois, c’est un casse-tête à réparer ce genre de trucs.
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les insultes de daphne ça lui roule dessus comme une pierre sur une colline ils s'insultent mais dans le fond ce n'est que des mots doux qu'on perçoit des je t'aime et des tu me manques dissimulé et c'est comme ça qu'ils communiquent, parce que les parents ils ont jamais appris aux jumeaux à se parler comme de vraies personnes à se dire de jolis mots mais c'est pas si grave parce qu'eux ethan et daphne ils savent ce qu'ils veulent se dire, à travers les yeux les gestes les actions ils ont pas besoin de mot
et daphne elle a beau mentir mais son haleine dit le contraire ses yeux vitreux ne mentent pas et sa peau palote ne fait que confirmer et puis ethan il a eu mal à l'estomac toute la nuit alors oui daphne elle a bu et elle a même peut-être fumé mais pour une fois il ne dira rien ethan parce qu'il est pas là pour ça il est là pour autre chose
J'entends pas les conneries que tu racontes...
et ethan il doit se redresser parce que daphne bouge trop et qu'elle se penche à l'arrière du coffre et qu'elle en sort un carton alors il s'accoude au siège derrière lui et sa paume se pose contre son menton, puis il fixe daphne normalement c'est lui qui ramène des objets alors c'est bizarre que ce soit elle qui donne des trucs mais il hésite
C'est un connard et t'as des goûts de chiottes..
et ethan il laisse daphne posé avec haine la boîte sur ses genoux et il lâche même un petit grognement parce que daphne elle est pas délicate même si tout le monde la croit si mignonne et si douce c'est vraiment qu'une espèce de façade mal cachée les jumeaux ils sont pareils
ils sont jaloux ils sont possessifs ils aiment trop et ils reçoivent pas assez
ethan t'as beau dire ethan t'as beau détesté daphne et ce qu'elle renvoie lorsqu'elle est amoureuse t'es pas différent t'aimerais réclamer autant t'es juste peureux et quand tes yeux se posent sur le fond du carton, ton cœur manque de craquer, d'exploser et tu déglutis trop fort qu'on t'entend à des milliards de kilomètres
Wow...
alors ethan il s'assoit correctement, de façon à pouvoir regarder pleinement la boîte à musique réparer et ça répare un peu son coeur et ça recolle des morceaux qui se sont émiettés dans son antre entouré d'organes mais ça ne soigne pas tout parce que ça lui fait remonter les souvenirs ça lui rappelle Arrrttnannanaaaa et c'est toujours le même goût amer et âpre qui remonte sur sa langue et s'il avait hésité ethan là il n'hésite plus
et un sourire aux lèvres, il range la boîte pour la reposer sur le sol et il bouscule daphne avant de se pencher sur la fenêtre le beau temps arrive les nuages se sont dissipés c'est comme un espèce de signe qui lui dit que ce soir ce sera le bon moment
Ce qu'est barbant comme endroit, t'as jamais pensé à construire un câteau de carcasses ? Tu te souviens quand on était petit, la cabane en bois qu'on avait faite dans la forêt ?
un grand sourire aux lèvres, ethan il ouvre la portière pour respirer l'air frais et il bascule vers l'avant toujours enroulé dans sa couette le temps est toujours ombragé mais le temps là il sourit presque alors c'est agréable c'est plus très grave s'il a plu et que tout est humide et finalement ethan il se laisse tomber sur les genoux de daphne encore et il plonge ses yeux dans les siens
C'est gentil d'avoir réparé la boîte.
ethan il étend ses bras au dessus de lui pour atteindre les joues de daphne et les lui caresser puis les tirer et enfin la relâcher pour baisser le regard vers l'extérieur là où il y voit les oiseaux s'envoler et l'horizon se dessiner
j'fais un mini résumé parce que j'oublie à chaque fois, mais ethan il se sent un peu mieux, mais ses projets pour la nuit on pas changé (couick) et là il profite avec daphne et il est content parce qu'elle a réparé sa boîte à musique
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Mer 4 Nov - 18:40
keep pouring forever ➸
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Daphne ne dit plus rien. Elle n’a plus envie de parler. C’est idiot de se laisser envahir autant par une pauvre boîte à musique. C’est bête de se sentir aussi menacée, remplacée, de se sentir insuffisante à cause d’une boîte. C’est égoïste, mais Daphne, elle aurait aimé qu’il n’y ait plus qu’Ethan et elle. Comme quand ils étaient petits. Elle pense tout le temps à quand ils étaient petits. A ses petits pieds qui se glissaient hors de sa chambre pour aller dans celle d’Ethan, parce que maman a décidé qu’ils étaient trop grands pour partager encore la même chambre. A toutes les fois où elle s’était fait engueulée par les maîtresses parce que, l’air de rien, elle s’était assise dans la salle de classe de son frère et avait passé le cours pendant quelques minutes avant qu’on ne remarque que Daphne n’était pas à sa place. Il n’y avait qu’elle et lui, à cette époque, c’était beau, c’était pur. On pleurait parce qu’on était tombé à vélo, pas parce qu’on sentait nos coeurs saigner. Pas parce qu’elle sentait son coeur à lui s’engourdir, se figer, s’arrêter. Elle pleure pour ça aujourd’hui, Daphne. Parce qu’elle sent plus les battements d’Ethan.
T’as des goûts de chiotte, c’est vrai. Combien de tes copains étaient pas à la hauteur ? Combien de fois tu t’es entichée de mecs louches juste parce que, pour un petit instant, ils étaient prêt à te donner un peu de leur temps, juste un peu ? Mais Berlioz, il fait pas partie de ce gros sac dans lequel tu mets tous tes copains, parce que c’est tous les mêmes. Berlioz, il a continué à te parler. Berlioz, il t’a reconnu, quand tu l’as revu à l’hôpital. Il t’a pas oublié. Ces types, ils t’ont effacé de leur mémoire à la seconde où vous avez fait bande à part. Alors Daphne elle souffle du nez, elle frappe l’épaule de son frère. C’est pas un connard, elle réplique, mais ça part dans le vent, ça s’envole avec la tempête, parce qu’Ethan il s’en fout, Berlioz restera un connard à ses yeux.
« T’as autant des goûts de merde que moi, regarde tes sapes. »
Elle baisse les yeux vers le pantalon, elle hausse les sourcils. Mais elle a pas envie de parler de ses fringues. Elle a envie de parler d’Anna, parce qu’elle, c’était vraiment l’incarnation du mauvais goût. Elle, elle vaut encore moins que tout le sac de copains de Daphne. Et c’est une vraie catastrophe qu’Ethan se laisse mourir pour une fille qui vaut si peu, qui vaut rien. T’as des goûts de chiotte, Ethan, elle a envie de lui dire. Parce qu’il a décidé que sa vie valait moins qu’une tombe creusée il y a des années, qu’un cercueil vide parce que le temps a tellement passé qu’Anna s’est complètement évaporée. Et Daphne, elle aurait dit tant mieux si elle n’avait pas pris son frère dans la tombe, si elle ne lui avait pas arraché la moitié d’elle quand elle est partie. Daphne elle a l’impression d’avoir des membres fantômes. Tout son côté droit c’est un fantôme. Parti avec Anna, parti avec Ethan.
Elle se laisse bousculer, parce qu’elle sent rien du côté droit. Ethan il a l’air content, c’est déjà ça. Et elle verra plus la boîte à musique dans sa voiture, c’est déjà ça aussi. Mais Daphne elle est toujours morose. Elle est toujours ailleurs, elle a toujours mal. Elle regarde les cadavres de voitures, certaines qu’elle essaie de réparer, d’autres qu’elle a abandonné parce qu’on ne peut plus rien pour elle. Elle grimaçait, au début, parce que la décharge, c’est pas un endroit pour elle. Mais finalement, c’est peut-être le meilleur endroit pour elle, au milieu des voitures qu’on essaie de sauver et celle qu’on a abandonné parce qu’on ne peut plus les sauver. Daphne elle erre entre ces voitures. Elle attend qu’on la sauve ou qu’on l’abandonne, qu’on décide si on peut l’aider ou si c’est trop tard pour elle.
« Y a le bateau, ça suffit. »
Ils avaient une jolie cabane, Ethan et Daphne. Ils l’avaient fait tout seul, tous les deux. C’était déjà une bricoleuse à l’époque, Daphne. Son père adorait ça, il lui avait appris beaucoup. La cabane était bancale, elle avait une sale tête vue de l’extérieur. Ça se voyait que c’était des gamins qui l’avaient fait. Elle aurait passé sa vie là-dedans si elle avait pu, pourtant. Elle y allait au beau milieu de la nuit, des fois, et c’était pas étonnant qu’Ethan l’y rejoigne. Il avait appris la guitare là-dedans, et elle écoutait. Les arbres sifflaient autour d’eux, accompagnaient le petit blond dans ses mélodies. Les accords devenaient moins hésitants au fur et à mesure, et Daphne disait tout le temps qu’il finirait peut-être par être célèbre, qu’elle verrait son nom sur des affiches un jour, qu’elle allumerait la radio pour l’entendre, et qu’égoïstement elle regretterait l’époque où il chantait pour elle dans la cabane. Elle a pas grandi, Daphne. C’est pas des jolies formes qui font d’elle une adulte. C’est toujours la gamine égoïste qui aurait bien aimé rester avec son frère dans la cabane. Elle a pas grandi, elle a pas changé, et pourtant Ethan il a pas l’air de la connaître. Il dit c’est gentil, mais il a pas l’air de comprendre que Daphne, elle ferait tout pour lui. Que réparer une boîte, c’est un centième, un millième de ce qu’elle ferait s’il le lui demandait. Qu’elle pourrait partir avec lui s’il le demandait. Qu’elle hésiterait pas. Elle regarde dehors, la pluie s’est arrêtée, mais elle est pas sûre que ce sera pour longtemps. Ses doigts agrippent la joue qu’elle n’a pas lâché, elle la pince, la caresse, la pince encore.
« Tu veux rester ici pour cette nuit ? Pas sûre que le temps soit aussi doux dans une heure. »
Elle hausse les épaules, elle ment un peu, elle ment souvent. C’est pour pas dire je veux que tu restes avec moi. J’ai pas envie de dormir toute seule. Tu me manques et j’ai pas envie de dormir toute seule.
Résumé:
daphne déprime, daphne est nostalgique, et elle espère qu'ethan va rester avec elle pour la nuit parce qu'elle est pas sûre de pouvoir la passer sans pleurer
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les os de son dos craquent quand ethan se redresse, il regarde l'extérieur une dernière fois avant de se tourner vers sa jumelle qui semble triste la joie d'ethan s'essouffle, parce que quand l'un d'eux est au fond du gouffre l'autre le ressent c'est comme un mal être qui se refile, comme une grippe qu'on se transmet sans le vouloir et ce que c'est lassant de ressentir les sentiments âpres et défaitistes de l'autre alors ethan il s'assoit correctement et il regarde daphne du coin de l’œil ethan il est pas très doué pour le réconfort ethan quand il devait réconforter daphne, ils partaient tous les deux en virée jusqu'au burger king du coin et le blondinet écoutait la blondinette se plaindre jusqu'à que ça aille mieux qu'ils partagent des vieilles histoires et que leurs rires à l'unisson envahissent la pièce mais les temps ont changés aujourd'hui plus de virée nocturne pour se changer les idées plus d'histoires amusantes rien simplement la douleur d'une ivresse trop vite descendue des mots tendres trop vite oubliés trop vite effacés
alors ethan tu dis rien t'écoutes ta moitié parler pour toi et finalement elle propose de dormir ici ce que c'est mal tombé daphne ethan il a des trucs prévus tu vois des trucs que tu vas détester des trucs qui vont t'écorcher des pieds à la tête qui vont te faire mal et te faire pleurer pendant longtemps parce que y aura plus de lien y aura plus ce lien indestructible entre vous puisqu'il n'y aura que toi
Si tu veux.
mais l'atmosphère n'a plus rien d'agréable daphne, elle est devenue plus terne, plus morose plus triste, plus sombre et pourtant à l'extérieur même si le soleil se couche il fait beau le temps est doux malgré l'humidité alors il repousse la couette de ses genoux pour laisser ses bras respirer l'air ailleurs et finalement ethan il laisse sa joue tomber contre l'épaule de sa sœur en soufflant par le nez il n'a plus envie de parler ethan, il n'a pas envie de déblatérer pour rien dire mais en même temps le silence est drôlement pesant c'est lui qui martèle et qui assomme alors ethan il gonfle sa poitrine pour inspirer profondément et finalement il rouvre la bouche en levant les yeux vers daphne
T'as fait quoi ces derniers temps ? T'as eu un nouveau mec ?
ethan il a toujours aimé les histoires amoureuses de daphne parce que ça signifiait une nuit avec elle à discuter, à rigoler de ses amours tordus et de ses rêves et ses désillusions pendant qu'ethan lui avec sa copine, il essayé d'oublier son amour perdu et la négativité qui embaumait tout son corps jusqu'à en faire un cadavre ambulant relayant ses émotions jusqu'à contaminer daphne qui n'a jamais rien demandé et qui pourtant en a pâtit à cause de toi ethan tout est ta faute tu le sais que demain matin tu seras déjà parti que daphne elle sera seule à jamais c'est ça que tu veux
snif ethan il reste avec daphne et il repense aux histoires d'avant la tempête mais comme il sait pas de quoi parler alors il lui demande si elle a eu un nouveau djo -parce que ça le faisait drôlement rire à l'époque quand ils parlaient de ses coups foireux